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Guerre en Ukraine, économie de guerre, Algérie… Le Premier ministre, François Bayrou, était l’invité de #LaGrandeInterview de Sonia Mabrouk et Laurence Ferrari dans #LaMatinale sur CNEWS, en partenariat avec Europe1.

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00:00Nous avons connu, depuis trois ans, quelque chose qui était totalement exclu de la pensée de tous les pays européens et de tous les pays du monde,
00:14qui était de voir un pays parmi les plus puissants de la planète, le plus vaste, le plus doté de toutes les richesses du sous-sol,
00:25avec une armée qui est une des deux ou trois armées les plus puissantes du monde, se jeter sur son pays voisin pour l'annexer, pour en prendre le contrôle,
00:39pour en chasser les dirigeants, bref, pour le happer et le prendre. Or, ce pays, la Russie, est membre du Conseil de sécurité des Nations unies.
00:50C'est-à-dire qu'il est parmi les cinq pays qui sont le garant de la loi internationale. Ils sont, au nom de toutes les nations de la planète,
01:04ils sont ceux qui devaient, s'étaient engagés à garantir qu'on respecterait la loi des nations. Or, ce pays, la Russie, est membre du Conseil de sécurité des Nations unies.
01:19C'est-à-dire qu'il est parmi les cinq pays qui sont le garant de la loi internationale. Ils sont, au nom de toutes les nations de la planète,
01:33ils sont ceux qui devaient, s'étaient engagés à garantir qu'on respecterait la loi des nations. Et voilà que ce pays fait ce que d'autres pays dans les années 40,
01:48dans la fin des années 30, ont fait sur leurs voisins. Et c'est une chose dont nous savions depuis le premier jour que ça changerait la manière dont les nations vont vivre ensemble.
02:01Qu'est-ce que fait Donald Trump ? Il fait le renversement des alliances. Nous avions, depuis la guerre, et payé au prix du sang, nous avions payé au prix du sang de nous, les Français,
02:15des Européens, des Allemands qui ont été entraînés dans ce drame et ayant perdu des millions dès l'heure. Et aussi, ils ont perdu une certaine idée de l'humanité.
02:27Et du sang des Américains qui sont venus nous aider pour essayer de... pour sauver ce qui pouvait l'être de la loi internationale. Nous avons vécu, depuis la guerre,
02:39dans ce climat qui était « nous avons en Europe et dans l'OTAN l'Alliance des libertés ». Et voilà que M. Trump renverse ça, et il le renverse pas à moitié.
02:50Je rappelle, il est membre du Conseil national des Nations unies, et les Nations unies sont sur son sol. Il déclare à l'Europe une guerre commerciale.
03:00Notre pays vit en grande partie de ses exportations. Et à l'inverse, les États-Unis exportent chez nous. La balance commerciale entre les États-Unis et la France
03:12est à peu près équilibrée. Et l'Europe, non, en raison de l'Allemagne, mais entre les États-Unis et la France, c'est à peu près équilibré. Il déclare la guerre commerciale
03:22qui va avoir, en termes de crise économique, des conséquences impressionnantes et très dangereuses pour nous. Il dit...
03:31– Joe Biden l'avait fait aussi, François Biden. – Il dit « je vais mettre 25% de droits de douane sur les produits européens ». Vous vous rendez compte ?
03:39Alors vous dites, est-ce un allié ? Un allié qui décide de passer dans le camp de vos adversaires ? Un allié qui décide de passer dans le camp de ceux
03:51qui bouleversent et remettent en cause l'ordre international ? Un allié qui vous déclare une guerre commerciale et qui prétend annexer des territoires
04:00qui appartiennent à des pays libres, sans parler du Canada, a-t-il dit ? Comme ça, ça pourrait devenir un État américain.
04:06– Ça s'appelle un ennemi, François Bayrou. – Non, ça s'appelle une destruction de l'ordre international.
04:13Tous les gouvernements successifs du pays ont construit, bâti l'idée que dans l'Alliance, alors la France pouvait et devait être indépendante.
04:26Et c'est la raison pour laquelle nous avons une armée qui est la seule indépendante dans les armées européennes,
04:33qui a toutes les facultés d'intervention dans tous les domaines, jusqu'au domaine suprême de la dissuasion nucléaire.
04:41Et nous sommes les seuls à être libres de déclencher ou pas ces défenses et ces attaques.
04:50Il y a l'appréciation par le président de la République française du moment où ces choses se produiraient.
04:57Il y a l'appréciation de savoir si nous sommes menacés dans ce qui est vital pour nous.
05:04– Donc pas d'automaticité, pas de mutualisation ?
05:08– Mutualiser, c'est considérer qu'on a des intérêts vitaux en commun.
05:12Mais vous voyez bien que le patron, ça reste le président de la République française du moment où ces choses se produisent.
05:18– Parlez-moi sur les armées françaises.
05:20C'est tout à fait normal, il faut rendre hommage à nos armées malgré tout.
05:24Et on le déplore pendant des années, elles ont été ces armées.
05:28– Nous avons devant nous cette question considérable, cet enjeu considérable.
05:34Est-ce que nous devons être un pays en mesure de se défendre avec l'ensemble de l'Union européenne ou pas ?
05:43Il y a des gens qui disent non.
05:45– Et vous ?
05:46– Mais la responsabilité du gouvernement, et a été exprimée par le président de la République avant-hier, il y a trois jours,
05:55la responsabilité du gouvernement est de répondre non, nous ne pouvons pas laisser désarmer le pays, c'est vital.
06:01Et cependant, le gouvernement a une deuxième responsabilité,
06:05c'est de se poser la question des difficultés et des problèmes
06:09qui font que la France est en situation de faiblesse alors qu'elle devrait être en situation de force.
06:14– On n'oublie pas ces enjeux, donc, François.
06:16– Et donc, on ne peut pas, au nom de l'enjeu de défense, oublier la totalité des autres enjeux.
06:23La France ne se défendra vraiment que si elle a un appareil de défense et si elle est forte.
06:32Et cette force du pays, dans tous les domaines où elle doit s'appliquer.
06:37Et cependant, aujourd'hui, déficit des dettes exige un rééquilibrage.
06:44– Comment en économie de guerre, monsieur le Président ?
06:46– En tout cas, un plan de rééquilibrage.
06:48– Comment en économie de guerre ?
06:50– Parce que c'est précisément là qu'il va falloir être avisé dans les réponses.
06:57– Original ? – Oui, original, avisé.
06:59– Créatif, vous voulez dire ne pas convoquer l'impôt ?
07:02– Je pense que le recours à l'impôt, on peut trouver des adaptations.
07:06Mais le recours à l'impôt, il est au bout de sa logique.
07:09Reprenons cette idée que j'ai défendue déjà à votre micro.
07:14Si vraiment c'était l'impôt qui faisait la prospérité des nations et le bonheur des peuples,
07:20alors la France serait de très loin le pays le plus heureux du monde.
07:24J'étais le seul à dire qu'il y avait un problème d'équilibre financier des retraites,
07:29de déséquilibre financier des retraites, avec à la fois des déficits
07:36et un recours à l'argent public pour équilibrer les finances.
07:43Il y a un problème de l'action publique, de l'État, des collectivités locales,
07:50parce qu'en dépit de l'argent considérable ou des dépenses considérables,
07:55on voit bien que la réponse que les Français reçoivent n'est pas la bonne,
07:59on a un problème d'aménagement du territoire.
08:03J'ai réuni tous les ministres et toutes leurs administrations.
08:07Avec une question simple, vous allez me dire ce que vous produisez,
08:12à quoi votre administration sert, quel est le service qu'elle rend aux Français,
08:19et vous allez me l'expliquer en termes simples.
08:21Ça va prendre du temps, tout ça ?
08:23Non, c'est ce matin, c'est fait. Il y a 15 jours que j'ai lancé ce mouvement-là.
08:28Pour moi, il est très important, parce que sur chacune des missions, on va évaluer.
08:34Et je vais partager avec les Français la liste de ces missions et de ces difficultés.
08:41Et on va aller plus loin. Vous parliez de ce grand problème de la simplification.
08:46Je vais mettre les usagers en situation de décideurs.
08:50Au lieu de laisser les usagers demander et l'administration d'accepter
08:56ou de refuser la plupart du temps les demandes qui sont faites,
08:59on va inverser le processus.
09:01Ça ne veut pas dire qu'on va faire n'importe quoi.
09:04Mais ça veut dire qu'au lieu d'avoir des citoyens en situation de sujets,
09:10d'obéir à un souverain, l'Etat qui décide et multiplie les obstacles et les exigences,
09:23on va faire le contraire.
09:25Une forme de décentralisation populaire.
09:27Les usagers vont être en droit de dire, mais votre ligne 401, ça sert à quoi ?
09:34Je vais un tout petit peu plus loin et j'ai fini.
09:37Ça sert à quoi ? L'administration contrôle la totalité des déclarations des usagers.
09:44Ça prouve qu'ils ont tous les renseignements.
09:48Alors pourquoi on n'inverse pas le mouvement ?
09:51Au lieu de dire, les usagers, les entreprises, les PME, les artisans,
09:57vont avoir à remplir toutes ces paperasses dont ils ne se sortent pas
10:01et ils s'arrachent les cheveux parce que tout le monde n'a pas une direction administrative
10:06pour faire les choses à sa place.
10:08Encore qu'on a pu, grâce aux maisons France Service, aider une partie des citoyens.
10:13Au lieu de mettre toute cette charge sur les épaules des usagers,
10:21on va inverser le mouvement.
10:23Pourquoi est-ce que ce n'est pas l'administration qui remplit les papiers
10:26et les usagers qui contrôlent ?
10:28Au lieu de dire, les usagers, les entreprises, les PME, les artisans,
10:33vont avoir à remplir toutes ces paperasses dont ils ne se sortent pas
10:37et ils s'arrachent les cheveux parce que tout le monde n'a pas une direction administrative
10:42pour faire les choses à sa place.
10:44Encore qu'on a pu, grâce aux maisons France Service, aider une partie des citoyens.
10:49Au lieu de mettre toute cette charge sur les épaules des usagers,
10:57on va inverser le mouvement.
10:59Pourquoi est-ce que ce n'est pas l'administration qui remplit les papiers
11:02et les usagers qui contrôlent ?
11:04Et cette idée-là, j'ai presque fini, parce que tout ça est une chaîne.
11:08Le temps court.
11:10Tout ça est une chaîne.
11:12Nous avons avec l'Algérie des accords super privilégiés.
11:16Des accords qui dépendent de vous, M. le ministre.
11:18Il n'y a pas d'autres qui ont été faits en 68.
11:21Et en 68, je vous jure que j'avais d'autres préoccupations que ces accords-là.
11:30Il n'y a pas d'autres pays dans le monde qui ont avec la France
11:34des accords aussi privilégiés que ceux que nous avons avec l'Algérie.
11:40L'histoire l'explique.
11:43Le drame que nous avons vécu ensemble,
11:48quelle que soit la situation de ceux qui le vivaient,
11:51il y a eu des blessures très importantes des deux côtés,
11:55et il y a beaucoup de nos compatriotes pour qui ceci est encore brûlant.
12:00N'est-il pas temps de tourner la page des deux côtés ?
12:03Oui, mais quand vous avez des blessures profondes,
12:07seul le temps peut vous permettre de tourner la page.
12:10S'en est passé du temps, alors.
12:12Et il ne faut pas mépriser ou sous-estimer les blessures
12:17qui ont été le résultat de ce drame.
12:21Il ne faut pas ne plus les utiliser, peut-être, dans l'autre sens.
12:24Je parlais exactement de votre sentiment.
12:26C'est une question.
12:27Donc nous avons des accords super privilégiés.
12:30Des accords super privilégiés, ça signifie qu'on doit avoir du respect mutuel.
12:35Faut-il les revoir, les réviser ?
12:37Et le respect mutuel, ça commence par le respect des accords.
12:42Avec compréhension, avec tact, avec une manière de parler.
12:47Pourquoi ? Parce qu'on a beaucoup de...
12:49Que de précautions. Monsieur le Premier ministre a pourtant d'humiliation de la France.
12:52Excusez-moi, excusez-moi.
12:54Je ne sous-estime pas ce que vivent intimement,
13:00dans notre peuple, des femmes, des hommes, des jeunes
13:07qui sont liés par leur histoire à ce drame,
13:11quel que soit leur lien.

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