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00:00Europe 1, la France bouge, la pépite.
00:03Alors vous Sarah, vous êtes médecin.
00:05Oui tout à fait, je suis gynécologue obstétricienne.
00:08Et donc très tôt vous êtes spécialisée dans l'assistance médicale à la procréation.
00:12Très rapidement après l'internat, j'ai choisi cette voie effectivement auprès du
00:16professeur Friedman qui avait fait la première fécondation in vitro en France.
00:19Oui en 1982 avec Amandine.
00:22Aujourd'hui vous êtes toujours médecin gynécologue obstétricienne, vous exercez à l'hôpital Foch de Suresnes.
00:28Et comment vous est venue cette idée de vous consacrer à la procréation médicale
00:33dans la société, mais surtout d'essayer d'apporter des solutions dans le quotidien
00:37des couples concernés ? On va en parler de cette solution, mais moi je voudrais connaître
00:40un peu le cheminement personnel.
00:42Oui, le cheminement personnel c'était déjà un petit peu dans mon expérience professionnelle
00:48quand j'ai vu le désarroi de ces femmes et pourtant l'engagement des équipes, que
00:52ce soit les équipes médicales mais aussi infirmières à essayer de faire comprendre
00:57finalement quel était le diagnostic mais aussi le traitement.
01:00Et malgré cet engagement il y avait un désespoir des femmes qui étaient un petit peu perdues
01:06dans leur traitement, parce que c'est des traitements qui sont complexes, qui vont venir
01:10un peu comme dans le diabète où on a des injections quotidiennes qui peuvent aller
01:14de 1 à 5 médicaments qu'on doit s'auto-injecter, parce qu'on n'a que des femmes actives
01:19qui doivent le matin faire leur prise de sang, puis faire leur échographie, repartir
01:26très rapidement au travail et le soir elles se retrouvent seules face à tous ces médicaments
01:30qu'elles ont.
01:31On discutait tout à l'heure avec une ancienne patiente qui me disait qu'elle avait l'impression
01:35d'être toxico avec toutes ces seringues qu'elle avait chez elle pour savoir comment
01:38se les injecter.
01:39Et donc de cette expérience, on s'est dit avec Alexandra, mon associée et la cofondatrice
01:46de Wistim, qu'on devait pouvoir accompagner mieux les femmes dans leur parcours et on
01:51devait pouvoir les accompagner tout au long de leur journée, y compris quand elles n'étaient
01:55plus en consultation et qu'elles étaient seules chez elles.
01:59Donc la solution s'appelle Wistim, qui est née en 2018, vous allez pitcher Wistim pour
02:05qu'on comprenne tous un peu ce que c'est et ensuite on vous posera plein de questions.
02:08Êtes-vous prête Sarah ?
02:09Je suis prête.
02:10On vous écoute.
02:11Donc Wistim c'est une application qui accompagne les femmes pendant tout leur parcours de fertilité
02:16et d'assistance médicale à la procréation.
02:18C'est un dispositif médical qui est relié au plus grand centre de fertilité française.
02:23On va accompagner les patientes pour à la fois leur expliquer leur diagnostic, se préparer
02:27au traitement de fertilité et puis quand on rentre dans la phase active du traitement,
02:31quand elles vont devoir s'injecter tous les jours pendant 15 jours à un mois des gonadotrophines,
02:39on va venir dans leur application, elles vont pouvoir retrouver au quotidien, jour après
02:43jour, leur traitement, donc avec le traitement, la dose et puis le tutoriel vidéo pour savoir
02:49comment s'injecter ce médicament.
02:51Il va y avoir également des rappels pour leur rendez-vous pour que ça puisse se coordonner
02:58avec leur agenda et puis de l'information médicale, une messagerie sécurisée avec
03:02le centre de PMA dans lequel elles sont traitées et puis elles vont pouvoir aussi se décharger
03:08de leur charge mentale avec tout ce qui est administratif et pouvoir partager leurs documents.
03:13Merci pour votre pitch Sarah Perlevade, cofondatrice de Wistim.
03:17Wistim existe depuis 2018, aujourd'hui on le trouve où ?
03:21Alors l'application elle est pour tout le monde, téléchargeable dans les stores.
03:28Elle est en lien avec le centre de PMA, c'est ça ?
03:30Exactement, aujourd'hui elle est en lien avec le centre de PMA et on équipe 30% des
03:35centres français.
03:36On n'est pas qu'en France, on est aussi un petit peu en Espagne, en Belgique, au Maroc
03:42et demain parce que la France bouge mais pas toujours assez vite et qu'il y a des femmes
03:47toutes les femmes devraient pouvoir bénéficier de Wistim, on va lancer aussi une application
03:50qui sera utilisable même si le médecin n'utilise pas la plateforme, ça c'est la nouveauté
03:55qui arrive le mois prochain.
03:57Elle devra payer j'imagine ?
03:58Elle devra payer, voilà.
04:00Parce que là aujourd'hui elle est payante ?
04:02L'application elle est toujours payante, c'est 15 euros par mois mais la plupart des
04:07centres avec lesquels on travaille prennent en charge, voilà parce qu'on est dans une
04:10démarche d'aller chercher probablement un remboursement par la sécurité sociale
04:17dans le cadre de l'amélioration du parcours de soins et de la télésurveillance de ces femmes.
04:20C'est en cours ?
04:21C'est en cours.
04:22Ça va peut-être pas assez vite non plus ?
04:23Ça va jamais assez vite mais effectivement c'est en cours et puis on travaille, on réalise
04:30des études pour prouver l'efficacité de notre dispositif.
04:33Alors ce dispositif, en quoi est-il efficace ? Est-ce qu'on a observé des meilleurs taux
04:38de réussite des traitements avec l'application Wistim ?
04:41Alors on a des chiffres, ce qu'on a pu observer
04:47dès la mise en place et ce à quoi on venait répondre, c'était un petit peu ce qui était
04:50erreur de traitement.
04:51Donc il y a 20% des femmes qui déclaraient faire des erreurs de traitement avant Wistim,
04:55des erreurs qui peuvent parfois être complètement...
04:56On leur demande beaucoup.
04:57C'est quand même un boulot de médecin et on leur demande de s'injecter des hormones
05:01à une heure précise.
05:03Tout à fait.
05:04Donc c'est aussi un peu logique, parfois on peut s'y tromper.
05:06Oui c'est logique.
05:07C'est une charge mentale, on peut oublier aussi, ça arrive.
05:10Il y a une grande observance, et l'observance dans la maladie chronique est un peu particulière
05:15parce que c'est une maladie.
05:17C'est l'infertilité.
05:18C'est une maladie.
05:19C'est une maladie, oui.
05:20C'est une pathologie.
05:21C'est d'ailleurs pris en charge en France, on a la chance d'avoir un système de santé
05:25qui rembourse 100% des traitements d'infertilité.
05:29Donc c'est considéré comme une maladie d'être infertile.
05:31C'est considéré comme une pathologie, oui.
05:34Donc quels sont les résultats ? Est-ce que ça a été démontré que Wistim améliore
05:40le taux de réussite des filles ?
05:43Ça a diminué les erreurs de traitement, en tout cas, et donc ça on a pu le prouver.
05:47Là on a une étude qui vient de sortir, qui a été réalisée par le CHU de Lille, qui
05:52montrait que 98% des patientes se trompaient moins avec Wistim, on a réduit ce taux d'erreur
05:59en passant de 20 à 4%.
06:01Donc ça c'était une étude qu'on avait menée nous à la mise en place de l'application
06:07dans les CHU, et on n'a pas encore réussi à démontrer qu'on améliorait les taux
06:12de grossesse, parce que c'est très multifactoriel, mais on espère bien pouvoir le montrer demain.
06:17En tout cas, réduire ces erreurs de traitement, ça veut dire aussi réduire les coûts liés
06:22à l'ensemble des traitements qui peuvent aller jusqu'à 1500 euros d'injection sur
06:29une période de 15 jours.
06:30Remboursez évidemment.
06:31Mais comment vous les accompagnez ? Là vous vous évoquez, depuis tout à l'heure, Sarah
06:35Perleval, les erreurs de traitement, donc j'imagine c'est l'horaire, la dose, le geste,
06:40mais qu'y a-t-il d'autre ? Que proposez-vous d'autre sur Ouistim ? Est-ce qu'il y a tout
06:43l'accompagnement qui va autour ?
06:44Oui, tout à fait.
06:45Il y a des informations qui sont personnalisées en fonction du parcours, donc ça c'est très
06:49important.
06:50Elle va recevoir à chaque fois qu'elle a une nouvelle étape dans son parcours, vraiment
06:53la bonne information avec des vidéos.
06:57Donc ces informations sont soit délivrées directement par Ouistim, mais elles peuvent
07:00être aussi personnalisées par le médecin ou par le centre, qui va vraiment venir guider
07:04la patiente dans chacune des étapes avant sa fonction, comment faut-il se préparer,
07:09à quoi s'attendre, et ça, ça va énormément la rassurer dans son parcours.
07:17On espère à chaque fois que ça dure le moins longtemps possible, donc comment est-ce que
07:21vous arrivez à être rentable ? Parce qu'on se dit que la patiente, il faut qu'elle l'utilise
07:26le moins possible Ouistim pour que ça réussisse, donc comment vous arrivez à facturer à l'hôpital ?
07:31Il y a un forfait sur un nombre de patientes ? C'est quoi votre modèle économique ?
07:37Le modèle économique qui était un modèle au départ où on vendait l'abonnement à
07:42la patiente et qui est de 15 euros par mois.
07:45Il dure en moyenne combien de temps l'abonnement ? Une patiente, ça dure ?
07:49En moyenne, elles vont s'abonner 3-4 mois, mais le nouveau modèle économique qu'on
07:53a mis en place avec les hôpitaux, parce que c'était compliqué de savoir effectivement
07:57quand est-ce que le couple ou la patiente allait être enceinte, c'est un modèle avec
08:02un forfait par cycle et donc les centres de PMA savent très bien combien ils font
08:07de cycles par an et ils vont prendre un forfait pour l'ensemble des cycles et des patientes
08:11qu'ils vont traiter.
08:12Donc vous arrivez à être rentable ? On arrive à être rentable, oui.
08:15C'est bien.
08:16Vous êtes nombreuses sur Ouistim ? On est nombreux, on est neufs.
08:20C'est bien.
08:21En à peine quelques années, vous arrivez, je vois que vous êtes toujours gynécologue
08:27obstétricienne, donc vous avez deux jobs, deux casquettes ?
08:30J'ai les deux casquettes toujours, oui parce que je trouve que c'est important d'abord
08:34de continuer à exercer pour connaître les besoins des patientes et que c'est un beau
08:39métier que j'exerce et que je n'ai pas eu envie de l'abandonner.
08:42Il y a un besoin qui est plus 2025 que 2018, est-ce que vous voyez une évolution dans
08:49le besoin des patientes aujourd'hui ? Franchement, les patientes ont toujours eu
08:53besoin et elles ont toujours été convaincues de l'application, je vois une évolution
08:58dans l'acceptation au niveau des médecins.
09:00C'est-à-dire qu'en 2018, quand on allait présenter Ouistim dans les congrès, les
09:04gens disaient non mais les patientes elles n'ont pas besoin, elles n'ont pas de téléphone
09:07portable et puis on les appelle, ça va très bien, ne vous inquiétez pas, ça va très
09:10bien se passer.
09:11En 2018, on en avait un quand même.
09:12Non mais vraiment, c'est des scènes vécues.
09:15En 2025, quand on va présenter, effectivement les gens connaissent Ouistim, les gens disent
09:21oui oui c'est une évidence, on va s'y mettre, on ne sait pas quand, mais les patientes elles
09:26ont toujours ressenti le besoin, elles ont toujours très très vite adopté l'outil.
09:30Vous n'avez pas créé aussi une communauté ? Parce que c'est sympa de se parler quand
09:34on est en pleine traitement, peut-être que ça pourrait être une idée.
09:40Benjamin, t'as trouvé une autre start-up qui soigne l'infertilité ? Qui accompagne
09:43en tout cas les femmes ?
09:44Oui, elle s'appelle Womad Leaf et les chercheurs de l'entreprise ont mis au point un film
09:49polymère qui se déploie dans l'utérus, c'est une sorte de pansement utérin et qui
09:54est destiné aux femmes chez qui, je vais le résumer, l'utérus mal cicatrisé provoque
10:00des fausses couches à répétition.
10:01Et ça existe depuis longtemps ?
10:02Et ça existe depuis 2017.
10:05Vous en pensez quoi autour de la table ? Je me tourne vers Norbert Nabé, patron de Zewig,
10:10enfin pas patron vous, il ne faut surtout pas dire ça, de Zewig sur repeint, je vous
10:15mets une particule vous voyez, quel regard portez-vous sur Ouistim, Norbert ?
10:20Je trouve que c'est de l'accompagnement des femmes dans ce qui est quand même une épreuve
10:26assez difficile, l'accès à la PMA, en plus c'est des gens qui ont attendu pendant très
10:30longtemps, physiquement c'est compliqué, l'accompagnement à distance du centre c'est
10:36relativement aléatoire et je trouve qu'il y a un réel besoin de suivi, c'est des moments
10:44critiques dans l'existence, il y a besoin de technique, il y a besoin de réassurance,
10:50il y a besoin de savoir qu'il y a quelque chose sur lequel on peut compter et ce n'est
10:54pas parce que ce n'est pas de la chirurgie dure, des médicaments, etc. que ça n'a pas
11:00un impact.
11:01Moi je pense que notre système il est difficile pour les patients, il est difficile pour les
11:06femmes surtout dans des moments qui sont psychologiquement de véritables épreuves et on n'en fera jamais
11:12trop dans ce mode-là et la difficulté qu'on a, parce qu'évidemment il y a un souci d'évaluation
11:19et tout ce qu'on veut surtout quand on essaie de faire intervenir la solidarité nationale,
11:24mais il y a beaucoup d'externalité positive comme on dit avec ce genre d'amélioration,
11:30de fluidification, de réassurance, de maintien des femmes dans le système, de meilleure adhésion
11:35au traitement et tout ça ce n'est pas facile à mesurer, ce serait plus facile à mesurer
11:39si on était plus habitué à un peu de value-based healthcare comme on dit, c'est-à-dire l'amélioration
11:46effectivement de l'état de santé, l'amélioration aussi de diminution des dépenses, on évalue
11:52beaucoup le fait, est-ce que ça coûte plus ou moins à la sécu, mais sur des dépenses
11:56qu'on envisage, or maintenant on est capable de définir tout un tas de critères qui qualifient
12:03le bien-être de la femme, le bien-être de l'action, l'efficacité, l'efficience du
12:08système de santé et ses implications médico-économiques et de tout ça avec un peu de méthode, on
12:16arrive à démontrer que la valeur de l'intervention, elle ne se résume pas uniquement à guéri
12:22ou pas guéri, c'est un ensemble de choses, et ça je pense que c'est important et quand
12:26on est sur des choses qui sont beaucoup plus de l'ordre de l'accompagnement, beaucoup
12:29plus humaines, ça peut faire réussir des traitements, exactement, je ne veux pas parler
12:35de ça à ta place, mais c'est vrai que c'est parfois difficile à démontrer, quel est l'impact
12:41sur l'ensemble du parcours d'avoir des outils comme WeSteem, c'est-à-dire est-ce qu'on
12:46va améliorer aussi l'efficacité de la femme au travail qui va pouvoir se décharger grâce
12:52à son application, enfin tout ça ce sont des choses qui ne sont pas évidentes à mesurer,
12:56mais qu'on est en train d'essayer de mesurer pour montrer l'efficacité.
13:01Vous restez avec nous autour de la table de la France Bouge dans cette soirée consacrée
13:04à la FemTech, c'est une startup dédiée à la santé de la femme, un marché qui est
13:09à plat croix de 15% par an jusqu'en 2027, donc c'est un marché encore jeune, ça représente
13:17un vivier de croissance colossale, les problématiques abordées on le voit depuis le début de l'émission
13:23de la France Bouge, c'est le cycle monstrueux de la grossesse, la vie sexuelle, mais aussi
13:27la ménopause, autre période de la vie d'une femme, là aussi il y a des innovations françaises,
13:33vous voulez savoir lesquelles ? D'abord on écoute Téléphone New York avec toi et on
13:36se retrouve juste après.