La Fondation pour l'Enfance, représentée par Maitre Céline Astolfe, s'est portée partie civile au procès de Joël Le Scouarnec, qui s'est ouvert hier à Vannes. Ce chirurgien de 74 ans est accusé de viols et d'agressions sexuelles sur 299 victimes, principalement des enfants. Des crimes commis pendant plus de 30 ans dans différents hôpitaux, notamment en Bretagne.
Regardez L'invité de Yves Calvi du 25 février 2025.
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00:00Quelle vie, Aude Vernuccio ? RTL Soir, jusqu'à 20h.
00:03Il est 18h19, merci à vous tous qui écoutez RTL.
00:06Bonsoir, Céline Astolfe.
00:07Bonsoir.
00:08Vous êtes l'avocate de la Fondation pour l'enfance, l'association que vous représentez.
00:11C'est porté parti civil au procès de Joël Le Squarnec, procès qui s'est ouvert hier à Vannes.
00:17Ce chirurgien de 74 ans est accusé d'actes de viol et d'agression sexuelle sur 299 victimes,
00:24principalement des enfants, des crimes commis pendant plus de 30 ans dans différents hôpitaux,
00:28notamment en Bretagne.
00:29Céline Astolfe, la grande question au cœur de ce procès reste,
00:32comment Joël Le Squarnec a pu sévir en toute impunité pendant 30 ans ?
00:38Alors, le mot d'ordre et la réponse qui s'impose, c'est le silence.
00:42Le silence, on ne sait plus comment l'appeler, la chape de plomb, l'omerta, je ne sais que dire.
00:46Mais on a un silence qui a traversé tous les environnements,
00:49ce que soit la famille ou l'hôpital, l'environnement professionnel.
00:53Tous ceux qui entouraient Monsieur Le Squarnec ont été privés de parole, muets.
00:59Muet n'est pas la même chose que privé de parole, nous sommes d'accord, vous et moi.
01:02Ils se sont autoprivés de parole et dans des conditions différentes les uns les autres.
01:06Mais ce qu'il ressort, c'est qu'après ces 35 années, aucun n'a parlé.
01:11Il a fallu attendre, vous le savez, cette petite fille de 5 ans et demi
01:14qui a raconté des faits commis par son voisin à ses parents.
01:18299 victimes, ce chiffre est évidemment extrêmement choquant.
01:23Comment expliquez-vous que cela ait été possible ?
01:25Je vous avoue que j'ai quand même suivi beaucoup de procès de ce type.
01:30C'est la première fois qu'un pareil nombre de victimes est évoqué, à ma connaissance.
01:36Tout est assez exceptionnel puisque d'abord le nombre,
01:40la manière dont on va arriver jusqu'à l'accusé, puisque c'est une affaire très singulière.
01:44Vous savez que c'est par les écrits de l'accusé que nous arrivons aux victimes,
01:48ce qui était un processus totalement inversé pour les enquêteurs
01:51qui sont partis de l'accusé pour aller chercher les victimes
01:55et leur faire cette annonce terrible pour la plupart.
01:58Puisque vous le savez aussi, ces victimes étaient pour certaines endormies
02:02puisque opérées dans le cadre d'une opération chirurgicale
02:05la plupart du temps pour ces enfants l'appendicite.
02:08Oui, ils ont donc subi tout cela et n'en avaient pas du tout connaissance.
02:14Certains ont eu des souvenirs fugaces et c'est là que le silence revient.
02:18En tout cas, cette incapacité à voir de la part des adultes qui y entouraient,
02:23c'est une culpabilité immense pour certains parents
02:25puisque personne ne pouvait imaginer qu'un professionnel dans différents hôpitaux
02:31puisque cet homme a fait plusieurs hôpitaux
02:34et pu commettre de tels faits pendant si longtemps.
02:37Et le motif médical a toujours été invoqué par tous ces parents
02:40qui, évidemment, parce que c'était le sachant, parce que c'était le chirurgien,
02:44ne remettaient pas en cause les gestes éventuellement commis sur leurs enfants.
02:48L'autorité du chirurgien.
02:50Maître Astolf, quand les victimes vont-elles prendre la parole
02:53et est-ce qu'elles sont toutes représentées lors du procès ?
02:57Certaines vont prendre la parole.
02:59Chaque victime est spécifique à son individualité, à son choix.
03:04Certaines ont décidé de parler de manière publique.
03:06Donc, il n'y a pas de huis clos général.
03:08Il y a des huis clos partiels qui ont été sollicités par certaines victimes
03:12qui souhaitent, pour certaines, parler en présence de proches.
03:15D'autres, non. D'autres ne souhaitent pas parler.
03:18Certaines ne sont pas constituées à ce stade,
03:20mais ont le droit de le faire encore jusqu'à la fin du procès,
03:23avant les réquisitions de l'avocat général.
03:25Quatre mois de procès, c'est bien cela ?
03:27Quatre mois de procès, avec une organisation hors normes,
03:31comme on l'a beaucoup dit, évidemment.
03:34Personne n'avait prévu un tribunal pour autant de personnes.
03:37Près de 750 personnes présentes à Vannes.
03:39Nous avons donc une salle que l'on appelle salle de déport,
03:42dans laquelle sont installés les partis civils qui ne sont pas auditionnés,
03:47qui sont dans une salle d'audience, assistés aussi d'avocats,
03:50et qui suivent les débats, évidemment, en direct,
03:52avec la possibilité, parce qu'il y a une régie,
03:55de parler de cette salle, comme si elles étaient dans la salle d'audience.
03:58Voilà. Donc, cette installation a été un peu critiquée au départ,
04:02mais la Présidente, dans un discours très solennel le premier jour,
04:05a rappelé que cette distance n'était évidemment que physique,
04:08qu'il ne s'agissait pas d'oublier les victimes,
04:10et je crois que le souci de tous ici, de la Fondation pour l'enfance évidemment,
04:14c'est de veiller à ce que leurs paroles, parce qu'elles seraient nombreuses,
04:17ne soient pas dissoutes, ne soient pas étouffées,
04:20et que chacune ait la place de procéder à sa déposition
04:24dans les conditions sereines, dignes d'une justice qui passe,
04:28et c'est le cas jusqu'ici, je dois vous dire.
04:30L'audience se déroule de manière extrêmement solennelle et digne.
04:34– Joël, le Squarnek a pris la parole hier,
04:36lors du premier jour d'audience, qu'avez-vous retenu ?
04:39– Alors, j'en ai retenu pas grand-chose de nouveau,
04:42puisque j'ai déjà assisté à son premier procès, à Sainte à l'époque,
04:47et finalement, on a toujours cette volonté affichée de vouloir répondre,
04:52de vouloir répondre aux victimes, coopérer d'une certaine manière,
04:56mais il finit toujours par dire qu'il ne reconnaît pas l'intégralité des faits,
05:01donc son discours est toujours flou.
05:03On n'arrive pas véritablement à savoir s'il reconnaît les écrits de ses carnets,
05:08ou s'il conteste, c'est très compliqué,
05:10et je pense qu'on aura, s'agissant de chacune des victimes,
05:13tour à tour, peut-être encore des contestations.
05:15– Est-ce que cet homme éprouve de la culpabilité, est-ce qu'il l'exprime ?
05:20– Vous savez, son délame d'un accusé, c'est bien compliqué.
05:25Je suis avocat, je l'entends, il est dans un box,
05:29il a une situation d'un accusé classique, c'est un procès hors normes,
05:32mais le procès se déroule selon nos règles de procédure pénale habituelle.
05:36Il exprime des choses, il parlera certainement un peu plus bientôt,
05:41je ne peux pas vous dire si on a de la culpabilité ou pas,
05:44en tout cas, on a une volonté affichée, déterminée, déclarée,
05:48de répondre aux questions qui seront posées, nous verrons.
05:50– Aujourd'hui, un des fils de l'accusé était entendu, le plus jeune d'ailleurs,
05:55qu'a-t-il dit de son père et de cette famille ?
05:58– Alors c'était un moment aussi intense que lors du premier procès,
06:03mais je dois dire que là encore, vous avez un homme qui est venu dire
06:07qu'il fallait savoir distinguer l'homme accusé du père qu'il a eu,
06:12et il a eu à cœur de rappeler, de manière extrêmement solennelle là aussi,
06:17avec beaucoup d'émotion, mais de manière très déterminée,
06:20que lui souhaitait conserver le souvenir de ce père qui a été un bon père.
06:24Parce que c'est toute la problématique, cette espèce de clivage qui fait que,
06:29oui, vous avez cet homme qui vous dit qu'il a eu un père qui prenait soin de lui,
06:33qui lui a appris plein de choses, et qu'il ne veut pas oublier cette image de père.
06:37– Une toute dernière question, je vous demanderai une réponse rapide s'il vous plaît.
06:41Le Conseil de l'Ordre est parti civil, il l'a fait visiblement tardivement,
06:44quelle est votre réaction ?
06:46– Le Conseil de l'Ordre est parti civil, alors vous parlez du Conseil départemental
06:50ou du Conseil national, en tout cas leurs constitutions de parti civil ont été reçues,
06:54pas de nécessité, ou en tout cas d'argument juridique aujourd'hui
06:58pour rejeter leur constitution, c'est ce qu'a dit la Cour.
07:01Donc le Conseil de l'Ordre est parti civil au même titre que les autres aujourd'hui,
07:04je parle du Conseil national.
07:06Pas particulièrement parce que, vous savez, du point de vue de la Fondation pour l'enfance,
07:09ce que l'on veut c'est que tout le monde soit sur le banc
07:11et que tout le monde assiste au débat dans le prétoire pour avoir le maximum d'informations
07:15et comprendre justement ce silence de toutes ces années.
07:17– Merci infiniment en tout cas d'avoir pris la parole ce soir Céline Lastolfe,
07:21je rappelle que vous êtes l'avocate de la Fondation pour l'enfance,
07:24merci en tout cas de ces propos que vous avez tenus sur notre antenne.
07:27Dans un instant, le journal de 18h30, puis à 18h40,
07:30que se passe-t-il chez Stellantis ?
07:32Le constructeur automobile rappelle à nouveau des dizaines de milliers de voitures.
07:36En France, Citroën, Opel, Peugeot sont concernés.
07:39Trois mois après le départ de Carlos Tavares, la série noire continue.
07:43Séance d'explications dans moins d'un quart d'heure avec le spécialiste Renault, Kanayakis.