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  • 09/04/2025
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Aujourd'hui, dans « Les 4V », Julien Arnaud revient sur les questions qui font l’actualité avec Benjamin Haddad, ministre délégué chargé de l'Europe.

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Transcription
00:01Merci à vous Benjamin Haddad d'être avec nous par ces temps qui sont forcément troublés sur le plan du commerce et des relations internationales.
00:07Alors on vient de voir, ça grande un peu aux Etats-Unis avec Elon Musk qui traite de crétin Peter Navarro.
00:12Est-ce que c'est en train de tanguer à la Maison-Blanche et est-ce que vous dites peut-être que c'est bon signe pour nous ?
00:18Fondamentalement, Donald Trump remet en cause le système du commerce international
00:22qui a été à l'origine de la prospérité des Etats-Unis, de l'Europe, de ses partenaires depuis la Seconde Guerre mondiale.
00:27Le système de Bretton Woods, c'est-à-dire le libre-échange, la non-discrimination, la réciprocité, la fin des tarifs qu'on avait pu voir pendant les années 20 et les années 30.
00:36Donc oui, on va entendre des voix aux Etats-Unis, on voit l'impact économique que ça a sur les marchés boursiers, sur les révisions de croissance à la baisse aux Etats-Unis.
00:44Les chefs d'entreprise, peut-être le Congrès demain qui vont faire passer des messages.
00:49On est dans la surenchère sur cette histoire de droits de douane.
00:51Il y a quelques heures, Donald Trump a augmenté encore les droits de douane imposés à la Chine.
00:55On est à 104%. Jusqu'où élira cette escalade ?
00:58Déjà, cette escalade, elle est dans l'intérêt de personnes.
01:01La guerre commerciale, les droits de douane, le protectionnisme n'est pas dans l'intérêt des Etats-Unis,
01:06il n'est certainement pas dans l'intérêt de l'économie ou des entreprises américaines.
01:10Mais pour se défendre et pour pouvoir justement remettre un peu de rationalité, de dialogue avec les Etats-Unis,
01:19il faut montrer qu'on est capable de s'unir et de répondre de façon ferme.
01:22C'est ce à quoi les Européens sont en train de travailler.
01:25Vous savez, ces dernières années, l'Europe, largement sous l'impulsion de la France,
01:29est sortie de sa naïveté commerciale, a développé une palette d'instruments pour pouvoir assumer un rapport de force,
01:35pouvoir défendre ses intérêts dans ce cas de pression commerciale qui n'est pas justifié,
01:41parce que ses droits de douane ne sont pas justifiés.
01:43Eh bien, assumons ce rapport de force, défendons nos intérêts de façon unie.
01:46C'est la meilleure façon, encore une fois, de pouvoir espérer avoir un dialogue et une négociation demain avec les Etats-Unis.
01:52Alors, avant d'en arriver jusque-là et de voir ce qu'il y a dans la boîte à outils,
01:54Emmanuel Macron, qui est en Égypte, il a dit hier qu'il espérait que le président Trump revienne sur sa décision.
01:59Est-ce que ça vous semble possible ou est-ce que c'est un vœu pieux du président ?
02:01Parce qu'avec ce qu'il vient de faire sur la Chine, on se dit franchement, on ne peut pas dialoguer avec Donald Trump.
02:05Le président de la République a raison de le dire, puisqu'encore une fois, comme je vous le disais,
02:08on voit l'impact économique négatif que c'est en train d'avoir en premier lieu sur les Etats-Unis.
02:12On entend des voix dans les secteurs économiques, dans les secteurs politiques,
02:16qui s'inquiètent de la spirale à la baisse des marchés boursiers ou de la croissance aux Etats-Unis.
02:21Mais jour après jour, Donald Trump dit, j'irai au bout, je continuerai, etc.
02:24Est-ce que ce n'est pas un peu naïf de dire, oui, il va peut-être changer d'avis ?
02:26Il ne change pas d'avis.
02:27Mais encore une fois, la question, c'est vraiment de montrer que nous sommes capables, nous,
02:32de réagir et d'infliger des dommages à l'économie américaine.
02:37Donc vous, vous n'êtes pas du tout dans une optique de négociation.
02:39Vous, vous êtes dans l'optique de dire, oui, il faut qu'on fasse mal à l'économie américaine
02:43parce qu'il n'y a que ce langage-là qu'ils comprennent.
02:45Il n'y a pas de contradiction entre la négociation et le rapport de force.
02:49Et dans ce type de situation, l'escalade, c'est la faiblesse.
02:52Mais comment est-ce qu'on négocie ?
02:53Si vous montrez de la faiblesse, vous encouragez l'autre,
02:56quand il est dans un comportement de prédation, comme c'est le cas aujourd'hui de l'administration Trump sur le plan économique,
03:01vous l'encouragez au contraire à aller plus loin, à vous rouler dessus.
03:04Donc la seule façon de se faire respecter, c'est de montrer que nous avons des instruments.
03:07Il y aura dans les prochains jours un premier paquet, vous savez,
03:10qui a été annoncé par la Commission européenne de réponse aux premiers droits douanes sur l'acier et l'aluminium.
03:15Début de semaine prochaine, normalement.
03:16Et dans un deuxième temps, nous sommes en train de travailler avec la Commission européenne
03:20à des réponses qui peuvent aller plus loin.
03:23Vous savez que…
03:24Mais attendez, est-ce que tous les pays européens sont d'accord ?
03:26Parce que hier soir, Georgia Belloni a annoncé le 17 avril, là dans huit jours,
03:31elle va aller toute seule à Washington, on imagine, pour négocier de gré à gré.
03:34Est-ce qu'on ne voit pas le terreau de la division qui est en train de gangréner l'Union européenne ?
03:39L'Union européenne a clairement intérêt à rester unie.
03:42Déjà…
03:42Donc vous critiquez ce voyage, vous dites à Georgia Belloni, il ne faut pas y aller ?
03:45Quand on voit d'ailleurs les droits douanes qui ont été imposés par les États-Unis,
03:48on voit qu'ils ont été imposés de façon uniforme à l'Union européenne.
03:52Et que c'est tous les pays européens qui sont attaqués d'un seul bloc avec ces 20%
03:56qui ne reflètent en rien d'ailleurs la réalité de la relation économique entre les États-Unis et l'Europe.
04:00Mais ils ne répondent pas d'un seul bloc, vous ne répondez pas sur Georgia Belloni.
04:03Mais on verra ce qu'elle aura à dire.
04:05Qu'il y ait des dialogues, qu'il y ait des échanges, nous-mêmes nous parlons régulièrement
04:07avec l'administration américaine, que ce soit sur le plan économique
04:10ou encore évidemment sur l'Ukraine où le président de la République s'entretient régulièrement avec le président Trump.
04:16Mais en revanche, nous avons tous collectivement intérêt, l'Italie, la France, l'Allemagne, les autres,
04:21à avoir une réponse unie et ferme plutôt qu'à se diviser et se disperser.
04:24Si vous allez en rend disperser et diviser auprès des États-Unis,
04:28est-ce que vous croyez que vous êtes plus fort que si vous y allez à 27, 450 millions d'individus
04:33avec des instruments comme l'instrument anti-coercétion que nous avons développé ces dernières années
04:37qui nous permettraient, par exemple, une palette d'instruments comme l'accès au marché public,
04:42comme la propriété intellectuelle, comme la taxe sur les services numériques ?
04:44Mais vous sentez bien qu'il y a des réticences de la part d'Ursula von der Leyen à utiliser ce genre d'outils.
04:49Est-ce que la présidente de la Commission, elle va suffisamment loin ?
04:51Déjà, ces outils, ils ont été développés précisément pour ce type de situation.
04:57Donc là, nous avons une attaque commerciale qui est complètement injustifiée et disproportionnée.
05:01Nous avons développé des outils.
05:03Eh bien, mettons-les sur la table précisément.
05:06Ce qui n'est pas le cas encore aujourd'hui ?
05:07Si on ne le fait pas, on verra encore une fois les propositions que va faire la Commission.
05:11Il y a des premières propositions de réaction très fermes, très claires aux droits d'ouane sur l'acier et l'aluminium.
05:16Donc là, je crois que ça ne souffre d'aucune ambiguïté.
05:19Et maintenant, il faudra aller plus loin, effectivement, encore une fois,
05:22pour créer les conditions d'une négociation qui nous permettra, là, de défendre les intérêts des Européens.
05:28Et au-delà de ça, parce que là, on parle de la réaction commerciale,
05:31mais faisons de ce moment une opportunité aussi pour les économies européennes,
05:35pour faire de l'Union européenne la zone la plus attractive et la plus compétitive pour les investissements.
05:39Et si vous êtes un investisseur aujourd'hui...
05:40Pourquoi est-ce qu'on ne répond pas comme la Chine ?
05:42La Chine, on voit, les Américains, ils ont haussé.
05:44Les Chinois, ils ont haussé tout de suite.
05:46On se rend coup pour coup, si j'ose dire.
05:47Alors qu'on a l'impression que l'Europe, elle est là, elle traîne, elle attend, elle consulte.
05:50Et en ce temps-là, Trump, lui, il avance.
05:52Non, mais il ne faut pas confondre la précipitation et la fermeté.
05:55Qu'on soit en train de réfléchir à la meilleure façon de répondre,
05:57qui protège aussi nos entreprises et notre économie,
06:00et qui permet en revanche de frapper l'économie américaine, par exemple, sur les services numériques.
06:05Comment on fait ça ?
06:06Eh bien, c'est ce dont je vous parlais tout à l'heure,
06:08c'est-à-dire utiliser, par exemple, l'instrument anticoerciation.
06:10Ça fait partie, encore une fois, de la palette d'outils.
06:13Mais à partir de quand on dégaine ?
06:15C'est ça qu'on a du mal à comprendre.
06:16Les instruments, ils sont sur la table, mais à partir de quand on les met en place, on les utilise ?
06:20Mais là, vous allez voir, dans les prochaines semaines,
06:22la Commission est en train de travailler une réponse.
06:23Il y a eu cette première réponse qui vient d'être annoncée sur l'acier et l'aluminium,
06:27et on travaillera sur la suite.
06:29Mais au-delà de ça, encore une fois, faisons de ce moment aussi une opportunité
06:33pour la compétitivité et l'attractivité de l'Union européenne.
06:37Si vous êtes un investisseur aujourd'hui,
06:38est-ce que vous avez vraiment envie d'aller aux États-Unis
06:42avec le climat d'incertitude économique, juridique, politique qui règne,
06:46alors que nous avons des PME, des start-up, des pépites,
06:48qui ne demandent qu'à être financés, à pouvoir se développer dans la tech, dans l'industrie verte ?
06:53C'est une opportunité.
06:55Si on sait aussi simplifier nos textes,
06:57si on sait terminer notre marché unique,
07:00c'est des droits de douane aujourd'hui souvent qu'on se met à nous-mêmes en Europe.
07:03Si on sait aligner le droit des affaires européen
07:05avec un 28e régime de droit des affaires,
07:08si on sait protéger,
07:09si on sait faire du patriotisme économique et du bail européen,
07:13ça doit être aussi le moment du bail européen
07:16pour nos économies, pour nos entreprises.
07:17Il y a une forme de paradoxe dans ce que vous nous dites
07:19parce que vous vous appelez à la fermeté
07:20et d'un autre côté, vous nous parlez des chefs d'entreprise
07:23qui n'auraient pas envie d'investir aux États-Unis.
07:25Écoutez le MEDEF, écoutez les patrons qui disent
07:27surtout pas de surenchère, surtout pas d'escalade,
07:29il ne faut pas se réagir, sinon nous,
07:30on n'aura pas accès au marché américain.
07:32J'ai entendu au contraire les entreprises qui disent
07:34qu'il faut rester unis, qu'il faut rester très ferme.
07:36Le MEDEF dit surtout pas d'escalade, pas de surenchère.
07:39Mais l'escalade, encore une fois, ce serait la faiblesse.
07:41L'escalade, ce serait d'envoyer un signal de faiblesse,
07:44de commencer à faire des concessions unilatérales aux États-Unis.
07:48Ça, vous êtes sûr d'avoir au contraire une escalade en face ?
07:51Mais encore une fois, l'objectif, c'est vraiment
07:52de défendre nos intérêts économiques,
07:54de défendre nos entreprises, de le faire
07:55en ayant une réaction ferme et proportionnée aux États-Unis
07:59et en faisant, encore une fois, de l'Union européenne
08:01une zone de compétitivité,
08:04en soutenant nos entreprises,
08:05en soutenant nos investisseurs et nos innovateurs.
08:07Un mot sur un sujet qui n'a rien à voir.
08:08Vous étiez député de Paris avant d'être ministre.
08:11On lit ce matin dans les Échos que
08:12Renaissance, votre parti se déchire sur le scénario Detti à Paris.
08:16Vous la soutenez, vous, Rachida Detti, pour la mairie de Paris ?
08:18Je crois que c'est la meilleure candidate aujourd'hui.
08:20C'est une candidate d'Union,
08:21c'est une ministre aussi du socle commun.
08:25L'objectif, c'est de battre la gauche à Paris
08:27après plus d'une vingtaine d'années
08:29où on a vu notre très belle ville
08:31être tenue par des idéologues, fondamentalement.
08:35Et d'ailleurs, je profite de ce moment
08:36pour souligner le fait que nous avons aussi
08:38un grand moment pour la démocratie à Paris
08:40avec la réforme de la loi Paris-Lyon-Marseille
08:42qui est en train d'être votée
08:43à l'Assemblée nationale.
08:45Voilà une avancée démocratique.
08:47Chaque Parisien, chaque Lyonnais,
08:48chaque Marseillais doit pouvoir être représenté.
08:50Le texte va aller au Sénat
08:51et le Sénat sera sans doute
08:53beaucoup moins accueilli en vis-à-vis ce texte.
08:54Merci beaucoup, Benjamin Haddad.
08:57Le moment de vérité, c'était ce matin dans Télématin.
08:59Merci.

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