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Aujourd'hui, dans « Les 4V », Julien Arnaud revient sur les questions qui font l’actualité avec Bruno Retailleau, ministre de l'Intérieur.

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Transcription
00:00Et bonjour Monsieur le Ministre. Bonjour Julien Arnaud. Merci beaucoup d'être avec nous ce matin en direct.
00:06Commençons peut-être par quelques nouvelles. Si vous en avez, de l'incendie qui s'est déclaré en plein Paris hier.
00:11On a vu les images dans le journal, de nombreux pompiers mobilisés, un centre de tri a brûlé.
00:16Est-ce que vous savez si la situation est complètement sous contrôle ? Est-ce que vous savez ce qui s'est passé ?
00:19Le feu n'est pas encore éteint. C'était très très impressionnant. Le panache de fumée qu'on voit sur les images.
00:25On n'a pas pu faire encore une enquête très précise pour savoir quel avait été le facteur de déclenchement.
00:30Ce qui est important, et le préfet de police s'est exprimé, on l'a vu aussi tout à l'heure dans votre journal.
00:35Il n'y a pas de problème de toxicité de l'air, mais on y fait très très attention évidemment.
00:39La circulation est encore bloquée. Vous appelez encore les gens à rester chez eux ou pas spécialement ?
00:42Non, pas spécialement. Simplement, on a mobilisé quand même 200 pompiers.
00:46Il y a eu une force en termes de sécurité civile très impressionnante, mais il le fallait parce que l'incendie a été important.
00:53Alors, on a appris ce week-end, monsieur le ministre, qu'un attentat à la stature explosive avait sans doute été évité dans le Nord.
00:59Est-ce que vous avez maintenant, 48, 72 heures après cette arrestation, d'autres précisions sur ce qui s'est passé dans cette affaire ?
01:07On a quelques précisions. Je ne peux pas les donner parce que le parquet national antiterroriste s'est saisi.
01:11Il y a une enquête judiciaire, mais je confirme que c'est bien un attentat avisé terroriste, islamiste.
01:18Il faut savoir que la menace n'a jamais été aussi présente. Depuis que je suis nommé ministre de l'Intérieur, ce n'est pas moins de six attentats qui ont été déjoués.
01:27Mais nous avons eu malheureusement, comme celui de Mulhou, des attentats qui ont réussi.
01:32On a aujourd'hui une double menace. Il y a toujours la menace exogène qui vient de l'extérieur, notamment de l'État islamique, au Khorasan,
01:39ça veut dire autour de l'Afghanistan. Mais la menace qui est la plus réelle, la plus pesante, c'est la menace intérieure.
01:47Avec de plus en plus de jeunes, vous savez que sur l'ensemble de ces attentats, 70% étaient âgés de moins de 21 ans.
01:54Et souvent, c'est le cas ici. Et c'est le cas, ce sont des jeunes, effectivement. Et souvent, en réalité, ils se radicalisent sur Internet.
02:02Voilà. Et il faut y faire très attention. Avec en plus cet aspect de la ceinture explosive qu'on n'avait pas vu en France depuis longtemps.
02:10Est-ce que visiblement, il y a une formation sur Internet également pour mener cet explosif de la part de ce suspect ou pas ?
02:15Mais il y a tout sur Internet. Il y a tout. C'est un facteur de radicalisation. Il faut saluer nos services, notamment la DGSI qui fait un travail remarquable.
02:23Vous vous rendez compte que depuis les premiers attentats à Toulouse, c'était en 2012, pas moins de 86 attentats ont pu être déjoués.
02:31La France s'est réarmée. Je ne veux pas dire que demain, il n'y aura pas d'attentats. Regardez ce qui s'est passé en Autriche, en Allemagne, aux États-Unis.
02:37On n'est pas à l'abri de ça. Mais croyez-moi, on a un État qui s'est profondément réarmé et des services qui sont très, très actifs.
02:44Mais il faut rester très, très prudent.
02:47Des services qui ne souffrent pas de la contrainte budgétaire ? Vos budgets sont sanctuarisés ?
02:50Non, on les a préservés et notamment sur la DGSI. En quelques années, en moins de 10 ans, elle a vu notamment ses effectifs profondément augmenter.
03:01C'est important. Et vous savez, au moment où j'avais installé le bras de fer avec l'Algérie, c'est que je ne voulais pas qu'un deuxième Mulhouse puisse se reproduire.
03:09C'était un Algérien qui aurait dû être en Algérie, qui avait été présenté à 14 reprises aux autorités algériennes qui ne l'avaient pas réadmis sur leur sol, contrairement au droit d'ailleurs.
03:19Et vous allez nous dire ce que vous pensez de la situation en ce moment avec l'Algérie, puisqu'elle a évolué.
03:23D'abord, peut-être un autre front, c'est le narcotrafic qui est l'un de vos combats.
03:27Également, un jeune homme a été abattu hier en plein jour près d'une école à Vaud-en-Velin. Les élèves sont restés confinés une heure.
03:33Là aussi, on a vu la mère de Vaud-en-Velin il y a quelques minutes seulement, qui vous appelle, vous, à davantage de renforts et une présence policière permanente sur le long terme.
03:41Vous lui répondez quoi ?
03:43Ces renforts, on les a. Et vous pouvez le constater déjà sur le terrain, mais ça n'est pas suffisant.
03:48C'est une guerre, et je le dirai aux Français, c'est moi qui, il y a deux ans, ai provoqué, initié la commission d'enquête au Sénat qui a donné lieu à des conclusions
03:58et qui ont été traduites dans cette PPL qui a été votée à l'unanimité au Sénat, qui a été votée à une très forte majorité à l'Assemblée nationale il y a quelques jours.
04:06Donc il y a ce réarmement de l'État.
04:08C'est suffisant ou il faut aller encore plus loin ?
04:10Il faut aller plus loin, c'est-à-dire qu'on va avoir une loi. Cette loi, elle va totalement transformer, comme on l'a fait pour le terrorisme.
04:16Elle va donner des nouveaux outils à l'État, mais on a une nouvelle doctrine et je pense que si on veut démanteler des points de deal, d'ailleurs celui-ci avait été démantelé,
04:25il faut aussi une action judiciaire dans la profondeur.
04:28Ce que je veux dire aux Français, c'est que c'est une guerre qui est une guerre très importante parce que les narcotrafiquants sont devenus une puissance qui est une puissance d'argent.
04:38Mais on a l'impression que c'est un peu scisif cette guerre, vous démantelez les points de deal et puis une semaine après, les dealers reviennent.
04:43Mais c'est pour ça que la doctrine que je suis en train d'installer, qui produit progressivement, mais trop lentement sans doute, des effets,
04:49c'est qu'on ne tape pas seulement avec des forces de l'ordre dans la fourmilière.
04:53Ce que je veux, c'est qu'il y ait un travail de renseignement en amont et qu'il y ait une judiciarisation pour qu'on puisse démanteler les réseaux avec l'aide de la justice,
05:02en allant chercher ceux qui maintiennent ces réseaux, ceux qui sont vraiment les narcotrafiquants.
05:07On y arrivera avec la loi, avec cette nouvelle stratégie.
05:10On commence à voir des résultats.
05:12Regardez hier encore plus de 600 kilos de cocaïne qui ont été prélevés, qui ont été saisis, 800 kilos il y a quelques jours.
05:20600 kilos, c'est l'équivalent de près de 40 millions d'euros, 37 millions d'euros.
05:24Donc on porte des coups.
05:25Avec la loi, on aura de nouveaux outils, de nouvelles armes.
05:29Et avec cette nouvelle stratégie.
05:30Mais tout ne peut pas se faire en un instant.
05:32C'est une guerre qui va être longue.
05:35Il va falloir être cohérent, mais surtout très constant dans l'action.
05:39Nous le serons et au bout, on les aura.
05:41Comme on a eu Amra, souvenez-vous, au bout de neuf mois de cavale.
05:45J'avais dit ça prendra le temps que ça prendra, mais on l'aura.
05:49On l'aura et on les aura tous, ces narcotrafiquants.
05:52Alors vous nous avez parlé de l'Algérie.
05:53Arrêtons-nous un petit peu sur ce dossier qui est important.
05:56On a vu que le dialogue avait repris le week-end dernier.
05:57Votre collègue des affaires étrangères, Jean-Noël Barrault, est allé sur place.
06:00Est-ce que depuis cet échange, vous avez, vous, ministre de l'Intérieur, constaté des changements ?
06:04Est-ce que maintenant, ça y est, l'Algérie, comme par magie, reprend tous les ressortissants que vous voulez lui renvoyer ou pas ?
06:10Moi, ce que je veux dire, c'est que j'ai assumé dans ce dialogue et dans cette crise un rapport de force.
06:17Parce que je pense qu'à un moment donné, on ne peut pas seulement être gentil, mais il faut montrer un peu de muscle.
06:22Mais est-ce qu'il paye ce rapport de force ? Est-ce qu'il y a des conséquences concrètes ?
06:25En tout cas, il a fait bouger des lignes.
06:26Mais vous ne dites pas oui.
06:27Il a fait bouger des lignes.
06:28Non, parce que dans ce genre d'affaires, il faut à la fois le rapport de force et il faut aussi la diplomatie.
06:34Quand on veut sortir d'une crise, il faut discuter.
06:36C'est ce qu'a fait Jean-Noël Barrault dimanche à Alger.
06:40Simplement, je suis très vigilant.
06:42Et si ça fonctionne, je souhaite de tout mon cœur que Bohème Sansalle soit libéré,
06:46que demain, des ressortissants dangereux qui sont en France, qui devraient être en Algérie, soient réadmis par l'Algérie.
06:53Et vous avez des garanties là-dessus ou pas ?
06:54Pour l'instant, je n'en ai aucune.
06:56Et je serai extrêmement vrai, si j'ose dire.
06:59C'est-à-dire que je suis vigilant.
07:01Je jugerai sur pièce au résultat.
07:03Si Bohème Sansalle est libéré, si les Algériens réadmettent leurs ressortissants dont ils doivent avoir la charge sur leur sol,
07:11je le dirai.
07:12Mais je dirai aussi si c'est un échec.
07:14Et si c'est un échec, vous partez ?
07:16Non, si c'est un échec, je le dirai.
07:19Vous avez dit, si je ne suis pas soutenu, si la fermeté n'est pas la ligne adoptée, je partirai.
07:24C'est un engagement que vous avez pris.
07:25Non, il y a un journal, j'ai accordé un interview à un journal, un journal attitré sur la démission.
07:29Mot que je n'avais pas évidemment prononcé.
07:32Mais simplement, je pense que c'est fondamental de ne pas être naïf.
07:36Est-ce que ce que vous nous dites accrédite les propos de Laurent Wauquiez qui disait hier, c'est une humiliation.
07:41La France a accepté de capituler.
07:43On nous avait dit que ce serait une réponse graduée.
07:44J'avais compris que ce serait très gradué.
07:45Aujourd'hui, on n'a même plus de riposte.
07:47Vous nous dites ce matin que vous n'avez aucune garantie alors que le dialogue a repris.
07:50Est-ce que ça lui donne raison ou pas ?
07:51Non, la garantie, ça a été un coup de fil entre les deux présidents, Théboune et le président Emmanuel Macron,
07:57au terme duquel moi, j'ai eu un certain nombre d'éléments qui nous laissaient bon espoir.
08:02Je ne demande pas mieux que ça se réalise.
08:05C'est important.
08:06Encore une fois, je fais très attention.
08:08Il y a quand même la vie d'un homme qui est en danger.
08:10Boilem a 80 ans.
08:12Il est atteint d'un cancer.
08:13Je veux vraiment qu'il soit libéré.
08:14Et sur les OQTF, un député a dit hier que 7 OQTF avaient été repris par l'Algérie.
08:18C'est vrai ou pas ?
08:19Non, il n'y a pas plus d'OQTF qui ont été reprises.
08:21Il y a une liste de 58 noms qui a été donnée à l'Algérie.
08:25Elle avait plusieurs semaines.
08:26On verra bien.
08:28Écoutez, j'ai vraiment imposé un raffort de force.
08:31Je pense que les lignes ont bougé.
08:33La preuve, c'est que François Bayrou avait adopté aussi cette ligne de la riposte graduée qu'on a commencé à mettre en œuvre.
08:39Il y a un dialogue.
08:41Écoutez, laissons la chance au dialogue.
08:42Simplement, je jugerai sur pièce.
08:44Si ça marche, eh bien, ça sera génial.
08:47Je le dirai.
08:47J'applaudirai demain si ça ne fonctionne pas.
08:49Mais d'ici à quand ?
08:50C'est quoi l'échéance ?
08:51C'est quelques semaines.
08:52C'est rapide.
08:52C'est quelques semaines.
08:53Mais si ça ne fonctionne pas, je le dirai.
08:55Et alors ?
08:55Et alors ?
08:56Il faudra absolument riposter parce que les Français ne le comprendront pas.
09:00Et parce qu'ils le comprendront d'autant moins qu'ils le prendront comme une sorte d'humiliation à la fierté française.
09:07Et ça, ce n'est pas tolérable.
09:08On aime notre pays.
09:10Moi, le premier.
09:11Et on n'aime pas que le pays soit, justement, humilié.
09:13Mais pour l'instant, il ne l'est pas.
09:15Il y a cette chance.
09:16Jean-Elbarrault est allé à Alger.
09:18Moi, je veux croire que ça va fonctionner.
09:20Vous y allez vous-même ?
09:21Ça n'est pas dans mon agenda.
09:22Ça n'est pas dans votre agenda.
09:23Très bien.
09:24Le ministre de l'Intérieur qui attend les résultats probants d'ici à quelques semaines.
09:27Vous étiez là ce matin dans l'équipe de V.
09:29Merci beaucoup.
09:29Merci à vous.