La directrice de la publication de "Zèbres" (revue trimestrielle) publie "Dys, TDAH, autisme : l'inclusion à petits pas".
Regardez L'invité de 9h40 avec Thomas Sotto et Céline Landreau du 28 mars 2025.
Regardez L'invité de 9h40 avec Thomas Sotto et Céline Landreau du 28 mars 2025.
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00:00Vous êtes sur RTL et notre invité ce matin s'appelle Céline Lys-Raoult, journaliste, fondatrice du magazine Zèbres et compagnie, le magazine de la neurodiversité.
00:12Bonjour.
00:12Bonjour.
00:13Bienvenue.
00:14Bienvenue, évidemment.
00:16Alors, qui sont ces zèbres ?
00:18Alors, les zèbres, c'est les 12% de français qui vivent avec un TND.
00:24Un TND, c'est un trouble du neurodéveloppement, c'est-à-dire c'est le peuple des gens qui sont dyslexiques, dyspraxiques, dysorthographiques, il y en a beaucoup.
00:32TDAH...
00:33Ça recouvre beaucoup de choses.
00:34Ça recouvre beaucoup de choses, les TDAH et les personnes...
00:36Les TDAH, parce que moi je suis perdu dans les acronymes.
00:38Les TDAH et lesquelles ?
00:39C'est compliqué, je vous le confirme.
00:40TDAH, c'est trouble déficit de l'attention avec hyperactivité.
00:43C'est HPI ? Non, pas du tout ?
00:45Alors, pas du tout.
00:46D'accord.
00:47HPI font aussi partie de la neurodiversité, mais HPI, c'est pas une pathologie, c'est une manière...
00:52Oui.
00:53Et pourquoi ils sont regroupés sous ce nom générique de zèbres ? Pourquoi on les appelle les zèbres ?
00:57Parce qu'en fait, on les a appelés les zèbres, parce que la neurodiversité, finalement, c'est une construction intellectuelle.
01:07C'est-à-dire, c'est les gens qui ne sont pas exactement dans la norme.
01:09Mais la norme, c'est une construction intellectuelle.
01:11Mais c'est quoi la norme ?
01:12La norme, c'est être neurotypique, ne pas avoir TDAH, ne pas être dyslexique, ne pas être autiste.
01:19Et en fait, la norme, c'est une construction, c'est toujours une construction intellectuelle.
01:22Donc, à un moment, la majorité des gens est partie du principe que la norme, c'est être comme ça et comme ça.
01:27Et en fait, le problème, c'est le territoire de la norme.
01:29C'est que les limites de la norme, elles sont vraiment étiquettes.
01:33Donc, ce qu'on dit avec zèbres, c'est que finalement, comme un zèbre, comme un troupeau de zèbres,
01:37il n'y a pas deux zèbres qui ont les mêmes rayures, et pourtant, ils font troupeau.
01:40Donc, il n'y a pas deux humains qui ont les mêmes caractéristiques intellectuelles, et pourtant, on fait société.
01:46C'est une jolie définition.
01:48C'est beau.
01:50Oui, ça me plaît.
01:51Pourquoi vous vous êtes lancé dans cette aventure, vous ?
01:53Comme toujours, parce que l'aventure de la presse indépendante, vu l'état de la presse, ce n'est pas vraiment simple.
01:58Je suis maman de zèbre, en fait. J'ai un fils qui a un TDAH, qui est grand aujourd'hui, qui a 18 ans.
02:02Enfin, qui est un petit grand.
02:04Et ça a été très, très compliqué de lui trouver sa place, de lui trouver l'école, de comprendre comment il fonctionnait.
02:10Parce que, évidemment, quand on ne comprend pas dans quelles catégories intellectuelles ranger les gens,
02:16on les range dans des catégories, on les assigne à des catégories morales.
02:20Donc, le TDAH, ce sont des enfants qui sont hyperactifs, donc c'est des enfants qui sont mal élevés.
02:24J'ai entendu ça.
02:25Turbulents.
02:26Pardon ?
02:27Turbulents.
02:28Turbulents, etc.
02:29Comme les dyslexiques.
02:30Enfin, jadis, quand la dyslexie n'était pas diagnostiquée, on expliquait que c'était des feignants, parce qu'ils n'arrivaient pas à lire.
02:35Donc, c'était très compliqué.
02:36Ceux qui voyaient mal.
02:37Voilà.
02:38Ceux qui n'entendaient pas bien à l'école.
02:39Voilà.
02:40Ils n'étaient pas diagnostiqués, c'était un échec scolaire.
02:43Exactement.
02:44Ils ne voyaient pas, ils n'entendaient pas.
02:45Et aujourd'hui, on dit qu'il y a une espèce d'augmentation de tous ces troubles-là.
02:50Ce n'est pas une augmentation, c'est qu'aujourd'hui, on sait les diagnostiquer.
02:53On met un nom dessus.
02:54Tout ce qu'on appelait de manière générique l'hyperactivité, c'est ça, en gros ?
02:57Il y a quelques années, mon fils est hyperactif, ma fille est, je ne sais pas, on dit même des fois surdoué, etc.
03:00Maintenant, on sait mettre des mots dessus, c'est ça ?
03:02On met des mots dessus, et sur la dyslexie, c'est la même chose.
03:05Parce que le peuple des dys, c'est les dyslexiques, les dyspraxiques, les dyscalculiques, les dysorthographiques, il y en a vraiment beaucoup.
03:11Donc avant, on disait, ce sont des cancres, ils ne font rien.
03:14Aujourd'hui, on dit, ben non, ce gamin, il n'est pas cancre, il est dyslexique.
03:17C'est-à-dire qu'il met dix fois plus d'activité, de travail et d'attention,
03:21arrivé à la même fin que quelqu'un qui ne l'est pas.
03:24Oui, et ça augmente quand même, à cause de l'exposition aux écrans.
03:27Alors, ça n'a pas été trouvé scientifiquement.
03:29Hyperactivité, si.
03:31Vous parliez du parcours de votre enfant.
03:33Vous disiez que ça a été compliqué de suivre le parcours scolaire, notamment.
03:37Ça veut dire que, malgré tous les efforts faits, l'école, aujourd'hui, elle n'est pas suffisamment adaptée à ces enfants-là, encore ?
03:43L'école, elle avance doucement.
03:45Alors, le mammouth, il avance à pas de mammouth.
03:47Donc, elle avance doucement.
03:49Les enseignants, ils sont de plus en plus conscients de ces problématiques.
03:52Mais ils n'ont pas le temps de se former.
03:54Et c'est très compliqué aussi d'accompagner ces enfants quand on est dans des classes de 30.
03:58Parce que la problématique, c'est que l'école inclusive, elle existera à partir du moment où, en fait,
04:03les enfants pourront être qu'ils sont dans une classe.
04:06C'est-à-dire, pas dans une classe de 30, mais dans une classe de 15.
04:08C'est le cas dans plein de pays au monde où, finalement, l'inclusivité se fait tout naturellement, tout simplement,
04:13parce qu'ils sont peu nombreux dans les classes.
04:15Céline Lisseraoui s'est passée à un événement qui concerne la santé mentale, cette semaine.
04:19C'est le journaliste, notre collègue Nicolas Demorand,
04:21qui a fait, en quelque sorte, son coming-out en reconnaissant être,
04:24et c'est le terme qu'il utilise à dessein,
04:26il dit « je suis malade mental ».
04:28Il est bipolaire.
04:29Est-ce que ça, ça vous aide, ça peut vous aider dans vos combats,
04:33dans votre quotidien,
04:35ou est-ce que ce sont deux choses radicalement différentes ?
04:37Alors, les deux, en général, j'ai envie de dire,
04:39parce qu'en fait, c'est formidable de dire qu'il est malade mental,
04:44parce que c'est une maladie, et ça se soigne,
04:46et c'est extrêmement courageux de sa part, et merci.
04:50Le mot reste brutal, quand même.
04:52Le mot reste brutal, mais il y a quand même...
04:54C'est très étrange, en France, dès qu'on parle de « mental »,
04:57la maladie mentale, ça fait peur aux gens.
04:59Ça ne fait pas peur à qui que ce soit,
05:00quand vous dites que vous avez une grippe ou que vous avez une angine.
05:02Même aujourd'hui, le cancer,
05:04je ne vais pas en parler parce que j'ai créé un magazine
05:06autour du cancer il y a quelques années.
05:08Rose, c'est ça ?
05:09Rose, c'est ça.
05:10Le cancer, aujourd'hui, fait de moins en moins peur.
05:12Je ne dis pas que c'est rien, je dis que ça fait de moins en moins peur.
05:14Les femmes peuvent dire, et beaucoup de femmes disent aujourd'hui,
05:16« j'ai un cancer du sein » ou « j'ai un cancer »
05:18et « j'ai été guérie ».
05:20Mais la maladie mentale me fait penser au cancer il y a 20 ans.
05:23C'est-à-dire qu'on n'ose pas en parler.
05:25Nous, dans le cas des troubles du neurodéveloppement,
05:28c'est différent, ce n'est pas une maladie.
05:30C'est une manière d'être au monde.
05:31Ça ne se guérit pas.
05:32Quand vous êtes dyslexique, vous serez dyslexique à vie.
05:34Quand vous êtes dyspraxique, vous serez dyspraxique à vie.
05:37Je pense aux parents qui nous écoutent et qui disent
05:39« Ah tiens, ça me fait peut-être penser à mon enfant ».
05:41Vous n'êtes pas médecin, mais vous avez de l'expérience sur le sujet.
05:44Quels sont les signaux d'alerte ?
05:45À quel moment on doit se dire « Tiens, peut-être qu'il faut consulter »
05:48ou « Peut-être qu'il y a un souci » ou ils nous disent quelque chose ?
05:51Mon expérience de maman, parce qu'une fois de plus,
05:53vous me posez la question.
05:54J'ai lancé ce magazine parce que je suis journaliste
05:56et que j'ai eu du mal à trouver des solutions pour mon enfant
05:59alors que, franchement, j'ai accès à toutes les informations,
06:02à tous les médecins.
06:04Quand votre enfant est en souffrance,
06:06et souvent la souffrance se manifeste à l'école,
06:09parce que c'est le premier endroit où ils sont hors,
06:11quand ils sont enfants, hors du cocon familial
06:14et finalement le cocon familial essaie de s'adapter à l'enfant,
06:17c'est normal, on est parent, on est fait pour,
06:19et quand ils sont lancés dans le monde social,
06:21c'est-à-dire le monde social pour eux, c'est l'école,
06:23les problématiques commencent à se manifester.
06:26Donc quand vous voyez que votre enfant est en souffrance à l'école
06:29pour une raison ou pour une autre, a du mal à suivre,
06:31a du mal à se faire des amis,
06:33est la tête de turc de la classe,
06:35parce qu'il y a beaucoup les enfants neuro-atypiques
06:37qui sont beaucoup plus harceux que les autres,
06:39il est temps de s'inquiéter et de consulter.
06:41Et puis on ne se désespère pas tout de suite,
06:43parce qu'Einstein était dyslexique Einstein.
06:45Oui, mais ce qui est formidable en fait,
06:47c'est que faire partie de la neurodiversité,
06:49c'est apprendre à avancer autrement que les autres.
06:51Et parfois aller plus vite aussi.
06:53Ou moins vite, mais différemment,
06:55puisque de toute façon vous n'êtes pas dans la norme.
06:57Et comme on vous demande d'être au même niveau que les autres,
07:00mais pas de la même manière,
07:02vous inventez des voies inattendues,
07:04et ça fait de beaucoup de personnes neuro-atypiques,
07:06des personnes très créatives.