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Aurore Bergé, ministre déléguée chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les discriminations, était l’invitée de #LaGrandeInterview de Sonia Mabrouk dans #LaMatinale sur CNEWS, en partenariat avec Europe 1.

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Transcription
00:00Bonjour Aurore Berger et bienvenue à la grande interview sur CNews Europe 1.
00:05Vous êtes la ministre en charge de l'égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations.
00:10Beaucoup de sujets à vous soumettre ce matin et tout d'abord, cette phrase, choc.
00:13« En Algérie, je suis un traître, en France, un mauvais, un mauvais arabe. »
00:18C'est une interview choc, celle d'un grand écrivain, Kamel Daoud, ciblé par deux mandats internationaux émis par Alger,
00:23mais aussi cible d'attaque, Aurore Berger de la presse de gauche,
00:26qui estime qu'il n'est pas le bon arabe car il ne porte pas, dit-il, les bons combats.
00:31La gauche qui lui reproche notamment, je voudrais le préciser, d'avoir dénoncé il y a quelques années les viols de Cologne
00:35et d'avoir interrogé le rapport aux femmes dans le monde arabo-musulman.
00:39Traître en Algérie et mauvais arabe en France, comment vous réagissez à de tels propos ?
00:44Je trouve que c'est une très belle interview parce que c'est une déclaration d'amour à la France.
00:47C'est ça qu'il dit, au-delà de cette phrase qui est évidemment très choc.
00:52Donc il dit à quel point en France on a de la chance, la liberté d'expression, la liberté de penser,
00:58que ça n'est pas tout à fait le cas dans son pays d'origine, qui est l'Algérie,
01:02et qu'il recommande d'ailleurs à celles et ceux qui aujourd'hui critiquent notre pays et critiquent la France
01:07alors qu'ils n'ont connu que la France, peut-être d'aller voir ailleurs à quel point la liberté d'expression est précieuse
01:14et à quel point malheureusement elle est contestée.
01:16Donc je crois qu'on a de la chance de l'avoir en France, on a de la chance qu'il s'exprime aussi librement
01:20et je pense que certains devraient plus s'en inspirer plutôt que de le critiquer comme si cette critique était acceptable.
01:27Mais je comprends ce qu'il dit, c'est-à-dire qu'il estime qu'il n'est jamais à sa place.
01:31Et ça c'est assez insupportable de se dire qu'on ne serait jamais à la bonne place
01:35parce qu'on n'aurait jamais le bon discours ambiant ou mainstream.
01:40Il a un discours qui est un discours d'amour de la France.
01:42Qui porte aujourd'hui les éléments de langage du régime algérien ?
01:45Je fais une différence avec les Algériens. Qui ?
01:48Je pense qu'il faut sortir évidemment de la naïveté.
01:51C'est ce qu'on fait évidemment vis-à-vis du régime algérien avec des décisions aussi très claires.
01:55Quand le ministre des Affaires étrangères dit réponse ferme et proportionnée
01:59après la énième expulsion d'un fonctionnaire français, monsieur Téboune tremble vraiment.
02:03On a assumé aussi d'avoir des expulsions, vous le savez, de fonctionnaires algériens
02:07de manière en réciprocité à ce qui s'est passé
02:11et qui était absolument inacceptable, de rappel de notre ambassadeur par le président de la République.
02:15Donc il y a évidemment des mesures très claires qui ont été prises.
02:18Pour quel résultat ?
02:19C'est bien la difficulté qu'on a.
02:21C'est qu'encore une fois, on a assumé, le président de la République a assumé dès le début de son mandat
02:26d'essayer de restaurer des liens puissants avec l'Algérie parce que je crois que c'était l'intérêt de notre pays,
02:31d'assumer qu'on ait des liens qui puissent exister parce qu'on a évidemment une histoire
02:35et parce qu'on a aussi des intérêts qui sont croisés, au-delà d'ailleurs des questions strictement migratoires,
02:41mais qu'on voit bien aujourd'hui que malheureusement, on a un régime qui fait de la défiance de la France une forme de politique
02:48et que cette politique, elle ne peut pas se faire contre nous et contre les intérêts de la France.
02:53J'entends que vous êtes davantage sur la ligne de M. Rotaillot que la ligne du Quai d'Orsay.
02:56En tout cas, sur la ligne du président de la République.
02:59Mais quelle est-elle ? Est-ce qu'elle est aussi claire que cela ?
03:01Oui, parce que je pense que les décisions qu'il a prises, les décisions internationales qu'il a prises,
03:05les décisions vis-à-vis aussi du Maroc sont très claires sur le fait que la France entend être souveraine
03:10et assumer une politique étrangère et internationale qui ne dépend pas d'un diktat d'un autre pays.
03:17« Nous sommes la France et parce que nous sommes la France, nous avons le droit d'avoir la ligne politique que nous voulons
03:22et la ligne diplomatique que nous voulons instaurer. »
03:25Kamel Daoud, Aurore Berger, qui tente aussi de faire entendre une voix d'équilibre sur Gaza,
03:30très très loin de ce qui a été dit samedi sur le service public.
03:33Vous avez d'ailleurs vivement réagi après les propos de Thierry Ardisson dans l'émission
03:37« Quelle époque ? » affirmant que Gaza, c'est Auschwitz.
03:39Je précise que Thierry Ardisson s'est excusé depuis.
03:42L'émission du service public était comme d'habitude enregistrée le vendredi
03:46et pourtant elle a été diffusée telle qu'elle le samedi.
03:49Comment vous l'expliquez ?
03:50Je ne l'explique pas et je pense que d'ailleurs le service public répondra sur sa question
03:55parce que je comprends qu'il y a eu beaucoup de signalements qui ont été faits auprès de l'ARCOM.
03:59Vous comprenez qu'il n'est pas encore répondu ?
04:02C'est à eux de le faire, aux producteurs de l'émission évidemment de le faire.
04:05Il y a une double responsabilité, la responsabilité d'une chaîne, il y a la responsabilité des journalistes
04:10et il y a la responsabilité de la production de l'émission comme ici sur votre plateau.
04:14Et donc à chaque fois les chaînes peuvent être mises en cause
04:17et on a une autorité de régulation indépendante qui va devoir arbitrer et décider.
04:22Moi il y a deux choses qui m'ont choquée.
04:24Indépendante, vous parlez de l'ARCOM ?
04:25Alors oui, l'ARCOM, il y a deux choses qui m'ont choquée sur les déclarations.
04:30Il y a évidemment ce parallèle qui est fait entre Gaza et Auschwitz
04:34parce que la banalisation de ce qu'a été la Shoah, la banalisation d'Auschwitz,
04:39c'est-à-dire cette volonté industrielle d'exterminer, d'exterminer en masse un peuple, une identité, une culture
04:47ne peut en aucun cas être banalisée.
04:50Et puis il y a une autre partie de la phrase qui est par les juifs.
04:53Les juifs seraient responsables de la situation à Gaza.
04:56Il s'est repris.
04:56Après il s'est repris.
04:57Il a dit non, en fait pas vraiment les juifs, les israéliens, comme c'était d'ailleurs tous les israéliens.
05:01Et cette essentialisation des français juifs, comme s'ils étaient responsables depuis la France,
05:07de la situation internationale, de la situation humanitaire, c'est vrai, dramatique à Gaza, est inacceptable.
05:13Et on sait que ça, je pense que c'est sans doute pas ce qu'il a voulu dire, puisqu'il s'en est excusé, mais il l'a dit.
05:18Et le problème c'est que ça, ça nourrit l'antisémitisme.
05:21Et d'ailleurs, un certain nombre de lanceurs d'alerte sur la lutte contre l'antisémitisme
05:26disent que depuis, ils sont soumis à des centaines et des centaines et des centaines
05:30de messages, de menaces et de messages antisémites
05:33qu'ils n'arrivent même plus à réguler sur les réseaux sociaux.
05:36Donc c'est pour ça qu'il faut qu'on soit tous très vigilants dans le moment qui est le nôtre,
05:40où on voit qu'il y a un risque de réenracinement d'un certain nombre de haine,
05:43notamment de l'antisémitisme, sur les propos qui sont les nôtres.
05:46En aucun cas, les Français juifs ne peuvent être responsables et être tenus pour responsables
05:50de la politique israélienne.
05:52Bien entendu. Je suppose qu'il y a eu beaucoup de signalements suite à cette séquence des centaines et des centaines.
05:57Il y a eu une autre comparaison quelques jours avant, je crois la veille,
06:00qui a fait polémique à Aurore Berger, lorsque l'avocat Maître Jakubowicz a comparé
06:04Jean-Luc Mélenchon à Goebbels.
06:05Est-ce que ça vous a choqué de la même manière ?
06:07Ça ne m'a pas choquée de la même manière, si je dois être honnête.
06:10C'est un procédé de nazification.
06:12Je pense qu'il y a une forme d'excès, évident, mais déjà je connais M. Jakubowicz
06:17et je sais l'engagement déterminé qui est le sien dans la lutte contre l'antisémitisme,
06:21dans la lutte contre le racisme.
06:22Et je pense que, et vous voyez bien d'ailleurs, un certain nombre de vos confrères
06:25ont écrit un livre récent sur la question de la France insoumise,
06:28notamment la meute, la manière avec laquelle depuis le 7 octobre 2023,
06:33la France insoumise participe à la montée de l'antisémitisme dans notre pays.
06:36Et donne une forme d'autorisation aux Français à pouvoir être antisémite,
06:40comme si l'antisémitisme était devenu acceptable d'une quelconque manière.
06:43C'est votre liberté de le dénoncer, mais là encore, nazifier,
06:48enfin c'est un procédé de nazification, en est-ce comparé à Goebbels ?
06:51Est-ce qu'il n'y a pas un de poids de mesure ?
06:52Non, mais je pense qu'il ne faut pas être excessif.
06:54Par contre, il faut être lucide.
06:55Il faut être lucide sur d'où provient l'antisémitisme aujourd'hui.
06:59Il y a un antisémitisme historique d'extrême droite qui n'a pas disparu.
07:02Il faut être aussi très lucide, et ça s'est vu de manière très claire
07:05au moment des élections législatives par les candidats
07:07qui avaient été investis là, récemment, en 2024.
07:09Et puis, il y a un nouvel antisémitisme qui est alimenté aujourd'hui par l'extrême-gauche.
07:14Qui peut prendre aussi les habits de l'antisionisme ?
07:16Qui prend les habits de l'antisionisme, parce qu'encore une fois,
07:20je pense que l'antisionisme, il faut se mettre d'accord sur les termes,
07:23se mettre d'accord sur ce que c'est.
07:25Chacun est libre de critiquer la politique du gouvernement de Netanyahou,
07:28et elle est particulièrement critiquable en ce moment
07:30au regard de la situation humanitaire à Gaza.
07:33En revanche, appeler à la destruction d'un État,
07:36il n'y a que pour Israël que c'est le cas.
07:37Personne n'appelle à la destruction de l'Afghanistan ou de l'Iran,
07:40alors qu'on a des politiques qui, évidemment,
07:42devraient soulever une indignation générale.
07:44C'est contre cela que vous voulez vous élever ?
07:46C'est-à-dire les propos, évidemment, qui visent une destruction de l'État d'Israël,
07:48et non pas une critique qui peut être légitime ?
07:51La critique est légitime, comme pour n'importe quel gouvernement,
07:53que ce soit le nôtre, que ce soit le gouvernement israélien.
07:55Mais on pourrait pénaliser l'antisionisme ?
07:57En tout cas, je pense que l'appel, de manière systématique,
08:00à la destruction d'un État,
08:02quand ça n'existe que pour un seul État au monde,
08:04il y a une obsession, quand même, d'Israël,
08:07d'un certain nombre de responsables politiques,
08:09aujourd'hui, ou médiatiques.
08:10Et cette obsession, encore une fois,
08:12elle nourrit la haine, elle nourrit l'antisémitisme,
08:15elle arme, en fait, cet antisémitisme,
08:17dont on voit bien la recrudescence,
08:19très significative depuis le 7 octobre 2020.
08:21Autre sujet, Aurore Berger,
08:23est-ce que vous faites partie de ceux au gouvernement,
08:24comme Bruno Retailleau et d'autres,
08:26qui sont en attente de vraies garanties,
08:29de solides garde-fous par rapport au texte
08:31sur ce qui est appelé l'aide active à mourir ?
08:34Et est-ce que vous pensez qu'il y aura suffisamment,
08:36justement, de barrières pour éviter des dérives ?
08:38Moi, j'ai toujours dit mes réserves
08:40sur la question de l'aide active à mourir.
08:42Déjà, je veux dire en préalable
08:44que je respecte profondément
08:45toutes les opinions sur cette question-là,
08:48parce qu'elles sont d'abord souvent
08:49issues de trajectoires individuelles,
08:52et souvent extraordinairement douloureuses.
08:54et que, notamment, dans ceux qui nous écoutent,
08:56il y a forcément des gens qui sont concernés,
08:58forcément des gens qui attendent,
08:59forcément des gens qui espèrent
09:01et qui considèrent
09:02qu'ils veulent avoir
09:03cette liberté de pouvoir choisir.
09:05Moi, ce que je ne veux pas,
09:07c'est qu'on bascule dans un moment
09:08où on mettrait en opposition
09:10la question de l'accompagnement
09:12digne de la fin de vie,
09:13la question des soins palliatifs
09:15et la question de l'aide active à mourir.
09:16Que veut-il dire, aujourd'hui, dans le débat ?
09:18Je l'entends, mais vous savez, vous-même,
09:20et on a tous su, malheureusement,
09:21de près ou de loin,
09:22des situations comme celles-là,
09:23où est la dignité ?
09:24La dignité, c'est dans l'accès aux soins palliatifs
09:26et la garantie que chaque Français
09:28puisse y avoir accès.
09:29La dignité, c'est le fait aussi
09:31de ne pas être seul
09:32dans les moments qui sont
09:33ces moments de fin de vie,
09:35et on ne réagit pas de la même manière
09:36quand on est entouré, accompagné
09:38et qu'on est seul.
09:39Vous savez, les médecins aux soins palliatifs,
09:40c'est sans doute
09:40les professionnels de santé
09:42les plus courageux qui soient,
09:44parce qu'ils acceptent d'être
09:46au service de l'autre
09:47alors qu'ils savent
09:47qu'ils ne peuvent pas guérir.
09:50Ils ne peuvent pas guérir
09:50à partir du moment
09:51où vous entrez en soins palliatifs,
09:53mais ils peuvent soulager,
09:54ils peuvent redonner du temps,
09:55ils peuvent redonner de l'espoir
09:57sur la manière avec laquelle,
09:59encore une fois,
09:59la douleur peut être prise.
10:00Donc la dignité, pour moi,
10:02c'est déjà garantir,
10:03et c'était dans le texte initial
10:04du gouvernement,
10:05c'était de dire que...
10:06Bien changé depuis,
10:07en passage par la Commission.
10:08Mais c'est pour ça que moi,
10:08je pense qu'il faut
10:09qu'on maintienne ça,
10:10c'est-à-dire que la question
10:11de l'aide active à mourir
10:12ne devrait pouvoir être
10:14qu'une décision par exception.
10:19Le principe doit être
10:20l'accès aux soins palliatifs
10:22pour tous les Français
10:23sur tous les territoires,
10:25l'accès aussi à leurs droits.
10:26Trop peu de Français,
10:26aujourd'hui, connaissent leurs droits,
10:28ont réalisé leur directive anticipée
10:29pour dire ce qu'ils veulent.
10:30Le texte sur les soins palliatifs
10:31est une évidence.
10:33D'ailleurs, c'est consensuel,
10:34transpartisan,
10:35mais vous ne craignez pas,
10:36malgré tout,
10:37une rupture anthropologique profonde,
10:38une transgression éthique,
10:39comme le dit, par exemple,
10:40le docteur Claire Fourcade.
10:42Est-ce que ça vous interroge ?
10:43Je chante beaucoup
10:43avec le docteur Claire Fourcade
10:44et je salue son engagement,
10:45notamment parce qu'elle porte
10:47cette question des soins palliatifs,
10:48de l'accompagnement
10:49et de la manière
10:50avec laquelle on peut soulager
10:51la douleur, la souffrance.
10:53Oui, moi, c'est évidemment
10:54les réserves qui sont les miennes.
10:56Et mes réserves,
10:57elles sont accentuées
10:58par la manière avec laquelle
11:00le débat parlementaire
11:01s'est tenu.
11:02Pas tant sur la nature du débat,
11:03parce que c'est resté respectueux
11:05et j'espère que ça restera le cas,
11:07mais sur le fait qu'en commission,
11:09il y a un certain nombre
11:10de règles et de garde-fous
11:12qui ont sauté.
11:13Et c'est ça,
11:13mon inquiétude principale.
11:14Et on l'entend.
11:15C'est de dire qu'à un moment,
11:17on basculerait,
11:18parce que justement,
11:19dès le début de l'examen de la loi,
11:21eh bien, on ferait sauter
11:22un certain nombre de verrous
11:23qui sont des verrous éthiques
11:25qui doivent impérativement
11:26être maintenus.
11:27Autre sujet, Aurore Berger,
11:28vous a été remis hier.
11:30Un rapport qui est porté
11:32par la députée Sandrine Jossot
11:34sur la soumission chimique,
11:35c'est un sujet majeur,
11:36évidemment à l'aune
11:37de l'énorme affaire Pellicot.
11:38Puis il y a cette question,
11:39faut-il lever le secret médical
11:41en cas de soumission chimique ?
11:43C'est l'une des propositions faites.
11:44Je précise très rapidement
11:45parce qu'il s'agit de garantir
11:46en fait une immunité
11:47aux professionnels de santé
11:48qui préviendraient
11:49les autorités judiciaires.
11:51Dit ainsi,
11:52ça paraît du bon sens.
11:54Ça paraît pour moi du bon sens.
11:55En effet,
11:56la soumission chimique,
11:57il faut avoir en tête,
11:58je pense que ça a explosé
11:59au visage des Français,
12:00à notre visage
12:00au moment de l'affaire Pellicot
12:01et des procès,
12:02des viols de Mazan.
12:03C'est-à-dire,
12:04c'est le fait de droguer
12:06et donc d'annihiler
12:07la capacité de jugement
12:09et de réaction de quelqu'un.
12:10Ça peut être une personne âgée,
12:11une personne en situation
12:12de handicap,
12:13ça peut entraîner
12:14des séquestrations,
12:15du vol,
12:16mais ça peut entraîner
12:17des abus sexuels
12:18jusqu'au viol
12:19parce que vous n'avez plus
12:20la capacité de dire non.
12:21Vous n'avez plus la capacité
12:22de refuser.
12:23Vous n'avez évidemment
12:23plus la capacité de consentir.
12:25Et donc,
12:26ce qui se passe,
12:26c'est que votre jugement,
12:27malheureusement,
12:27il va être altéré.
12:28Pas juste au moment
12:29de la prise
12:29de ces stupéfiants
12:30à votre insu,
12:32mais ensuite,
12:33pendant un certain nombre
12:34de temps,
12:34puisque parfois même
12:35les victimes ne sachent pas
12:36qu'elles ont été victimes.
12:38Donc,
12:38on a un enjeu majeur
12:39de formation
12:39des professionnels de santé
12:40pour garantir
12:42qu'on puisse,
12:43de manière presque systématique,
12:45vérifier
12:45si les victimes
12:46qui se présentent
12:47ont été abusées
12:48en plus de manière chimique,
12:50ont été droguées.
12:51Et puis,
12:52oui,
12:52je crois que
12:53cette idée de lever
12:54la question du secret médical,
12:56comme aujourd'hui
12:57c'est possible
12:57dans le cas des violences
12:58intrafamiliales,
12:59serait majeure
13:00pour protéger évidemment
13:01les victimes
13:02et confondre les auteurs.
13:03De victimes,
13:04il en est question
13:05et c'est demain mercredi
13:06qu'aura lieu l'audition
13:07du Premier ministre
13:07François Bayrou.
13:08Là,
13:08je parle de la commission
13:09d'enquête sur les violences
13:11dans les établissements
13:11scolaires nés du scandale
13:13Bétharam,
13:13du nom de cet établissement
13:14Aurore Berger-Béarnet
13:16où des élèves
13:16ont subi des sévices.
13:17La gauche accuse
13:18le Premier ministre
13:19d'avoir menti
13:20à l'Assemblée nationale
13:21et le pointe du doigt
13:22pour son silence présumé.
13:26Est-ce que vous venez
13:26en défense du Premier ministre ?
13:28Je crois que le Premier ministre
13:29il a plutôt hâte
13:30d'être devant cette commission
13:31d'enquête
13:31pour dire justement
13:32la vérité des faits
13:34et donc c'est à lui
13:35évidemment
13:36de s'en expliquer.
13:37Je pense qu'il ne faut pas
13:38confondre aussi plusieurs rôles.
13:40Le Premier ministre
13:40est aussi un père
13:41et je ne vois pas
13:42comment on pourrait accepter
13:43de le mettre en accusation
13:44en tant que père.
13:45Dont une fille
13:46dont sa fille a témoigné
13:47dans un livre.
13:48Il a témoigné
13:48de manière à la fois
13:49très courageuse,
13:50très digne
13:50mais aussi de manière
13:51très claire vis-à-vis de lui.
13:53Et puis il y a
13:53la responsabilité politique
13:55qui est la sienne
13:56parce que président
13:57du conseil départemental
13:58et aujourd'hui évidemment
13:59Premier ministre.
14:00Et puis il y a
14:00l'engagement de la société
14:01sur la question
14:02de la lutte contre
14:02toutes les formes de violence
14:03notamment sur la question
14:05des violences sexuelles.
14:06Ça c'est mon combat.
14:07Ça devrait être le combat
14:07de toute la société.
14:09160 000 enfants
14:10chaque année
14:12qui sont abusés sexuellement.
14:15C'est la question
14:15de l'inceste.
14:17C'est la question
14:17des violences
14:18dans la famille.
14:19C'est aussi la question
14:20de l'abus d'autorité.
14:21Et c'est bien de cela
14:22dont on parle à Béteram.
14:23C'est-à-dire
14:23qu'on confie nos enfants
14:24dans un environnement
14:26qui doit être
14:26le plus protecteur possible
14:27l'école
14:28et au sein
14:29d'établissements scolaires
14:30ils ont été abusés
14:32abusés sexuellement
14:33abusés physiquement.
14:34C'est aussi pour ça
14:35que je me base
14:35sur l'imprescriptibilité
14:36parce qu'on voit bien
14:37que ces enfants
14:38ils mettent des décennies
14:40à révéler les faits
14:40et qu'on a besoin
14:41qu'ils aient toujours
14:42accès à la justice.
14:43Autre sujet
14:45mais là on touche encore
14:46au consentement
14:48et puis au comportement
14:49puisque c'est aujourd'hui
14:51que le tribunal correctionnel
14:52de Paris doit rendre
14:53Aurore Berger
14:53sa décision
14:54son jugement
14:55en fin de matinée
14:56pour Gérard Depardieu
14:58accusé d'agression sexuelle
15:00par deux femmes
15:01il risque 18 mois
15:02de prison
15:02une obligation
15:03de soins
15:05de quoi ces auditions
15:07ont-elles été
15:08le révélateur pour vous
15:09par rapport à Gérard Depardieu ?
15:11Je pense que c'est révélateur
15:12du fait qu'il y a une société
15:13qui ne tolère plus
15:14les violences
15:15et tant mieux
15:15tant mieux de considérer
15:17qu'une agression sexuelle
15:18que l'abus d'autorité
15:20qu'on peut avoir
15:21n'excuse en rien
15:22que le talent
15:23contrairement à ce que
15:24j'ai encore entendu
15:25dans une interview récente
15:26n'excuse en rien
15:27et ne justifie en rien
15:28des comportements
15:29qui seraient des comportements
15:31abusifs
15:31Il reste un immense acteur
15:33Mais c'est deux choses
15:34qui n'ont rien à voir
15:34C'est une question
15:35Oui
15:36Je peux vous poser la question
15:37Bien sûr
15:38Mais qu'il reste un immense acteur
15:39Ça ne va pas gommer
15:39sa filmographie non ?
15:40Non
15:40D'ailleurs je ne suis pas
15:41pour qu'on gomme
15:42la filmographie
15:43Par contre c'est autre chose
15:44de le voir retourner
15:45Je pense qu'il faut arriver
15:46à distinguer les choses
15:47C'est-à-dire que moi
15:48je n'ai jamais été
15:48pour qu'on efface
15:49On peut contextualiser des choses
15:51mais on n'est pas là
15:52pour effacer
15:52Moi j'ai jamais été
15:53pour qu'on décroche des tableaux
15:54comme je n'ai jamais été
15:55pour qu'on efface
15:55Si un prochain film
15:57de Gérard Depardieu
15:57on ne vous verra pas
15:58dans la salle de cinéma
15:59Non parce que
16:00je pense aussi
16:01encore une fois
16:03aux victimes présumées
16:05qui sont nombreuses
16:06et je ne suis pas certaine
16:08qu'on est aujourd'hui en vie
16:09pour quelqu'un
16:10qui n'a jamais reconnu
16:11des souffrances
16:13que vraisemblablement
16:14il a pu
16:14il a pu infliger
16:16et pour
16:16je suis désolée
16:17mais moi les images
16:18que j'ai vues encore une fois
16:19dans une émission
16:20qui était complément d'enquête
16:21suffisent
16:23au regard des combats
16:24qui sont les mers
16:24sur la question des violences
16:25Il est revenu
16:26et il s'est défendu
16:27Oui, enfin vous n'auriez pas aimé
16:28qu'il parle comme ça
16:29de votre fille
16:29Aucun parent n'aurait aimé
16:31qu'il parle comme ça
16:32de sa fille
16:32Aucun parent
16:33Et donc ça mérite
16:34pardonnez-moi
16:34je ne me fais pas l'avantage
16:35mais ça mérite
16:36une double peine
16:36La question c'est
16:37donc Gérard Depardieu
16:38plus de film
16:39Nicolas Bedos
16:40ne peut plus être
16:41producteur, réalisateur, tourné
16:42Non, je pense que c'est
16:42de sujets différents
16:43Déjà parce que
16:44la grande différence
16:45pour Nicolas Bedos
16:46contrairement à beaucoup d'autres
16:47Déjà il y a eu une peine
16:48il a été condamné
16:50et il ne nie pas
16:51les souffrances
16:52qu'il a pu engendrer
16:53il ne nie pas
16:54que des victimes ont existé
16:55et en plus
16:57il dit vouloir changer
16:58Moi je ne suis pas là
16:58pour remettre en cause
16:59sa sincérité
17:00Qui suis-je pour remettre
17:01en cause sa sincérité ?
17:02L'idée c'est que la peine
17:03elle serve dans notre pays
17:04A quoi ça sert de juger ?
17:06A quoi ça sert de condamner ?
17:07Si derrière on pense
17:08qu'il n'y a aucune
17:08rédemption possible
17:09surtout de la part de quelqu'un
17:11qui vraisemblablement
17:12dit qu'il reconnaît
17:13les faits
17:14qu'il reconnaît la souffrance
17:16et qu'il est prêt à changer
17:17et à changer durablement
17:18de comportement
17:19C'est ça qu'on veut
17:19dans la société
17:20C'est que la peine
17:21elle ait un effet
17:21pour qu'il y ait moins
17:22de victimes demain
17:23et qu'il y ait moins
17:24d'auteurs demain
17:25On verra donc tout à l'heure
17:26vers 10h
17:27quel sera justement
17:28le verdict
17:28Merci Aurore Berger
17:29C'était votre grande interview
17:30Bonne journée

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