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Au procès de Joël Le Scouarnec, Céline Mahuteau, l’une des plaignantes et victimes, violée à 7 ans par l’ex-chirurgien, a exigé sa castration chimique. Pour ELLE, elle revient sur ce qu’elle a vécu et raconte son combat.

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Transcription
00:00Je suis allongée sur un lit avec une blouse blanche à ma droite penchée sur moi,
00:05avec sa main qui caresse l'intérieur de ma cuisse et qui remonte jusqu'à l'entrejambe
00:12et qui me dit « à ce moment-là, ce sera une belle cicatrice ».
00:15J'ai grandi dans le Berry à Chatillon-sur-Imbre.
00:18J'étais plutôt une petite fille joviale, un peu casse-cou.
00:22Je me suis fait opérer de l'appendicite en 1991 à la clinique de La Fontaine à Loches.
00:28Je me rappelle d'une infirmière qui est venue faire mes soins,
00:30qui a retiré mon fil de suture, avec insistance en fait.
00:34Et à un moment donné, elle m'a dit « je suis désolée, je vais être obligée de vous faire mal ».
00:38Du coup, elle a tiré vraiment d'un coup sec
00:40et elle m'a donné le sentiment que j'étais en danger dans cette clinique
00:44et qu'il fallait que je parte rapidement.
00:46Je pense qu'elle devait savoir quelque chose.
00:48J'ai vraiment appris la situation quand le gendarme est venu à la maison.
00:52Il y avait juste l'appellation « viol » et « attouchement sexuel » sur mineurs.
00:56Quand il m'a annoncé tout ça, du coup, j'ai eu un moment où le temps s'est arrêté en fait.
01:03Avant que je puisse reprendre mes esprits,
01:06il me donne rendez-vous une semaine après à la gendarmerie pour déposer plainte.
01:11Dans ce laps de temps, c'est là où j'ai eu un flash dans la nuit,
01:16où je suis allongée sur un lit avec une blouse blanche à ma droite penchée sur moi,
01:23avec sa main qui caresse l'intérieur de ma cuisse et qui remonte jusqu'à l'entrejambe
01:30et qui me dit « à ce moment-là, ce sera une belle cicatrice ».
01:33Ça a mis en lumière certains comportements que j'avais,
01:36comme par exemple aller voir un gynécologue.
01:40J'ai 40 ans aujourd'hui, dans ma vie, je n'ai vu que deux gynécologues.
01:43Aussi, les rapports physiques compliqués avec mon mari.
01:46C'est le corps qui réagit, qui se contracte.
01:49Pour lui, c'est une agression en fait.
01:51Le procès s'est ouvert le 24 février.
01:54Je suis arrivée avec ma carapace de guerrière.
01:59J'ai balancé mon témoignage avec persuasion, force.
02:08Je n'ai pas pleuré, je n'ai pas craqué, je n'ai pas plié devant lui.
02:11Du coup, ça l'a perturbée.
02:14Je lui ai dit que les excuses, je n'en voulais pas.
02:19Il a quand même esquissé au début de sa prise de parole un « je m'excuse »
02:25qui était vraiment très très faible.
02:27Ce que j'attends du procès, surtout, c'est qu'il se soigne en fait.
02:32Je lui ai proposé de faire une castration chimique.
02:36Qu'il a acceptée, parce que je reste persuadée,
02:39quand il est entre ces quatre murs dans la prison,
02:42qu'il continue à ressasser, à avoir des fantasmes sur moi, sur nous.
02:47Et ça, j'aimerais que ça s'arrête.
02:49Parce qu'en nous, on a tous un petit nous enfant.
02:54Sauf que moi, je l'ai perdue.
02:57Elle est emprisonnée dans son cerveau et j'aimerais qu'il me libère de ça.
03:00Qu'il ait reconnu l'acte de viol, c'est un soulagement.
03:04On est victime.
03:06Donc on a la reconnaissance d'être victime de sa part
03:10et de la part de la justice également.

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