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Aujourd'hui, dans « Les 4V », Julien Arnaud revient sur les questions qui font l’actualité avec Laurent Nuñez, préfet de police de Paris.

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Transcription
00:00Et bonjour monsieur le préfet de police, merci d'être là en cette matinée où l'actualité est très très riche pour vous, très très dense, notamment au lendemain de ce drame qui s'est déroulé dans le département de l'Essonne.
00:11Alors c'est pas votre territoire, l'Essonne, évidemment, puisque vous êtes la préfecture de police de Paris, c'est-à-dire Paris et les départements limitrophes de Paris, mais évidemment vous avez les mêmes thématiques dans les départements dont vous vous occupez.
00:22On s'en souvient avec le drame de la mort d'Elias, c'était il y a seulement deux mois.
00:25D'abord sur les armes blanches, on voit qu'elles se sont banalisées chez les jeunes, mais au-delà de ça, est-ce qu'il y a un ensauvagement des mineurs, comme le dit et le répète encore hier soir Bruno Rotailleau ?
00:34Oui, alors d'abord la délinquance des mineurs d'une manière générale, elle baisse, c'est-à-dire que le nombre de mineurs dans la totalité des mis en cause baisse, on est à 10%.
00:42Or, en revanche, ce qu'on constate, c'est qu'ils sont de plus en plus impliqués dans certains types d'agressions, de faits de délinquance extrêmement violents.
00:52Les mineurs, c'est un tiers des vols de violence.
00:54C'est-à-dire moins délinquants mais plus violents.
00:56C'est un tiers des vols de violence, c'est énorme, un tiers des cambriolages, un quart des vols à main armée pour des mineurs.
01:02Donc il y a une vraie préoccupation, effectivement, et qui s'incarne aussi au travers du phénomène des bandes, ce qui s'est probablement passé dans l'essai,
01:10ce n'est pas dans ma zone de compétence, mais j'ai vu évidemment dans les médias, c'est probablement une rixe entre bandes.
01:15Et ces rixes augmentent, ce qui est inquiétant, avec de plus en plus d'utilisation d'armes blanches.
01:19Dans un cas sur deux, il y a utilisation d'armes blanches pendant des rixes, et l'âge moyen des personnes impliquées,
01:24les rixes entre bandes, 80% des auteurs sont des mineurs, et l'âge moyen ne cesse de baisser.
01:28On est à 16 ans en âge moyen, on était à 17 l'année dernière.
01:32Ça baisse à une vitesse folle, c'est ça qui est très impressionnant.
01:34Ça baisse à une vitesse folle, oui.
01:36Le ministre de la Justice propose d'instaurer un couvre-feu pour les mineurs délinquants entre la sortie de l'école et jusqu'au lendemain.
01:42C'est évidemment une mesure assez forte. Est-ce que vous la soutenez ? Est-ce que c'est possible à mettre en place ?
01:47Ce sont des mesures qui sont à la main des maires.
01:49Les maires ont la possibilité de les mettre en place dans certaines collectivités.
01:52Nous, ce qu'on cherche surtout, c'est à prévenir ce phénomène, à prévenir ce phénomène, à détecter le phénomène des bandes.
01:58Dans l'agglomération parisienne, il y a 45 bandes, on les connaît.
02:01Le phénomène des bandes, il doit aussi se prévenir.
02:04C'est-à-dire qu'il faut qu'on ait des capteurs, l'Education nationale, les associations, les médiateurs de rue,
02:08évidemment la police nationale, et qu'on ait connaissance des tensions qu'il y a entre groupes afin d'éviter les rixes.
02:14Sur la justice des mineurs, il y a une loi qui est portée par Gabriel Attal depuis plusieurs mois maintenant.
02:18Cette loi, elle a été largement détricotée et édulcorée par les sénateurs.
02:22Un certain nombre de mesures ont été enlevées. On va voir si elles reviennent ou pas.
02:25Mais la comparation immédiate, par exemple, pour les mineurs, les dérogations à l'excuse de minorité, tout ça a été expurgé du texte.
02:30Est-ce que vous le regrettez ?
02:32À titre personnel, je le regrette, oui, puisqu'il y avait cette perspective d'avoir une immédiateté de la sanction pour les jeunes,
02:38de ne pas attendre plusieurs mois avant qu'intervienne le jugement.
02:43Il y avait une forme de comparution immédiate pour les jeunes, pour les mineurs.
02:46Oui, je le regrette à titre personnel. Nous, dans la police, ce sont des mesures que nous attendons.
02:51Vous savez, ces fameux « home jacking », ces attaques violentes à domicile qui frappent dans l'agglomération parisienne,
02:58ce sont quelques centaines de faits seulement, mais ce sont des agressions extrêmement violentes.
03:02Généralement, les équipes sont constituées toujours de 3-4 personnes.
03:05Il y a toujours deux jeunes majeurs, 18-19 ans, et puis des mineurs, toujours 16-17 ans.
03:11Donc voilà, pour ces personnes-là, je pense qu'il faut que la justice soit traitable et surtout immédiate.
03:15Autre sujet d'actualité, Laurent Nunez, cet après-midi, il y aura à Orléans la marche de soutien aux rabbins d'Orléans.
03:21Les menaces contre les juifs, on le voit, ont manifestement encore monté d'un cran récemment.
03:26Et vous-même, vous avez donné des chiffres sur la situation dans votre zone, à Paris et les départements limitrophes,
03:33qui est extrêmement préoccupante puisqu'on est à plus 340% d'actes antisémites en seulement une année à Paris.
03:41Oui, entre 2024 et 2023, sur toute l'agglomération parisienne, c'est plus 340%.
03:47Paris regroupe quasiment la moitié des actes antisémites, la seule capitale.
03:52Donc il y a une augmentation significative.
03:54La bascule, c'est le 7 octobre 2023 et l'attaque terroriste du Hamas.
03:58C'est à partir de ce moment-là où la hausse est devenue continue et on se stabilise maintenant à plus de 600 actes antisémites par an,
04:05ce qui est énorme, ce qui est très inquiétant et ce qui nous conduit à mobiliser des dispositifs policiers d'ampleur pour protéger la communauté juive.
04:12Et comment vous expliquez cette géographie des actes antisémites ?
04:15Parce que c'est vrai que quand on compare à Paris, 88% des actes antireligieux, 9 sur 10, visent des juifs,
04:24alors que dans le reste du pays, c'est 6 actes sur 10.
04:26C'est vrai que c'est un peu moins important dans le reste du pays, mais vous savez, à Paris, c'est la capitale,
04:31vous avez la concentration des lieux de culte importants, vous avez évidemment la vie politique aussi qui se déroule à Paris.
04:38Le marqueur, c'est quand même le 7 octobre 2023, l'attaque terroriste du Hamas.
04:45Un discours qui porte évidemment sur l'antisionisme et l'antisionisme se confond souvent avec l'antisémitisme.
04:53On a des associations palestiniennes qui ont des propos très durs, que nous poursuivons évidemment en justice,
04:59mais qui ciblent assez directement évidemment la communauté juive et ça peut évidemment inciter, susciter des actes antisémites.
05:07Le niveau de protection des lieux de culte ou des lieux de rassemblement de la communauté juive est aujourd'hui très élevé.
05:12Est-ce qu'il peut encore être rehaussé ou pas ?
05:14Il est très élevé. Il y a des rondes et patrouilles régulières, parfois même des présences fixes, statiques, pendant les fêtes.
05:20Il est à un niveau très élevé. On le rehausse toujours pendant les fêtes, systématiquement.
05:26Il reste très élevé, au même titre que pour la protection des autres lieux de culte.
05:30Dans la période actuelle du ramadan, nous assurons aussi une protection des mosquées, évidemment,
05:35mais force est de constater que la menace qui pèse sur le culte juif actuellement est très forte, très très forte.
05:4188,5% des actes antireligieux, comme vous le disiez, concernent des actes antisémites.
05:47C'était le chiffre de 2024. C'était déjà le chiffre de 2023. 88,5%.
05:52Sur l'antisémitisme, vos services lors du match France-Croatie de dimanche ont interpellé 7 personnes soupçonnées d'avoir fait des saluts nazis,
05:58mais les gardes-vues ont été levées hier sans suite. On l'a appris en fin de journée. Est-ce que vous le regrettez ?
06:03Oui, évidemment, je le regrette, mais en même temps, je respecte cette décision. C'est une décision du parquet.
06:07Vous savez ce qui s'est passé ? On a constaté que les supporters croates se livraient de nombreux saluts nazis, en fait,
06:12de manière très fugace, rapide, en tribune, et ce que nous avons fait, c'est que nous avons pris un certain nombre de clichés photographiques
06:19de manière à pouvoir, à la fin du match, c'est-à-dire que la zone des croates a été bloquée, gelée, ils sont sortis un par un,
06:26et nous avons pu identifier les 7 personnes pour lesquelles nous avions des photos.
06:30Mais les photos ne sont pas probantes, c'est ce qu'a dit le parquet.
06:32Les photos ne sont pas suffisamment probantes, le geste n'était pas suffisamment probant.
06:35Moi, je respecte cette décision, mais je ne regrette pas ce signal fort que nous avons donné,
06:40de contrôler cette tribune et de vérifier, un par un, si les personnes étaient celles qui s'étaient livrées à ces gestes et qui étaient clairement des saluts nazis.
06:47Alors, il y a aussi un autre sujet politique qui vous concerne, au premier chef, c'est la loi contre le narcotrafic.
06:51Elle devait être adoptée aujourd'hui. Finalement, ça a été repoussé parce que les débats ont pris du retard.
06:55Ils ont pris du retard parce que cette discussion, elle est très très polémique.
06:57Et il y a un certain nombre de mesures qui ont été, certaines sont passées, d'autres ont été retirées.
07:02Par exemple, l'accès aux messageries cryptées.
07:04Les députés ont dit non. Est-ce que c'est quelque chose que vous dénoncez, dont vos services ont besoin ?
07:09Oui, c'est quelque chose dont on a besoin, mais il y a d'autres mesures de la loi qui ont été adoptées.
07:14Ça, évidemment, pour nous, on regarde ça avec une grande satisfaction.
07:17J'ai appris, par exemple, qu'hier a été rétablie la mesure de pouvoir activer à distance des images, une sonorisation d'appareils portables.
07:27Donc, pour nous, c'est évidemment très important.
07:29Il y a toute l'organisation qui va se mettre en place au travers du trafic de stupéfiants,
07:32avec une task force dirigée par la direction nationale de la police judiciaire.
07:36On va faire la même chose que ce qu'on a fait en matière de terrorisme depuis la loi de 2017
07:40qu'avait souhaité le président de la République à son élection.
07:43Évidemment, il nous faut des armes aussi. Il nous faut des armes.
07:46On a une organisation que le ministre de l'État met en place, et puis il nous faut des armes.
07:49Et évidemment, l'accès aux messageries cryptées, aux communications cryptées,
07:55était pour nous quelque chose d'extrêmement important.
07:58Voilà, on aura un temps de retard, il faut le savoir.
08:01Et c'est toujours compliqué pour nous d'être finalement, d'être quelque part, joue les guillemets,
08:06taxé de liberticide quand on veut simplement protéger la liberté de nos concitoyens
08:10qui souffrent durement du trafic de stupéfiants.
08:13Il y a beaucoup de décès, il y a beaucoup de violence autour de ce trafic.
08:16C'est une victoire des avocats contre les policiers. C'est un peu comme ça, évidemment, que ça peut être interprété.
08:20Ça a pu être interprété comme ça. En tout cas, ça a été le cas sur une autre mesure qui, elle, est passée.
08:24Le dossier coffre.
08:25Le procès verbal distinct, le fameux dossier coffre.
08:27Donc cette mesure est passée, ça peut être interprété comme ça.
08:30Mais moi, qui travaille maintenant depuis de nombreuses années sur ces sujets-là,
08:34je veux aussi rassurer vos téléspectateurs.
08:37Nous, quand on veut accéder à des communications cryptées,
08:39c'est uniquement comme finalité de protéger nos concitoyens.
08:42Un dernier mot peut-être pour les parisiens qui ont pu constater ces derniers temps,
08:46quand ils sont sur les quais de Seine, qu'il y a de nombreux stands qui ont été plantés
08:49depuis l'évacuation de la gaieté lyrique.
08:51En réalité, on a l'impression que les migrants qui étaient là-bas se sont déplacés sur ces lieux-là.
08:55Ça commence à prendre des allures un petit peu de bidonville.
08:57Est-ce que vous allez agir sur ce point ou pas ?
08:58Non, bien sûr.
08:59D'abord, le jour de l'évacuation de la gaieté lyrique,
09:01avec le préfet de Région Ile-de-France, dont c'est la compétence pour le volet prise en charge sociale,
09:05on avait des places d'hébergement pour chacune des personnes.
09:08Mais qui ont été refusées.
09:09Mais qui ont été refusées.
09:10En grande majorité.
09:11Qui ont été refusées sous la pression des collectifs pro-migrants.
09:14Sous leur pression.
09:15Donc il faut quand même le rappeler.
09:16Donc ces personnes devaient être prises en charge.
09:18On en a interpellé un certain nombre.
09:21Dont certains ont fait un traitement qui s'est terminé par l'obligation de quitter le territoire français.
09:27Il y a effectivement une réinstallation d'un certain nombre de tentes sur les quais,
09:30dont je vais évidemment m'occuper.
09:32Et prendre, dans les heures qui viennent sans doute,
09:34des arrêtés d'évacuation au titre du trouble à l'ordre public que ça représente.
09:37C'est une annonce que vous nous faites ce matin, Laurent Nunez, préfet de police de Paris.
09:40Merci infiniment d'être venu en direct en ce moment.
09:42Merci à tous les deux.