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Aujourd'hui, dans « Les 4V », Jean-Baptiste Marteau revient sur les questions qui font l’actualité avec l'ancien premier ministre Michel Barnier.
Aujourd'hui, dans « Les 4V », Jean-Baptiste Marteau revient sur les questions qui font l’actualité avec l'ancien premier ministre Michel Barnier.
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00:00Bonjour Michel Barnier, soyez les bienvenus dans les 4 V.
00:05Le Monde se prépare aux obsèques du pape François ce samedi au Vatican.
00:08Des dizaines de chefs d'État et de gouvernement sont attendus.
00:10Emmanuel Macron, encore Bruno Retailleau ont déjà annoncé leur venue.
00:14Les drapeaux seront mis en berne en France pour l'occasion,
00:16ce qui ne plaît pas à une partie de la gauche.
00:18Est-ce que vous auriez fait pareil ?
00:19Est-ce que vous auriez fait mettre les drapeaux en berne pour la mort du pape ?
00:22Oui, je l'aurais fait.
00:23Je trouve très franchement que dans un moment comme celui-là,
00:25il n'y a pas de place pour ce genre de polémique.
00:27On reste laïque, attaché à la laïcité, mais on doit partager.
00:31Moi, je partage comme toute la communauté des catholiques du monde
00:34l'émotion, le respect que l'on doit à cet homme, qui était un homme de bien
00:37et qui avait une parole comme chef d'État aussi.
00:40Il était un chef spirituel, mais aussi un chef d'État très fort sur certains engagements.
00:44La place des femmes dans l'église catholique,
00:47la lutte contre les atteintes à l'écologie,
00:50la lutte contre l'argent roi.
00:52Il y a plein de combats qui sont très importants,
00:54notamment le combat pour les plus pauvres et les plus oubliés,
00:56les régions oubliées du monde.
00:58Dont les accueils des migrants.
00:59C'est vrai que c'était un défenseur.
01:00Il faisait l'apologie, peut-on dire, même de l'accueil des migrants de manière universelle.
01:04Est-ce que vous étiez vraiment en phase avec ce que défendait le pape François sur cette question ?
01:07Il avait une parole très forte sur le respect que l'on doit à toute personne humaine,
01:11à toute personne.
01:12Chacun est nécessaire.
01:13C'est un de ses prédécesseurs, Benoît XVI,
01:15qui avait ses quatre mots extraordinairement forts.
01:18Chaque homme est nécessaire.
01:19Après, il y a la responsabilité des pouvoirs publics,
01:22de ne pas accueillir, comme l'avait dit un ancien premier socialiste,
01:25le monde entier chez nous.
01:28Moins accueillir peut-être et mieux accueillir aussi les personnes qu'on veut accueillir chez nous.
01:33Donald Trump sera également présent aux obsèques du pape François samedi.
01:36Lui qui bouscule les relations internationales,
01:38comme jamais depuis la pré-guerre.
01:39Le FMI qui annonce d'ailleurs ces dernières heures
01:41un ralentissement de la croissance mondiale
01:43à cause des droits de douane américains.
01:45Est-ce que vous trouvez, Michel Barnier,
01:46que l'Europe riposte de la bonne manière à Donald Trump ?
01:49Ma réponse est oui.
01:51Il faut d'abord garder son calme.
01:53Monsieur Trump, il change d'avis tout le temps.
01:55On l'a vu encore sur les droits de douane pour la Chine.
01:58Il les a imposés très lourdement.
01:59Puis ce matin, il dit qu'ils sont trop lourds.
02:01Il veut changer le patron de la FED,
02:03la réserve fédérale américaine.
02:05Et puis finalement, il revient en arrière.
02:06Donc gardons notre calme.
02:09Soyons prêts à mettre des droits,
02:10s'il en met sur nos produits,
02:12d'en mettre sur les produits américains.
02:13Puis on verra bien les conséquences
02:15qui de toute façon sont perdants, perdants.
02:17Et puis la bonne riposte, c'est de gagner en indépendance,
02:20d'être moins dépendant, moins naïf.
02:22Je l'ai dit souvent lorsque j'étais commissaire européen.
02:24Et en gardien en indépendance,
02:25d'être moins dépendant sur l'énergie,
02:27sur l'agriculture, l'alimentation,
02:29sur la sécurité.
02:31Vous parliez à l'instant de l'IA.
02:33C'est un sujet fondamental qui va tout changer.
02:35Il faut investir massivement.
02:37Et ça, il faut le faire par moins
02:38parce que personne ne viendra faire à notre place
02:40ce que les Européens et les Français
02:41ne feront pas pour eux-mêmes.
02:42Justement, être plus indépendant,
02:43le ministre de l'Économie, Éric Lombard,
02:44est à Washington pour le G7,
02:46un sommet aujourd'hui.
02:47Il appelle les grands patrons au patriotisme,
02:49Éric Lombard.
02:50Les chefs d'entreprise doivent être plus patriotes
02:52en ce moment ?
02:53De quelle manière ?
02:54Je ne crois pas que les chefs d'entreprise,
02:57notamment les centaines de milliers
02:59de petites entreprises
03:00et les plus grands dossiers
03:01aient des leçons de patriotisme à recevoir.
03:03On les sollicite tous les jours,
03:04les patrons ou les chefs d'entreprise
03:05et la communauté de travail
03:06qui les accompagne
03:07pour l'écologie,
03:09pour le pouvoir d'achat,
03:11pour l'assertion,
03:13pour la formation professionnelle.
03:14Ils répondent présent.
03:15Il ne faut pas trop faire la leçon
03:16aux chefs d'entreprise ?
03:17Je ne crois pas que ce soit
03:18le bon langage
03:19à l'égard des chefs d'entreprise
03:20en ce moment.
03:21Ils ont besoin de confiance,
03:23qu'on leur fasse confiance
03:23et que l'on crée
03:24des conditions
03:26pour un environnement économique
03:27qui leur permette
03:28de créer
03:28ce pourquoi ils sont faits,
03:30du travail,
03:31de l'emploi,
03:31de la croissance.
03:32Et ça, ça veut dire
03:33moins de contraintes administratives,
03:36moins de normes,
03:37des impôts allégés
03:38parce qu'on est en concurrence déloyale.
03:42Ils regardent beaucoup
03:42de nos partenaires
03:43sur les impôts de production notamment.
03:45Donc, je ne crois pas
03:45qu'il faille donner de leçons
03:46aux chefs d'entreprise.
03:47Michel Barnier,
03:48vous avez été censuré
03:49à l'Assemblée
03:49en plein débat budgétaire.
03:50Quand vous entendez
03:51votre successeur dire
03:52qu'il faut trouver
03:5340 à 50 milliards d'euros
03:54d'économies supplémentaires,
03:56est-ce que vous pensez
03:57que c'est réaliste ?
03:59Ce n'est pas réaliste,
04:00c'est nécessaire.
04:00Moi-même,
04:02j'ai prononcé le mot d'effort
04:03en demandant à tout le monde
04:05de faire un effort.
04:06Il faut que cet effort soit juste.
04:09Je ne pense pas
04:09qu'il faille faire porter l'effort
04:10sur les plus faibles
04:11ni sur les classes moyennes.
04:12Donc, on le fait porter sur qui ?
04:1350 milliards, c'est énorme.
04:15Il faut faire de l'effort
04:16et notamment,
04:16il faut faire des efforts
04:17sur le train de vie de l'État,
04:19sur le fonctionnement de l'État.
04:20Il faut que l'État
04:20fasse moins de choses
04:21et les fasse mieux.
04:22Ça, c'est un effort
04:23qui demande du temps,
04:24de la stabilité
04:25qu'on n'a pas en ce moment.
04:26D'ailleurs, j'en ai été victime.
04:30C'est pour ça que je suis tombé.
04:32D'ailleurs, on est parti pour cela.
04:34Mon gouvernement est tombé.
04:35Il en a besoin de stabilité.
04:36Il en a besoin de vérité.
04:37Parce que vous avez dit, justement,
04:38peut-être trop la vérité,
04:39trop les choses.
04:40Oui, mais je ne le regrette pas.
04:40J'ai dit,
04:41je préférais être impopulaire
04:43qu'il est responsable.
04:45Je pense qu'on attend
04:46d'un Premier ministre
04:47de la dignité,
04:48de la vérité,
04:49du respect.
04:50Ce n'est pas le cas
04:51de François Bayrou ?
04:51Si, c'est son cas.
04:52Mais la marche qu'il a à faire,
04:54elle est plus lourde
04:55parce que l'effort
04:55qui a été fait
04:56sur le budget actuel
04:57a été moins important.
04:59Donc, la marche prochaine
05:00est plus lourde.
05:00Et il faut souhaiter
05:01qu'il réussisse
05:02et qu'il ait du temps.
05:03François Fillon disait en 2011
05:05qu'il était à la tête
05:05d'un État en faillite.
05:0614 ans plus tard,
05:07vous diriez la même chose ?
05:08Oui, mais la situation
05:09est aggravée depuis.
05:11On a plus de 1 000 milliards
05:12de dettes.
05:13Je rappelle qu'on va payer
05:14cette année
05:14près de 60 milliards,
05:1660 milliards,
05:16M. Marteau,
05:17d'intérêts d'emprunt,
05:19les intérêts de l'emprunt.
05:20C'est le plus gros budget
05:21de la France
05:21et c'est de l'argent
05:22qu'on donne aux investisseurs,
05:23aux spéculateurs,
05:25à tous ceux
05:25qui nous prêtent de l'argent.
05:26Il faut faire très attention.
05:28Les Français attendent
05:29un discours de vérité
05:30et de responsabilité
05:31et qu'on les prenne au sérieux.
05:33M. le Premier ministre,
05:33le RN avait choisi
05:34de vous censurer
05:34notamment sur la question
05:35des retraites.
05:36Pour faire des économies,
05:37le gouvernement actuel
05:38réfléchit à la suppression
05:39de l'abattement fiscal
05:40de 10 % pour les retraités.
05:42Est-ce que c'est une bonne idée ?
05:43Je ne crois pas
05:43que le Front National,
05:45puisque vous revenez sur ce point,
05:46m'ait fait tomber
05:46à cause des retraites
05:47ou du budget.
05:48C'était un des arguments
05:48mis en avant par Marine Le Pen.
05:49et c'était une étape
05:52très opportuniste de sa part,
05:53comme d'ailleurs celle
05:54du Parti Socialiste,
05:56au moment même
05:57où la France
05:57a besoin de stabilité.
05:58J'ai dit un effort,
06:00je l'ai dit tout à l'heure
06:01en répondant à votre question,
06:02il faut un effort
06:02de tout le monde
06:03et un effort qui soit juste.
06:05Je n'avais pas imaginé
06:06cette mesure-là
06:07en ce qui me concerne.
06:08Cette mesure est juste ?
06:0910 % de supprimer
06:10l'abattement fiscal
06:11sur les retraités ?
06:12Je pense qu'on ne doit pas
06:13toucher aux retraites
06:13et aux personnes
06:14qui sont les plus fragiles
06:16et qui appartiennent
06:16aux classes moyennes
06:17à qui on a déjà demandé beaucoup.
06:18Donc, par exemple,
06:19le MEDEF juge
06:20cet avantage fiscal aberrant.
06:22Vous diriez aberrant
06:23pour certaines personnes ?
06:24Je pense qu'un effort
06:25doit être demandé
06:25aux ceux qui sont
06:27les plus fortunés,
06:28qui ont les revenus
06:29les plus élevés
06:30et que cet effort
06:31doit être expliqué
06:32dans un ensemble global
06:33où l'État doit donner
06:34l'exemple
06:34sur son propre train de vie.
06:36Il y a des efforts à faire
06:37pour réduire les doublons,
06:40faire mieux fonctionner l'État,
06:42supprimer ou réduire
06:43l'activité de certaines jasances.
06:45Il y a un gros travail
06:45à faire pour mieux
06:46faire fonctionner l'État.
06:47Oui, pour toucher
06:48à lutter contre eux,
06:49à condition que l'État
06:50montre d'abord l'exemple.
06:52Je n'ai pas dit
06:52aux retraités,
06:53j'ai dit à ceux
06:54qui peuvent faire un effort,
06:55pas aux plus faibles
06:55et pas aux classes moyennes,
06:57à condition que l'État
06:57donne l'exemple
06:58et qu'on lutte
06:59contre l'impuissance publique.
07:00Ça, c'est le grand problème
07:01de notre pays.
07:02Vous parliez de stabilité.
07:03Vous pensez que François Bayrou
07:04peut encore rester longtemps
07:05à Matignon
07:06dans ces conditions
07:07vu la situation politique actuelle ?
07:08Je le souhaite.
07:09Je souhaite qu'il reste
07:10parce que ce qui coûte
07:11le plus cher dans notre pays,
07:13c'est l'instabilité,
07:14le fait que les consommateurs
07:16qui nous écoutent,
07:17les chefs d'entreprise
07:17petites et grandes
07:18dont vous parliez,
07:19n'aient aucune visibilité
07:20devant eux.
07:21Et c'est ça qui coûte très cher.
07:22Et puis en plus,
07:23quand le gouvernement tombe
07:24au bout de quelques mois,
07:25ça, ça coûte très cher,
07:26des milliards et des milliards.
07:27Donc, on a besoin...
07:28Pour ça, il faudra attendre
07:30les prochaines élections
07:31présidentielles et législatives
07:32et j'espère qu'on sera capable
07:33de donner à notre pays,
07:34quel que soit le vote
07:35des Français d'ailleurs,
07:36de la stabilité
07:37et de la majorité absolue.
07:38Alors, dans votre famille politique,
07:39la droite doit se choisir
07:40un nouveau chef le mois prochain,
07:41Bruno Retailleau
07:42que vous soutenez
07:43ou Laurent Wauquiez.
07:44Est-ce que cette élection
07:44peut se dérouler
07:45sans nouvelle guerre
07:46fratricide au sein de la droite ?
07:48D'abord, cette campagne
07:49est presque terminée
07:50à quelques semaines près
07:51et heureusement,
07:53on n'a pas vu
07:53de guerre des chefs,
07:55même s'il y a eu
07:55des mots exagérés
07:56ici ou là.
07:57C'est normal
07:58que dans un grand parti politique
07:59et nous voulons redevenir
08:00un grand parti politique,
08:01la droite républicaine
08:02qui travaille avec les autres,
08:04avec le centre.
08:05Moi, je veux dire
08:06que lorsque je suis devenu
08:07Premier ministre,
08:07on a vu revenir des militants,
08:09on a vu revenir des élus
08:11qui nous avaient quittés
08:12et qui, à nouveau,
08:13se disaient
08:13tiens, voilà un parti
08:14de gouvernement
08:14qui gouverne sérieusement.
08:16Donc, je suis comptable de ça.
08:17Donc, je soutiens Bruno Retailleau
08:19parce qu'il a été mon ministre
08:20et quelqu'un de très loyal
08:21et d'efficace
08:22et que je crois
08:22qu'on a besoin
08:23de quelqu'un comme lui
08:24à la tête du parti.
08:25Mais pour faire quoi ?
08:26Pour que le parti,
08:27les républicains,
08:28c'est-à-dire la droite républicaine,
08:29revienne un parti important
08:30et travaille avec les autres
08:32pour redresser notre pays
08:33et pour lutter
08:34contre l'impuissance publique.
08:35Pour finir,
08:35vous croyez possible
08:36la constitution d'une coalition
08:38du centre et de la droite
08:39pour 2027 ?
08:40Elle est indispensable.
08:42Celle-même
08:42qui m'a supporté,
08:44même si elle était minoritaire,
08:46nous avons réuni des partis
08:47qui n'avaient pas l'habitude
08:48de travailler ensemble.
08:49C'est ce qu'il faudra faire
08:49à partir de 2027
08:50et élargir à d'autres
08:52et faire revenir des gens
08:52qui nous ont quittés
08:53pour aller vers
08:54Mme Le Pen ou M. Ciotti
08:55ou d'autres qui sont allés à gauche.
08:57Ça voudra dire
08:57un seul candidat
08:58de la droite et du centre
08:59en 2027 ?
08:59Oui, il faudra un candidat
09:00le plus unique possible
09:01si je puis dire.
09:02En tout cas,
09:03je vais travailler pour ça.
09:04Je me sens également comptable.
09:05Je vous ai parlé des Républicains.
09:06Je me sens comptable
09:07avec Bruno Rotailleux
09:08et beaucoup d'autres
09:09et beaucoup d'autres ministres actuels
09:10du renouveau de mon parti
09:12dont on a besoin
09:13et je me sens comptable
09:14de ce socle commun
09:15qu'on a constitué
09:16pendant que j'étais Premier ministre.
09:17Michel Barnier,
09:18vous sortez un livre
09:18le 4 juin prochain
09:20chez Calman Levy,
09:21Ce que j'ai appris de vous.
09:23Et vous parlerez notamment
09:24de votre...
09:25Oui, je raconte dans ce livre
09:25des histoires vraies
09:27qui tout au long
09:28de ma vie publique
09:28est assez longue
09:29des événements,
09:31des rencontres
09:31où j'ai appris
09:32en écoutant les gens,
09:33en respectant les gens.
09:34Merci à Matignon.
09:34Et notamment quelques leçons
09:36de Matignon
09:36mais aussi beaucoup d'autres avant.
09:37J'espère que je participerai
09:39aussi au devoir de transmission
09:40dont je vous ai parlé tout à l'heure.
09:41Monsieur le Premier ministre,
09:42Michel Barnier,
09:43merci d'avoir été l'invité des 4V.
09:44Belle journée.
09:44Sous-titrage Société Radio-Canada