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Le film "Lire Lolita à Téhéran" sort en salles ce mercredi 26 mars.
Regardez L'invité de 9h40 avec Amandine Bégot et Thomas Sotto du 25 mars 2025.

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Transcription
00:00L'invité du 9-10
00:14Une danse et un chant que l'on voit, que l'on entend dans l'île Lolita à Teheran.
00:19Le film auquel vous serez à l'affiche à partir de demain.
00:23Golshifteh Farhani, bonjour et bienvenue sur RTL.
00:25On est très heureux de vous recevoir et Camandine, on va vous le dire tout de suite, on a adoré ce film.
00:29Vous y incarnez une professeure à l'université de Teheran, ça commence en 1979, au moment de la révolution.
00:35Vous êtes confrontée à un régime de plus en plus oppressif.
00:37Et vous, vous êtes prof donc, et vous partagez avec vos étudiantes la passion de la littérature occidentale
00:44qui est interdite par le régime islamique.
00:47Ce film, c'est à la fois un témoignage, ça nous plonge dans une époque, c'est aussi un acte militant.
00:52Qu'est-ce qui vous a décidé à le faire ce film ? Pourquoi vous avez dit tiens, celui-là je vais le faire ?
00:56En fait, j'ai complètement décidé le contraire, j'ai décidé de ne pas le faire.
01:00C'est raté ?
01:02Oui, parce que je ne voulais pas faire... En fait, je n'ai jamais fait des films qui sont liés à l'Iran.
01:06Vous êtes iranienne, je le dis pour nos auditeurs.
01:10Imaginez, moi je ne suis pas iranienne mais je ne fais pas les films iraniens.
01:13J'ai un problème.
01:15Vous avez quitté votre pays il y a 15 ans pour la France.
01:19Et vous aviez dit jamais je ne ferais de film sur tout ça.
01:22Justement, je voulais sortir de cette case de l'Iran, du Moyen-Orient, spécialement je suis allée aux Etats-Unis
01:27et tous les rôles qu'ils me proposaient, c'était les rôles de la terroriste, des machins, vraiment d'archétype américain.
01:34Pourquoi ?
01:36Je ne sais pas, parce que pour eux, spécialement Moyen-Orient, ça représente seulement la terrorisme et accès de diable.
01:44Pourquoi alors que vous pensez non, vous dites oui ? Pourquoi vous dites je ne veux pas faire ça, du coup je le fais quand même ?
01:49Parce que quand j'ai dit oui, parce que j'ai travaillé avec Eran, notre réalisateur déjà, je connaissais son travail,
01:55mais j'étais sûre qu'il ne va pas pouvoir monter le film.
01:58J'étais sûre que personne ne va donner l'argent pour ce film.
02:02Et finalement, il a réussi à monter le film et là, j'étais un peu coincée en fait.
02:07C'est vrai.
02:08Et vous ne regrettez pas aujourd'hui ?
02:10Non, en fait, finalement, je me suis dit, oui, il y a quelque chose dans ce film que peut-être je ne comprends pas
02:16parce que je suis complètement désassociée à cause de la peine et la douleur que j'ai vécue de cet exil.
02:21Et non, parce que j'ai retrouvé aussi mes compatriotes de l'exil, Zahj, Amir Ebrahimi, Minan.
02:30C'était une réunion en amour. C'était très beau.
02:33Il y avait quelque chose de l'intime à aller rechercher chez vous, de votre histoire personnelle.
02:37Vous avez quitté, Amandine le disait, l'Iran.
02:39Est-ce qu'à un moment, c'est un appel qui est plus fort que ces convictions, que ces envies d'Hollywood ?
02:43Vous avez tourné à Hollywood, vous avez tourné partout dans le monde, dans différents types de films.
02:46Est-ce que là, il y a une petite voix en vous qui vous a dit, j'ai un truc à régler ?
02:51En fait, même si je ne voulais pas le régler, c'était réglé.
02:56Ça veut dire que même en parlant en farsi, moi je galère des fois quand je joue en français
03:02parce que je fais des erreurs tout le temps, il y a des accents, il y a des machins, ou même en anglais.
03:07Et en farsi, j'avais la plus peur.
03:10La veille, je me disais, comment demain je vais parler en farsi devant la caméra ?
03:16Tant que je travaillais en Iran, j'ai fait 25 films en Iran avant que j'ai quitté l'Iran.
03:21Et oui, il y avait beaucoup de choses qui ont été guéries parce que c'était comme une thérapie de faire ce film.
03:27On a vécu les choses du moment de la guerre, début de la révolution.
03:31Quand on était toutes petites ou même pas nées, là je jouais mes parents.
03:36Nous tous, on a vécu quelque chose d'un autre angle, je peux dire.
03:42Porter le voile aussi ?
03:43Encore oui, bien sûr, porter le voile.
03:49C'est drôle, vous dites ça, parce que quand on portait le voile, on disait
03:53« Oh, ça sent tellement génial ! »
03:55Parce que c'était comme les mémoires qu'on vivait d'Iran et de notre enfance, même si c'est horrible.
04:01Pendant le tournage, vous voulez dire ?
04:02Pendant le tournage, quand on le portait, on disait « Oh, le con ! »
04:05En fait, c'était nostalgique de porter le voile.
04:09C'est vraiment les contradictions, c'est dur à expliquer.
04:12Alors que dans le film, c'est un poids considérable, le voile.
04:15C'est le symbole de tout ce qui ne va pas, de l'oppression.
04:18C'est un sujet qui est de plus en plus sensible chez nous en France, c'est un sujet qui fait débat.
04:22Certains veulent le faire disparaître, l'interdire, notamment chez les femmes qui font du sport.
04:27Quel regard vous portez sur ces femmes en France qui disent « Moi, je veux porter le voile ».
04:31Est-ce qu'elles sont vraiment libres ?
04:33Ça, je crois, de point de vue d'une Iranienne, nous, on est vraiment les gens dans ce monde
04:41qu'on a vécu la fin de cette idée de l'État et de la religion qui se mélangent,
04:48et le danger de ça.
04:51Alors nous, on n'a pas un regard d'objectif.
04:54Ça veut dire qu'on le déteste, juste profondément, depuis qu'on a 4 ans, 5 ans, 6 ans,
04:59on le déteste profondément.
05:02Vous les comprenez, ces jeunes filles, souvent en France, qui portent le voile,
05:05vous leur dites « Les filles, vous vous trompez ».
05:07Oui, en même temps, je pense que ça, c'est des actes d'opposition.
05:12Ça veut dire que si en Iran, de ne pas porter le voile, c'est un acte d'opposition,
05:16peut-être en Occident, de le porter, ça devient un acte d'opposition,
05:20parce que les gens, peut-être, ils ne se sentent pas écoutés, ils ne se sentent pas entendus.
05:25Et là, ils forcent quelque chose pour se rébeller contre, parce que c'est interdit.
05:31Moi, je trouve, c'est vraiment, c'est un peu ça, c'est des actes de l'opposition.
05:37Après, au niveau de sociologie et tout ça, ça, je ne suis pas un expert de parler.
05:41Il y a une phrase qui est répétée plusieurs reprises dans le film,
05:44« l'Islam n'est pas l'État ».
05:46Oui.
05:47C'est répété à plusieurs reprises.
05:48Oui, parce que c'est ça le problème en Iran, c'est qu'ils ont mélangé la religion,
05:52ce qui est très personnel, avec l'État.
05:55Ça doit rester à la maison, la religion.
05:57Exactement, ça doit rester dans le cœur, c'est ce qu'elle dit.
05:59La religion, c'est quelque chose de très personnel,
06:01il peut très bien être pratiqué dans le cœur et dans la maison des gens,
06:05même pas dans la maison, moi, je pense que ça doit être dans le cœur.
06:08Et peut-être, c'est ça aussi, de porter le voile, peut-être, je ne sais pas,
06:14de toute façon, on n'est pas très objectif de pouvoir parler de cette histoire, vraiment.
06:18Le film, vous l'avez tourné à Rome,
06:20et pourtant, vraiment, quand on le voit, on a l'impression qu'on est à Téhéran.
06:24Est-ce que vous, vous avez réussi, pendant le tournage, à vous dire
06:26« Je suis de retour dans mon pays d'origine »,
06:29un de mes pédogènes, parce que vous êtes aussi française,
06:31mais est-ce que ça a été difficile de se projeter à Téhéran en étant à Rome,
06:36ou est-ce que vous êtes complètement rentrée dedans ?
06:39On ne rentre pas vraiment dedans, parce que Rome ne peut jamais être Téhéran.
06:44Téhéran, c'est irréplicable, mais on dit qu'on fait des compromis.
06:48Ça veut dire que pour raconter une histoire, on est obligé de faire des compromis
06:52pour pouvoir justement raconter l'histoire.
06:54Mais en même temps, le Téhéran, on le trouvait entre nous, les filles.
06:58On a fêté la Nouvelle An, on était à Villa Medici, tout le temps.
07:02On a passé la Nouvelle An, le Noujouz, à Villa Medici,
07:05qui est la France, qui est aussi notre pays.
07:08Est-ce que vous le savez, que vous êtes un modèle pour beaucoup ?
07:11On a reçu beaucoup de messages, quand on a annoncé qu'on vous recevait ce matin,
07:15un message notamment de Clochette sur Instagram, je vais vous le lire.
07:17Magnifique call shifter, je crois que cette femme est de la même lignée
07:21que Simone Veil ou Elisabeth Badinter.
07:24La résistance, je suis admirative, et c'est une merveilleuse actrice.
07:29Oh, Clochette !
07:31Je vais peut-être vous exagérer un peu.
07:33C'est votre fée, Clochette !
07:35Est-ce que c'est lourd à porter, ça ?
07:37Est-ce que vous sentez quand même qu'il y a beaucoup de femmes, et d'hommes d'ailleurs,
07:40qui comptent sur vous pour porter ce message,
07:42pour avoir un combat qui est aussi un combat politique,
07:44qui n'est pas que cinématographique ?
07:46Est-ce que ça vous plaît ?
07:48Moi, c'est ce que je sens, c'est pas lourd.
07:50Je vous dis pourquoi. Par exemple, hier, je suis allée acheter des journaux
07:53qui sortent avec ma tête pour donner à mes parents.
07:55Faut aussi garder moi-même.
07:57Et il y avait une femme qui s'appelle Najma,
07:59qui était dans les kiosques de journaux.
08:02Elle était algérienne.
08:05Et elle m'a parlé de ça, les combats de femmes.
08:08Elle a dit, c'est tellement horrible que les gens ne comprennent pas.
08:12C'est terrible, le mélange de la religion et l'État et tout ça.
08:15Et vous êtes ci, vous êtes ça.
08:17Mais c'est ce que je sens à ce moment, c'est qu'on est tous unis.
08:20En fait, c'est pas moi.
08:22C'est juste une cercle des femmes qui donnent la main.
08:26Et je suis parmi toutes ces femmes.
08:28Je sens pas quelque chose de séparé.
08:30Quand on a annoncé votre venue sur AirTel ce matin,
08:32on a reçu beaucoup de messages.
08:34Donc, il y a eu Clochette, il y en a eu plein d'autres.
08:36Et puis, il y a Armad, qui est un exilé iranien comme vous.
08:38Il tient le Magic Bogoss à Caen.
08:40C'est un kebab qui est le kebab d'Aurel San.
08:42Et je sais que vous avez travaillé avec Aurel San.
08:44Écoutez-le.
08:45Bonjour, madame Goldshifter.
08:46Moi, je me présente.
08:47Je suis Armad du Magic Bogoss.
08:49Le fameux kebab dont Aurel San parle.
08:52Écoutez, on est iraniens comme vous.
08:55Et puis, je voulais vraiment vous souhaiter la bonne année.
08:58Il est sur moi, Moubarak.
09:00Vous êtes une star dans la famille.
09:03Très grande star.
09:05Tout le monde vous adore.
09:07Continuez comme ça.
09:08Vous êtes génial.
09:10Ça doit être pénible que tout le monde vous aime comme ça, non ?
09:13Non, mais comme ça me touche tellement.
09:16En même temps que je sens proche.
09:19Je sens que lui, il est un star.
09:22Armad, c'est un star.
09:24C'est pour ça qu'il me voit comme un star.
09:26Sinon, ce n'est pas moi du tout.
09:27C'est nous-mêmes.
09:28C'est la collective.
09:29Vraiment.
09:30Vous aimez les kebabs ?
09:31Non, c'est une vraie question.
09:33Parce que du coup, à mon avis, vous n'allez pas le payer si vous allez chuter.
09:36Oui, c'est vrai.
09:37Justement, vous restez avec nous.

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