Le marketing digital n’échappe pas aux défis environnementaux. Pour concilier performance et responsabilité, l’entreprise Brevo s’est dotée d’un Green Committee, a obtenu la certification B Corp et mise sur l’engagement de ses collaborateurs. Mais dans un secteur encore largement dominé par les géants américains, peut-on vraiment inventer un modèle plus durable et plus éthique du numérique ?
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00:00L'invité de Smart Impact c'est Armand Thiberge, bonjour.
00:09Bonjour.
00:09Bienvenue, vous êtes le fondateur de Brevo, vous l'avez créé en 2012.
00:13Vous venez d'obtenir la certification Bicorp, on va y revenir évidemment en détail.
00:17Mais d'abord, présentez-nous Brevo, quel est votre métier, quels sont vos métiers ?
00:22Alors Brevo c'est une solution de relation client.
00:25Pour les PME, on a plus de 500 000 clients partout dans le monde.
00:28Nos clients, qu'est-ce qu'ils font ?
00:30Ils vont utiliser notre solution pour gérer leurs clients, pour leur envoyer des messages,
00:35pour avoir des communications, pour avoir toute une stratégie digitale grâce à Brevo.
00:40Donc en simplifiant, on va dire, ce sont des solutions de marketing digital.
00:43C'est quoi les enjeux de durabilité, de bilan carbone dans ces métiers du marketing digital ?
00:49Parce que ça, ça n'apparaît pas tout de suite.
00:51On se dit, ce n'est pas un métier qui va forcément émettre beaucoup de carbone.
00:55Alors les data centers et l'IT, ça émet plus de 3% d'émissions de carbone dans le monde entier.
01:02Donc le numérique a une empreinte digitale forte.
01:05Ce n'est pas seulement les data centers, mais c'est aussi tous les réseaux de communication.
01:08On est sur notre téléphone, sur notre ordinateur, etc.
01:10Donc en fait, il y a des manières de faire qui font qu'on arrive à dépenser moins d'énergie,
01:17à être plus économe dans nos façons de faire.
01:19Donc il y a un enjeu, et je pense que c'est un enjeu planétaire,
01:21et chaque entreprise doit prendre sa petite part.
01:23Alors nous, on essaie de prendre notre part dans ce défi qui attend l'humanité pour ce siècle.
01:28Je vous ai posé cette question volontairement naïve,
01:30parce qu'on est né avec le numérique sans imaginer son bilan carbone, en fait, en quelque sorte.
01:36Et donc il y a une prise de conscience.
01:38Pour vous, elle est récente ?
01:39Elle existait dès le début quand vous avez créé Brevo ?
01:42Alors, on a grandi aussi avec l'époque, avec cette prise de conscience, tout à fait.
01:50C'est quelque chose qu'on avait déjà démarré il y a plusieurs années.
01:54Avec cette certification Bicorp, on a systématisé les choses, on a fait des méthodologies,
01:59on a mis en place des outils aussi pour mesurer l'impact carbone qu'ont les actions de nos clients sur leurs propres clients.
02:07Donc on a mis en place des outils, mais c'est des choses qu'on a en tête depuis longtemps.
02:12Moi-même, je suis impliqué, j'ai monté une boîte qui s'appelle Solarine Blue à côté pour faire des panneaux solaires en mer.
02:18Et donc non, c'est quelque chose qui est vraiment au cœur du projet depuis longtemps.
02:22Alors avec notamment un Green Committee, alors c'est quoi ce Green Committee, à quoi il sert ?
02:26Alors c'est aussi pour impliquer les gens de l'entreprise.
02:29Donc il y a beaucoup de gens qui sont justement très impliqués sur les cégés carbone et qui vont vouloir réfléchir ensemble à comment on arrive à être plus économe en carbone.
02:43Peut-être un petit peu mon âgé, peut-être faire un peu moins d'événements partout dans le monde, par exemple.
02:51Ou alors sur les serveurs, comment on va faire pour être plus économe.
02:54Donc ce Green Committee, il se réunit, je crois, une fois tous les deux mois et il va réfléchir à des actions concrètes.
03:00Donc ce sont des salariés particulièrement engagés.
03:03Voilà, particulièrement engagés, qui vont aussi former les autres salariés, qui vont faire des fraises du climat, par exemple,
03:08et qui vont faire des actions en interne pour promouvoir les bonnes pratiques sur ces thématiques de green et de décarbonisation.
03:19Oui, alors cette certification Bicorp, vous venez de l'obtenir avec un score de 130, qui est plutôt un bon score.
03:26Déjà, pourquoi vous vous êtes lancé ce défi ? Parce que ce n'est pas si simple d'obtenir le label Bicorp.
03:31Oui, alors ça fait un Bicorp, ça fait plus de deux ans qu'on travaille dessus.
03:36En effet, c'est assez lourd.
03:40Est-ce que vous vous êtes dit, mais pourquoi on s'est lancé dans ce défi ?
03:44Quand vous avez vu la liste des critères à remplir, vous voyez ce que je veux dire ?
03:47Absolument, absolument. Alors, non, vraiment pas. En fait, on a démarré et on s'est dit, on avait plein d'initiatives, à droite, à gauche,
03:56bon, c'est sur les enjeux green, mais c'est aussi les enjeux de gouvernance, donc c'est plein de choses différentes.
04:03On avait des congés, par exemple, congés paternité, congés maternité, qui étaient différents.
04:10On avait des différentes actions qu'on faisait, mais qui n'étaient pas si coordonnées que ça.
04:16Et donc là, on avait une méthodologie à suivre qui permet aussi de nous organiser en interne.
04:21Donc c'est aussi, pour être consistant, on est aux méthodologies.
04:23On s'est rendu compte que quand on faisait tous les pays, parce qu'on a des bureaux aux Etats-Unis,
04:27on a des bureaux en Inde, on a des bureaux en Allemagne, on a des bureaux en Autriche.
04:31Et donc finalement, qu'on soit consistant à l'échelle de l'entreprise, ça nous a permis de faire ça.
04:40Ça nous a permis aussi de prioriser les choses, parce qu'en fait, il y a plein de choses qu'on peut faire.
04:44Et on ne peut pas mettre de l'énergie partout.
04:47Et donc cette certification B-Corp, elle nous aide à faire tout ça.
04:51Elle nous donne une ligne à suivre.
04:54Après, on l'adapte, c'est assez flexible quand même.
04:56Bien sûr.
04:57Mais ça nous a obligés à avoir de la cohérence aussi en interne.
05:01Ça, c'est vachement bien.
05:02Est-ce que ça vous a permis aussi d'identifier les leviers les plus efficaces ?
05:09En matière d'environnement notamment, mais pas seulement.
05:11C'est-à-dire que souvent, on se dit,
05:13« Ok, je vais essayer de définir une feuille de route pour réduire l'impact de mon entreprise,
05:17mais par quoi je commence ? »
05:18Voilà, et donc là, une méthodologie, il y a des gens qui ont déjà réfléchi à tout ça.
05:22Donc c'est un système de points.
05:23En fait, justement, les points, ça permet de comparer un petit peu les choses.
05:28Donc nous, on va prioriser les choses qui permettent d'aller le plus possible.
05:34Par exemple ?
05:34Par exemple, typiquement, on a donné sur les...
05:40On a des congés paternités, c'est 5 semaines, pour tous les collaborateurs du groupe.
05:45Et dans tous les pays.
05:46C'est déjà assez innovant en France, mais alors en Inde, en Allemagne, sur les congés matériels, c'est 22 semaines pour toutes les femmes.
05:57On a aussi ça au cœur du projet, parce qu'au départ, on a une solution qui est aussi utilisée par beaucoup de PME, certes,
06:05mais aussi beaucoup d'associations.
06:07Donc on a 600 000 clients, et il y en a les deux tiers qui utilisent la solution gratuitement.
06:15Et on l'assume complètement, on l'assume complètement depuis le début.
06:20Et donc cette gratuité de la solution, elle fait partie de notre modèle.
06:24Et on est très fiers que plein de petites structures utilisent la solution gratuitement.
06:29Et donc on a ce positionnement aussi.
06:31Donc Bicorp, ce n'est pas seulement une méthodologie interne, c'est aussi assumer les choses par rapport à nos employés.
06:37On est Bicorp, on a vraiment une mission qui n'est pas seulement de faire agrossir le plus possible le chiffre d'affaires, les profits,
06:43mais aussi donner un sens à cette aventure.
06:47Et deuxièmement, on parle pour nos clients.
06:48Pour que nos clients, ils comprennent qu'on s'impose un peu.
06:52Et est-ce que ça peut, pardon, est-ce que ça peut vous ouvrir aussi la porte de nouveaux clients ?
06:57C'est-à-dire que quand ils vont voir, ok, Brevo, labellisez Bicorp, note 130.
07:04Est-ce que vous pensez que ça peut ouvrir des portes, ça ?
07:07Alors je l'espère qu'on n'est pas les seuls à avoir l'impact au cœur du projet.
07:17Je pense que l'impact est quand même relativement modéré.
07:23Mais je pense qu'il y a un impact, oui, il y a un impact.
07:24En particulier auprès des autres entreprises Bicorp qui se disent,
07:27« Attends, moi je suis Bicorp et j'essaie d'utiliser aussi des entreprises qui font ces efforts-là. »
07:31Vous faites cette démarche-là ou vous allez faire cette démarche-là ?
07:34C'est-à-dire de travailler un peu plus avec la communauté Bicorp ?
07:37Oui, en effet, on va essayer.
07:39On a identifié quelques entreprises justement.
07:42Mais ce n'est pas facile parce que c'est quand même un label qui est, somme toute,
07:46pas encore complètement démocratisé.
07:49L'entreprise Bicorp en Allemande est relativement limitée.
07:52Donc bon, on a 500 000 clients dans le monde.
07:54Donc voilà, c'est un pool assez réduit quand même.
07:57500 000 clients.
07:58Et alors dans votre entreprise, j'ai lu 47 nationalités différentes qui cohabitent.
08:03Alors là, c'est aussi un défi RH, j'imagine.
08:06Parce qu'il y a aussi cette, évidemment, dimension...
08:09Vous avez parlé des congés maternité-paternité.
08:12Mais c'est un défi RH quand on a autant de nationalités différentes
08:14pour les faire cohabiter, collaborer, discuter.
08:20Oui.
08:21C'est d'abord une richesse, on peut dire ça.
08:23En effet, c'est une richesse formidable ce multiculturalisme
08:25qui est vraiment, depuis le début, dans l'ADN de la boîte
08:29puisque moi, j'ai monté l'entreprise en Inde.
08:32En 2007, avant, c'est une agence web.
08:36Donc depuis le début, on a eu ce gap entre le petit Français
08:41qui arrive en Inde et qui monte sa boîte.
08:43Et puis avec ses standards français
08:45et qui collabore avec des salariés, des collaborateurs indiens.
08:51Et donc ça, c'est un grand apprentissage que moi, j'ai adoré.
08:53C'est une ouverture folle.
08:55Donc je pense qu'on a énormément à gagner.
08:58Et on a eu tout de suite des clients partout dans le monde.
09:00Et donc ça veut dire aussi des collaborateurs
09:02qui sont dans tous les pays qui sont de nationalités très différentes
09:07puisqu'on doit couvrir toutes les langues.
09:09Donc c'est pour ça qu'on est très multicultural aussi.
09:11Et moi, je pense qu'on a énormément de choses à gagner à ça
09:15parce que ça nous fait toujours prendre du recul par rapport à qui on est,
09:18par rapport à nos valeurs, de voir les autres fonctionner parfois un peu différemment.
09:23Mais c'est aussi un défi au niveau RH
09:25parce qu'on ne peut pas appliquer toutes les politiques pareilles.
09:29Il faut s'adapter selon les pays, en particulier, je dirais, entre l'Europe et l'Inde.
09:33Aux US aussi, il y a quelques différences.
09:35Aux US, il y a un défi qui est la nouvelle ère politique quand même
09:38avec un certain nombre de consignes données aux entreprises,
09:42notamment en matière de diversité.
09:43Donc vous êtes concerné par ça ?
09:45Ça, c'est une histoire folle.
09:49L'histoire est très, très créative, on va dire.
09:51On peut voir ça sous cet angle-là.
09:53Qui l'aurait pu l'imaginer ?
09:55Non, c'est aussi très triste, évidemment.
09:58Non, nous, on n'est pas concerné parce qu'on ne vend pas nos services
10:02au gouvernement américain.
10:04Donc on a beaucoup de clients américains,
10:05mais qui ne sont pas des gens qui font partie du gouvernement américain.
10:12Par contre, oui, il y a des salariés qui sont inquiets,
10:15puisque nous, on est à Austin, au Texas.
10:19Texas, très rouge, mais dans cette ville très démocrate
10:24qui est Austin, la capitale du Texas.
10:26Paradoxe.
10:26On a des salariés un petit peu inquiets,
10:30mais nous, on n'est pas concerné directement.
10:32Et évidemment, on ne change rien à nos engagements
10:34et on continue dans cette lignée B Corp, Impact,
10:38et que l'impact soit vraiment, reste au cœur du projet.
10:41Merci beaucoup Armand Thiberge et à bientôt sur B Smart for Change.
10:44On passe tout de suite à notre débat
10:46comment améliorer l'égalité des chances en France.
10:48et à bientôt sur B Smart for Change.