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Les clefs d'une vie avec Jean-Paul Kauffmann

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##LES_CLEFS_D_UNE_VIE-2025-04-07##

Catégorie

Personnes
Transcription
00:00Sud Radio, les clés d'une vie, Jacques Pessis.
00:03Les clés d'une vie, celles de mon invité, votre nom demeure lié à trois années de
00:07cauchemar.
00:08L'otage que vous avez été a survécu en rêvant chaque nuit d'une enfance tellement
00:12présente dans votre cœur que vous la racontez aujourd'hui dans un livre.
00:16Bonjour Jean-Paul Kaufmann.
00:17Bonjour Jacques Pessis.
00:18Je suis ravi de vous accueillir parce que bon d'abord il y a un livre qui sort, L'accident
00:22chez Équateur, qu'on va évoquer car c'est le livre de votre enfance et puis on va parler
00:26de votre parcours et de tout ce qui vous est arrivé qui n'est quand même pas commun.
00:30C'est le moins qu'on puisse dire.
00:32Alors le principe des clés d'une vie, c'est de raconter votre parcours à travers des
00:37dates clés.
00:38Et la première que j'ai trouvée, c'est le 1er mars 1977, la sortie d'un nouveau quotidien
00:43qui s'appelle Le matin de Paris.
00:44Ça vous dit quelque chose ?
00:45Ah oui.
00:46Bien sûr.
00:47Vous avez travaillé au matin de Paris ?
00:48Oui, ça a été une période très heureuse journalistiquement et je ne vais pas dire
00:55que j'ai éprouvé une nostalgie, c'est l'âge d'or du journalisme, vous voyez.
01:00Il ne s'agit pas de dire que c'était mieux avant, mais c'est vrai que cette période
01:06du matin de Paris a été formidable.
01:08Formidable et ça m'a marqué à jamais.
01:13C'est-à-dire que le journal avait été fondé par Claude Perdriel, ce qui comptait
01:17c'était une équipe de jeunes qui arrivaient tout feu tout flamme, qui avaient envie de
01:21créer quelque chose.
01:23Oui, alors bon, ne l'oublions pas non plus, c'était le journal de la gauche, du programme
01:30commun.
01:31Oui, mais en même temps, le papier d'ailleurs n'était pas de grande qualité.
01:34Bah oui, c'était… En revanche, la maquette était révolutionnaire, très novatrice.
01:42Mais en même temps, vous faisiez tout dans ce journal.
01:45Oui, on était tout terrain.
01:47Voilà.
01:48C'était une façon formidable d'apprendre le journalisme.
01:50Bah oui, c'est la meilleure façon d'apprendre le journalisme.
01:53Je crois que dans l'équipe, il y avait François-Henri de Viryeux, qu'on a vu à
01:56la télévision ensuite, et Paul Quezain, qui s'occupait de la culture.
02:00Ah, vous l'avez connu ?
02:01Je l'ai connu et il a même été pendant des années le producteur de Jacques Martin
02:05des émissions du dimanche.
02:06C'est lui qui supervisait tout pour Jacques Martin.
02:09Oui, c'était un des personnages clés du matin de Paris, Paul Quezain, conseiller
02:14de Claude Perdriel.
02:16Voilà, qui travaillait pour Science et Avenir avant…
02:19Exactement.
02:20Il est passé chez Jacques Martin, c'est quand même un grand écart.
02:22Alors, vous arrivez à Paris après une formation dans la presse dite de province, puisque vous
02:28avez vraiment débuté, et vous avez débuté d'ailleurs en vendant un journal qui s'appelait
02:32Clairefoyer.
02:33Oui, enfin, même on peut en nommer un autre, Le Pèlerin, qui existe toujours.
02:38Mais là, j'étais enfant, c'était… bon, j'avais 7-8 ans, je distribuais cela
02:45dans mon petit village de Cornu, en Ile-et-Vilaine.
02:48Voilà, en fait, Clairefoyer, c'est un journal qui tirait à 275 000 exemplaires,
02:54qui était celui du mouvement familial et rural, et qui est devenu famille magazine.
02:58C'est ça, oui, c'était destiné à un public rural, et ça marchait du feu de Dieu
03:05à cette époque-là.
03:06Exactement.
03:07Alors, je crois que votre vie de journaliste, d'abord, ce sont des stages, et je crois,
03:10Jean-Paul Kaufmann, que le premier journal, c'est Le Béret républicain.
03:13Oui, tout à fait.
03:14Alors, Le Béret républicain, parce que j'aimais beaucoup Bourges, j'avais une
03:20vieille histoire avec Bourges, auparavant, j'avais fait visiter et j'étais guide
03:27à la cathédrale Saint-Étienne de Bourges, j'ai voulu y revenir pour des raisons que
03:37j'évoque plus ou moins dans mon dernier livre.
03:41Dans l'accident.
03:42Donc, Bourges, c'est une ville que j'ai beaucoup aimée, ce stage au Béret républicain
03:48aussi a été, pour moi, très formateur, mais j'ai fait d'autres stages, c'était
03:53obligatoire.
03:54Quand on avait fait l'école de journalisme de Lille, donc il fallait effectuer un certain
04:00nombre de stages, j'ai été aussi à Ouest-France, à Nord-Éclair, et aussi, très important,
04:07à Sud-Ouest.
04:08Exactement, car ça a marqué votre parcours à chaque fois.
04:11Oui, alors Sud-Ouest, notamment, c'est peut-être ça qui m'a attiré vers le Bordeaux.
04:16Exactement.
04:17Puis Ouest-France, votre premier reportage, c'était sur un château, le châtelier que
04:21vous évoquez dans ce livre.
04:23Oui.
04:24C'était un château très particulier, Jean-Paul Jordan.
04:26Oui, un château, oui, oui, alors bon, honnêtement, j'ai relu cet article, il était vraiment
04:32très médiocre, je ne suis pas fier, mais bon, j'avais écrit cela pour montrer à
04:40mes parents que finalement, ces études à l'École supérieure de journalisme de Lille,
04:47c'était du sérieux.
04:48Oui, et d'ailleurs, ces études, vous les devez à un ami, un cousin de vos parents,
04:53qui les a convaincus de vous laisser vous lancer dans cette aventure, Jean-Paul Coffin.
04:58Ah oui, il a joué un rôle très, très important, vous voyez, c'est quelqu'un, alors moi je
05:03suis né dans une petite, enfin je suis né en Mayenne, mes parents ont acheté une boulangerie
05:10trois semaines avant la fin de la guerre, en avril 1945, donc j'ai passé une enfance
05:18très heureuse dans ce petit village de cornus, mais bon, à l'âge de 11 ans, que faire
05:26de ce jeune Jean-Paul ? Et ce n'était pas évident à l'époque, cet ecclésiastique
05:33a dit qu'il faut qu'il poursuive des études, et donc il a joué un rôle déterminant dans
05:38ma vie, et c'est comme ça aussi que j'ai postulé à l'école supérieure de journalisme
05:46de Lille, d'ailleurs, quand j'ai été libéré, je lui ai dit, écoute Georges, tout ce qui
05:50m'est arrivé, c'est à cause de toi, c'est ta faute.
05:53Oui, c'est pas très gentil, mais c'est très affectueux en même temps. Alors il
05:56faut savoir aussi que vous aviez la passion de la lecture, et je crois, Jean-Paul Coffin,
06:00vous avez appris à lire dans le tour de France par deux enfants, comme beaucoup d'enfants
06:04de votre génération.
06:05Exactement, mais c'est quelque chose de très paradoxal, parce qu'il faut quand même préciser
06:11une chose, le tour de la France par deux enfants, c'est un livre, la première édition date
06:17de 1877, donc nous sommes au tout début de la troisième république, et voilà qu'encore
06:25dans les années 50, nous apprenions à lire dans ce livre, et ça datait singulièrement,
06:31les choses qui étaient racontées dans ce livre, c'était, disons, une sorte de, comment
06:38dire, leçon de choses, on évoquait les grandes figures de la France, les grands hommes, et
06:46puis aussi les grandes inventions. Bon, ben, des inventions, ces grandes inventions du
06:52début du XXe siècle, en 1950, ça datait un peu quand même.
06:58Oui, il y a quand même eu près de 8 millions d'exemplaires qui ont été vendus jusqu'aux années 50.
07:02Et puis, alors, il y avait la bande dessinée, ça a commencé, dans le pèlerin, par les
07:06aventures de Patapouf, et par Frippounet et Marisette.
07:09Frippounet et Marisette jouent un rôle très très important dans ma vie, et surtout Sylvain
07:16et Sylvette, alors je sais pas si ça vous dit quelque chose, Sylvain et Sylvette, c'est
07:23deux orphelins qui vivent dans, ça emprunte un peu à l'univers des contes de Perrault,
07:30vous voyez, des enfants sans parents, les parents n'apparaissent pas, persécutés par
07:38les compères, un loup, un sanglier, un ours et un renard, et c'est là aussi, je dis que
07:46c'est important, parce que c'est là où j'ai eu, enfant, cette, comment dire, première
07:53révélation, le mal, le mal, qui est quelque chose d'énigmatique, d'où vient le mal,
07:59cette chose gratuite, et qui posait un problème, pourquoi ces animaux s'acharnaient-ils à
08:07faire du mal à nos deux héros ? Il y avait un petit mystère, le mystère du mal.
08:13Le mystère du mal, c'est Marcel Cuvelier qui a créé cette série, et moi j'ai connu
08:16Jean-Louis Pêche à la fin de sa vie, qui a continué jusqu'au 67ème album, il a cherché
08:22un repreneur à la fin de sa vie, il n'en a malheureusement pas trouvé un.
08:25C'est vrai, oui, oui, alors ce Cuvelier était un personnage important, il a écrit un certain
08:32nombre d'autres bandes dessinées, et moi j'aimerais bien qu'on ressuscite Sylvain et
08:40Sylvette, je ne sais pas si ça parlerait beaucoup aux jeunes générations.
08:45Ce serait en tout cas une bonne chose. Et puis il y a quelqu'un aussi qui a compté
08:48dans votre vie, reconnaissez sa voix. Il est né en 1929, donc il y a 30 ans, dans
08:53un... Hergé, Hergé avec Tintin, qui a aussi marqué votre vie, Jean-Paul Gaufrin.
08:59Comme tous ceux de ma génération, disons que ceux qui sont nés entre 1940 et 1955,
09:07on y reviendra peut-être, c'est très important cet aspect générationnel.
09:12Tout à fait. Alors, peut-être, moi j'appartiens à ce
09:15qu'on appelle cette génération de boomers, pas particulièrement fiers de l'être, mais
09:21ça nous est tombé dessus, donc il faut assumer. Et c'est vrai qu'on a vécu quand même,
09:28on a été des privilégiés, moi j'ai connu peut-être des vicissitudes dans ma vie, mais
09:33j'estime quand même que cette génération-là a connu, privilégiée, parce qu'elle a connu
09:39un monde ancien qui est totalement glouti aujourd'hui.
09:43Et en plus, Hergé était quelqu'un qui faisait ses dessins, comme toute l'école
09:47belge, Peiot ou Hiltibet, sans se rendre compte de l'impact qu'ils avaient.
09:51Oui, enfin à l'époque, oui c'est vrai, vous avez tout à fait raison, mais c'est
09:57amusant parce que j'ai rencontré au cours de ma vie de journaliste, et notamment au
10:03matin de Paris, un certain nombre d'écrivains, et celui qui m'a le plus impressionné, c'est
10:10Hergé. Et je me souviens, j'étais tellement impressionné que le jour où j'ai serré
10:14la main, je lui ai dit quelque chose d'un peu ridicule, je lui ai dit, j'ai l'impression
10:19de serrer la main de Balzac. Et en même temps, vous voyez, c'était un peu grandiloquent,
10:25mais Tintin, comme Balzac, a véritablement inventé un monde, un monde très particulier
10:32avec des personnages, des personnages très très poétiques, et moi ma vision du monde,
10:38je le reconnais, emprunte beaucoup, malgré tout j'ai 80 ans aujourd'hui, à cet univers
10:44de Tintin.
10:45Oui, et c'est vrai que ça a marqué plusieurs époques, ce qu'Hergé n'imaginait pas.
10:49Le jour où il a appris que les astronautes lisaient Tintin et lui demandaient d'en
10:54abdicacer, il n'en revenait pas.
10:55Oui, et puis c'était quelqu'un en même temps de très modeste, très modeste, très
11:01très discret, quelqu'un de très attachant.
11:06Alors il y a d'autres dates importantes dans votre vie, on va faire un grand saut dans
11:10le temps et évoquer le 1er septembre 2000. A tout de suite sur Sud Radio avec Jean-Paul
11:15Koffman.
11:16Sud Radio, les clés d'une vie, Jacques Pessis.
11:19Sud Radio, les clés d'une vie, mon invité Jean-Paul Koffman, nous évoquons tout à
11:23l'heure, et on l'évoque d'ailleurs en filigrane, L'Accident, votre nouveau livre chez Équateur
11:27qui raconte votre enfance et beaucoup de choses tout à fait insolites sur votre parcours
11:32qu'on ne connaissait pas.
11:33On a commencé à l'évoquer à travers différentes choses, notamment la bande dessinée.
11:38Et puis on va parler de livre parce que le 1er septembre 2000 sort un livre qui s'appelle
11:43le manuel pratique de l'amateur de cigares.
11:45Un livre que vous avez signé et qui est un livre tout à fait inattendu et important
11:49aussi.
11:50Oui, c'est vrai.
11:51Alors, l'amateur de cigares, en effet, ça a été une grande aventure dans ma vie.
11:56Mais il faut dire aussi qu'auparavant existait l'amateur de Bordeaux et que l'amateur de
12:03cigares est une émanation de l'amateur de Bordeaux.
12:07Parce que bon, quand on aime le Bordeaux, quand on aime le vin et c'est de cette façon
12:12là, d'ailleurs, personnellement, que j'ai été initié au cigare par ses propriétaires
12:19bordelais.
12:20Vous avez découvert ses propriétaires bordelais, Jean-Paul Coffman, au retour des trois ans
12:25avant.
12:26L'amateur de Bordeaux a été créé en 1981.
12:31J'ai été enlevé en 85.
12:33Je pensais que ça allait disparaître.
12:35D'ailleurs, vous voyez, on n'est pas irremplaçable.
12:37Et ça marche toujours.
12:39Oui, il a disparu définitivement il y a vingt ans.
12:42Oui, effectivement.
12:43Alors, il se trouve que quand on pense au Bordeaux, on pense aussi à une chanson de
12:47Joe Dassin.
12:56Billy le Bordelais, une chanson de Joe Dassin.
12:58Il aimait beaucoup le Bordeaux, Joe Dassin, d'où l'origine de cette chanson.
13:02Et un jour, il a perdu une caisse de Grand Bordeaux parce qu'il avait parié avec Carlos
13:06que Mike Brandt n'aurait aucun succès.
13:09Et c'est vrai que cette passion du vin, c'est venu vraiment d'un coup en fréquentant
13:15les vignobles.
13:16Alors, d'un coup, oui, d'une certaine manière, oui.
13:21Quand j'étais au matin de Paris, j'ai dû remplacer le rédacteur en chef à qui
13:26on avait préparé un programme d'enfer.
13:31Il est tombé malade.
13:32Je l'ai remplacé au pied levé.
13:34Et en effet, pour moi, ça a été une révélation, ce voyage.
13:38Vous voyez, derrière les étiquettes prestigieuses de ces vins, il y avait des hommes et non
13:44seulement des hommes, mais des paysages.
13:46Parce que l'amateur de Bordeaux aussi, c'était sa préoccupation.
13:50C'était de parler, en effet, du vin, mais parler aussi de ces châteaux qui sont magnifiques,
13:58de ces jardins magnifiques aussi.
14:01Et puis des hommes qui font le vin et de ces paysages.
14:05Vous voyez, parce que Bordeaux, c'est véritablement une civilisation.
14:10Bordeaux a inventé une civilisation du vin.
14:14Et ce sont des grandes familles aujourd'hui et leurs enfants qui dirigent tous ces vignobles.
14:20Oui, alors, bon, en même temps, c'est difficile.
14:25La transmission ne se fait pas de manière si facile que vous le dites.
14:31Hélas, hélas.
14:32Vous avez même fait un livre Voyage à Bordeaux, qui est aujourd'hui un collecteur hors commerce.
14:37Oui, alors, il a été réédité il y a très peu de temps dans la collection bouquins
14:43chez Lafond.
14:44Oui, en quelque sorte, c'est un inédit.
14:48C'est un livre qui est paru initialement hors commerce.
14:54Je voulais, disons, à ceux qui s'étaient mobilisés pour ma libération,
15:02je voulais leur envoyer ce cadeau, ce livre hors commerce,
15:08pour leur donner de mes nouvelles et surtout les remercier.
15:12Il se trouve aussi, on ne le sait pas du tout,
15:15qu'il y a un lien entre le vignoble bordelais et le Coca-Cola.
15:18Je ne sais pas si vous le savez.
15:19Vous allez me le dire.
15:20En fait, John Pibberton, qui est le créateur du Coca-Cola,
15:22s'est inspiré de la recette d'un breuvage médicinal français
15:26créé par un chimiste, Angelo Mariani,
15:28pour lutter contre la fatigue et pour améliorer la vigilance.
15:31Et il mélangeait ce remède à du vin de Bordeaux.
15:34Vous m'apprenez quelque chose.
15:36Alors, j'en reviens maintenant au cigare, parce que finalement,
15:40vous avez fait ce livre et le cigare est né vraiment dans votre vie à ce moment-là.
15:46Oui, tout à fait.
15:47Il faut bien reconnaître qu'être amateur de cigare,
15:52fumer le cigare aujourd'hui, je ne vais pas dire que c'est héroïque,
15:55mais il faut bien le reconnaître, c'est mal vu.
15:58Oui, c'est pas ça.
15:59Quand on voit quelqu'un qui a un cigare au bec,
16:02pour ceux qui n'aiment pas le cigare,
16:05il y a presque d'emblée, je ne vais pas dire une agressivité,
16:09mais il y a toute une symbolique autour du cigare
16:14dont, en effet, les amateurs peuvent souffrir.
16:19Et c'est vrai qu'à cette époque que l'on vit hygiéniste,
16:23le cigare, c'est très mal vu.
16:25Donc, la revue continue.
16:28Elle est toujours là.
16:29Et vous êtes là aussi, alors qu'il y a eu quand même cette histoire d'enlèvement.
16:35Vous entrez à l'événement de juillet en 1984,
16:38vous partez en reportage au Liban,
16:40et c'est là qu'un jour, votre vie bascule.
16:42Oui.
16:43En quelques instants, vous n'avez même pas réalisé sur le coup ce qu'il se passait.
16:47Oui, le 22 mai 1985.
16:51Vous allez à l'aéroport et il y a une Mercedes blanche qui vous...
16:54Ce que vous racontez dans le livre, d'ailleurs.
16:56Oui, le premier et le dernier jour de ma détention.
17:00C'est-à-dire qu'une Mercedes...
17:02C'est pas un livre, il faut quand même le préciser à nos auditeurs,
17:05c'est pas un livre sur le Liban, sur ma captivité.
17:10C'est un chapitre.
17:11Oui.
17:12Mais c'est un chapitre qu'on va parler tout à l'heure de l'enfance.
17:15Mais il se trouve que c'est important parce que vous racontez
17:18que pendant ces trois années, vous avez vécu hors du temps
17:22et sans notion même du temps, Jean-Paul Koffman.
17:25Alors au début, les premiers mois, non.
17:28Mais par la suite, en effet, pendant à peu près deux ans et demi,
17:32nous n'avions plus aucune nouvelle de l'extérieur
17:36à telle enseigne que je croyais qu'on nous avait laissé tomber.
17:40À ce point-là ?
17:41Oui, bien sûr.
17:42Écoutez, trois ans, c'est long.
17:45Bien sûr.
17:46En plus, il y avait deux autres, deux diplomates,
17:48Marcel Fontaine et Marcel Carton,
17:50qui étaient aussi enlevés quelques jours avant vous.
17:52Oui, tout à fait.
17:53Et j'ai été enlevé aussi avec quelqu'un qui est mort pendant ma détention,
17:57qui est Michel Seurat.
17:59Donc, vous voyez...
18:01Un chercheur.
18:02Oui, un chercheur qui habitait Beyrouth.
18:05Et bon, c'est un long martyrologue,
18:08cette histoire des otages du Liban,
18:11parce que je me suis trouvé aussi avec des Américains,
18:14avec des Anglais.
18:16Et puis, il y en a un certain nombre qui ne sont pas revenus.
18:19Et en plus, ce que vous ne saviez pas à l'époque,
18:22c'est que la France se mobilisait
18:24et que tous les soirs, le journal de 20h,
18:26annonçait le nombre de jours de détention.
18:28Alors ça, c'est une chose que j'ai appris après.
18:31Et pour moi, ça a été véritablement une découverte.
18:36Je n'en revenais pas.
18:38Et bon, je pense que ça a été déterminant, en effet,
18:41parce que, vous voyez,
18:43peut-être qu'à la fin, les gens en avaient marre
18:45et devaient se dire, bon, le gouvernement,
18:48qu'il fasse quelque chose.
18:50Donc, la mobilisation,
18:52la mobilisation, ça a été capital.
18:55Mais encore une fois, la mobilisation,
18:57s'il n'y a pas une volonté du gouvernement,
19:00ça ne sert à rien, vous voyez.
19:02À l'heure actuelle, il y a cette histoire Boislem-Sensal,
19:05il est important de se mobiliser,
19:07mais ce n'est pas l'opinion qui négocie,
19:10c'est le gouvernement.
19:13Le gouvernement, il faut une volonté du gouvernement.
19:16C'est très important.
19:18– Et il a fallu trois ans pour vous ?
19:20– Trois ans, on a mis trois ans
19:22de façon à ce que tout cela s'emboîte parfaitement,
19:25parce que c'est ça aussi, c'est une histoire d'emboîtement,
19:28vous voyez, c'est une sorte de puzzle,
19:30il manque toujours une case.
19:32– Je crois que c'est 1078 jours.
19:34– Je n'ai pas compté, mais c'est trois ans.
19:36– Exactement.
19:37– Trois ans moins quinze jours.
19:39– Et il se trouve aussi que vous avez survécu,
19:41et ça c'est important par rapport à votre livre,
19:43en vous souvenant de vos rêves d'enfance, Jean-Paul Cotton.
19:46– Ah oui, alors c'est très très important,
19:48vous avez tout à fait raison de le souligner.
19:50D'ailleurs, c'est le sujet de ce livre-là,
19:52c'est que cette enfance,
19:54j'ai eu une enfance très heureuse,
19:57pour beaucoup aujourd'hui,
20:00d'écrivains, de ceux qui écrivent,
20:04l'enfance a été un enfer,
20:07et bien moi je suis désolé,
20:09moi mon enfance a été une période enchantée,
20:13radieuse, bienfaisante, un peu austère, certes,
20:17et cette parenthèse heureuse m'a sauvé.
20:23Parce que c'est là où je veux en venir,
20:27et qui fait que l'inconscient humain est parfaitement construit,
20:33c'est-à-dire que pendant ma détention,
20:35normalement avec cette imminence de la mort,
20:39cette angoisse de la journée,
20:42ma vie nocturne aurait dû être empoisonnée,
20:46tourmentée par ces mauvais rêves, par ces cauchemars,
20:50je n'ai fait aucun cauchemar pendant ma captivité.
20:54Les cauchemars, les mauvais rêves,
20:57sont venus lorsque j'ai été libéré,
21:00quelques jours plus tard.
21:02Il y en a encore quelques temps,
21:05pendant quelques temps,
21:06mais disons que la périodicité s'amoindrit d'année en année.
21:12Donc le livre que j'ai écrit,
21:14L'accident, c'est aussi un livre de gratitude,
21:18de reconnaissance,
21:21une dette que j'avais envers cette enfance qui m'a sauvé,
21:25cette enfance heureuse et bénéfique.
21:28Et pourtant dans un monde de l'après-guerre,
21:31dans cette petite commune d'Île-et-Vilaine,
21:34où c'était extrêmement élémentaire, extrêmement sommaire,
21:39vous voyez, je suis né en 1944.
21:43En 1900, dans ces années-là, dans ces années d'après-guerre,
21:47les gens n'aspiraient qu'à une seule chose,
21:50revenir à la vie qui a été la leur dans les années 30,
21:55laquelle était exactement la même qu'au début de la Troisième République.
21:59Donc c'était un monde totalement immobile, figé, immuable,
22:05rythmé par les fêtes paroissiales, par les commisses agricoles.
22:10On est encore dans un monde rural proche de Mme Bovary, vous savez.
22:14Et on va en reparler, parce que moi, on va insister sur ce livre tout à l'heure,
22:18mais vous avez écrit aussi beaucoup d'autres livres dans votre vie,
22:22et on va justement évoquer une date importante dans votre carrière également,
22:26qui est le 6 novembre 2009.
22:28A tout de suite sur Sud Radio avec Jean-Paul Coffman.
22:30Sud Radio, les clés d'une vie, Jacques Pessis.
22:33Sud Radio, les clés d'une vie, mon invité Jean-Paul Coffman.
22:36Nous évoquons déjà en filigrane, et on y reviendra tout à l'heure sur ce livre
22:40« L'accident » aux éditions Équateur, qui raconte votre enfance.
22:43Un livre parmi d'autres, parce que si je cite la date du 6 novembre 2009,
22:48vous recevez le 23ème prix de la langue française pour l'ensemble de votre oeuvre.
22:52Je crois que c'est un jury présidé par Angelo Rinaldi, qui se trouve à Brive.
22:57Oui, tout à fait. Oui, ça m'a fait grand plaisir.
23:04Quand on est journaliste, et quelques années après recevoir un prix
23:07pour l'ensemble de son oeuvre littéraire, ce n'est pas si fréquent.
23:10Oui, mais un prix de la langue française, parce que, bon,
23:14je ne vais pas dire que tous ces livres que j'écris sont le fruit d'un long travail,
23:21et un long travail où, justement, l'écriture est très importante.
23:26J'essaie de donner à toutes ces pages que j'écris, disons, une sorte de fluidité,
23:35et aussi, je dirais, c'est mon ambition, est-ce que j'y parviens ?
23:42Ça, c'est une autre question.
23:43Et aussi, parce que pour moi, bien écrire français, c'est écrire de manière claire.
23:51De manière claire et simple. Et ce n'est pas facile.
23:55Et ce n'est pas si fréquent aujourd'hui.
23:57C'est du travail.
24:00Alors, il ne faut pas que, non plus, on sente le travail,
24:03ce que Flaubert appelait l'huile de lampe.
24:07Mais, vous voyez, pour que cette fluidité s'installe dans les pages que vous écrivez,
24:14il faut beaucoup travailler.
24:17Donc, c'est un livre, et notamment le dernier, L'Accident,
24:20bon, le lecteur, ce fichier perdu manque, ça a pris beaucoup de temps pour l'auteur,
24:27mais il m'a donné beaucoup de mal.
24:29Il se trouve aussi, pour la petite histoire, que ce prix Langue Française,
24:33celle qui vous précédait, qui a reçu ce prix un an plus tôt, c'était Annie Erdaud.
24:37Ah oui, oui, oui.
24:38Car son prix Nobel ensuite.
24:39Donc, on ne sait jamais ce qui peut vous arriver.
24:41Alors, la littérature, je crois que ça a été très important.
24:44Ça a été le refuge de votre enfance, Jean-Paul Kaufmann.
24:48Oui, j'étais un affamé de lecture.
24:51Il n'y avait pas de livres dans la boulangerie paternelle.
24:56Donc, moi, je disais tout ce qui me tombait sous la main.
25:00Et vraiment, j'ai toujours eu peur de manquer de livres.
25:07Toujours même, vous voyez, même quand j'étais journaliste, j'en accumulais.
25:12Et figurez-vous que cette hantise, cette peur de manquer,
25:17un jour s'est réalisée lorsque j'ai été enlevé.
25:20J'ai pu lire quelques livres, et je peux dire que ces quelques livres m'ont sauvé la vie.
25:25Et c'était des livres, des classiques ou des livres...
25:28Non, non, il y avait un peu de tout.
25:29Il y avait même des livres, il y a eu...
25:31Je cite toujours cet exemple.
25:33Même un jour, j'ai...
25:35J'ai eu très peu de livres.
25:37Un jour, un livre de la collection Harlequin,
25:39un livre, donc, une intrigue un peu à l'eau de rose,
25:43eh bien, figurez-vous que ça a été un moment de bonheur.
25:47Pourquoi ?
25:48Écoutez, c'était une voix qui venait de l'extérieur.
25:51Je n'étais plus tout seul.
25:53Une voix, peut-être, qui était un peu fausse,
25:56mais une voix quand même.
25:58Et puis, il y a quelqu'un qui a compté, je crois, dans vos jeunes années,
26:01Jean-Paul Kaufmann, c'est Jean de La Fontaine.
26:03Oui, comme tout écolier de cette génération-là,
26:09on apprenait un certain nombre de fables par cœur.
26:12Et puis, quand j'écris ce livre, « Remontez la Marne »,
26:15j'ai été très heureux de saluer, en effet,
26:18la figure de Jean de La Fontaine, né à Château-Thierry,
26:24qui est traversée par la Marne.
26:27Il y a un certain nombre de pages sur Jean de La Fontaine.
26:30Jean de La Fontaine aussi, tout ce travail, cette limpidité,
26:33et on a l'impression que c'est facile.
26:36Pas du tout.
26:37Il y a un immense travail derrière toutes ces fables.
26:40Et il échangeait, d'ailleurs, il écrivait ses fables,
26:42et il échangeait ses idées avec son meilleur ami, qui était Molière.
26:46Il se lisait leurs pages respectives en les retravaillant le lendemain.
26:50Oui, parce qu'on a toujours l'impression d'un homme nonchalant,
26:53un peu paresseux, et je crois que ce n'est pas du tout le cas.
26:57Alors, la littérature s'est surtout arrivée dans votre vie,
27:00Jean-Paul Kaufmann, lorsqu'après votre libération,
27:03vous avez décidé de ne plus être journaliste, mais écrivain.
27:06Oui, alors, c'est peut-être plus compliqué que ça.
27:10Il est certain que, je le reconnais,
27:13que cette captivité a tué le journaliste.
27:17Vous voyez, c'est vrai que dans notre métier,
27:21il y a une part de voyeurisme.
27:23J'ai été un peu voyeur.
27:24J'ai regardé la souffrance des hommes et des victimes.
27:29J'ai regardé la lave du volcan,
27:33et un jour, je suis tombé dans la lave moi-même,
27:36et je suis devenu, à mon tour, objet de voyeurisme.
27:42Vous voyez, pendant ces trois années,
27:44j'ai beaucoup réfléchi à ce métier.
27:47Et en même temps, les choses ne sont pas si simples que ça,
27:50parce que je pense aussi avoir écrit un livre d'enquête,
27:54un livre de journaliste.
27:55Alors, quelquefois, on fait poids,
27:57un livre de journaliste pour le déprécier.
28:01Moi, je suis fier d'avoir fait un livre de journaliste,
28:04un livre d'enquête, un livre où je recherche un certain nombre,
28:09enfin, ce que sont devenus un certain nombre de personnages,
28:15à travail, aux archives, etc.
28:18Il y a vraiment beaucoup de travail dans ce livre,
28:24et encore une fois, un travail de journaliste.
28:26Et puis, le journaliste est toujours là.
28:28Dans ce livre, je parle beaucoup.
28:30Je dis, en effet, je suis peut-être devenu journaliste
28:34à cause de la boulangerie paternelle.
28:37Vous voyez, je dis, je prétends que l'atmosphère d'un fournil
28:42peut amener au métier de journaliste,
28:44parce que les odeurs, les cinq sens ont une importance capitale
28:50dans une boulangerie, et surtout l'olfaction, sentir.
28:54Et je pense que dans le métier de journaliste, vous voyez,
28:57il y a des journalistes qui disent,
28:59quelquefois, quand ils sont en reportage,
29:01quand il y a des choses un peu bizarres qui se passent,
29:04ils disent, oh, je sens pas, ça sent mauvais.
29:07Donc, vous voyez, sentir le flair du journaliste,
29:11c'est quand même capital.
29:13Alors, c'est peut-être le sixième sens, l'intuition.
29:16Mais partir d'un four pour faire un succès,
29:18c'est quand même paradoxal.
29:20Alors, il se trouve aussi que vos premiers romans
29:23et tous vos romans, il y a justement ce retour parmi les vivants.
29:27Vous dites que vous avez beaucoup travaillé.
29:29Chaque roman, pour vous, est beaucoup de travail.
29:31D'abord, le premier, c'était L'Arche des Kerguelen.
29:33C'est une longue enquête.
29:35Et là, vous avez découvert Une île de la solitude.
29:38Et ce livre a marqué votre retour parmi les vivants, Jean-Paul Coffman.
29:41Oui, il a joué un rôle très, très important,
29:44disons, dans ce qu'on pourrait appeler ma convalescence.
29:47Parce que, vous savez, une fois qu'on est délivré,
29:51qu'on est libéré, il y a le retour.
29:54Le retour n'est pas facile.
29:56Parce que, vous voyez, vous êtes un peu, comment dire,
30:00quand vous êtes libéré, il y a un côté comme laser sortant du tombeau.
30:04Vous avez été dans les ténèbres, presque avec vos bandelettes.
30:08Et puis, d'un seul coup, vous remontez violemment à la surface.
30:12C'est un choc, presque un traumatisme.
30:15Et puis, il faut s'adapter aussi.
30:17Donc, L'Arche des Kerguelen ont beaucoup compté.
30:20Alors, peut-être l'apprentissage de l'isolement,
30:23parce que c'est ça, L'Arche des Kerguelen aussi,
30:25l'isolement, la haute solitude,
30:28un environnement très hostile.
30:31Mais là, je l'avais choisi.
30:33Bon, toutes ces caractéristiques que j'ai données
30:36peuvent s'appliquer à ma captivité.
30:39Donc, ça a été extrêmement important dans ce retour.
30:43Je ne m'en suis pas rendu compte sur le moment.
30:45C'est après coup, lorsque j'ai écrit,
30:47que je me suis dit, ce moment-là a été décisif, capital, dans ce retour.
30:52Et vous parlez justement du travail que représente un livre,
30:55même pour un journaliste et l'enquête.
30:57Et il y a un livre que vous avez signé et qui le démontre.
31:00Et ce livre, on peut l'évoquer à travers une chanson.
31:10Napoléon est Napoléon Serge Lamar,
31:12une comédie musicale qu'il a voulu écrire avec ses copains,
31:17notamment avec Yves Gilbert.
31:19Personne n'y croyait.
31:20Il a fait 800 représentations en France.
31:22Et si je parle de Napoléon, c'est que vous avez fait une enquête
31:25sur l'île de Sainte-Hélène, ce qui n'était pas si fréquent, c'est 13 jours là-bas,
31:30avec une véritable enquête journalistique, avant d'écrire un livre.
31:33Oui, alors surtout, les Kerguelen, Sainte-Hélène, à l'époque, c'était trois semaines de bateau,
31:43donc c'est très long. Et bon, j'ai accepté d'y aller, je n'avais pas à l'époque une
31:49particulière admiration pour Napoléon, pour Bonaparte, oui, Napoléon c'est tout à fait
31:55différent. Et ce qui m'avait attiré, c'était un peu comme les Kerguelen, le fait qu'il y ait
31:59toute cette traversée latente, moi j'aime beaucoup, pour le voyage latente. Donc, alors,
32:07quand je suis arrivé à Sainte-Hélène, en effet, j'ai tout compris, et c'est vrai qu'on ne comprend,
32:12et c'est quelque chose d'extrêmement mystérieux, cette histoire de Sainte-Hélène, parce qu'on ne
32:18peut pas comprendre la captivité de Napoléon si on n'est pas allé sur place, parce que c'est
32:23vraiment un choc, vraiment un choc. La révélation de ce lieu où il a vécu pendant cinq ans et demi,
32:29là sur ce plateau de Longwood, tout à fait, comment dire, harcelé par le vent incessant,
32:40l'humidité, etc. Là, je crois qu'on comprend tout, et on comprend le drame de cet homme là,
32:45qui est resté là, donc, solitaire pendant cinq ans et demi, dans un état, il faut bien le dire,
32:54de dépression. C'est un mot qu'on n'employait pas à l'époque, mais quand vous lisez tous les
32:59commentaires de ceux qui l'ont accompagné, c'est un homme qui était profondément mélancolique,
33:09triste, et je pense que cette mélancolie à la longue l'a tué.
33:14Voilà, l'empoisonnement dont on parle.
33:16Oui, c'est ça l'empoisonnement.
33:17Et alors, vous avez mené une enquête, parce qu'il fallait encore retrouver les traces de
33:20tas de choses là-bas, et là, c'est le travail du journaliste avant le travail de l'écrivain.
33:24Oui, alors, bien sûr, tout ces témoignages sur Napoléon et Sainte-Hélène, parce qu'en plus de
33:35ça, on connaît à peu près presque quotidiennement son emploi du temps de Napoléon et Sainte-Hélène,
33:41parce que tous ceux qui étaient avec lui, les quatre évangélistes qui l'ont accompagné,
33:46là, ses quatre compagnons, ont tous les quatre écrit, mais pas seulement ses compagnons,
33:52mais aussi les domestiques, marchands, d'autres encore.
33:56Donc, on sait à peu près tout sur Napoléon, sauf un petit peu la fin.
34:00Et la fin, en effet, de Napoléon est absolument effrayante.
34:08Mais en tout cas, l'on travaille dans les archives et les témoignages qu'il faut chercher,
34:17approfondir, et puis parfois aussi des révélations, même si on connaît tout sur cette période-là.
34:25Et les critiques ont salué, justement, votre sens de l'histoire et votre rigueur historique,
34:30ce qui n'est pas toujours évident pour un écrivain, Jean-Paul Kaufmann.
34:33Ou un journaliste.
34:34Oui.
34:35C'est vrai que c'est important pour vous, la rigueur historique, même si vous n'êtes
34:37pas historien.
34:38Oui, tout à fait.
34:39Alors, ce qui est paradoxal aussi, c'est que finalement, je croyais en être quitte
34:45avec Napoléon, et puis le champ de bataille des lots m'a emmené, en effet, dans ce qui
34:53est aujourd'hui l'enclave russe de Kaliningrad, sur ce champ de bataille.
34:58Donc, une deuxième fois, j'ai évoqué la figure de Napoléon.
35:03Et vous l'avez fait à travers un tableau qui est Napoléon sur le champ de bataille
35:07de Jean Gros, qui est un peintre romantique très connu.
35:13Oui, tout à fait.
35:14Et donc, ce qui est extraordinaire aussi, c'est ce champ de bataille des lots qui se
35:22trouve près de l'ancienne Königsberg, dans l'ancienne Prusse orientale.
35:26Il est intact, et on a l'impression, vous voyez, qu'on marche sur les morts.
35:33Non seulement on marche sur les morts, mais tout cela, et c'est ça qui a été impressionnant
35:38dans cette visite du champ de bataille, vous voyez, les boulets, les squelettes, les ceinturons
35:45des soldats remontent à la surface.
35:48C'est très impressionnant.
35:51Alors ça, c'est vraiment un voyage lointain, un voyage plus court.
35:56C'est celui qui mène à votre enfance, même si elle est lointaine, à travers la date
35:59du 26 février 2025.
36:01A tout de suite sur Sud Radio avec Jean-Paul Koffman.
36:03Sud Radio, les clés d'une vie, Jacques Tessy.
36:07Sud Radio, les clés d'une vie, mon invité Jean-Paul Koffman.
36:10Nous avons depuis le début de cette émission évoqué en filigrane ce livre, L'Accident,
36:15qui est sorti le 26 février 2025 aux islandes de l'Équateur.
36:19L'Accident, c'est un livre sur votre enfance, mais il y a un fil conducteur.
36:23C'est un véritable accident qui aurait pu vous rendre orphelin de père en 49.
36:28Oui, en effet, c'est le 2 janvier 1949.
36:3318 jeunes hommes de cette petite commune d'Île-et-Vilaine trouvent la mort dans un accident.
36:42Et normalement, comme vous venez de le dire, mon père, qui accompagnait l'équipe de
36:49football, aurait dû figurer parmi ces victimes.
36:54Donc, ces 18 jeunes hommes, c'est pratiquement toute la jeunesse d'un village qui disparaissent
37:02comme ça d'un seul coup.
37:03Il est évident que mon enfance a été marquée par ce drame.
37:09Surtout que c'est mon premier souvenir d'enfance, le 2 janvier 1949.
37:15Alors, en même temps, je n'en suis pas très sûr.
37:18Vous voyez, mon livre aussi traite de ce qu'on pourrait appeler les distorsions de la
37:24mémoire, la construction des faux souvenirs, ces événements fictifs qu'on croit avoir
37:30vécu et qu'on n'a pas vécu.
37:32Donc, est-ce que j'ai vraiment appris le 2 janvier 49 cet événement ?
37:39Je n'en suis pas sûr.
37:40En tout cas, on n'en parlait pas pendant toute mon enfance.
37:44C'était tellement quelque chose d'énorme.
37:49Indicible que ça n'avait pas eu lieu.
37:52Donc, on n'en parlait pas.
37:55Mais on y pensait toujours, évidemment.
37:56La preuve, vous l'évoquez tout au long du livre, régulièrement entre deux chapitres.
38:01Alors, ce qui est certain, en revanche, c'est que vous avez grandi à Cornud, en
38:05Ile-et-Vilaine. Alors, bien sûr, il y a un jeu de mots derrière, évident.
38:08Et d'ailleurs, je ne sais pas si vous le savez, mais la commune est membre de
38:10l'Association des communes de France, au nom burlesque et chantant.
38:13Bien sûr, ça ne m'aurait pas échappé, ça, je le sais.
38:16Mais on dit Cornu, non pas Cornu.
38:18D'accord. Et je crois que Julien Craque connaissait ce village.
38:21Oui, bien sûr. Alors, le gros problème, c'est que moi, pendant toute mon
38:24enfance, j'ai dû essuyer les colibets, les plaisanteries
38:29des enfants des communes voisines, avec tous les jeux de mots
38:34sur Cornut et tout habillé, etc.
38:37Donc, il fallait se battre pour défendre l'honneur du nom
38:41et la dignité du village.
38:44Donc, voilà, c'est...
38:47Alors, Cornu, c'est à une vingtaine de kilomètres de Rennes.
38:53À l'époque, en effet, dans les années d'après-guerre, c'était,
38:56on pourrait dire, une petite principauté villageoise.
39:00Aujourd'hui, bon, rattrapée par Rennes,
39:06par la glomération renaise, on est presque dans le périurbain.
39:11Vous voyez, ça a beaucoup changé, parce que moi, ce que je raconte,
39:16en effet, c'est, comme je le disais tout à l'heure,
39:20c'est un continent disparu, englouti.
39:23Je parlais de ceux qui sont nés entre 1940 et 1955.
39:29On a véritablement entrevu un monde
39:33qui était un monde du 19e siècle, un monde en même temps.
39:38Alors, parce que ce qu'il faut préciser aussi, c'est que mon livre,
39:43on pourrait croire que c'est un livre sur la nostalgie.
39:45Je déteste la nostalgie, parce qu'on ne peut pas...
39:49Vous voyez, cette phrase, c'était mieux avant.
39:52À aucun moment, elle n'est dite dans mon livre.
39:55Ce n'est pas vrai, ce n'était pas mieux avant.
39:58La vie dans ces années-là, dans ces années d'après-guerre, était spartiate,
40:03austère, triste, revêche.
40:07Et on peut dire que c'était...
40:11On vivait une vie en noir et blanc.
40:14La couleur est venue après, au milieu des années 60.
40:17Là, véritablement, mais ça, on ne le savait pas à l'époque.
40:21Vous voyez, la France a véritablement basculé au milieu des années 60.
40:26Et là, la couleur est venue d'une certaine manière.
40:31C'est une France en couleur qu'on connaît.
40:33Il se trouve qu'en plus, vous évoquez votre père.
40:35On sait qu'il est boulanger.
40:37Mais ce qui vous a beaucoup marqué dans vos jeunes années, Jean-Paul Kaufmann,
40:40c'est la tournée, ce qu'on ne fait plus aujourd'hui,
40:41la tournée dans les hameaux voisins du boulanger.
40:45Bien sûr, c'était une corvée en même temps.
40:47Mais alors, bon, il fallait aider les parents.
40:51En même temps, au début, on rechignait.
40:54Mais en même temps, pour moi, ça a été véritablement un vrai bonheur
40:57parce qu'on débarquait dans des lieux invraisemblables.
41:01Vous voyez, le monde de ces peintres de l'époque de Louis XIV,
41:09les frères Lenin, mais on y était encore.
41:13Vous voyez, des endroits où on habitait dans...
41:18Le sol était en terre battue, les poules, les oies, les canards,
41:24tout ça entrait dans la maison.
41:28C'était en même temps un monde merveilleux d'odeurs.
41:31Vous voyez, là, je parlais tout à l'heure de l'odorat,
41:35l'apprentissage de l'odorat, de l'olfaction s'est fait dans la boulangerie paternelle,
41:41elle s'est faite aussi dans ces fermes
41:45que nous découvrions au cours de ces séances de portage.
41:52Et puis il y avait l'odeur et le goût,
41:54car je crois que le Salambeau était un gâteau de la spécialité de la boulangerie Kaufmann
41:59qui était célèbre dans tous les environs.
42:00C'est vrai, alors le Salambeau, moi, à cette époque-là,
42:03je ne savais pas que c'était la fille d'un mille-coeur,
42:06comme dans les romans de Flaubert.
42:08Mais ma mère, alors ma mère était...
42:10Alors elle n'était pas...
42:11À l'époque, vous voyez, c'était une boulangerie et puis petit à petit,
42:15bon, la boulangerie Kaufmann s'est agrandie pour devenir une pâtisserie
42:20et ma mère, qui n'avait aucune notion de ces choses-là,
42:26eh bien, s'est découverte une âme pâtissière.
42:30Elle était vraiment talentueuse et particulièrement,
42:33vous venez de le dire, le Salambeau.
42:35Le Salambeau, c'est vraiment quelque chose de merveilleux.
42:38Vous voyez, c'est cette espèce de compromis entre le croustillant du caramel
42:44et, disons, le moelleux de la crème pâtissière.
42:49Donc, ce contraste-là est quelque chose d'absolument unique au monde.
42:53Vous voyez, il y a une espèce...
42:55J'avais en bouche une sorte de pétillement qui est provoqué par la dynamique du sucre.
43:02Alors moi, je n'ai jamais retrouvé ces Salambeau de mon enfance.
43:05Il faudrait les relancer, demander à un grand pâtissier aujourd'hui
43:08de les relancer et de les recréer.
43:10Alors, on pense bien sûr à la femme du boulanger de Pagnol
43:13et c'est vrai que c'est le chat, c'est l'unité de Pagnol qui adorait les chats.
43:18Et ce qu'on ne sait pas, c'est qu'au départ, la femme du boulanger
43:21ne devait pas être Ginette Leclerc, mais John Crawford.
43:23Et malheureusement, le contrat n'a pas pu être signé à temps.
43:26Vous m'apprenez beaucoup de choses aujourd'hui.
43:30Alors, il se trouve aussi que vous avez appris, grâce à votre père et à votre mère,
43:34une philosophie de la vie, Jean-Paul Kaufmann, et on le voit dans ce livre.
43:39Votre père avait compris que le secret d'une vie, c'est de s'accepter soi-même.
43:44Et votre mère disait que la vie est une vallée de larmes,
43:49alors qu'elle n'en pensait pas un mot.
43:51Oui, mes parents, c'était vraiment l'alliance de contraires.
43:58C'est comme ça, d'ailleurs, que je pense que les couples réussissent.
44:02C'est-à-dire que mon père était une âme simple, mais il le revendiquait.
44:09Et il n'avait pas un égo surdimensionné.
44:15Ma mère était une personnalité beaucoup plus complexe.
44:19C'est vrai que, quand on la voyait, on lui trouvait un air absolument sinistre, lugubre.
44:26Et en vérité, à l'intérieur d'elle-même, elle jubilait.
44:30Et ça a été le grand secret de sa vie.
44:31Parce qu'en vérité, elle avait l'âme joyeuse et, je dirais même, jubilatoire.
44:39Mais on s'y laissait prendre.
44:41Vous voyez, elle opposait un visage, oui, fermé, un peu triste.
44:49Et le fond de son âme, son moi profond, c'était tout à fait le contraire.
44:56Il se trouve aussi, et ça c'est assez courant dans votre génération, Jean-Paul Kaufmann,
45:00que vous dites que vous ne savez rien de vos parents, en particulier pendant l'occupation.
45:04C'est vrai que, dans les années 60, beaucoup d'enfants n'osaient pas demander à leurs parents
45:10ce qui s'était passé pendant la guerre, c'était trop près.
45:12Oui, c'était trop près.
45:14Et puis, vous savez aussi, il y avait quand même cette génération-là de mes parents.
45:21D'abord, je dis à un moment que je parle des cinq sens.
45:24J'ai dit que mes parents étaient peu tactiles, vous voyez.
45:27Mais ça, je pense que c'était générationnel.
45:30Vous voyez, on ne se touchait pas.
45:33On ne se touchait pas.
45:34L'affection était réelle.
45:36On ne savait pas l'exprimer, là, aujourd'hui.
45:39On palpe, etc.
45:40On embrasse les enfants, les parents, etc.
45:44Et à l'époque, c'était tout à fait...
45:47Alors, en plus de ça, dans cette partie de la Bretagne,
45:53je ne crois pas à tous ces déterminismes géographiques,
45:57mais on extériorisait peu ces sentiments.
46:03– Mais vous regrettez de ne pas avoir su ce que vos parents,
46:06par exemple, avaient fait pendant la guerre, Jean-Paul Gaufrin ?
46:07– Alors, si, un peu.
46:09Oui, la manière dont il a été fait prisonnier.
46:12Et puis après, j'ai retrouvé dans les papiers de la famille,
46:17il avait fait les chantiers de la jeunesse.
46:19Alors, il faut préciser, les chantiers de la jeunesse,
46:22c'était quelque chose, une organisation pétenniste, obligatoire.
46:26Vous deviez, pour tous les jeunes,
46:28effectuer ces stages-là qui duraient plusieurs mois,
46:34qui ressemblaient, disons, à une forme de scoutisme.
46:38En effet, j'ai eu le dossier de mon père
46:41qui avait fait les chantiers de la jeunesse.
46:44Et je dois reconnaître aussi qu'il nous en parlait très, très souvent,
46:48avec une certaine nostalgie de cette vie au grand air.
46:53Je crois qu'il ne connaissait pas ça.
46:56Il avait découvert une autre vie.
46:59Mais c'est vrai que c'est cette interrogation aussi
47:05que je formule dans ce livre, qui sont nos parents ?
47:09Et c'est très difficile, c'est une interrogation
47:14qu'on formule tous.
47:18Et c'est vrai que ne peut-on parler de nos parents
47:22qu'une fois qu'ils sont morts ?
47:24C'est ça aussi, c'est un très curieux phénomène.
47:28On a parfois l'impression qu'il faut que le corps disparaisse
47:32pour que, disons, l'être apparaisse dans son évidence,
47:38dans son aspect fondamental.
47:40Et là, on découvre véritablement qui étaient nos parents.
47:44Et c'est ce que vous racontez dans ce livre,
47:46en évoquant aussi d'autres choses, notamment votre passion pour la peinture.
47:50Et un tableau qui vous a marqué, c'est un enterrement à Ornans,
47:54qui est au Musée d'Orsay.
47:55Ah oui, je vais souvent voir un enterrement à Ornans,
47:58qui est un tableau formidable, parce que c'est un enterrement
48:02qui a lieu à Ornans, en Franche-Comté.
48:07Ça doit se passer autour de 1850.
48:10Un siècle plus tard, je peux dire que dans ma petite commune d'Ille-et-Vilaine,
48:14eh bien, ça n'avait absolument pas changé.
48:16Et l'enfant de cœur qu'on voit au premier plan
48:19parmi les 27 personnages de cet enterrement à Ornans de Courbet,
48:24cet enfant de cœur, c'est moi.
48:27C'est moi, je me reconnais tout à fait.
48:29Le gros problème, c'est que cette peinture noircit d'année en année.
48:33Et on a reproché d'ailleurs à ce tableau d'Ornans,
48:37qui est la ville natale de Gustave Courbet.
48:39On l'a accusé d'être laide, trivial et ignoble au départ,
48:43ce qui n'est pas le cas du tout.
48:44Pas du tout, mais c'est un tableau absolument formidable.
48:47Et puis, il y a une autre chose que vous évoquez dans ce livre,
48:49où vous évoquez votre enfance, Jean-Paul Kaufmann,
48:52c'est qu'on se prêtait de l'argent, mais en se serrant la main,
48:55il n'y avait pas de contrat.
48:56Ah oui, ça aussi, c'est une chose que je...
48:58Enfin, je le savais, mais c'est vrai que
49:01moi, mes parents empruntaient de l'argent sans intérêt
49:05et à leur tour, quand ils sont devenus plus aisés,
49:09eh bien, ils ont fait la même chose.
49:11Et là, ça se faisait à la confiance, à la parole donnée.
49:15Vous vous rendez compte, c'est absolument inconcevable aujourd'hui.
49:20Et puis, vous expliquez aussi que vous devez beaucoup à l'église,
49:23vous serviez la messe à 7h du matin, ce qui n'était pas évident,
49:26mais ça vous a aussi beaucoup appris.
49:28Oui, alors, ce qui m'a beaucoup appris, c'est l'ennui.
49:31L'ennui, c'est très important en Provence.
49:34L'ennui, parce que ça vous force, disons,
49:37à inventer toutes sortes de jeux de l'imagination.
49:40Et c'est vrai que les offices, les messes étaient interminables,
49:45parce que notre curé avait un sens du faste, de la solennité,
49:51absolument, je me demande où il avait appris cela,
49:55mais c'était très long.
49:59Donc, il fallait imaginer des...
50:05Bah oui, l'imagination tournait à plein régime.
50:09Et ça, pour moi, ça a été très important, cette éducation.
50:12Cette éducation, alors ça, c'est l'ennui, mais l'ennui, c'est exactement le contraire
50:15de ce qu'on ressent quand on lit ce livre, L'Accident,
50:18aux éditions Équateur, que je recommande à celles et ceux qui nous écoutent,
50:21parce que là, on a ébauché quelques sujets, mais il y en a beaucoup d'autres.
50:24Merci, Jean-Paul Kaufmann, de l'avoir écrit.
50:26Et puis, continuez à écrire d'autres livres, parce que
50:29ce serait dommage que vous ne continuiez pas.
50:31Merci.
50:32Je compte sur vous.
50:33Merci. L'Équipe d'une vie, c'est terminé pour aujourd'hui.
50:36On se retrouve bientôt.
50:37Restez fidèles à l'écoute de Sud Radio.

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