Nathan B., mis en examen dans l'assassinat de Leslie Hoorelkeke et Kevin Trompat en 2022, a été remis en liberté ce mardi 18 mars par la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Poitiers (Vienne), en raison d'une erreur de procédure. Le 3 mars dernier, Nathan B. était convoqué par un juge des libertés et de la détention qui devait prolonger sa détention provisoire. Une convocation qui n’a pas été envoyée à la bonne adresse mail de son avocate.
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00:00On est en ligne avec la belle-mère et le père de Leslie, merci beaucoup d'avoir accepté notre invitation, on imagine que c'est pas simple de témoigner comme ça.
00:11On voulait avoir votre réaction, comment vous avez réagi quand vous avez appris que ce suspect allait donc être libéré ?
00:22La première réaction c'est la sidération, on se dit comment c'est possible, comment c'est possible ?
00:29Et puis après la fureur, la rage, qu'est-ce que fait la justice en fait ? C'est incompréhensible, c'est inadmissible, il n'y a pas de mots pour décrire dans quel état on est et ce qu'on ressent.
00:44Tout ça pour une simple erreur de mail, il n'y a aucun recours.
00:47Est-ce qu'on vous a contacté pour vous expliquer sa libération ?
01:00On ne nous a pas expliqué mais l'un de nos avocats était à l'audience et c'est le second qui nous a contacté.
01:08J'étais en voiture donc ça a été sur le répondeur puisque lui aussi avait des audiences de son côté.
01:14Peu d'explications au départ, d'ailleurs on vient d'en avoir davantage en vous entendant sur comment ça s'est passé cette erreur de mail.
01:24Mais nous on reste dans l'optique mais comment ça a pu arriver ? C'est impensable et c'est surtout maintenant comment ça se passe.
01:32Parce qu'on dit d'une erreur si elle est rectifiable, là c'est pas une erreur, c'est comment ? Comment ? Qu'est-ce qu'on fait maintenant ?
01:39Vous avez eu des excuses de la part de la justice ?
01:46Nous non, apparemment dans les journaux ils l'auraient fait.
01:50Donc la justice, comment elle considère les victimes et les partis civils ? Merci.
01:55Parce que depuis le début de cette affaire, est-ce que la France peut entendre qu'on a appris le décès de Leslie par un communiqué de presse ?
02:03Comment on peut faire ça à des parents ? Comment c'est possible ?
02:06Toute l'instruction a été comme ça, on n'a eu aucune nouvelle du parquet ou de la justice.
02:12Et toutes les associations sont au plein de ça.
02:17On voulait essayer de faire quelque chose, j'ai commencé à me rapprocher d'associations de victimes.
02:21On n'est pas les seules, c'est la justice et elle est inhumaine.
02:26Et puis là, sincèrement, moi je vous pose la question, est-ce qu'il y a vraiment une justice ?
02:30C'est un meurtrier, il a abattu, c'est un dangereux criminel qui a abattu de sang-froid avec coup de massette au visage.
02:38Il faut bien réaliser ça, que le monde sache que Nathan Badjie est un dangereux criminel.
02:43C'est ce que la France vient de relâcher pour une histoire de mail.
02:46Excusez-nous, c'est une erreur, c'est une plaisanterie là, ce qu'on est en train de nous annoncer.
02:51On est obligé de rappeler évidemment qu'il reste présumé innocent à l'heure où on parle et jusqu'à ce que son procès ait lieu.
02:58Qu'est-ce que vous craignez concrètement ? Est-ce que vous le craignez qu'il s'échappe, qu'il échappe à la justice ?
03:03Bien sûr, il y a 25 ou 30 ans peut-être qu'il lui prend au nez, il a encore son passeport qu'il doit remettre à la justice.
03:14Il faut être sensé, est-ce qu'il va être là au tribunal ? Je ne pense pas.
03:21Il doit signer une fois par jour en 24 heures, excusez-nous, mais ça c'est possible.
03:26C'est rien qui disparaisse, c'est une possibilité.
03:29Autre possibilité, contrôle judiciaire strict, excusez-moi bien, il est assigné au département, il habite à 10 kilomètres de chez nous.
03:37Donc ce qu'il va falloir craindre aussi, nous, nous, comment ça se passe ?
03:41On le croise demain dans la rue, il y a des parents, vous êtes parents, imaginez, ils ont fait acte de barbarie envers nos enfants.
03:49On le croise en grande surface, mais moi je ne peux pas dire de comment je vais réagir, comment Patrick va réagir.
03:54Mais je pense que tout le monde peut concevoir notre état d'esprit, mais la justice est folle, c'est tout ce qu'on a envie de dire.
04:02Patrick Aurelbeck, vous craignez, vous, votre réaction si vous êtes amené à croiser cet individu ?
04:11Bien sûr, bien sûr, bien sûr, je crains ma réaction, comment faire ? Comment réagir ?
04:16Et puis peut-être le trou noir qui va arriver dans un geste, peut-être, c'est compliqué quoi, c'est compliqué.
04:28Donc on fait une demande à notre ministre de la justice, qu'il puisse faire quelque chose, c'est la seule demande qu'on puisse faire.
04:35Parce qu'au niveau juridique, on n'a plus de recours, comment on fait ?
04:40C'est notre but d'intervenir devant tous les médias, on appelle au secours en fait, là c'est vraiment un appel au secours de notre part.
04:48Faites quelque chose, on n'appelle pas ça une erreur si elle n'est pas rectifiable, c'est pas une erreur là, c'est la pire des choses qui sont en train de nous faire vivre.
04:56Est-ce que vous comptez mettre en place quand même une procédure judiciaire ? Vous comptez agir d'une manière ou d'une autre ?
05:03Ou vous dites non, on a épuisé tous les recours, il n'y a rien qu'on puisse tellement faire ?
05:09Alors nous, on n'est pas juriste, on est bien conseillé, on a confiance en nos avocats.
05:15S'ils nous disent qu'il n'y a pas de recours, c'est qu'il n'y en a pas en fait.
05:19Donc le procureur général, j'ai lu le communiqué de presse, il dit qu'il va peut-être essayer d'aller en cassation.
05:27Notre avocat nous a clairement dit, ça c'est une phrase qui est politiquement correcte, c'est impensable, c'est impossible.
05:33C'est eux les juristes, s'ils nous ont dit ça, c'est que c'est comme ça.
05:37Maintenant, la seule chose qu'on peut faire, c'est crier notre désarroi et appeler au secours.
05:41C'est tout. On n'a pas d'autre moyen. C'est pour ça qu'on est devant vous.
05:44On ne s'amuse pas à aller devant les caméras pour faire parler nos sensations ou ce que vous voulez.
05:50C'est vraiment que les gens comprennent que là, ce n'est pas possible, ce n'est pas vivable ce qu'on nous fait.
05:56Et malheureusement, c'est qu'on ne doit pas être les seuls en France à qui ça arrive.
06:01Et votre message est passé. Merci beaucoup d'avoir accepté de témoigner sur BFMTV.
06:06On sait que ce n'est pas simple. On vous souhaite beaucoup de courage pour les jours et les semaines à venir.