Retrouvez les émissions en intégralité sur https://www.france.tv/france-2/telematin/toutes-les-videos/
Aujourd'hui, dans « Les 4V », Jean-Baptiste Marteau revient sur les questions qui font l’actualité avec Jean-Noël Barrot, ministre de l'Europe et des Affaires étrangères.
Aujourd'hui, dans « Les 4V », Jean-Baptiste Marteau revient sur les questions qui font l’actualité avec Jean-Noël Barrot, ministre de l'Europe et des Affaires étrangères.
Catégorie
📺
TVTranscription
00:00Bonjour Jean-Noël Barraud, et bienvenue dans les 4V avant de revenir sur votre déplacement à Washington,
00:06aux côtés du Président de la République pour rencontrer Donald Trump.
00:09Un rendez-vous important pour l'exécutif cet après-midi, ce comité interministériel de contrôle de l'immigration
00:14qui prend évidemment une tournure particulière après l'attentat de Mulhouse
00:17et ce terroriste sous OQTF que l'Algérie a refusé de reprendre à 10 reprises selon le gouvernement,
00:22malgré des demandes répétées de la France.
00:24Même François Bayrou dit désormais qu'il faut un ton plus fort, un tour de vis même avec l'Algérie.
00:29Qu'est-ce que vous allez proposer cet après-midi à ce comité interministériel ?
00:33Je vais proposer qu'on renforce notre capacité à éloigner les étrangers en situation irrégulière.
00:38Comment ?
00:39Eh bien si un pays ne coopère pas avec les autorités françaises,
00:43je vais proposer que tous les pays européens en même temps puissent restreindre leur délivrance de visa.
00:49Ça c'est la première idée.
00:50Donc y compris pour l'Algérie que tous les Européens se mettent ensemble ?
00:53Absolument, sinon quand on le fait à titre national, malheureusement ça ne fonctionne pas.
00:57Si à l'inverse, un pays améliore sa coopération en matière de reprise des étrangers qui sont en France en situation irrégulière,
01:05alors je propose que nous puissions appliquer des baisses de droits de douane,
01:09parce que c'est un levier qui est particulièrement puissant.
01:11Donc c'est aussi sur les droits de douane que ça doit se jouer ?
01:13Absolument, et là encore au niveau européen.
01:17Et puis troisième idée, je souhaite que le juge puisse décider de placer et maintenir en rétention
01:24un étranger en situation irrégulière pour des motifs d'ordre public,
01:28parce qu'aujourd'hui ça n'est pas possible en droit et je trouve que ça n'est pas acceptable.
01:32Et donc ça, ça nécessite un changement de loi, une nouvelle législation à proposer au Parlement ?
01:36Ça nécessite des évolutions européennes.
01:38Nous avons commencé à militer activement pour que ce soit le cas.
01:42Si le Premier ministre en décide tout à l'heure, cet après-midi lors de ce comité interministériel,
01:47alors nous allons mettre les bouchées doubles pour faire en sorte que ces mesures puissent entrer en vigueur.
01:52Cet après-midi, le Premier ministre qui devrait donc faire des annonces à l'issue de ce comité interministériel,
01:56c'est lui qui va porter les annonces ? Vous attendez des décisions fortes aujourd'hui ?
02:00Je crois que nous avons besoin de décupler nos efforts pour répondre aux aspirations des Français,
02:05celles d'une reprise de contrôle de notre politique migratoire
02:08et en particulier de contrôle des flux d'immigration irrégulière.
02:12Et on comprend bien Jean-Noël Barraud que ce que vous proposez notamment, ça va prendre du temps,
02:15ça ne pourra pas se faire en quelques jours ou quelques semaines.
02:17Ce n'est pas une raison pour ne pas l'initier,
02:19mais si nous voulons avoir le maximum d'efficacité avec notre politique migratoire,
02:23il y a beaucoup de choses qui seront beaucoup plus efficaces si nous passons par le niveau européen.
02:27Mais est-ce que vous pensez notamment que l'Algérie continue d'humilier la France,
02:30comme le dit par exemple votre collègue de l'intérieur Bruno Retailleau ?
02:33Le Premier ministre l'a dit, le fait pour l'Algérie de refuser de reprendre des Algériens qui sont en France,
02:37en situation irrégulière, c'est inacceptable.
02:40La détention de notre compatriote Boilem Sansal, c'est injustifiable.
02:44Les déclarations hostiles qui visent les autorités françaises, c'est tout à fait indigne.
02:48Et donc cette stratégie notamment de raffort de force,
02:51peut-être de changer d'approche avec l'Algérie, ça c'est quelque chose qu'il faut faire.
02:54Il faut changer notre façon de parler à l'Algérie ?
02:56Il y a toute une palette de mesures, de démarches que nous pouvons prendre.
02:59Je l'ai dit hier, il y a quelques semaines déjà,
03:01et sans attendre d'ailleurs la tragédie et l'attaque terroriste à Mulhouse,
03:05nous avons pris des mesures de restriction de circulation,
03:08d'accès au territoire national de certains dignitaires algériens.
03:12Il faut aller plus loin.
03:13Si la coopération reprend, alors ces mesures peuvent être suspendues.
03:16Si elle ne reprend pas, alors je suis prêt, nous sommes prêts à en prendre davantage de mesures.
03:21Vous évoquiez l'écrivain franco-algérien Boilem Sansal,
03:23qui est toujours détenu arbitrairement en Algérie depuis mi-novembre.
03:26Comment va-t-il ?
03:27Je suis très préoccupé par sa santé, je suis très préoccupé par son moral.
03:32Nous avons reçu des informations qui sont particulièrement inquiétantes.
03:36Son avocat a dit il y a deux jours qu'il avait entamé une grève de la faim.
03:38En tout cas, ce qui nous est parvenu, c'est l'information selon laquelle
03:42il aurait dessaisi ses avocats, Boilem Sansal,
03:45dans des conditions que nous ne connaissons pas
03:47et que nous allons nous attacher à vérifier dans les jours qui viennent.
03:50Nous sommes avec l'ambassadeur sur place en contact avec son avocat algérien,
03:56ainsi qu'avec le bâtonnier.
03:58Vous ne savez pas si c'est lui qui a pu prendre ces décisions de manière complètement libre ?
04:02C'est une décision qui nous étonne et dont nous voulons éclaircir les circonstances.
04:05On suivra ça évidemment.
04:06Jean-Noël Barreau, vous revenez tout juste de Washington,
04:09vous avez rencontré le président Donald Trump aux côtés d'Emmanuel Macron,
04:12cette visite avec des poignées de main, des accolas,
04:16d'une ambiance chaleureuse en tout cas, en apparence, sur le fond.
04:20Est-ce que vous avez l'impression tout de même que Donald Trump a fait la moindre concession
04:23à l'Europe, à la France, sur sa méthode pour arrêter la guerre en Ukraine ?
04:27Je crois qu'il était effectivement très important que le président de la République
04:30puisse entrer dans la conversation au moment où il entrait dans la Maison Blanchet.
04:35On revient de Washington avec trois résultats qui me paraissent importants.
04:39Le premier qui s'est confirmé, c'était l'annonce de la venue prochaine à Washington,
04:44à la Maison Blanche, de Volodymyr Zelensky.
04:46Peut-être dès cette semaine, dès vendredi.
04:47Peut-être dès vendredi, en tout cas c'est ce qui a l'air de se confirmer cette nuit.
04:51Le deuxième élément, c'est que très clairement, comme nous l'avons fait depuis des semaines,
04:56le président Trump a bien fait la distinction entre une trêve, un cessez-le-feu et une paix durable.
05:03Ce qui est fondamental parce que des trêves et des cessez-le-feu en Ukraine, on en a eu.
05:07Elles ont été violées par la Russie qui, il y a trois ans, jour pour jour, a décidé d'envahir l'Ukraine.
05:13Puis le troisième élément, c'est que Donald Trump a, si l'on peut dire, consenti à ce que
05:19des Européens puissent garantir justement l'accord de paix lorsqu'il sera trouvé,
05:25que ces garanties puissent se manifester par des capacités militaires en Ukraine
05:31et que les États-Unis puissent soutenir cet effort.
05:33Et ça, c'était fondamental parce que c'est ce à quoi aspirent les Européens leur sécurité.
05:37Ça veut dire que la présence de troupes européennes pour sécuriser la frontière une fois que la paix sera actée,
05:41se fera aux côtés d'Américains, ça vous en avez la garantie ?
05:45En tout cas, les États-Unis seront en soutien.
05:47Et en tout cas, la présence de capacités militaires en Ukraine, quelles qu'elles soient,
05:52vous savez, c'est ce que la Russie a toujours refusé.
05:55Or, Donald Trump a dit, moi, si je fais venir Vladimir Poutine à la table des négociations,
06:00j'obtiendrai de lui qu'il accepte que des capacités militaires soient présentes une fois la paix trouvée,
06:06une fois la paix conclue, pour la garantir.
06:08Et ça, c'est un tournant qu'on attendait depuis dix ans.
06:11Emmanuel Macron n'a pas hésité parfois à interrompre, à corriger même certains chiffres donnés par Donald Trump
06:15devant les caméras en pleine conférence de presse.
06:17Est-ce que c'est la bonne méthode avec Trump ?
06:19Est-ce qu'il faut le séduire et un peu de fermeté parfois ?
06:21Je crois en tout cas qu'il faut corriger un certain nombre d'idées reçues.
06:24La Russie, c'est 2% de la richesse mondiale.
06:28L'Union Européenne, c'est 20%.
06:30Et l'Union Européenne, c'est le premier partenaire commercial des États-Unis.
06:34Et donc, il fallait que Donald Trump, mais aussi que son entourage, son équipe,
06:38prennent bien conscience que ce qui se joue, c'est la relation entre l'Europe et les États-Unis.
06:42Et ce qui se joue en Ukraine, c'est la sécurité des Européens.
06:45Et donc, c'est un sujet que nous prenons très au sérieux.
06:47Sur le montant de l'aide apportée par les États-Unis à l'Ukraine,
06:50Donald Trump continue de raconter, pardon, n'importe quoi.
06:52Des chiffres faux, 350 milliards de dollars, dit-il, alors que ce serait autour de 114 milliards.
06:57Et puis, il a minimisé dans ses propos, dans ses premiers propos,
07:00l'aide que les Européens ont apportée.
07:02C'est 134 milliards d'euros, 138 milliards de dollars,
07:05ce que le Président a pu rectifier.
07:08Mais je précise que ça s'est fait, vous l'avez vu sur les images,
07:11parce qu'il y a entre les deux hommes une relation qui est marquée
07:15par de l'amitié, de l'estime et de la franchise,
07:18ce qui a permis au Président de la République,
07:20dans le bureau du Président américain, de faire ces rectifications.
07:23Franchise, mais amitié aussi, on reprend bien.
07:26Juste pour finir, un ressortissant français,
07:28qui est toujours détenu par le mouvement terroriste à masse dans la bande de Gaza,
07:31il s'agit d'Oad Yamalomi, pardon pour la prononciation.
07:35Est-ce que vous avez espoir qu'il soit prochainement libéré ?
07:38Nous avions deux otages, jusqu'à ce qu'il y a quelques semaines,
07:42retenus dans l'enfer de la captivité à Gaza.
07:45Au fait, Calderon a été libéré.
07:47J'ai pu m'entretenir avec lui hier matin, ainsi qu'avec sa fille.
07:51Je l'ai trouvé en bonne forme, j'ai trouvé qu'il avait une bonne voix.
07:54Je l'ai invité d'ailleurs, c'est un grand cycliste,
07:56à venir en France, à l'été prochain, pour le Tour de France.
08:00Quant à Oad Yamalomi, j'ai une pensée pour lui, j'ai une pensée pour sa famille.
08:03Nous sommes extrêmement inquiets, nous n'avons toujours aucune nouvelle.
08:06J'espère qu'il nous reviendra en bonne santé,
08:08mais malheureusement, je ne peux pas le garantir.
08:10Un dernier mot, la députée européenne LFI, Rima Hassan,
08:13qui a été refoulée par les autorités israéliennes,
08:15après son arrivée à l'aéroport Ben Gurion de Tel Aviv.
08:17Vous comprenez cette décision ?
08:19Parce qu'effectivement, du côté de la France Insoumise,
08:21on en fait toute une question politique.
08:23Je n'en ai pas le détail.
08:25J'ai suivi les déclarations de Mme Hassan depuis le 7 octobre 2023,
08:30qui ont été d'une très grande indignité.
08:33Jean-Noël Barreau, ministre des Affaires étrangères,
08:35t'es l'invité des quatre V aujourd'hui. Merci, bonne journée.
08:37Merci à vous.