Donald Trump a fait volte-face mercredi soir en annonçant une pause de 90 jours dans l'application de ses droits de douane pour tous les pays à l'exception de la Chine, pour laquelle ils grimpent à 125%. En réaction, l'Union européenne a annoncé suspendre sa riposte aux taxes américaines, également pour 90 jours afin de "donner une chance aux négociations".
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00:00— Donald Trump fait de la politique et du business, d'abord. Je crois qu'il faut essayer de distinguer ce qui relève du temps long des États-Unis,
00:10parce que l'affrontement commercial avec la Chine lui précède. Et Barack Obama avait déjà annoncé à plus d'un titre et à plus d'une reprise,
00:20d'un point de vue géopolitique, militaire et commercial, le besoin de s'affronter d'abord à la puissance chinoise qui s'installe avec la route de la soie,
00:28avec une stratégie offensive qui est évidemment à l'avantage de la Chine. Et puis il faut distinguer ça de la sensation d'impréparation d'un président errati
00:39qui effectivement met en panique les acteurs les plus rationnels et même déjà irrationnels que sont les marchés,
00:44parce que ça ne correspond pas toujours à des choix très rationnels, tout ça. Ce qui compte pour nous, les Européens,
00:51je crois que c'est là qu'il faut situer notre enjeu, c'est de ne pas être des idiots utiles de Donald Trump dans cette affaire-là,
00:57ni d'ailleurs des Chinois, dans une géopolitique qui, pour l'instant, nous prend en étau.
01:02On a trois impérialismes, le Chinois, les États-Unis, le Russe, face auxquels nous on est assez démunis pour le moment.
01:09On est pourtant une puissance économique, chacun le sait, mais assez démunis d'un point de vue institutionnel.
01:14Il faut se mettre d'accord beaucoup, à 27.
01:17C'est l'enjeu, c'est l'enjeu européen depuis toujours, et c'est d'autant plus difficile qu'on a maintenant,
01:22dans notre continent, au sein de l'Union Européenne, des capitales qui sont indexées, soit sur Trump, soit sur Poutine.
01:27Donc ça complique la donne géopolitique.
01:29On voit bien que ce que veut faire Trump, d'abord, c'était de nous faire payer à nous, Européens,
01:35le déséquilibre de la balance commerciale en sa défaveur.
01:39Mais surtout, ce qui se passe, c'est pour ça que je disais qu'il fait de la politique,
01:41c'est qu'il a bien compris qu'on ne peut avoir qu'un ennemi à la fois.
01:44Il commence par dire, on taxe tout le monde aux frontières.
01:49Il y a peut-être des intentions internes, on verra ce que la saisine des démocrates américains donne.
01:53Mais il y a aussi une ambition stratégique.
01:56Il s'aperçoit qu'évidemment, il se met à dos à peu près tout le monde.
02:00Et son objectif étant, je reviens au temps long, de se renforcer dans sa compétition avec la Chine.
02:06Pendant 90 jours, il donne de l'air et des assurances provisoires aux Européens.
02:11Et c'est là qu'il faut faire attention, parce que Ursula von der Leyen,
02:13donc la présidente de la Commission européenne,
02:15elle joue d'une stratégie qui m'inquiète, parce qu'elle est très fragile.
02:18Elle est plutôt, pour le moment, en train d'essayer de séduire le président des États-Unis
02:22pour lui dire, ne nous faites pas trop mal, on sera gentil,
02:24on achètera encore des produits américains, y compris militaires, etc.
02:27Donc là, ce qu'il faut faire, à mon avis, c'est que la France joue son rôle.
02:32Vous avez raison, ce n'est pas facile, mais enfin, encore faut-il émettre une intention
02:35de renforcer l'Union européenne à tout point de vue.
02:38Je ne parle pas ici de l'aspect défense, c'est un autre sujet,
02:41mais même d'un point de vue commercial,
02:43il faut être capable de remettre en place des taxes aux frontières européennes intelligentes.
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