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00:00Europe 1 Soir Week-end, 19h21, Pascal Bellator-Dupin.
00:05Il est 19h30 sur Europe 1, c'est Europe 1 Soir Week-end, 19h21, bonsoir Maître Zimré.
00:11Bonsoir.
00:13Merci d'être avec nous en direct sur Honas pour l'intégrité.
00:16Le procès n'a duré que 30 minutes, 30 minutes.
00:20D'abord, je voudrais savoir comment va Boilem Sansal, Maître ?
00:23C'est difficile de savoir parce que depuis plusieurs semaines, nous sommes privés de tout contact avec lui.
00:29Et en soi, c'est un problème. D'ailleurs, comme vous le savez peut-être, je n'ai jamais pu le rencontrer
00:34parce que je n'ai jamais eu le visa qui m'aurait permis de faire mon travail.
00:37C'est un scandale ça, Maître. C'est un scandale, ça enfreint les règles internationales.
00:42Que peut-on faire contre ça, Maître Zimré ?
00:44C'est une violation de toutes les règles et tous les traités ratifiés par le Japon.
00:52Par l'Algérie ?
00:55Vous avez plusieurs dossiers.
00:58Ratifiés par l'Algérie et néanmoins violés par ce pays, bafoués par ce pays.
01:05Ce sont des textes qui définissent ce qu'est un procès équitable.
01:10Et il ne peut pas y avoir de procès équitable, c'est-à-dire de procès juste, sans droit de la défense.
01:16Et il ne peut pas y avoir de droit de la défense si l'avocat ne peut pas voir son client,
01:21s'il ne peut pas avoir accès à son dossier.
01:23Ces droits qui nous sont, encore une fois, déniés par l'Algérie dès le début de cette affaire.
01:30Donc j'ai du mal à vous répondre sur l'état de santé et l'état moral réel de Boilem Sansal.
01:36J'ai eu des indications pendant longtemps.
01:38Et puis depuis plusieurs semaines, il est au secret absolu.
01:45Ses proches font l'objet d'une intimidation, en sorte que c'est beaucoup plus difficile d'avoir des nouvelles.
01:51Vous aussi, à Maître Zimré, vous avez été victime d'intimidation ?
01:56D'intimidation, non.
01:58Mais dès que j'ai été appelé à prendre la défense de Boilem Sansal,
02:03j'ai fait l'objet, comme vous l'avez peut-être vu, dans les réseaux sociaux algériens et dans les médias algériens,
02:09d'une campagne inacceptable.
02:13Oui, antisémites, on dit les choses, Maître Zimré.
02:16Il faut mettre un nom sur ces abominations.
02:20Parce qu'on va dire aux auditeurs d'Europe 1, quand même,
02:23on lui a déconseillé, pardon, d'avoir un avocat juif.
02:25Ce sont les mots qui ont été employés, Maître Zimré.
02:27C'est absolument abominable.
02:29C'est odieux.
02:31Et vous continuez évidemment de le défendre.
02:34Est-ce que vous pensez que c'est pour cette raison qu'on vous a empêché ?
02:36Parce que, poussons évidemment l'horreur jusque-là, d'échanger avec votre client ?
02:41Écoutez, je ne sais pas.
02:43Je pense que oui, il y a une simultanéité de cette campagne contre moi
02:47et puis de l'interdiction de pénétrer le territoire algérien.
02:52Évidemment, on ne peut que faire le rapprochement.
02:55Mais vous me disiez, qu'est-ce qu'on peut faire face à ce déni des droits fondamentaux,
02:58cette violation des traités par l'Algérie ?
03:01Ce que nous avons fait, avec mon équipe, la semaine dernière,
03:04nous avons saisi le Haut Commissariat aux droits de l'Homme des Nations Unies,
03:09où il y a ce qu'on appelle des procédures spéciales,
03:11qui sont des voies de recours ouvertes à des particuliers,
03:14des rapporteurs spéciaux, des groupes de travail sur les tensions arbitraires.
03:18Parce qu'au fond, lorsqu'il n'y a pas de justice,
03:23et vous l'avez dit, ce procès est un procès fantôme,
03:26c'est un procès expéditif, c'est un procès sans défense,
03:29ça n'a rien à voir avec l'idée que chacun peut se faire de la justice.
03:33Lorsqu'il n'y a pas de justice, la détention est arbitraire.
03:38Je pense avec une certaine émotion à tout ce qu'il a fallu dans l'histoire de l'humanité,
03:45de souffrance, de protestation, d'injustice,
03:50pour qu'un jour le monde rédige et signe la Déclaration universelle des droits de l'Homme,
03:57pour que les Etats ratifient le pacte international des droits civils et politiques
04:02qui consacre le droit au procès équitable,
04:04qui a encore une fois été ratifié par l'Algérie.
04:10Qui ne respecte pas ses engagements.
04:12Mais que fait la France ? Emmanuel Macron hier à Bruxelles
04:14a déclaré souhaiter une issue rapide avec la libération de Boëllem-Sansalle.
04:18Il a déclaré être confiant, je cite, dans la clairvoyance du président Théboune.
04:23Est-ce que vous comprenez ces mots ?
04:25Est-ce que vous partagez le point de vue du chef de l'Etat ?
04:27La France, je pense que les autorités font ce qu'elles peuvent
04:32dans une situation où à travers Boëllem-Sansalle,
04:35ce que l'Algérie cherche à atteindre, c'est précisément la France.
04:39Donc nous sommes dans cette situation-là.
04:43Il ne faut pas se faire d'illusions, la France pour ce qu'elle est,
04:46la France aussi pour ce qu'elle représente,
04:48et notamment en matière de liberté, en matière d'idéal, de laïcité.
04:53C'est ça aussi dont l'incarcération arbitraire
04:58et lâche de Boëllem-Sansalle porte la marque.
05:03Donc oui, je pense que les autorités font ce qu'elles peuvent
05:06avec une marge de manœuvre illimitée
05:08et avec chacun dans le gouvernement et dans les autorités
05:12avec son style différent.
05:14Mais dans un premier temps, beaucoup n'a pas été fait
05:17pour laisser sa chance futelle à la diplomatie.
05:23Votre sentiment personnel, dites-nous,
05:30est-ce que vous pensez que le procès pourrait avoir une issue favorable ?
05:36C'est-à-dire que le jugement sera rendu le 27 mars.
05:38Peut-on espérer la libération de Boëllem-Sansalle ?
05:43D'abord, il faut le rappeler que Boëllem-Sansalle est innocent.
05:49Et que de ce dont on l'accuse, il est totalement innocent.
05:54Donc en théorie, on devrait dire que cette innocence devrait apparaître.
05:59Mais ça, c'est en théorie seulement.
06:01Ça supposerait qu'on est face à de vrais juges
06:03qui ont la latitude et la liberté d'apprécier par eux-mêmes.
06:06Ce n'est pas le cas en Algérie.
06:08Et quand on dit que le procureur a requis 10 ans de prison...
06:11Mais pardon, excusez-moi, il a 80 ans, Boëllem-Sansalle.
06:14Il est malade. 10 ans de prison, ça veut dire quoi ?
06:17Ce que disait Paul Molin, c'est le condamné à mort.
06:19C'est épouvantable.
06:21Et ces 10 ans de prison n'ont pas été requis par un procureur indépendant.
06:26Ils ont été requis sur instruction.
06:29Ce n'est pas une accusation, c'est ce que je dis.
06:31C'est la loi algérienne.
06:33Le parquet n'est pas indépendant.
06:35Autrement dit, ces 10 ans de prison,
06:37ce n'est pas une proposition de sanction judiciaire,
06:41c'est la demande du gouvernement et des autorités algériennes.
06:45Il ne faut pas se raconter l'histoire.
06:47Ces 10 ans de prison requis,
06:49c'est 10 ans demandé par le gouvernement algérien.
06:52Donc oui, je suis inquiet sur l'issue de ce procès,
06:55parce qu'il n'a pas pu se défendre,
06:57parce que, comme vous l'avez dit, il est expéditif,
06:59parce qu'il ne répond pas aux normes élémentaires,
07:02minimales d'un procès équitable,
07:04et qu'il justifie pleinement
07:06que les Nations Unies
07:08se penchent rapidement sur le cas de Boalem-Sensan,
07:11et après les Nations Unies,
07:13les autres grandes organisations internationales,
07:15dont auxquelles l'Algérie est partie...
07:17Mais ça prend du temps, ça m'être exagéré.
07:19Il y a eu le rôle d'urgence.
07:21Oui, mais il y a des procédures urgentes,
07:23et nous ferons en sorte qu'ils se prononcent rapidement.
07:25Parce que vous avez déposé une plainte contre l'Algérie
07:27devant le commissariat aux droits de l'homme,
07:29effectivement de l'ONU,
07:31pour détention arbitraire.
07:33C'en est où, cette plainte ?
07:35J'espère qu'elle va avancer rapidement,
07:37et que l'Algérie rendra des comptes
07:40à la communauté internationale,
07:42parce qu'encore une fois,
07:44il y a une dimension dans cette arrestation,
07:46dans cette séquestration arbitraire,
07:48dans cet enlèvement.
07:50Il y a une dimension qui est universelle,
07:52et qui concerne tous ceux
07:54qui, dans le monde, sont attachés aux libertés.
07:56Mais je suis d'accord. Maître Zimré,
07:58franchement, votre client, c'est un otage, aujourd'hui.
08:00C'est l'otage d'un pays,
08:02c'est le bouc émissaire d'une relation
08:04qui est très dégradée entre la France et l'Algérie.
08:06Est-ce que la France fait ce qu'il faut ?
08:08Oui, vous dites oui, Maître Zimré.
08:10Je vous ai répondu, je pense que la France
08:12fait ce qu'elle peut.
08:14Et votre visa, est-ce que vous pensez l'avoir un jour ?
08:16Pour vous rendre en Algérie,
08:18et pouvoir échanger avec votre client ?
08:20J'ai longtemps espéré l'avoir,
08:22j'ai pour cela beaucoup pris sur moi,
08:24j'ai fait preuve de beaucoup
08:26de pondération, de mesure,
08:28de modération,
08:30aussi parce que c'est à l'image du tempérament
08:32de Boalem Sansal
08:34et qu'il n'aurait pas aimé une autre chose
08:36pour le représenter.
08:40Et force est de reconnaître que
08:42ni la modération,
08:44ni le respect du cadre procédural
08:46algérien dans lequel j'ai voulu m'inscrire
08:48n'ont eu un quelconque
08:50effet sur ma demande de visa.
08:52Et c'est d'autant plus choquant
08:54qu'il existe depuis 62 un accord spécial
08:56de coopération et d'échange
08:58entre les avocats algériens
09:00et français
09:02où l'on peut exercer des deux côtés de la Méditerranée.
09:04Et c'est aussi
09:06cet accord qui est violé par l'Algérie.
09:08Donc il viole les droits fondamentaux,
09:10il viole les droits de la défense,
09:14et il viole cet accord
09:16franco-algérien.
09:18En toute impunité, Maître Zimré,
09:20on n'a pas de moyens,
09:22quels sont les moyens de pardon,
09:24de pression, entre guillemets,
09:26dont nous disposons sur les autorités
09:28algériennes ?
09:30La seule pression à ce stade
09:32dont nous disposions, après c'est entre les mains
09:34des autorités du gouvernement,
09:36mais la seule pression c'est d'abord
09:38l'expression d'une indignation
09:40et d'une réprobation.
09:42Il faut que les dirigeants algériens comprennent
09:44qu'ils engagent ici
09:46l'image de leur pays
09:50et pour beaucoup de pays c'est important.
09:52Les pays sont comme des marques,
09:54vous savez j'ai été diplomate,
09:56ils sont attachés des valeurs
10:00et je pense que ce serait
10:02un tort considérable à l'Algérie
10:04que Boalem Sansal demeure
10:06plus longtemps en prison
10:08et surtout que comme vous l'avez
10:10très justement rappelé, il est âgé,
10:12il est malade, il est fragile
10:14et si on ne peut pas
10:16faire appel dans ce pays
10:18à la justice
10:20parce que la justice n'est pas libre,
10:22donc qu'elle n'existe pas,
10:24faisons appel au moins au sentiment d'humanité.
10:26Sentiment d'humanité, vous avez raison Maître,
10:28faisons appel au sentiment
10:30d'humanité, c'est ce que vous dites Maître Zimré
10:32ce soir sur Europe 1.
10:34Une petite précision encore,
10:36le bâtonnier d'Alger expliquait
10:38il y a quelques semaines maintenant, fin février je crois,
10:40que Boalem Sansal avait
10:42récusé ses avocats et avait demandé à se défendre
10:44seul. Vous n'avez
10:46eu aucune information à ce sujet ?
10:48Si, si, si,
10:50il a fait
10:52l'objet de pression pour pouvoir,
10:54comme vous l'avez rappelé, pour qu'il
10:56change d'avocat français, il l'a refusé,
10:58il s'est mis en colère et
11:00il a dit dans ses conditions, moi je
11:02veux changer mon équipe algérienne
11:04et garder l'avocat français.
11:06C'est très courageux. On est allé lui expliquer que ce n'était pas
11:08possible et dans ses conditions il a dit, je vais me défendre
11:10tout seul, ce qu'il a fait avec beaucoup de panache
11:12et on le
11:14retrouve dans son courage, dans son panache
11:16et dans ses qualités
11:18exceptionnelles.
11:20Merci beaucoup Maître Zimré,
11:22avocat de Boalem Sansal, évidemment
11:24nous reviendrons vers vous, vous savez que sur
11:26Europe 1, nous soutenons
11:28évidemment votre client,
11:30nous en parlons régulièrement,
11:32nous dénonçons régulièrement
11:34ses conditions de
11:36vie, ses conditions de rétention
11:38arbitraires, nous reviendrons vers vous évidemment
11:40et vous revenez vers nous dès que la situation
11:42évolue, nous le souhaitons
11:44le plus rapidement possible. Merci Maître,
11:46c'est 19h42 sur Europe 1, le journal permanent
11:48dans un instant, Gilles Torres, Paul Melun sont toujours
11:50dans ce studio.
11:52Tiens, je voudrais juste avoir votre réaction dans un tout petit instant
11:54justement sur
11:56ce réquisitoire
11:58arbitraire autour de Boalem Sansal
12:00et on parlera aussi
12:02de la loi sur le
12:04narcotrafic complètement
12:06dépecée à l'Assemblée Nationale.
12:08Que reste-t-il de cette loi ? 19h42 sur
12:10Europe 1.

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