Le bilan du tremblement de terre de magnitude 7,7 survenu vendredi s'est alourdi. La junte militaire au pouvoir en Birmanie a fait état ce samedi 29 mars de près de 2.400 blessés.
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00:00Ce séisme jamais. Une secousse d'une telle intensité n'avait frappé la Birmanie depuis des décennies, secousse de 7,7 sur l'échelle ouverte de Richter qui a provoqué des scènes de panique jusqu'à des centaines de kilomètres de là, jusqu'en Thaïlande.
00:13Le dernier bilan pour la seule Birmanie, plus de 1000 morts et 2400 blessés.
00:17Les habitants ont réquisitionné une pelleteuse, mais c'est pas à pas, à la force des bras qu'ils évacuent les décombres et progressent dans le bâtiment effondré à la recherche de survivants.
00:38L'espoir d'apercevoir une silhouette, d'entendre la voix d'un élève sous les décombres de cette école. Mandalay n'est plus qu'un champ de ruines.
00:54J'étais chez moi au moment du tremblement de terre, c'était assez effrayant. Ma famille est saine et sourde, mais d'autres personnes ont été touchées. Je suis vraiment désolé pour eux, je suis très triste de voir une telle situation.
01:05Une course contre la montre s'est enclenchée pour tenter de localiser les survivants. Ici, des maisons sont partiellement effondrées ou menacent de s'écrouler.
01:17Je me sens si triste de voir ce genre de situation désolante. Jusqu'à présent, je n'ai jamais vécu quelque chose de semblable. C'est la première fois, je suis très triste.
01:28A mille kilomètres de là, les secours thaïlandais ont déployé des drones à imagerie thermique pour détecter des signes de vie sous cette montagne de gravats et d'acier.
01:41A proximité de l'immeuble effondré, des familles angoissées attendent des nouvelles de leurs proches depuis près de 24 heures.
01:52Beaucoup de mes collègues se trouvent sous les débris et de nombreuses personnes sont ici en train de mourir. Maintenant, j'attends ici avec leur famille dans l'espoir de voir quelqu'un en sortir vivant.
02:03Cet ouvrier était présent lors du tremblement de terre. Il a réussi à s'échapper, mais son frère, lui, est toujours porté disparu.
02:16Voilà pour les premières images fortes. Dans un instant, nous trouverons Thierry Rudolph. Merci d'être avec nous. Vous êtes habitant de Bangkok.
02:23Je me tourne vers vous dans un instant, comme je me tournerai vers Ludovic Pagano. Bonjour.
02:26Bonjour.
02:27Ancien pompier, expert en gestion de crise et fondateur du cabinet à Trisque. Mais avant cela, Benjamin Dubois. Rebonjour, Benjamin.
02:32On va venir sur ce séisme, son origine, où il s'est produit et où se trouve l'épicentre.
02:36Eh bien, Ronald, l'épicentre, il se trouve à côté de la ville de Sagaing, près de Mandalay, en plein cœur de la Birmanie.
02:42On va le revoir sur cette carte. Ce séisme, il a eu lieu sur une grande faille, la faille de Sagaing, l'une des plus grandes d'Asie du Sud-Est.
02:51Elle fait plus de 1 000 km de long. Elle part de la mer au sud de la Birmanie. Elle termine tout en haut, tout au nord du pays, dans la terminaison est de l'Himalaya.
03:00C'est une faille majeure qui se situe exactement entre deux plaques. Vous le voyez, à l'ouest, la plaque indienne et à l'est, la plaque eurasiatique.
03:09Cette faille, elle se déforme à une vitesse moyenne de l'ordre de 2 cm par an. Et là, ce qui s'est passé, c'est que ces deux plaques ont frotté l'une contre l'autre.
03:18Il y a une faille coulissante. L'une est passée sous l'autre. Et ça a donc entraîné ce séisme. La durée totale de la rupture est proche d'une centaine de secondes, presque 2 minutes.
03:29C'est exceptionnellement long pour un séisme continental.
03:32Je reprends vos mots, Benjamin. C'est exceptionnellement long. Et ce séisme est également extrêmement puissant.
03:37Oui, séisme de magnitude 7,7 à une profondeur faible, seulement 10 kilomètres. Mais il a été particulièrement puissant pour être ressenti à 1 000 kilomètres de là,
03:47à travers la Thaïlande, notamment dans la capitale Bangkok, mais aussi en Chine et au Vietnam.
03:52Ces secousses, elles ont provoqué des scènes de chaos et de désolation. On le voit sur ces images.
03:57Il faut comprendre que plus un séisme est puissant, plus les ondes qu'il propage sont de basse fréquence, ce qui impacte les plus grands bâtiments et moins les petits.
04:06La terreur des habitants, c'était aussi de revivre ce qui s'était passé en 2004, avec le tsunami qui avait ravagé l'Indonésie, le Sri Lanka et les côtes thaïlandaises et indiennes.
04:15Il n'y a pas eu ici de tsunami, car les puissantes se trouvent loin des côtes. Mais il n'est pas à exclure qu'il puisse y avoir des répliques de ce séisme dans les heures ou les jours qui viennent.
04:24Merci beaucoup, Benjamin. Ludovic Mangano, il y a deux théâtres principaux. Il y a celui que l'on voit beaucoup parce qu'il est facile d'accéder au Bangkok.
04:32On va y revenir avec notamment cet immeuble. Et puis il y a ce que l'on voit moins parce que c'est plus difficile d'accès et qu'il y a une junte au pouvoir, c'est la Birmanie.
04:38De ce que vous connaissez de la Birmanie, de son urbanisme, de sa pauvreté, de sa topographie, quels sont les risques et quelle peut être l'ampleur des dégâts ? Quelles sont les priorités aujourd'hui ?
04:50Les priorités sont toujours les mêmes. C'est accéder le plus rapidement possible aux éventuels rescapés qui seraient encore coincés sous les bâtiments.
04:59Effectivement, la Birmanie est un pays particulièrement pauvre. Ceci dit, il y a également des immeubles. Ça vient d'être dit très justement par Benjamin.
05:06Ce sont, dans le cas de ce type de séisme, les plus grandes structures qui sont effondrées. Et donc, il faut aller chercher les éventuels survivants, sachant qu'il y a des possibilités de répliques.
05:17Et qu'à partir du moment où on veut rentrer sous les décombres pour aller chercher des survivants, encore faut-il arriver à les localiser. Et bien, c'est tout aussi dangereux parce que ces décombres risquent de s'effondrer.
05:25Mais comment on travaille ? C'est maison par maison, immeuble par immeuble, commune par commune ? Comment ça s'organise ?
05:30C'est extrêmement complexe. Imaginez déjà juste un immeuble qui s'effondre. L'organisation des secours est déjà extrêmement complexe et extrêmement longue. Il faut vraiment y aller de façon extrêmement pointilleuse.
05:42Là, ce sont des milliers d'immeubles qui sont concernés. Vous imaginez bien que le dimensionnement des secours ne permet pas de pouvoir accéder à tout le monde.
05:51Donc il faut prioriser, chercher les victimes qu'on entend et aller chercher prioritairement celles qu'on est en capacité d'aller chercher. Malheureusement, ce ne sera pas le cas pour tout le monde.
05:59Est-ce que ça complique ? La réponse est un peu dans l'agressant. Mais le fait que la Germanie n'est pas un pays démocratique, des militaires, guerre civile depuis trois ans, pays pauvres et catastrophe naturelle,
06:10c'est l'addition de ce qu'il y a de pire dans une situation comme celle-là ? Ou est-ce que ça rajoute ? Ou est-ce qu'au final, ça ne change pas grand-chose quand on voit l'ampleur des dégâts ?
06:21Je ne sais pas si le fait d'être dans un pays riche ou pauvre change grand-chose. La seule vraie grande différence, c'est la capacité des bâtiments à supporter ce type de séisme.
06:33C'est le cas aujourd'hui dans les grandes villes qui sont soumises à ce type de risque.
06:36Il y a des pays notamment qui sont des petits modèles. Au Japon, on est très habitué à ça, par exemple.
06:40Exactement. Effectivement, dans tous les autres pays où on n'a absolument pas pris en compte ce risque, en imaginant que ça ne pouvait pas arriver, les conséquences sont absolument catastrophiques, dramatiques.
06:48On va accueillir ensemble Thierry Rudloff. Merci d'être avec nous de nouveau. Je le disais il y a quelques instants, vous habitez Bangkok. Comment ça s'est passé pour vous hier ?
06:57J'ai écouté votre reportage sur la longue durée de la secousse. J'ai vécu dans d'autres pays, notamment au Mexique et en Californie, où j'ai eu plusieurs expériences supplémentaires.
07:11Cette expérience, c'est certainement celle qui était la plus impressionnante, parce que j'ai ressenti. J'étais chez moi, je peux vous dire que ça secouait fortement.
07:30M. Rudloff, je vais me permettre de vous interrompre, parce qu'en fait la liaison est très robotisée, on a du mal à comprendre. On va essayer de vous rejoindre dans un instant pour qu'on puisse justement profiter de votre témoignage d'une meilleure façon.
07:42Avant cela, Ludovic Pagliano, je voudrais qu'on revienne sur cette image, l'immeuble de l'effondrement. Donc on est à Bangkok, on est à 1000 kilomètres de l'épicentre du Séine, et voici ce qui se passe.
07:51L'immeuble en construction, c'est l'expression château de cartes, ça s'effondre. Une quarantaine, au minimum une quarantaine d'ouvriers à l'intérieur, on a eu le témoignage de l'un d'entre eux qui a pu s'en sortir, que font les secouristes ? Comment ils travaillent dans cet amas de béton, de câbles, de fer ?
08:08Tout d'abord, il faut du silence, il faut écouter. Il faut écouter parce que s'il y a des victimes, bien sûr, qui sont coincées sous les décombres, certains peuvent crier, certains peuvent taper également, et donc les premiers outils sont nos oreilles pour arriver à les localiser.
08:26Ensuite, certains utilisent des chiens, encore faut-il en avoir, et en avoir suffisamment, on en parle, la dimension du chantier est tellement gigantesque que bien entendu, il n'y en aura jamais assez. Et puis ensuite, il y a du matériel très spécifique qui permet effectivement d'écouter sous les décombres, mais quand on voit les photos, enfin, pas besoin d'être un grand expert en gestion de crise pour comprendre à quel point il va être extrêmement difficile de retrouver du monde, en général, les recherches se font de façon très pointilleuse.
08:54Là, on voit bien que déjà, il y a des moyens de chantier extrêmement importants qui sont mobilisés pour, le plus vite possible, arriver à débarrasser les plus gros débris, mais voilà, c'est...
09:05Une tâche extrêmement compliquée que nous suivrons, évidemment.
09:07Merci beaucoup, Ludovic Pagano, j'en profite pour accueillir Michel Simès, merci d'être avec nous.
09:11Médecin, auteur de santé, à vous de jouer.
09:13Au départ, l'invitation que nous vous avions lancée, c'était pour parler de la rougeole, on va le faire dans un instant, mais je profite de votre participation pour avoir votre analyse de médecins sur ce type de situation.
09:23Catastrophe naturelle, alors il y a des choses complètement différentes, la Thaïlande est un pays beaucoup plus développé, beaucoup moins pauvre, en tout cas à Bangkok que la Germanie,
09:31mais c'est quoi les priorités, quand on est sinistré, quand on est secouru, comment on travaille là-dedans, quand on est médecin ?
09:37Le vrai problème, quand il y a eu des effondrements comme il y a eu avec cet immeuble, c'est qu'il va y avoir des syndromes de compression, c'est-à-dire que les personnes qui sont bloquées,
09:48si elles ont la chance d'être encore vivantes, ont souvent des membres qui sont écrasés par les blocs de béton, et tout le problème, et tous les sauveteurs connaissent très très bien cette situation,
10:00c'est qu'on ne peut pas lever la compression par un bloc de béton comme ça, parce que des toxines se sont libérées dues à l'écrasement musculaire,
10:09et que si vous levez brutalement la compression, le bloc de béton, ces toxines vont circuler immédiatement dans l'organisme et peuvent entraîner la mort.
10:19Donc il y a un vrai souci, c'est pour ça que malheureusement on est parfois obligé d'amputer pour éviter ces complications.
10:26Merci beaucoup pour cette explication très claire.