• il y a 4 jours
Retrouvez les émissions en intégralité sur https://www.france.tv/france-2/telematin/toutes-les-videos/
Aujourd'hui, dans « Les 4V », Julien Arnaud revient sur les questions qui font l’actualité avec Manuel Bompard, coordinateur national de La France Insoumise et député de Marseille.

Catégorie

📺
TV
Transcription
00:00Bonjour Emmanuel Bompard et merci d'être avec nous après ce week-end qui a été dense, agité, il s'est passé plein de choses.
00:08Vous avez notamment l'agression du rabbin d'Orléans évidemment, agression que vous avez condamnée très rapidement.
00:15Mais ça n'empêche pas certains responsables politiques de vous faire porter une forme de responsabilité,
00:20notamment Marine Le Pen qui a tweeté et qui dit depuis des mois « les films sont une cible dans le dos de nos compatriotes juifs ».
00:26Cet odieux agression en est une des détestables conséquences. Vous lui répondez quoi précisément à Marine Le Pen ?
00:31Moi je lui ai déjà répondu. D'abord je veux dire évidemment ma solidarité avec le rabbin d'Orléans et avec ses proches,
00:39puisque l'agression dont il a été victime est tout simplement insupportable.
00:42Et vous l'avez dit, je fais partie des premiers dirigeants politiques à avoir réagi sur ce sujet.
00:46Madame Le Pen est bien mal placée pour donner des leçons d'antiracisme ou de lutte contre l'antisémitisme.
00:52Dois-je vous rappeler que Marine Le Pen dirige un parti qui a été fondé par des collabos ?
00:59Dois-je vous rappeler qu'elle siège à l'Assemblée nationale sur les bancs à côté de Madame Le Pen ?
01:04Un député, Monsieur Bocaliti, qui avant d'être député tenait une librairie dans laquelle on vendait des ouvrages négationnistes et antisémites.
01:11Donc s'il y a bien quelqu'un qui est mal placé pour donner des leçons sur ce sujet, c'est bien Madame Le Pen.
01:15Elle aurait mieux fait de se taire.
01:17Je vais vous dire, je trouve que cette manière de venir en quelque sorte, plutôt que d'apporter son soutien à la personne qui a été victime de cette agression,
01:24venir essayer de polémiquer sur ce sujet, je trouve ça ignoble, je vous le dis sincèrement.
01:29Vous avez observé, malgré tout ce que vous dites, que Jordan Bardella, président du Rassemblement national,
01:35il va en Israël cette semaine à l'invitation du gouvernement israélien.
01:38Est-ce que le gouvernement israélien, il invite et il rend hommage d'une certaine façon par cette invitation à des partis qui seraient antisémites ?
01:46Mais vous savez, le gouvernement de M. Netanyahou est un gouvernement qui contient en son sein des ministres d'extrême droite.
01:52Je peux penser à M. Smotrich, par exemple, dont les propos ont été largement dénoncés, en Israël d'ailleurs,
01:58par une partie de la population israélienne et dans la communauté internationale de manière générale.
02:03Alors qu'il y ait des proximités entre l'extrême droite israélienne et l'extrême droite française, ne me choque pas vraiment.
02:09Et peut-être qu'on pourrait demander à Mme Le Pen si elle est solidaire des actions, des crimes qui sont commis aujourd'hui par l'armée israélienne à Gaza.
02:17Vous montriez encore ce matin un bombardement contre un hôpital.
02:21Pour viser un dirigeant du Hamas qui a été tué.
02:24Non mais ça, monsieur, ça fait depuis des mois et des mois qu'à chaque fois que l'armée israélienne bombarde, frappe des civils,
02:31tue des milliers de personnes, des enfants, des civils, des gens qui sont tout à fait innocents,
02:36à chaque fois, la propagande du gouvernement israélien, c'est de dire non, non, c'est pour cibler une personne du Hamas.
02:41Là, en l'occurrence, c'était le cas. C'est un dirigeant du Hamas qui a été tué.
02:43Il y a eu plus de 50 000 victimes à Gaza ces derniers mois.
02:46Et je ne crois pas qu'on puisse dire que ces 50 000 personnes étaient des membres du Hamas.
02:50Donc ça, c'est pour fermer peut-être le registre de cette propagande que je trouve tout à fait insupportable.
02:57Quant à Mme Le Pen ou M. Bardella, que l'extrême droite israélienne l'invite,
03:02peut-être qu'ils devraient réviser l'histoire et se rappeler quel a été le rôle du RN dans la montée en France de l'antisémitisme.
03:08Peut-être faut-il leur rappeler que Jean-Marie Le Pen a été condamnée à de multiples reprises
03:13pour antisémitisme, négationnisme ou incitation à la haine raciale.
03:16Le problème, c'est qu'il n'y a pas que le RN qui dit ça.
03:18Il y a aussi des membres éminents du gouvernement, Gérald Darmanin ou encore Bruno Retailleau,
03:21qui disent qu'il y a un antisémitisme d'atmosphère qui se développe dans les parties d'extrême gauche,
03:26qui attisent la haine. Vous lui répondez quoi en cas de l'intérieur ?
03:29Je lui dis qu'à un moment, quand on est ministre, il faut dire des choses sérieuses
03:33et s'appuyer sur des chiffres qui sont précis.
03:35Il y a quelques semaines, le comité national consultatif des droits de l'homme en France
03:39a publié une étude sur l'antisémitisme et dit une chose très simple,
03:43c'est que les préjugés antisémites, les attaques, les insultes antisémites,
03:47elles sont malheureusement très majoritairement positionnées à l'extrême droite du champ politique.
03:52Et quand M. Retailleau, la semaine dernière, disait qu'il n'y avait pas d'antisémitisme à l'extrême droite,
03:58vous voyez, il nie même les chiffres du comité consultatif national des droits de l'homme,
04:03qui sont pourtant des chiffres que normalement personne ne conteste.
04:06Quant à M. Darmanin, puisque maintenant tout le monde veut donner des leçons à tout le monde,
04:10M. Darmanin a été pointé du doigt il y a quelques mois pour avoir publié un livre
04:14dans lequel il reprenait, sans les mettre à distance,
04:16et il saluait les politiques de Napoléon contre les juifs.
04:20Donc M. Darmanin, ah si si, vous pourrez le regarder, peut-être que vous n'êtes pas informé,
04:24et dans ce cas-là, c'est sans doute problématique,
04:26puisqu'il y a une personne qui a été pointée du doigt pour ce sujet,
04:29et qui vient maintenant donner des leçons à la terre entière.
04:31Bref, franchement, je trouve ça totalement indécent qu'on vienne surfer, en quelque sorte,
04:36sur une agression antisémite pour essayer de régler des comptes politiques.
04:39Moi, je préfère retenir deux choses.
04:41Les propos du rabbin d'Orléans qui a dit, lui, et qui a salué la solidarité
04:45à laquelle il avait eu le droit face à cette agression,
04:48et moi je préfère saluer les personnes qui se sont interposées face à cette agression,
04:52parce que c'est eux, parce que face aux attaques racistes, antisémites, islamophobes,
04:56la solution, ça doit être l'entraide, la solidarité, la fraternité.
04:59En tout cas, c'est la position de la France insoumise.
05:01– Il y a une marche demain à Orléans, une marche silencieuse, vous pourriez y participer ?
05:05– Moi, en tout cas, je ne suis pas à Orléans,
05:07mais je souhaite que toutes celles et ceux qui peuvent y participer, y participent,
05:10parce qu'effectivement, il faut montrer la solidarité du pays tout entier.
05:14– Et vous pensez que les députés LFI, peut-être de la zone, pourraient y aller ?
05:17– Oui, alors après, on n'a pas de députés dans ce département,
05:19mais pour en avoir discuté avec les militantes et les militants de la France insoumise,
05:22ils ont effectivement l'intention de s'y rendre pour apporter leur soutien aux rabbins d'Orléans.
05:28– Alors, toutes ces accusations qui visent LFI,
05:30elles ont évidemment été attisées par le fameux visuel représentant Cyril Hanouna,
05:33d'une façon qui rappelait la France de Vichy, LFI a été condamné pour ça,
05:37ce n'est pas que de la politique, ça c'est aussi la justice.
05:39– Non, non, ne dites pas des choses inexactes.
05:41– Le juge des référés s'est prononcé.
05:43– Pour quelle raison, Monsieur ? Quel était le motif de cette condamnation ?
05:45– Sur le visuel qu'on voit exactement.
05:47– Non, non, Monsieur, il faut lire les jugements à un moment,
05:50c'était sur le droit à l'image, et évidemment pas sur un éventuel caractère antisémite de ce visuel,
05:56que pour ma part, je réfute complètement et totalement.
05:58– Alors, dans le jugement, il y a effectivement, je n'ai plus les termes exacts…
06:00– C'est le droit à l'image, Monsieur, c'est le droit à l'image.
06:02– Le juge reconnaît que ça rappelle effectivement ces visuels-là.
06:06– Non, ce n'est pas vrai, Monsieur, pardon,
06:08le juge a considéré qu'on ne pouvait pas utiliser l'image d'une personnalité médiatique
06:12dans une campagne d'affichage, comme par exemple le juge, l'année dernière,
06:16nous avait fait le même reproche à propos d'une campagne sur l'inscription sur les listes électorales
06:19dans laquelle on représentait Madame Saint-Cricq.
06:21Il faut dire les choses de manière précise, et par ailleurs, nous avons fait appel de ce jugement.
06:25La France Insoumise, aucun de ses dirigeants, son mouvement, aucun de ses militantes et de ses militants
06:30n'ont jamais été condamnés pour racisme, antisémitisme, contrairement aux partis d'extrême droite.
06:34Et donc cette manière infamante d'essayer de nous stigmatiser sur ce sujet,
06:38sur un sujet qui va totalement à l'encontre de quelles sont nos valeurs, nos principes, nos combats.
06:43Depuis la nuit des temps, depuis que la France Insoumise existe, nous avons toujours été aux côtés…
06:46– Mais vous avez reconnu une erreur là-dessus quand même.
06:48– Mais j'ai dit que ce visuel a été retiré.
06:50Il est resté quelques minutes en ligne, et dix jours après, nous en parlons encore.
06:54Et je trouve qu'il y a une forme de deux poids, deux mesures, qui est tout à fait insupportable.
06:58Est-ce que vous savez qu'il y a quelques semaines, Madame Berger, le gouvernement,
07:02avait publié une campagne contre l'antisémitisme, dans laquelle elle publiait des affiches,
07:06dans lesquelles elle reprenait des stéréotypes contre les juifs,
07:08et cette campagne avait été retirée parce qu'elle avait été jugée maladroite et antisémite.
07:12Vous ne lui en parlez plus, vous ne lui en parlez pas dix jours après.
07:15Vous voyez, elle avait commis une maladresse.
07:17Moi, je ne lui reproche pas cette maladresse.
07:19Elle avait commis une maladresse, elle l'a corrigée.
07:21– Vous avez raison, on s'acharne contre Ellefi, que tous ces procès sont injustes,
07:24et que toutes ces accusations d'antisémitisme, elles sortent de nulle part.
07:28– Évidemment que ces procès sont tout à fait injustes,
07:30et je pense qu'il y avait une volonté dans ces procès,
07:32de salir l'image d'une manifestation qui a eu lieu samedi, contre tous les racismes,
07:37et qui a réuni plusieurs centaines de milliers de personnes,
07:39qui a été un grand succès populaire.
07:41Et moi, je veux saluer cette manifestation.
07:43Et dès que cette manifestation a eu lieu, monsieur,
07:45vous avez eu sur les réseaux sociaux, et y compris sur certaines chaînes,
07:48notamment des chaînes de propagande comme CNews,
07:50des gens qui sont venus pour essayer de dénigrer cette manifestation,
07:53pour inventer des slogans dans la manifestation qui n'avait jamais eu lieu,
07:56pour inventer des pancartes qui ne s'y étaient jamais trouvées.
07:58Tout ça pour essayer de salir la mobilisation exemplaire,
08:01humaine, fraternelle, solidaire,
08:03de centaines de milliers de personnes partout en France
08:05qui ont dit non au racisme, non à l'extrême droite.
08:07– Un mot, Manuel Bompard, sur la situation politique,
08:09parce qu'il y a d'autres sujets effectivement dans l'actualité.
08:11Il y a les retraites, le réarmement.
08:13Est-ce que, par exemple, sur les retraites,
08:15vous souhaitez aller loin dans la censure du gouvernement,
08:17et trouver des alliés pour peut-être aller jusqu'à ce qu'on appelle l'article 49.2 ?
08:21– Évidemment, vous savez, nous, depuis que François Bayrou
08:23a été nommé Premier ministre, nous avons déposé à cinq reprises
08:25une motion de censure, parce que nous étions opposés à son budget,
08:28et parce que nous n'avions évidemment aucune confiance
08:30dans ce fameux conclave dont tout le monde savait,
08:32et tous les gens sérieux savaient depuis le début que c'était un piège.
08:35Aujourd'hui, monsieur Bayrou utilise le prétexte de la situation internationale
08:38pour en quelque sorte en terminer avec cette plaisanterie.
08:41Donc oui, nous nous souhaitons censurer ce gouvernement,
08:44mais nous avons besoin de garanties, je le dis franchement,
08:47puisque vous savez, les motions de censure 49.2 dont vous évoquez,
08:50nous n'avons pas la possibilité d'en déposer de manière illimitée.
08:53Nous en avons déjà déposé deux, nous avons le droit d'en déposer une troisième.
08:56Donc moi, je demande des garanties.
08:58Il faut au moins que toute la gauche s'engage à voter une motion de censure
09:03pour que nous puissions la déposer, puisque nous, contrairement à d'autres,
09:06vous voyez, nous ne faisons pas des motions de censure à pistolet à eau,
09:09ou coup d'épée dans l'eau.
09:11Si nous déposons une motion de censure, c'est pour obtenir la censure du gouvernement.
09:14– Vous en avez parlé avec les socialistes, vous avez le raccord déjà ou pas ?
09:17– Pour l'instant, j'entends des phrases un peu alambiquées
09:19de la part des dirigeants socialistes, qui font en quelque sorte mine
09:23de nous dire qu'ils pourraient censurer,
09:25mais pour l'instant qu'ils ne s'engagent pas clairement dans cette voie.
09:27S'ils le font, si l'ensemble des formations politiques de gauche
09:30prennent position pour la censure, alors oui, nous déposerons une motion de censure.
09:34– Et on a entendu votre appel aux socialistes, Emmanuel Bompard, merci beaucoup.
09:37– Merci à vous.
09:38– Merci à vous deux et merci également.