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Transcription
00:00Dans la cage de Lionel Bayer, un petit garçon est confiné dans l'appartement parisien de ses grands-parents
00:05avec ses oncles et son arrière-grand-mère pendant que ses parents lancent des pavés dans la rue, Marie.
00:11Oui, c'est ça. Alors, encore une histoire de famille, encore une histoire de clan et encore une histoire de maison.
00:16Alors, c'est l'adaptation du livre de Christophe Boltanski qui était le Prix Fémina 2015.
00:22Et alors, si vous connaissez le nom de Boltanski, c'est normal parce qu'il a un oncle sociologue,
00:26il avait un oncle artiste, Christian Boltanski. Et en fait, on découvre tout le reste de la famille
00:32qui racontait dans ce livre qu'il y a une famille très particulière, ultra fusionnelle, ultra étrange,
00:37vraiment liée par l'amour mais par la peur aussi et la peur de l'extérieur.
00:42Et donc, il racontait dans ce livre comment Ruth Grenell, dans cet hôtel particulier,
00:47ils avaient vécu les uns avec les autres, les uns sur les autres, les uns pour les autres.
00:51Et Lionel Bayer, je ne suis pas très étonnée que cette fantaisie, cette originalité,
00:57c'est vraiment des gens bizarres, voilà. Je ne suis pas étonnée que ça lui ait plu.
01:01Je ne sais pas si vous vous souvenez d'un de ses films que j'avais beaucoup aimé qui s'appelait « Les grandes ondes ».
01:05« C'est la révolution des œillets ».
01:06Oui, il racontait déjà une autre révolution qui était celle des œillets au Portugal en 1974.
01:11Alors, il a un casting merveilleux. Là aussi, c'est très stylisé, mais à sa façon.
01:17Et moi, l'extrait que je vous ai choisi, c'est pour vous montrer Christophe, 9 ans, face à l'arrière-pays.
01:23Alors, rien que ce nom-là, ça mérite d'aller voir le film. L'arrière-pays, c'est l'arrière-grand-mère d'Ukraine.
01:28Et bon, ça fait des jours qu'il traîne là. Il faut qu'il lui trouve des fringues.
01:32Cet enfant, on le traite comme un adulte. C'est lui qui choisit.
01:36Et regardez la face ici de ce zoom intriguant.
01:42Qui va révéler, évidemment, la drôlerie terrible de son choix.
01:47Ah ben, c'est un souvenir de famille, mes enfants.
01:49Et voilà comment l'histoire de cette famille devient à la fois une histoire française
01:57et une histoire, évidemment, très singulière de ces gens qui, dès qu'ils quittent leur maison,
02:01se regroupent dans l'amicice de mère grand.
02:04« Toujours besoin de se faire un mari. »
02:06Et vous allez voir à quel point c'est original et stylisé.
02:10Voilà. Tout à coup, quand on porte cette veste-là et qu'on a cette histoire-là,
02:14qu'est-ce que c'est CRSSS, un des slogans de 68 ?
02:19Et comment ils jouent comme ça avec des images dont on voit bien qu'elles ont été collées sur des...
02:25On fait des effets de cinéma, des effets de studio. Il y a ces zooms, il y a ça.
02:29Tout ça est très original et en même temps assez bouleversant.
02:36Oui, et il le passe à la moulinette de la comédie.
02:38Il avait fait ça effectivement dans les grandes ondes, là il le refait.
02:41Lui, il cite Lubitsch pour ça, comme une sorte d'élégance face à des grands sujets,
02:45de passer par la comédie maroussia. Ça vous a touché ?
02:49Bien sûr, ça m'a touchée. Et puis quand vous parlez de Lubitsch et de la comédie,
02:53on pense beaucoup aussi au hors-champ, parce que la comédie passe beaucoup par là.
02:56Parce que finalement, il a pris des grandes libertés par rapport au roman de Krzysztof Botanski.
03:01Par exemple, le roman ne se situait pas tellement en mai 68.
03:04C'était avant tout une description de l'appartement, pièce par pièce,
03:08la cuisine, la salle de bain, pour essayer de comprendre de génération en génération
03:12comment cette famille avait vécu ici. Et le fait de situer cette famille en mai 68,
03:17je trouve ça assez génial, parce que mai 68 existe comme un extérieur un petit peu lointain
03:22par des fumées qui passent sous le Porsche, etc.
03:24Et ça met l'accent sur cette famille, comme tu disais, qui vit recluse
03:29et qui ne sort que par l'entremise d'une petite voiture fermée.
03:33Ça, j'ai trouvé ça très intéressant. Et c'est comme Harry Herpéi, que tu montrais dans l'extrait,
03:38elle est décédée depuis longtemps, en fin de compte, quand mai 68 arrive dans cette famille.
03:45Et encore une fois, il est là, Bailleur, pour essayer de ressouder comme ça les générations
03:50et de montrer au cinéma ce que c'est que la rencontre des générations dans un même appartement.
03:54Et de parler d'une autre époque, de parler de la Shoah aussi, mais dans une autre époque.
03:58Oui, c'est un cinéaste suisse qui regarde la France de cette époque-là.
04:02Et ce qui est intéressant, c'est que la mise en scène, vous en disiez, elle est très sophistiquée.
04:05Il utilise des zooms, il utilise des effets visuels, des caches, des splits.
04:09Il se passe beaucoup de choses, parce que je crois que c'est un peu l'idée de la France
04:13qu'il est en train de construire à ce moment-là.
04:15C'est-à-dire que ces enfants, cette famille, elle naît à la fois d'une famille catholique,
04:19à la fois aussi d'une famille juive. Ils sont passés par la Shoah, ils sont passés par des épreuves.
04:22Il y a des milieux sociaux, ils effectuent des métiers extrêmement différents.
04:26Et je crois que la vision que essaie de consolider Lionel Bailleur,
04:30c'est l'idée d'une France qui serait infusée par énormément d'influences,
04:35mais qui viendrait de l'étranger, qui viendrait d'un peu partout,
04:38et qui ne serait pas simplement, on va dire, une sorte d'idée nationale, d'un pays figé sur lui-même.
04:43Et c'est pour ça que c'est cité en 68.
04:44Et c'est le dernier rôle de Michel Blanc ?
04:47Oui, qui est assez extraordinaire dans le rôle du grand-père.
04:52Je trouve que c'est un film où il montre un peu toute l'étendue de son registre.
04:55Il y a une vraie générosité, et en même temps, il y a une mélancolie qui s'est aussi fait repasser.
05:03Il est très, très émouvant dans le film.
05:05Oui, il y a un côté pagnol, on s'attache à cette famille très, très fort.
05:10Et à Dominique Raymond, je veux citer son nom parce que je l'aime d'amour, quoi qu'elle fasse,
05:14mais alors ça fait longtemps que au cinéma, elle n'avait pas eu un rôle aussi beau, Dominique Raymond.
05:19Donc voilà, donner des beaux rôles à Dominique Raymond, on n'attend que ça.
05:23C'est ça, c'est le message.

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