Avec Luc Gras, politologue, auteur de "La démocratie en péril" / Arnaud Benedetti, rédacteur en chef de la Revue politique et parlementaire, fondateur du Comité de soutien international à Boualem Sansal / Kévin Boucaud-Victoire, rédacteur en chef Débats & idées à Marianne, co-fondateur de la revue Le Comptoir, auteur de "Mon antiracisme" éd Desclée de Brouwer
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NewsTranscription
00:00:01Sud Radio, midi 14h, Alexis Poulin sans réserve.
00:00:05François Bayrou espère s'imposer comme l'homme de la situation.
00:00:09Hum, burger.
00:00:10Nous allons découvrir ce soir le destin d'un génie mondialement connu.
00:00:14Citron bouillant avec du miel.
00:00:16Voilà, non.
00:00:18Il peut se flatter d'avoir le grand roi pour défenseur.
00:00:21Je remercie François Bayrou de son choix.
00:00:23Excusez-moi, excusez-moi.
00:00:26Ce silence-là, c'est vraiment du Molière.
00:00:28Nous ne produisons pas assez et nous ne travaillons pas assez.
00:00:31Voilà comment il se définit.
00:00:32Le fond de ce que je suis, c'est père de famille.
00:00:35Les Français se sont reconnus dans cette autorité paternelle.
00:00:40La personnalité reste pleine de zones d'envie.
00:00:43Gémeaux, ascendant, balance.
00:00:45Centrisque.
00:00:46Non, non, non, c'est central.
00:00:49Ah là là, on ne va pas parler que de François Bayrou,
00:00:52mais on va commencer évidemment avec lui.
00:00:54Est-il maître de la situation ou bien nous mène-t-il tous en bateau ?
00:00:57Luc Gras, politologue, auteur de La Démocratie en Péril, sera notre invité.
00:01:01Ensuite, à 12h30, on parlera de Boilem Sans Salle.
00:01:05Va-t-il enfin devenir un sujet d'État ?
00:01:07D'ailleurs, le comité de soutien à Boilem Sans Salle a rencontré François Bayrou cette semaine.
00:01:11Arnaud Badenetti, rédacteur en chef de la revue Politique Parlementaire
00:01:15et fondateur du comité de soutien international à Boilem Sans Salle, sera notre invité.
00:01:18Et puis, à 13h, on va parler de racisme, d'antiracisme avec Kevin Boucault-Victoire,
00:01:24rédacteur en chef débat Idéa Marial, cofondateur de la revue Le Comptoir
00:01:27et auteur de Mon Antiracisme aux éditions des Clés de Brouvert.
00:01:31Restez avec nous, on est sur Sud Radio ensemble jusqu'à 14h.
00:01:34A tout de suite.
00:01:35Alexis Poulin, sans réserve, l'invité.
00:01:38Et notre invité pour commencer cette émission est Luc Gras, politologue, auteur de La démocratie en péril.
00:01:45Bonjour Luc.
00:01:47Bonjour Alexis.
00:01:48Merci d'être avec nous.
00:01:49Alors, je voulais avec vous revenir sur les déclarations de François Bayrou lors de cette conférence de presse.
00:01:56Je ne sais pas comment il a appelé ça, où il a expliqué que les Français ne travaillaient pas assez
00:02:00et que le budget de l'État était dans le rouge pour ne pas dire qu'on était en faillite.
00:02:05Qu'est-ce que vous avez pensé de cet exercice qui finalement était une sorte de bâton de parole
00:02:11pour dire aux Français que c'était très très grave et qu'il allait falloir faire beaucoup d'efforts.
00:02:16À part ça...
00:02:18Bien, vous avez bien raison Alexis, le bâton de pèlerin ne va pas faire de miracle.
00:02:24On le sait bien, Bayrou nous a fait principalement deux annonces.
00:02:29Un, la situation est catastrophique et deux, j'ai aucune idée de solution à proposer aux Français.
00:02:37Or, c'est tout l'inverse qu'il aurait peut-être fallu faire.
00:02:40Dire aux Français, on a de nombreux atouts, même si la situation va être incontestablement difficile sur le plan financier.
00:02:48Mais voilà les pistes.
00:02:49Voilà ce qu'on attend d'un Premier ministre qu'il soit nommé parce qu'il a des idées.
00:02:54Et voici donc les grandes pistes sur lesquelles chacun sera invité à réfléchir dans la perspective de trancher le 14 juillet.
00:03:02Au lieu de cela, il renvoie la patate chaude aux autres, mais lui-même n'a rien proposé.
00:03:08Donc je trouve que pour mener un pays, il faut avoir une vision et il faut emmener le peuple dans une direction.
00:03:15Et ce n'a, me semble-t-il, pas été fait ce jour-là.
00:03:17Mais justement, ça c'est la méthode Bayrou, non ?
00:03:21Parler, alors pour les retraites, il y avait cette idée de conclave.
00:03:25Pour la faillite budgétaire, nous allons prendre le temps de parler et puis on fera des annonces critiques pendant les vacances des Français.
00:03:33C'est la méthode Bayrou, ça, on devrait ne pas être surpris.
00:03:36Alors c'est ce que j'ai résumé.
00:03:38Rappelez-vous, le titre de cette conférence, c'était
00:03:40« La vérité permet d'agir ».
00:03:43Et en une seule formule, l'immobilisme permet de durer.
00:03:47Et c'est vrai que François Bayrou semble avoir des idées tant qu'il n'est pas au pouvoir.
00:03:51Dès qu'il arrive au pouvoir, il semble les oublier en chemin.
00:03:54Donc c'est assez fâcheux.
00:03:55Sérieusement, la situation...
00:03:58On a perdu Luc Gras, il me semble.
00:04:03Alors on va juste se marquer une pause et le retrouver.
00:04:06Il y a un petit problème de son, me semble-t-il.
00:04:10Et c'est vrai que ce slogan particulier, « La vérité permet d'agir ».
00:04:14Ça, c'était quand même assez cocasse.
00:04:16Puisque la vérité, on a l'impression qu'elle est cachée aux Français depuis longtemps.
00:04:23Rappelez-vous, ce dérapage budgétaire, 60 milliards d'euros qui avaient été masqués à l'époque où Gabriel Attal était Premier ministre,
00:04:30où Elisabeth Borne était Premier ministre.
00:04:32Tout ça fait qu'on se demande, il y a eu une commission d'enquête parlementaire quand même,
00:04:36pour comprendre d'où venait ce dérapage budgétaire.
00:04:39Commission d'enquête qui arrive à dire, finalement, on ne sait pas trop à qui la faute.
00:04:43C'est à Bercy, bien sûr.
00:04:44Mais on ne nomme pas ceux qui ont dissimulé cette réalité avant les élections européennes.
00:04:49On était en 2024.
00:04:51Alors il y a bien une particularité, Alexis, en France.
00:04:54C'est qu'il n'y a pas de responsabilité engagée par tout ce qui concerne la fonction publique.
00:04:59Ça, c'est une réalité.
00:05:00Les chiffres, on les connaît.
00:05:01Vous avez bien raison de le rappeler.
00:05:03C'est pourquoi cette conférence de presse n'avait pas vraiment de sens.
00:05:06On les connaît.
00:05:07On sait que la situation française est difficile.
00:05:09Mais on sait aussi pourquoi.
00:05:10On sait qu'il y a des mesures d'économie à faire qui ne sont pas engagées.
00:05:17Et il y a une volonté politique qui n'est pas présente.
00:05:20Et il y a une approche qui n'est pas la bonne.
00:05:22Je prends l'exemple des retraites.
00:05:24On nous bassine depuis des mois avec la question des retraites.
00:05:2910 milliards ne seraient pas dans les caisses de l'État chaque année.
00:05:32Mais en réalité, on ne se pose pas la question de la motivation au travail.
00:05:35Si vous motivez les gens au travail, à ce moment-là, peut-être qu'ils s'engagent plus tôt dans le travail.
00:05:40Peut-être qu'ils y restent plus tard.
00:05:41Pourquoi les gens s'en vont à 50 ans, à 55 ans ?
00:05:44Pas seulement parce que les entreprises n'en veulent plus.
00:05:46Parce qu'aujourd'hui, l'offre au niveau du travail ne permet pas
00:05:50ni l'intéressement à la décision, ni l'intéressement à la participation.
00:05:54Bref, toute cette thématique était gaullienne
00:05:56et qui permettait d'emporter le peuple dans une vision.
00:05:59Et là, on n'a pas cela.
00:06:01On a l'inverse, en fait.
00:06:03On a l'idée qu'il va falloir faire des économies.
00:06:05Ça, ça fait longtemps qu'on entend cette ritournelle.
00:06:07Et on voit bien que c'est toujours à peu près les mêmes postes
00:06:11où on va chercher à faire des économies, le social et la santé.
00:06:14Or, le social et la santé, c'est deux postes importants pour une société qui va bien.
00:06:18De se dire, est-ce qu'on ne pourrait pas aller chercher ailleurs ?
00:06:21Visiblement non.
00:06:22Quand il est question des privilèges de nos chers élus,
00:06:25pas touche, les 200 000 euros pour Bernard Cazeneuve qui est resté 6 mois Premier ministre.
00:06:29Ça, il ne faut pas y toucher.
00:06:30Ça, c'est normal.
00:06:31Ça, c'est de l'argent bien dépensé.
00:06:32Mais alors, quand il est question de raboter les arrêts maladie,
00:06:36de raboter l'assurance chômage,
00:06:38pour d'ailleurs laquelle les Français contribuent chaque mois
00:06:41en travaillant et en payant des cotisations,
00:06:43alors là, il y a du monde.
00:06:44Ça commence aussi à se voir que c'est toujours les mêmes qui payent.
00:06:49Vous avez raison.
00:06:50Il faut faire unité, souveraineté nationale.
00:06:53Vous comprenez qu'on ne gouverne pas à partir des statistiques.
00:06:56C'est justement la gloire et la grandeur de la politique.
00:06:58C'est de permettre que dépasser les statistiques,
00:07:02dépasser l'aspect comptable.
00:07:04Vous savez, dans n'importe quel club de sport,
00:07:07dans n'importe quelle famille,
00:07:08si on emporte l'assentiment,
00:07:10on peut emmener les gens loin.
00:07:12La France, aujourd'hui, manque d'un visionnaire
00:07:15qui les emmène plus loin.
00:07:16Et c'est vrai qu'on a eu en 1958
00:07:18le général de Gaune avec le plan RUEF
00:07:20qui a osé mettre en place des choses drastiques.
00:07:23Mais comme les Français avaient confiance,
00:07:25la confiance,
00:07:26eh bien, ils se sont engagés
00:07:27et le pays s'est redressé.
00:07:29Donc, arrêtons d'annoncer des malheurs.
00:07:32Le pays peut très bien,
00:07:33à beaucoup de ressources,
00:07:34peut très bien repartir.
00:07:35Mais encore faut-il qu'il y ait
00:07:37un capitaine au gouvernail.
00:07:39Oui, mais encore faut-il que le capitaine
00:07:41ait la pleine maîtrise du navire
00:07:43et que le navire ne soit pas coincé
00:07:44dans une piscine.
00:07:45Parce que, prenons l'Union Européenne,
00:07:47aujourd'hui,
00:07:48est-ce qu'on peut avoir un visionnaire
00:07:49à la tête de l'État ?
00:07:50Et est-ce qu'il pourrait faire des choses
00:07:51alors que l'Union Européenne
00:07:53demande des réformes structurelles ?
00:07:54Ce qui fait qu'on va avoir
00:07:55ce détricotage des acquis sociaux.
00:08:00Aujourd'hui, est-ce que la France
00:08:02a la capacité de proposer, en fait,
00:08:06une politique industrielle forte,
00:08:08une politique de souveraineté industrielle forte,
00:08:10une politique de dépense sociale maîtrisée,
00:08:13et surtout, maîtriser sa dette
00:08:14dans le cadre de l'euro.
00:08:16Est-ce que c'est possible ?
00:08:18Eh bien déjà, votre question
00:08:19est tout à fait pertinente.
00:08:20Commençons, puisqu'il semblerait
00:08:22que les exécutifs apprécient les rapports,
00:08:25commençons par faire un bilan
00:08:26de ce que nous a apporté l'Union Européenne.
00:08:28Ce serait bien.
00:08:29Ça marche, ça ne fonctionne pas.
00:08:31Et on verra bien qu'il y a des initiatives
00:08:34qui ne peuvent être prises
00:08:35qu'au niveau de la nation,
00:08:37de la souveraineté nationale,
00:08:38d'autres qui peuvent être prises
00:08:40en fonction du théorème
00:08:43de la subsidiarité au niveau européen.
00:08:46Et moi, je suis tout à fait prêt.
00:08:47Il faudrait examiner cela.
00:08:49Et à ce moment-là, on pourrait relancer.
00:08:50Il y a plein de choses à faire en France.
00:08:52Nous avons une industrie de l'armement
00:08:54qui est petite, mais qui est très compétente.
00:08:56On peut relancer.
00:08:57On peut relancer le chasseur
00:08:59de la sixième génération
00:09:00en s'appuyant sur Dassault.
00:09:01Il y a de l'hydrogène.
00:09:03On peut relancer les industries alternatives
00:09:07sur la base de ce que possède la France
00:09:09en termes techniques
00:09:10et même en termes de sous-sol et de vent, etc.
00:09:14Donc, vous voyez qu'il y a des possibilités,
00:09:16mais il ne faut pas évidemment
00:09:17que l'Union Européenne
00:09:18soit un blocage à cela.
00:09:20Ça, c'est tout à fait au niveau
00:09:22de la souveraineté nationale.
00:09:23Ça ne serait pas acceptable.
00:09:25Oui, malheureusement,
00:09:26c'est un peu ce qu'on voit en ce moment.
00:09:27Et François Bayrou,
00:09:29ça fait 50 ans qu'il est dans la vie politique.
00:09:32Ça se saurait s'il avait eu des idées en 50 ans.
00:09:35Il n'y a pas une loi qui porte son nom.
00:09:37Il n'a pas non plus laissé de grands souvenirs
00:09:39lors de ses passages ministériels.
00:09:41Et aujourd'hui, il voit la première ministre du désastre.
00:09:44On a l'impression qu'il est là
00:09:45pour finir un mandat,
00:09:47un deuxième mandat d'Emmanuel Macron
00:09:48qui va se finir par une catastrophe annoncée.
00:09:52Oui, alors Alexis,
00:09:53nous sommes le Vendredi Saint.
00:09:54Donc, soyez pas à table
00:09:56avec le démocrate chrétien François Bayrou.
00:09:59Ne l'accablons pas trop.
00:10:01Il peut racheter par les indulgences
00:10:04de notre part.
00:10:05Non, je crois qu'il est toujours temps
00:10:07de se réveiller.
00:10:08Il est temps de se réveiller
00:10:09et de dire aux Français
00:10:10justement ce qu'il avait annoncé,
00:10:12la parole de vérité.
00:10:13Oui, il y a des économies à faire
00:10:15d'un côté.
00:10:16Donc, il faut que la droite
00:10:18accepte de travailler
00:10:20sur ce sujet-là en particulier,
00:10:21mais la gauche aussi,
00:10:22sur les économies.
00:10:24Et puis, il faut aussi
00:10:24que chacun comprenne,
00:10:26que tout le monde devra
00:10:27faire un effort,
00:10:28mais l'effort ne peut être légitime
00:10:30que s'il est accepté.
00:10:32Or, aujourd'hui,
00:10:32c'est la vocation du politique,
00:10:34c'est de faire accepter les choses.
00:10:36Et pour cela, il faut une vision.
00:10:37On ne peut pas tourner autour du pot.
00:10:38Il faut qu'il y ait une vision
00:10:39pour le pays.
00:10:39Mais quelle est la vision aujourd'hui,
00:10:41si on regarde,
00:10:42que ce soit François Bayrou,
00:10:44Emmanuel Macron,
00:10:45tous ceux qui sont en train
00:10:47de s'annoncer pour 2027,
00:10:49on n'a pas l'impression
00:10:50que la vision,
00:10:52c'est un électrochoc
00:10:53ou un reset,
00:10:54ou du moins ce qu'a essayé
00:10:55de faire Trump
00:10:56avec le département
00:10:57de l'efficacité gouvernementale.
00:10:59On a l'impression
00:11:00que c'est continuer
00:11:01en faisant davantage d'économies
00:11:03et en ne cherchant pas
00:11:05les leviers de croissance.
00:11:07C'est quand même étonnant,
00:11:07cette cécité du corps politique.
00:11:10Alors, ce n'est pas tellement étonnant
00:11:13parce que, franchement,
00:11:14Emmanuel Macron,
00:11:14il a été élu pour ça en 2017.
00:11:16Depuis le 2017,
00:11:17il y a une politique de l'offre
00:11:19qui vise à, en gros,
00:11:21favoriser l'aspect financier.
00:11:23Il y a eu quelques résultats
00:11:24puisqu'il y a eu moins de chômage,
00:11:28il y a eu un petit peu
00:11:30de croissance de la production
00:11:31des entreprises,
00:11:33mais au résultat,
00:11:34on le voit bien,
00:11:35il a créé un déséquilibre
00:11:37entre les travailleurs,
00:11:39entre ceux qui créent
00:11:40de la richesse véritablement
00:11:41et la sphère financière.
00:11:43Donc, oui,
00:11:43il y a une vision de 2017.
00:11:45Il convient probablement aujourd'hui
00:11:46de la rééquilibrer
00:11:47pour que le pays puisse avoir
00:11:49une politique industrielle décente.
00:11:51Vous savez que cette année,
00:11:53comme l'année dernière,
00:11:54il y a plus d'entreprises
00:11:55qui vont fermer
00:11:57que d'entreprises
00:11:58qui vont ouvrir.
00:11:59Donc, vous voyez,
00:12:00on est dans une situation
00:12:00très difficile.
00:12:02Alors, une vision économique,
00:12:03c'est de lancer des projets
00:12:05en matière aéronautique,
00:12:07en matière énergétique.
00:12:08Il y a besoin
00:12:09d'avoir des projets là-dessus.
00:12:10C'est là-dessus
00:12:11qu'on attend
00:12:12nos sommes politiques
00:12:13plus que sur les débats
00:12:15internationalistes
00:12:16ou les débats
00:12:18autour de leur nombril.
00:12:19On voit que quand même,
00:12:21effectivement,
00:12:21comme vous le dites,
00:12:22on sabote en touche
00:12:24au niveau politique.
00:12:25Alors, Emmanuel Macron,
00:12:26son sujet maintenant,
00:12:27c'est l'Ukraine
00:12:28et il s'est emparé
00:12:29de Gaza tardivement,
00:12:30mais le voilà là.
00:12:33Pour d'autres,
00:12:33c'est exactement
00:12:34la même chose.
00:12:35L'Europe,
00:12:36ces valeurs européennes
00:12:38qui ne proposent rien
00:12:40en termes économiques
00:12:41à la France,
00:12:41loin de là.
00:12:42Et puis,
00:12:43pour la réindustrialisation,
00:12:44comme vous le dites,
00:12:44le solde d'ouverture
00:12:46de sites industriels
00:12:47est négatif
00:12:48pour deux ans consécutifs
00:12:49et en région parisienne,
00:12:51les PME, TPE
00:12:52ferment de manière
00:12:54catastrophique,
00:12:57notamment dans le secteur
00:12:58du BTP.
00:12:59Le politique ne peut pas tout.
00:13:01Il y a aussi
00:13:01la conjoncture économique,
00:13:03on va dire.
00:13:03Est-ce que l'arrivée
00:13:04de Trump à la Maison-Blanche
00:13:06va précipiter encore
00:13:08les choses,
00:13:08avec cette guerre,
00:13:09notamment sur les tarifs douaniers ?
00:13:11Écoutez,
00:13:12moi,
00:13:12je veux voir les choses
00:13:13positivement.
00:13:15En ce vendredi sain,
00:13:16on peut dire que Trump
00:13:17a mis le pied
00:13:18dans la fourmilière.
00:13:19Donc,
00:13:20si ça pouvait contribuer
00:13:21à réveiller l'Europe
00:13:23en général
00:13:23et la France en particulier
00:13:25sur le fait
00:13:26qu'en politique,
00:13:27on ne peut compter
00:13:28que sur soi.
00:13:29Et donc,
00:13:29on doit reconstruire
00:13:31la cité France
00:13:32sur la souveraineté nationale
00:13:34et la coopération
00:13:36avec les autres nations
00:13:37d'Europe
00:13:37quand nécessaire.
00:13:39À partir de là,
00:13:39vous avez la feuille de route.
00:13:41Elle est double
00:13:41par rapport aux préoccupations
00:13:42sondagières régulières
00:13:43des Français.
00:13:45Travailler sur le pouvoir
00:13:46d'achat,
00:13:46et ça,
00:13:47ça signifie
00:13:47faire des économies
00:13:48sur ce qui n'est pas utile,
00:13:50premièrement.
00:13:51lutter contre
00:13:52les psychoses
00:13:54concernant l'immigration,
00:13:55la sécurité,
00:13:56ça veut dire oser
00:13:56de droite à gauche
00:13:57en passant par le centre,
00:13:59poser la question
00:13:59du bon équilibre
00:14:01de nos comptes sociaux,
00:14:03etc.
00:14:03Et puis,
00:14:04redévelopper une industrie
00:14:05car sans industrie,
00:14:07la souveraineté nationale
00:14:08d'un pays
00:14:08n'existe pas.
00:14:09Qu'est-ce que vous pensez
00:14:11qu'il va se passer
00:14:11pendant ces semaines
00:14:13d'intermoiement
00:14:14avant le 14 juillet ?
00:14:16Est-ce que vous croyez
00:14:17que le gouvernement Bayrou,
00:14:19s'il dure,
00:14:20puisque la censure
00:14:21est au coin de la rue,
00:14:22va trouver ces solutions ?
00:14:25S'il les avait trouvées,
00:14:26il les aurait annoncées
00:14:27lors de la référence
00:14:28de France.
00:14:28Je crois véritablement
00:14:29que François Bayrou
00:14:31botte en touche
00:14:32parce que Trump
00:14:33tape dans la fourmilière
00:14:35mais Bayrou
00:14:35tape en touche.
00:14:37C'est deux manières
00:14:38d'utiliser son pied
00:14:40mais pour les Français,
00:14:42à l'arrivée,
00:14:42ce n'est pas le pied
00:14:43parce que la réalité,
00:14:44c'est qu'aujourd'hui,
00:14:44il y a une urgence
00:14:45à régler les problèmes
00:14:47des Français.
00:14:48Et s'ils ne sont pas
00:14:50résolus aujourd'hui,
00:14:51il ne faut pas s'étonner
00:14:52que les votes
00:14:53aillent aux extrêmes
00:14:54dans un vote
00:14:55non pas forcément
00:14:56d'assentiment
00:14:58mais de lassitude
00:14:59et de collègue.
00:15:01Et justement,
00:15:02est-ce que la France
00:15:02a encore les moyens ?
00:15:04Parce que quand on voit
00:15:05la dette de 3 400 milliards
00:15:07et plus,
00:15:08le déficit budgétaire
00:15:11etc.,
00:15:11est-ce qu'on n'est pas
00:15:14en train de vivre
00:15:15la faillite de l'État
00:15:16tout simplement ?
00:15:18C'est pourquoi
00:15:18il faut réagir
00:15:19toute proportion gardée
00:15:20aussi
00:15:21parce qu'il faut savoir
00:15:22que la dette
00:15:23alors ce n'est pas
00:15:24la même situation
00:15:24c'est vrai
00:15:25mais la dette aux États-Unis
00:15:26est 10 fois plus importante.
00:15:28Donc moi,
00:15:28les chiffres,
00:15:29je m'en méfie
00:15:30parce que ça
00:15:32c'est des statistiques.
00:15:33On a des statisticiens
00:15:34qui sont très bien
00:15:35mais la politique
00:15:36ne se réduit pas
00:15:37la statistique.
00:15:38Si vous avez
00:15:38une volonté politique,
00:15:40vous pouvez avancer
00:15:40le pays.
00:15:41On a vu les États-Unis
00:15:42en 1929 avec le New Deal,
00:15:43on a vu la France
00:15:44en 1958,
00:15:45pourquoi pas en 1927
00:15:46avoir un dirigeant
00:15:47qui donne envie
00:15:48de se battre,
00:15:49qui donne envie
00:15:49de travailler
00:15:50et croyez-moi,
00:15:51les déficits
00:15:52et notamment celui
00:15:53des retraites
00:15:53et bien ils seront dissipés
00:15:54parce qu'il faut avoir
00:15:56le moral.
00:15:57L'économie repose
00:15:57sur le moral,
00:15:58sur la confiance.
00:15:59Aujourd'hui,
00:16:00comment pouvez-vous
00:16:01avoir le moral
00:16:01et la confiance
00:16:02si vous vous réduisez
00:16:03au discours de Beyrou
00:16:04sur les statistiques ?
00:16:06Merci beaucoup Luc Gras.
00:16:07Le moral et la confiance,
00:16:09c'est ce qu'il manque
00:16:10effectivement.
00:16:10Espérons que d'ici là,
00:16:12les Français vont retrouver
00:16:13le moral et la confiance
00:16:14et des dirigeants
00:16:15qui ont une vision.
00:16:16Voilà,
00:16:17merci et à bientôt Luc Gras.
00:16:18On va marquer une courte pause
00:16:19et se retrouver
00:16:20pour l'édito
00:16:21où on va parler
00:16:22de l'abbé Pierre
00:16:23qui tombe de son piédestal.
00:16:25Comment déconstruire
00:16:26une figure nationale ?
00:16:28A tout de suite
00:16:29sur Sud Radio.
00:16:30Alexis Poulin,
00:16:31sans réserve,
00:16:32l'édito.
00:16:34L'édito,
00:16:35c'est à propos
00:16:35de cette figure française,
00:16:37l'abbé Pierre.
00:16:38Alors là,
00:16:38décidément,
00:16:39les révélations tombent
00:16:41et n'arrêtent pas
00:16:42de nous surprendre.
00:16:43On apprend que
00:16:44l'abbé Pierre
00:16:44était pétiniste,
00:16:46antisémite,
00:16:47violeur,
00:16:47presque évadée fiscale,
00:16:49quasiment gourou.
00:16:51N'en jetez plus,
00:16:51l'abbé Pierre,
00:16:52c'est fini.
00:16:52C'est un livre
00:16:53qui vient de sortir
00:16:53qui s'appelle
00:16:54La Fabrique d'un Saint
00:16:55aux éditions Alary
00:16:55des journalistes
00:16:57Laetitia Chérel
00:16:57et Marie-France Etchégouin
00:16:59qui explique
00:17:00Henri Grouès,
00:17:02son vrai nom,
00:17:03malgré ses nombreuses médailles.
00:17:06Je rappelle
00:17:07qu'il était médaillé
00:17:07de la Résistance,
00:17:08commandeur de la Légion d'honneur,
00:17:10médaille d'or
00:17:10Albert Schweitzer,
00:17:11Grand Prix de l'Académie
00:17:12des Sciences Morales et Politiques,
00:17:13ça c'est l'abbé Pierre.
00:17:14Il a aussi sa part obscure
00:17:16qui est en train
00:17:17de prendre la lumière.
00:17:19Il n'a pas toujours été
00:17:20un rebelle,
00:17:21même il était pétiniste
00:17:22à une certaine époque.
00:17:24Voilà ce qu'il écrivait
00:17:24lorsqu'il soutenait
00:17:25le maréchal Pétain.
00:17:26« Ayons la fierté
00:17:27de penser que le maréchal
00:17:28travaille à cette conquête
00:17:29la plus belle
00:17:30et la plus glorieuse
00:17:31lors d'un discours.
00:17:32Partout où aujourd'hui
00:17:33la France renaissante
00:17:34de notre grand maréchal agit,
00:17:36soyez présents,
00:17:37soyez au premier rang,
00:17:38soyez des plus grands lutteurs
00:17:39dans la conscience
00:17:40et l'enthousiasme.
00:17:41Sans compter bien sûr
00:17:42ses proximités
00:17:44avec un négationniste
00:17:46qui lui a valu d'ailleurs
00:17:47pendant un an
00:17:48de chuter de la première
00:17:49à la deuxième place
00:17:50de la personnalité
00:17:51publique préférée
00:17:52des Français.
00:17:53Sinon pendant dix ans,
00:17:54l'abbé Pierre était
00:17:55devant tout le monde.
00:17:56C'est vous dire
00:17:57comme il était aimé.
00:17:59600 lieux
00:18:00qui sont des lieux publics
00:18:01en France
00:18:02qui portent le nom
00:18:03de l'abbé Pierre.
00:18:04Sans doute vont-ils être
00:18:04débaptisés les uns
00:18:06après les autres
00:18:06après les différentes révélations
00:18:08qu'il y a
00:18:09ces jours-ci.
00:18:12Mais bien sûr,
00:18:13tout ça n'enlève pas
00:18:14ce qu'il a fait
00:18:15avec Emmaüs.
00:18:15Emmaüs justement,
00:18:17après l'appel
00:18:19du 1er février 1954
00:18:21qui a lancé Emmaüs
00:18:23et qui reçoit
00:18:24un milliard de francs
00:18:25de l'époque,
00:18:26c'est-à-dire 26 millions
00:18:27d'euros
00:18:27en un mois.
00:18:29Un rapport d'ailleurs
00:18:30qui avait été envoyé
00:18:31à l'archevêque de Paris
00:18:32et qui mettait déjà
00:18:36le doute sur Emmaüs
00:18:37en disant que c'était
00:18:38une association fictive
00:18:39non déclarée,
00:18:39ignorant tout
00:18:40de la gestion de fonds.
00:18:41Il faut savoir
00:18:42que Charlie Chaplin,
00:18:43Charlot,
00:18:44qui avait donné
00:18:45à cette occasion
00:18:462 millions de francs
00:18:47en expliquant
00:18:48qu'il ne les donnait pas,
00:18:49qu'il rend cet argent
00:18:50qui appartient
00:18:51au vagabond
00:18:52que j'ai été
00:18:52et que j'ai incarné.
00:18:53Donc tout le monde
00:18:54était derrière l'abbé Pierre
00:18:55à cette époque-là.
00:18:56Et puis bien sûr,
00:18:57les accusations sexuelles
00:18:59ô combien graves
00:19:01maintenant
00:19:01contre l'abbé Pierre
00:19:02dès l'automne 55.
00:19:04Le haut clergé français
00:19:06connaissait
00:19:06cet aspect
00:19:08de l'abbé
00:19:08mais elle l'a caché
00:19:10parce qu'il était
00:19:11très populaire.
00:19:12Vous voyez,
00:19:12c'est comme ça
00:19:12que ça fonctionne.
00:19:13Et puis il faut rappeler
00:19:14aussi ces obsèques,
00:19:15obsèques hommage national
00:19:17qui se sont déroulés
00:19:19à Notre-Dame.
00:19:20Et il y avait là
00:19:21tout Emmaüs
00:19:21mais aussi Jacques Chirac,
00:19:23Valéry Giscard d'Estaing,
00:19:24Dominique de Villepin,
00:19:25Nicolas Sarkozy,
00:19:26Bertrand Delanoé,
00:19:27Jacques Lang,
00:19:27François Béroux,
00:19:28tous les ministres étaient là.
00:19:30Personne à l'époque
00:19:31ne mettait en question
00:19:32le travail
00:19:33de l'homme d'église.
00:19:34C'est Roland Barthes
00:19:35qui en 57
00:19:36expliquait le personnage
00:19:38de l'abbé Pierre
00:19:38dans Mythologie.
00:19:40Il évoque le visage
00:19:40de l'abbé
00:19:41qui représente clairement
00:19:42tous les signes
00:19:43de l'apostolat.
00:19:45Le regard bon,
00:19:47la coupe franciscaine,
00:19:48la barbe missionnaire,
00:19:49tout cela complété
00:19:50par la canadienne
00:19:51du prêtre ouvillé
00:19:51et la canne du pèlerin.
00:19:53Ainsi sont réunis
00:19:54les chiffres de la légende
00:19:55et ceux de la modernité.
00:19:57Une coupe de cheveux
00:19:58équilibre neutre
00:19:59entre le cheveu court
00:20:00et le cheveu négligé
00:20:01qui rejoint
00:20:02l'intemporalité
00:20:02de la sainteté
00:20:03et qu'il identifie
00:20:04à Saint François d'Assise,
00:20:05la barbe du capucin
00:20:06et du missionnaire
00:20:07qui symbolise
00:20:08la pauvreté
00:20:09et la vocation.
00:20:11Bref,
00:20:11tout cela
00:20:11était écrit.
00:20:12Et puis,
00:20:13Pierre Bourdreux,
00:20:13lui,
00:20:14parlait aussi
00:20:14d'un genre de prophète
00:20:15qui surgit
00:20:16en temps de disette
00:20:17et de crise.
00:20:18Mais Roland Barthes,
00:20:19déjà,
00:20:19se demandait
00:20:20si la belle et touchante
00:20:21iconographie
00:20:22de l'abbé Pierre
00:20:23n'est pas l'alibi
00:20:24dont une bonne partie
00:20:25de la nation
00:20:25s'autorise une fois de plus
00:20:27pour substituer impunément
00:20:28les signes de la charité
00:20:29à la réalité
00:20:30de la justice.
00:20:31Alors,
00:20:32on se rappelle quand même
00:20:33les mots
00:20:34de cet abbé.
00:20:35Il faut séparer
00:20:36l'abbé de l'homme,
00:20:37on dirait ça
00:20:37de beaucoup de professions.
00:20:39Voilà ce que disait
00:20:40l'abbé Pierre
00:20:41lorsqu'il était
00:20:42abbé Pierre
00:20:42et pas Henri Grouès.
00:20:44Ceux qui ont pris
00:20:45tout le plat
00:20:46dans leur assiette,
00:20:47laissant les assiettes
00:20:48des autres vides
00:20:49et qui ayant tout,
00:20:52disent avec une bonne figure,
00:20:54une bonne conscience,
00:20:56nous,
00:20:56nous,
00:20:57qui avons tout,
00:20:58on est pour la paix.
00:20:59Je sais que je dois
00:21:00leur crier à ceux-là.
00:21:01Les premiers violents,
00:21:03les provocateurs
00:21:04de toute violence,
00:21:05c'est vous.
00:21:06Eh oui,
00:21:06la pauvreté reste,
00:21:08même si l'abbé s'en va.
00:21:10Alexis Poulain,
00:21:11sans réserve,
00:21:12l'invité.
00:21:14Et notre invité
00:21:15est Arnaud Bénédetti,
00:21:17rédacteur en chef
00:21:17de la Revue Politique
00:21:18et Parlementaire
00:21:19et cofondateur
00:21:19du Comité de soutien
00:21:20international
00:21:21à Boilem-Sansal.
00:21:22Bonjour.
00:21:23Bonjour à vous.
00:21:25Alors,
00:21:25vous avez rencontré
00:21:25cette semaine
00:21:26le Premier ministre
00:21:27avec les membres
00:21:28du Comité de soutien
00:21:30à Boilem-Sansal.
00:21:31Que vous a dit
00:21:32François Bayrou
00:21:33lors de cette rencontre ?
00:21:35D'abord,
00:21:36il faut rappeler
00:21:37que c'était
00:21:38au moment
00:21:38du cinquième mois
00:21:41de détention
00:21:41de Boilem-Sansal,
00:21:43donc il nous paraissait
00:21:43important que
00:21:44l'on puisse avoir
00:21:45un échange
00:21:46avec le chef
00:21:47du gouvernement
00:21:47qui s'était finalement
00:21:48assez peu exprimé
00:21:49sur le sujet
00:21:49depuis l'arrestation
00:21:51et l'incarcération
00:21:53de notre ami
00:21:53Boilem-Sansal.
00:21:54Il a,
00:21:55bien évidemment,
00:21:55voulu manifester
00:21:56sa solidarité
00:21:57avec Boilem
00:21:59en exigeant
00:22:00une libération
00:22:01immédiate
00:22:02et sans condition
00:22:03de l'écrivain.
00:22:07En étant tout à fait
00:22:08conscient,
00:22:09bien évidemment,
00:22:09comme tous ceux
00:22:11qui aujourd'hui
00:22:11traitent ce dossier
00:22:13de l'extrême difficulté
00:22:14de la tâche
00:22:15et de la nécessité,
00:22:18bien évidemment,
00:22:19de continuer à porter
00:22:21ce sujet
00:22:22dans l'opinion publique
00:22:23parce qu'on avait vécu
00:22:25quand même
00:22:25ces dernières semaines
00:22:26une espèce de fourrie
00:22:27qui nous semblait
00:22:28d'ailleurs un peu excessive
00:22:30concernant
00:22:31une libération
00:22:32possible de Boilem-Sansal.
00:22:34Un récit officiel
00:22:35qui s'était installé
00:22:36comme si c'était fait.
00:22:38Je rappelle que
00:22:38le président de la République
00:22:39au salon du livre
00:22:40il y a quelques jours
00:22:42annonçait pratiquement
00:22:43la libération
00:22:44si ce n'est dans les heures
00:22:46qui suivent
00:22:46mais en tout cas
00:22:47à très brève échéance
00:22:48de Boilem.
00:22:50Et la réalité,
00:22:50c'est que nous,
00:22:51tout ce qui nous remontait
00:22:52depuis finalement
00:22:54quelques jours
00:22:54et qu'il s'agisse
00:22:55d'Alger
00:22:55comme aussi de sources
00:22:57comme on dit
00:22:57autorisées à Paris
00:22:59n'étaient pas alignées
00:23:01sur cette espèce
00:23:02d'optimisme ambiant
00:23:03véhiculé entre autres
00:23:04par le président
00:23:06de la République
00:23:06et par d'autres.
00:23:08Donc je crois
00:23:08qu'il faut vraiment
00:23:09prendre conscience
00:23:10qu'il faut rester mobilisé
00:23:12plus que jamais
00:23:13ne rien relâcher
00:23:14dans la pression
00:23:15à la fois médiatique
00:23:17dans la pression
00:23:18de l'opinion
00:23:18pour non seulement
00:23:20maintenir ce sujet
00:23:22à flot
00:23:22mais surtout
00:23:22pour faire pression
00:23:23sur ceux qui aujourd'hui
00:23:24tiennent entre leurs mains
00:23:26malheureusement
00:23:27notre ami.
00:23:28Oui et il faut rappeler
00:23:30que Boilem Sansal
00:23:31a 80 ans
00:23:32qu'il souffre
00:23:32d'un cancer
00:23:33donc il est question
00:23:34là de sa vie
00:23:36et bizarrement
00:23:39les autorités françaises
00:23:41comme vous le disiez
00:23:42ont été assez optimistes
00:23:44suite à la visite
00:23:45de Jean-Noël Barreau
00:23:46ministre des Affaires
00:23:46étrangères à Alger
00:23:47qui s'est plutôt bien passé
00:23:48à ce moment-là
00:23:49et puis alors à son retour
00:23:50ça a été 12 agents
00:23:51de l'ambassade
00:23:53qui ont été renvoyés
00:23:54par les autorités algériennes
00:23:55l'ambassadeur français
00:23:56rappelé pour consultation
00:23:57on a l'impression
00:23:58que ce qui était présenté
00:24:00comme un succès
00:24:00s'avère être un fiasco
00:24:01en fait.
00:24:04Non mais si vous voulez
00:24:04je crois qu'on a
00:24:05on n'a pas pris
00:24:06vraiment conscience
00:24:07du côté français
00:24:08enfin en tout cas
00:24:08des autorités françaises
00:24:11de la nature
00:24:12du régime algérien
00:24:13d'abord c'est un régime
00:24:14qui est traversé
00:24:15par des luttes de factions
00:24:16donc ça c'est une réalité
00:24:18ce qui rend encore
00:24:18plus compliqué
00:24:19la solution
00:24:20vraisemblablement
00:24:21à très brève échéance
00:24:22permettant à Boilem Sansal
00:24:24de recouvrir la liberté
00:24:26il y a ceux
00:24:26qui sont favorables
00:24:28à ce que finalement
00:24:29on se débarrasse
00:24:30de ce dossier
00:24:31parce qu'on considère
00:24:32que c'est un dossier
00:24:32qui peut se retourner
00:24:34contre les autorités
00:24:35algériennes
00:24:36c'est notamment
00:24:37peu ou prou
00:24:38en tout cas
00:24:38manifestement
00:24:39la position du ministre
00:24:40des affaires étrangères
00:24:41algérien
00:24:41et puis ceux qui considèrent
00:24:43que non pas du tout
00:24:43il est hors de question
00:24:45de lâcher
00:24:46sans obtenir
00:24:47des concessions
00:24:47supplémentaires
00:24:48du côté français
00:24:49Boilem Sansal
00:24:52ça c'est une première chose
00:24:54deuxième chose
00:24:55c'est que
00:24:55je pense qu'on est
00:24:57très naïf
00:24:57vis-à-vis du régime
00:24:58algérien
00:24:59le régime algérien
00:25:00peut très bien tenir
00:25:01un discours un jour
00:25:02et finalement
00:25:03avoir un comportement
00:25:05et un discours
00:25:06totalement différent
00:25:07du discours
00:25:08qu'il tenait la veille
00:25:09donc cette réalité là
00:25:11doit quand même
00:25:12nous inciter
00:25:13à faire preuve
00:25:14de réalisme
00:25:14mais de prudence
00:25:16je pense qu'on a manqué
00:25:17de prudence
00:25:17et de réalisme
00:25:18et il eût été quand même
00:25:19à mon sens
00:25:20beaucoup plus opportun
00:25:21que monsieur Barraud
00:25:22se rende à Alger
00:25:23une fois que Boilem Sansal
00:25:25eût été libéré
00:25:25c'était la moindre des chances
00:25:27qu'on pouvait attendre
00:25:27des autorités algériennes
00:25:28pour renouer un dialogue
00:25:30fécond
00:25:31et éventuellement
00:25:32apaisé
00:25:34ce qui est quand même
00:25:35loin d'être le cas aujourd'hui
00:25:36puisqu'on est en train
00:25:36quand même d'explicer
00:25:37de chaque côté
00:25:38de la Méditerranée
00:25:39aujourd'hui
00:25:39des agents consulaires
00:25:41on a l'impression
00:25:42qu'il y a différents sons de cloche
00:25:43en fonction qu'on soit
00:25:44à l'Elysée
00:25:44ou au Quai d'Orsay
00:25:45et puis alors
00:25:47avec des
00:25:49le risque en fait
00:25:51de cette situation
00:25:52c'est de
00:25:52d'enquister la situation
00:25:54de Boilem Sansal
00:25:55d'en faire l'alpha et l'oméga
00:25:57de la relation franco-algérienne
00:25:58c'est extrêmement grave en fait
00:26:00vous avez
00:26:00vous avez parfaitement raison
00:26:02le problème
00:26:02c'est que si vous voulez
00:26:03Boilem Sansal
00:26:05est une victime
00:26:07collatérale
00:26:08ou indirecte
00:26:11de la dégradation
00:26:12accélérée
00:26:13des relations
00:26:15qui ont toujours été mauvaises
00:26:16d'ailleurs entre la France
00:26:17et l'Algérie
00:26:17quand même
00:26:17faut-il le rappeler
00:26:18mais là
00:26:19indéniablement
00:26:21il a été
00:26:22vraiment pris
00:26:23dans cette espèce
00:26:24de maelstrom
00:26:25qui s'est accéléré
00:26:26depuis la reconnaissance
00:26:27par la France
00:26:28de la souveraineté
00:26:30du Maroc
00:26:30sur le Sahara
00:26:32occidental
00:26:32nous évidemment
00:26:34aujourd'hui
00:26:35au regard de la situation
00:26:36qui est quand même
00:26:37particulièrement bloquée
00:26:39ce que l'on dit
00:26:40c'est que de toute façon
00:26:41il y a une situation humanitaire
00:26:42vous l'avez très justement dit
00:26:44Alexis
00:26:44c'est-à-dire qu'il est âgé
00:26:45il est malade
00:26:47et qu'il n'a rien à faire en prison
00:26:49et qu'il faut le sortir
00:26:50le plus vite possible
00:26:51et que pour des raisons humanitaires
00:26:52en l'occurrence
00:26:53les autorités algériennes
00:26:54devraient entendre ce message
00:26:55parce que
00:26:56si demain il arrive quelque chose
00:26:57dans les prisons algériennes
00:27:00à Boilem Sansal
00:27:01les principaux responsables
00:27:03seront ceux quand même
00:27:03qui l'auront arrêté
00:27:04et incarcéré
00:27:05c'est-à-dire l'État algérien
00:27:06le gouvernement
00:27:07les pouvoirs publics algériens
00:27:08donc il faut bien
00:27:09qu'ils prennent conscience
00:27:09qu'ils se mettent quand même
00:27:10en difficulté
00:27:12vis-à-vis
00:27:13non seulement de la France
00:27:14mais de la communauté internationale
00:27:16et de ceux qui sont attachés
00:27:17à un certain nombre de principes
00:27:19ça c'est une réalité
00:27:20mais qu'il faut aujourd'hui
00:27:21en effet faire en sorte
00:27:22de décorréler
00:27:23la situation de Boilem
00:27:24et c'est extrêmement compliqué
00:27:26pour toutes les raisons
00:27:27que vous avez indiquées
00:27:27de la situation diplomatique
00:27:31entre la France et l'Algérie
00:27:34qui n'est pas prête
00:27:35en mon sens
00:27:36de s'apaiser
00:27:38prochainement
00:27:39sauf je veux dire
00:27:41à donner encore
00:27:42des signaux
00:27:44de soumission
00:27:45au pouvoir algérien
00:27:46mais je ne suis pas sûr
00:27:47qu'au gouvernement
00:27:48par exemple
00:27:49tous partagent
00:27:51cette ligne
00:27:53on va en parler justement
00:27:54des dissensions
00:27:55au sein du gouvernement
00:27:56et de la position
00:27:57du ministre de l'Intérieur
00:27:58Bruno Retailleau en particulier
00:27:59on marque une courte pause
00:28:00et on se retrouve avec vous
00:28:01Arnaud Benedetti
00:28:02cofondateur du comité
00:28:04de soutien international
00:28:05à Boilem Sansal
00:28:06et rédacteur en chef
00:28:06de la revue politique
00:28:07et parlementaire
00:28:08à tout de suite
00:28:08et on se retrouve avec
00:28:09Arnaud Benedetti
00:28:10pour parler bien sûr
00:28:12du comité de soutien
00:28:13à Boilem Sansal
00:28:15toujours emprisonné
00:28:15depuis 5 mois maintenant
00:28:17en Algérie
00:28:17les filles de Boilem Sansal
00:28:20ont écrit une lettre
00:28:21d'ailleurs à Emmanuel Macron
00:28:22est-ce qu'elles ont
00:28:23une réponse
00:28:24de la part de l'Elysée ?
00:28:26Écoutez
00:28:27pas à ma connaissance
00:28:28en tout cas
00:28:29ce qui est sûr
00:28:29c'est que là aussi
00:28:30c'était une initiative
00:28:31importante
00:28:32vous savez que les filles
00:28:33de Boilem
00:28:34vivent en Tchéquie
00:28:36à Prague
00:28:37elles ont été
00:28:38extrêmement discrètes
00:28:39jusqu'à maintenant
00:28:40pour éviter justement
00:28:41d'entraver
00:28:44d'une quelconque manière
00:28:45que ce soit
00:28:46les négociations
00:28:48dont on nous parle
00:28:49entre Alger et Paris
00:28:50au sujet de leur père
00:28:51là si elles ont décidé
00:28:53de s'exprimer publiquement
00:28:55pour la première fois
00:28:56et de s'adresser directement
00:28:57au président de la République
00:28:58c'est parce que
00:28:59tout simplement
00:28:59elles sont alarmées
00:29:01au regard
00:29:01non seulement
00:29:02de la longévité
00:29:03de la détention
00:29:04de Boilem
00:29:05mais aussi
00:29:06manifestement
00:29:07du peu
00:29:08j'allais dire
00:29:09d'espoir
00:29:11qu'elles ressentent
00:29:12à une libération
00:29:13rapide
00:29:14donc c'est la raison
00:29:15pour laquelle
00:29:16elles sont exprimées
00:29:16elles sont dans l'attente
00:29:17actuellement
00:29:18et on espère
00:29:18qu'une réponse
00:29:19sera apportée
00:29:20à leur cri de détresse
00:29:22dans le Figaro
00:29:23par l'Élysée
00:29:25par le président
00:29:25de la République
00:29:26le ministre des Affaires
00:29:27étrangères
00:29:28Jean-Noël Barraud
00:29:29a dit évidemment
00:29:29qu'il entendait
00:29:30le cri de douleur
00:29:32des deux fils
00:29:32c'est une évidence
00:29:33mais pour l'instant
00:29:35tout cela reste encore
00:29:37imbibé
00:29:38d'incertitudes
00:29:39tout comme
00:29:40la communication
00:29:42avec Boilem Sansal
00:29:44qui est très difficile
00:29:45y compris
00:29:46avec ses avocats
00:29:48tout est fait
00:29:48pour entraver
00:29:49la communication
00:29:51et l'accès
00:29:52et les informations
00:29:53sur l'état de santé
00:29:54de Boilem Sansal
00:29:55c'est-à-dire que
00:29:57nous ce que nous savons
00:29:58c'est que
00:29:59et c'est ce qu'on nous dit
00:30:01mais on n'est pas obligé
00:30:02de le croire
00:30:03c'est que
00:30:03les autorités algériennes
00:30:05sont quand même
00:30:05soucieuses
00:30:06de la santé
00:30:07de leurs prisonniers
00:30:09qu'elles ont conscience
00:30:12que s'il lui arrivait
00:30:13quelque chose
00:30:14elle serait tenue
00:30:15évidemment
00:30:15comme je l'ai déjà dit
00:30:16pour responsable
00:30:17de cette situation
00:30:20mais nous ne savons rien
00:30:23des médecins
00:30:23qui sont censés le soigner
00:30:24nous ne savons rien
00:30:26du traitement
00:30:27qui lui est prodigué
00:30:30et je dois dire
00:30:31qu'à plusieurs reprises
00:30:32par des canaux différents
00:30:33nous avons demandé
00:30:34à ce que
00:30:36une délégation de médecins
00:30:39puisse se rendre
00:30:40au chevet
00:30:40de Boilem Sansal
00:30:41que nous n'avons obtenu
00:30:43aucune réponse
00:30:44évidemment
00:30:44des autorités
00:30:47d'Alger
00:30:49mais que même
00:30:51on a sollicité
00:30:51un certain nombre
00:30:53d'organisations
00:30:53je pense à
00:30:54un médecin du monde
00:30:55et un médecin sans frontières
00:30:56qui n'ont pas
00:30:58en tout cas
00:30:59donné suite
00:30:59à nos sollicitations
00:31:03je dois dire quand même
00:31:04que je le dis
00:31:05parce que c'est une réalité
00:31:06on n'est pas vraiment aidé
00:31:08dans ce dossier
00:31:08on n'est pas vraiment aidé
00:31:10il y a un certain nombre
00:31:12je ne parle pas
00:31:12du gouvernement français
00:31:13qui manifestement fait
00:31:15ce qu'il peut faire
00:31:17aujourd'hui
00:31:17dans l'état de tension
00:31:18qui est le nôtre
00:31:19avec Alger
00:31:20mais il y a quand même
00:31:20un certain nombre
00:31:21de structures
00:31:22qui le moins qu'on puisse dire
00:31:24ne sont pas
00:31:26en tout cas
00:31:26très alantes
00:31:27dans la défense
00:31:28de
00:31:29Boilem
00:31:49qui est le plus
00:31:50dans la défense
00:31:51je pense à
00:31:52un certain nombre
00:31:53des députés
00:31:53qui est la fin
00:31:54d'avance
00:31:55à la fin
00:31:55d'être
00:31:57haut
00:31:58et
00:31:58dans la tę
00:44:54leader antiraciste, je ne sais pas,
00:44:56Auréa Boutelja,
00:44:58ou
00:44:59le comité Adama, on a l'impression
00:45:02que c'est quelque chose qui serait majoritaire.
00:45:048%, c'est quand même relativement faible.
00:45:06Par contre, ce qu'on voit en même temps, c'est la
00:45:08persistance de discrimination qui, je pense, ne peuvent
00:45:10pas être expliquées que par ces 8%,
00:45:12et la montée de partis à droite
00:45:14qui rejettent l'immigration.
00:45:17Typiquement, un électeur sur deux du
00:45:18RN se dit raciste, et
00:45:20un peu plus d'un électeur sur deux du RN
00:45:22pense qu'un musulman ne peut pas être
00:45:24un français comme un autre. Alors maintenant,
00:45:26reste à comprendre pourquoi, en fait,
00:45:28et d'ailleurs, encore 22% de ces
00:45:30électeurs RN croient
00:45:32que les races existent. En gros,
00:45:34ça veut dire qu'on a un électeur
00:45:36RN sur trois, à peu près, qui dira « oui, je suis raciste »,
00:45:38on dira « ah, les races existent ». Non.
00:45:40On a un paradoxe.
00:45:41Et donc, je pense que le problème de l'antiraciste,
00:45:44c'est qu'il n'analyse pas ce paradoxe,
00:45:46en fait. Il n'essaie pas de comprendre
00:45:48pourquoi on peut avoir des gens
00:45:50qui, finalement,
00:45:51rejetteraient les autres,
00:45:54rejetteraient une partie
00:45:55de la population, sans pour autant croire aux races.
00:45:58Oui, et pourtant,
00:46:00donc, ça, c'est le côté décolonial
00:46:01qui reste sur une vision
00:46:03passéiste, on va dire,
00:46:05marquée de la colonisation.
00:46:08Et l'autre erreur de l'antiracisme,
00:46:09c'est la vision libérale, c'est-à-dire
00:46:11de ne pas voir la réalité du racisme.
00:46:14Oui, c'est ça.
00:46:14Alors, ce n'est pas tant de ne pas voir,
00:46:16c'est de croire
00:46:18qu'en fait, le racisme va se résoudre
00:46:20juste en intégrant, on va dire, les minorités
00:46:22un peu mieux au capitalisme.
00:46:23C'est-à-dire que, finalement,
00:46:25tout irait bien si,
00:46:27admettons qu'il y a
00:46:2810% de musulmans dans la population française,
00:46:30si la bourgeoisie était composée
00:46:32de 10% de musulmans,
00:46:33tout irait bien,
00:46:34si l'Assemblée nationale était composée
00:46:36de 10% de musulmans, etc.
00:46:37C'est-à-dire s'ils étaient juste intégrés,
00:46:40en fait, au capitalisme tel qu'il est,
00:46:41sans voir qu'en fait,
00:46:42ça laisserait quand même de côté
00:46:43une majeure partie
00:46:44de ces populations en bas.
00:46:46C'est-à-dire que c'est la vision
00:46:48un peu communautariste anglo-saxonne
00:46:49qui a été imposée ces dernières années.
00:46:51C'est l'idée de la diversité
00:46:53contre l'égalité.
00:46:54En fait, on défend la diversité,
00:46:56ce qui masque la question sociale.
00:46:57Mais justement,
00:46:58cette question de la diversité,
00:46:59elle est revenue au cœur des débats
00:47:00avec la réélection de Donald Trump
00:47:03à la Maison Blanche,
00:47:04qui a mis à la poubelle
00:47:05tous les programmes diversités
00:47:07en disant, non, non,
00:47:07moi, ce que je veux,
00:47:08c'est revenir à la méritocratie,
00:47:10entre guillemets.
00:47:12Est-ce qu'il n'y a pas eu des abus,
00:47:13justement, dans ces programmes
00:47:14de promotion de la diversité ?
00:47:15Je pense qu'il y a eu des abus.
00:47:16Et en fait,
00:47:17plus on a promu
00:47:19une société identitaire,
00:47:22c'est-à-dire qui se base
00:47:23sur les identités culturelles
00:47:24et sur les notions de race.
00:47:26Alors, les antiracistes diront
00:47:27qu'il ne s'agit pas de race biologique,
00:47:29mais de race sociale,
00:47:29c'est-à-dire de la structuration
00:47:31de la société
00:47:32à partir des différences visibles.
00:47:35Plus on a promu ça,
00:47:36en fait,
00:47:36plus on a permis aussi
00:47:37à la majorité,
00:47:38c'est-à-dire aux Blancs,
00:47:39eux-mêmes,
00:47:39de se redéfinir
00:47:40comme une majorité identitaire,
00:47:43etc.
00:47:43et donc de rejeter
00:47:44un peu plus
00:47:45cette vision antiraciste.
00:47:47En fait,
00:47:47c'est ce qu'on appelle
00:47:48souvent en anglais
00:47:48le backlash,
00:47:50en français,
00:47:51on dirait un retour de bâton.
00:47:53En gros,
00:47:53en allant trop loin
00:47:54dans ces idées de diversité,
00:47:56au mépris de la question sociale,
00:47:57en fait,
00:47:58ils ont créé
00:47:59le monstre
00:47:59qu'on connaît.
00:48:01C'est-à-dire
00:48:02le rejet,
00:48:03en fait,
00:48:03de toutes ces intérêts,
00:48:05alors que ça partait
00:48:05d'un bon sentiment,
00:48:06on peut dire.
00:48:06Exactement.
00:48:07Oui, mais l'enfer
00:48:07n'est pas vu de bons sentiments.
00:48:08Aujourd'hui,
00:48:09on le sait.
00:48:09Et justement,
00:48:11cette vision capitaliste,
00:48:13en fait,
00:48:13d'inclusion,
00:48:14communautarisme,
00:48:15de diversité,
00:48:16elle trouve sa limite
00:48:17avec Trump,
00:48:18mais aussi,
00:48:20en France,
00:48:21est-ce qu'on va avoir,
00:48:22est-ce qu'on peut avoir
00:48:23cette même mécanique ?
00:48:24En France,
00:48:25on pourrait avoir
00:48:25cette même mécanique
00:48:26avec l'URN,
00:48:26même si l'URN
00:48:27n'est pas un équivalent
00:48:28de Trump en France
00:48:30pour plusieurs raisons.
00:48:32L'URN n'est plus
00:48:34dans ses outrances,
00:48:35même si nombre
00:48:36de leurs candidats
00:48:37aux législatives,
00:48:39etc.,
00:48:39sont encore
00:48:40dans ses formes
00:48:42d'outrances,
00:48:42mais l'URN
00:48:43n'est plus
00:48:44sur une forme
00:48:44nationaliste,
00:48:46plus qu'identitaire
00:48:47comme Trump,
00:48:48mais effectivement,
00:48:51c'est aussi,
00:48:52ça pourrait,
00:48:53un ARN au pouvoir
00:48:54pourrait aussi
00:48:55poser de vrais problèmes
00:48:57à une partie
00:48:57de la population,
00:48:58notamment musulmane.
00:49:00On va en parler
00:49:01justement
00:49:01de la question religieuse
00:49:02après une courte pause
00:49:03pour parler
00:49:05de cet antiracisme,
00:49:06le vôtre,
00:49:07Kevin Boucault-Victoire
00:49:07aux éditions
00:49:08Desclés de Brouvert.
00:49:09A tout de suite
00:49:10sur Sud Radio.
00:49:11Alexis Poulin,
00:49:13sans réserve,
00:49:14l'invité.
00:49:15Et notre invité
00:49:15aujourd'hui,
00:49:16Kevin Boucault-Victoire
00:49:17pour ce livre
00:49:18Mon Antiracisme
00:49:19aux éditions
00:49:20Desclés de Brouvert
00:49:21pour parler
00:49:23des errements
00:49:24ou des erreurs,
00:49:25on va dire,
00:49:26des impasses
00:49:26des antiracismes
00:49:28tels qu'ils sont.
00:49:29Est-ce que vous diriez
00:49:29que finalement
00:49:30SOS Racisme
00:49:31a fait plus de mal
00:49:32que de bien ?
00:49:33Je ne sais pas
00:49:34si SOS Racisme
00:49:35a fait plus de mal
00:49:36que de bien,
00:49:37mais en tout cas,
00:49:37une chose est sûre,
00:49:38c'est que SOS Racisme
00:49:39n'a pas aidé
00:49:40la cause
00:49:41qu'il prétendait
00:49:42défendre.
00:49:44Comment ?
00:49:45En réalité,
00:49:47finalement,
00:49:47SOS Racisme
00:49:48a juste tenté
00:49:49de rallier
00:49:50les banlieues
00:49:50à la gauche
00:49:51ou au socialisme
00:49:51au moment
00:49:52où le Parti Socialiste
00:49:53a abandonné
00:49:55l'anticapitalisme
00:49:57et la lutte des classes
00:49:58et a ouvert
00:49:58une parenthèse libérale
00:50:00qui n'a jamais refermé.
00:50:01Donc,
00:50:02finalement,
00:50:03ce café SOS Racisme
00:50:04s'est transformé
00:50:05l'antiracisme
00:50:06en spectacle
00:50:07avec le touche-pas-mon-potisme,
00:50:09avec la fête
00:50:11à la Concorde
00:50:12en 1985,
00:50:13par exemple,
00:50:13avec les grands concerts,
00:50:15etc.
00:50:15mais à la fin,
00:50:18ces résultats
00:50:19n'ont pas été
00:50:20très probants.
00:50:22Peut-être que
00:50:23la seule chose
00:50:24ou l'une des rares choses
00:50:25positives
00:50:25des SOS Racisme
00:50:26c'est de rappeler
00:50:27la permanence du racisme
00:50:28dans nos sociétés
00:50:29mais ça s'arrête là.
00:50:30Justement,
00:50:31sur le racisme
00:50:31dans nos sociétés,
00:50:33est-ce qu'il y a
00:50:34des chiffres
00:50:34et des études
00:50:35qui montrent
00:50:35que quand même
00:50:36il va en diminuant
00:50:37qu'on est en train
00:50:38de se débarrasser
00:50:38de cette question
00:50:39ou est-ce que c'est
00:50:40quelque chose
00:50:40d'assez permanent ?
00:50:41C'est ce que je disais
00:50:42tout à l'heure,
00:50:42les études montrent
00:50:43parce que globalement,
00:50:45et il est là
00:50:45le paradoxe,
00:50:46c'est que globalement
00:50:47le racisme
00:50:48est en recul.
00:50:508% des gens
00:50:51seulement croient
00:50:52qu'il existe
00:50:53des races supérieures.
00:50:54Une majorité de gens
00:50:55n'ont aucun problème
00:50:56à ce que leurs enfants
00:50:56épousent
00:50:58un conjoint,
00:50:59une conjointe
00:51:00noire,
00:51:01musulman,
00:51:01etc.
00:51:02Je crois que c'est
00:51:0395% des Français
00:51:05n'ont aucun problème
00:51:05à avoir un collègue
00:51:06de travail juif
00:51:07et 94% musulman.
00:51:09La tolérance
00:51:10progresse,
00:51:11etc.
00:51:11Et en plus,
00:51:14ce ne sont pas
00:51:15des effets d'âge
00:51:15parce que,
00:51:16grosso modo,
00:51:17les jeunes générations
00:51:19en vieillissant
00:51:19ne deviennent pas
00:51:20plus racistes.
00:51:20C'est-à-dire que
00:51:21leur vision reste
00:51:23la même
00:51:23à 20 ans
00:51:23ou à 50 ans.
00:51:24Donc,
00:51:24ce sont vraiment
00:51:24des effets de génération
00:51:25et pas des effets d'âge.
00:51:26D'accord.
00:51:27Donc,
00:51:27c'est générationnel.
00:51:28Mais vous parlez
00:51:29aussi souvent
00:51:30quand on parle
00:51:31de racisme.
00:51:32La question religieuse
00:51:33revient vraiment
00:51:34sur le devant
00:51:35de la scène
00:51:35particulièrement.
00:51:37Je vais vous lire
00:51:37une déclaration
00:51:38de Manuel Valls,
00:51:39un ministre des Outre-mer
00:51:40qui date du 24 mars 2025.
00:51:43Pour lui,
00:51:44la haine des juifs
00:51:45vient essentiellement
00:51:46du monde arabo-musulman
00:51:47en France
00:51:48comme ailleurs.
00:51:50Est-ce que ça,
00:51:51ce n'est pas
00:51:51une certaine façon
00:51:52de faire du racisme
00:51:54et d'utiliser
00:51:54la question religieuse
00:51:55en sortant
00:51:56une assertion pareille ?
00:51:57En fait,
00:51:57c'est une forme
00:51:58de confessionnalisation
00:51:59de la question sociale.
00:52:02Dans les années 70-80,
00:52:04on parlait
00:52:04des travailleurs immigrés
00:52:05qui sont devenus
00:52:06les immigrés
00:52:06et puis les musulmans
00:52:07avec un grand M.
00:52:09Les migrants aussi.
00:52:09Voilà,
00:52:10les migrants.
00:52:11Et en fait,
00:52:13on a mis de côté
00:52:14leur statut
00:52:15de travailleurs
00:52:15et donc la question
00:52:17encore sociale
00:52:17et la question
00:52:18de la lutte des classes.
00:52:19Maintenant,
00:52:19sur ce que dit
00:52:21Manuel Valls,
00:52:23il faut aussi
00:52:24regarder les choses
00:52:25en face.
00:52:26L'antisémitisme,
00:52:27grosso modo,
00:52:27il a plusieurs origines
00:52:30en France.
00:52:31Il y a le vieux
00:52:32antisémitisme
00:52:32catholique,
00:52:33on va dire,
00:52:34catholique intégrif
00:52:35qui a quand même
00:52:36beaucoup reculé
00:52:37dans le temps
00:52:37mais qui existe toujours,
00:52:38qui en gros,
00:52:39c'est le peuple déicide.
00:52:40On a
00:52:41une sorte
00:52:43d'antisémitisme
00:52:44complotiste
00:52:45qui a existé
00:52:47à gauche
00:52:47comme dans une forme
00:52:48de national-socialisme.
00:52:49En gros,
00:52:49les juifs,
00:52:50c'est la banque,
00:52:51ce sont eux
00:52:52qui nous dirigent,
00:52:52etc.
00:52:53Il a aussi reculé
00:52:54même s'il continue
00:52:55d'exister
00:52:56et se sont greffés
00:52:57deux nouvelles formes,
00:52:58on va dire,
00:52:58deux nouvelles sources
00:52:59de l'antisémitisme.
00:53:00Une dans la critique
00:53:01de la politique
00:53:02israélienne
00:53:03ou dans la critique
00:53:04du sionisme,
00:53:04attention,
00:53:05je ne dis pas
00:53:05que tout soutien
00:53:06de la cause palestinienne
00:53:07est antisémite
00:53:08très loin de là.
00:53:09Certains font le pas
00:53:09dans la classe politique
00:53:11en expliquant
00:53:12que c'est toute critique
00:53:13de la politique
00:53:14sioniste.
00:53:14Exactement,
00:53:16mais oui,
00:53:16certains font le pas
00:53:17et certains,
00:53:18effectivement,
00:53:19de ces critiques
00:53:19de vire vers
00:53:21l'antisémitisme,
00:53:22ça peut venir
00:53:23du monde arabo-musulman
00:53:24qui, en moyenne,
00:53:25les peuples sont quand même
00:53:25plutôt pro-palestinien
00:53:26mais pas qu'eux.
00:53:27Alain Soral nous prouve
00:53:28que ça ne vient pas
00:53:29forcément le d'eux.
00:53:30Et puis,
00:53:30il y a un autre antisémitisme
00:53:32qui est apparu
00:53:33ces 30-40 dernières années
00:53:34qui est en France
00:53:35qui est l'antisémitisme
00:53:37islamiste
00:53:38qui, effectivement,
00:53:38vient de ce monde-là
00:53:39qui vient d'une lecture
00:53:42rigoriste,
00:53:43on va dire,
00:53:43du courant.
00:53:44Bien sûr,
00:53:44on se rappelle
00:53:45ce qui s'est passé
00:53:46à l'Hyper-Kachère
00:53:47et sur Mohamed Merah.
00:53:49Sur la question musulmane,
00:53:52est-ce que ce n'est pas
00:53:52devenu finalement
00:53:53le débat raciste
00:53:56et décalé
00:53:56sur la question musulmane
00:53:57en France ?
00:53:58Oui,
00:53:58en fait,
00:53:58c'est même
00:53:58la question sociale,
00:54:00en fait.
00:54:00C'est-à-dire que,
00:54:01comme je disais,
00:54:02les travailleurs,
00:54:03quand on parlait
00:54:03de travailleurs immigrés,
00:54:05en fait,
00:54:05on parlait de travailleurs
00:54:06et on les défendait
00:54:07comme tels,
00:54:08comme des gens
00:54:09qui peuvent être syndiqués,
00:54:10qui ont les mêmes intérêts
00:54:12que les travailleurs autochtones,
00:54:13donc français,
00:54:14etc.
00:54:15Et en décalant la question
00:54:16d'abord vers l'immigration,
00:54:18donc effectivement,
00:54:19on est passé,
00:54:20là,
00:54:20c'est l'antiracisme
00:54:21qui prend le pas
00:54:23à ce moment-là,
00:54:24ou en tout cas,
00:54:24un certain antiracisme,
00:54:25celui des sociétés racistes,
00:54:26prend le pas à ce moment-là
00:54:27et ensuite,
00:54:28on l'a décalé
00:54:28vers l'islam.
00:54:31Ça,
00:54:31c'est autant l'antiracisme
00:54:32qu'il a fait
00:54:32que le RN,
00:54:34par exemple,
00:54:34c'est-à-dire que
00:54:35le RN est passé
00:54:36d'une critique
00:54:36des étrangers au départ,
00:54:39c'est un million
00:54:40de chômeurs,
00:54:41c'est un million
00:54:41d'étrangers en trop,
00:54:42à une critique,
00:54:43surtout de l'islam,
00:54:45qui serait incompatible
00:54:46avec la République.
00:54:47Et en fait,
00:54:48dans les deux camps,
00:54:48à gauche comme à droite,
00:54:49effectivement,
00:54:50on s'est mis
00:54:51à se positionner
00:54:52sur les deux
00:54:52en mettant de côté
00:54:54la question sociale
00:54:56et même
00:54:57en déplaçant
00:54:58la question
00:54:59du racisme
00:55:00sur cette question
00:55:01religieuse.
00:55:02Même,
00:55:03par exemple,
00:55:04la France insoumise
00:55:04qui reste quand même
00:55:05un parti d'extrême-gauche
00:55:06qui parle beaucoup
00:55:08de la question sociale,
00:55:09même là,
00:55:10vous pensez
00:55:10qu'il y a
00:55:10ce qui se dit ?
00:55:11D'extrême-gauche,
00:55:12ils sont plutôt classés
00:55:13en gauche radicale.
00:55:15On le voit
00:55:16avec la lutte
00:55:18contre l'islamophobie
00:55:19qui confond
00:55:20plusieurs choses,
00:55:21qui confond
00:55:22à la fois,
00:55:23des fois,
00:55:23des formes de racisme
00:55:24envers les arabes,
00:55:24d'arabophobie,
00:55:25de rejet des musulmans,
00:55:27je dirais plutôt
00:55:27de musulmanophobie,
00:55:28c'est-à-dire de rejet
00:55:29des gens en raison
00:55:29de leur croyance,
00:55:30ce qui est effectivement
00:55:31à combattre,
00:55:32mais aussi de critiques
00:55:33de l'islam
00:55:33qui peuvent être légitimes
00:55:35comme illégitimes.
00:55:36Mais en République,
00:55:38on a le droit
00:55:38de critiquer
00:55:38toutes les religions,
00:55:39comme on a le droit
00:55:40de critiquer
00:55:40toutes les idéologies,
00:55:41le capitalisme,
00:55:42le communisme,
00:55:43etc.
00:55:43On a le droit
00:55:43de faire des caricatures,
00:55:44etc.
00:55:46Et effectivement,
00:55:47la France insoumise,
00:55:48je ne dis pas
00:55:48qu'ils ont mis de côté
00:55:49totalement la question sociale,
00:55:50ce n'est pas vrai,
00:55:51il suffit de lire
00:55:51leur programme,
00:55:52mais dans ce qu'ils mettent
00:55:54en avant,
00:55:54on a de plus en plus
00:55:55cette confessionnalisation
00:55:56de la question sociale
00:55:57dans ce qui est mis
00:55:58en avant chez eux.
00:55:59Alors que ce n'est pas
00:56:00seulement le cas,
00:56:01c'est là où la France
00:56:02périphérique
00:56:04des territoires
00:56:05est oubliée.
00:56:06Oui, c'est ça.
00:56:07C'est-à-dire qu'en fait,
00:56:08ils ont globalement
00:56:09tendu la main
00:56:10à une partie
00:56:10des classes populaires,
00:56:11celle des banlieues,
00:56:12et oublié les autres.
00:56:13C'est ce que dit
00:56:14François Ruffin
00:56:14depuis maintenant
00:56:15au moins deux ans.
00:56:17Mais c'est quelque chose
00:56:18qui était déjà visible
00:56:19un petit peu avant.
00:56:21Je me souviens que Todd,
00:56:22par exemple,
00:56:22le soulignait
00:56:23dans son livre sur Charlie
00:56:23que les classes populaires
00:56:27de confession musulmane
00:56:28votaient très fortement
00:56:29Mélenchon,
00:56:30mais pas les autres.
00:56:31Et en fait,
00:56:33ils ont posé,
00:56:35ils ont réfléchi
00:56:36au problème des banlieues.
00:56:37Ils tentent de trouver
00:56:39des réponses
00:56:39que je pense inadéquates,
00:56:40mais au moins,
00:56:41ils essaient de trouver
00:56:42des réponses.
00:56:43Alors que du côté
00:56:44de la France périphérique,
00:56:45ils les ont totalement
00:56:47laissées tomber.
00:56:48D'ailleurs Mélenchon,
00:56:49dans une vidéo,
00:56:49ils disent même
00:56:50que ce sont des racistes,
00:56:50etc.
00:56:52Et qu'il faut oublier.
00:56:53Oui, avec un discours
00:56:54sur la créolisation
00:56:55qui oublie une partie
00:56:58des Français
00:56:58en disant que c'est inexorable
00:57:00d'une certaine façon.
00:57:02Oui, et puis dans la créolisation,
00:57:04on se replace encore une fois
00:57:06du côté des questions culturelles.
00:57:09Alors Glissant a écrit
00:57:11de très belles pages
00:57:11sur la question de la créolité,
00:57:14mais bon, en fait,
00:57:15Glissant est avant tout
00:57:16un poète et on n'attend pas
00:57:18dans la politique
00:57:18la même chose
00:57:19que d'un poète.
00:57:20Justement,
00:57:21c'est un peu aussi
00:57:21la limite des politiques
00:57:23face à un problème
00:57:25qu'ils ne maîtrisent
00:57:26absolument pas
00:57:27ou qu'ils utilisent
00:57:28plutôt que d'essayer
00:57:30de résoudre, non ?
00:57:31Oui, et puis en fait,
00:57:34quelque part,
00:57:34la créolisation,
00:57:35c'est le grand remplacement
00:57:37de gauche,
00:57:37c'est-à-dire que la droite
00:57:40ou l'extrême droite,
00:57:41en fait,
00:57:41s'est beaucoup positionnée
00:57:43ces dernières années
00:57:43sur l'idée d'une France
00:57:45qui serait plus ou moins envahie
00:57:47par l'immigration extra-européenne,
00:57:48qui serait avec la mort,
00:57:50on va dire,
00:57:51de la race,
00:57:52entre guillemets,
00:57:53blanche,
00:57:53au profit de peuples
00:57:56d'origine maghrébine,
00:57:59d'Afrique subsaharienne,
00:58:00etc.
00:58:00Et en fait,
00:58:01la créolisation,
00:58:01ce qu'ils font,
00:58:02c'est de dire,
00:58:03oui,
00:58:03cette transformation démographique
00:58:05existe,
00:58:05au passage,
00:58:05c'est vrai qu'elle existe,
00:58:07mais non seulement...
00:58:08Mais pas dans le cadre
00:58:08d'un grand remplacement,
00:58:09les chiffres sont loin
00:58:10d'un grand remplacement.
00:58:10Exactement,
00:58:10on est très loin
00:58:11d'un grand remplacement,
00:58:13on a une modification démographique
00:58:14et ce que dit en gros la gauche,
00:58:16c'est cette modification démographique
00:58:17est telle qu'en fait,
00:58:18la France aura un nouveau visage demain
00:58:20et acceptons cette nouvelle France
00:58:23et c'est même une...
00:58:24Et justement,
00:58:25ces deux discours,
00:58:26à la fois grand remplacement
00:58:27et créolisation,
00:58:28montrent bien
00:58:29la crispation identitaire
00:58:30ces dernières années
00:58:31par rapport à cette question-là.
00:58:33Bien sûr,
00:58:33en fait,
00:58:34et d'ailleurs,
00:58:36c'est ce que je disais tout à l'heure
00:58:37sur le recul du racisme biologique,
00:58:40en fait,
00:58:40c'est parce qu'il a été remplacé
00:58:41par une forme de rejet,
00:58:44en fait,
00:58:44des identités culturelles
00:58:45qui ne sont pas les nôtres.
00:58:47Dans mon livre,
00:58:48je parle d'ethnophobie,
00:58:49mais on pourrait aussi parler
00:58:50de racisme culturel,
00:58:51en fait,
00:58:51c'est-à-dire,
00:58:52l'autre,
00:58:53en fait,
00:58:54vient d'une culture
00:58:55qui n'est pas la mienne,
00:58:56on l'essentialise dans cette culture
00:58:57et on le rejette
00:58:58pour...
00:58:59Le problème,
00:59:00c'est que ce que fait la gauche,
00:59:01c'est de dire,
00:59:01effectivement,
00:59:02l'autre vient d'une culture
00:59:03qui n'est pas la nôtre,
00:59:05mais c'est très bien
00:59:05qu'il garde sa culture comme ça,
00:59:08en oubliant,
00:59:09en fait,
00:59:09qu'il n'y a jamais
00:59:09de translation parfaite
00:59:11d'une culture vers l'une autre.
00:59:12Quand on change de pays,
00:59:14on vient avec certains marqueurs culturels,
00:59:17mais on ne vient jamais
00:59:17avec toute sa culture,
00:59:19et en disant
00:59:20que sa culture est parfaite
00:59:21comme ça,
00:59:22et ça va même créer
00:59:22une nouvelle culture en France,
00:59:23et les choses iront mieux comme ça.
00:59:26Enfin,
00:59:27les cultures existent en France,
00:59:29on est une société multiculturelle,
00:59:30ça c'est une réalité.
00:59:31Bien sûr,
00:59:31en fait,
00:59:32on est entré dans une forme
00:59:33de société multiculturelle
00:59:34à défaut d'avoir
00:59:34de vraies politiques multiculturelles
00:59:35en France,
00:59:36contrairement aux Etats-Unis
00:59:37ou au Royaume-Uni,
00:59:38mais ce que devrait faire la gauche,
00:59:41c'est tenter de lutter
00:59:42pour mettre l'accent
00:59:45sur ce que les gens ont en commun
00:59:47pour essayer de fonder
00:59:48une culture commune.
00:59:49Mais est-ce qu'il reste un commun,
00:59:50justement ?
00:59:51Justement,
00:59:52le problème,
00:59:53peut-être là,
00:59:53c'est que le capitalisme
00:59:54a détruit
00:59:55ce qu'on avait en commun,
00:59:57comme Guy Debord disait,
00:59:59il ne reste plus
01:00:00que le spectaculaire mondialisé,
01:00:03entre parenthèses,
01:00:03américain.
01:00:04En fait,
01:00:04on est devenu
01:00:05une sorte de grand marché
01:00:06commercial
01:00:07et les grandes structures
01:00:08d'intégration
01:00:09qui étaient
01:00:10le service militaire,
01:00:12l'église catholique,
01:00:13les syndicats,
01:00:14le parti communiste,
01:00:15l'école républicaine
01:00:16sont morts ou en crise,
01:00:18donc effectivement,
01:00:19ça n'aide pas
01:00:20à recréer du commun.
01:00:23Mais pourtant,
01:00:24une gauche digne de ce nom
01:00:25devrait tenter justement
01:00:27de créer du commun
01:00:28plutôt que de laisser les gens
01:00:28cohabiter les uns
01:00:30à côté des autres.
01:00:31Eh bien,
01:00:31on va reparler justement
01:00:32de cette création
01:00:33des communs
01:00:33après une courte pause.
01:00:350826 300 300
01:00:36si vous souhaitez poser des questions
01:00:37ou réagir
01:00:38sur l'antiracisme
01:00:39et le livre
01:00:41de notre invité
01:00:41Kevin Bouco-Victoire.
01:00:42A tout de suite.
01:00:44L'invité.
01:00:45Et notre invité
01:00:45Kevin Bouco-Victoire
01:00:47pour ce livre
01:00:47Mon Antiracisme
01:00:48aux éditions
01:00:49des clés de Beauvert
01:00:51pour parler justement
01:00:51des différents antiracismes
01:00:53et de comment
01:00:53ils ont évolué
01:00:54avec le temps.
01:00:56Finalement,
01:00:57c'est un débat
01:00:58pas très neuf
01:00:59sur cette question
01:01:00des périphéries,
01:01:02de la question sociale
01:01:04plus que de la question raciste.
01:01:06C'est Georges Orwell
01:01:06qui en parlait
01:01:08en parlant des common people
01:01:09d'une certaine façon.
01:01:10Comment parler du commun ?
01:01:11Donc c'est quelque chose
01:01:13qui traverse
01:01:15nos sociétés européennes
01:01:16depuis des années.
01:01:17Bien sûr.
01:01:18En plus,
01:01:18Georges Orwell
01:01:19notait quelque chose
01:01:20qui est encore plus vrai aujourd'hui
01:01:22qui était
01:01:22le tropisme
01:01:24petit bourgeois
01:01:25de la gauche.
01:01:26Il voyait que la gauche
01:01:27était surtout
01:01:27un club de gens
01:01:29de classe moyenne éduquée
01:01:30qui se parlaient entre eux
01:01:32et qui n'étaient pas capables
01:01:33de parler
01:01:34à ce qu'ils appelaient
01:01:36les gens ordinaires.
01:01:38Aujourd'hui,
01:01:39la gauche ressemble
01:01:39beaucoup à ça.
01:01:40dans sa sociologie
01:01:42et d'ailleurs
01:01:43fait qu'elle soit
01:01:44très métropolitaine.
01:01:47Mais effectivement,
01:01:48en réussissant
01:01:49à tendre la main
01:01:50aux banlieues
01:01:50mais qui est quelque chose
01:01:52d'ailleurs
01:01:52qui peut être précaire.
01:01:53C'est-à-dire que peut-être
01:01:54qu'un jour,
01:01:55ils perdront aussi
01:01:56cette assise
01:01:57qu'ils ont aux banlieues
01:01:58qui, en gros,
01:01:59les banlieues votent
01:02:00aujourd'hui France Insoumise
01:02:01parce que c'est
01:02:03le moindre mal pour eux
01:02:04plus que par une adhésion
01:02:05forte à leur programme.
01:02:06On va dire que c'est
01:02:07le seul parti médiatique
01:02:08qui défend la cause
01:02:09palestinienne,
01:02:09enfin qui a qu'un discours
01:02:10qui va cocher plusieurs cases.
01:02:12Oui, c'est ça.
01:02:13La cause palestinienne
01:02:14et d'autres formes
01:02:15d'antiracisme, etc.
01:02:16Mais oui.
01:02:18Mais justement,
01:02:19cette vision
01:02:21petite bourgeoise,
01:02:23aujourd'hui,
01:02:24elle est très présente
01:02:25dans la politique française.
01:02:27Il n'y a pas de dépassement.
01:02:28Que préconisait Orwell
01:02:30à l'époque ?
01:02:30Alors, Orwell,
01:02:33outre le fait
01:02:33en gros d'essayer
01:02:34de vraiment comprendre
01:02:35de se mettre
01:02:36à la place
01:02:36des classes populaires,
01:02:38lui-même l'a fait.
01:02:40C'est le livre
01:02:41Le Quai de Wigan,
01:02:41en gros,
01:02:42il a vécu
01:02:43parmi les mineurs
01:02:44à Wigan
01:02:45et a fait un livre
01:02:47où il explique
01:02:48leur mode de vie,
01:02:48leur fonctionnement,
01:02:50etc.
01:02:50Il a aussi proposé
01:02:53un peu plus tard
01:02:53un programme politique
01:02:55dans un livre
01:02:56qui s'appelle
01:02:56Le lion et la licorne
01:02:57qui est moins connu,
01:02:58qui est sorti
01:02:59dans les années 40
01:03:00ou un programme
01:03:02assez simple
01:03:02qui permettrait
01:03:03d'arranger vraiment
01:03:04la situation
01:03:06pour les classes
01:03:07populaires
01:03:09en Angleterre
01:03:11mais aussi
01:03:11à l'international
01:03:12puisqu'il avait
01:03:13déjà un fort
01:03:15anticolonialisme
01:03:16qui s'exprimait
01:03:17déjà dans son programme
01:03:17en quelques points.
01:03:19Et qu'est-ce qu'on peut
01:03:20retenir de ce programme
01:03:20aujourd'hui ?
01:03:21Est-ce qu'il y aurait
01:03:21des choses
01:03:22qui seraient contemporaines ?
01:03:23Il y avait toujours
01:03:23la nationalisation
01:03:25des grandes industries,
01:03:27etc.,
01:03:27du système bancaire,
01:03:28il y avait la démocratisation
01:03:30de l'école,
01:03:31alors effectivement
01:03:32la question de la décolonisation
01:03:34aujourd'hui ne peut pas
01:03:34être reprise telle quelle
01:03:36puisque les décolonisations
01:03:37ont lieu
01:03:37mais peut-être
01:03:38qu'un meilleur rapport
01:03:41avec les pays
01:03:43extra-européens
01:03:45pourrait essayer
01:03:46de retrouver
01:03:47quelque chose
01:03:48là-dessus.
01:03:50Il avait
01:03:51ces grandes idées
01:03:53et puis aussi
01:03:53la réduction
01:03:54des écarts salariales.
01:03:56il disait en gros
01:03:56qu'il était pour un rapport
01:03:57de 1 à 10,
01:03:59c'est-à-dire que le plus gros
01:03:59salaire à l'échelle
01:04:00d'un pays
01:04:01ne serait que 10 fois
01:04:02supérieur
01:04:03à celui du plus bas salaire.
01:04:05Aujourd'hui,
01:04:05on voit qu'on en est
01:04:06très très très loin.
01:04:07Un socialisme
01:04:08d'inspiration communiste
01:04:09à l'époque quand même.
01:04:11On a avec nous
01:04:11un auditeur,
01:04:12Patrick,
01:04:13qui souhaitait réagir.
01:04:14Bonjour Patrick.
01:04:15Bonjour.
01:04:16Oui,
01:04:18je voulais réagir
01:04:19en écoutant
01:04:19votre intervenant.
01:04:21Une chose
01:04:22qui me frappe,
01:04:22c'est qu'aujourd'hui,
01:04:24on est habitué
01:04:25à utiliser
01:04:26le langage
01:04:27sur le registre
01:04:28de l'individu
01:04:29et à la transposer
01:04:31sur le registre
01:04:31du collectif.
01:04:32C'est-à-dire que
01:04:32quand on parle par exemple
01:04:33de l'autre,
01:04:34qui est un registre
01:04:35de l'individuel,
01:04:36on s'en sert
01:04:37pour nous faire avaler
01:04:38des choses
01:04:39sur le plan collectif.
01:04:40En l'altérité,
01:04:42on n'a pas besoin
01:04:43d'avoir une autre culture
01:04:44pour connaître,
01:04:46appréhender
01:04:47l'altérité.
01:04:49Ça, c'est la première chose.
01:04:50Deuxième chose,
01:04:51il faut quand même rappeler
01:04:51que l'émigration,
01:04:54je dirais,
01:04:54invasive,
01:04:56ce qui ne veut pas dire
01:05:01que les cultures
01:05:02qui viennent,
01:05:03étrangères,
01:05:03qui viennent chez nous
01:05:04sont des cultures
01:05:05méprisables
01:05:06ou peu importe,
01:05:07mais c'est le caractère
01:05:09quantitatif
01:05:09qui est problématique.
01:05:11On ne nous a jamais
01:05:12demandé notre avis
01:05:13il y a 50 ans
01:05:15si on était d'accord
01:05:17pour devenir
01:05:17une société multiculturelle.
01:05:19Or, ça,
01:05:20c'est jamais dit
01:05:21et le problème,
01:05:23c'est qu'après,
01:05:24on nous met
01:05:25dans des situations,
01:05:27je dirais,
01:05:27de culpabilité,
01:05:28des situations
01:05:29de résoudre des problèmes,
01:05:31de s'interroger
01:05:32éthiquement et moralement
01:05:33sur une situation
01:05:34qu'on n'a jamais désirée
01:05:35et on nous convoque
01:05:37sur le fait
01:05:38qu'on n'aimerait pas
01:05:39l'autre,
01:05:40on n'aimerait pas
01:05:40la culture de l'autre.
01:05:41En ce qui concerne,
01:05:42par exemple,
01:05:42les arabos-musulmans,
01:05:44moi,
01:05:44je n'ai absolument rien
01:05:45contre les arabos-musulmans,
01:05:46leur culture est formidable,
01:05:48mais dès lors
01:05:49qu'elles l'empiètent
01:05:50sur la mienne,
01:05:51ça devient compliqué
01:05:52fatalement.
01:05:53Alors,
01:05:53merci Patrick,
01:05:54deux points
01:05:55dans ce que vient de dire
01:05:56notre auditeur,
01:05:57l'individualité
01:05:58comme modèle,
01:06:00qui est ça,
01:06:00vraiment poussé
01:06:01par la vision capitaliste.
01:06:02C'est plus que l'individualité
01:06:03qui, pour moi,
01:06:04est une bonne chose,
01:06:04c'est l'individualisme,
01:06:05c'est-à-dire le fait
01:06:05que l'individu
01:06:06est au centre de la société
01:06:07et existe au-dessus
01:06:10de la société
01:06:11ce que disait déjà
01:06:13quelqu'un comme Margaret Thatcher,
01:06:14il n'existe pas de société
01:06:14que des individus.
01:06:17Et d'ailleurs,
01:06:18effectivement,
01:06:18dans le communautarisme
01:06:19actuel,
01:06:20il serait faux
01:06:21de penser
01:06:22que le communautarisme
01:06:23actuel serait juste
01:06:24une persistance
01:06:25des anciennes communautés,
01:06:26c'est plutôt
01:06:27de l'individualisme
01:06:28transposé
01:06:28à des échelles
01:06:29collectives.
01:06:30Ensuite,
01:06:32sur la question
01:06:32de l'immigration,
01:06:34alors,
01:06:35en partie,
01:06:36c'est vrai que
01:06:37je pense qu'un pays
01:06:37a le droit
01:06:38de maîtriser
01:06:38son immigration,
01:06:41a le droit
01:06:41de choisir
01:06:41qui vient,
01:06:42qui ne vient pas,
01:06:42etc.
01:06:43Je pense que
01:06:44les peuples,
01:06:45démocratiquement,
01:06:46peuvent avoir
01:06:47leur mot à dire.
01:06:49Ensuite,
01:06:49il faut faire attention,
01:06:51je pense que
01:06:52les hommes politiques
01:06:53ne savaient pas
01:06:54vers où ça nous mènerait,
01:06:55c'est-à-dire qu'en gros,
01:06:56il y a
01:06:57les décolonisations
01:06:58dans les années 60,
01:06:59il y a certains
01:07:00problèmes économiques,
01:07:03Pompidou,
01:07:04puis Valéry Giscard d'Estaing
01:07:05commencent à ouvrir
01:07:05les vannes de l'immigration,
01:07:06mais ils ne se doutent pas
01:07:07qu'en fait,
01:07:07on part sur 50 ans.
01:07:09Ils le font pour des raisons
01:07:09économiques,
01:07:10c'était aussi,
01:07:11à l'époque,
01:07:12le Parti communiste
01:07:12était anti-immigrationniste,
01:07:14en disant que ça faisait
01:07:14des salaires des ouvriers.
01:07:15Et le patronat
01:07:16demandait plus d'immigration.
01:07:18Mais,
01:07:19voilà,
01:07:20je pense qu'ils ne pensaient pas
01:07:20que la situation
01:07:21ait duré déjà en continu
01:07:22pendant une cinquantaine d'années,
01:07:23mais ensuite,
01:07:24il faut voir,
01:07:24par exemple,
01:07:25votre auditeur a dit
01:07:25qu'il respecte
01:07:26les cultures arabo-musulmanes
01:07:27globalement chez elle.
01:07:30Je peux totalement souscrire
01:07:31à cette idée,
01:07:32effectivement.
01:07:32Non, ici aussi,
01:07:32mais pas de manière...
01:07:34Oui, oui,
01:07:34pas de manière invasie.
01:07:36Mais,
01:07:36en réalité,
01:07:37ce qu'on oublie beaucoup,
01:07:38c'est qu'en réalité,
01:07:39beaucoup de musulmans
01:07:40en France aujourd'hui
01:07:40sont des Français,
01:07:41c'est-à-dire des gens
01:07:42de deuxième,
01:07:43de troisième génération
01:07:44qui ont grandi en France,
01:07:46qui ne connaissent pas bien
01:07:47leur pays d'origine,
01:07:48voire ne les connaissent pas du tout.
01:07:49Ou n'ont pas leur place là-bas.
01:07:50Ou n'ont pas leur place là-bas.
01:07:51Quand ils vont en vacances
01:07:52en Algérie ou au Sénégal,
01:07:53ils ne se sentent pas chez eux.
01:07:56Et donc,
01:07:57en fait,
01:07:57ce n'est pas tant
01:07:58la multiplication
01:07:59de leur culture
01:08:00que le fait
01:08:00qu'effectivement,
01:08:02il n'y a rien
01:08:02qui permette
01:08:03une culture commune
01:08:04en France.
01:08:05Le problème est plus
01:08:06dans l'intégration
01:08:07que dans le fait
01:08:08qu'ils vivraient...
01:08:10Justement,
01:08:10l'intégration,
01:08:12est-ce que c'est quelque chose
01:08:13qui ne fonctionne plus
01:08:14du fait des dysfonctionnements
01:08:16de l'école,
01:08:17ce que vous avez dit ?
01:08:17Qui fonctionne de manière
01:08:18imparfaite, en tout cas.
01:08:19Oui.
01:08:20Et je peux d'accord aussi
01:08:21sur un truc
01:08:21qu'a dit votre éditeur.
01:08:22Effectivement,
01:08:24plus les vagues
01:08:25sont nombreuses,
01:08:26plus il y a
01:08:27d'immigrés
01:08:29qui arrivent,
01:08:30plus il sera dur
01:08:30de tous s'intégrer.
01:08:31Ça, c'est vrai.
01:08:31C'est-à-dire qu'il est plus facile
01:08:33d'intégrer des individus
01:08:34que des peuples,
01:08:35on va dire, par exemple.
01:08:36Avec des cultures aussi
01:08:37qui sont très éloignées.
01:08:38Oui, avec des cultures
01:08:39qui sont très éloignées.
01:08:40Effectivement,
01:08:40plus les cultures
01:08:43sont éloignées,
01:08:44en plus avec des gens
01:08:44qui parfois ont vécu
01:08:45des choses très dures
01:08:46dans leur pays.
01:08:48Donc,
01:08:49il y a aussi de ça.
01:08:50Ça, c'est vrai.
01:08:50mais en même temps,
01:08:54ne voyons pas
01:08:54tout en noir non plus.
01:08:56La réalité,
01:08:56c'est qu'il existe aussi
01:08:57une intégration
01:08:58et une intégration
01:08:59certes imparfaite,
01:09:00mais comme je disais,
01:09:01beaucoup de Français
01:09:03d'origine immigrée
01:09:03de deuxième,
01:09:04troisième génération,
01:09:05s'ils ne se sentent pas
01:09:06toujours totalement Français,
01:09:08en réalité,
01:09:09ne le sont plus
01:09:09qu'ils ne le croient.
01:09:10Oui, mais malheureusement,
01:09:11est-ce qu'il n'y a pas
01:09:12un discours ambiant
01:09:13qui fait qu'il y a
01:09:14une réaction de défense
01:09:15et que pour ces Français
01:09:16de deuxième,
01:09:16troisième génération
01:09:17qui sont victimes
01:09:18de contrôle au faciès,
01:09:20qui voient une certaine
01:09:21islamophobie,
01:09:22il y a un repli identitaire
01:09:23qui n'aurait pas lieu d'être
01:09:24s'il n'y avait pas
01:09:24ce discours-là.
01:09:25Bien sûr,
01:09:25effectivement,
01:09:26la persistance
01:09:26des discriminations,
01:09:27les violences policières
01:09:28et puis l'impression
01:09:30qu'il existe
01:09:31des partis
01:09:32qui leur sont
01:09:32totalement stiles.
01:09:33Je pense que
01:09:35si certains
01:09:36n'entendaient pas
01:09:37à longueur de journée
01:09:37sur certains médias,
01:09:39sur certaines chaînes de télé
01:09:41qu'on ne pouvait pas être
01:09:42musulman
01:09:43et pleinement français,
01:09:43par exemple,
01:09:44ils se sentiraient
01:09:46plus Français
01:09:47et ils seraient moins
01:09:48sur la défensive.
01:09:49Ce qu'avait dit
01:09:50Éric Zemmour,
01:09:50par exemple,
01:09:50sur les prénoms,
01:09:51en disant
01:09:52votre prénom
01:09:52n'est pas français,
01:09:53qui juge
01:09:54de la franco...
01:09:57De la francité
01:09:58d'un prénom.
01:10:00Et ça,
01:10:01justement,
01:10:02ça fait qu'il y a
01:10:03d'un côté
01:10:03un repli
01:10:04mais il y a aussi
01:10:05toute une culture
01:10:06identitaire
01:10:07qui est en train
01:10:07de devenir
01:10:08de plus en plus
01:10:10importante
01:10:10dans le débat politique.
01:10:11Oui,
01:10:12ou des cultures
01:10:13identitaires,
01:10:14c'est-à-dire
01:10:14qu'en fait
01:10:15on n'est pas
01:10:16non plus face
01:10:17à une France
01:10:17où il y aurait
01:10:17d'un côté
01:10:18les Français
01:10:19et de l'autre
01:10:20les musulmans
01:10:21ou les Blancs
01:10:22les musulmans
01:10:22où je parle
01:10:23dans mon livre
01:10:24de la tripartition
01:10:25qui me paraît fausse
01:10:25des Blancs,
01:10:27des Juifs
01:10:27et des Noirs
01:10:28et des Arabes.
01:10:28La réalité
01:10:29est beaucoup plus complexe.
01:10:30Il n'existe pas
01:10:30une communauté noire
01:10:31et arabe,
01:10:32encore moins
01:10:32une communauté
01:10:33noire et arabe,
01:10:34il n'existe pas
01:10:34une communauté juive.
01:10:36Les Blancs
01:10:37entre eux,
01:10:37entre le Blanc
01:10:38parisien bourgeois
01:10:40et celui de Creuse-Pauvre
01:10:41n'ont pas grand-chose
01:10:42en commun non plus
01:10:43en réalité
01:10:44mais effectivement
01:10:45on vit sur une forme
01:10:46de mosaïque
01:10:46de communautés
01:10:47qui sont fluides
01:10:48qui peuvent se recomposer
01:10:49à chaque moment.
01:10:50Avec aussi des outils
01:10:51communautaristes
01:10:52qui existent bien
01:10:53au sein de ces communautés.
01:10:54Avec des marqueurs
01:10:55surtout.
01:10:56On va en parler,
01:10:57on va marquer
01:10:57une autre pause
01:11:00et puis se retrouver
01:11:00avec vous Kevin
01:11:01Bouco-Victoire
01:11:02pour parler de votre livre
01:11:03Mon Antiracisme
01:11:04et si vous souhaitez
01:11:05réagir comme Patrick
01:11:050826-300-300
01:11:07à tout de suite.
01:11:08Alexis Poulin
01:11:09sans réserve
01:11:10l'invité
01:11:11On se retrouve
01:11:12avec Kevin
01:11:12Bouco-Victoire
01:11:13pour parler d'antiracisme
01:11:14son livre
01:11:15Mon Antiracisme
01:11:16aux éditions
01:11:16Déclé de Brouvert
01:11:17sur les faillites
01:11:20ou du moins
01:11:20les limites
01:11:21des mouvements
01:11:22antiracistes
01:11:23dans nos sociétés.
01:11:25C'est une question
01:11:25qui est partout
01:11:27dans tous les pays
01:11:28sur toute la planète
01:11:29et il n'y a aucun modèle
01:11:31vertueux finalement
01:11:32de lutte contre le racisme.
01:11:34Oui alors
01:11:35on va dire que déjà
01:11:36à l'échelle de l'humanité
01:11:38on ne va pas se mentir
01:11:39la xénophobie
01:11:41et des formes
01:11:42de rejet
01:11:43de l'autre
01:11:43ont quand même
01:11:44toujours été présentes.
01:11:46Ensuite
01:11:46on va dire
01:11:47qu'à l'échelle
01:11:48de notre modernité
01:11:48ou en tout cas
01:11:49du monde
01:11:51tel qu'il existe
01:11:51depuis
01:11:52la découverte
01:11:53entre guillemets
01:11:54des Amériques
01:11:55de Christophe Colomb
01:11:56et ceux qui ont suivi
01:11:58les formes
01:11:59de colonisation
01:12:00le commerce triangulaire
01:12:02etc.
01:12:02qui ont créé
01:12:03en fait
01:12:04les formes
01:12:04de hiérarchisation
01:12:05biologique.
01:12:06La controverse
01:12:06de Valadeau
01:12:07il a la question
01:12:07si les noirs
01:12:08avaient une âme.
01:12:10Voilà donc
01:12:11effectivement
01:12:12on est entré
01:12:12dans un monde
01:12:13où la question
01:12:14du racisme
01:12:15en fait
01:12:16a fini par envahir
01:12:17on va dire
01:12:17toutes les sociétés
01:12:19et le capitalisme
01:12:21qui en fait
01:12:23propose un autre modèle
01:12:24que celui
01:12:24de la colonisation
01:12:25et qui
01:12:27on va dire
01:12:28atténuait en réalité
01:12:29quand même
01:12:29les relations raciales
01:12:30n'a pas réussi
01:12:31à changer
01:12:33totalement la donne.
01:12:34Parce qu'on remplacerait
01:12:36la politique
01:12:36par la consommation
01:12:37en faisant oublier
01:12:38toutes ces questions-là
01:12:39avec par-dessus
01:12:40un saupoudrage
01:12:41de diversité
01:12:42de politique
01:12:43de diversité
01:12:43d'inclusion
01:12:44mais ça ne fonctionne pas
01:12:44on l'a vu aux Etats-Unis.
01:12:45En fait finalement
01:12:46derrière la consommation
01:12:47se cache la question
01:12:48des modes de vie
01:12:48derrière les modes de vie
01:12:49en fait
01:12:50les modes de vie
01:12:51sont devenus culturels
01:12:52et par là
01:12:53on a archipélisé
01:12:55pour reprendre les mots
01:12:56de Fourquet
01:12:56la société quoi.
01:12:57Avec en plus
01:12:58la question aussi
01:12:58du sous-prolétariat
01:12:59vous parlez
01:13:00des mouvements
01:13:01des Black Hunters
01:13:02par exemple
01:13:02dans les années 60
01:13:03qui était un mouvement
01:13:04qui visait
01:13:05à aller politiser
01:13:06les populations
01:13:07des ghettos
01:13:07qui ne s'intéressaient
01:13:08pas du tout
01:13:08à la politique
01:13:09est-ce qu'aujourd'hui
01:13:10on a cette même question
01:13:11de la dépolitisation
01:13:13d'un prolétariat
01:13:15et d'un sous-prolétariat ?
01:13:16Oui
01:13:16des deux effectivement
01:13:17le sous-prolétariat
01:13:18je rappelle
01:13:19chez Marx
01:13:19c'est en fait
01:13:21ceux qui vivent
01:13:22en marge de la société
01:13:23les brigands
01:13:25les mendiants
01:13:26etc
01:13:27ceux qui ne vivent pas
01:13:27de leur travail
01:13:28les pauvres
01:13:28qui ne vivent pas
01:13:29de leur travail
01:13:29mais soit
01:13:30soit de la générosité
01:13:32d'autrui
01:13:32soit de choses
01:13:33totalement illégales
01:13:35aujourd'hui
01:13:35ce serait les dealers
01:13:36les points de deal
01:13:37exactement
01:13:37ils parlent même
01:13:39de racailles
01:13:39Marx d'ailleurs
01:13:40en tout cas
01:13:42dans la traduction
01:13:43qu'on en a faite
01:13:44il y a le mot racailles
01:13:46et en fait
01:13:49on a une dépolitisation
01:13:51des banlieues
01:13:52si on regarde
01:13:52en fait
01:13:53un peu les images
01:13:53des banlieues
01:13:54des années 80
01:13:55par exemple
01:13:55au moment
01:13:56de la marche
01:13:56pour l'égalité
01:13:57et la dignité
01:13:58qu'on a rappelé
01:13:59ensuite
01:13:59la marche des beurres
01:14:00qui allait de Vénissieux
01:14:02à Paris
01:14:02en fait
01:14:05ce qui est impressionnant
01:14:06c'est la manière
01:14:06dont ces jeunes
01:14:07s'exprimaient
01:14:07ce qu'ils étaient
01:14:08capables de réclamer
01:14:09leur vision
01:14:09de la société
01:14:10et aussi
01:14:12ensuite
01:14:12dans les années 90
01:14:13on écoute
01:14:14par exemple
01:14:14le rapport français
01:14:15NTM
01:14:17NTM
01:14:18ou IAM
01:14:18alors n'avait pas
01:14:19forcément
01:14:19des visions politiques
01:14:20tout le temps
01:14:21cohérentes
01:14:22d'un côté
01:14:24on dénonce
01:14:24l'argent
01:14:24et de l'autre
01:14:25des fois
01:14:25on le veut
01:14:26chez NTM
01:14:27par exemple
01:14:27mais il y avait
01:14:28quand même
01:14:28une certaine vision
01:14:29de la société
01:14:29aujourd'hui
01:14:30les banlieues
01:14:32ont beaucoup plus
01:14:33de mal
01:14:33à développer
01:14:34des visions
01:14:34cohérentes
01:14:35de la société
01:14:35d'ailleurs
01:14:36ça se voit
01:14:36dans l'évolution
01:14:36du rap
01:14:37qui ne parle plus
01:14:38que de thunes
01:14:39de communautés
01:14:40ou de soi-même
01:14:41il y a encore
01:14:43une scène rap
01:14:44politique
01:14:45je parle de ça
01:14:47c'est intéressant
01:14:47parce que vous avez
01:14:48également écrit
01:14:49pensée de rap
01:14:50aux éditions de l'Aube
01:14:50vous êtes un expert
01:14:51elle existe
01:14:54cette scène
01:14:55mais elle est
01:14:55très minoritaire
01:14:57aujourd'hui
01:14:57et ce n'est pas
01:14:58elle qui vend
01:14:58le plus
01:14:59c'est aujourd'hui
01:15:01ce qu'ils vendent
01:15:02ce sont des ninos
01:15:03des nisca
01:15:04des gens qui
01:15:05artistiquement
01:15:06je peux d'ailleurs
01:15:06beaucoup apprécier
01:15:07ce qu'ils font
01:15:08mais dans l'écriture
01:15:09quelque chose
01:15:10s'est perdu
01:15:10c'est une vision
01:15:13très capitaliste
01:15:14finalement
01:15:14de la réussite
01:15:15personnelle
01:15:16exactement
01:15:16c'est quand Booba
01:15:18disait
01:15:18qui pour moi
01:15:19c'est le plus grand
01:15:20rappeur de l'histoire
01:15:21en France
01:15:21dit tout le monde
01:15:22peut s'en sortir
01:15:23aucune cité
01:15:24n'a deux barreaux
01:15:24voilà c'est ça
01:15:25c'est très personnel
01:15:27et non seulement
01:15:30il y a cette dépolitisation
01:15:31banlieue
01:15:32mais elle existe aussi
01:15:32du côté de la France
01:15:33périphérique
01:15:33alors qu'ils se repolitisent
01:15:35en grande partie
01:15:36autour du RN
01:15:36mais en réalité
01:15:37ce sont quand même
01:15:37la vie pavillonnaire
01:15:39elle-même
01:15:40coupe les gens
01:15:41en fait
01:15:43de leur
01:15:44on va dire
01:15:44de leur communauté
01:15:45existentielle
01:15:46les gens en fait
01:15:47se replient
01:15:48sur leur sphère familiale
01:15:49c'est d'ailleurs
01:15:50ce qui avait surpris
01:15:51dans le mouvement
01:15:52des gilets jaunes
01:15:52la prise des ronds-points
01:15:53finalement
01:15:54tout ce qui restait
01:15:55dans cette France
01:15:55périphérique
01:15:56pour se retrouver
01:15:57c'était le rond-point
01:15:58exactement
01:15:58ces sortes de non-lieux
01:16:00qui traversent
01:16:02et défigurent la France
01:16:03étaient les seuls
01:16:04endroits
01:16:04où ils pouvaient
01:16:04se retrouver
01:16:05et l'autre chose
01:16:06intéressante
01:16:06des gilets jaunes
01:16:07et c'est pour ça
01:16:07que ça a pris
01:16:08c'est qu'en fait
01:16:08c'est une re-sociabilisation
01:16:10de gens
01:16:10qui étaient désociabilisés
01:16:12ils étaient contents
01:16:13de pouvoir parler
01:16:13entre eux
01:16:14de leurs problèmes
01:16:14de voir
01:16:15qu'ils n'étaient pas seuls
01:16:16dans leurs galères
01:16:16etc
01:16:17et effectivement
01:16:21la re-politisation
01:16:22passe aussi par ça
01:16:23à part le fait
01:16:24de se retrouver
01:16:24entre soi
01:16:25sur des lieux
01:16:27de pouvoir lutter ensemble
01:16:28moi dans mon livre
01:16:29je parle du faire ensemble
01:16:30plutôt que du vivre ensemble
01:16:32je pense que c'est aussi
01:16:33par là
01:16:33que ça passera
01:16:34oui
01:16:34justement
01:16:35il y a toute cette question
01:16:36de la recomposition politique
01:16:38où on voit bien
01:16:38que gilets jaunes
01:16:40ce que fait la France insoumise
01:16:43avec les banlieues
01:16:43etc
01:16:44le RN
01:16:45avec les périphéries
01:16:46fait qu'il n'y a pas
01:16:47de jonction populaire possible
01:16:50et qu'il y a toujours
01:16:51cette insulte
01:16:52le populisme
01:16:53qui serait un mal absolu
01:16:55de la démocratie
01:16:55jonction populaire possible
01:16:57je ne sais pas
01:16:57typiquement
01:16:58si on prend les gilets jaunes
01:16:58c'est vrai qu'on a beaucoup pointé
01:16:59le fait que les banlieues
01:17:00étaient absentes
01:17:01elles étaient je pense
01:17:02absentes
01:17:03du point de vue
01:17:05de leur ampleur
01:17:05parce qu'il y avait
01:17:06des gens de banlieues
01:17:07dans les manifestations
01:17:08moi je les ai couvertes
01:17:10j'en ai couvertes
01:17:11plusieurs actes
01:17:12pour le média
01:17:13où je travaillais
01:17:14à l'époque
01:17:15il y en avait
01:17:16mais c'est vrai qu'ils étaient
01:17:17minoritaires par rapport
01:17:18à leur représentation
01:17:19surtout qu'en plus
01:17:19ça se passait à Paris
01:17:20et qu'ils pouvaient plus
01:17:23facilement venir
01:17:23que ceux de province
01:17:24mais ce qui était intéressant
01:17:26c'était que globalement
01:17:27le soutien aux gilets jaunes
01:17:28était de 80%
01:17:29de la population
01:17:30et que les banlieues
01:17:30soutenaient autant
01:17:31les gilets jaunes
01:17:31que le reste
01:17:33c'est-à-dire que c'est vrai
01:17:34qu'ils ne se sont pas reconnus
01:17:35dans ce mouvement
01:17:35il faudrait analyser
01:17:36pourquoi ils ne se sont pas
01:17:37reconnus dans ce mouvement
01:17:37et pourquoi ils n'y ont pas
01:17:38participé
01:17:39mais il y avait quand même
01:17:40un soutien en fait
01:17:41à ce mouvement
01:17:42et donc c'est la preuve
01:17:43que la jonction
01:17:44ne s'est pas totalement faite
01:17:46mais pourtant
01:17:46il y avait quelque chose
01:17:47il y avait un début
01:17:48de jonction
01:17:48qu'on n'a pas réussi
01:17:50à fortifier
01:17:53mais pourtant
01:17:54il y avait quelque chose
01:17:55de possible
01:17:55et puis de l'autre côté
01:17:57il y a les émeutes
01:17:58après la mort de Naël
01:17:59après un refus
01:18:01d'obtempérer
01:18:02et là c'est pareil
01:18:04immédiatement
01:18:05une réponse
01:18:06ultra sécuritaire
01:18:07de l'État
01:18:08avec même des forces spéciales
01:18:09dans les rues de nos villes
01:18:10bien sûr mais en fait
01:18:11le problème des émeutes
01:18:12Victor Hugo avait une belle formule
01:18:15dans Les Misérables
01:18:15qui faisait la différence
01:18:17entre la révolution
01:18:18et l'émeute
01:18:18la révolution c'est quand
01:18:19la majorité s'en prend
01:18:20à la minorité
01:18:21alors que l'émeute
01:18:21c'est quand la minorité
01:18:22s'en prend à la majorité
01:18:23le problème des émeutes
01:18:25après Naël
01:18:26qui partent d'une cause juste
01:18:27c'est-à-dire effectivement
01:18:28un jeune qui est tué
01:18:30par la police
01:18:30à bout portant
01:18:31c'est que très vite
01:18:33on arrive sur une sorte
01:18:35de violence stérile
01:18:36où les gens
01:18:37ils détruisent
01:18:39mais c'est ce qu'on avait vu
01:18:41aussi aux Etats-Unis
01:18:42à Los Angeles
01:18:42exactement
01:18:43oui mais en fait
01:18:44ça devient une violence
01:18:46sans mobile
01:18:46et je peux le dire
01:18:47d'autant plus
01:18:48que je vis moi-même
01:18:49en banlieue
01:18:50dans un quartier
01:18:50qui a été en partie
01:18:51saccagé pendant les émeutes
01:18:52donc des fois
01:18:55on brûle la voiture
01:18:56de son voisin
01:18:56qui ne pourra plus
01:18:57aller à travailler
01:18:58donc on emmerde
01:18:59les gens autour de soi
01:19:00et en plus
01:19:01dans ces émeutes
01:19:01une grande partie
01:19:02de ces émeutes
01:19:03ont montré effectivement
01:19:03la vision ultra consumériste
01:19:05malheureusement de ces jeunes
01:19:07c'est-à-dire dans les pillages
01:19:08de magasins
01:19:09etc
01:19:09on a vu qu'ils sont donnés
01:19:11rendez-vous à Rony
01:19:13donc le centre commercial
01:19:14en dévalisé
01:19:15des magasins
01:19:16en réalité
01:19:16en Seine-Saint-Denis
01:19:17voilà
01:19:17il y avait de ça
01:19:19et finalement
01:19:20très vite
01:19:21en fait
01:19:21l'objet
01:19:22de départ
01:19:23qui est quand même
01:19:23le meurtre
01:19:24l'assassinat
01:19:26d'un jeune
01:19:27d'un jeune
01:19:29par un policier
01:19:30en fait
01:19:30s'efface
01:19:30entre
01:19:31une sorte de spectacle
01:19:33où chaque quartier
01:19:33veut montrer
01:19:34qu'il est capable
01:19:35de faire plus que les autres
01:19:36c'est sur Snapchat
01:19:36voilà
01:19:37sur Snapchat
01:19:38sur TikTok
01:19:38etc
01:19:39ou par quelque chose
01:19:41d'ultra consumériste
01:19:42et alors
01:19:43dans toute cette question
01:19:44de l'antiracisme
01:19:45quelle est maintenant
01:19:46la position
01:19:47le futur
01:19:48de l'universalisme
01:19:49moi
01:19:50j'espère que l'universalisme
01:19:52encore de beaux jours
01:19:53devant lui
01:19:53c'est quelque chose
01:19:55que je reproche aussi
01:19:56au mouvement antiraciste
01:19:58c'est en fait
01:20:00de jeter
01:20:00le bébé avec l'eau du bain
01:20:01effectivement
01:20:02derrière l'universalisme
01:20:03a pu se cacher
01:20:04des formes
01:20:04d'autoritarisme
01:20:05d'impérialisme
01:20:06même de particularisme
01:20:08qui se sont dits
01:20:09universalistes
01:20:09c'est-à-dire
01:20:10des formes de racisme
01:20:11mais c'est très vite
01:20:12oublié en fait
01:20:13que l'universalisme
01:20:14déjà
01:20:15outre les principes
01:20:16ce sont aussi
01:20:17des choses très concrètes
01:20:17la couverture médicale
01:20:21pour tous
01:20:21l'égalité des droits
01:20:22etc
01:20:22et que ces choses-là
01:20:24font quand même
01:20:25beaucoup pour la cause
01:20:26antiraciste
01:20:27et pour l'égalité
01:20:28mais c'est aussi oublié
01:20:29que même quand
01:20:30certains peuples
01:20:31colonisés
01:20:33se sont rebellés
01:20:35contre l'oppresseur
01:20:36colonialiste
01:20:37c'était au nom
01:20:38de l'universalisme
01:20:38au Kimmine
01:20:39le FLN
01:20:42ou la révolte
01:20:43des haïtiens
01:20:44à la fin du 18ème
01:20:45début du 19ème siècle
01:20:46se font
01:20:47au nom de l'universalisme
01:20:49au nom du non-respect
01:20:50en fait des valeurs
01:20:51des lumières
01:20:51françaises
01:20:51on va reparler d'Haïti
01:20:53et bien merci beaucoup
01:20:54Kevin Boucouitard
01:20:55pour ces mots
01:20:56et ce livre
01:20:57mon antiracisme
01:20:58et bien on va
01:20:58vous allez retrouver
01:20:59Brigitte Lahaye
01:21:00dans un instant
01:21:00qui va parler justement
01:21:01du livre
01:21:02du film
01:21:02qui a fait basculer
01:21:03votre vie
01:21:04à moins que ce soit
01:21:05une émission
01:21:05un événement de vie
01:21:06vous c'était quoi
01:21:07le livre le plus fondamental ?
01:21:09le livre le plus fondamental
01:21:10peut-être
01:21:12peut-être le manifeste
01:21:13du parti communiste
01:21:14de Marx et Engels
01:21:15et bien voilà
01:21:16alors ça c'est une somme
01:21:17allez à tout de suite
01:21:18sur ce radio
01:21:18c'est une somme