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00:00Prévenir comment agir contre les violences conjugales, on est bien sûr à votre écoute, vos solutions mais aussi vos témoignages 0476464545.
00:11Nous accueillons notre invité pour revenir aussi sur ce procès actuellement sur un féminicide.
00:16Alice Santin-Jeannin est avec nous, directrice de l'établissement Pluriel Fondation Boisselle,
00:20un établissement qui vient en aide aux fans victimes de violences conjugales à Grenoble.
00:24Bonjour Madame Santin-Jeannin.
00:26Bonjour, bonjour à tous.
00:27On vous invite parce qu'effectivement il y a ce procès aux assises d'un féminicide,
00:33comme on les appelle désormais, le procès d'un homme jugé pour avoir tué son ex-compagne.
00:39Il avait déjà été condamné, elle avait un téléphone grave danger sur elle,
00:43des mesures judiciaires qui sont prises assez régulièrement désormais.
00:47Ça n'a pas empêché qu'elle meure sous les coups de son ex-compagnon.
00:51Est-ce que ce n'est pas un peu désespérant finalement quand on est dans votre position
00:55et qu'on vient en aide aux femmes victimes de violences ?
00:59Oui, je vais reprendre les termes de cet auditeur qui vient d'être échangé.
01:04C'est un drame effroyable.
01:06En effet, c'est un drame effroyable.
01:08Ces drames, ces féminicides doivent à tout prix cesser.
01:12Maintenant, il faut agir.
01:17C'est-à-dire qu'aujourd'hui, le téléphone grave danger, ce n'est pas une baguette magique.
01:23Les moyens de protection des femmes, il y en a.
01:26Il faut que ces moyens-là, ils soient conjugués.
01:30Il faut qu'ils soient multiples.
01:32C'est la société entière qui doit agir comme tiers protecteur.
01:35Avant d'agir sur les causes, il y a aussi, quand les premières violences se présentent,
01:41tout de suite, un arsenal de choses à mettre en place.
01:43Ce n'est pas seulement une mesure d'éloignement qui peut ne pas être respectée
01:46ou un téléphone grave danger, c'est ça que vous voulez dire.
01:49Ce que je veux dire, c'est aussi la première parole.
01:51Qui accueille cette première parole ?
01:54Les femmes en général, d'après notre expérience,
01:56elles savent qu'elles courent un danger.
02:00Elles peuvent dire des choses.
02:02Elles disent « j'ai peur.
02:03Il va me tuer.
02:05Il va se passer quelque chose.
02:06J'ai croisé son regard. »
02:08Cette parole-là, elle se dépose aujourd'hui partout dans la société.
02:12Chez les médecins généralistes, chez les magistrats, chez les avocats,
02:16aussi aux accueils des mairies, chez les voisins, la famille,
02:21les structures spécialisées, bien entendu, comme nous.
02:24Mais partout où cette parole se dépose,
02:27il faut l'écouter, la croire, l'entendre et ensuite agir.
02:31Vous voulez dire qu'il y a encore des progrès à faire ?
02:33Parce qu'il y en a, on a vu apparaître aussi des référents spécialisés
02:36chez les forces de l'ordre, les gendarmes, les policiers,
02:38pour la prise de parole notamment.
02:40Ça s'améliore tout de même, l'appréhension de ces cas quand ils arrivent ?
02:45Les témoignages ?
02:45Oui, nous on voit bien que depuis une dizaine d'années,
02:48les choses s'améliorent.
02:49Néanmoins, il faut encore poursuivre les efforts.
02:52Du côté notamment des enfants, aujourd'hui, on entend encore cette phrase
02:55« il peut être violent, mais un bon père ».
02:59Enfin, aujourd'hui, on le sait, les études le notent,
03:03lorsque les enfants sont victimes de violences
03:06et lorsqu'ils sont témoins des violences, ils en sont victimes.
03:10Ils ont alors des dégâts dans leur développement psychomoteur.
03:16Et donc cette parole-là, elle doit aussi être entendue.
03:19En effet, des choses existent, mais ces choses-là doivent se conjuguer.
03:23Une famille ne peut pas rester seule, un voisin ne peut pas rester seul,
03:27une structure spécialisée comme nous, plurielle, ne peut pas rester seule non plus,
03:32les forces de l'ordre non plus.
03:33C'est bien une action conjuguée de la société pour venir en aide.
03:377h48, vous pouvez nous appeler, bien sûr, pour échanger avec nous.
03:4104 76 46 45 45, comment prévenir, comment agir contre les violences conjugales ?
03:46On a quelques commentaires sur notre page Facebook.
03:48Tout à fait. On a Olga, par exemple, qui nous dit
03:50peut-être commencer par l'éducation des enfants,
03:53expliquer que la violence est un délit.
03:56Il faudrait aussi pouvoir permettre aux femmes de pousser les portes
03:59pour porter plainte sans crainte d'être jugée
04:02et qu'elles puissent être protégées, ces femmes.
04:05On a Marie aussi qui nous parle de l'éducation des enfants.
04:08Et puis Alexandre qui nous dit
04:09il faut continuer d'informer, de signaler, de dire aux femmes de fuir
04:12dès le premier geste de violence ou la première insulte.
04:16Lui connaît une amie qui est actuellement dans ce cas-là.
04:19Justement, on va pouvoir en discuter avec vous.
04:21C'est un sujet lourd, mais on vous remercie de nous appeler pour témoigner.
04:24Christine nous appelle de Bourgouin-Jalieu. Bonjour, Christine.
04:27Bonjour.
04:28Bonjour, Christine.
04:29Christine, vous avez été victime de violences conjugales.
04:32Oui, alors ça remonte à loin.
04:34Mes enfants étaient jeunes et maintenant je suis une mamie.
04:38Mais une mamie bien délaissée parce que toute ma vie,
04:42il a fallu que je me batte parce que j'ai eu deux enfants
04:46avec un homme hyper violent.
04:49Il me tapait dessus, il me laissait dans des états lamentables.
04:54Et en plus, c'était toujours ma faute.
04:55C'était moi qui étais folle.
04:57C'était la société dans les années 70 aussi.
05:00Donc ça remonte à loin, ce genre de choses.
05:03Et à ce moment-là, vous avez trouvé quelqu'un pour vous écouter,
05:06pour prendre votre parole ?
05:07Non, pas du tout.
05:09Je n'avais pas de famille.
05:10Je suis allée plusieurs fois au commissariat pour déposer plainte.
05:14Et une fois, avec ma fille dans les bras,
05:16parce que j'avais enfoncé la porte de la salle de bain
05:18pour la sortir de ses griffes.
05:20Je suis tombée sur un copain à lui au commissariat
05:23et on m'a jeté, même pas du trait,
05:28parce que je n'étais pas recyclable à l'époque.
05:31Je fais de l'humour.
05:33Mais à 70 ans, j'ai pris du recul.
05:35Par contre, je pense que la relation que j'ai maintenant avec mes enfants,
05:39je les aime plus que tout au monde,
05:41mais ça a laissé beaucoup de séquelles.
05:43Parce que là, ça fait pratiquement 7 ans que je n'ai pas vu mon fils,
05:46mais ils ne veulent pas entendre parler de leur père non plus.
05:48Ça détruit toutes les familles.
05:51Et quand je suis partie, je faisais à peine 40 kilos.
05:55Et du coup, je me suis battue.
05:57Je n'avais pas un sou, pas de travail, rien.
05:59Et toutes les fois que je trouvais un travail,
06:01le père des enfants venait foutre le bazar
06:04pour me faire virer de mon travail.
06:06On va en reparler peut-être, ce harceleur.
06:10C'est une personne qui poursuit encore au-delà
06:12après les signalements, après parfois les éloignements.
06:14En tout cas, Christine, on comprend que vous vous en êtes sorti.
06:18Vous avez réussi quand même à fuir les griffes de cet homme violent.
06:22Merci en tout cas d'être venu porter votre témoignage ce matin.
06:25Je reviens vers vous, Alice Santin-Jeanin,
06:27directrice de l'établissement pluriel Fondation Boisselle.
06:30On entend ce reportage.
06:31C'était dans les années 70, peut-être que des choses ont changé.
06:34Mais il y a des choses qui subsistent.
06:36Peut-être le manque d'écoute encore, certaines fois à des endroits.
06:39Et puis le côté, les relations du mari toxique qui continuent à vous empoisonner la vie.
06:46Oui, tout à fait.
06:47On sait qu'il y a des moments de vie qui sont en fragilité.
06:53Les moments de séparation, les moments de naissance des enfants,
06:56lorsque les enfants partent de la maison.
06:58Les moments dans l'année aussi un peu exceptionnels.
07:02Ce sont des moments de fragilité.
07:04Donc il faut aussi avoir cette lecture-là.
07:07Les équipes de professionnels spécialisés peuvent avoir cette lecture-là
07:11et venir accompagner à des moments où on sait que le danger va être plus présent.
07:18Ce qui est important aussi de dire, c'est la ligne du 3919, la ligne nationale 3919.
07:23Aujourd'hui, le 3919, c'est la Fédération Nationale Solidarité Femmes qui porte ce numéro
07:28et qui est un numéro qui répond 24 heures sur 24, quel que soit notre lieu d'habitation.
07:35Et ça, c'est important.
07:35Et un vrai lieu d'écoute et d'une oreille attentive.
07:39Tout à fait.
07:39On va prendre une autre auditrice qui nous appelle ce matin, Sylvie Débin.
07:45Bonjour Sylvie.
07:47Bonjour.
07:48Que souhaitez-vous nous dire ce matin sur le sujet ?
07:50Alors moi, ce que je souhaitais vous dire, c'est que souvent, comme dans le cas de Julie qui est cité aujourd'hui,
07:55les femmes restent dans cette relation toxique jusqu'au drame.
08:00Et peut-être qu'il faudrait aussi insister sur l'information pour que les jeunes femmes,
08:05les jeunes filles puissent détecter rapidement qu'elles s'engagent dans une relation toxique,
08:10qu'elles sachent gérer et comment le plus rapidement possible s'en sortir,
08:14avant que les choses n'aient trop dégénéré.
08:16Merci Sylvie pour votre réflexion.
08:20Et c'est vrai, Alice Santagénin, directrice de l'établissement Pluriel Fondation Boisselle,
08:24on se rend compte de ces relations toxiques,
08:27parce que certaines fois, les femmes sont parvenues à fuir le domicile où l'homme a été éloigné.
08:33Et puis, elles vont accepter une proposition de rendez-vous,
08:37il faut que je te parle, des choses comme ça,
08:39et qui les rejettent finalement dans les mains du bourreau.
08:42Oui, bien sûr, mais ça c'est ce qu'on appelle le cycle de la violence,
08:46c'est que la violence s'exerce à un moment donné,
08:49après elle peut être un petit peu plus ensourdine,
08:51il peut y avoir même des excuses,
08:53on a toute une phase aussi un peu qu'on appelle de lune de miel,
08:56et ensuite, souvent la violence revient.
08:58Donc c'est aussi, comme le disait cette auditrice,
09:02informer les femmes qu'elles sont dans un cycle,
09:05et que les choses vont à un moment donné peut-être s'améliorer,
09:08mais qu'à nouveau, elles vont avoir affaire à quelque chose de difficile dans les jours à venir.
09:13Donc quand elles sont informées de ce mouvement-là, de ce fait-là,
09:18elles peuvent aussi se protéger elles-mêmes différemment.
09:22Donc ça, c'est en effet très important, ce que dit cette auditrice,
09:24c'est la formation, la prévention.
09:26Tout à l'heure, il y avait cette phrase aussi autour des écoles,
09:29et la prévention sur la relation fille-garçon,
09:32c'est aussi des éléments très importants à mettre en avant pour lutter contre les violences faites aux femmes.
09:38Et apprendre à détecter tout de suite ce qui peut devenir un comportement toxique,
09:42et ce qui peut faire rentrer effectivement dans une spirale infernale.
09:47Merci Alice Santin-Jeanin, directrice de l'établissement Pluriel Fondation Boisselle,
09:51d'avoir été avec nous ce matin pour discuter de ce sujet.
09:53Merci aussi aux auditrices qui sont venues porter leurs témoignages.
09:56Oui, on vous remercie de votre confiance aussi sur des sujets difficiles comme ça,
10:00de venir dans cet espace qu'on a essayé d'aménager, qui se veut sain, respectueux.
10:04Donc voilà, merci de prendre cet espace et puis de nous faire confiance en nous confiant vos témoignages.
10:09On aura l'occasion aussi d'échanger encore sur ce sujet.
10:12Si vous voulez passer sur notre page Facebook, vous n'hésitez pas, la porte est toujours ouverte.
10:15Merci.