Passer au playerPasser au contenu principalPasser au pied de page
  • hier
Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Mardi 22 avril 2025 : l'acteur et humoriste Hakim Jemili. Il est à l'affiche à partir de demain du film "L'amour, c'est surcoté", de Mourad Winter.

Catégorie

🗞
News
Transcription
00:00Bonjour Hakim Gemini. Bonjour madame, comment allez-vous ?
00:02Ça va, madame. En tout cas, c'est poli.
00:07C'est avec le collectif Le Whoop que vous vous êtes fait connaître sur YouTube,
00:10délaissant définitivement la pelouse verte des terrains de foot vers lesquels vous vous destiniez.
00:14L'humour est donc la clé pour guérir. Oubliez la rupture de ligaments croisés,
00:18le mental un peu faible de sportifs de haut niveau, on va se mentir.
00:21Alors à la question « Est-ce grave docteur ? » posé par Michel Blanc en 2019,
00:25la réponse c'est qu'avec le rire, non, rien n'est grave.
00:27La preuve, vous avez été validé dans le métier à de nombreuses reprises,
00:30et notamment par Franck Gaston-Bide sur Canal+.
00:33Aujourd'hui, vous êtes à l'affiche du film « L'amour s'est surcoté » aux côtés de Laura Felpin.
00:37C'est une comédie signée Mourad Winter,
00:40qui a d'ores et déjà reçu la mention spéciale du jury au Festival international de l'Alpe d'Huez.
00:45Vous êtes à Nice, un homme seul, qui subit son célibat autant qu'il tente d'y mettre fin.
00:50Depuis son enfance, ses trois meilleurs amis sont son quotidien,
00:53jusqu'à la disparition de l'un d'entre eux.
00:55Un décès qui le ronge quand il rencontre Madeleine.
00:58Elle va rapidement devenir cet oxygène nécessaire pour lui permettre d'avancer,
01:02de changer, de grandir.
01:04C'est une comédie romantique, Hakim, dont vous êtes le héros.
01:09Est-ce une fierté ?
01:10Le rire, il m'a fait rire.
01:13Je suis très très fier d'être le héros d'une comédie romantique.
01:16J'en parlais avec un ami qui me dit « peut-être que tu te rends compte ».
01:18Est-ce que tu te serais dit qu'un jour, tu serais le héros d'une comédie romantique ?
01:21Et franchement, non.
01:23Je me suis posé la question de savoir, justement, enfant, si vous rêviez à ça.
01:26Non, parce que c'était très loin de ce que j'avais en tête.
01:33C'était impossible pour moi.
01:34Je ne me suis jamais considéré comme un beau gosse ou quelqu'un qui ferait rêver qui que ce soit.
01:41Et en fait, je ne dis pas que c'est le cas.
01:44Mais c'est vrai que c'est quelque chose de très spécial d'être le héros d'une comédie romantique, effectivement.
01:49Le regard de l'autre, dans ce film, montre à quel point il permet de grandir, de se faire confiance ?
01:56Le regard de l'autre ou le regard de Madeleine ?
01:57Le regard de Madeleine, donc le regard de l'autre, de la personne qu'on aime, finalement.
02:02Oui, je pense qu'on a tous besoin d'avoir une petite Madeleine dans notre vie, en vérité.
02:06Parce que souvent, lorsque les gens sont prêts à vous abandonner,
02:10notamment dans le film, Anis, ce n'est pas quelqu'un qui, en vérité, est attirant.
02:14Il est marrant.
02:15C'est tout ce qu'on lui trouve comme qualité.
02:16Mais sinon, c'est un menteur.
02:18C'est un mec qui n'a pas très confiance en lui.
02:20C'est un mec qui avante plein d'histoires tous les jours.
02:22Ce n'est pas quelqu'un de très fréquentable, entre guillemets, surtout en couple.
02:26Mais ce mec-là, il a besoin d'une seule chose, c'est d'être sauvé.
02:29On a besoin de gens comme Madeleine.
02:31Sinon, on est mort.
02:32Ce film, il met l'accent sur...
02:34En tout cas, il met un coup de projecteur sur l'importance de l'humour, sur la puissance de l'humour.
02:39D'ailleurs, il y a des textes qui sont forts.
02:40L'humour comme un pansement à la tristesse et à l'amorosité,
02:43sauf qu'on ne soigne pas une hémorragie avec un pansement.
02:47Qu'est-ce que ça a soigné chez vous, l'humour, alors ?
02:49Tout, absolument tout.
02:51C'est-à-dire qu'on a ri de n'importe quel drame depuis qu'on est petit.
02:54On nous a toujours fait comprendre qu'il fallait vite passer à autre chose.
02:58Mais ce n'est pas bon.
02:59Ce n'est pas bon.
02:59C'est exactement ce qui est expliqué dans le film.
03:01Parce que ce genre de choses, que ce soit des décès, de pertes de proches ou autre,
03:06on n'en parle pas entre nous, on en rit.
03:08Mais en fait, ça nous plombe et on ne s'en rend pas compte.
03:10C'est une petite noirceur dans le cœur et on ne s'en rend pas compte.
03:12Vous la portez cette noirceur un peu, Hakim ?
03:15C'est marrant, vous avez une forme de tristesse, vous portez une forme de tristesse.
03:18Elle vient d'où cette tristesse ?
03:20Elle vient de tout ça, je pense, ouais.
03:21Elle vient de l'endroit dans lequel on a pu grandir,
03:25ce qu'on a pu vivre en étant plus jeune.
03:27Et justement, de ce que je viens de vous dire,
03:28c'est-à-dire qu'on a toujours omis de parler de certaines choses
03:31qui nous ont, en vérité, énormément blessées.
03:34On a mis ça dans un coin de la tête,
03:36de manière à les oublier complètement, mais en vérité, elles sont toujours là.
03:39Et aujourd'hui, moi je suis complètement guéri,
03:41enfin je pense en tout cas.
03:42Mais c'est vrai que ça m'a joué des tours dans ma vie.
03:47Qu'est-ce qui vous a le plus marqué alors ?
03:49Dans ma vie, qu'est-ce qui m'a le plus marqué ?
03:50Dans cette construction d'homme, justement.
03:54Ce qui m'a le plus marqué, je dirais,
03:56il n'y a pas quelque chose qui m'a marqué spécifiquement,
03:58mais je dirais que c'est une accumulation.
04:00Je dirais que j'ai...
04:01Je dirais que j'ai beaucoup été frustré
04:04quand j'étais plus jeune par le manque d'argent, par exemple.
04:05de ne pas pouvoir obtenir certaines choses que mes amis avaient.
04:11Ensuite, en fait, c'est l'accumulation de plusieurs frustrations.
04:14Ensuite, lorsque je...
04:15C'est l'incompréhension de qui j'étais,
04:18le peu de main tendue,
04:21ça frustre.
04:22On se dit, mais en fait, pourquoi les gens ne me comprennent pas ?
04:24Qu'est-ce qu'il y a de si spécial ?
04:25Et ensuite, quand tu réfléchis, tu étudies, tu comprends
04:28qu'en fait, c'est des gens à l'époque qui n'ont pas voulu t'aider.
04:31Je pense notamment à Charles de Gaulle, par exemple,
04:34qui a créé ce phénomène de ghettoïsation
04:37qui fait qu'on est restés tous coincés
04:40dans des endroits un peu relous, quoi,
04:42qui ne nous permettent pas de viser plus haut.
04:45Vous, vous avez toujours visé plus haut.
04:47Il y a une phrase dans le film qui dit
04:49si la Lune ne te tourne pas le dos,
04:53tu ne dois pas être freiné par les étoiles.
04:55Il y a un impact.
04:57C'est vrai qu'on a toujours cette image
04:59de si notre doigt montre la Lune,
05:01au minimum, on tombe dans les étoiles.
05:02Vous avez toujours rêvé, justement, de vous en sortir,
05:04de sortir de là, de votre condition ?
05:07Toute ma vie.
05:08Moi, je me rappelle que je répétais à mes potes
05:10à chaque fois, les gars, vous allez voir,
05:11dans dix ans, je serai là.
05:12Alors que je ne savais pas du tout où je serai,
05:13mais vous allez voir, je vais réussir.
05:15En fait, c'était une manière de me motiver.
05:16Le fait de le dire à l'oral,
05:18à mes amis proches d'enfance,
05:21c'était une manière à moi de me dire
05:23« Allez, il faut aller de l'avant,
05:24il faut aller, il ne faut pas abandonner, etc. »
05:26Mais c'est vrai qu'on avait la possibilité
05:28de faire des trucs un peu plus simples,
05:30de faire de l'argent un peu plus facile.
05:32Mais j'ai eu la chance quand même
05:33d'avoir des parents assez stricts derrière moi.
05:36Vous avez démarré avec Le Hoop,
05:37avec Mister V,
05:39il y avait Youssouf Adyabi,
05:41Hugo Toussul,
05:42Jérémy D'Ethlou,
05:44Malcolm to the World,
05:45un peu de 800 millions de vues.
05:47Quand même, c'est l'histoire
05:48de cette jeune humoriste américain
05:50qui parle français pour le public,
05:52mais ils viennent de Brooklyn.
05:54Il y a eu quand même 200 dates de show,
05:56il y a eu des scènes,
05:58des bataclans complets.
06:02Ça vous a permis d'apprendre
06:03justement davantage ce qui vous étiez,
06:05ce qui vous plaisait,
06:05l'humour, la relation avec le public ?
06:08Moi, le Hoop, c'est ma renaissance.
06:10C'est-à-dire que j'étais
06:11de mes 17-18 à Hoop,
06:15donc je devais avoir quoi,
06:1623 ans peut-être, 24.
06:17J'étais pas en dépression,
06:19mais j'étais pas bien,
06:22j'étais pas quelqu'un de bien dans ma peau.
06:24Et ni dans ma tête, ni nulle part.
06:25J'étais pas bien,
06:26je me cherchais complètement,
06:26j'étais pas heureux.
06:28Et le Hoop, en fait,
06:29ça m'a permis de, entre guillemets,
06:31de reprendre confiance en moi.
06:33Et ce sont des gens, en fait,
06:34qui ont eu confiance en moi
06:35et qui ont directement cru
06:36en mes capacités.
06:37Ça m'a fait énormément de bien.
06:39Et c'était une des plus belles aventures
06:40professionnelles de toute ma vie.
06:42Ça représente quoi, fatigué,
06:43ce nouveau spectacle, pour vous ?
06:45Fatigué, vous savez,
06:48ça parle de certains sujets
06:50qui sont un peu tabous, je dirais.
06:53Mais j'essaie de les rendre...
06:54Ça vous préoccupe toujours.
06:55Ouais, ouais, ouais.
06:56Je parle beaucoup
06:57d'être en génération d'immigrés.
06:58Je parle de ce problème qu'on a, nous,
07:01cette génération
07:01qui sommes complètement français.
07:04Mais qui sommes aussi
07:05issus de pays maghrébins
07:07ou subsahariens ou autres,
07:08avec une religion différente,
07:10qui n'a pas les mêmes codes,
07:12forcément, que les autres gens
07:14qui n'ont pas grandi
07:15dans les cités autres.
07:16Donc je parle de tout ça.
07:17J'essaie d'expliquer un peu
07:18le pourquoi du comment,
07:18pourquoi est-ce qu'on se comprend pas
07:19tout de suite, toujours, maintenant.
07:22Et qu'il faut un peu de temps, quoi.
07:23Il faut un peu de temps
07:24pour qu'on puisse...
07:26Moi, ça y est, j'ai 35 ans, là.
07:28Je suis un peu vieux.
07:29Donc j'ai compris pas mal de choses.
07:31Mais c'est surtout
07:32pour les jeunes, en vérité.
07:33Pour terminer,
07:35humoriste,
07:36c'est le métier,
07:37vous le dites,
07:38le plus juste qu'il soit.
07:39Oui.
07:40C'est-à-dire ?
07:41C'est-à-dire que
07:42même s'il y a, évidemment,
07:44de la discrimination
07:45comme dans tous les métiers du monde,
07:46c'est le métier artistique
07:48dans lequel il y en a le moins.
07:49Parce que c'est le public
07:50qui choisit.
07:51C'est pas les producteurs,
07:52c'est pas les scénaristes,
07:53c'est pas les distributeurs.
07:55Tu postes une vidéo de toi
07:57sur Internet,
07:57les gens ont aimé,
07:58ils achètent un ticket.
07:59S'ils n'ont pas aimé,
07:59ils n'achètent pas de ticket.
08:00C'est aussi simple que ça.
08:01Donc peu importe tes origines,
08:02peu importe qui tu es,
08:04si c'est marrant, c'est marrant.
08:05Si c'est pas marrant,
08:06les gens reviennent pas.

Recommandations