Avec Monseigneur Bruno Valentin, évêque du diocèse de Carcassonne et Narbonne
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NewsTranscription
00:00Le Grand Matin Sud Radio, 7h-9h, Jean-Jacques Bourdin.
00:04Avec nous Mgr Bruno Valentin, évêque du diocèse de Carcassonne et Narbonne.
00:08Mgr, bonjour.
00:10Bonjour Jean-Jacques Bourdin.
00:11Merci d'être avec nous.
00:13Le pape François était un pasteur dans l'âme.
00:16Vous l'avez rencontré à plusieurs reprises lorsque vous étiez évêque adjoint à Versailles,
00:22évêque de ce diocèse de Carcassonne et Narbonne.
00:27Pasteur dans l'âme, Mgr Valentin.
00:31Oui, vous avez raison, on peut vraiment dire ça, c'est-à-dire un homme impliqué.
00:34Impliqué à l'écoute des situations concrètes qu'on lui présentait.
00:37Pasteur dans l'âme, vraiment, oui.
00:39Oui, il voulait attirer ceux qui n'entraient jamais dans une église.
00:43Et parfois, parfois, il fustigeait les fidèles,
00:47leur reprochant de ne jamais faire assez pour les plus pauvres et pour les migrants également.
00:54Oui, alors il aimait bien dire aux chrétiens et aux évêques que Jésus frappe à la porte,
00:59mais pas pour entrer, pour sortir, pour que vous, vous le laissiez sortir de l'église
01:03pour qu'il aille vers les gens.
01:04Voilà, ça c'était sa vision des choses, de dire qu'on ne doit pas s'enfermer dans des sacristies
01:09et ni même chercher à enfermer les gens dans nos sacristies,
01:12mais aller au plus loin, quoi.
01:13Très attentif, très attentif aux malheurs du monde et aux malheurs de chacun.
01:21Oui, et puis vraiment très sensible à ce qu'il appelait la culture du déchet,
01:26c'est-à-dire cette tendance de nos sociétés riches à se replier sur elles-mêmes
01:30et à mettre de côté toujours, y compris en interne de la société,
01:34les plus fragiles, les plus pauvres, les plus délaissés, quoi.
01:36Oui, oui, oui. En fait, c'était un pape très spirituel, Mgr Valentin.
01:43Alors, vous avez tout à fait raison, Jacques Bourdin.
01:44On parle beaucoup, depuis 24 heures, de la dimension politique, de son rôle.
01:48Et cette dimension politique, on ne la comprend pas en dehors de son enracinement spirituel.
01:52Vous avez tout à fait raison.
01:53Oui, enracinement spirituel.
01:55D'abord, il réfléchissait énormément.
02:02Vous dites, il n'hésitait pas, par exemple, à parler du diable,
02:06qui pouvait être un sujet dont on ne parlait pas beaucoup dans l'Église.
02:12Oui, c'est vrai.
02:13C'est vrai que pour nous, occidentaux en particulier,
02:15c'est un sujet qui peut sembler un peu poussiéreux, un peu désuet.
02:19Mais lui, il l'évoquait très clairement comme une des racines
02:22de tout ce qui dysfonctionne dans le monde.
02:23Il avait un regard très clair sur la dimension spirituelle du mal à l'œuvre dans le monde.
02:29Oui, il a soutenu l'écologie, il a tendu la main aux autres religions.
02:32Il n'a pas hésité.
02:34Il n'a pas hésité.
02:35Il a multiplié les gestes et les paroles d'ouverture.
02:39Et de manière très courageuse, y compris physiquement.
02:41Rappelez-vous son voyage en Irak,
02:43où il n'a pas hésité à aller au contact des populations chiites,
02:47au péril de sa propre vie,
02:49puisqu'on a su après qu'il y avait eu deux projets d'attentats
02:51qui avaient été déjoués in extremis.
02:53Il n'a pas hésité, comme vous dites, à tendre la main
02:55pour essayer de faire avancer un peu de paix et de concorde
02:59dans un monde qu'on a bien besoin, quoi.
03:00Il a marqué son passage au Vatican.
03:04Rien ne sera plus comme avant.
03:07Oui, je crois.
03:08Je crois que dans la manière d'être pape,
03:10dans les règles de l'Église,
03:12dans des sujets peut-être moins médiatisés,
03:14comme les circuits financiers du Vatican,
03:16il a réformé les choses de manière irrémédiable.
03:18Sérénité, stabilité, besoin de calme, maintenant,
03:23pour la succession, Mgr Valentin.
03:26Oui, je crois que les cardinaux ont bien besoin
03:28des trois semaines qui s'ouvrent pour parler,
03:31pour se connaître, d'abord,
03:32parce que comme le pape a créé des cardinaux
03:34aux quatre coins du monde,
03:35et jusque dans des tout petits pays,
03:36il faut qu'ils se connaissent,
03:37et aussi qu'ils fassent le point sur les défis de l'avenir
03:40pour décider lequel d'entre eux sera le mieux à même de les relever.
03:43Dans votre diocèse, le diocèse de Carcassonne et Narbonne,
03:49j'imagine que vous avez reçu de très très nombreux témoignages
03:53depuis hier matin.
03:55Oui, spontanément, avec simplement le relais des réseaux sociaux,
04:00j'ai invité du matin pour l'après-midi
04:02ceux qui souhaitaient à se réunir pour prier,
04:04et il est venu 250 personnes dans une église de Carcassonne.
04:08Donc c'est un reflet de l'émotion qui est réelle,
04:11un peu partout sur le territoire,
04:12et jusque dans des diocèses très ruraux comme l'Aude, oui.
04:15Alors on dit, dans justement,
04:18diocèse très rurale comme celui de l'Aude,
04:20on dit qu'il y a un vrai retour vers la religion,
04:24qu'elle soit catholique ou autre,
04:26mais un vrai retour vers la religion.
04:28Est-ce que vous pensez que le pape François a participé à ce retour ?
04:32Il a su parler aux jeunes, par exemple ?
04:36Alors je pense qu'il y a participé de deux manières.
04:38D'abord, effectivement, par un style,
04:40par une manière de parler simple,
04:42et qui au fond a donné à voir quelque chose de la force de l'évangile,
04:47je crois,
04:47et puis aussi par ses efforts de purification de l'église.
04:50Je pense que par exemple,
04:52tout son combat contre les abus sexuels dans l'église
04:54n'est pas étranger au fait que l'église retrouve une certaine crédibilité,
05:01une certaine capacité à faire entendre l'évangile.
05:03– Une ouverture, simple ouverture,
05:07il n'est pas allé jusqu'au bout,
05:09mais simple ouverture vers les homosexuels,
05:14aussi, Mgr Bruno Valentin,
05:17pour les femmes aussi,
05:19il a ouvert un peu plus l'église aux femmes.
05:22– Oui, absolument,
05:24et il a vraiment poussé à ce que soit mis à plat
05:27la question de la place des femmes dans l'église,
05:29les responsabilités qu'on peut leur confier.
05:31Il a pris des mesures audacieuses.
05:34Dans les ministères qui entourent le pape,
05:36il a nommé des femmes ministres.
05:38La responsable mondiale, par exemple,
05:40de tous les religieux et religieuses du monde,
05:43c'est aujourd'hui une femme,
05:44ça ne s'est jamais vu.
05:45Le gouverneur de l'État du Vatican,
05:47qui dirige tout le personnel du Vatican
05:49et les questions financières au Vatican,
05:52c'est une femme.
05:53Là encore, ça ne s'était jamais vu.
05:54Donc oui, il a vraiment poussé
05:57pour faire monter les femmes
05:58à des postes de très haute responsabilité,
06:00et il encourage les diocèses,
06:02les paroisses à faire d'eux-mêmes.
06:03– Oui, ce n'était pas un politicien,
06:06mais il était tout de même très politique
06:08à travers ses prises de position.
06:12Quand je vois aujourd'hui,
06:14il a été admiré,
06:16il a été applaudi,
06:18mais il a aussi été détesté,
06:21Mgr Valentin.
06:22– Oui, absolument,
06:23et moi personnellement,
06:25hier aux gens qui étaient venus prier avec moi à Carcassonne,
06:27je leur ai dit, ne vous demandez pas tellement
06:30ce qu'il vous a apporté
06:32en termes de ce qu'il vous a conforté
06:34dans ce que vous pensiez déjà.
06:36Demandez-vous là où il vous a dérangé,
06:38là où il vous a fait bouger,
06:39là où il vous a remis en question,
06:41parce qu'au fond,
06:41c'est là où il aura été le plus utile pour vous.
06:43– C'est ce qu'il cherchait d'ailleurs ?
06:45– Oui, certainement.
06:46– Il cherchait à déranger, Mgr Valentin ?
06:48– Il cherchait à faire avancer les choses,
06:51et pour avancer, il faut accepter de se déranger, oui.
06:53– Oui, oui.
06:55Maintenant, il va falloir choisir.
06:57D'abord, je crois que les obsèques ont lieu
07:00entre 4 et 6 jours,
07:02probablement samedi, non ?
07:05– Oui, c'est ça, probablement,
07:06parce qu'on imagine mal des obsèques un dimanche,
07:09et vendredi c'est très rapide,
07:10donc probablement samedi, mais on le sait.
07:11– Réunion du conclave ?
07:14– Alors là aussi, je pense que ce sera décidé rapidement,
07:16mais la règle, c'est minimum 15 jours
07:19après la mort du pape,
07:20et maximum 3 semaines.
07:22Donc ça nous met entre le 5 et le 10 mai.
07:24– Entre le 5 et le 10 mai,
07:26le conclave pour désigner.
07:27Vous avez un favori ?
07:29Mgr Valentin ?
07:30– Non, non, ne serait-ce que parce que
07:34si vous relisez les listes de favoris de 2013,
07:37le pape François ne figure dans aucune.
07:39Donc on voit ce que va les listes de favoris.
07:42– Oui, oui, c'est vrai que...
07:43C'est vrai, il faut se rappeler cela.
07:46Il a été...
07:47– Oui, absolument.
07:47– Lui, né dans un faubourg populaire de Benozer,
07:53qui tout à coup est devenu pape à la surprise générale,
07:56Mgr Valentin.
07:57– Oui, il n'était pas du tout attendu,
08:00et c'est pour ça qu'on peut, là encore,
08:03à nouveau s'attendre à des surprises,
08:04parce que ce pape, il a nommé des cardinaux
08:06dans des endroits où on n'en avait jamais mis,
08:08en Mongolie, au Timor-Oriental.
08:10Donc on peut voir émerger un pape
08:13venu d'horizons tout à fait nouveaux.
08:14– Merci beaucoup Mgr Valentin
08:17d'avoir été avec nous ce matin.
08:18– Bonne journée.
08:19– Merci, bonne journée.
08:20Il est quelle heure ?
08:21Il est 7h18.
08:22Vous êtes sur l'antenne de Sud Radio.
08:24Sud Radio, la radio qu'il vous faut.
08:27Tiens, pourquoi pas ?
08:28Tiens, je viens d'inventer,
08:28c'est pas mal ça, non ?
08:29– Je viens de le noter.
08:32Voilà, on va le garder,
08:32on va se faire un petit jingle.
08:33– La radio qu'il vous faut, Sud Radio,
08:35bah oui, c'est vrai,
08:36c'est la radio qu'il vous faut.
08:38Il est 7h19.
08:39Allez, le rappel des titres de l'actualité
08:41avec Laurie Leclerc.
08:42– Sous-titrage ST' 501