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  • 05/04/2025
🚨Alors que Trump et Poutine négocient sans l'Europe, la guerre en Ukraine accélère la fin de l'hégémonie occidentale. Analyse des nouveaux équilibres et du fiasco d’Emmanuel Macron.

⁉️ La paix en Ukraine est-elle encore possible ?

Alors que les négociations piétinent et que les tensions géopolitiques s’intensifient, Donald Trump entend imposer une nouvelle doctrine américaine face à une Europe affaiblie. Il a littéralement sidéré les dirigeants européens avec son annonce de révision à la hausse des droits de douane. Un véritable tsunami pour les chantres du libéralisme mondialisé.

Pendant ce temps, Vladimir Poutine joue la montre et poursuit ses objectifs militaires sur le terrain ukrainien. Emmanuel Macron, isolé, tente d’exister avec sa "coalition des volontaires".

🎓 Dans cette nouvelle édition du Samedi Politique, Élise Blaise reçoit Pierre-Emmanuel Thomann, docteur en géopolitique, président fondateur d’Eurocontinent.eu et auteur de "Le Couple Franco-Allemand et le projet européen" aux éditions de l’Harmattan, pour analyser les grands bouleversements à l’œuvre :

👉 Pourquoi la guerre en Ukraine s’enlise-t-elle ?
👉 Quel est le véritable projet géopolitique de Donald Trump ?
👉 L’Europe est-elle définitivement effacée de la scène internationale ?
👉 Faut-il craindre une alliance Trump-Poutine face à la Chine ?
👉 L’ordre géopolitique multipolaire peut-il encore émerger ?

Une émission essentielle pour comprendre le basculement stratégique actuel entre l’Occident, la Russie, les BRICS… et la recomposition d’un monde qui échappe à l’Union européenne et à l’organisation unipolaire autour de l’hégémonie américaine.



📺 Ne manquez pas cette émission explosive !
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🙏🏼 Merci à tous

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Transcription
00:00Bonjour à tous, je suis ravie de vous retrouver pour ce nouveau numéro du Samedi politique.
00:20Cette semaine, nous allons encore nous intéresser à ces transformations géopolitiques mondiales qui sont en cours.
00:26Nous allons évoquer bien sûr cette paix en Ukraine qui semble en suspens. À quoi joue Vladimir Poutine ?
00:33Quelle partition Donald Trump tente-t-il de suivre ? Et puis bien sûr, une question qui s'impose, est l'Europe dans tout cela ?
00:41Et puis bien sûr, quelle place pour la France ? Nous allons tenter de répondre à toutes ces questions.
00:45C'est un lourd programme, vous le voyez. Mais avant toute chose, je compte sur vous pour le succès de cette émission.
00:50Alors pensez bien sûr à cliquer sur le pouce en l'air, ça dope le référencement sur la plateforme, vous le savez.
00:55Pensez bien sûr à relayer cette vidéo. Et évidemment, écrivez-moi dans les commentaires juste en dessous. Vous savez que je vous réponds. À tout de suite.
01:03Générique.
01:14Et à mes côtés aujourd'hui, Pierre-Emmanuel Thaumann. Bonjour, monsieur. – Bonjour.
01:18– Merci beaucoup d'être avec nous. Vous êtes docteur en géopolitique, enseignant, président fondateur d'Eurocontinent.
01:24Vous publiez de très nombreux articles de décryptage des transformations géopolitiques.
01:29Vous avez également publié un ouvrage, le couple franco-allemand et le projet européen.
01:34C'était aux éditions de l'Armatan. Et puis, vous contribuez régulièrement au CF2R d'Éric Dénessé
01:40ou au magazine Omerta de Régis Le Saumier et Charles d'Anjou.
01:44Alors depuis l'effervescence autour des rencontres de Djedda, ces fameuses négociations de paix en Ukraine,
01:50on a le sentiment que les négociations se sont un peu arrêtées, sont un peu en suspens.
01:55Est-ce que c'est aussi votre impression d'abord ? – Bien sûr. Mais c'était assez prévisible
02:01parce que les objectifs de cette négociation sont différents entre la Russie et les États-Unis,
02:10qui sont les acteurs majeurs de ce conflit en Ukraine, qui est un conflit par procuration
02:15entre la Russie et les États-Unis avec ses partenaires de l'OTAN.
02:21Alors, Donald Trump a été élu avec la promesse de se désengager, de résoudre le conflit ukrainien.
02:29Pourquoi ? Parce qu'en réalité, les États-Unis, selon moi, ont perdu le conflit.
02:36Ils n'ont pas réussi à imposer à la Russie l'acceptation d'une poursuite de l'élargissement de l'OTAN
02:44à l'Ukraine. Ils n'ont pas réussi, par les sanctions qui sont d'une ampleur jamais connue auparavant,
02:54de faire plier la Russie après le début de son opération spéciale en Ukraine.
03:00Et le monde multipolaire s'est accéléré parce qu'une grande partie, la plupart des grands États dans le monde,
03:09en Eurasie, Afrique et Amérique du Sud, ne veulent plus d'un monde multipolaire
03:15dominé par les États-Unis et ce qu'on appelle l'Occident, le Grand Occident.
03:21Et donc, Donald Trump cherche à se désengager pour réinvestir d'autres théâtres,
03:28comme le Groenland, le Canada, dans une stratégie panaméricaine, le Front arctique.
03:34Et il souhaitait résoudre cette question le plus rapidement possible.
03:43Mais la Russie, de son côté, n'a pas intérêt à accepter les propositions américaines telles qu'elles ont été énoncées,
03:54parce qu'il s'agissait d'un cessez-le-feu sur la ligne de front actuelle,
03:59avec repousser les questions de fond plus tard,
04:03comme la reconnaissance des nouvelles frontières, l'appartenance à l'OTAN, les sanctions,
04:08qui ne résolvent rien, en réalité, des revendications russes.
04:13Il faut bien voir que la Russie est intervenue en Ukraine pour imposer, en fait, ce qu'on lui refusait,
04:19c'est une nouvelle architecture européenne de sécurité, pour arrêter l'élargissement de l'OTAN,
04:26ce processus d'encerclement de la Russie par l'OTAN,
04:30et de signer de nouveaux traités qui résolvent définitivement la question,
04:36en Ukraine aussi, de protection des russophones
04:39et la reconnaissance des nouvelles régions qu'elle considère réunifiées à la Russie.
04:43Donc les objectifs sont différents.
04:46– C'est pour cette raison qu'on a vu finalement naître cette histoire
04:49de cessez-le-feu sur les infrastructures énergétiques,
04:52qui était, quelque part, prendre le problème par un tout petit bout de la lorgnette
04:55et qui, accessoirement, font l'objet d'accusations de violations de part et d'autre,
05:00depuis que ce cessez-le-feu a été signé.
05:03– Oui, parce qu'il n'y a pas d'acteurs qui puissent imposer la supervisation de ce cessez-le-feu
05:14et les conditions du côté russe ne sont pas réunies,
05:18parce que la condition pour les Russes d'un cessez-le-feu,
05:21c'est évidemment de manière réciproque et progressive la levée des sanctions.
05:29La Russie a exigé la levée progressive des sanctions,
05:32par exemple sur les différentes thématiques,
05:36qui n'est pas mise en œuvre de l'autre côté.
05:39Les Ukrainiens continuent à frapper des infrastructures russes,
05:45parce que certaines factions, soutenues d'ailleurs par un certain nombre de pays européens de l'OTAN,
05:52veulent poursuivre le conflit.
05:55Et donc, il n'y a pas les conditions pour la mise en œuvre de ce cessez-le-feu.
05:59Aucune question de fond n'est réglée et donc le conflit se poursuit.
06:03– Est-ce que vous avez finalement le sentiment que la paix va attendre précisément
06:09et que les promesses de Donald Trump pendant la campagne ne vont pas pouvoir être tenues ?
06:14Évidemment, là aujourd'hui, on arrive à une période où le climat s'améliore.
06:19Il y a peu de chances finalement que l'on assiste à un retrait des troupes russes et à un accord.
06:24Et par ailleurs, vous évoquiez tout à l'heure les factions qui ont été alimentées par les Occidentaux,
06:29les factions les plus dures, qui sont aux côtés de Zelensky.
06:32Il est très peu probable que ces factions acceptent, j'allais dire, de raccrocher les gants.
06:36– Oui, c'est bien le problème.
06:38Il y a différentes opinions à ce sujet.
06:41Alors, en fait, pour résoudre ce conflit, selon moi, du point de vue géopolitique,
06:48cela va prendre des années en réalité.
06:51Déjà pour obtenir un cessez-le-feu et un arrêt des combats,
06:55cela peut prendre de plusieurs mois à même plusieurs années.
07:01C'est l'incertitude totale et je ne vois pas comment on peut arrêter ce conflit,
07:06d'autant plus que la Russie a bien précisé
07:10que ce conflit était en réalité enclenché
07:18pour résoudre des questions de systèmes géopolitiques très fondamentales.
07:24C'est-à-dire, la Russie veut l'acceptation du monde multipolaire par les États-Unis,
07:30donc l'arrêt de l'élargissement de l'OTAN.
07:32Et c'est une question redoutable, la reconnaissance des nouvelles frontières.
07:37Du côté des Occidentaux, en particulier des États-Unis,
07:40ce serait l'acceptation de facto d'un monde multipolaire
07:46et donc d'accepter la défaite du camp occidental.
07:51Donc c'est extrêmement difficile à accepter.
07:53Et évidemment, du côté du régime de Kiev,
07:57il y a des factions qui ne sont absolument pas prêtes
07:59à faire quoi que ce soit comme concession,
08:02surtout qu'ils sentent qu'ils ont l'appui pour poursuivre le conflit
08:08de ce qu'on appelle les néoconservateurs les plus extrémistes
08:13qui veulent infliger une défaite à la Russie dans le camp des Européens,
08:18notamment le Royaume-Uni qui veut retrouver un rôle
08:22et puis aussi le gouvernement français qui veut se positionner en Europe
08:28pour cette défense de l'Ukraine.
08:31Je pourrais y revenir par la suite parce qu'il y a une rivalité entre Européens
08:34qui est aussi l'angle mort de ce conflit dont on ne le parle pas beaucoup.
08:39Et évidemment les plus extrémistes factions ukrainiennes
08:44qui n'accepteront pas de compromis et qui sont difficiles à neutraliser
08:49d'autant plus qu'elles ont été soutenues depuis des années,
08:52on pourrait même dire des décennies.
08:54Il faut voir que ce qu'on appelle les factions néo-nazis
08:59issues de l'idéologie de Bandera en Ukraine
09:02sont soutenues par les États-Unis depuis la guerre froide en fait.
09:08Déjà contre l'URSS ils étaient soutenus à partir des réseaux aux États-Unis
09:18et au Canada parce que les extrémistes ukrainiens anti-soviétiques
09:22avaient émigré aux États-Unis et au Canada.
09:25Donc c'est une longue histoire.
09:26– On a l'impression aussi que cette incapacité à agir
09:29sur l'entourage de Zelensky, le plus extrémiste,
09:31que cette incapacité à agir sur le respect des cessez-le-feu,
09:35ça aussi ça fait partie des grandes défaites des États-Unis actuelles.
09:39En réalité aujourd'hui on a un président des États-Unis
09:42qui peut prendre des réformes qui font réagir le monde entier
09:46mais il n'a plus vraiment de moyenne pression sur le reste du monde.
09:50– Oui parce que nous sommes déjà dans le monde multipolaire
09:53où les États-Unis ne sont plus le centre exclusif dans les rapports de force
10:00et la Russie, la Chine et d'autres puissances
10:05peuvent défendre leur propre positionnement
10:08et les États-Unis ne peuvent plus imposer totalement leur vision.
10:17Et il y a aussi une autre question qui est extrêmement complexe,
10:25c'est le positionnement des États-Unis est plus complexe qu'on ne le croit.
10:31Parce qu'effectivement on parle dans les médias,
10:35par les politiques d'une nouvelle alliance américano-russe.
10:39Selon moi c'est totalement faux,
10:41il n'y a pas d'alliance entre les États-Unis et la Russie,
10:43ils sont toujours en rivalité.
10:45Donald Trump et les États-Unis ne sont pas en position neutre
10:50vis-à-vis des négociations,
10:52ce n'est pas un honnête courtier entre l'Ukraine et la Russie
10:56puisqu'ils sont partis du conflit.
10:59C'est l'acteur majeur qui continue à armer Kiev et qui essaie de…
11:06– Qui renseigne aussi pour frapper forcément les Russes sur le terrain.
11:09– Exactement et comme ils perdent le conflit,
11:13ils aimeraient stopper les frais là sur cette ligne de front,
11:17mais évidemment les Russes avancent
11:19et n'ont pas intérêt à s'arrêter aujourd'hui
11:23après un cessez-le-feu qui ne résout aucune question de fond.
11:27Et un autre élément dont on parle, moi,
11:30c'est qu'en fait les États-Unis poursuivent leurs stratégies
11:35même s'il y a une acceptation plus importante du monde multipolaire qu'auparavant.
11:42Ils poursuivent leur stratégie d'encerclement de l'Eurasie
11:47par l'Indo-Pacifique contre la Chine qui devient une des priorités.
11:52Le nouveau front arctique,
11:55d'où les revendications sur le Groenland et le Canada,
12:00il faut voir aussi qu'ils ont un grand territoire en Alaska déjà,
12:04donc ce n'est pas en contradiction avec leur position territorial.
12:09Et le front européen,
12:12c'est-à-dire que l'idéal pour les États-Unis,
12:16c'est se désengager du conflit en Ukraine qu'ils ont perdu.
12:20C'est une humiliation,
12:23mais de rejeter l'humiliation sur le régime de Kiev et les Européens
12:28et de pousser les Européens au front en soutien de l'Ukraine
12:33pendant qu'ils se désengagent pour se concentrer sur la Chine et l'Iran aussi,
12:39et les Européens poursuivent cette espèce de mini-guerre froide
12:44par procuration pour le compte des États-Unis.
12:49– On a le sentiment, si je peux me permettre de vous interrompre,
12:53que finalement il y a une continuité parce que,
12:55comme vous l'avez expliqué tout à l'heure,
12:57le mouvement néoconservateur s'est globalement recentré
13:00sur l'Union européenne et sur l'Europe,
13:02tout particulièrement sur le couple franco-britannique en ce moment.
13:05Et finalement, Donald Trump qui, lui, veut s'émanciper de leur bilan,
13:08dit bah gardez-le et puis ça tombe bien, ça partira en Europe.
13:11– Exactement, alors les Européens n'arrivent pas à penser
13:17au-delà de leur rôle de niche dans la configuration géopolitique occidentale
13:25dominée par les États-Unis,
13:26c'est-à-dire ils jouent le rôle de Rimland
13:28dans la stratégie d'encerclement de l'Eurasie,
13:30c'est-à-dire cet espace côtier européen
13:33qui était soutenu par les États-Unis
13:35pour empêcher la Russie de contrôler l'isme européen,
13:40et les Européens donc font de la sous-traitance géopolitique
13:43vis-à-vis des États-Unis,
13:45et même en parlant de cette nouvelle autonomie stratégique,
13:48c'est une illusion, c'est toujours de la sous-traitance géopolitique
13:52parce qu'ils gardent le Rimland pour le compte des États-Unis,
13:55ce qui a pour effet d'augmenter l'achat d'armement aux États-Unis
14:00parce qu'il n'y a que la France qui peut prétendre
14:04à maîtriser un petit peu les différents éléments d'une armée complète
14:11et encore en miniature par rapport aux États-Unis,
14:15tandis que les autres États membres de l'OTAN
14:18ne sont pas souverains en fait,
14:20ils dépendent du parapluie nucléaire américain,
14:22et donc leur seul positionnement
14:25c'est de continuer à poursuivre cette confrontation avec la Russie
14:31pour faire croire à une autonomie stratégique européenne
14:35alors qu'en fait c'est un conflit délégué par les États-Unis
14:40qui se satisfont totalement de la fracture
14:43entre les Européens de l'Ouest, la France, l'Allemagne et la Russie,
14:48c'était un des objectifs d'ailleurs de la provocation par les États-Unis
14:52de cette crise en Ukraine, c'est de fragmenter l'Europe.
14:55Je vous propose à présent qu'on écoute Vladimir Poutine,
14:58il a évoqué l'idée d'un gouvernement de transition en Ukraine,
15:01mais il fait aussi le point sur le front
15:03avec une vision très dure et très claire.
15:06Ce qui se passe aujourd'hui est tout aussi clair.
15:14Nos troupes ont l'initiative stratégique sur toute la ligne de contact.
15:18J'ai dit récemment que nous les écraserions,
15:20mais il y a des raisons de croire que nous les achèverons.
15:23En principe, il serait possible, sous l'égide de l'ONU,
15:26avec les États-Unis, voire avec les pays européens,
15:28bien sûr avec nos partenaires et amis,
15:31de discuter de la possibilité d'instaurer une administration transitoire en Ukraine.
15:46On peut facilement comprendre que Vladimir Poutine,
15:48lui sait très bien qu'ils sont à l'avantage sur le terrain militaire.
15:51Ça confirme tout ce que vous nous avez dit depuis tout à l'heure,
15:54à savoir que Vladimir Poutine n'est absolument pas pressé
15:57d'avancer définitivement sur les négociations de paix,
16:00puisqu'en réalité, le temps, c'est non pas de l'argent,
16:03mais du terrain, qu'il gagne à peu près partout.
16:06Ils ont récupéré presque l'intégralité de course
16:09sur la région sur laquelle les Ukrainiens avaient tenté une opération l'été dernier.
16:15Comment voyez-vous cela aujourd'hui ?
16:17Aujourd'hui, Poutine, qu'est-ce qu'il attend véritablement ?
16:22C'est de gagner encore plus de terrain
16:25pour s'appuyer sur des frontières géographiques, j'allais dire,
16:29naturelles, je pense, aux fleuves dont j'ai d'ailleurs totalement oublié le nom.
16:35– Nièpre.
16:36– Voilà, le Nièpre, merci, que je n'allais pas retrouver.
16:39Comment voyez-vous cela ?
16:41Je pense que l'objectif géopolitique primordial de la Russie,
16:47ce n'était pas la conquête du territoire,
16:50même s'il est important dans la stratégie russe, évidemment,
16:56de protéger les russophones du Donbass et la Crimée,
17:01et d'avoir une zone tampon qui permette d'éviter une offensive de l'armée ukrainienne,
17:08ce qui était prévu par l'armée ukrainienne soutenue par les occidentaux,
17:12de reprendre ces territoires.
17:14Et au départ, la Russie n'avait pas reconnu l'indépendance du Donbass.
17:21Il souhaitait, dans les accords de Minsk, avoir un Donbass autonome
17:29au sein de l'Ukraine pour empêcher l'élargissement de l'OTAN.
17:32Par contre, évidemment, la Crimée, ça, c'est le territoire stratégique pour la Russie
17:39avec sa base de Sébastopol qu'il ne pouvait pas lâcher.
17:41Ça, c'est impossible.
17:43C'est le pilier géopolitique sud pour la sécurité russe
17:51et l'accès aux océans, la mer Noire vers la Méditerranée
17:56et l'océan Indien par Suez.
17:59Alors, comme les accords de Minsk n'ont pas été mis en œuvre
18:03et que les occidentaux, déjà avant 2022, depuis 2014 à 2022,
18:09soutenaient l'armée ukrainienne pour se fortifier
18:15et même M. Zelensky avait annoncé vouloir reprendre le Donbass
18:22mais aussi la Crimée,
18:24la Russie a proposé en fin 2021, en décembre 2021,
18:30de mettre vraiment sur la table une nouvelle architecture
18:35de sécurité européenne,
18:37avec signer des nouveaux traités en stoppant l'élargissement de l'OTAN
18:45et c'est à ce moment-là que,
18:47comme les accords de Minsk n'avaient pas été mis en œuvre
18:49et ils s'attendaient à une dégradation de la situation,
18:53les ukrainiens sont intervenus pour forcer la négociation
18:57et là, ils ont reconnu l'indépendance du Donbass
19:02et ensuite il y a eu les référendums de réunification.
19:05Ça s'est passé comme ça.
19:07Donc la Russie, en réalité, évidemment,
19:10puisque les négociations aujourd'hui sont difficiles,
19:14eh bien la Russie continue à avancer.
19:16Mais elle avance dans la steppe.
19:19Elle ne prend pas le risque de détruire les grandes villes,
19:22de faire un massacre dans les grandes villes,
19:25à Kharkov ou à Kiev ou à Odessa,
19:28parce que ça coûterait trop en hommes
19:31et puis ça contredirait sa vision des peuples frères
19:37entre les ukrainiens et les russes.
19:39Et donc c'est évidemment d'avancer,
19:43puisque les ukrainiens ne négocient pas,
19:47ne négocient pas de continuer à avancer,
19:49mais d'être dans une position de rapport de force
19:52le plus favorable possible pour les russes,
19:55pour négocier cette architecture européenne de sécurité, évidemment.
19:59C'est ça l'objectif central.
20:01C'est moins les territoires, mais évidemment,
20:03pour sécuriser les peuples russophones
20:06qui ont choisi d'ailleurs d'être réunifiés à la Russie,
20:09la Russie doit, ça s'est donné pour objectif
20:13de son point de vue, de libérer ces régions
20:16où il y a eu un référendum.
20:18Et donc c'est, je dirais, les revendications minimales,
20:22non-entrée de l'OTAN, reconnaissance des frontières
20:25des Apogies, Kherson, Donbass et la Crimée.
20:32Et puis aussi des objectifs plus flous
20:35de désarmement de l'Ukraine.
20:37Et c'est l'objectif minimal de la Russie
20:40et elle n'abandonnera jamais et poursuivra le conflit
20:44tant que ces objectifs-là ne seront pas atteints.
20:46– Vous avez beaucoup parlé de la Crimée,
20:48vous avez aussi fait référence à Odessa.
20:50On voit bien que la mer Noire a un rôle très important
20:54pour la Russie comme pour l'Ukraine.
20:56Aujourd'hui, est-ce que c'est un enjeu stratégique
20:59qui sera évoqué dans les négociations de paix ?
21:02– Oui, alors dans les négociations de paix,
21:04je pense que ce qui va se produire,
21:07c'est un élargissement des thématiques de négociation.
21:11Parce qu'évidemment, l'Ukraine n'est qu'une pièce
21:15dans cet échiquier de rivalité entre les États-Unis
21:19et ses alliés de l'OTAN et la Russie.
21:22Et donc sur la table, il n'y a pas que l'Ukraine.
21:24Il y aura effectivement la nouvelle architecture européenne
21:30de sécurité, l'élargissement de l'OTAN,
21:32la question de la mer Noire, la question de l'Arctique
21:36et sans doute aussi le Pacifique, le Proche-Orient.
21:40– On sait que tous ces sujets ont été évoqués à Génard d'ailleurs.
21:42– Peut-être même l'Afrique, l'Amérique du Sud, l'Eurasie.
21:44Tout est sur la table en réalité,
21:46puisqu'on change de configuration géopolitique.
21:49C'est un changement systémique auquel on assiste.
21:52D'ailleurs, que la Russie a poussé,
21:54elle pousse à un monde multipolaire.
21:56Évidemment, les États-Unis et ses alliés,
21:59plutôt ses vassaux européens malheureusement,
22:02résistent à cette émergence de la multipolarité.
22:08Alors avec M. Biden qui voulait vraiment préserver
22:14cette vision obsolète du monde unipolaire
22:18et domination des États-Unis,
22:21a été abandonné par Donald Trump
22:23qui accepte une nouvelle forme de multipolarité,
22:26mais la rivalité continue.
22:28Et donc, c'est pour ça que les négociations
22:30vont mettre énormément de temps,
22:33non seulement pour arrêter les combats,
22:35mais ensuite pour la négociation
22:37de cette nouvelle architecture
22:39qui prendra peut-être des années
22:41et qui n'aboutira peut-être même pas.
22:43– Quels sont les véritables points forts
22:45de celui qui maîtrise, j'allais dire, la mer Noire ?
22:48– Alors la mer Noire, effectivement,
22:50là il faut remonter, je dirais,
22:53loin dans l'histoire, la guerre de Crimée 1856
22:58où déjà les Britanniques et les Français
23:02ont attaqué la Russie à Sébastopol,
23:05la guerre de Crimée,
23:07parce que la Russie qui se renforçait
23:13avait pour objectif géopolitique
23:16cet ancien projet qu'on appelle le projet byzantin
23:18ou le projet grec,
23:20c'est-à-dire de fissurer,
23:23de faire tomber l'Empire Ottoman
23:25et de récréer un État
23:28à la place de l'Empire Ottoman
23:30notamment centré sur Constantinople,
23:33d'un État orthodoxe
23:36qui serait allié avec la Russie
23:38parce qu'à ce moment-là, dans l'Empire Ottoman,
23:40il y avait plus d'orthodoxes que de musulmans.
23:44Et les Britanniques, en rivalité avec les Russes,
23:50le grand jeu, ont voulu stopper l'expansion russe
23:53en mer Noire. – La rivalité qui a passé, c'est depuis.
23:55– Exactement, et parce que la mer Noire,
23:57c'est l'accès à la Méditerranée,
23:59le contrôle du détroit des Dardanelles
24:01et la France s'est alliée aux Britanniques
24:04parce qu'elle était dans une entreprise
24:06de colonisation aussi en Méditerranée
24:09et Napoléon III avait pour objectif
24:12de replacer la France au centre du jeu
24:15géopolitique de l'époque
24:17après la défaite de Napoléon à Waterloo
24:20mais en changeant d'alliance,
24:22c'est-à-dire contre les Russes
24:25comme lors des guerres napoléoniennes
24:28mais avec les Britanniques pour affaiblir les Russes
24:31et cela a joué des tours à la France
24:34parce qu'en réalité, même s'ils ont gagné ce conflit,
24:38ils ont réussi à prendre Sébastopol,
24:42à empêcher la Russie de faire tomber l'Empire Ottoman,
24:46en fait la France s'est affaiblie par la suite
24:52parce que selon le principe des nationalités,
24:54la Prusse s'est renforcée,
24:57il y a eu l'unification italienne, l'unification allemande
25:00et puis la guerre franco-prussienne
25:03où la France a perdu la guerre
25:06et les Britanniques comme les Autrichiens
25:09et comme les Russes n'ont pas aidé la France évidemment
25:12et les Russes ont pu réinvestir la mer Noire
25:15après la défaite de Napoléon III
25:17et c'est à ce moment-là que les Français ont compris
25:19qu'avec l'émergence de l'Allemagne,
25:22il fallait une alliance franco-russe
25:25pour contrebalancer l'Allemagne.
25:27– Qu'on a un peu oublié donc.
25:29– Exactement, mais donc la mer Noire aujourd'hui,
25:32c'est un enjeu majeur géopolitique,
25:35c'est un des théâtres, ce n'est pas le seul
25:38parce qu'il y a aussi la mer Arctique,
25:41le Pacifique aussi, le Proche-Orient
25:44mais la mer Noire reste une zone,
25:48un espace géopolitique de rivalité
25:52entre les grandes puissances
25:53et le restera pour toujours
25:55parce qu'il donne accès évidemment
25:57vers la Méditerranée, vers le Caucase,
26:01vers le Proche-Orient, vers l'Eurasie
26:04et pour la Russie, c'est le rempart,
26:07le rempart pour sa sécurité,
26:08là où elle est le plus vulnérable, c'est le Sud
26:11parce qu'au Nord, elle est protégée
26:13par la mer Arctique, le climat rude,
26:16c'est une problématique différente.
26:19– Alors on a le sentiment que nos dirigeants
26:21connaissent un peu moins bien l'histoire
26:23et que finalement Emmanuel Macron
26:25dans son souci de couple presque franco-britannique
26:29à présent aux côtés de Keir Starmer
26:31poursuit dans un chemin dangereux.
26:35Ce que je vous propose c'est de l'écouter nous parler
26:37de sa fameuse coalition des volontaires.
26:39– Nous avons acté que le Premier ministre britannique
26:44et moi-même donnions mandat à nos chefs d'état-major
26:48des armées pour qu'une équipe franco-britannique
26:51puisse être déléguée dans les prochains jours
26:53en Ukraine et puisse travailler de manière très étroite
26:56avec nos partenaires ukrainiens qui ont acté également
26:59ce mécanisme pour préparer justement
27:03dans tous les domaines le format, ce que sera le format
27:06de l'armée ukrainienne de demain.
27:08Un mandat qui nous a été donné par nos collègues
27:11et au fond ils nous ont demandé avec le Premier ministre Starmer
27:15d'assurer ensemble le copilotage de cette coalition
27:19et de pouvoir ensemble coordonner les initiatives,
27:23les comptes rendus pour garder justement
27:26le momentum qui est le nôtre.
27:27Et donc avec le Premier ministre Starmer
27:29nous allons assumer cette responsabilité ensemble
27:33de piloter cette coalition d'action
27:36pour une paix solide et durable.
27:46Quel regard portez-vous sur cette attitude,
27:48sur ce couple franco-britannique,
27:50sur cette obsession d'Emmanuel Macron
27:52d'être sur le devant de la scène politique
27:54quand il s'agit de la guerre en Ukraine ?
27:58Il y a un angle mort dans ce conflit,
28:00c'est les rivalités entre puissances européennes.
28:04En Europe a toujours existé cette rivalité
28:07entre les États pour la direction de l'Europe,
28:10d'ailleurs au sein même du projet européen,
28:12il y a toujours eu cette rivalité entre les Français,
28:15les Britanniques, les Allemands.
28:16Les Britanniques sont sortis de l'Union Européenne,
28:18donc maintenant c'est la rivalité franco-allemande
28:21qui est au centre du projet européen,
28:23qui l'est toujours d'ailleurs, on a tendance à l'oublier.
28:27Sur la question ukrainienne, pardon,
28:28mais les Allemands font plutôt profil bas maintenant.
28:30Oui, mais les Allemands n'avaient pas profil bas
28:37lorsqu'ils, au départ, dans le soutien à l'Ukraine
28:42avec les États-Unis pour faire plier la Russie,
28:46mais ils ne peuvent pas se mettre en avant
28:49de manière militaire.
28:51Alors, il y a différents objectifs géopolitiques.
28:55En fait, l'Allemagne a toujours pure ambition
28:59de se positionner vers l'Est, vers l'Eurasie.
29:05Ça, c'est toujours depuis le pangermanisme
29:07jusqu'à aujourd'hui, au nom de l'occidentalisation,
29:11en synergie avec les États-Unis,
29:13de prendre la responsabilité du futur de l'Ukraine.
29:16C'est une espèce d'OPA sur l'Ukraine.
29:20C'est la Russie, c'est l'Allemagne qui voulait le plus
29:23l'élargissement de l'Union européenne à l'Ukraine
29:27pour élargir son espace géopolitique, géoéconomique,
29:34mais aussi, en termes de sécurité,
29:36pour repousser la Russie dans les terres eurasiennes.
29:39– Ce qu'on appelle la profondeur stratégique.
29:41– Exactement.
29:42Tandis que la France, qui était traditionnellement
29:46plutôt proche de la Russie pour contrebalancer l'Allemagne,
29:53et dans la vision gaullienne,
29:56la France, tout à coup, a changé de posture.
30:00C'est aligné sur les objectifs germano-américains
30:05de détacher l'Ukraine de la Russie, selon moi,
30:09pour positionner la France en leader du projet européen,
30:13pour militariser le projet européen,
30:15parce que c'est dans ce domaine où la France a une valeur ajoutée.
30:20Puisque l'Allemagne domine en fait l'Union européenne,
30:24notamment sur les questions économiques avec l'euro.
30:27La Banque centrale européenne est à Francfort.
30:30– C'est toujours autant le cas aujourd'hui ?
30:32– Oui, je pense que c'est toujours le cas.
30:34Comme l'Allemagne aussi a décidé de dépenser
30:42dans sa reconstruction de l'armée allemande,
30:47et a dit explicitement qu'elle voulait être la première armée européenne,
30:52la France qui a le siège au conseil de sécurité,
30:58qui a l'arme nucléaire,
31:00et qui estime avoir une valeur ajoutée dans le projet européen
31:04sur les questions de défense,
31:06ne veut pas laisser l'Allemagne avoir le leadership,
31:09et donc s'est positionnée pour soutenir l'Ukraine
31:15de manière encore plus appuyée pour contrebalancer l'Allemagne,
31:21et positionner la France en leader avec les Britanniques
31:27qui ont aussi eux d'autres objectifs.
31:29Les Britanniques sont sortis de l'Union européenne,
31:32et leur seul rôle en fait c'est dans l'Alliance atlantique.
31:36Et les Britanniques qui sont sortis de l'Union européenne
31:39et qui sont en repositionnement géopolitique au niveau mondial,
31:43le Global Britain,
31:45les Britanniques c'est extrêmement difficile
31:47parce qu'ils ne peuvent que jouer les numéros 2 après les États-Unis,
31:51et sans faire de la Russie un ennemi,
31:54ils n'ont plus de rôle géopolitique.
31:56Et en plus cela correspond à leur vieux positionnement
32:00de puissance maritime comme les États-Unis,
32:03d'affaiblir les puissances continentales en Eurasie,
32:06que ce soit la Russie ou la Chine.
32:08Paradoxalement cela a poussé la Russie
32:12à construire un partenariat avec la Chine d'ailleurs,
32:15donc c'est un objectif raté.
32:17– Vous dites, pardon de parenthèse,
32:19mais vous dites les États-Unis puissance maritime,
32:22c'est intéressant parce qu'aujourd'hui l'élargissement de Donald Trump
32:24il se fait sur le plan territorial,
32:26sur une forme de continuité géographique et continentale.
32:29– Exactement, alors les États-Unis sont une puissance continentale,
32:34parce qu'ils ont une énorme profondeur continentale
32:36qui provient de la conquête de l'Ouest au XIXe siècle,
32:40mais se sont positionnés dans le monde comme puissance maritime
32:44et aujourd'hui comme cette puissance maritime
32:48qu'elles cherchent à préserver,
32:50parce qu'ils se positionnent dans l'Indo-Pacifique,
32:52l'Amérique arctique, mais qui n'ont plus le monopole,
32:56c'est le monde multipolaire,
32:58les États-Unis opèrent un resserrement géopolitique et géostratégique
33:04parce qu'ils ne dominent plus la mondialisation libérale
33:08qu'ils avaient eux-mêmes exportée et se repositionnent
33:12dans une stratégie panaméricaine
33:16avec le retour de maîtrise des espaces proches de leur territoire.
33:26– Ce qui va tout à fait dans le sens de la politique de Donald Trump,
33:29aussi de recentrer son action, j'allais dire,
33:33sur les États-Unis et sur la proximité presque.
33:35– Exactement, c'est ce que s'appelle le resserrement géopolitique
33:39où pour se repositionner comme une puissance,
33:43la première puissance du monde multipolaire,
33:45parce que s'ils acceptent le monde multipolaire,
33:47ils veulent rester quand même la première puissance,
33:50c'est de réinvestir les espaces où ils sont les plus forts.
33:58Et donc c'est pour ça qu'ils font pression sur le Canada,
34:01qu'ils veulent le Groenland, le repositionnement de l'Amérique du Sud
34:06qui fait écho à la doctrine Monroe
34:09et déléguer le front aux Européens contre la Russie
34:15en soutenant l'Ukraine mais évidemment,
34:19cette Europe qui prétend vouloir acquérir une autonomie stratégique
34:26en fait est encore plus vassalisée,
34:29est dans un processus de vassalisation des États-Unis
34:31parce que c'est la dernière zone d'influence des États-Unis
34:35qu'ils contrôlent et de manière indirecte mais c'est un renforcement.
34:39– C'est le service après-vente des États-Unis.
34:41– Exactement, après Biden qui a provoqué cette guerre,
34:44selon moi, en Ukraine, en refusant de négocier
34:47une nouvelle architecture de sécurité,
34:49a fragmenté l'Europe, a créé ce nouveau front
34:52entre l'Europe de l'Ouest et Russie
34:55et détruit toute négociation sur un axe Paris-Berlin-Moscou,
34:59ce qui ne veut pas dire que ça ne reviendra pas à l'avenir
35:02mais pour l'instant ils ont réussi leur objectif de fragmenter l'Europe
35:06et ils maintiennent cette Europe en déléguant, je dirais,
35:10le front aux Européens qui achètent encore plus d'armes américaines.
35:14Donc il y a un jeu de dupes, excusez-moi l'expression,
35:18mais les Européens dans l'Union Européenne,
35:20avec le positionnement de la France et les Britanniques,
35:23sont les idiots utiles des États-Unis.
35:25– On a le sentiment aussi, vous reparliez de resserrement géopolitique
35:30de Donald Trump, on a le sentiment que les grandes annonces
35:33qui ont fait grand bruit ces derniers jours,
35:36à savoir la hausse des tarifs douaniers,
35:38s'intègrent parfaitement dans cette logique
35:41de « America first » tout simplement.
35:45Et comment vous expliquez cette sidération de la part,
35:48notamment des Européens, alors même que c'était annoncé,
35:51comme le reste, dans la campagne américaine ?
35:54– Exactement, cette sidération est, je dirais,
36:01la caractéristique des États vassalisés
36:05qui n'ont aucune vision indépendante,
36:08aucune vision géopolitique ni de l'Europe,
36:12ni de leur propre État.
36:14On voit bien que les Britanniques ne savent pas comment se repositionner,
36:18uniquement contre vis-à-vis de la Russie,
36:20la France aussi, face à ce monde multipolaire.
36:23Alors même qu'elle aurait plus d'atouts que d'autres,
36:26à cause de la vision gaullienne,
36:28elle pourrait profiter de ce monde multipolaire
36:30pour avoir une politique multivectorielle,
36:33mais le gouvernement actuel est toujours dans une position obsolète.
36:39Le projet européen avec l'Union Européenne
36:42s'était positionné dans cette mondialisation libérale,
36:46cette exportation de la doctrine de la société ouverte
36:51avec la création d'interdépendances économiques au niveau mondial
36:55qui allaient créer la stabilité,
36:57mais évidemment en occidentalisant le monde.
37:00Et cet grand Occident, c'était les États-Unis qui en profitaient le plus,
37:05mais aussi certains pays européens qui, je dirais,
37:08touchaient les miettes de cette globalisation anglo-saxonne,
37:12des puissances maritimes.
37:14Et aujourd'hui, les États-Unis,
37:16qui ont imposé ce modèle libéral au monde,
37:22en fait se repositionnent.
37:25Ça ne veut pas dire qu'ils se retirent du monde, pas du tout.
37:28– Ni de la mondialisation d'ailleurs.
37:30– Ni de la mondialisation qui change de nature, en fait.
37:33Mais par contre, ce renseignement géographique
37:37pour faire revenir les emplois, maîtriser leur propre territoire,
37:42éviter les ingérences externes,
37:45reconstruire les chaînes de production sur le territoire américain,
37:49ils ont choisi de redevenir protectionnistes.
37:52Il était déjà avant, mais là c'est de manière totalement explicite,
37:56y compris vis-à-vis des soi-disant alliés, des vassaux européens
38:00qui profitaient de ce système libéral.
38:10Alors qu'il faut voir que les États-Unis sont très endettés aussi.
38:14Ils ont besoin d'argent au cash rapidement.
38:17Et c'est une thérapie de choc, je dirais,
38:22pour sans doute essayer de provoquer un mouvement
38:26de reconstruction de l'économie américaine,
38:29de relocalisation.
38:31C'est un pari, on ne sait pas si ça va réussir ou pas.
38:34Mais je dirais, il n'y a que les grandes puissances
38:38qui sont capables de changer un petit peu leur doctrine
38:43et de l'imposer au reste du monde.
38:45C'est ça la souveraineté en fait.
38:49Et les Européens ne sont pas souverains.
38:51L'Union Européenne s'est positionnée dans ce monde ouvert
38:54avec surtout l'Allemagne qui se positionnait
38:57comme puissance géoéconomique avec ses exportations.
39:01Eh bien, cette doctrine est une impasse aujourd'hui.
39:05Et donc, ils ont du mal à se repositionner.
39:07Ils sont sidérés d'ailleurs.
39:09Aussi sidérés que lors du sabotage de Nord Stream.
39:13– Avec des impacts économiques comparables sans doute.
39:17– Voilà, ils n'osent pas critiquer les États-Unis
39:20parce qu'ils dépendent des États-Unis
39:22pour le parapluie nucléaire américain.
39:25Et donc, c'est la sidération.
39:28Alors, ce qui est étonnant, c'est que la France suive ce mouvement
39:32alors même qu'elle serait en mesure de profiter
39:36de ce monde multipolaire.
39:37Et d'ailleurs, la doctrine française, il y a quelques années,
39:42eh bien, ce n'était pas de se positionner
39:47avec un projet européen ouvert, totalement ouvert
39:51sur la société ouverte et les exportations
39:55dans ce monde liquide dominé par les anglo-saxons.
40:00La France était colbertiste et voyait le projet européen
40:04comme une caisse de résonance de la puissance française
40:10avec des frontières et avec une préférence européenne.
40:14Alors, la France a gardé l'espoir d'avoir des préférences européennes
40:16pour les achats d'armements.
40:18Mais il n'y a que la France qui propose ça.
40:20Les autres États, d'ailleurs, poursuivent leurs achats de F-35
40:25alors même que les États-Unis les punissent avec des énormes tarifs
40:30et veulent annexer le Groenland.
40:32C'est stupéfiant.
40:33– Je vous propose justement qu'on regarde un petit peu
40:35les réactions françaises.
40:36On va voir que c'est une véritable gueule de bois
40:38après l'annonce des tarifs douaniers qui vont à la hausse.
40:42– Nous leur ferons payer approximativement la moitié
40:45de ce qu'ils nous facturent et nous ont facturé.
40:48Donc, les droits de douane ne seront pas entièrement réciproques.
40:51J'aurais pu le faire, oui, mais cela aurait été difficile
40:54pour de nombreux pays.
40:57– Et donc, on le voit bien, c'est un impact massif
40:59qui va toucher tous les secteurs de l'économie et de l'export européen.
41:06Alors, avec un enjeu pour la France qui est plus limité
41:09que pour certains autres pays, enfin, qui est là
41:12et qui, pour certaines filières, va être massif.
41:14– Cette décision est une catastrophe pour le monde de l'économie.
41:21C'est une immense difficulté pour l'Europe.
41:25Je crois que c'est aussi une catastrophe pour les États-Unis
41:28et pour les citoyens américains.
41:32L'idée que chaque des grandes régions du monde
41:36va se refermer sur elle-même
41:38et que la guerre commerciale doit être désormais la règle.
41:43Cette idée présente des dangers.
41:53– Alors, c'est très significatif, je trouve,
41:55notamment les propos de notre Premier ministre
41:57où il parle de se renfermer sur soi-même
42:00pour ce que fait Donald Trump.
42:03On a le sentiment que le protectionniste,
42:05que la redynamisation de l'économie américaine
42:08par l'économie américaine au sein des États-Unis,
42:12tout ça c'est des choses qu'ils ne peuvent même plus comprendre chez nous.
42:15– Oui, c'est l'idéologie qui prime ici
42:19où les Européens et malheureusement une grande partie
42:23de la classe politique française
42:25ne raisonnent pas en termes géopolitiques indépendants
42:29et en termes systémiques, en fait.
42:32Elle ne peut pas imaginer un autre système alternatif.
42:37Et donc c'était le rêve de pouvoir poursuivre plus ou moins,
42:42après de résoudre le conflit ukrainien
42:47puis de continuer cette mondialisation ouverte
42:51basée sur les échanges, les exportations.
42:55Mais c'est fini, la mondialisation est une lutte
42:59de répartition des espaces géopolitiques.
43:02Elle l'a toujours été, mais là c'est dit explicitement
43:08et émergent des grandes puissances,
43:14des grandes alliances, des États-civilisations,
43:17la Chine, la Russie, le monde anglo-saxon, le monde turc,
43:23tous ces grands ensembles géopolitiques et géo-civilisationnels
43:29se regroupent et sont en rivalité
43:33et se répartissent les espaces géopolitiques dans le monde
43:39et dans des différents espaces.
43:42Il n'y a pas seulement le territoire lui-même,
43:45il y a les espaces maritimes, il y a aussi l'espace aérien,
43:51l'espace, il y a le cyberespace et le domaine
43:55de l'intelligence artificielle qui, selon moi,
43:58touche l'espace-temps.
44:01Et donc les grandes puissances se positionnent
44:05dans ces différents espaces, sont en rivalité
44:09et donc il y a des conflits de frontières
44:12entre ces différents espaces, entre ces grands centres
44:15civilisationnels. Et l'Union européenne
44:18et ses États membres ne sont pas du tout dans ce paradigme,
44:21ils sont dans le paradigme ancien qui est révolu
44:25de cette mondialisation libérale.
44:27– Il y a un paradigme dans lequel ils étaient perdants aussi ?
44:31– Exactement, c'est ça, ils étaient perdants
44:35mais il y a des réseaux au pouvoir qui profitaient de ce système
44:41mais évidemment les peuples européens étaient perdants
44:44mais je dirais qu'il y aura des différences
44:49entre les États-nations au sein de l'Union européenne
44:52parce qu'il y en a qui seront plus perdants que d'autres en réalité.
44:56Et lorsque l'erreur est de voir l'Union européenne
45:00comme un bloc, et d'ailleurs les statistiques produites
45:03par l'Union européenne sur le commerce sont montrées,
45:08soulignées comme si l'Union européenne était déjà
45:11une entité géopolitique unie, ce n'est pas du tout le cas.
45:14– D'ailleurs on le voit à travers les réactions des autres blocs
45:18qui ne les considèrent pas comme ça.
45:19– Les États-membres vont se diviser face à cette guerre commerciale
45:22parce que c'est l'Allemagne qui a le plus à perdre en fait
45:26avec ses exportations automobiles, de machines-outils,
45:30industrielles, chimiques et qui exportent énormément aux États-Unis
45:34donc on voit bien d'ailleurs que les Allemands,
45:38après la sidération, ont une réaction mitigée en se disant
45:42voilà nous sommes obligés de répliquer, de répondre
45:48mais on veut engager la négociation,
45:50ils veulent encore convaincre Donald Trump que ce n'est pas la bonne voie
45:54et donc de retarder l'échéance inéluctable.
45:59Tandis que la France a une position plus offensive
46:03de sa tradition, plus protectionniste,
46:07même si elle n'est pas aussi marquée qu'auparavant
46:10mais évidemment la France a dit qu'il fallait répliquer de manière forte
46:15et notamment par exemple taxer les géants du tech, les GAFAM
46:21et donc la France…
46:24– La France est aussi championne des déclarations
46:26parce que ça on connaît les déclarations quant aux taxations des GAFAM,
46:30ce n'est pas une nouveauté,
46:31on se rappelle de Bruno Le Maire qui avait fait des effets d'annonce
46:34dans la réalité ce n'est jamais suivi des faits
46:36parce qu'il y a toujours une nouvelle holding
46:38qui fait que les GAFAM ne payent jamais les impôts
46:41qu'ils devraient payer dans chaque pays.
46:43– Exactement, l'Union Européenne et la France
46:45sont déjà une colonie numérique des États-Unis
46:47et donc il y a toujours ce discours sur la souveraineté en France
46:51je dirais que ce sont l'héritage de la vision gaullienne
46:57mais dont la réalité elle n'est plus appliquée.
47:00Et donc les Européens sont alignés et vont s'aligner,
47:05vont perdre ce conflit commercial
47:09et comme ils ne s'entendent pas entre eux,
47:11qu'ils n'arrivent pas à penser géopolitiquement,
47:14identifier une géopolitique commune
47:18et que l'Union Européenne n'est pas une nation
47:20comme les États-Unis, la Russie ou la Chine évidemment,
47:23c'est l'Union Européenne qui sera la variable d'ajustement
47:25de cette guerre commerciale.
47:28– On a le sentiment finalement que l'Europe globalement
47:31c'est le bastion de l'idéologie mondialiste
47:33sans la capacité de mondialiser on va dire son commerce.
47:38Les États-Unis c'est la capacité de mondialiser son commerce
47:41sans la volonté aujourd'hui mondialiste.
47:44Où en situe la Chine dans cette logique ?
47:47– Alors la Chine, elle profitait jusqu'à présent de cette ouverture,
47:54de cette mondialisation dans laquelle elle cherchait à s'insérer
47:58mais elle opère aussi un changement de doctrine
48:03en insistant beaucoup plus sur son marché intérieur
48:07même si elle exporte vis-à-vis de l'extérieur
48:11et elle continue de vouloir avancer dans cette direction
48:16mais ce qui risque de se passer c'est comme le marché américain
48:20risque de se fermer, la Chine va déverser ses produits
48:24– En Europe ?
48:25– En Europe, voilà.
48:26– Alors on a parlé tout à l'heure du rapprochement potentiel
48:30entre Washington et Moscou.
48:31Vous avez dit que vous étiez quand même sceptique
48:33quant à ce rapprochement réel.
48:36Certains évoquent quand même la possibilité
48:38que ça puisse mettre un coin dans la relation sino-russe.
48:42Quel est votre point de vue ?
48:44– Je pense qu'il est très peu probable
48:48que l'on arrive à retourner la Russie contre la Chine.
48:52C'est impossible.
48:53Pourquoi ? Parce que du point de vue géopolitique
48:55la Russie comme l'aigle à deux têtes regarde dans deux directions.
49:00La Russie est une puissance eurasienne.
49:03Elle a une dimension européenne très forte de par sa culture
49:07et puis la majorité des Russes habitent en Europe
49:10dans la partie européenne avant l'Oural
49:14mais la dimension eurasienne, asiatique de la Russie
49:17est très importante et sera valorisée de plus en plus
49:20par la Russie.
49:21– Ce qui explique parfois les confusions avec les combattants
49:25que certains ont décrits comme étant des nord-coréens
49:28alors qu'il s'agissait des bourriades
49:30parce qu'évidemment il y a des asiatiques dans les ethnies
49:33qui composent la Russie.
49:34– Exactement.
49:35Et donc la Russie est une puissance eurasienne centrale
49:40et ne peut pas se permettre d'ouvrir un front contre la Chine
49:47parce que vis-à-vis de la Chine du point de vue démographique
49:52et économique elle est beaucoup moins puissante
49:54même si elle arrive à contrebalancer avec sa puissance militaire
49:58son arsenal nucléaire et ses hautes technologies dans l'armement.
50:06Et donc le rêve de certains conseillers américains
50:11de vouloir mettre un coin entre la Russie et la Chine
50:17est selon moi utopique parce que la Russie préfère
50:25un positionnement en équilibre en fait entre la Chine
50:29et les États-Unis et certains pays européens et l'Inde
50:34et d'ailleurs la Russie ne veut pas ouvrir de front en Eurasie
50:43et donc va empêcher les États-Unis de coopter la Russie
50:51pour préserver un peu plus longtemps cette espèce de suprématie occidentale
50:56dans le monde parce que la Russie et la Chine
51:00ont toutes deux, comme l'Inde d'ailleurs aussi
51:04et l'Iran et l'Afrique du Sud font la promotion d'un monde multipolaire.
51:09– Comme on peut le voir au travers des initiatives autour des BRICS.
51:12– Exactement, donc la Russie et la Chine coopèrent au sein des BRICS
51:17mais aussi l'organisation de coopération de Shanghai
51:20qui est je dirais non pas dirigée contre l'OTAN
51:23ce n'est pas une alliance militaire comme l'OTAN,
51:26il n'y a pas d'article 5 mais c'est une alternative
51:30à la mondialisation occidentale et c'est une mondialisation eurasienne.
51:36– Que l'Europe a un peu contraint d'ailleurs pour la Russie
51:41puisqu'on voit que les rapprochements demandés par Vladimir Poutine
51:45ces dernières décennies ont systématiquement été rejetés.
51:50– Oui parce que les gouvernements européens ont fait
51:55l'énorme erreur géopolitique de s'aligner par idéologie
52:01mais aussi par idéologie atlantiste, néoconservatrice
52:05et par absence de réflexion géopolitique
52:09sur les priorités géopolitiques de Londres et Washington.
52:13Il ne faut pas oublier Londres qui joue un rôle important
52:16qu'il a toujours joué sur plusieurs siècles contre la Russie.
52:19– Que ce soit à l'intérieur ou en dehors de l'Europe.
52:21– Exactement et sans cet abandon notamment par la France
52:25de la doctrine gaullienne qui on se rappelle utilisait toujours la Russie
52:30pour équilibrer les anglo-saxons et l'Allemagne,
52:33eh bien ils sont en train de rater leur positionnement
52:41vis-à-vis de ce monde multipolaire en restant une périphérie
52:45en fait de l'espace euro-atlantique sous domination des États-Unis
52:49alors même que les États-Unis en acceptant une forme de multipolarité
52:53va probablement signer des contrats avec la Russie
52:57et remplacer les Européens parce qu'on est dans une configuration géopolitique
53:03où en fait les grandes puissances sont en rivalité,
53:05négocient leurs lignes rouges,
53:09ajustent leurs grands espaces géopolitiques par rivalité, confrontation
53:15avec des conflits locaux sur les marges,
53:21dans les marges et aux frontières de ces grands espaces
53:24et les Européens ne se positionnent pas dans ce grand jeu
53:29et se coupent en fait de l'eurasie de la Russie
53:35et peut-être de plus en plus de la Chine sous pression des États-Unis
53:39et donc devient une périphérie et risque de s'affaiblir
53:44s'il n'y a pas un sursaut, je dirais gaullien, français, européen
53:49pour à nouveau redéfinir une géopolitique basée sur l'équilibre
53:53et une géopolitique qui permet d'avoir des alliances dans toutes les directions.
54:00– De coopération.
54:02– De coopération, évidemment dans l'espace transatlantique
54:06mais aussi euro-africain, euro-arctique, euro-asiatique
54:12avec la Russie, avec la Chine, avec l'Inde, dans toutes les directions
54:18et là il y a une absence totale de réflexion géopolitique indépendante,
54:24un effacement de la pensée stratégique et géopolitique européenne,
54:29on le voit dans les discussions dans les médias
54:32où sont invités à parler dans les médias dominants
54:36surtout des experts qui pensent tactiques et pas stratégiques.
54:42– Est-ce que finalement, et ce sera ma dernière question,
54:44le problème de l'Union européenne aujourd'hui
54:46ce n'est pas qu'elle ait atteint un seuil trop critique j'allais dire
54:49avec des pays qui ont des intérêts totalement divergents
54:52on pense à la fameuse Caja Calas à la tête de la diplomatie européenne,
54:56on peine à penser qu'elle puisse être compatible
54:59avec une volonté et des intérêts hongrois pour prendre au hasard,
55:05est-ce que finalement ce n'est pas ça le problème ?
55:07Est-ce qu'il ne faudrait pas se recentrer sur une Europe
55:10beaucoup plus restreinte comme au début de la construction européenne
55:14qui puisse faire coexister des intérêts beaucoup plus proches les uns des autres ?
55:20Je pense finalement à l'Allemagne si elle s'était émancipée des États-Unis,
55:23je pense à l'Italie, l'Espagne, la France, le Benelux éventuellement,
55:27comment voyez-vous ça ?
55:29– Oui effectivement, je pense que ce rêve d'unité,
55:32d'inspiration fédérale ou intégrationniste est mort.
55:39Il n'y aura pas d'Union européenne unie,
55:42ce ne sera jamais une nation comme la Russie, les États-Unis, l'Inde, la Chine
55:49et avec les élargissements, elle est devenue de plus en plus multipolaire
55:56et c'est ça le paradoxe en fait, le monde devient multipolaire,
56:00l'Union européenne devient multipolaire aussi
56:03et donc on le voit déjà, cette tendance est déjà à l'œuvre
56:06mais pas assez prononcée et ce serait un atout d'ailleurs
56:10pour les différents États européens,
56:12au lieu d'essayer de s'aligner ce qui ne fonctionnera pas
56:15sur des objectifs utopistes, hors sol,
56:19comme préserver cette mondialisation libérale qui est terminée,
56:23c'est de se positionner dans des coalitions restreintes
56:28d'États volontaires sur différentes thématiques,
56:31par exemple préserver une coopération franco-allemande,
56:34évidemment c'est le cœur de l'Europe,
56:37avoir une coopération franco-britannique, franco-italienne et franco-espagnole
56:44et moi je plaide, je pense que pour préserver la civilisation européenne
56:53et à l'avenir la marge de manœuvre géopolitique de la France,
56:57une relation franco-russe forte,
57:00alors même que les États-Unis et la Russie se rapprochent,
57:04ce serait absurde nous d'engager une guerre froide contre la Russie,
57:08alors même que la doctrine gaullienne, je pense qu'elle est toujours d'actualité,
57:11nous permettrait en nous rapprochant de la Russie
57:13de contrebalancer cette Europe germano-américaine
57:16parce qu'on voit bien que les discussions sur la défense européenne
57:19vont aboutir à une augmentation des achats d'armements américains
57:22et pas du tout à une autonomie stratégique,
57:24donc il faut penser eurasien, mondial
57:27et il n'y a pas pour l'instant des équipes au pouvoir de réflexion dans ce sens-là
57:33mais je pense qu'on sera obligé, sinon c'est notre effacement géopolitique.
57:38– Merci beaucoup Pierre-Emmanuel Thaumann d'être venu jusque TV Liberté,
57:41merci à tous de nous avoir suivis,
57:43n'oubliez pas si vous voulez retrouver le livre de Pierre-Emmanuel Thaumann,
57:47il est bien sûr sur la boutique de TVL, le lien est dans la description.
57:51J'espère que cette émission vous a plu,
57:53j'espère que vous l'avez déjà relayée auprès de vos proches
57:56et puis j'espère que vous avez cliqué sur le pouce en l'air.
57:58En attendant, je vous attends dans les commentaires.
58:01À bientôt, à la semaine prochaine.

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