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Le Premier ministre François Bayrou tenait ce mardi une conférence de presse mardi 15 avril sur les finances publiques.

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Transcription
00:00La première considération est celle du manque de moyens financiers auxquels nous sommes exposés, tant pour l'action publique que pour la vie personnelle.
00:11Pas assez de moyens pour les services publics, pas assez de ressources pour la vie personnelle ou la vie du foyer.
00:19La question qui se pose à nous est celle-ci, y a-t-il une explication certaine et que nous pourrions partager sur la réalité de cette situation ?
00:28Et notre réponse est oui. La première explication est simple et pourtant trop souvent ignorée. Nous n'avons pas assez de ressources parce que notre pays ne produit pas assez.
00:42Nous manquons de ressources parce que nous ne produisons pas assez pour les créer.
00:47Si l'on veut mesurer ce déséquilibre, il est facile, vous l'avez sur vos écrans, il est facile de regarder la différence de production par habitant entre notre pays et ses principaux voisins de même niveau de développement.
01:01La ligne bleue, qui est désormais en bas de l'écran, c'est la production française. Et vous avez au-dessus toutes les autres productions qui sont nos principaux partenaires et nos principaux voisins.
01:18En rouge, c'est l'Allemagne. En vert, c'est l'Italie. Et tout en haut de la courbe, il y a les Pays-Bas et les États-Unis.
01:29Et vous voyez qu'au travers du temps, la différence s'agrandit, s'accuse.
01:39Le produit intérieur par habitant est inférieur en France à celui de l'Allemagne de 10 à 15% selon les années.
01:49Le produit intérieur par habitant est inférieur à celui des Pays-Bas de presque 25%. Il est inférieur à celui des États-Unis de 30%.
02:00Si notre production par habitant était dans la même gamme que celle de nos voisins européens, nous n'aurions pas de déficit budgétaire.
02:10Et nos concitoyens qui gagnent quelques 2 000 euros par mois approcheraient les 2 500 euros.
02:17Et cela changerait notre vie et la leur. Nous sommes le pays du monde qui dépense le plus d'argent public, 57% de notre produit intérieur contre 50% de recettes.
02:32Entre les deux, c'est le déficit. Et pourtant, la France est loin d'être au sommet du classement des pays de l'OCDE.
02:40Pour le niveau de vie, nous ne sommes que 16e pour le PIB par tête en 2022. Pour le taux de chômage, nous sommes en 30e position.
02:51Pour les inégalités, nous sommes en 12e position.
02:56Or, une politique de rééquilibrage des dépenses publiques, politique à nos yeux nécessaire, est possible, comme le montrent les comparaisons internationales.
03:06Beaucoup de pays plus développés que nous, du point de vue de l'épanouissement de leurs citoyens, de l'éducation, de la santé, ont fortement réduit leurs dépenses publiques lorsqu'elles ont été menacées de déséquilibre.
03:20Le Canada, la Suède, les Pays-Bas, qui ne sont pas réputés pour être des pays où les citoyens sont abandonnés, ont réussi à les maîtriser alors qu'elles ne cessaient d'augmenter chez nous.
03:34Et ce qui est frappant, ce qui est terrible, c'est que les habitants de ces pays où les efforts de rééquilibrage ont été conduits sont précisément ceux qui se déclarent les plus heureux dans les comparaisons internationales.
03:48Alors que 64% des Français, dans un sondage récent, s'affirment pessimistes pour leur propre avenir et que 84% d'entre eux, même 87% dans certaines enquêtes, s'affirment pessimistes pour l'avenir du pays et notamment l'avenir économique du pays.
04:07La première solution serait de penser que si l'État n'a plus d'argent dans ses caisses, il suffit d'augmenter les prélèvements.
04:15C'est un raisonnement qui paraît simple, mais qui est intenable, car la France est déjà le pays qui détient le taux de prélèvement obligatoire d'impôts et de taxes de toute nature le plus élevé dans le monde.
04:28En 2024, le taux de prélèvement obligatoire s'établit à près de 43% du produit intérieur. Les prélèvements en Allemagne sont autour de 6 points de moins.
04:42Et si nous choisissions de continuer à augmenter ces prélèvements, c'est notre pays qui, au bout du compte, en souffrirait, parce que c'est devenu une loi presque universelle.
04:51Plus l'impôt est lourd, plus les contribuables se dérobent et moins les investisseurs s'engagent.
04:56La deuxième solution de facilité serait d'emprunter. Et c'est ce que nous faisons depuis des décennies.
05:07Nous nous trouvons aujourd'hui au bord d'une situation de surendettement. La comparaison avec notre voisin allemand est à cet égard très frappante.
05:18Vous avez la courbe sous les yeux. Elle part des années 2000 et l'endettement de la France et l'endettement de l'Allemagne sont au même niveau et même légèrement supérieur pour l'endettement de l'Allemagne,
05:32qui a vécu 10 ans avant sa réunification. Nous avions à cette époque une dette du même niveau, de l'ordre de 60% du produit intérieur.
05:44Et puis les trajectoires ont gravement divergé il y a 25 ans. Ce qui veut dire que toutes les majorités, sensibilité politique ou presque, en tout cas ayant exercé le gouvernement,
06:00ont leur part dans l'évolution de cette courbe qui est quasiment ininterrompue devant le gigantesque effort d'armement de la Russie,
06:10le gigantesque effort d'armement de la Chine, le pas de côté des États-Unis, doté de la première armée au monde,
06:19mais ne considérant plus que l'Europe soit pour l'avenir leur priorité de défense, l'Union européenne a le devoir impérieux de construire une défense autonome.
06:31Cette défense autonome doit être le résultat d'un immense effort partagé, nécessaire de la part des autres pays européens,
06:39qui étaient sans doute moins habitués que nous ne le sommes, et d'abord de nos partenaires allemands qui se sont engagés résolument dans cette voie
06:48avec la formation de leur nouveau gouvernement, mais aussi d'un effort français renforcé.
06:54Le gouvernement affirme donc ses choix pour répondre à l'effort nécessaire.
06:58Respecter les engagements pris dans le cadre de la loi de programmation, 50,4 milliards cette année.
07:07Prendre notre part de la remise à niveau en tenant compte des efforts que la France a déjà consentis, par exemple pour notre force de dissuasion,
07:16ce qui signifiera sans doute un effort de quelques 3 milliards supplémentaires l'année prochaine.
07:21Être présent au rendez-vous de la garantie de sécurité de nos alliés ukrainiens,
07:28si un accord équilibré venait à être signé, ce qui, je vous l'accorde, est loin d'être garanti.

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