Catégorie
🗞
NewsTranscription
00:00L'invité éco, Sophie Ovigne.
00:04Alice Richard, bonjour.
00:05Vous êtes directrice du CNPO, le Comité National pour la Promotion de l'œuf.
00:10Vous représentez donc la filière professionnelle de l'œuf.
00:13Aliments que les Français consomment de plus en plus, 4 par semaine.
00:18On voit d'ailleurs des ruptures de stock dans les rayons, alors partielles, mais tout de même des trous.
00:22Est-ce que ça pourrait s'aggraver ?
00:24Alors non, on ne peut pas parler de pénurie en France aujourd'hui.
00:29Parce que notre production en fait en œuf, elle reste stable.
00:32Alors certes, on a pu constater des rayons un petit peu clairsemés dans certains magasins.
00:37Il y a eu des tensions observées sur le marché de l'œuf.
00:40C'est lié à une hausse de la consommation qui est relativement importante.
00:45Cette hausse de la consommation, on la connaît depuis 2023.
00:48On a eu une hausse autour de 4% en 2023, du même ordre de grandeur en 2024.
00:54Et là, si on regarde simplement les premiers mois de 2025, on est déjà à plus 4,2% en consommation.
01:01Parce que vous nous confirmez, ça s'est accentué quand les Français ont vu les rayons carrément vides aux États-Unis.
01:07Il y a eu une réaction d'inquiétude et des constitutions de stock.
01:12Aujourd'hui, ça s'est terminé.
01:14Qu'est-ce qui se passe au juste ?
01:15Oui, c'est vrai qu'on a assisté à cet effet, enfin la pénurie, l'effet pénurie que crée la pénurie.
01:21Et donc, en voyant des images de rayons vides aux États-Unis, on a certains consommateurs en France qui ont, au lieu d'acheter une boîte, par exemple, on a acheté deux.
01:28Et ça suffit pour déstabiliser le marché et vider en partie les rayons.
01:32Mais voilà, c'est des tensions qui sont relativement ponctuelles.
01:36Et désormais, ça rentre dans l'ordre, même si on sait que ces tensions, on n'est pas à l'abri de les voir réapparaître ponctuellement à cause du manque de production.
01:47Est-ce qu'on peut dire la même chose des prix ? Parce qu'aux États-Unis, l'envolée a été phénoménale.
01:52En France, où est-ce qu'on en est ?
01:54Alors, en France, on a la chance de vraiment maîtriser notre production.
01:57Maîtriser la sécurité de notre production grâce à la vaccination contre la grippe aviaire.
02:04On a développé la vaccination sur les canards, mais ça permet de protéger toutes les espèces, y compris la poule pondeuse.
02:10Et grâce à ça, en fait, on sécurise vraiment notre production.
02:13A l'inverse, aux États-Unis, on a vu que désormais, ils font face à une épidémie de grippe aviaire qui est vraiment sans précédent.
02:19Ils ont perdu quasiment 11% de leur cheptel en quelques mois.
02:22Et ça a créé un effet prix. Le prix a vraiment augmenté. On a pu voir jusqu'à 12 dollars une boîte de 12 œufs.
02:30Donc voilà, c'est des prix qu'on n'a jamais vus auparavant.
02:33Et qu'on ne voit pas en France.
02:34Et qu'on ne voit pas du tout en France, parce qu'aussi, on a la chance en France d'avoir une production qui est contractualisée.
02:38Donc, les volumes et les prix sont fixés entre le producteur et le distributeur sur plusieurs années.
02:44Et ça permet d'assurer un prix stable aux consommateurs, voire une baisse de prix.
02:49C'est ce qu'on a pu observer, nous, en rayon, sur 2024.
02:52On a une baisse sur tous les modes de production qu'on foutu d'environ 1%.
02:56Alors, la France a beau être le premier producteur d'œufs en Europe, 15 milliards et demi d'œufs produits l'an dernier, ça ne suffit pas.
03:04Il faut importer. Et un pays l'a compris, l'Ukraine, nous a vendu 10 millions d'œufs en 2022, 50 millions en 2024, 60% de plus encore depuis le début de l'année 2025.
03:16C'est un problème ?
03:17C'est vrai que c'est une vraie inquiétude, nous, pour la filière.
03:21L'Ukraine, comme vous le disiez, est devenue vraiment en quelques mois le pays numéro 1 exportateur vers l'Union européenne.
03:29et avec des normes de production qui ne sont pas du tout les mêmes normes que celles que l'on constate en Union européenne et que l'on oblige.
03:36Du coup, qu'est-ce que vous demandez ?
03:37Du coup, nous, ce qu'on demande, c'est déjà que tous les œufs qui transitent vers l'Union européenne depuis des pays tiers
03:43puissent subir les mêmes contrôles que les œufs sur le territoire, donc des contrôles notamment sanitaires,
03:49parce qu'il peut y avoir toutes les problématiques liées aux salmonelles notamment.
03:52On a une réglementation très stricte en France sur la gestion des salmonelles.
03:55Parce que c'est un produit fragile ?
03:56Voilà, c'est un produit fragile, sensible d'un point de vue sanitaire.
03:59Et donc, il y a déjà un enjeu sanitaire, mais sur les normes de production,
04:05c'est vrai qu'il n'y a rien de comparable entre la France,
04:09où les modes de production sont largement tournés vers l'alternatif,
04:12et l'Ukraine, où on est surtout quand même sur des poules élevées en cage.
04:17Alors, pour être autosuffisant, c'est ça évidemment la recherche du Graal,
04:21il manque 300 millions d'eux chaque année.
04:25Est-ce que les éleveurs français peuvent y arriver ?
04:27Et notamment, vous le disiez avec le vaccin, est-ce que la grippe aviaire, finalement,
04:30c'est vraiment, vraiment derrière nous ?
04:33Alors, c'est un virus qui est saisonnier, donc on sait que ça peut revenir tous les ans.
04:38Il y a un vrai enjeu pour nous de maintenir l'efficacité de la vaccination.
04:42Ce n'est pas lié qu'à la vaccination, c'est aussi les bonnes pratiques des éleveurs,
04:46d'un point de vue sanitaire, la mise à l'abri ponctuelle des volailles quand c'est nécessaire,
04:51et que le virus circule trop en hiver.
04:52Y compris, et notamment celles qui sont élevées, évidemment, à l'extérieur.
04:56Voilà, oui, complètement.
04:58Et donc, on n'est pas à l'abri que ça revienne.
05:01Il y a plein de mesures à maintenir, la vaccination a encouragé.
05:06Et dans ces conditions-là, nous, on sait qu'on pourra maintenir une production.
05:11Après, tout l'enjeu, c'est de la développer.
05:14Et là, il y a vraiment, pour nous, un enjeu pour installer des nouveaux éleveurs
05:18et répondre à cette demande.
05:20Eh bien, justement, vous envisagez de construire 300 nouveaux poulaillers d'ici 2030.
05:26Un poulailler, c'est beaucoup de normes.
05:28En moyenne, deux ans de démarche.
05:31Alors, la filière, la vôtre, en appelle aux autorités pour accélérer les procédures d'installation.
05:36En clair, est-ce que vous voulez vous débarrasser de quelques contraintes environnementales ?
05:40Alors, nous, ce qu'on demande, c'est que les éleveurs puissent être en mesure de s'installer plus rapidement
05:45pour pouvoir, justement, en fait, c'est vraiment un enjeu de souveraineté alimentaire,
05:48pour pouvoir répondre à cette demande.
05:50Et donc, assouplir les règles d'installation et les normes qui peuvent peser.
05:56Comme vous le disiez, c'est deux ans entre le début d'un projet et sa finalisation.
06:01Et dans ces deux ans, on estime qu'il y a un an qui est consacré uniquement aux démarches administratives.
06:04Donc, nous, on essaye de pouvoir améliorer ces conditions d'installation et les rendre plus faciles pour les éleveurs.
06:11Et donc, les normes environnementales, c'est celle-là que vous visez ?
06:14On vise certaines normes environnementales, en effet, dans le projet de loi du plan qui est examiné en ce moment à l'Assemblée.
06:21En fait, pour nous, c'est aussi adapter une réglementation à des exploitations familiales et agricoles
06:28qui sont de toute petite taille et sur lesquelles, en fait, on a plaqué des réglementations plutôt liées à l'industrie
06:34qui ne sont pas du tout adaptées à une exploitation où il y a une personne salariée
06:39qui travaille toute seule et qui n'a pas les mêmes moyens qu'une entreprise de grande taille.
06:45Et au passage, à quoi ressembleront ces nouveaux poulaillers ?
06:48Ce seront des poules en cage, en plein air, bio, la Belle Rouge ?
06:51On s'y perd un petit peu, d'ailleurs.
06:53On a pris un autre engagement dans notre plan de filière, c'est d'atteindre à horizon 2030 90% des poules pondeuses élevées en élevage alternatif.
07:01Il faut savoir qu'en France, à date, c'est interdit de construire un nouvel élevage en cage.
07:06Donc, nous, on encourage largement la construction de bâtiments en sol, c'est ce qu'on appelle le code 2,
07:12ou ensuite, en plein air, la Belle Rouge et bio, pour tous les élevages qui vont pour les poules pondeuses à l'extérieur.
07:19Donc, des poules à l'extérieur.
07:20C'est ça.
07:21Alice Richard, directrice du Comité national pour la promotion de l'œuf, invitée éco de France Info.
07:26Merci à vous.
07:27Merci.
07:27Merci.
07:28Merci.
07:29Merci.
07:30Merci.
07:31Merci.