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Déterminée et juste, autoritaire et bienveillante, c'est une proviseure que tout élève rêverait d'avoir. Défenseure de valeurs fortes comme la laïcité, l'égalité ou l'ouverture, cette enfant née à Bamako à découvert avec l'école française un refuge à son arrivée en France. Aujourd'hui proviseure, elle a en trente ans de carrière observé son évolution. L'arrivée des téléphones portables, la prolifération des réseaux sociaux, les parents qui négocient les notes, le mépris pour les voies professionnelles, mais aussi les atteintes à la laïcité... Comment l'école doit-elle former les citoyens¿? Comment faire vivre la laïcité sans exclure¿? Comment éviter la fuite vers les écoles privées ? Cette semaine, Mahi Traoré est l'invitée de Rebecca Fitoussi dans Un monde, un regard. Année de Production :

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Transcription
00:00Musique
00:01On aurait tous voulu l'avoir comme proviseur, déterminé, juste,
00:27courageuse face aux intimidations de tous ordres, ambitieuse pour ses élèves,
00:32dotée d'un doux mélange d'autorité et de bienveillance.
00:37Et puis porteuse de valeurs fortes et fondamentales pour construire les acteurs de la société de demain.
00:42Ouverture, égalité, laïcité.
00:45De Bamako, où elle est née, à Paris, où elle dirige un lycée qui forme au métier du verre et du vitrail,
00:50elle a toujours été sensible au sort des enfants et des jeunes.
00:54À ceux qu'elle voyait mendier pour le maître d'une école coranique malienne,
00:59comme à ceux tabassés dans les vestiaires d'une école française à cause de leur homosexualité.
01:03Elle voulait être journaliste, la Anne Sinclair de Bamako.
01:07Elle est devenue madame la proviseur, lanceuse d'alerte et porteuse de solutions en matière d'éducation.
01:14En 30 ans de carrière, elle en a observé des choses.
01:16L'obsession des jeunes pour le téléphone portable, les parents qui négocient les notes ou la composition des classes.
01:22Le mépris pour les voix professionnelles, traitées de filière low cost.
01:27Et puis les atteintes à la laïcité.
01:29L'assassinat de Samuel Paty a été le 11 septembre de l'éducation nationale, dit-elle.
01:34Sauf que non seulement elle ne désarme pas, mais en plus elle montre un chemin qui pourrait en inspirer beaucoup.
01:40Rien n'est perdu alors ?
01:42L'école publique a encore de beaux jours devant elle ?
01:45Posons-lui ces questions, bienvenue dans un monde d'un regard, bienvenue à vous Maïtra Auré.
01:48Merci d'avoir accepté notre invitation ici au Sénat au Dôme Tournon.
01:52Proviseur et autrice de deux livres très forts.
01:55Moi, proviseur, journal impertinent d'une chef d'établissement combattive.
01:59Et puis, je suis noire, mais je ne me plains pas, j'aurais pu être une femme.
02:02Titre humoristique.
02:04Tous aux éditions Robert Laffont.
02:06Avant de nous parler de ce qui ne va pas dans l'éducation nationale,
02:09peut-être dites-nous d'abord ce qui va bien et ce pourquoi vous continuez de vous battre.
02:13Ce qui vous motive encore tous les jours quand vous allez dans votre lycée ?
02:17Alors, merci beaucoup pour votre invitation.
02:20Eh bien, la vie me motive.
02:22L'énergie des élèves chaque matin, c'est une énergie d'une puissance folle, Rebecca.
02:29Et ça, ça me motive.
02:30La vie dans un établissement scolaire, c'est rythmé par cette énergie qui est à dose multiple.
02:37C'est mieux, c'est de shoot maxi.
02:39Ça, c'est du positif.
02:40Alors, j'ai quand même un document à vous proposer, c'est une archive.
02:43Ça fait partie des rituels de cette émission.
02:45Je le mets entre vos mains, mais je vais évidemment le décrire et même le lire pour les gens qui nous écoutent.
02:49C'est un article revenant sur le 24 juin 1997.
02:52Claude Allègre, alors ministre de l'Éducation nationale, annonce vouloir réformer les structures de son administration.
02:58Il s'agit, je cite, de dégraisser le mammouth que serait l'éducation nationale et de débureaucratiser.
03:05Une archive qui a presque 30 ans déjà, c'est pour ça que j'ai pensé à cette archive.
03:10Presque 30 ans après, est-ce que vous diriez qu'il avait raison ou qu'il avait tort ?
03:14Ou que c'était un peu dur ou que c'était juste ?
03:17Alors, à l'époque, c'était un peu dur parce que le terme a été retenu par les médias, c'est dégraisser le mammouth.
03:23Mais moi, je dis un peu la même chose en disant qu'il faut reprendre le millefeuille de notre maison,
03:29le millefeuille administratif que nous avons.
03:31Peut-être y enlever un petit peu de crème fraîche et y rester sur un millefeuille plus concentré
03:38pour aller à l'essentiel, c'est-à-dire les besoins des élèves, les besoins des familles,
03:43avec une école qui se doit, à mon sens, à l'horizon 2030-2050, de s'adapter sans pour autant se renier.
03:51Ça, c'est important.
03:52Et qu'est-ce qu'il faudrait enlever ?
03:53Alors, vous dites qu'il faudrait enlever un peu de crème dans ce millefeuille.
03:55C'est quoi la crème ?
03:56C'est le saupoudrage.
03:58C'est-à-dire qu'à un moment donné, vous avez énormément d'offres, de services,
04:03dans cette belle administration que moi j'aime et que je découvre en 1994,
04:08en arrivant en France, en étant surveillante.
04:11Eh bien, cette ramification, elle est nécessaire.
04:14Mais à un moment donné, elle est illisible.
04:18Et cette illisibilité de notre institution ne donne pas à voir le champ des possibles
04:25qu'elle offre en même temps, cette école de la République,
04:29à laquelle moi j'adhère pleinement.
04:31Et on le voit bien.
04:32On observe une fuite vers les écoles privées,
04:34souvent juste après la maternelle, juste quelques chiffres de la Cour des comptes.
04:37En 2022, l'école privée comptait plus de 2 millions d'élèves,
04:41soit quand même 17,6% des effectifs.
04:43C'est quand même beaucoup.
04:44Vous comprenez, vous, les parents qui envoient leurs enfants dans le privé ?
04:47Alors oui, je comprends les parents.
04:49Je ne juge jamais aucun parent, parce que chaque parent fait ce qu'il peut.
04:52Je les comprends.
04:53Maintenant, je pense que c'est à l'école d'apporter ce temps qui rassure,
05:01ces propos, ces pédagogies, qui montrent qu'effectivement,
05:05elle peut être cette école publique, celle à laquelle moi je voue ma vie et ma carrière.
05:10Elle vaut aussi le même chemin que cette école privée
05:14vers laquelle ses parents font le choix d'aller.
05:17Elle a encore des atouts.
05:18Elle a encore quelque chose en plus, l'école de la République.
05:20Bien évidemment. Elle n'a pas montré le maximum de ce qu'elle peut offrir aux familles,
05:25aux élèves, les rassurer, leur montrer le champ des possibles encore une fois.
05:29Mais ça veut dire quoi ?
05:30Ça veut dire qu'à un moment donné, on donne toute cette liberté aux EPLE,
05:34établissements publics locaux d'enseignement que nous avons au sein de l'école publique,
05:39de prendre des initiatives, d'oser incarner véritablement l'engagement de l'école,
05:45de la pédagogie, sans pour autant régner les fondamentaux dont je parlais,
05:50c'est-à-dire la hiérarchie, le savoir lire, écrire et le respect du maître.
05:55Ça, ce n'est pas négociable.
05:56Ça, on va évenir, bien sûr.
05:57Parlons quand même de ces parents et de leur rapport à l'école.
06:00Vous écrivez, lorsque j'étais moi-même élève dans les années 80-90,
06:03mes parents se montraient très obéissants à l'égard de l'école.
06:06Il fallait apprendre ces leçons, comme on nous le demandait,
06:08ne jamais avoir moins de 20 sur 20 en conduite.
06:11L'enseignant ou le surveillant qui signalait un incident avait forcément raison.
06:16Aujourd'hui, les choses ont changé à ce point.
06:17Le rapport de force est inversé.
06:19C'est quoi ce rapport des parents à l'école ?
06:21Ils sont comme des clients.
06:22C'est quoi le...
06:23Certains, je le dis très tranquillement et clairement,
06:28se comportent en consommateurs d'école,
06:31osent remettre en question la pédagogie d'un enseignant,
06:36ce n'est pas entendable.
06:38C'est-à-dire que chacun restant à sa place,
06:41vos enfants, nos élèves seront extrêmement bien formés et structurés.
06:45Dans une pédagogie digne de ce nom,
06:47pédagogie à la française,
06:48qui est quand même une des meilleures, j'aime à le dire,
06:51même si dans les classements,
06:52puis ça, nous ne sommes pas très bons,
06:54mais nous avons une pédagogie à laquelle on se doit de...
06:58Mais vous êtes confrontés à quoi pour dire ça ?
06:59Qu'est-ce qu'ils font ces parents ?
07:00C'est-à-dire que vous avez certains parents
07:02qui vont vous envoyer 10% d'une circulaire
07:05tronquée dans le code de l'éducation
07:08pour essayer de montrer qu'ils ont raison,
07:11qu'ils vont contester une notation d'un enseignant en mathématiques,
07:16en français, en philo, en histoire et géographie,
07:19prétextant que l'enfant n'a peut-être pas tout compris
07:23ou n'a pas été prévenu d'un devoir, etc.
07:27Donc, ce n'est jamais de la faute de leurs enfants ?
07:29Exactement.
07:29Ce n'est jamais de la faute de l'enfant,
07:31qui est un jeune parfait, nous le savons tous,
07:34mais ce jeune parfait a souvent quelques égards d'oubli,
07:38eu égard, bien évidemment, aux réseaux sociaux
07:41qui sont l'extension de leurs bras.
07:43Et j'invite souvent les parents à ne pas avoir
07:45le pauvre chéri, le cher chéri,
07:48notre tête chère blonde, etc.
07:50À être lucide, à être lucide sur leur enfant.
07:52Ou marrant ou noir, à les croire,
07:54mais surtout à se dire que si un professeur écrit
07:57ou prend la peine de mettre une notation argumentée,
08:01c'est que forcément cet enseignant-là a fait son travail.
08:04Alors, quand il y a des erreurs, moi je suis prête à les entendre,
08:06mais encore faut-il qu'il y en ait et qu'il y ait des arguments.
08:09Et alors, les élèves dans tout ça, ils vous respectent,
08:12ils vous appellent Madame Traoré,
08:14ils se lèvent quand vous entrez dans une salle,
08:16vous dites vous-même d'ailleurs que vous n'êtes pas très commode.
08:19C'est quoi votre recette ?
08:20Je parlais d'un mélange d'autorité et de bienveillance,
08:22mais sérieusement, c'est quoi ?
08:23C'est une autorité qui vous est naturelle ?
08:25Comment vous faites ?
08:26Alors, je suis la somme d'une éducation malienne,
08:30dans une école malienne,
08:32une société très patriarcale,
08:34et également la somme de cette culture française,
08:38occidentale, européenne et latine,
08:41puisque quand je suis arrivé à la Sorbonne en 1994,
08:45j'apprends le latin,
08:46et j'apprends surtout l'Ancien Régime
08:48et l'histoire de la France.
08:50Et ça va me structurer pour voir un peu
08:52par rapport à l'histoire de l'Afrique,
08:54l'histoire du Mali que j'avais.
08:55Et je me rends compte qu'effectivement,
08:57des deux, j'avance et je me nourris des deux.
09:01Et l'idée d'éducation malienne,
09:03c'était très, très, très violent.
09:05C'est-à-dire, c'était de la violence corporelle.
09:08C'était, tu n'as pas appris ta leçon,
09:10tu as cinq fautes dans une dictée,
09:12c'est cinq coups de fouet
09:13pour arriver à la moyenne de dix.
09:15Et devant tout le monde,
09:17c'est une forme d'humiliation.
09:18J'ai connu cela, moi, dans une école.
09:20Je bannis ça, je vomis ça,
09:22je trouve ça absolument détestable.
09:24Et d'ailleurs, ça ne marche pas.
09:26On ne peut pas frapper les gens,
09:27violenter et s'attendre à ce qu'ils puissent réussir.
09:31Au contraire, par contre,
09:32on va les briser dans la chair et dans l'âme,
09:35mais surtout, on va les faire un repoussoir.
09:39Parce que je vais me dire,
09:40mais en fait, je ne viens plus,
09:41puisqu'ils me frappent.
09:42A contrario, je découvre un système scolaire français
09:46où l'enfant est au cœur du système
09:49qui est à l'époque de l'enfant roi,
09:51ce que j'appelle l'enfant roi.
09:52Maintenant, on est passé à l'enfant négociateur.
09:54Et bientôt, j'ai peur qu'on arrive à l'enfant dictateur.
09:58Je m'expliquerai,
09:58parce que ça, c'est aussi une nuance.
10:00Lorsqu'un parent fait plus confiance à un enfant
10:02qu'à l'institution publique
10:04et à un professeur,
10:06ça ne va pas.
10:07Toujours favoriser le dialogue,
10:08toujours discuter.
10:09Il y a un sujet sur lequel vous ne plaisantez pas.
10:11Et tant pis, là aussi,
10:12si ça vous attire des rancœurs
10:14ou un peu d'inimitié,
10:15c'est le respect de la laïcité.
10:16La journée de la laïcité
10:17est très importante dans votre établissement.
10:19Je crois que vous organisez plein de choses.
10:21Des débats, des conférences, des expositions.
10:24Durant votre carrière,
10:25vous avez vu les atteintes à la laïcité augmenter
10:28et le fait religieux
10:29entrer un peu sournoisement à l'école.
10:32D'abord en voyant les jeunes fils couvrir
10:34de plus en plus,
10:35puis en voyant des regroupements par communauté
10:37dans la cour de récréation.
10:38Ce retour du religieux,
10:40il est réel ?
10:40Il vous inquiète ?
10:42Ah oui, il est réel.
10:44Il est réel.
10:45Le nier serait complètement absurde.
10:48Il m'inquiète
10:49parce que ça veut dire
10:50qu'on va séparer nos citoyens,
10:53nos enfants de la République,
10:54dans des silos,
10:55dans des colonnes.
10:56Toi, tu es de telle communauté,
10:58de l'autre communauté.
10:59On ne peut pas faire nation,
11:01on ne peut pas faire société.
11:02Là, c'est un défi majeur pour l'école.
11:04On se doit de faire ça.
11:05Donc oui, je l'observe,
11:07je l'ai observé pendant toutes ces années.
11:09J'ai vu aussi une évolution progressive
11:11à laquelle je n'avais peut-être pas prêté attention
11:13dans les années 90-2000,
11:16des jeunes filles qui arrivaient à l'école
11:18en jogging
11:21et qui se changeaient dans les toilettes
11:24pour être comme tout le monde.
11:26Et lorsqu'elles repartaient,
11:27elles se remettaient en jogging.
11:28Donc pour cacher leur corps avant de rentrer à la maison.
11:31Et puis surtout pour répondre
11:32à une injonction communautaire.
11:34C'est ça qui est dangereux.
11:36Le regroupement communautaire
11:37que j'ai pu observer dans les cours de récréation,
11:39c'est que vous voyez arriver un groupe de jeunes filles
11:42qui spontanément vont se réunir,
11:44vont s'assembler,
11:45vont faire leurs jeux
11:46et ne vont absolument pas rentrer en interaction
11:48avec les autres.
11:50Ça, c'est un danger.
11:51Ça veut dire que l'école ne forme plus
11:53cet esprit que moi, je gêne
11:56et que je défends,
11:57que je plaide principalement.
11:59C'est-à-dire faire aussi société.
12:01Faire ensemble.
12:03Mais alors comment vous faites ?
12:03Vous allez les voir ces jeunes filles ?
12:05Vous leur dites mélangez-vous ?
12:06Comment on fait ça ?
12:07Alors on essaye...
12:09Ça, ça ne marche pas non plus
12:10les injonctions de cet ordre-là.
12:12Quoique, ça m'arrive de le faire.
12:13À un moment donné,
12:14j'ai trouvé un groupe de jeunes filles
12:16toutes noires,
12:18parce que moi je ne dis pas black,
12:19je dis noires,
12:20qui se regroupaient
12:22et en discutant à un moment de la cantine,
12:25je les invite à venir dans mon bureau.
12:26C'était un établissement du centre de Paris
12:28où mon bureau était au rez-de-chaussée.
12:29Donc j'avais une vue majestueue
12:31sur la cour de récré.
12:33Et je les ai interrogées
12:36de savoir où elles étaient nées.
12:38Donc on a ouvert une discussion.
12:40Parce que moi, je suis née au Mali,
12:41je suis née en Afrique.
12:43Elles, elles sont toutes nées à Paris,
12:46en France ou en région parisienne, etc.
12:48Elles se retrouvaient dans ce lycée.
12:51Et à ma question de savoir
12:52tu es née où, Robert Desprez, etc.
12:54Et puis, tu viens d'où ?
12:57Cette fameuse question
12:58que je dénonce dans mon premier livre.
13:01Mais moi, quand je la pose,
13:02j'aimerais vraiment rentrer
13:03en interaction avec elle.
13:04Et spontanément,
13:05certaines me répondaient
13:06« Ah mais moi, je suis du Sénégal.
13:08Moi, je suis de la Côte d'Ivoire.
13:09Moi, je suis de la Gambie.
13:10Moi, je suis du Ghana. »
13:11Et alors, je dis
13:11« Mais tu viens de me dire
13:12que tu es née à Robert Desprez. »
13:14Donc tu...
13:15C'est tes parents qui sont...
13:18Non, ce n'est même pas mes parents
13:19parce que ma mère aussi est née ici.
13:20Je dis donc que c'est tes grands-parents.
13:21Donc, vous voyez,
13:22il y a quand même du travail
13:23pour qu'elle, en seconde,
13:25elle me dise
13:26qu'elle s'identifie à ce pays-là.
13:28Donc, ce n'est pas un problème en soi.
13:31Mais ça veut dire, quelque part,
13:32que nous n'avons pas réussi
13:34au niveau de l'école
13:35à faire que l'imprégnation
13:38de l'identité française
13:40de ces enfants français,
13:43et j'aime à le dire,
13:44on est français
13:45lorsqu'on est née sur le sol français
13:47ou de parents français.
13:49Et comme Jamel Debouze aime à le dire,
13:51on est des « ici-ciens ».
13:53Moi, j'adore des « ici-ciens ».
13:55Et le dialogue avec ces jeunes filles-là
13:58m'a permis justement de me dire,
13:59mais il faut qu'on bouge un peu le curseur,
14:02qu'on mette à leur disposition peut-être
14:04des endroits où elles n'oseront jamais y aller.
14:06Par exemple, quitter leur zone de confort,
14:11par exemple le 18e,
14:12et passer de l'autre côté de la rive,
14:14découvrir qu'il y a des musées,
14:16sortir de ce communautarisme
14:18qui peut souvent être très rassurant,
14:20très sécuritaire,
14:22mais très, absolument confortable,
14:24c'est le terme que j'emploie,
14:25mais qui, à long terme, devient dangereux.
14:27Et c'est ça.
14:28Et qui enferme.
14:29Et qui enferme, et qui empêche.
14:31Et moi, il est hors de question
14:32que les jeunes filles,
14:33les jeunes garçons,
14:35les élèves non genrés, genrés,
14:38non âgés, âgés,
14:39puisque j'ai des élèves
14:40de 15 à 55 ans dans mon lycée,
14:43puissent se sentir enfermés,
14:44étiquetés, enfermés,
14:46parce qu'il faut plaire
14:48à une communauté ou à l'autre.
14:50L'un des déclics dans votre parcours,
14:52je l'ai dit en introduction,
14:53ça a été l'assassinat de Samuel Paty,
14:54que vous qualifiez de 11 septembre
14:56de l'éducation nationale,
14:57c'est très fort.
14:58Tout membre de la communauté éducative
15:00se souvient de ce qu'il faisait
15:01le 16 octobre 2020,
15:03en fin de journée, écrivez-vous.
15:04Presque trois ans après,
15:06jour pour jour,
15:06l'assassinat de Dominique Bernard,
15:08nouveau choc,
15:09nouvelle sidération,
15:10puis de l'action,
15:11parce que vous fonctionnez comme ça,
15:13dans l'action.
15:13Je remue ciel et terre,
15:15dites-vous,
15:16auprès de ma hiérarchie
15:17afin d'obtenir l'installation
15:18de caméras de surveillance,
15:19le changement de la porte du lycée
15:20et la création d'un stade de sécurité.
15:23C'est un peu une façon
15:24de bunkeriser votre établissement
15:25et donc de bunkeriser le lycée.
15:27On en est là ?
15:28Alors non,
15:29surtout pas le terme bunkeriser,
15:31mais sécuriser,
15:33rassurer
15:33et faire en sorte
15:35que lorsqu'on me confie les enfants
15:37et qu'on me fait la confiance
15:39de déposer chaque matin
15:40les enfants
15:41au sein de mon établissement scolaire,
15:43je suis garante
15:44de leur bien-être,
15:45de leur sécurité,
15:47du moment où je les accueille
15:48au moment où ils sortent.
15:49Donc, bunkeriser,
15:50jamais,
15:51mais sécuriser,
15:52absolument,
15:52absolument et toujours.
15:54Et faire en sorte
15:55de former aussi
15:56de l'agent d'accueil,
15:58surveillant,
15:59tout professeur,
16:00passant ou rentrant,
16:01que lorsqu'on rentre
16:02dans un lieu
16:03avec des drapeaux
16:05institutionnels
16:07qui est quand même sacralisé
16:08et qui est là
16:09pour dispenser
16:11du savoir,
16:12de la connaissance,
16:12de l'éducation,
16:13on ne peut pas rentrer
16:15comme si on rentrait
16:15dans la première boulangerie
16:17du coin
16:17ou comme si on allait
16:18dans le tabac d'à côté.
16:19Non.
16:20C'est un lieu
16:20qui se doit
16:21d'être dans une plénitude,
16:23une sérénité
16:24qui est favorable
16:25aux apprentissages.
16:27Et tant que ces conditions
16:28ne sont pas remplies,
16:29on ne peut pas dire
16:29qu'on apprend.
16:30Et les incidents,
16:31on ose plus facilement
16:32les signaler aujourd'hui
16:33quand on est dans un lycée.
16:34C'est fini la culture
16:35du pas de vague ?
16:35Il n'y a plus de tapis,
16:36vous avez vu ?
16:37Oui.
16:37Il n'y a plus de tapis.
16:38Ça, c'est une bonne nouvelle.
16:39Mais il faut.
16:40C'est ne pas signaler
16:41qui est dramatique
16:42et qui est condamnable.
16:44Et tous les chefs
16:44d'établissement
16:45que je connais
16:45sur toutes les académies
16:47où j'ai pu passer,
16:48notamment à Paris
16:49où j'exerce,
16:50signalent le moindre fait.
16:52On alerte,
16:52on a des partenaires.
16:53Là, dans le millefeuille,
16:54pour le coup,
16:55c'est très utile
16:56puisqu'ils sont réactifs
16:57et répondent,
16:58notamment sur la laïcité.
17:00Lorsque le Premier ministre Attal
17:03a mis en place
17:04la circulaire
17:06pour l'interdiction
17:07de la baïa
17:09et du camis,
17:10dans mon établissement,
17:12il y a eu un peu de débat,
17:13un peu d'échange.
17:14Certains n'étaient pas d'accord,
17:16estimant que c'était
17:17cibler une population musulmane
17:21que d'interdire,
17:22effectivement,
17:23ce port d'habits.
17:25Et j'ai autorisé le débat.
17:28J'ai ouvert le débat.
17:29Vous avez laissé
17:29les gens s'exprimer.
17:30Absolument.
17:31Mais il faut ouvrir la discussion.
17:34On ne peut pas imposer.
17:35C'est terminé.
17:36On n'impose plus
17:37à une population jeune,
17:39je vous l'ai dit tout à l'heure,
17:40à des familles,
17:41le dogme de 10 ans.
17:43C'est ainsi.
17:43Il n'y a qu'un faucon circuler.
17:45Non.
17:45Il faut favoriser le dialogue,
17:47permettre justement les échanges
17:49et avoir justement
17:50toujours en conscience
17:51que la laïcité,
17:53ça garantit
17:53notre liberté fondamentale.
17:55Maït Raoré,
17:55on va reprendre les choses
17:56depuis le début.
17:57Vous êtes née à Bamako,
17:57au Mali.
17:58Vous l'avez dit.
17:58Vous y grandissez très heureuse
18:00dans une grande maison familiale
18:01où vivent ensemble frères,
18:02sœurs, oncles, tantes,
18:03grands-parents
18:04et arrière-grands-parents.
18:05Vous adorez les balades
18:06au bord du fleuve Niger,
18:08mais à l'âge de 6-7 ans,
18:09votre mère décide
18:10de vous emmener vivre en France
18:11avec 4 de vos frères et sœurs.
18:13Vous emménagez à Clichy-la-Garenne,
18:15en plein centre-ville,
18:15dans un appartement
18:16d'une cinquantaine de mètres carrés.
18:18Les premiers temps
18:19sont très difficiles pour vous.
18:20Vous parlez même d'arrachement
18:22et vous dites
18:22que c'est l'école
18:23qui vous a sauvé
18:24de la morosité.
18:25On comprend mieux la suite.
18:27En fait,
18:27l'école a été un refuge pour vous.
18:29Totalement.
18:30Moi, j'adore l'école,
18:31Rebecca.
18:31Je ne sais pas si je vous le dis,
18:32mais on le sent.
18:33J'adore l'école.
18:34Quand il y avait les vacances,
18:35j'étais malheureuse.
18:36Donc, autant vous dire
18:37que c'était vraiment mon refuge,
18:39notamment le CDI,
18:41ce centre de documentation,
18:43d'informations un peu ignorées
18:45et non investies
18:46comme je le souhaiterais
18:47pour tous les élèves.
18:49Chaque récré
18:49ou les permanences
18:50ou l'absence imprévue
18:51d'un enseignant,
18:53je m'y réfugais.
18:54Je trouvais un livre
18:54et j'ai un geste.
18:56C'était que je prenais le livre
18:57et je l'ouvre
18:58et je hume.
18:59Je sens le livre
19:00pour l'objet livre.
19:01C'est quelque chose
19:02qui me parle.
19:03Alors, quand c'est tout beau,
19:04tout neuf
19:04et que ça vient d'arriver,
19:06donc, ça enivre un petit peu.
19:08Et quand c'est un peu plus ancien,
19:11on sent le poids des poussières,
19:13etc.
19:13Mais malgré tout,
19:14c'est agréable.
19:15C'est agréable.
19:16Et puis, il y a toujours un coin
19:17où on peut s'asseoir,
19:19se blottir
19:20et être tranquille
19:21pendant le quart d'heure,
19:2220 minutes de la récré.
19:24Il n'y a personne
19:24qui vous dérange.
19:25Vous êtes dans votre univers
19:26accompagné par cet auteur
19:28ou la personne
19:30qui vous a donné
19:32cette liberté.
19:33Bien sûr,
19:34je m'identifie
19:35à tous les héros
19:36et héroïnes.
19:37L'école vous a construite,
19:39on l'a vu,
19:40mais aussi l'autorité
19:41de votre mère
19:41que vous surnommez
19:42avec tendresse Thatcher.
19:43Elle vous impose
19:44une éducation stricte,
19:46rigoureuse,
19:47exigeante.
19:47Elle vous disait,
19:48en gros,
19:49vous n'êtes pas ici
19:49pour vous amuser,
19:50mais pour apprendre.
19:52Là aussi,
19:52on sait peut-être
19:53d'où vous vient
19:53cette autorité naturelle.
19:55Elle aurait pu être proviseure,
19:56votre mère.
19:56Oh là là,
19:57plus que ça.
19:58Thatcher,
19:59elle ne négociait pas
20:01du tout
20:02sur l'autorité,
20:03sur la discipline.
20:05Ce n'était pas négociable.
20:06Je pouvais avoir
20:06un 18 en maths,
20:09ce qui est un exploit.
20:10Je suis très nulle en maths.
20:12Tous mes professeurs
20:13vous le diront,
20:14je suis extrêmement nulle.
20:15Et quand je travaillais vraiment
20:17et que j'arrivais
20:18à avoir une bonne moyenne,
20:20ce qui l'intéressait,
20:21c'était la note de conduite.
20:22J'espère que tu as eu vent.
20:24Maman,
20:25je fais un petit effort.
20:27Tu as vu les maths ?
20:29Non, la note de conduite,
20:30il n'y a pas de mots.
20:31Il n'y a personne
20:31qui a mis un mot.
20:32C'était un peu trop dur
20:34avec Thatcher,
20:35mais on arrivait des fois
20:36à négocier
20:36comme tous les enfants adultes.
20:38Mais elle ne lâchait rien.
20:40Le maître avait toujours raison.
20:41À la lueur de celle
20:42que vous êtes aujourd'hui,
20:43quel conseil donneriez-vous
20:44à la petite fille
20:44que vous étiez ?
20:45Qu'est-ce que vous lui diriez
20:46avant qu'elle ne se lance
20:47dans la vie ?
20:48De croire en elle.
20:50La petite fille,
20:50elle doutait beaucoup
20:51et je continuais à douter
20:52d'ailleurs,
20:53de se faire confiance.
20:56J'ai toujours douté
20:58tout en fonçant,
20:59en faisant,
21:00mais j'ai toujours un doute
21:01qui m'a peut-être permis
21:02de ne pas trop me perdre
21:03et d'avoir une boussole.
21:05Parce qu'effectivement,
21:06vous revenez en France.
21:07Vous repartez à Bamako,
21:09vous revenez en France.
21:10On ne va pas rentrer
21:10dans le détail,
21:11mais c'est de retour en France
21:12en revanche
21:12que vous faites connaissance
21:13avec le racisme.
21:15Vous dites même
21:16que vous comprenez
21:17que vous êtes noire
21:18dans le regard de l'autre.
21:20Qu'est-ce qui s'est passé ?
21:21Qu'est-ce que vous avez vu ?
21:22Lorsqu'on est enfant,
21:23on ne voit pas sa couleur.
21:25Lorsqu'on est enfant,
21:26on est dans une forme
21:27d'innocence.
21:28Lorsque j'arrive
21:29à la Sorbonne,
21:30dans la cour d'honneur
21:31de la Sorbonne,
21:32lors de l'accueil,
21:33à la rentrée,
21:34je découvre
21:35que c'est un peu monochrome
21:37et que je quitte
21:39une école malienne
21:41monochrome noire
21:42et j'arrive
21:43dans une cour d'honneur
21:44de la Sorbonne
21:45monochrome blanche
21:47et je trouve
21:50trois ou quatre visages
21:52noirs
21:52qui vont devenir
21:53mes copines
21:54que j'appelle
21:55les noireudes
21:55et qu'on va former
21:57le groupe des noireudes
21:58avec une autre copine
21:59grecque,
22:00toute blanche,
22:00mais qui rentre
22:01dans les noireudes aussi.
22:02Et là,
22:02on va faire
22:03ce que je déplorais
22:04du communautarisme scolaire
22:05en se regroupant.
22:06Mais qui vous rassurait
22:07à ce moment-là ?
22:07Mais qui vous rassurait
22:08à ce moment-là
22:08parce que j'étais
22:09complètement perdue
22:10et très vite,
22:11je m'en émancipe
22:12en ouvrant bien évidemment
22:14mes possibilités
22:16à toute autre forme
22:18de rencontre
22:19dans cette Sorbonne.
22:20Oui,
22:20je découvre
22:21que je suis noire
22:21parce que lorsque
22:22j'essaye d'engager
22:24comme mes camarades
22:26des initiatives,
22:30comme participer
22:31à un débat philosophique
22:33dans le Café de la Sorbonne,
22:34les chaises littéralement
22:36se resserrent
22:37pour m'éjecter
22:38du cercle
22:39des philosophes
22:40perdues
22:41ou pas.
22:43Donc oui,
22:44je découvre petit à petit
22:45le fait d'être noire,
22:47de peau
22:47et d'être une femme aussi.
22:50Ça aussi,
22:50la misogynie,
22:51vous l'avez...
22:51Absolument.
22:52Et ça,
22:53c'est bien dans les deux pays.
22:57J'ai des photos
22:58à vous proposer,
22:59Maïtra Auré.
23:00La première,
23:00c'est celle-ci,
23:01c'est la couverture
23:02de La Belle et la Bête,
23:04revue et modernisée
23:05par Jules,
23:06auteur reconnu,
23:07900 000 exemplaires
23:08qui devaient être
23:09distribués aux enfants
23:11de CM2
23:11avant leur entrée
23:12au collège.
23:13Finalement,
23:13il sera distribué
23:15un autre livre.
23:16L'auteur crie à la censure.
23:17On croirait Trump
23:18et son administration,
23:19a-t-il dit.
23:20La ministre,
23:21qui reconnaît son talent immense,
23:22explique que le livre
23:23doit être accompagné
23:24par un discours d'adulte
23:25pour comprendre
23:26le second degré
23:27et l'ironie
23:28parce qu'il y a des questions
23:29d'alcool,
23:30il y a des questions
23:30d'ivresse,
23:31il y a des questions
23:32de réseaux sociaux.
23:34Tout le monde
23:34est de plus en plus frileux
23:36sur les questions
23:36d'éducation.
23:37On n'ose pas présenter
23:39un livre comme celui-là
23:40à des enfants de CM2.
23:40On a raison,
23:41on a tort,
23:42il y a une frilosité
23:43comme ça dans le...
23:44Je pense sans doute
23:45qu'il y a une frilosité
23:46accompagnée
23:47d'une belle prudence
23:48comme c'est souvent
23:49faire notre maison,
23:51notre administration.
23:54Mais en même temps,
23:55lorsqu'on vit
23:56à l'heure d'une société
23:58où on voit souvent
23:59des jeunes
24:00se donner des rendez-vous
24:01pour faire des rixes,
24:03se tuer,
24:04se donner des rendez-vous
24:05juste à cause d'un regard
24:07parce qu'on n'appartient
24:08pas à la même bande,
24:10qu'est-ce qu'on fait ?
24:11Est-ce qu'on assiste
24:12impuissant
24:13à la démission
24:14des adultes
24:15que nous sommes
24:15ou est-ce qu'on se prend
24:17en main
24:17en disant
24:18à notre jeunesse,
24:19à nos enfants,
24:21comment est-ce que
24:22nous les accompagnons
24:23sans pour autant trembler
24:25et sans pour autant
24:26inverser la place
24:27de l'adulte
24:28et la place de l'enfant ?
24:29C'est ce que j'appelais
24:30tout à l'heure
24:30l'enfant qui est devenu
24:32l'enfant roi,
24:33l'enfant négociateur
24:34qui va te coucher,
24:36non,
24:37encore cinq minutes,
24:38lâche ton téléphone,
24:39fais tes devoirs,
24:40va ranger ta chambre,
24:41etc.
24:41Et lorsqu'on le demande
24:43en n'étant pas
24:44dans la posture
24:45du parent,
24:46on est dans une forme
24:47de négociation
24:48et c'est au détriment
24:49de la jeunesse.
24:50Et lorsque l'enfant,
24:52le jeune,
24:53devient maintenant
24:53le dictateur
24:55de ses propres parents
24:56géniteurs,
24:57là,
24:57on assiste,
24:58à mon sens,
24:59à un danger véritable
25:00de notre société.
25:01Et il me semble
25:02urgent
25:03que la société
25:04se réveille
25:05et que nous,
25:05adultes,
25:06nous prenons
25:07la mesure
25:08de ce danger
25:09qui arrive
25:10à cause
25:10de ces vomitaux
25:12réseaux
25:13mal encadrés
25:14pédagogiquement
25:15et aussi
25:16à tout
25:17le conflit
25:19ou interne
25:20que nous avons pu avoir
25:21et qu'on n'a pas géré,
25:22du confinement.
25:25Parce qu'on n'a pas
25:25encore tiré
25:26les résultats de ça.
25:27C'est un vrai sujet.
25:29J'ai une autre photo
25:30à vous montrer,
25:31c'est le livre
25:31de Dylan Haïssi
25:32qui est le directeur
25:33de La Voix pour Tous.
25:34C'est une association
25:35qui vise à réhabiliter
25:36la filière pro.
25:37Il vient d'écrire
25:38La Revanche des pros
25:39aux éditions de l'Observatoire
25:40où il dénonce
25:40le fonctionnement
25:41de la voie professionnelle.
25:42Un élève,
25:43dit-il,
25:43parce qu'il a des mauvaises notes,
25:44ne doit pas être
25:45dans une orientation subie.
25:48Il l'a vécu
25:48et il propose
25:49des solutions
25:49pour réformer le système.
25:50Pour vous aussi,
25:51c'est un combat quotidien.
25:52Absolument.
25:54J'approuve absolument
25:55La Revanche des pros.
25:56C'est un très bon titre
25:57parce que c'est le cas.
25:58On assiste à cela.
26:00Il faut juste se rendre compte
26:01avec les entreprises partenaires.
26:03Moi, j'ai la chance
26:04d'avoir plus de 400 entreprises
26:06partenaires
26:07avec lesquelles j'ai commencé
26:08en 2020
26:09quand j'ai pris
26:09l'administration
26:11et la gestion pédagogique
26:13de mon lycée.
26:14Et ces entreprises
26:15ont besoin de renouveau.
26:19Or, l'école
26:20a abandonné
26:21l'enseignement pro,
26:22les formations
26:22des métiers
26:23de l'intelligence manuelle
26:24pendant des décennies.
26:26Et maintenant,
26:26on se retrouve
26:26à rattraper ce temps perdu.
26:28Donc oui,
26:29on assiste effectivement
26:30à la Revanche des pros.
26:31La peur a changé de camp.
26:32C'est la voie pro
26:33qui est l'excellence de l'école.
26:34Ce n'est plus la voie générale.
26:35Le message est clair.
26:36J'ai une dernière question
26:37qui est en lien
26:38avec le lieu
26:38dans lequel nous sommes.
26:39Maït Raoré,
26:40vous connaissez ce rituel.
26:41Nous sommes entourés
26:42de quatre statues
26:42qui représentent chacune
26:44une vertu.
26:45Il y a la sagesse,
26:46la prudence,
26:47la justice
26:48et l'éloquence.
26:48Je suis sûre
26:48que vous y avez déjà réfléchi.
26:51Et comme je ne suis pas très sage,
26:52je m'avais mis juste
26:53à côté de la sagesse
26:55et vous, derrière,
26:56il y a l'éloquence.
26:57Eh bien, moi,
26:58je pense que tout ça
26:59fait le pilier
27:00de la nation.
27:02Vous savez,
27:03je vous disais,
27:03je suis née au Mali.
27:04Au Mali,
27:04on dit que la femme,
27:06elle porte en elle
27:06quatre choses
27:08et l'homme, trois.
27:09Alors,
27:09ce sera trop long
27:10à discuter.
27:10Il nous faudrait quatre heures
27:11pour en discuter.
27:12On ne les a pas.
27:13On ne les a pas,
27:14mais on a besoin
27:15effectivement de justice.
27:16de justice.
27:17Moi,
27:17c'est la chose
27:18qui me revolte le plus,
27:19c'est l'injustice.
27:20Alors,
27:20ce sera votre mot
27:21et on s'arrêtera sur ce mot.
27:22Merci,
27:23Maïtra Auré,
27:23d'avoir été avec nous
27:24dans ce rendez-vous
27:24et merci à vous
27:25de nous avoir suivis
27:26comme chaque semaine.
27:27Émission à retrouver
27:28sur notre plateforme,
27:29publicsena.fr
27:30en replay
27:30et bien sûr,
27:31en podcast,
27:32vous le savez.
27:33À très vite.
27:33Merci beaucoup.
27:33Sous-titrage Société Radio-Canada
27:47Sous-titrage Société Radio-Canada
27:48Sous-titrage Société Radio-Canada
27:49Sous-titrage Société Radio-Canada

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