Catégorie
🗞
NewsTranscription
00:00Europe 1 Soir, 19h21, Pierre de Villeneuve.
00:04Maëlle vient de le rappeler dans son point sur l'actualité,
00:07les ministres concernés sont réunis à l'Elysée pour faire le point
00:11après le coup de fil entre Amnélie Hajid et Emmanuel Macron hier sur le dossier algérien
00:20dont on sait que le nœud, j'allais dire, de ce dossier c'est Boilem Sansal,
00:25que Boilem Sansal est toujours dans les geôles algériennes,
00:28qu'il n'a pas le droit à un avocat, qu'il a eu une condamnation extrêmement importante à son encontre.
00:35Écoutez Jean-Noël Barraud, le ministre des Affaires étrangères qui se rend à Alger dimanche.
00:40Les tensions entre la France et l'Algérie dont nous ne sommes pas à l'origine
00:45ne sont dans l'intérêt de personne.
00:46Nous voulons les résoudre.
00:47L'échange hier entre le président de la République et son homologue algérien
00:52a ouvert un espace diplomatique qui peut nous permettre d'avancer vers une résolution de la crise.
00:59Nous allons saisir cette opportunité dans l'intérêt de la France et des Français
01:03qui ont droit à des résultats, notamment en matière de coopération migratoire
01:07et au sujet, bien évidemment, de la détention sans fondement de notre compatriote Boilem Sansal.
01:13Ensuite, il n'y a pas de revirement dans la politique qui est menée par le gouvernement.
01:19Le dialogue et la fermeté ne sont en aucun cas contradictoires.
01:24Qu'est-ce qu'on en pense de cette déclaration de Jean-Noël Barraud ?
01:28J'ai l'impression qu'il y a un ton détaché.
01:31C'est un doux euphémisme.
01:32Il doit faire tout tenir dans la même pièce.
01:35C'est-à-dire qu'il faut déjà faire tenir deux stratégies,
01:37qui est la stratégie ferme et résolue, défendue par l'intérieur en France, Bruno Retailleau,
01:43et faire tenir aussi la voie diplomatique qui se voulait beaucoup plus
01:47dans la rondeur et la souplesse qu'on lui connaît habituellement.
01:50Donc, c'est ce travail d'équilibriste.
01:51C'est-à-dire qu'il ne faut pas qu'il y ait de vainqueurs qui fanfaronnent trop,
01:56ni de vaincus qui soient trop humiliés.
01:58Donc, ce qu'il faut comprendre derrière,
02:00c'est que M. Barraud veut montrer l'importance de la diplomatie en France
02:06et le rôle essentiel qu'elle joue.
02:08Et il doit aussi ménager Bruno Retailleau.
02:10Et Bruno Retailleau, lui, en parallèle, il insiste sur le fait que sa fermeté,
02:13sa réponse graduée a nécessairement joué
02:15et qu'il a préparé le terrain, justement, à ce que les Algériens acceptent de dialoguer.
02:21Ça fait une drôle de mixture, toi.
02:23Oui, c'est compliqué parce qu'il faut tout gérer.
02:24Il faut gérer en plus la partie algérienne en face,
02:27donc lui laisser la marge de manœuvre pour qu'elle-même ne se sente pas humiliée
02:31et puis qu'elle puisse dire avoir obtenu des gains dans cette affaire.
02:34Jean-Michel Salvatara.
02:35Moi, je trouve que ça suscite un très gros malaise, en fait, cette histoire.
02:39Parce qu'on se rend compte que, finalement, le président algérien y joue.
02:44Il joue les Français, les uns contre les autres.
02:47Évidemment, les Algériens connaissent, comme personne, toutes les subtilités de la politique française.
02:53Et là, le président algérien, après avoir été assez en froid avec Macron, se dit
02:59« Tiens, et si je me rapprochais de lui pour mettre dans la difficulté Retailleau,
03:05dont j'aimerais bien provoquer la démission ? »
03:08Et donc, le président algérien joue, joue Macron contre Retailleau.
03:14Donc ça, je trouve que c'est quand même assez déplaisant.
03:16Et à ce jeu-là, donc, Macron est une espèce de victime consentante.
03:21Alors, si le résultat de tout ça, c'est la libération de Boleyn-Sensal,
03:25OK, très bien, bon, mais il faut encore en être sûr.
03:29Et puis, il y a tout le reste, parce qu'il y a l'application des décisions de justice,
03:36il y a l'application du renvoi des OQTF.
03:39On se souvient que des OQTF, on n'en a pas renvoyé beaucoup, etc.
03:45Donc, moi, je pense que Macron a peut-être raison de jouer la diplomatie,
03:50mais à ce jeu-là, il faut véritablement des résultats, et des résultats rapides.
03:54Oui, alors, résultats rapides, ça, on n'en sait rien,
03:57mais effectivement, est-ce que Bruno Retailleau va avoir suffisamment d'épaule
04:02pour, comment dire, pour avancer sur ce fameux dossier algérien,
04:06s'y tenter, comme vous l'avez dit, Jean-Michel, qu'on lui laisse le blanc-seing,
04:10parce qu'il y a ce protectorat, autre guillemet, appelons-le comme ça, de Boleyn-Sensal,
04:15et en même temps, assurer sa course aux Républicains ?
04:21C'est-à-dire qu'en face, il y a Laurent Wauquiez,
04:24qui a sorti, j'allais dire, les armes assez rapidement.
04:29Est-ce que tout cela est compatible, Gilles Boutin ?
04:31C'est difficile de croire de l'y avoir à la fois.
04:33Je pense que Bruno Retailleau, il doit déjà se concentrer sur la tâche immédiate.
04:36Il y a les préfets, là, qui recommencent des rencontres avec les consuls algériens en France
04:42pour remettre les OQTF sur la table.
04:45Oui, mais qu'est-ce que ça va donner, ça ?
04:47De toute façon, c'est un éternel recommencement, avec l'Algérie, ça bloque en permanence.
04:50Quand on regarde les statistiques, il y a des OQTF, c'est misérable.
04:53Donc, peut-être que Bruno Retailleau sera contraint, par la position algérienne,
04:59de retaper du poing sur la table.
05:02Alors, peut-être que Boulogne-Sainte-Salle ne sera pas libérée.
05:05Mais je pense que là, Bruno Retailleau a tout intérêt à mettre de côté ses préoccupations partisanes,
05:10parce que Laurent Wauquiez, en face, qui essaie de le mettre en difficulté sur cette thématique,
05:16c'est de la basse cuisine politique.
05:19Mais qui est plus légitime là-dessus ?
05:20Retailleau ou Wauquiez, sur la présidence des DLR ?
05:22Ah, ça c'est...
05:24Je pose la question !
05:27Après, rien n'est tranché...
05:29Jean-Michel Salvatore, il a déjà été, lui, patron du parti.
05:34Il l'a été, et il en est parti parce qu'il avait perdu les élections européennes.
05:39Wauquiez, il se comporte comme si ça lui revenait de droit.
05:43C'est quand même ça, son attitude.
05:45C'est pour moi, moi à la présidence du parti,
05:48et puis Retailleau, s'il veut, il va être ministre,
05:50mais qu'il n'essaie pas d'avoir la présidence du parti.
05:52Non, je pense que...
05:54C'est vrai que les dernières déclarations de Wauquiez,
05:56c'était qu'il faut un ministre de l'Intérieur à Beauvau, etc.
05:59Oui, mais on a quand même bien vu qu'un ministre de l'Intérieur à Beauvau
06:02qui est candidat à la présidentielle, ça peut faire un Sarkozy qui gagne.
06:05Donc, évidemment, Wauquiez, OK, il a une certaine légitimité,
06:11il dirige une très grande région,
06:13mais Retailleau a aussi beaucoup de troupes,
06:15et puis surtout, dans l'opinion,
06:17Retailleau, il a réussi à déclencher quelque chose dans l'opinion,
06:21il a réussi, finalement, à redonner aux militants de LR
06:26l'espoir, éventuellement, de gagner,
06:27alors que, pour l'instant, Wauquiez n'a pas réussi ce tour de force-là.
06:32Donc, ensuite, on verra, c'est les urnes qui parleront.
06:34Si, en interne, il y a plus de militants qui veulent Wauquiez,
06:37ça sera Wauquiez, et si, à l'inverse,
06:39ce sont plutôt les retailleauistes qui gagnent,
06:42tant mieux pour Bruno Retailleau.
06:46Mais je constate, quand même,
06:47que Retailleau a autour de lui, d'abord, à mon avis, l'opinion,
06:52il a réussi à créer quelque chose, comme je le disais,
06:54et puis il a aussi tous les classiques des Républicains.
06:56Et ça, c'est très important.
06:57C'est très important, et ça brouille les pistes.
06:59Sauf que si c'est pour reproduire un combat des chefs,
07:01comme on l'avait eu, et pas toujours très propre,
07:04entre Nicolas Sarkozy et Dominique de Villepin, en leur temps,
07:07je ne suis pas certain que ça fasse les affaires de la droite,
07:12qui est déjà bien en peine pour revenir,
07:14sachant qu'on parle de Laurent Wauquiez et Bruno Retailleau,
07:17mais quand on fait les comptes de l'ensemble des prétendants à droite...
07:21C'est ce que dit Jean-Michel.
07:22Il y a quand même pas mal de classiques pour reprendre son expression.
07:24Oui, donc on va peut-être se garder de ces manœuvres,
07:28et je pense que Laurent Wauquiez est plutôt perdant dans ce moment,
07:33puisqu'on perçoit qu'il y a quelqu'un qui se pense chef,
07:36et qui voit la situation lui échapper,
07:38alors qu'il pensait être le grand meneur,
07:42en laissant Bruno Retailleau prendre des coups à Bobo.
07:46C'est bizarre d'ailleurs, Retailleau qui dit « je vais gagner »,
07:48je ne sais pas si vous avez vu les déclarations,
07:49il a dit « je vais gagner, je sens que je vais gagner ».
07:51Bon, on verra, on verra,
07:54mais moi j'ai quand même l'impression à lire tous les papiers à droite et à gauche,
07:57notamment à Figaro,
07:59que Retailleau bénéficie quand même d'une belle avance,
08:03et que Wauquiez qui mise finalement sur les jeunes et sur les militants,
08:08a quand même du mal.