Dominique de Villepin observe avec gravité la séquence des droits de douane américains et la guerre commerciale qui s'ouvre entre les États-Unis et la Chine. L'ancien Premier ministre considère que l'Europe doit immédiatement "conquérir son indépendance" sous peine d'y laisser sa peau.
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00:00Votre choix du 20h BFM Anne-Charlène sur Dominique de Villepin qui était à la une de nos confrères de la tribune dimanche aujourd'hui qu'on salue.
00:08Dominique de Villepin, candidat, mais pas trop.
00:12Et oui, c'est en effet ce que j'ai retenu pour vous de cette longue tribune à la tribune dimanche, sans vouloir faire de mauvais jeu de mots,
00:19sur la situation internationale. Alors en trois temps, on va dire, la situation USA-Chine et la guerre commerciale,
00:26ensuite les solutions que pourrait apporter l'Europe, et je vous garde pour la fin la question politique interne.
00:31Alors, quelle analyse fait-il de la situation internationale ?
00:34Alors, il n'y va pas avec le dos de la cuillère. Pour la relation Chine-États-Unis, l'ancien Premier ministre évoque un combat global,
00:40civilisationnel, de vision du monde qui entre en collision, et on n'est pas loin d'un basculement de l'histoire,
00:46dans une guerre hybride totale qui pourrait évidemment nous impacter.
00:50Il dit, il faut remarquer combien le mot guerre d'ailleurs a enfailli notre quotidien en économie, dans le commerce, dans l'information.
00:59Et les USA, pour lui, c'est l'impérialisme, l'impérialisme territorial, la volonté aussi de reformater à leur bénéfice
01:07tous les acquis de la mondialisation, avec cette idéologie contre-révolutionnaire, dit-il, histoire de mieux déstabiliser l'Europe.
01:14Alors, je vous ai fait un petit récap des trois, des quatre scénarios qu'il envisage pour l'évolution internationale,
01:22en jouant justement avec l'histoire. La Sainte Alliance, mais USA-Russie cette fois-ci.
01:26Le Yalta transactionnel, avec un partage des zones d'influence.
01:30La Perestroïka, mais inversée, où Donald Trump deviendrait l'idiot utile de la Chine.
01:35Et l'isolement géostratégique, dont on parlait tout à l'heure d'ailleurs, avec la possibilité que les USA deviennent trop hégémoniques,
01:41mais dans le mauvais sens du terme.
01:42Et pour l'Europe, quelles solutions ?
01:44Alors, quelles solutions ? Eh bien, il nous faut montrer notre force par deux éléments.
01:48L'indépendance, d'abord l'extrême indépendance à tous les niveaux.
01:51Capitaux, solidarité, défense, évidemment. Il a même beaucoup d'idées sur l'armée européenne.
01:56Mais, deuxième point très intéressant, la différenciation.
01:59Trump réagit de manière assez brutale.
02:03Eh bien, nous, il nous faut une réponse graduée et chirurgicale.
02:07Trump est totalement contre l'État de droit.
02:09Eh bien, il nous faut une zone de sécurité juridique. J'irais même jusqu'à dire un halo d'État de droit.
02:14Voilà son idée. L'Europe joue sa peau, nous dit-il.
02:17Et sur le plan politique, alors ?
02:19Alors là, la porte est ouverte, mais on manque d'un peu de clarté sur la question.
02:25Alors, la position, elle est risquée, notamment parce qu'en fait, on va être en 2027 dans la bataille des anciens premiers ministres.
02:31Gabriel Attal, Édouard Philippe, peut-être Dominique de Villepin, pourquoi pas Elisabeth Borne, voire même d'anciens présidents de la République comme François Hollande.
02:38Le risque, c'est évidemment d'être très vite frappé là où ça fait mal, c'est-à-dire au bilan.
02:42En plus, la place de premier ministre, elle porte plutôt malheur sous la Ve République, à part pour Georges Pompidou, mais juste parce que le général de Gaulle vient de démissionner.
02:49Et pour Jacques Chirac, qui reste au premier ministre très peu de temps avec un conflit très net avec son président de la République.
02:55En plus, l'idée du dépassement en droite-gauche, on voit bien que tous les candidats s'en réclament.
02:59Donc, le risque, c'est un peu, je reprends ici Gérald Darmanin, le Jean-Michel à peu près, c'est-à-dire je me lance dans une candidature sans être vraiment sûr de moi.
03:07Ça lui a déjà coûté 2007. Alors, le risque d'attendre le bon moment, c'est aussi que ce ne soit jamais le bon moment.
03:12Alors, moi, je me pose une question, c'est Dominique de Villepin qui le dit.
03:15Est-ce que, véritablement, vous pensez que cette question internationale déterminera notre présidentielle de 2027 ?
03:21Moi, j'attends des candidats, j'en ai compté 17, qui nous donnent un programme.
03:28Avec mon think tank, je suis en train de préparer un programme qu'on va mettre sur la table, un programme transpartisan qu'on mettra sur la table cet été,
03:34pour essayer de nourrir le débat, mais les partis font rien, monsieur.
03:37Puis, pas un pas plus qu'un autre, ne présente pas de programme, il fait des analyses.
03:40Il sera candidat, selon vous ?
03:42J'en sais rien, ça ne m'intéresse pas beaucoup.
03:43Si je suis sûre que ça vous intéresse, votre intuition, est-ce qu'il sera candidat ?
03:47Mon intuition, c'est que le plus important, c'est de savoir quel programme il aurait.
03:51J'aimerais, idéalement, que chacun des 17 que j'ai identifiés, mais à mon avis, ils sont plus nombreux que ça,
03:57soient identifiés par vous, par au moins une mesure.
04:00Au moins une mesure qu'il propose, une réforme.
04:02Si on avait ça, on aurait un début de commencement de débat démocratique,
04:05mais il n'y en a aucun qui s'identifie à une mesure.
04:08Ni monsieur Villepin, ni monsieur le maire, ni monsieur, qui que vous vouliez nommer,
04:13ne s'identifient encore rien à faire.
04:14Ce serait temps, maintenant, parce qu'il faut que les débats soient véritablement approfondis
04:19pour qu'on puisse juger le pour et le contre de chaque projet.
04:22On n'a rien de ça.
04:23Et donc, on va avoir, encore une fois, comme en 2022, comme en 2017, comme en 2012, comme en 2007,
04:31des candidats sans programme qui arrivent, qui se font élire sans programme,
04:35et qui, naturellement, après, ne font rien.
04:37Et vous ?
04:38Ah ben non.
04:38J'ai toujours... C'est gentil de me poser la question,
04:40mais je pense que c'est une question qui n'est pas agréable à entendre,
04:44parce que ma réponse, c'est évidemment non.
04:47Merci, Jacques Atteli.
04:48Merci d'avoir été...
04:49C'est très respectable, mais ce n'est pas pour moi.
04:51On ne sait jamais.
04:52Vous qui parlez beaucoup des programmes, justement.
04:54Oui, il y a des programmes, je vais en faire à la disposition démocratiquement du pays,
04:59mais pas pour moi.