Avec Florian Bercault, maire DVG de Laval
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NewsTranscription
00:00Le Grand Matin Sud Radio, 7h09, Maxime Liedot.
00:04Du positif ce matin sur Sud Radio, pour vous expliquer, vous faites partie, mesdames, messieurs, des 80% des Français qui vivent dans les grandes villes et qui plus est dans les villes moyennes,
00:15avec un maire, sans doute, qui est positif, qui a envie de faire des choses et de mettre les mains dans le cambouis. Bonjour Florian Berco.
00:21Bonjour Maxime Liedot.
00:22Vous êtes le maire d'Hivergauche de Laval et vous m'avez bluffé ce week-end parce que dans la tribune du dimanche, vous avez expliqué à quel point en réalité ces villes-là, ces villes moyennes, étaient des laboratoires fantastiques.
00:34Sauf qu'excusez-moi de vous le dire, vous êtes totalement à contre-courant.
00:37Vous proposez un nouveau souffle, du positif, de l'enthousiasme, une volonté de faire bouger les choses.
00:41Ça n'a pas du tout, qu'est-ce qui vous a pris ?
00:43Je ne fais pas partie du syndicat des politiciens, et je crois que ça fait du bien effectivement sur votre radio de pouvoir en parler.
00:50Je crois que le Covid a révélé que les villes moyennes, justement, là où vit la majorité des Français, ces villes de 10 000 à 100 000 habitants, 75% des Français aspirent à y vivre.
01:00C'est sans doute qu'il y a quelque chose de particulier.
01:03Effectivement, il y a un art de vivre dans la ville à taille humaine qui fait qu'on a envie de s'y sentir bien.
01:08Et ça, c'est important de le redire.
01:10Et grâce à tous ceux qui la font vivre, je pense que l'engagement civique est plus facile dans une ville moyenne.
01:16Je crois que l'accès aux services publics de qualité, il est facile dans les villes moyennes.
01:18Et puis, vous avez le choix. Est-ce que vous voulez vivre en ville, dans le cœur de ville ? Est-ce que vous voulez vivre en ruralité, en périurbain ?
01:23Bref, vous avez tous les choix possibles.
01:25Vous ne refusez rien quand vous êtes dans une ville comme les nôtres.
01:28Mais donc, ça veut dire que c'est à contre-courant de ce qu'on entend sans doute par facilité un peu partout,
01:32en disant aujourd'hui, les Français n'en peuvent plus de la ville.
01:35Ils cherchent de grandes verdures, de grands champs, de grands étangs.
01:38C'est fini, la ville. Pas du tout.
01:39Pas du tout. En tout cas, dans la ville moyenne, on y trouve un rapport équilibré au monde,
01:45équilibré au temps, équilibré aux personnes, équilibré à la nature aussi.
01:50Et ces villes moyennes, finalement, petit à petit, elles font leur mue.
01:53Alors, on aimerait une politique d'aménagement encore plus forte du territoire.
01:56Mais en tout cas, Laval, qui est sans doute le secret, le mieux gardé du Grand Ouest,
02:01est une ville charmante, accueillante, où il fait bon vivre, où on a tout pour être bien.
02:07Et c'est un peu le message positif qu'on veut faire passer.
02:10On a encore un pouvoir d'agir immense, les maires, de faire fraternité,
02:15de faire œuvre commune dans une ville. Et ça, c'est agréable.
02:17Mais vous dites, les maires ont encore un pouvoir d'agir qui est immense.
02:21On voit le nombre de sujets auxquels ils sont confrontés.
02:24On en parlait encore énormément ce week-end. On va en reparler tout à l'heure
02:27avec Jean-François Aquilly et Elisabeth Lévy.
02:29La sécurité, par exemple, on l'a vu encore ce week-end, ce drame des rôdés urbains,
02:33à Evian-les-Bains, un crime abject, a dénoncé le ministre de l'Intérieur.
02:37Comment un maire s'empare de ce sujet de sécurité ?
02:39Est-ce qu'il peut, à lui seul, avec un seul programme, à l'échelle de sa ville,
02:43s'emparer de ce sujet ?
02:45En tout cas, c'est la dernière porte qui restera ouverte pour le citoyen.
02:47C'est le plus petit dénominateur commun de notre République, le maire.
02:51Et c'est sans doute l'aspect cité française aussi.
02:53Vous savez, il y a 32 000 communes, donc 32 000 maires.
02:57C'est presque plus d'un tiers des communes de l'Europe.
03:00Donc c'est un modèle très particulier qu'il faut préserver, me semble-t-il.
03:04On est cet acteur de fraternité, cette porte ouverte sur tous les sujets,
03:09même s'ils ne dépendent pas directement de nous.
03:10Et je crois que sur la sécurité, effectivement, on se pose la question
03:14de est-ce que l'État a encore les moyens de sa centralisation
03:16et la capacité à assurer notre sécurité ?
03:19Je crois que les maires ont répondu en disant
03:21« Non, on a bien vu que ce n'était pas possible de faire tout seul pour l'État. »
03:24C'est pour ça qu'on développe des polices municipales,
03:26des modes alternatifs avec de la vidéoprotection,
03:30bon gré, mal gré, de manière pragmatique.
03:32Et qu'on voit des résultats.
03:33Moi, je vois qu'à Laval, en quelques années...
03:34Chez vous, ça marche, en tout cas.
03:36On a baissé la délinquance des mineurs sur des volets grâce à la prévention sécuritaire.
03:40Après faire croire que le maire pourra lutter seul contre le narcotrafic,
03:44là, ce n'est absolument pas possible.
03:46On n'a pas les moyens d'investigation, on n'a pas les systèmes d'information.
03:48C'est des réseaux mondiaux.
03:49Et là, je crois que c'est le rôle de l'État.
03:51Il faut rappeler qui fait quoi, qui peut quoi.
03:53Par contre, effectivement, le maire, il est là pour expliquer,
03:56il est là pour rassurer et il est là pour être acteur de projet.
04:01Vous avez eu le mot magique qu'on entend en réalité dans toutes les bouches très rapidement.
04:06C'est le mot des moyens.
04:07Et cette question, on entend les différentes écoles,
04:09ceux qui proposent parfois de rétablir des taxes,
04:11faire une nouvelle taxe d'habitation sans trop le dire.
04:14Ceux qui disent aussi, écoutez, le pays doit faire des économies,
04:16ça doit concerner tout le monde, y compris les collectivités locales et territoriales.
04:21Vous, Florian Berco, maire de Laval, vous appartenez à quelle école ?
04:24Est-ce que vous pouvez faire des économies
04:26ou est-ce que vous êtes étranglé au point où vous avez quand même besoin,
04:29à un moment que l'argent rentre ?
04:31Ça fait plus de 30 ans que les collectivités font des économies
04:33puisque les collectivités locales gèrent en gros 300 milliards d'euros
04:37et depuis la décentralisation des années 80, on représente 12% du PIB.
04:43Donc, on fait comme d'habitude, mais comme les collectivités ne sont pas le problème,
04:48on ne sera pas la solution pour le déficit de l'État.
04:51Donc l'État doit se regarder lui-même avant d'aller chercher chez les autres.
04:55Nous, je pense qu'on a une capacité à, évidemment, fonctionner.
04:59Ce qu'on regrette, c'est effectivement qu'il n'y ait plus de lien direct
05:02entre le service public et l'impôt.
05:04Et ça, c'est dommage, cette autonomie.
05:05Je crois que les Français comprennent le consentement à l'impôt
05:09par de savoir mais quel service j'ai derrière ?
05:11Est-ce qu'il est juste cet impôt ?
05:13Est-ce qu'il est normal ?
05:14Et moi, je vois bien.
05:15Vous voyez, les maires sont confrontés aujourd'hui à la désertification commerciale,
05:18dans nos centres-villes notamment.
05:20Moi, ça me fout en boule de voir qu'on a encore des grands acteurs du numérique
05:23qui se permettent de vendre en ligne et de ne pas payer leurs impôts.
05:26Je crois que c'est un combat, vous voyez, consensuel qui rassemble tout le monde,
05:29qui me semble être prioritaire.
05:30Mais donc, ça veut dire...
05:31Je me pose la question, est-ce qu'il faut aller mettre ou plus d'impôts par-ci, par-là ?
05:35Vous voyez, aller déjà imposer tout le monde, un impôt juste pour tout le monde,
05:38ça me semble être une priorité nationale.
05:40Mais est-ce que ça veut dire que vous, Florian Berco, maire de La Balle,
05:42vous arrivez quand même chaque année à faire un budget, évidemment, à l'équilibre.
05:45C'est une obligation pour vous, mais à faire de petites économies.
05:49Parce que quand on pense économie, on pense très vulgairement à la sonçonneuse,
05:52à Christelle Morancé, par exemple, où on se dit, oh mon Dieu, quelle horreur,
05:55des économies, ça veut dire des coupes partout, c'est impossible.
05:59Oui, je pense qu'il y a là aussi deux méthodes différentes.
06:02Quand on est maire, on est obligé d'être dans la mesure et l'équilibre.
06:05Et on fait des économies, depuis que je suis élu en 2020,
06:07vous voyez, je suis le plus jeune maire d'une ville de plus de 30 000 habitants.
06:09Et depuis 2020, je ne pensais pas dire ça, c'est économie, économie.
06:13Merci de tenir vos budgets, de fonctionnement, d'investissement.
06:16Et donc, évidemment, et là, cette année, encore plus,
06:18puisque l'agglomération est ponctionnée, donc on fait des économies de partout.
06:22Et c'est moins de services publics, il faut le dire aussi directement aux Français.
06:25Nous, on l'a dit au Lavalois, donc c'est une semaine de moins d'animation l'été.
06:30C'est des ADSEM qui seront remplacés moins souvent dans les écoles.
06:35C'est des petites économies par-ci, par-là,
06:36des fermetures de centres administratifs quelques heures en plus par semaine.
06:40Bref, on essaie que ça ne se voit pas pour garder la cohésion.
06:42Parce que si nous, on n'est plus capable d'assurer le service minimum,
06:46évidemment, on se dit, mais qu'est-ce qui reliera notre pays ?
06:49Qu'est-ce qui fait que les gens seront bien tous ensemble ?
06:50Je crois que c'est important de se redire.
06:52Donc, des économies, il faut le prendre en disant qu'on sait faire.
06:56Par contre, effectivement, le déficit abyssal de l'État...
07:00Oui, il ne peut pas être corrigé uniquement par les collectivités locales et territoriales.
07:04Une dernière question encore, Flaire-Imonberco.
07:06L'écologie est au cœur de votre action quand vous êtes maire.
07:08On entend beaucoup, notamment sur cette antenne, ici sur Sud Radio,
07:12cette fameuse question des ZFE.
07:13Dans le journal de 8 heures, on aura un maire qui propose un référendum
07:16pour que les citoyens français puissent trancher cette question épineuse politiquement.
07:20Vous, quel est votre regard dessus ?
07:22Est-ce qu'on devrait aller jusqu'à un référendum ?
07:24En tout cas, je crois que la méthode, au-delà du projet politique,
07:27la méthode politique, la fabrique du consensus,
07:29partir de ce qui fonctionne,
07:31et puis essayer de donner la parole aux citoyens.
07:33Nous, on a testé les choses à la vale,
07:35comme des convenances citoyennes, des budgets participatifs.
07:37Ça a beaucoup de sens.
07:38Après, l'écologie, c'est un peu plus positif.
07:39Il nous reste peu de temps, Flaire-Imonberco.
07:41Allons sur un référendum sur les ZFE ?
07:42L'écologie, c'est d'abord l'alimentation.
07:45C'est-à-dire comment on se nourrit,
07:46on développe l'utifaire urbaine.
07:47Est-ce qu'on fait un référendum sur les ZFE ?
07:50On peut faire des référendums,
07:50mais le référendum, si c'est pour diviser les Français
07:52et qu'il y ait 50% de oui, 50% de non,
07:54je ne pense pas que ce soit la bonne méthode.
07:56Il y a des alternatives.
07:57Sur le transport, nous, on avait fait la gratuité le week-end.
08:00On met à disposition des vélos en location, des trottinettes.
08:02Bref, on essaie de trouver des modes alternatifs à la voiture,
08:06l'autosolisme, vous voyez, à la voiture seule.
08:08Et ça, c'est quand même...
08:09Il faut mettre un degré d'intelligence
08:10et faire confiance aux citoyens.
08:11Moi, je pense que l'homme est bon.
08:14L'homme a besoin d'entendre
08:16qu'on est là pour aimer son prochain.
08:19Et je crois que s'intéresser aux générations futures,
08:22ça doit être quelque chose qui fait consensus dans notre pays.
08:23Merci beaucoup, Florian Berco,
08:25maire de Laval depuis 2020,
08:26pour cet élan positif
08:27et de montrer que les maires sont les artisans de la République
08:30et que les villes moyennes, bien sûr,
08:32sont un laboratoire formidable pour l'avenir.