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00:00Europe 1, 12h à 13h sur Europe 1 avec notre invitée en studio Pascale Médéric-Cepito.
00:06Ancien gendarme, auteur du livre « Quand l'islamisme pénètre le sport » aux éditions Impuf
00:10et vous étiez peut-être ce matin à l'écoute de Europe 1 et vous interveniez dans la matinale avec Dimitri Pavlenko.
00:17Retour sur l'interview de la ministre de l'éducation nationale Elisabeth Borne.
00:20Tous les ministres étaient favorables à l'interdiction des signes religieux dans les compétitions sportives.
00:25Je dis clairement qu'il y a de l'antrisme dans le sport, je n'ai aucune naïveté.
00:29Aucune femme ne doit se voir imposer le port du voile.
00:32Le gouvernement va soutenir la proposition de loi pour interdire le voile dans les compétitions sportives.
00:37Le premier ministre François Bayrou a lui tranché.
00:40Écoutez, Madame Borne, ministre de l'éducation nationale, je le rappelle, elle était l'invitée de Sonia Mabrouk.
00:46C'était sur CNews et Europe 1.
00:48Tous les ministres étaient favorables à l'interdiction des signes religieux dans les compétitions sportives.
00:55Comme ça a été relaté par certains de vos confrères, si François Bayrou a convoqué cette réunion,
01:02c'était pour rappeler la nécessité, l'exigence de solidarité gouvernementale
01:08et donc qu'on ne s'en prend pas à ses collègues par médias interposés.
01:12Elisabeth Borne, il y a de l'antrisme dans le sport et elle le dit sans embages.
01:18Je dis très clairement qu'il y a de l'antrisme dans le sport et que ça appelle à la plus grande vigilance.
01:24Puis je voudrais aussi rappeler qu'au printemps 2023, je suis la première à avoir défendu le règlement de la Fédération française de foot
01:33qui était attaqué devant le Conseil d'État.
01:36Conseil d'État qui lui a donné raison sur la possibilité d'interdire les signes religieux dans les compétitions sportives.
01:44Donc la ligne, elle, est claire.
01:46Interdiction de tout signe religieux dans les compétitions sportives des fédérations.
01:52Mais Éric Chapiteau, et je rappelle que vous êtes ancien gendarme et que vous avez publié ce livre
01:57« Quand l'islamisme pénètre le sport, tout ça n'est pas nouveau ».
02:01Et j'ai écouté ce matin Laurent Tessier qui rappelait le rapport du médiateur de la République Bernard Stasi, c'était en décembre 2003.
02:08Il y a donc plus de 20 ans.
02:11Une note du service central du renseignement territorial en 2015.
02:15En 2020, une enquête du comité national olympique et sportif français qui disait que 556 clubs
02:20affirment avoir été confrontés à des situations de communautarisme.
02:24Le rapport du Sénat en 2020.
02:26Je pourrais multiplier, tout ça existe depuis 25 ans, rien n'est fait.
02:31Pourquoi voulez-vous que ça change aujourd'hui ?
02:33Je pense qu'aujourd'hui, les choses sont en train de changer parce qu'il y a une augmentation de la visibilité
02:39des différents signes ostentatoires religieux sur les terrains de sport.
02:43Et il y a surtout une absence de cohérence républicaine par rapport à l'application des principes de neutralité dans le champ du sport.
02:49Et en fait, on arrive à de telles différences que plus personne n'y comprend rien.
02:54Pour être très clair, et surtout, ce qu'on oublie un peu trop souvent et que j'essaie de me faire le défenseur des arbitres,
03:02qui sont eux, en première ligne, tous les week-ends, sur tous les départements de France,
03:07à ne plus savoir comment appliquer ou pas appliquer une réglementation.
03:10Et je trouve salutaires les propos de la ministre de l'Éducation nationale parce qu'on oublie une chose,
03:15c'est que la ministre de l'Éducation nationale est présidente de la deuxième fédération sportive de France,
03:19elle est présidente de l'UNSS, qui impose la stricte neutralité aux plus d'un million de licenciés de l'UNSS
03:26dans la totalité de leurs actions quotidiennes. Donc, elle maîtrise parfaitement son sujet dans le cadre de ses fonctions.
03:31Mais la difficulté, j'imagine, c'est de faire respecter cela. Un match, par exemple, d'étudiants, un jeudi après-midi sur un terrain de France,
03:41une jeune fille arrive et voilée, il n'y a pas toujours des arbitres, en tout cas pas toujours des arbitres officiels dans ces cas-là,
03:50et je prends à dessein l'exemple d'un match d'étudiantes, ça me paraît très très compliqué.
03:55Il y a combien de fédérations aujourd'hui de sport en France ?
03:58En France, on a 118 fédérations qui bénéficient d'un agrément ministériel délivré par le ministère des Sports.
04:05Bon, est-ce que sur ces 118 fédérations, on pourrait faire un état des dispositions qu'elles ont prises ?
04:10On sait par exemple que la Fédération Française de Football a interdit tout port du signe religieux, mais dans toutes ces compétitions ?
04:18Du début, des professionnels jusqu'aux amateurs ?
04:23Alors en fait, il n'y a pas de différence entre amateurs et professionnels, contrairement à ce qu'on peut entendre ici et là,
04:26c'est le même règlement, on appelle ça le règlement technique et sportif, et c'est le principe de neutralité qui s'applique dans l'article 1 des statuts de la Fédération Française de Football,
04:34qui s'appuie, pour le justifier avant la décision du Conseil d'État, sur la règle 50.2 de la charte olympique, qui rappelle le principe de neutralité.
04:40Bon, quelles sont les fédérations qui sont alignées sur la Fédération Française de Football, et quelles sont celles qui ne le sont pas ?
04:46Alors, il y a eu un gros mouvement en 2024, suite aux différentes affaires et la publication de certains rapports que vous avez cités, et de médiatisation,
04:54on a le rugby qui vient de basculer sur la neutralité, parce que ce n'était pas le cas avant en août dernier, la lutte en avril 2024,
05:00et on a un mouvement relativement important. Aujourd'hui, les fédérations qui conservent, qui refusent d'appliquer le principe de neutralité,
05:07sont, pour le moment, la fédération de handball, la fédération d'athlétisme, pour les deux qui me viennent à l'esprit en première lecture.
05:16C'est-à-dire que là, on peut faire une compétition, on peut être un sportif, un athlète, engagé dans une discipline athlétique, le 100 mètres, le 400 mètres, que sais-je,
05:26et courir avec le voile. Mais même lorsqu'on porte le maillot de l'équipe de France ?
05:30Alors, c'est toute la difficulté. C'est aussi là où ça devient très compliqué, même pour les jeunes femmes qui veulent porter le voile. J'explique.
05:37En compétition sportive à la fédé d'athlétisme, par exemple, pour rester sur votre exemple, vous pouvez avoir le port du voile tous les week-ends en compétition.
05:45Par contre, si vous devez basculer en équipe de France, vous n'avez pas le droit de le porter, parce que vous êtes considéré comme un agent de service public.
05:50Donc, il faut enlever son signe pour pouvoir pratiquer. On a eu le cas, aux Jeux Olympiques de Paris, il y a eu une athlète du 400 mètres, si ma mémoire est bonne, était dans ce cas de figure,
05:58et on a compensé par la casquette pour qu'elle puisse participer aux Jeux Olympiques, mais je crois qu'elle n'avait pas fait le défilé d'ouverture sur la Seine.
06:05Et vous avez d'autres compétitions où ça devient très compliqué. Si vous prenez une compétition de handball, la jeune fille peut tout faire pendant les week-ends.
06:13Si elle est très douée, est-ce qu'elle est toute à son honneur, elle est sélectionnée en équipe de France, elle doit l'enlever ou ne pas jouer.
06:20Donc, vous voyez qu'à un moment, ce n'est plus compréhensible, ni pour les joueurs et les joueuses, ni pour les intervenants extérieurs, et il faut clarifier la situation.
06:28Alors, comment on la clarifie ? Par une loi, sans doute ?
06:31Oui, parce qu'on ne peut pas laisser la pression sur les fédérations. Moi, j'ai toujours eu une problématique si on fait une adaptation à géométrie variable des principes de la République.
06:38Si on parle des valeurs de la République et de l'application des principes de notre République, c'est bien à l'État de prendre une décision, et ce n'est pas à chaque fédération de faire comme il le souhaite.
06:47Et donc, la loi la plus simple du monde, ce serait d'écrire que tout sportif licencié, qui est engagé dans une compétition ou même à l'entraînement, sans doute,
06:57mais à partir du moment où il est licencié, je ne parle pas de celui qui joue tout seul dans la rue, à partir du moment où il a une licence,
07:04il ne doit exercer ce sport sans montrer l'appartenance à un mouvement religieux. Ce serait ça la loi ?
07:12C'est exactement ça. La différence entre le sport institué et le sport non institué, c'est les fédérations, le mouvement sportif, le CNO, là vous êtes assujettis, dans le cadre des compétitions, à ce principe de neutralité.
07:22C'est possible à votre avis ?
07:24C'est la proposition loi des sénateurs, et elle s'appuie sur la décision du Conseil d'État que vous avez rappelée dans le cadre de la décision de la fédération Conseil de foot. Donc ça tient.
07:33Alors, que représente le voile ? La question a été posée ce matin à Elisabeth Borne, et elle a été invitée, comme vous le savez, par Sonia Mabrouk. C'était sur l'antenne de CNews et d'Europe 1.
07:42Alors, je sais qu'on est dans une époque où il faudrait que les choses soient noires ou blanches. Je pense que c'est plus compliqué que pour certaines femmes, c'est la traduction de convictions religieuses.
07:56Mais je le disais, quand on impose le port du voile à une femme, à une jeune fille, ça, ça me choque.
08:03Bah évidemment !
08:05Je suis en plein accord avec ce propos-là, et c'est pour ça qu'il faut faire attention. Et là, de la stigmatisation qui vient derrière, on ne peut pas faire une corrélation immédiate avec le port du voile, avec le terrorisme, bien évidemment.
08:18Par contre, on doit être en capacité de séquencer les différentes étapes et d'avoir une approche pragmatique du sujet.
08:25Mais encore une fois, c'est quand même au gouvernement à produire une loi pour uniformiser tout ça.
08:32J'ai l'impression qu'on en est au même point, pas tout à fait au même point, qu'en 1989, au moment du voile de Creil.
08:37La difficulté, c'est qu'il y a beaucoup plus de demandes aujourd'hui, en 2025, qu'il y en avait en 1989.
08:43Et c'est ça qui peut rendre les choses extrêmement difficiles, parce que ces demandes-là existent.
08:48Chez les demandes des hommes, il n'y a pas de demande de signes religieux ostensibles pour les hommes ?
08:54Si, si, si.
08:55Lequel ?
08:56Je vais vous en donner deux.
08:58Un, que vous connaissez bien dans le champ du foot.
08:59Vous avez le joueur de l'équipe pro de Troyes qui a refusé que les journalistes lui prennent en photo ses genoux
09:05ou lui floutent les genoux au motif de sa religion, qu'on ne devait pas le voir.
09:08C'est tout à fait exceptionnel, vraiment, j'en en connaissais qu'un.
09:13On marque une pause, 11h27, et vous donnerai le deuxième exemple tout de suite après, parce qu'on est déjà en retard.
09:17Et si vous voulez échanger avec notre invité médiérique, Chapito, n'hésitez pas.
09:21Intervenez à l'antenne sur Europe 1 au 01 80 20 39 21, tout de suite avec Pascal Praud sur Europe 1.
09:2811h13, Pascal Praud sur Europe 1.
09:32Et nous sommes toujours avec mes... d'Éric Chapito, qui est ancien gendarme et qui est auteur du livre
09:37« Quand l'islamisme pénètre le sport », et on essaie de comprendre comment les règlements sont d'abord appliqués
09:45et puis comment ils existent dans ce monde du sport.
09:47Il y a 118 fédérations françaises de sport, disiez-vous, et aucune n'est soumise aux mêmes règles.
09:55Et je voulais que nous soyons avec Zineb, parce que Zineb a 32 ans, elle habite Valence.
10:02Bonjour Zineb, et vous vouliez parler de ce sujet.
10:05Vous-même, vous êtes sportive licenciée dans un club ?
10:09Oui.
10:10Dans quelle activité sportive ?
10:12Du handball.
10:14Du handball. Donc dans le handball, il y a possibilité de porter le voile ?
10:18Peut-être, oui. Honnêtement, je ne connais pas toutes les règles du hand, mais oui.
10:24Bon, manifestement, vous, vous ne souhaitez pas le porter ?
10:26Moi, je ne le porte pas. Non, non, je n'ai pas de... non.
10:30Sur les terrains, vous pratiquez le handball depuis combien de temps, Zineb ?
10:34Ça fait 20 ans.
10:36Donc vous jouez tous les dimanches un match, et puis il y a deux ou trois entraînements peut-être par semaine ?
10:40Exactement. Et j'ai joué à un niveau national, donc la compétition, j'en ai beaucoup fait.
10:45Bon, est-ce que c'est une demande que vous avez rencontrée sur les terrains ?
10:50Euh... non.
10:53Bon, alors c'est un non-sujet, alors. C'est-à-dire que si depuis 20 ans...
10:58Si depuis 20 ans, aucune... c'est très intéressant d'ailleurs ce que vous nous dites.
11:03Si aucune des joueuses que vous avez rencontrées depuis 20 ans à travers...
11:08On peut citer le club dans lequel vous êtes, ou vous souhaitez rester anonyme ?
11:11Non, non. Actuellement, je suis licenciée à l'Oriole.
11:13L'Oriole, c'est où ?
11:15C'est pas très loin de Valence.
11:20C'est dans la Drôme ? D'accord. C'est un club qui est à quel niveau de...
11:25C'est un club qui a joué à haut niveau.
11:27Ouais, c'est un club qui a joué à haut niveau. Bon, aujourd'hui, c'est un peu redescendu,
11:30mais l'Oriole, c'est un club qui est assez connu.
11:32De toute façon, les régions Rhône-Alpes, Drôme,
11:35c'est des clubs qui ont joué en D2, N3...
11:40Et vous, vous jouez à quel niveau ?
11:44Là, actuellement, je suis un peu en retraite sportive. Je joue en pré-nationale.
11:48Oui, parce qu'effectivement, là, vous avez...
11:51J'ai deux enfants, donc...
11:54Oui, effectivement. Et puis à 32 ans, c'est la fin souvent des carrières de haut niveau, disons-le.
12:00Mais c'est un joli sport, le handball. C'est un beau sport.
12:03Et puis, c'est un sport à médailles où les Français excellent.
12:06Bon, pour vous, le voile dans le sport, la demande des femmes, pour vous, est un non-sujet ?
12:12Parce que ça n'existe pas.
12:14Clairement. Ouais, ouais. Clairement.
12:16Honnêtement, j'ai... Et c'est un non-sujet, si vous voulez, entre nous.
12:19Parce que, c'est ce que je disais au standard, en fait,
12:23si une fille de notre équipe ou si une fille de l'équipe adverse portait le voile,
12:28honnêtement, ce serait pas du tout un débat pour nous, en fait.
12:32C'est-à-dire ?
12:34C'est-à-dire que nous, on est là pour jouer au sport, ça ferait aucune différence, si vous voulez.
12:39On se ferait pas...
12:43Enfin, comment dire ?
12:44On se ferait pas... Ça nous aurait pas choqué, en fait. Ça n'aurait rien changé.
12:49C'est-à-dire que ça contrevient à cette idée de laïcité sur le sol de France.
12:55Mais je sais que pour les plus jeunes, et vous en faites partie,
12:58c'est souvent une abstraction.
13:01Parce que moi-même, j'ai des enfants qui sont un petit peu plus jeunes que vous,
13:05mais j'entends que pour eux, c'est presque un non-sujet.
13:08Ils ne comprennent même pas le concept de la laïcité, pour tout vous dire.
13:12C'est-à-dire que la personne en face porte une kippa et un voile,
13:16parce que j'imagine pour vous, quand vous dites un voile,
13:19mais ce serait une kippa ou ce serait un signe de la religion catholique,
13:24vous auriez sans doute la même attitude.
13:26Exactement.
13:27Donc c'est un non-sujet.
13:28Vous êtes de la génération, dites McDo, venez comme vous êtes.
13:32Et ça vous est égal, au fond.
13:35Oui, ça nous est comparé.
13:37Je parle en mon nom, mais en fait...
13:38Non, mais je pense que vous êtes représentatif, Zineb.
13:41Il y a beaucoup de gens qui...
13:43Alors, la difficulté, pour tout vous dire, du voile, et moi telle que je le vois,
13:48c'est que si effectivement tout le monde pouvait porter un voile
13:52et qu'il n'y avait pas de soucis, et au nom de la tolérance,
13:55je pourrais tout à fait être sur cette règle.
13:58La peur que j'ai, c'est qu'on m'impose, ou on impose,
14:04en l'occurrence à mes enfants plus tard, etc.,
14:06dans une société qui serait testée sur ces sujets de l'islam,
14:11qu'on impose, et ce qui se passe parfois dans des pays où l'islam est majoritaire,
14:18qu'on impose à tout le monde des mœurs nouvelles
14:21qui ne correspondent pas à la société française.
14:24Elle est là, cette peur.
14:26Mais je sais que, pour parler parfois avec des jeunes gens,
14:30vous n'imaginez pas une minute qu'en France,
14:34ces mœurs-là peuvent changer, qu'on puisse vous imposer en clair.
14:38Lorsque Bruno Retailleau dit
14:40« Les frères musulmans veulent imposer la charia en France »,
14:44et c'est lui qui le dit,
14:46vous n'imaginez pas une seconde que ce soit possible, Zineb ?
14:50Oui et non.
14:51Oui et non.
14:51Parce qu'en fait, moi je fais partie d'une génération, comme vous dites,
14:55qui est peut-être moins sensible à ça,
14:58parce que peut-être qu'on ne voit pas la menace,
15:00d'un point de vue français,
15:02parce que je suis née en France et que voilà,
15:04et que j'ai grandi sous les normes, enfin sous les normes,
15:09sous les règles de la République et...
15:11Sous les mœurs d'ailleurs, tout simplement, vous dites les règles, les mœurs.
15:15Non, non, mais mes parents m'ont élevée comme ça.
15:17Mais en fait, d'un point de vue culturel,
15:19vu que mes parents, par exemple, viennent d'Algérie,
15:22je sais que mes parents et ma grand-sœur, en l'occurrence,
15:25avaient eu ce qu'on appelle la décennie noire en Algérie,
15:29où il y a eu des conflits civils et donc des gens extrémistes
15:35qui ont essayé d'imposer des règles religieuses strictes,
15:40des trucs, honnêtement, qui pour moi sont complètement...
15:43Pour moi, c'est une autre dimension.
15:45Mais du coup, si vous voulez, je peux comprendre
15:48qu'à un moment donné, on se pose la question de la menace que ça peut avoir.
15:54Mais moi, ce que j'aimerais dire, c'est que quand on est sportif,
15:59en tant que sportif, au-delà de la génération,
16:03enfin au-delà de ma génération, en fait, on ne se pose pas la question.
16:07Je ne sais pas comment vous dire ça, mais je pense même qu'à 40 ans,
16:10quand ça fait 30 ans ou 40 ans qu'on est dans un gymnase
16:15et qu'on vit des compétitions sportives,
16:18en fait, dans un gymnase, c'est comme si c'était un territoire neutre.
16:24Je ne sais pas comment dire, mais ce n'est pas...
16:26Non, mais je comprends tout à fait ce que vous voulez dire, je vous assure.
16:29Et puis, on comprend à travers les mots que vous mettez en place.
16:32On comprend d'abord ce que vous pensez.
16:35C'est l'universalité dans le sens...
16:36Bien sûr, bien sûr.
16:37Pardon, je vous coupe, mais hier, par exemple, à la radio, sur Europe 1,
16:42les gens qui témoignaient parlaient d'universalité,
16:45en disant oui, mais l'universalité, c'est important, etc.
16:47Mais l'universalité, ce n'est pas être tous pareils.
16:55L'universalité, c'est qu'il n'y ait pas de frontières, en fait.
17:00Pour moi, en tout cas, c'est ça, l'universalité.
17:02C'est de dire qu'en fait, le sport touche tout le monde,
17:05mais tout le monde dans le sens...
17:08Toute race, toute religion, malgré tout, en fait.
17:14On est là pour faire du sport, peu importe comment est-ce qu'on vient.
17:17C'est juste les mêmes valeurs, mais dans le sens très sportif du terme.
17:24Écoutez, je retiens de votre témoignage que cette demande, en 20 ans, vous ne l'avez jamais vue.
17:29Je retiens quand même que vous percevez l'enjeu de ce sujet,
17:34que la menace, vous ne la niez pas complètement,
17:39et que vous appartenez en même temps à une génération qui, sur ces sujets-là,
17:43n'est pas exactement la même que la génération qui est un peu plus ancienne.
17:49Et il y a une forme de très grande tolérance dans votre génération sur des sujets
17:56où le mot laïcité n'est peut-être pas compris de la même manière
18:02que les gens qui ont 70 ou 80 ans qui ont une exigence là-dessus plus grande.
18:05Je vous remercie grandement parce que vous deviez, je crois, entrer en réunion.
18:09Oui, et là, je vais y aller tout de suite.
18:10Et qu'est-ce que vous faites dans la vie, Zineb ?
18:13Je suis responsable HAC France pour Sanofi.
18:17Et vous avez des enfants, avez-vous dit ?
18:20J'ai deux enfants en bagage.
18:22Mais alors vous bossez, vous avez la charge mentale,
18:25vous travaillez beaucoup et en plus, vous occupez des enfants
18:28et le week-end, vous faites du sport.
18:30Exactement. Et mon mari manque beaucoup.
18:33C'est les nouveaux maris, Zineb.
18:35Les nouveaux maris sont formidables.
18:38Les anciens maris, non. Les anciens maris n'étaient pas terribles.
18:42Mais les nouveaux maris, le nouveau modèle qu'on a sorti...
18:44Les anciens maris, je ne les connais pas.
18:46Non, mais il ne faut mieux pas que vous les rencontriez.
18:48Je vous assure, le modèle n'était pas exceptionnel.
18:53Mais les nouveaux, alors là, les nouveaux modèles, gardez-les.
18:56Oui, après mon mari, je le challenge.
18:59Je ne le laisse pas se reposer.
19:02Vous ne le laissez pas quoi ?
19:04Se reposer.
19:05Je ne le laisse pas se reposer.
19:06C'est bien.
19:07Je le challenge tous les jours, mon mari.
19:10Dans un couple, il faut toujours un leader.
19:12Et j'ai l'impression que vous, vous êtes fabriquée pour ça.
19:15J'ai l'impression. Je ne vous connais pas beaucoup, Zineb.
19:18Mais le profil que vous nous avez donné, sportive, des enfants, responsable des achats,
19:25tout ça me paraît assez en ordre, manifestement, Zineb.
19:28Oui, j'essaye.
19:30Et assez structuré.
19:32Bon, écoutez, c'était un plaisir de vous...
19:34C'est la première fois que vous nous appelez ?
19:36Oui, mais je vous écoute souvent.
19:38Zineb, moi, ça me ferait plaisir que vous nous appeliez plus souvent.
19:41Avec plaisir, on rappellera Zineb.
19:43Exactement, parce que les sportifs de haut niveau...
19:46Il y en a peu en studio.
19:48Oh putain, c'est agréable.
19:50Vraiment, il y en a peu en studio.
19:52Mais on a une certaine tendresse pour les sportifs de haut niveau.
19:56Ah bon ?
19:57Oui. 11h43. Merci beaucoup, Zineb.
20:00Merci, c'était un plaisir.
20:01Merci.
20:02La pause et on va pouvoir débriefer, pourquoi pas, ce qui vient de se dire avec Médéric Chapiteau.
20:06C'était très intéressant.
20:07C'est vraiment un témoignage extrêmement intéressant.
20:09A tout de suite.
20:10Et comme Zineb, vous pouvez réagir au 01.80.20.39.21.11h44.
20:15Vous écoutez Pascal Praud sur Europe 1.
20:2211h48 et c'est vrai qu'on avait un témoignage qui était très intéressant.
20:27Et Médéric Chapiteau, qui est avec nous depuis le début de l'émission,
20:31qu'on a entendu également ce matin dans la matinale.
20:34Vous êtes l'auteur du livre « Quand l'islamisme pénètre le sport » aux éditions PUF.
20:40Et là, on a une jeune femme, 32 ans, qui joue depuis 20 ans,
20:44qui fait du handball et qui dit cette demande, je ne l'ai jamais rencontrée,
20:49ni dans mon équipe, ni chez des adversaires,
20:53de porter le voile pendant une compétition.
20:56Et elle dit que c'est un non-sujet.
20:59Déjà, le témoignage de Zineb était très intéressant à deux titres.
21:04Avant de répondre tout de suite à cette deuxième remarque,
21:06je vais rebondir sur son inquiétude quand elle faisait référence à la décennie noire.
21:12Les premiers travaux scientifiques qui ont été faits et qui ont été publiés en France
21:16sont de 2004 sur le sujet, je vais dire, antrisme, islamisme et sport.
21:20C'était Youssef Fattes qui a écrit ça en 2004.
21:23Il a quitté l'Algérie pour pouvoir écrire, continuer son métier.
21:27Et il avait fait cette analyse que le GIA, à l'époque, en Algérie,
21:31avait notamment recruté les plus radicaux de ses éléments
21:34dans les clubs de karaté, judo et arts martiaux et sports de combat d'Algérie.
21:37Donc je rejoins complètement l'analyse de Zineb qui dit,
21:40quelque part, il faut quand même être vigilant.
21:42Sur la deuxième partie de la remarque,
21:44qui effectivement, elle n'a jamais rencontré ce phénomène en France sur le handball,
21:50c'est la fédération pourtant qui a le fer de lance sur cette question-là
21:54et sur les mêmes motifs que Zineb, à savoir,
21:58ce n'est pas un sujet pour nous, il faut les laisser agir.
22:01Sauf qu'en fait, c'est un sujet en soi, puisqu'elle est sportive de haut niveau
22:05et que si des jeunes filles devaient aller en équipe de France,
22:08qui est le graal de tout sportif de haut niveau à un moment,
22:10c'est d'atteindre l'équipe nationale,
22:12ces jeunes filles ne pourraient pas jouer pour l'équipe nationale.
22:15Et pourtant, on a ce sujet-là.
22:17Donc c'est très intéressant, ce retour terrain est très intéressant sur la problématique.
22:22Et elle dit que le gymnase, c'est un endroit neutre.
22:28Qui peut autoriser des signes ostentatoires.
22:31C'est aussi l'ambivalence du propos, quelque part.
22:33Non mais ce que je veux dire, c'est que cette demande, elle est sans doute ultra minoritaire.
22:39Alors ce n'est pas parce qu'elle est ultra minoritaire qu'il ne faut pas la combattre.
22:43Loin de là.
22:44Mais on voit bien que le témoignage de Zineb,
22:48il y a sans doute beaucoup de jeunes femmes comme elle,
22:50qui sont musulmanes, élevées sur le sol de France,
22:53avec des mœurs de France.
22:55Et elle dit, c'est une autre dimension pour moi,
22:58lorsqu'elle parle de ce qui s'est passé en Algérie dans les années 90.
23:02Elle n'imagine pas une seconde le poids du religieux dans les mœurs de tous les jours.
23:08Parce qu'elle est élevée à la française depuis toujours.
23:10Voilà ce qu'elle nous dit.
23:12Mais il n'empêche que si cette demande est minoritaire,
23:16il faut quand même la traiter parce qu'elle voit bien la menace qui existe.
23:21Et c'est tout l'enjeu je trouve.
23:22Moi je pense que notre modèle occidental, il est évidemment plus puissant,
23:26plus attractif pour tout le monde,
23:28que de vouloir couvrir les femmes des pieds jusqu'à la tête.
23:31Bien évidemment.
23:32Mais je sais aussi qu'il y a des forces en action.
23:35Je ne suis pas naïf.
23:36Et ces forces en action, il faut les combattre.
23:39Mais elle a raison.
23:40Alors sur le minoritaire, c'est toujours la difficulté des chiffres.
23:42On ne va pas repartir sur cet argument-là.
23:45La vraie question qui se pose, c'est pour moi la cohérence.
23:49C'est-à-dire qu'elle ne le vit pas comme ceci,
23:52mais si elle a un club de foot à la côté
23:54qui va, par exemple, autoriser complètement le port du voile,
23:57ou interdire pour le basket,
23:59comment on fait quand on est parent
24:01pour expliquer la différence entre les différentes réglementations ?
24:04Et moi je suis quand même d'avis,
24:06elle porte le sentiment,
24:09enfin l'avis ce n'est même pas un sentiment,
24:11et elle n'est pas la seule,
24:13que chaque fédération doit définir son propre règlement.
24:15C'est ce qu'elle dit, parce que ce n'est pas un sujet.
24:17Pourquoi pas ?
24:18Mais quand on a des enfants, je reprends l'exemple aujourd'hui,
24:21d'une maman qui a une jeune fille qui fait du handball
24:24et une jeune fille qui fait du basket,
24:26cette différence est difficile à expliquer.
24:27Alors je voulais vous faire écouter Bruno Retailleau
24:29qui est ministre de l'Intérieur.
24:30Il était hier sur Sud Radio.
24:31Il a parlé d'un rapport sur les frères musulmans
24:33et l'antrisme dans le sport.
24:35Et je voulais vous faire commenter ce qu'a dit M. Retailleau.
24:38Écoutons-le.
24:39Lorsque je suis arrivé au ministère,
24:41on m'a rendu un rapport qui est classifié, qui est confidentiel.
24:44Ce rapport, je vais le déclassifier.
24:46Alors je ne peux pas le déclassifier en l'état,
24:48parce qu'il y a des noms, il y a des informations
24:50qui relèvent du secret.
24:52Mais ce rapport est alarmant.
24:55Il porte sur la stratégie des frères musulmans,
24:58qui est une stratégie de l'antrisme.
25:00C'est qu'ils ont un agenda, avec un discours qui est très lisse,
25:03où généralement ils reprennent nos valeurs,
25:05ils sont pour la liberté, pour l'égalité.
25:07Mais derrière cet agenda, ils veulent qu'un jour tout bascule
25:10et que la charia s'applique sur notre territoire.
25:13Et l'antrisme, nous dit-on, c'est d'abord les clubs de sport,
25:17les associations sportives, pas que, les associations culturelles.
25:20Et donc il y a un danger.
25:22Commentaire, M. Chapiteau.
25:25Écoutez, moi je n'ai pas connaissance de ce rapport,
25:27et je me réjouis s'il est rendu public,
25:29à la fois en tant que chercheur et comme spécialiste du sujet,
25:32parce que ça va m'intéresser au plus haut point.
25:34On a quand même des brides d'informations,
25:36puisque le directeur du renseignement territorial,
25:38en décembre dernier, a déjà annoncé,
25:41je crois que c'était dans une interview au Monde,
25:43c'est des gens qui parlent rarement,
25:45qu'effectivement il y avait un vrai problème autour de cette question-là,
25:48et que le sport a été visé, et ils l'ont cité en premier.
25:50Ça rejoint des travaux antérieurs,
25:52donc ça va m'intéresser de voir ce qu'il en est.
25:54Déclassifier un document,
25:56je n'ai pas connaissance que ça avait été déjà fait
25:58dans la dynamique actuelle des questions de sport et d'antrisme religieux.
26:04Donc ça va être particulièrement intéressant
26:06pour que le ministre prenne cette décision,
26:08c'est que je pense qu'il veut mettre en évidence
26:12qu'il y a une réelle difficulté,
26:14parce que là, pour le coup, ça ne semble pas être un travail parlementaire
26:17ni un travail de chercheur,
26:19mais le travail des spécialistes du renseignement territorial et de la DGSI.
26:22Écoutez, je vais vous remercier,
26:24parce que c'est évidemment à la fois intéressant de vous écouter,
26:29mais c'est aussi un peu inquiétant,
26:31ces demandes qui peuvent exister,
26:34et je le répète, ce matin, j'ai écouté à 6h15 Laurent Tessier,
26:38ce qui est incroyable,
26:40c'est le nombre de signaux envoyés depuis plus de 20 ans.
26:45Par exemple, en 2021, la ministre des Sports à l'époque,
26:48Roxana Marissinianou,
26:50déclarait que 127 des 380 000 associations sportives
26:54étaient identifiées comme étant en relation avec une mouvance séparatiste.
26:58Ce n'est pas rien quand même.
27:0029 tenues par l'islam radical,
27:025 auraient été fermées.
27:04Une vingtaine de clubs sont suivis par le renseignement territorial.
27:09Et la Fédération Française de Basketball a adapté en juillet 2023
27:12le dispositif de la Fédération Française de Football.
27:15Et ça, on l'a rappelé également.
27:17Merci, merci beaucoup.
27:19Il y a une information qui vient de tomber, qui est importante,
27:22et qu'on va développer dans quelques instants,
27:25puisque c'est Le Figaro qui annonçait cela,
27:28il y a quelques instants,
27:30et je vous donne cette information telle qu'elle a été donnée.
27:33Le procureur de la République en Algérie
27:37aurait ou a requis 10 ans de prison ferme
27:41contre l'écrivain Boalem Sansal.
27:44C'est une information qui est donnée par Le Figaro il y a 12 minutes.
27:48Information terrible d'ailleurs, terrifiante,
27:51et qu'on va évidemment commenter.
27:53Nous serons avec Arnaud Benenetti qui dirige le comité de soutien de Boalem Sansal
27:56après le flash de midi.
27:57Eh bien écoutez, merci beaucoup,
27:59merci Monsieur Chapiteau, à tout de suite.
28:02Il est 11h56, vous écoutez Pascal Praud sur Europe 1.

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