Il avait quasiment disparu dans les années 1970. Grâce à l'interdiction de sa pêche, le plus grand poisson migrateur d'Europe est de retour. Pour Brut, Florian Thomas a embarqué en Gironde à bord d'un bateau de l'INRAE, à la recherche de l'esturgeon européen.
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00:01C'est des poissons un petit peu particuliers, il n'y a pas d'écailles en fait.
00:04La peau est un petit peu rugueuse et puis c'est des plaques osseuses.
00:07Les premières espèces d'esturgeon sont contemporaines des dinosaures,
00:10elles ont plus de 200 millions d'années.
00:13Elle a failli disparaître, il y avait encore des populations au début du siècle
00:17dans les grands fleuves d'Europe de l'Ouest, dans la Seine, dans l'Elbe, dans le Rhin.
00:21Donc il y avait plusieurs grosses populations
00:23et puis peu à peu, les populations ont chuté pour différentes causes.
00:28Là on se trouve à bord du bateau de l'Inrae,
00:30à la recherche du plus grand poisson migrateur d'Europe, l'esturgeon européen.
00:34Ce poisson qui peut mesurer plus de 3 mètres avait quasiment disparu dans les années 70,
00:39mais grâce à une interdiction totale de sa pêche en 1982 et un plan de sauvegarde européen,
00:44il est aujourd'hui de retour.
00:46Donc là on effectue des traits de chalut dans l'estuaire de la Gironde.
00:49On a une vingtaine de zones où on peut échantonner les poissons.
00:52C'est important d'avoir des indicateurs de la bonne survie de l'espèce,
00:56aussi de l'état de santé des animaux, leur croissance, qu'est-ce qu'ils ont mangé, etc.
01:00Ça peut varier par rapport à des impacts type augmentation des températures
01:04ou augmentation de la salinité dans l'estuaire.
01:08En fait ça c'est un sondeur à une certaine fréquence
01:10et on suspecte que quand ça fait ce petit signal, ça peut être un esturgeon ou un congre.
01:16C'est un écho de la vessie natatoire.
01:18Y'en a un ?
01:27Alors là on a un gros esturgeon.
01:29Là je pense qu'on n'est pas loin du mètre cinquante, mètre soixante.
01:34Alors pour l'instant le plus gros qu'on ait eu c'est un mètre quatre-vingt
01:37mais historiquement il y a des poissons jusqu'à trois mètres.
01:41Donc en fait l'espèce c'est Acipenser sturio.
01:44Peu à peu depuis le vingtième siècle l'espèce elle a progressivement disparu
01:49pour différentes raisons.
01:51Soit par rapport à la dégradation de la qualité de l'eau,
01:54soit par rapport à la dégradation de la qualité des habitats,
01:57notamment la mise en place de gros barrages à l'aval des grands fleuves
02:00qui empêchait la migration.
02:01Par ailleurs c'était aussi une espèce qui était intéressante
02:04à la fois pour la chair et puis pour les oeufs, donc pour le caviar.
02:07Le caviar en fait c'est les futurs oeufs, donc ça se situe dans la cavité abdominale.
02:10Ils sont récoltés en sacrifiant le poisson, c'est-à-dire qu'on ouvre le ventre
02:14et on enlève toutes les gonades pour produire le caviar.
02:20Là je prépare l'anesthésiant.
02:24Donc c'est à base d'eugénol.
02:28Et j'arrête de parler parce qu'il ne faut pas que je me trompe dans la dose.
02:38Donc ça permet de l'endormir doucement pour ne pas qu'il bouge,
02:41pour qu'il soit bien calme quand on le manipule.
02:43Après tous les prélèvements qu'on va faire comme les prélèvements génétiques
02:46qu'on connaît théoriquement ses parents, en faisant une analyse des nageoires
02:49on va retrouver qui étaient ses parents,
02:51donc quelle année il a été lâché et à quel stade.
02:54Au vu de sa taille et au vu du faible nombre d'individus qui seraient sauvages,
02:58qui seraient nés en 1994,
03:01au vu de sa taille ça ne peut pas être un individu sauvage.
03:06A priori il n'est pas marqué, donc ça veut dire que c'est un poisson
03:09qu'on a lâché soit au stade larve, soit au stade juvénile de trois mois.
03:13Entre 2007 et 2015, il y a eu plus d'un million sept individus relâchés
03:19aux différents stades, donc larve, trois mois, un an et puis un petit peu plus.
03:24On est passé d'une très faible population, avec quelques rares géniteurs
03:28qui pouvaient être observés en mer,
03:31à une population qui est peut-être entre 5 et 10 000 individus.
03:34Les mâles ne sont pas matures avant une douzaine d'années
03:37et les femelles avant 16 ans.
03:39Il faut leur laisser le temps d'arriver au moins à cet âge pour se reproduire.
03:43Il y a beaucoup de pressions qui peuvent impacter ces espèces longévives
03:48et de plus les migratrices.
03:51Donc 10h22 dans l'anesthésique.
03:59Moi je parie sur 28.
04:03Je dirais 30.
04:0634 moins le poids du sac.
04:11C'est un gros individu là, 34 kilos.
04:14C'est la partie des plus gros qu'on ait eu jusqu'à maintenant.
04:17C'est normal parce que les plus gros individus reviennent.
04:20Je pense que c'est des individus de 2007-2008.
04:23Donc des individus qui partent moins en mer.
04:26Il y a des individus qui restent sans doute assez près dans la Gironde
04:29et qui reviennent manger un petit peu dans l'estuaire.
04:37Parfait.
04:39Ça c'est une marque à identifiant unique qui se mesure avec un lecteur.
04:48Voilà.
04:52Au niveau externe, c'est un identifiant qui est plus destiné s'il y a une capture accidentelle
04:57pour que la personne qui va repêcher le poisson puisse nous donner son numéro.
05:04La pêche est interdite mais par contre il peut y avoir la capture accidentelle.
05:08Et là les pêcheurs doivent relâcher les individus et les déclarer.
05:13Et en les déclarant, ils peuvent nous donner des infos comme la longueur de l'individu,
05:18la localisation GPS du poisson,
05:21ce qui nous permet de compléter un petit peu les trajectoires de vie de ces individus.
05:25Il est vraiment en danger critique d'extinction.
05:27Donc il est vraiment sur toutes les listes rouges,
05:30les directives européennes, convention de Berne, convention EOSPA.
05:34Donc il est vraiment au maximum de ce qu'on peut faire en termes de protection.
05:38On prend un petit bout de nageoire ici.
05:44C'est pas quelque chose qui va le gêner par la suite ?
05:47Non, les nageoires ça repousse.
05:49Et puis c'est un de l'or, c'est vraiment le bout de la nageoire.
05:53C'est un peu comme si on coupait un peu les ongles.
05:56Je pense qu'il faut que tu te mettes de l'autre côté.
05:58Ouais.
06:00Je dois le tenir comme ça ?
06:01Ouais, tu la tiens comme ça.
06:02Et ça pareil, ça reste du cartilage.
06:05C'est pas douloureux, ça peut être un peu long à faire.
06:07On sert à l'hirlage en fait.
06:09Comme sur les arbres, il y a des stris par exemple sur les troncs
06:12ou sur les écailles, on peut l'hirlage.
06:15Là c'est un poisson qui n'a pas d'écailles,
06:17donc on part sur un petit morceau de structure osseuse
06:21qu'on monte après dans la résine.
06:23Et en fait, on voit les stris comme ce que vous pouvez voir
06:26sur les stris des arbres ou sur les otolithes d'autres poissons.
06:30Et au-delà de la liste d'âge, on peut aussi regarder un peu la microchimie
06:34aussi de ces structures pour en connaître plus sur la nature.
06:38Pour en connaître plus sur l'habitat des poissons.
06:41Donc là on les devine, mais il faut vraiment aller monter son microscope
06:44pour voir les stris.
06:59Donc là on va le ou la relâcher.
07:02Parce qu'il commence à être bien réveillé.
07:09Ouais, nickel.
07:17Là on est au mois de septembre, donc je pense qu'il vient manger dans l'estuaire.
07:20Et pour repartir un petit peu grossir,
07:22c'est un poisson qui potentiellement peut revenir l'année prochaine
07:25se reproduire.
07:27On peut dire que c'est en bonne voie,
07:29que tout le monde a fait un maximum de choses
07:31pour que l'espèce soit sauvée.
07:34Mais ça ne veut pas dire qu'il faut relâcher l'espèce.
07:37Ça ne veut pas dire qu'il faut relâcher les efforts
07:39parce que c'est une espèce qui va se reproduire tard.
07:41Donc il va falloir être patient
07:43et on croise les doigts pour les 2-3 années qui viennent
07:46en espérant de voir les premiers repos naturels.