Aujourd'hui, dans « Les 4V », Jean-Baptiste Marteau revient sur les questions qui font l’actualité avec Alexis Corbière, député écologiste de Seine-Saint-Denis.
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00:00Bonjour Alexis Corbert, bienvenue dans les 4V, vous avez une courte nuit, vous avez auditionné pendant 5h30 hier François Bayrou à l'Assemblée Nationale sur cette affaire Bétarame.
00:09Il s'est très longuement justifié le Premier Ministre sur ce qu'il savait à l'époque des faits quand il était ministre de l'Éducation Nationale.
00:16Est-ce que vous l'avez trouvé convaincant ?
00:17Non, pas convaincant et j'oserais même dire pas crédible.
00:21Que les choses soient claires parce que c'est très long, vous l'avez pointé, Monsieur le Premier Ministre a été habile par en faisant des diversions.
00:26Mais d'abord, le 11 février, à l'Assemblée Nationale, ce qu'on appelle les questions au gouvernement, une affaire révélée par la presse, en l'occurrence sur le journal Mediapart, le scandale Bétarame.
00:36Monsieur le Premier Ministre avait répondu, je n'étais au courant de rien et donc il affirme qu'il n'a aucune connaissance de ce dossier, d'accord ?
00:45Tout dit d'ailleurs, il dit je n'ai pas lu la presse, je ne disais pas Mediapart particulièrement.
00:49Oui mais toute la commission d'hier a démontré qu'il ne pouvait ignorer ce qui s'était passé.
00:53Que les choses soient claires, de quoi parlons-nous ? Parlons donc d'aujourd'hui 200 plaintes, violences physiques, violences sexuelles,
01:00donc c'est quand même volumineux, sur quelque chose en vérité qui s'étend sur plusieurs décennies et sur un dossier,
01:06on en évoque les articles récents du journal Mediapart, mais qui depuis 1996 est dans la presse locale.
01:13Et François Béroux a cette particularité, c'est la question que je lui ai posée, c'est qu'il a 43 ans de mandat politique dans la région,
01:19il a tout eu, on n'a jamais vu ça, c'est le cumul des mandats, cumul des pouvoirs, cumul des responsabilités, il a tout eu,
01:26député, député européen, maire, conseiller général, président du conseil général, et il nous dit, c'est la tonalité de son intervention hier,
01:33pas vu, pas entendu, pas lu quand on lui dit de la presse, pas intervenu. Mais est-ce crédible ?
01:38Il dit justement aussi que c'est une instrumentalisation politique, notamment de la gauche,
01:42Paul Vannier le co-rapporteur de cette commission d'enquête parlementaire.
01:44François Béroux, il dit, j'ai l'impression d'être un procès en fait, ça n'est pas une commission d'enquête parlementaire,
01:49c'est mon procès qui est fait.
01:50C'est une stratégie vieille comme le monde, si le message vous déplaît, attaquez le messager.
01:54Mais c'est quand même incroyable, écoutez-vous de quête journaliste, il a quand même dit qu'il ne lisait pas Mediapart,
01:59qui a permis de révéler une enquête.
02:00Ni le Figaro qui avait publié le rapport.
02:02Par hygiène mentale, enfin, un premier ministre qui vient devant une commission parlementaire,
02:06qui s'en prend à la sincérité de la commission parlementaire, au-delà de ce qu'il pense du rapporteur, de moi, etc.
02:11Mais il s'agit d'où même le représentant du peuple.
02:14Et après, il explique que les journaux qui sont les relais des lanceurs d'alerte font en quelque chose une saleté
02:19et que lui, par hygiène mentale, il ne le lit pas.
02:22Mais je trouve qu'il y a là-dedans du trumpisme.
02:24Hier, c'était le transpisme, pardon, à la sauce béarnaise.
02:26C'est-à-dire qu'il est arrivé avec des attaques permanentes.
02:29Attaquant les uns, se permettant, il y avait une enseignante qu'on avait auditionnée
02:32qui a été une des premières à avoir le courage, au risque de sa carrière, de dire des choses.
02:37Il l'a remis en cause.
02:37Il a mis en cause, effectivement, cette professeure de mathématiques, Françoise Guilhune,
02:41qui ne m'a informé de rien, assure François Bayrou.
02:44C'est faux, elle lui a écrit des lettres.
02:46Mais ils pourront au moins la remercier.
02:48Il a manqué de respect.
02:49Il a expliqué que c'était grâce à lui, tout ça, quasiment.
02:51Mais pardon, je le répète, ce qui est évident au terme de ces cinq heures et demie,
02:55c'est qu'il n'a rien fait.
02:56C'est une faillite.
02:57Moi, je lui ai posé une question.
02:58Ce que vous n'avez pas fait pour les enfants de Bétarame,
03:00qu'est-ce que vous allez faire pour les Français de manière générale ?
03:03Il n'est pas crédible dans la fonction qu'il veut se donner aujourd'hui.
03:06Il démontre que tous les mandats qu'il a eus ne lui ont pas permis
03:09de véritablement mettre un terme à ce scandale.
03:11En gros, en disant, écoutez, avec des choses qui sont assez incroyables.
03:16Un article de presse, il ne l'aurait pas lu,
03:17mais quand on a autant de responsabilités, on a des collaborateurs.
03:21Ça ne l'intéressait pas.
03:22Et on voit bien comment, en vérité, il voulait laisser perpétuer une institution,
03:27l'entre-soi des notables locaux.
03:28Il y avait scolarisé ses propres enfants.
03:30Et il n'a pas mené de bataille, véritablement, pour que ça change.
03:32Alors, il n'a pas mené de bataille, en effet.
03:34Indiscutablement.
03:35La question, c'est de savoir, est-ce qu'il a vraiment menti, François Bayreau ?
03:37Parce qu'il a été sous serment hier,
03:38et Yael Brobdivet a déjà dit, mentir sous serment, attention, c'est un délit pénal.
03:41Est-ce qu'il a menti ?
03:42Il a menti devant l'Assemblée nationale le 11 février, ça c'est clair.
03:45Et j'ai trouvé qu'il a fallu vraiment lui arracher les termes
03:47pour qu'il reconnaisse qu'en vérité, au moins pour ce qui est de la séance du 11 février dernier,
03:53il n'a pas dit la vérité.
03:54Devant la commission, moi j'ai trouvé qu'il a été par moments extrêmement fuyant.
03:58Moi je trouve qu'il y avait une absence de sincérité souvent,
04:01et un retournement permanent, si vous l'avez écouté, à tel point que c'était un peu pénible.
04:05J'admets que c'est une technique, mais de ne jamais répondre clairement.
04:08Par exemple, sur l'affaire du juge, je ne sais pas si les gens ont en tête qu'ils nous regardent,
04:11il dit qu'il était au courant de rien,
04:12il dit qu'il a croisé un juge sur un chemin un jour,
04:14et puis on s'aperçoit hier, obligé de le reconnaître,
04:16qu'il a vu un des juges qui était un de ses voisins et un proche, manifestement.
04:20Qu'il n'ait pas voulu trahir le secret de l'instruction.
04:23Déjà, il a menti, parce qu'il a dit qu'il n'était pas au courant,
04:25il nous dit hier qu'il était au courant, il a même raconté ça à sa fille.
04:29Le but de cette commission d'enquête parlementaire,
04:30de cet interrogatoire de 5h30, au final, est-ce que ce n'est pas,
04:33comme l'a dit François Bayrou, de le pousser à la démission ?
04:36C'était votre souhait, c'était votre objectif ?
04:37Non, mais moi je pense qu'il doit démissionner indiscutablement,
04:40de manière générale, parce que je pense qu'il a été battu aux élections,
04:43quand même la base, en démocratie,
04:44et de plus son comportement vis-à-vis de cette commission.
04:47Pardon, je ne vais pas utiliser une enflure de mots,
04:49mais il y avait une arrogance encore de sa parrière.
04:51Il est innocent, il est attaqué, alors que je répète,
04:5443 ans de mandat, il est un fichu de protéger les enfants de sa propre région.
04:58Mais il n'était pas attaqué hier, un peu de modestie, M. Bayrou,
05:01un peu de modestie.
05:03Votre majesté doit accepter l'idée que les députés ont le droit
05:06de vous poser des questions sur un dossier extrêmement important,
05:08sans qu'immédiatement vous jouiez à un, comment dirais-je,
05:10Saint-Martin couvert de flèches, ou Saint-Laurent, pardon,
05:13couvert de flèches, et on devrait, nous, être en adoration
05:15devant ce grand personnage.
05:16Mais écoutez aussi les victimes, notamment Alain Esquer,
05:18qui est le lanceur d'Acer, lui dit tout de même,
05:19attention, tout ne tourne pas autour de François Bayrou.
05:22C'est un élément parmi d'autres, il faut s'intéresser
05:23à ceux qui ont vraiment été à la cause de ses victimes.
05:25Je dis ça, on a né à 60 auditions, 50 auditions,
05:28mais là encore, M. Bayrou ne peut pas considérer
05:30qu'il ait le soleil au corps du terrain, tout gravite.
05:32La commission n'interroge pas que M. Bayrou,
05:34mais il eût été choquant, admettez-le,
05:35que M. Bayrou ne soit pas convoqué dans la commission.
05:38Là, on a un effet loupe qui donne l'impression
05:40que ça n'est que le procès de M. Bayrou,
05:42alors qu'il est un des éléments.
05:43Alexis Corbière, il y avait également un livre
05:44à côté de François Bayrou, La Meute,
05:46paru chez Flammarion, c'est déjà un énorme succès.
05:48Il y a plus de 50 000 réimpressions, selon Flammarion,
05:52en ce moment, de ce livre qui raconte les coulisses
05:54de France Insoumise et de Jean-Luc Mélenchon.
05:56Il a réagi, hier, enfin, à la sortie de cette enquête
05:58en parlant des deux auteurs, comme je cite,
06:00des gens dégénérés.
06:02Ça vous surprend ?
06:03Vous qui n'êtes pas en relation avec lui.
06:04Il a réagi, vous évoquez.
06:06Non, mais écoutez, moi, j'en ai parlé.
06:08Le terme, en plus, c'est évidemment choquant.
06:10C'est un travail d'enquête.
06:12Moi, je ne vais pas passer mon temps à commenter ça.
06:14La seule chose que j'ai à dire,
06:15c'est que je suis la démonstration avec mes amis aussi
06:17qui avaient été purgés aux dernières élections législatives.
06:20Nous avons été contre le candidat
06:22que soutenait Jean-Luc Mélenchon
06:23dans des endroits où Jean-Luc Mélenchon faisait des gros scores
06:25et nous avons été élus.
06:26Donc, je pense qu'il y a un électorat
06:27qui veut garder le meilleur de la France insoumise,
06:29son programme, ses revendications,
06:31mais qui a envie d'une insoumission démocratique.
06:33J'en suis l'incarnation.
06:34Ce que je cherche à faire, pour le reste,
06:36lisez-le, c'est un travail d'enquête.
06:38Moi, ce qui me concerne, je peux le dire,
06:39et ce qui concerne les gens que je connais, est exact.
06:42Évidemment, ce n'est pas une enquête,
06:43ce n'est pas un travail politique,
06:44c'est une enquête sur un fonctionnement.
06:46Et c'est vrai que ce fonctionnement me semble,
06:48comment dire, un petit problème.
06:50Après, je reste sur une ligne.
06:51Je veux l'unité.
06:52Vous continuez de parler de l'unité de la gauche,
06:53y compris avec les insoumis et Jean-Luc Mélenchon ?
06:55Voilà, je le dis parce que les insoumis,
06:57il y a des trolls, vous savez, sur les réseaux.
06:58Je suis pour l'unité, y compris avec la France insoumise.
07:00Premièrement, parce que je pratique le pardon des offenses.
07:02Mais y compris avec Jean-Luc Mélenchon ?
07:03Mais y compris avec Jean-Luc Mélenchon.
07:05Et tous ceux qui veulent, aujourd'hui,
07:07continuer à faire vivre ce nouveau front populaire
07:09qui est arrivé en tête.
07:10Après, pour le candidat,
07:12il n'y a pas que Jean-Luc Mélenchon
07:13à la France insoumise, me semble-t-il.
07:14Mais pour vous, ça ne peut plus être Jean-Luc Mélenchon
07:15qui incarne ce courant et cette représentation-là.
07:18Je pense qu'on doit pouvoir mettre en discussion
07:20qui est le candidat.
07:21Je ne pense pas que la France insoumise
07:22est en droit de dire
07:22« c'est notre candidat, on a choisi tout seul
07:24et puis rangez-vous, il faut en discuter ».
07:25Je suis même pour un processus de choix collectif,
07:28on peut appeler ça une primaire,
07:29le 2 juillet, notamment Lucie Casté,
07:31vous vous souvenez,
07:32qui était notre candidat de propos,
07:33qu'on se retrouve tous.
07:34Le but, c'est quoi ?
07:35C'est de se dire « attention,
07:36si on reproduit la même stratégie que la dernière fois,
07:38nous n'aurons pas de candidat de gauche au second taux
07:40et l'extra-droite risque de gagner ».
07:42Clémentine Autain se dit prête, ça n'a pas une solution ?
07:44Oui, mon ami Clémentine Autain
07:44pourrait participer à ce processus.
07:46Il y a d'autres personnalités
07:47pour lesquelles j'ai beaucoup de respect.
07:48Je pense à François Ruffin
07:49qui incarne un peu la même histoire.
07:51Clémentine Autain, c'est une femme,
07:52une femme courageuse,
07:53une femme qui porte un programme.
07:54On a, et puis il y a d'autres composants du NFP.
07:57Là encore, un programme de rupture,
07:59ne pas refaire ce qu'on a pu faire par le passé,
08:01le programme du NFP,
08:02une candidature commune,
08:03un chemin pour la victoire
08:04pour éviter la victoire de l'extrême droite.
08:05Alexis Corvier-Rambeau d'Emmanuel Macron
08:06qui était à la télévision mardi soir.
08:08Il a notamment proposé plusieurs référendums
08:10sur des sujets institutionnels, économiques,
08:12pas sur l'immigration ni sur les retraites, il l'a dit.
08:14C'est une bonne idée tout de même
08:15de pouvoir donner la parole aux Français
08:16à deux ans maintenant de la présidentielle ?
08:18À donner la parole aux Français,
08:19c'est une bonne idée,
08:20mais avouez que venant de celui
08:21qu'il a leur refus sur des sujets fondamentaux,
08:23on a bien eu l'impression
08:24qu'il y avait d'abord une volonté d'un président
08:27qui a été battu, rebattu,
08:28qui voulait occuper l'espace médiatique.
08:31Là encore, si c'est des référendums gadget,
08:33avec gadget, pardon l'expression,
08:35mais sur les sujets secondaires,
08:36en refusant la parole aux Français
08:37sur des sujets majeurs, ça ne va pas.
08:39On avait un exercice là
08:40de pleine monarchie présidentielle,
08:42d'un homme qui...
08:44Moi, je n'aime pas l'infantilisation du citoyen
08:46qui consiste à écouter son monarque
08:47pour savoir sur quoi il va nous interroger.
08:49Il peut encore réformer,
08:50il peut encore la démarche de manœuvre d'ici 2027 ?
08:52Mais d'ailleurs, le mot réformer,
08:53de quoi parlons-nous ?
08:54Lui, ce qu'il appelle réformer,
08:55c'est casser le service public,
08:56c'est supprimer 40 milliards
08:57dans le budget public,
08:59c'est écraser encore plus les gens
09:00face à des inégalités.
09:01Moi, je ne rappelle pas ça réformer,
09:02j'appelle ça casser.
09:03Alexis Corbière, invité des 4 mai ce matin.
09:05Merci et bonne journée.