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00:00Il est 7h45, merci de nous écouter, merci de nous regarder, ici Isère avec la parole qui vous est donnée maintenant, on attend vos appels, pour parler des risques de commotions cérébrales dans le sport théorique.
00:14Après des chocs à la tête qui peuvent survenir dans de nombreux sports, on pense au rugby bien sûr, après le témoignage de Sébastien Chabal, l'ancien bergélien n'a plus aucun souvenir de ces matchs pro, mais le rugby n'est pas le seul concerné, on pense au ski, à l'équitation.
00:28Appelez-nous pour témoigner et on en parle avec notre invité ce matin. Bonjour Marc Hommel.
00:33Bonjour Monsieur.
00:34Merci d'être en studio avec nous ce matin, vous êtes neurologue au CHU de Grenoble.
00:38D'abord parlons de ce témoignage, de ce point de départ, du témoignage de Sébastien Chabal, l'ancien rugbyman bergélien, confie qu'il n'a plus aucun souvenir de ces matchs, plus aucun souvenir de ces marseillaises, par exemple, qu'il a chanté avec l'équipe de France.
00:51Est-ce que ça vous surprend d'en arriver jusque-là, où au fond vous êtes étonné ?
00:56C'est dommage, on est vraiment triste pour lui.
00:59Mais ça ne vous étonne pas ?
01:00Ça ne m'étonne pas, mais malheureusement ça arrive.
01:03Mais que ce soit au rugby, que ce soit au foot, que ce soit au football américain, que ce soit au hockey, tous ces sports, mais pas uniquement les activités sportives,
01:12ça peut être un accident de la circulation, ça peut être d'autres situations de la vie.
01:17Et c'est quelque chose qu'on connaît de mesure mieux, mais ça montre aussi la fragilité du cerveau.
01:24Justement, on va essayer de comprendre avec vous, c'est quoi une commotion cérébrale ? Qu'est-ce qui se passe quand il y a un choc à la tête, une commotion qui se produit ?
01:31Vous pouvez avoir des lésions évidentes, c'est-à-dire des plaies, vous vous êtes coupé au scalp, ça saigne, vous pouvez avoir une fracture.
01:39Mais vous pouvez aussi avoir, on va dire, le cerveau secoué, un petit peu comme celui du nouveau-né, mais pas tout à fait quand même, un peu différemment.
01:47Le cerveau, c'est un organe qui est relativement mou, il est très protégé, il est mou, et à l'intérieur du crâne, il y a des parois solides qui séparent le cerveau.
01:57Ce qui fait que quand quelque chose est mou et est largement secoué, on imagine bien ce que ça donne, etc.
02:04D'autre part, il est constitué de cellules nerveuses et de connexions entre les cellules nerveuses.
02:09À partir du moment où vous secouez quelque chose qui a des connexions, vous coupez ces connexions.
02:14Et à partir du moment où vous coupez ces connexions, vous entraînez un dysfonctionnement.
02:19Alors, effectivement, c'est des trajectoires de vie qui sont changées, puisque ce dysfonctionnement entraîne une perte de capacité intellectuelle.
02:25Un des signes, c'est la mémoire.
02:27Oui. Dès la première commotion ?
02:29Non, pas forcément. Ça peut, tout dépend de la sévérité.
02:32Par exemple, vous avez un gros accident, vous aviez donné l'exemple du cheval, la personne est roulée, ou l'accident de ski, la personne saute sur des bosses.
02:41Casque ou pas, le cerveau saute sur les bosses.
02:44Et ça n'entraînera aucune lésion du scalp.
02:46Par contre, ça entraînera de façon répétée des torsions, des accélérations, comme on dit, dans toutes les directions, extrêmement rapides.
02:54Et à partir de ce moment-là, on voit des lésions.
02:56On a souvent vu des skieurs qui avaient fait des vilaines chutes, sans que ce soit des collisions, des vilaines chutes,
03:02et qui se réveillent en ne sachant plus ce qu'ils font sur la piste du ski.
03:07On a tous vu ça, on l'a entendu décrire pour des descendeurs à ski.
03:11Et récemment, pour Cyprien Sarrazin, le skieur des Haute-Zap, il semble que ce soit assez horrible ce qui lui soit arrivé au-delà des histoires strictement orthopédiques qu'on peut voir au ski.
03:23Et à ce moment-là, ça récupère très mal au niveau cérébral.
03:26Par exemple, Cyprien Sarrazin, il peut éventuellement avoir encore une grande partie de ses souvenirs stockés, mais il ne sait plus comment aller les chercher.
03:38Et si son cerveau ne sait plus comment aller les chercher, ça veut dire que dans d'autres domaines aussi, au-delà de la mémoire, la mémoire s'explique facilement, on peut en parler, etc.
03:46Mais dire qu'on a du mal à se remettre dans sa voiture et à conduire, c'est peut-être pire encore que de dire que chaque matin est un jour nouveau pour moi.
04:00On peut se dire que d'avoir oublié les soucis de la veille, c'est bien, mais quelqu'un qui a oublié son passé aura énormément de mal à se projeter dans l'avenir.
04:08Et ça entraîne une perturbation majeure dans la vie.
04:14Et je vous propose d'écouter un premier témoignage.
04:16Celui d'Antony, c'est un joueur de rugby amateur de 23 ans.
04:19Il a eu une commotion récemment.
04:21Il est interrogé par notre reporter Romain Biteau.
04:24Écoutez.
04:24Ça m'a éteint 10 secondes, obscurité pendant 10 secondes, et après ça revenait petit à petit, mais j'arrivais à ne pas bouger ma nuque, mes cervicales, j'arrivais pas à me déplacer.
04:33Aujourd'hui, il peut à nouveau bouger la tête et reprendra l'entraînement dans une semaine.
04:37Je me sens en forme, mon corps me dit oui, donc si mon corps me dit oui, je peux reprendre.
04:41Mon corps me dit oui, je peux reprendre, estime ce joueur.
04:44Est-ce qu'il a raison selon vous ?
04:45C'est quoi les risques d'une répétition comme ça de commotion à intervalles assez proches ?
04:50Je lui donnerai aucun conseil.
04:52Oui.
04:53C'est ma première réaction.
04:56Il a eu du mal à bouger la tête.
04:58Il faut savoir aussi que le cou est aussi un endroit relativement fragile.
05:02Et quand on a des coups du lapin de façon répétée, ça peut déclencher après des douleurs extrêmement violentes, des vertiges, des maux de tête, une fatigabilité.
05:12Mais douleurs dont on a du mal à se débarrasser par la suite.
05:16Donc je pense qu'il y a un risque à la répétition.
05:20On a tous vu Cassius Clay allumer la flamme à Atlanta avec un Parkinson.
05:24C'est-à-dire que ça augmente le risque aussi de survenue de maladies dégénératives à long terme.
05:30Pas dans l'immédiat.
05:32Effectivement, son corps lui dit il peut recourir.
05:34Est-ce que c'est une bonne chose d'accumuler les commotions cérébrales ?
05:40Certainement pas.
05:41On a de plus en plus des protocoles, de plus en plus stricts heureusement.
05:45Mais est-ce qu'ils sont appliqués ?
05:46Il y a des protocoles commotions, il y a des cartons bleus aussi, au-dessus désormais.
05:49Il y a des choses qui ont progressé quand même.
05:50Ça montre qu'on commence à se rendre compte de la diffusion et de la sévérité des conseils.
05:57Oui, on s'en rend compte aussi sur notre page Facebook.
06:00Et on a un autre rugbyman qui nous raconte son histoire.
06:04Frédéric qui nous a laissé un commentaire.
06:06J'ai fait du rugby pendant 28 ans et à l'époque malheureusement pas de protocole commotion.
06:11C'était l'éponge magique pleine de sang qu'on trempait dans un seau et on repartait au combat.
06:16J'ai des problèmes de santé maintenant, nous écrit-il.
06:18Liés à la commotion ou pas, je n'en sais rien.
06:21Mes enfants font du foot et tant mieux, je ne les aurais pas incitées à faire du rugby, nous écrit-il.
06:27Et puis on a Marie-Hélène qui nous dit que sa fille, elle fait du handball depuis toute petite.
06:32Plusieurs fois blessée, heureusement pas de commotion.
06:35Mais heureusement aussi, il y a plus de surveillance désormais, nous écrit-elle.
06:39On rappelle Alexandre que vous pouvez nous appeler aussi si vous voulez partager votre témoignage.
06:43Il nous reste un tout petit peu de temps, mais voilà, si vous voulez, 0,4, 76, 46, 45, deux fois.
06:48Il nous reste le temps pour un témoignage ou deux.
06:51On parle des garde-fous avec vous, notre invité ce matin, Marco Mel, neurologue au CHU de Grenoble.
06:57Il y a des progrès qui sont faits, soyez-y qu'en parlait, par rapport à il y a 20 ans, on prend beaucoup plus conscience de tout ça.
07:05Est-ce que c'est suffisant ? On a par exemple l'Académie de médecine qui s'inquiète des risques de collision à ski,
07:10qui propose, qui conseille d'améliorer la signalétique des pistes.
07:13Ça c'est important, il y a des mesures à prendre aujourd'hui selon vous ?
07:16Je commencerai par dire aussi, on parle de sport, mais il faut reconnaître que le sport c'est bon pour la santé,
07:21donc on ne va certainement pas non plus dire, ne faites pas sport, on est bien d'accord, mais faisons-le sans prendre de risques.
07:28Alors on a ici d'une part des témoignages, d'autre part l'Académie de médecine,
07:32et je voudrais revenir un tout petit peu sur les témoignages et parler de l'Académie de médecine après.
07:36Sur les témoignages, ce dont on ne se rend pas compte, c'est un éventuel changement de trajectoire,
07:42c'est-à-dire un individu fait du sport, a plusieurs commotions, sur le plan intellectuel,
07:47il ne performera pas de la même manière, et est-ce qu'il aura la même vie, la même vie professionnelle,
07:51la même vie affective, parce qu'on parle de conditions, mais les affects aussi sont atteints,
07:57et il y a...
07:58Ça peut avoir cette ampleur, bien sûr.
08:00Bien sûr, ça peut avoir, c'est le cerveau qui est à la base, qui permet une vie affective.
08:06S'il y a une atteinte de la mémoire et une atteinte des décisions,
08:10il est évident qu'il y a aussi des atteintes du caractère, des réactions, d'irritabilité, etc.
08:16Donc c'est quelque chose de très global dans la vie, et ces vies peuvent avoir des trajectoires changées.
08:21Pour en revenir à l'Académie de médecine, j'allais venir dessus.
08:25Alors, on a tous vu, avec mes enfants, ce que je faisais, c'est que quand ils skiaient sur une piste facile,
08:30et que des débutants déboulaient à plein gaz derrière,
08:35je me mettais devant l'enfant pour prendre le coup à sa place.
08:38Donc c'est évident, la signalétique, c'est essentiellement les croisements,
08:42les fusions entre les pistes, mais il faut savoir aussi qu'il y a de plus en plus de gens,
08:46enfin comment dire, la densité du skiaire augmente, puisque l'ennigement diminue.
08:51Donc il faut en tenir compte, évidemment.
08:55Merci beaucoup Marc-Hommel, je suis obligé de vous couper, mais c'était passionnant.
08:57Merci, je rappelle que vous êtes neurologue au CHU de Grenoble.
09:00Merci d'avoir été avec nous ce matin pour parler de ces risques de commotion dans le sport,
09:04mais on ne l'entend pas que. Merci, belle journée.
09:06Vous aussi.

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