Passer au playerPasser au contenu principalPasser au pied de page
  • avant-hier
Avec Gilles Proriol, expert en analyse de la participation citoyenne

Abonnez-vous pour plus de contenus : http://ow.ly/7FZy50G1rry
______________________________________

Retrouvez nos podcasts et articles : https://www.sudradio.fr/
______________________________________

Nous suivre sur les réseaux sociaux

▪️ Facebook : https://www.facebook.com/SudRadioOfficiel
▪️ Instagram : https://www.instagram.com/sudradioofficiel/
▪️ Twitter : https://twitter.com/SudRadio
▪️ TikTok : https://www.tiktok.com/@sudradio?lang=fr

##SUD_RADIO_VOUS_EXPLIQUE-2025-05-02##

Catégorie

🗞
News
Transcription
00:00Le Grand Matin Sud Radio, 7h-9h, Jean-Jacques Bourdin.
00:04Il est 8h moins 20, les cahiers de doléances, ouvrons-les.
00:08Gilles Proriol, bonjour.
00:10Bonjour Jean-Jacques Bourdin.
00:11Merci d'être avec nous. Vous êtes expert en analyse de la participation citoyenne, c'est bien cela ?
00:17C'est ça.
00:17On est d'accord. Votre entreprise a été missionnée de manière un peu improvisée par le gouvernement
00:23pour trier et résumer les demandes des Français. C'est bien cela, hein Gilles Proriol ?
00:28Tout à fait. Il y a 6 ans, nous avons participé à l'analyse de ce qu'on appelait les contributions libres du Grand Débat National,
00:33c'est-à-dire le contenu des cahiers citoyens, ou cahiers de doléances,
00:38les comptes rendus des réunions d'initiatives locales qui avaient eu lieu un peu partout dans le territoire,
00:43ainsi que les courriers et les mails envoyés directement par les concitoyens.
00:47Quel travail, dites-moi, Gilles Proriol ?
00:51Ah ben oui, c'est le plus gros corpus citoyen jamais analysé en France.
00:55Donc c'est extrêmement volumineux. Il faut rappeler que c'est de l'expression spontanée, de l'expression libre.
01:00Les gens ne répondaient pas à des questions fermées comme dans les sondages,
01:03mais s'exprimaient exactement comme ils le souhaitaient.
01:06Oui.
01:07Donc vous connaissez les volumes, plus de 20 000 cahiers, 220 000 contributions libres,
01:13plus de 680 000 pages numérisées.
01:16Oui. Comment avez-vous fait ? Comment vous êtes-vous organisé pour analyser tout ça ?
01:21Écoutez, il y a eu deux étapes. Il y a eu une première étape de numérisation de toute cette information
01:27qui a été faite par la BNF et ses prestataires de numérisation.
01:32Donc on scanne les documents, des logiciels reconnaissent le texte,
01:37et quand il n'y arrive pas, ce sont des êtres humains qui retranscrivent à la main.
01:42Et nous, notre travail commence à partir du moment où on a un cortus numérisé qu'on peut analyser.
01:49Donc nous, notre particularité, c'est d'utiliser de l'analyse sémantique.
01:52Donc ce sont des logiciels qui vont lire les textes à notre place,
01:55qui vont en extraire l'ensemble des mots et des expressions,
01:58et qui vont nous aider le plus rapidement possible à faire une synthèse de tout ça.
02:02Donc à identifier tout ce que les citoyens ont dit.
02:04– Dites-moi, Gilles Proriol, maintenant que j'en viens au cœur de tout ça,
02:10quelles sont les principales demandes des Français ?
02:13Alors on vous écoute attentivement.
02:16– Alors, déjà, il faut savoir que c'est extrêmement riche.
02:20On a extrait plus de 671 propositions.
02:23Donc c'est beaucoup plus riche que n'importe quel programme politique de n'importe quel parti.
02:28Si on regarde les propositions les plus fréquentes, on va voir émerger quatre thèmes, principalement.
02:33Tout d'abord, la démocratie, où on va retrouver des propositions comme
02:37réduire les privilèges des élus, reconnaître le vote blanc,
02:41mettre en place la proportionnelle, réduire le nombre de parlementaires,
02:44ou mettre en place le RIC, le référendum d'initiative citoyenne dont on parlait beaucoup à l'époque.
02:49Deuxième thème, la fiscalité.
02:52Rétablir l'ISF est la première proposition en termes de fréquence.
02:56– Ah bon ? La proposition numéro un des Français dans ces cahiers de doléance,
03:01c'est de rétablir l'ISF.
03:03– Exactement. C'est une proposition extrêmement symbolique à l'époque,
03:08qui symbolise en fait l'injustice que ressentent les Français.
03:12Souvenez-vous, la crise des gilets jaunes arrive à cause d'une augmentation du prix de l'essence,
03:18quelques mois seulement après l'abolition de l'ISF.
03:22– Oui, c'est vrai, c'est vrai.
03:24– Toujours en matière de fiscalité, les Français demandent une baisse de la CSG,
03:29une baisse assez globale des impôts et des taxes,
03:31et notamment des taxes sur le carburant, ainsi qu'une baisse de la TVA.
03:35– Troisième thème très important, la transition écologique.
03:38On dit souvent que les Français parfois s'opposent à la transition écologique.
03:43dans les cahiers de doléance, ce n'est pas du tout le cas.
03:46Les Français souhaitent en faire une priorité,
03:48considèrent que lutter contre le réchauffement climatique est absolument prioritaire,
03:53qu'il faut également développer les transports en commun.
03:55Et puis enfin, dernier thème, le pouvoir d'achat,
03:58avec une demande de l'indexation des retraites sur l'inflation,
04:01l'augmentation du SMIC ou la baisse du coût de logement.
04:03– Oui.
04:04– Là, je ne vous ai parlé que des 20 premières.
04:07– Oui.
04:08– Et il y a deux choses importantes, Jean-Jacques Brodin,
04:11à retenir de cette coût de liste.
04:14La première, c'est qu'il n'y a rien sur l'immigration,
04:18sur la sécurité, qui ne font partie ni des 20 premières priorités des Français,
04:22ni même des 50 premières.
04:23– Non mais ça, c'est incroyable, ce que vous me dites là.
04:26C'est incroyable.
04:27Les cahiers de doléances des Gilets jaunes,
04:30rien sur l'immigration, rien sur l'insécurité.
04:34– Alors, je ne dis pas rien.
04:35– Pas rien, mais très peu.
04:36– Je dis en spontané.
04:37En spontané, quand vous demandez aux gens en spontané,
04:40c'est-à-dire quand ils s'expriment de manière libre,
04:42ces sujets ne font pas partie des priorités des Français.
04:45La première proposition sur la sécurité concerne la lutte contre le terrorisme,
04:48elle est classée 50e.
04:50Et la première concernant l'immigration,
04:52demande une meilleure intégration des immigrés,
04:55elle est classée 83e.
04:56Donc, c'est important de comprendre
04:59qu'il y a un cadrage de ces sujets dans les médias
05:03et par un certain nombre de partis politiques
05:05qui ne correspondent pas aux besoins essentiels des gens.
05:08Et le deuxième sujet,
05:11la deuxième chose importante à retenir,
05:13c'est que ces propositions que je vous ai listées,
05:16elles sont de gauche ou elles sont de droite ?
05:18À votre avis, est-ce qu'elles sont clivantes dans l'opinion publique ?
05:21La réalité, c'est que si on regarde leur niveau de fréquence dans l'opinion,
05:25elles sont susceptibles de générer un consensus social dans la population.
05:29Et il n'y en a pas que 20 comme ça, il y en a probablement une centaine.
05:32Ça veut dire qu'on a 100 propositions qui forment ce qu'on pourrait appeler
05:36le programme idéal des Français,
05:38avec lequel 80% des Français seraient d'accord de l'extrême gauche à l'extrême droite.
05:43Pourquoi ? Parce que ces propositions reprennent en fait les besoins essentiels des gens,
05:48tout simplement.
05:49Or, ni les gouvernements en place, ni les partis d'opposition ne s'en sont servis,
05:53par exemple lors des dernières échéances électorales.
05:55Ça me fait tellement plaisir d'entendre ça, Gilles Proriole.
05:58Mais tellement plaisir.
05:59Je vois tellement de médias qui ne cessent de parler d'immigration ou d'insécurité.
06:04Je vois tellement de médias qui oublient que le pouvoir d'achat, que la fiscalité,
06:09que la démocratie sont des sujets essentiels, ainsi que la transition écologique.
06:16Ça me fait tellement plaisir d'entendre cela.
06:18Ce n'est pas... Gilles Proriole, vous, vous n'êtes que le porte-parole
06:23de ce que vous avez lu dans les revendications des Français.
06:26Que ça soit clair, vous n'avez aucun engagement politique quel qu'il soit.
06:31Ah non, non. Alors, si vous voulez, moi, quand j'entends dire à longueur de journée
06:35des responsables politiques, des élus ou des candidats aux élections,
06:38les Français pensent que, j'ai envie de dire, sur quoi vous basez-vous ?
06:41Est-ce que vous vous basez sur ce que vous avez entendu dans votre circonscription,
06:45sur des micro-trottoirs, sur des sondages ?
06:47Parce qu'en l'occurrence, la manière de dire « les Français pensent que »,
06:50c'est de les interroger de manière massive.
06:52Or, là, on les a interrogés de manière massive.
06:53Il y a plusieurs centaines de milliers de personnes qui se sont exprimées.
06:56C'est l'échantillon le plus représentatif qu'on puisse imaginer.
06:59Donc, moi, je ne dis pas « les Français pensent que »,
07:00parce que je suis plus intelligent que les autres.
07:02Je le dis parce que je le constate dans les données, en fait.
07:04Oui.
07:06C'est tout.
07:07Oui, c'est tout, oui.
07:08C'est tout, mais c'est essentiel.
07:10Gilles Porriol.
07:11C'est tout, mais c'est tout.
07:13Oui, c'est le tout, je dirais.
07:16Dites-moi, ça ferait un beau programme pour une présidentielle, ça.
07:21Écoutez, nous, ce qu'on attend...
07:22Alors, le gouvernement a fini par bouger six ans après,
07:25et l'État a fini par respecter sa promesse,
07:27c'est-à-dire de rendre accessibles ces cahiers qui, jusqu'ici,
07:31n'étaient accessibles que dans leur format papier,
07:33dans les archives départementales.
07:34Donc, autant dire...
07:36Inaccessibles.
07:38Voilà.
07:38Donc, nous, ce qu'on demande, en fait,
07:40c'est que la version numérique des cahiers de doléances
07:42soit mise en ligne en accès libre,
07:44qu'on puisse naviguer dedans,
07:45que n'importe quel citoyen puisse s'en emparer,
07:47en naviguant par code postal et par thème et proposition.
07:50C'est-à-dire, par exemple, vous puissiez dire
07:52« Que disent les citoyens des déserts médicaux
07:56dans ma commune ou dans mon département, par exemple ? »
07:58Et qu'on puisse accéder aux cahiers.
08:00Et puis, ce qu'on demande également,
08:01c'est l'ouverture d'un nouveau débat sur le fond
08:03à partir des doléances,
08:05pour les actualiser, pour aller plus loin,
08:07pour que les citoyens pèsent enfin dans le débat public
08:09et dans les programmes politiques
08:10d'ici les municipales 2026
08:12et la présidentielle 2027.
08:14Et à ce titre-là, on demande l'organisation
08:16des états généraux communaux,
08:17parce que c'est ce qui s'est passé en 1789,
08:19c'est-à-dire que suite au cahier de doléances,
08:21il y a eu l'organisation d'états généraux
08:22où les citoyens ont débattu
08:25de ce qu'ils attendaient pour leur pays.
08:27– Merci beaucoup.
08:29C'était passionnant, Gilles Proriole.
08:31Merci beaucoup.
08:31– Je vous en prie. Merci à vous.

Recommandations