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00:00Il est sympa le climat actuel en France ou pas ?
00:04Alors, on dirait que je suis éditorialiste d'un coup.
00:08Ben, il n'est pas sympa, mais est-ce qu'il a déjà été sympa ?
00:11Je me méfie pas mal des effets de « c'était mieux avant ».
00:14Bon, il y a eu des époques dans l'histoire de France qui ont été compliquées.
00:18Là, oui, on s'approche d'une époque qui ressemble à ce qu'on a déjà connu.
00:22Enfin, pas nous, parce qu'on est dans notre première jeunesse.
00:25Mais en tout cas, les historiens, par exemple Hubert de Chapouteau, disent
00:28qu'il y a quand même beaucoup de points communs avec ce qui se passait dans les années 30.
00:31Les médias ont madame Émilie Harvard,
00:34la stigmatisation dans une certaine catégorie de la population, etc.
00:38Donc, on pourrait résumer ça en disant « ça pue un peu du cul ».
00:41Oui, je pense.
00:42Si je devais être vraiment très précis.
00:44Avoir une vraie frère de sociologue et d'historien, voilà.
00:49Mais après, on ne sait pas comment ça peut tourner.
00:52Point de bascule, quand on pense qu'à quelques centimètres près, Trump était mort.
00:57Il se fait buter pendant la campagne.
01:00Je n'appelle pas à tuer Trump, ce n'est pas ça la question.
01:02Mais je veux dire que l'histoire peut basculer très rapidement dans un sens ou dans un autre.
01:06Donc, restons mobilisés.
01:09Attentifs.
01:11Et tu ne penses pas qu'on peut avoir aussi une vision déformée ou déformante à cause des réseaux sociaux,
01:16que les chaînes d'infos continuent nous disent « ça se passe comme ça ».
01:20Et qu'en fait, dans la vraie vie, on voit un peu moins, je trouve, ces tensions.
01:24Ah oui, c'est passionnant.
01:26Moi, je le trouve. Et partout en France. Vraiment partout en France.
01:29Oui.
01:30Après, les gens, ils le pensent, mais indirectement, ils ne s'affrontent pas quand même. Et tant mieux.
01:35Oui, oui, oui.
01:36Oui.
01:37De toute façon, en plus, on parle beaucoup des réseaux sociaux, mais pareil, on parle beaucoup de bulle de filtre aujourd'hui.
01:43Dire qu'on a nos abonnés sur les réseaux sociaux.
01:46Enfin, on est abonné à des choses, donc on ne regarde que des trucs qui nous confortent, etc.
01:51Je crois que ça a toujours existé, ça.
01:53Ils achetaient leur journal, ils achetaient l'UMA, ils étaient communistes, ils achetaient Figaro, machin.
01:57Je crois qu'il y a toujours eu... Peut-être qu'il y a eu une accentuation avec les réseaux sociaux, les algorithmes.
02:01Oui.
02:02Mais je veux dire, c'est quand même pas de nouveau.
02:04Et le deuxième truc de ta question, c'est vraiment...
02:07Oui, je suis d'accord avec toi sur le fait qu'on a du mal à le percevoir dans le réel, au jour le jour.
02:13Après, moi, je suis mal placé, je suis un mec blanc, hétéro, cisgenre.
02:17Je pense qu'une femme ne dirait pas la même chose.
02:19Oui.
02:20C'est un banlieue qui est contrôlé, ça peut être qu'elle ne dirait pas la même chose.
02:23Oui, mais...
02:24Non, mais j'ai envie, tu vois, du raisonnement qui consiste à dire ma réalité, c'est la réalité.
02:27Bien sûr.
02:28Donc, forcément.
02:29Mais, c'est intéressant ce que tu dis, je trouve, parce que je retrouvais ça, moi, dans le magasin de chez mes parents,
02:36les marchands de journaux.
02:37Il y avait des gens qui venaient dire, oh là là, moi, je vote Front National à l'époque,
02:41parce que quand on voit ce qu'on voit...
02:43Oui.
02:44Et mes pères, ils disaient, mais où ?
02:45Tu sais, on habitait dans un village de 1500 habitants.
02:46Les seuls faits de délinquance, c'était nous, parce qu'on mettait de l'huile de vidange dans le bac à fleurs du voisin.
02:51Oui.
02:52Donc, ils parlaient de notre nouvelle bêtise, donc...
02:54Oui, pardon.
02:55Je me confesse.
02:56C'est énorme.
02:57Et donc, les gens, ils répondaient, bah, à la télé.
02:59Donc, c'est vrai qu'il y a eu d'énormes différences.
03:01Et ce qui fait que, quand j'interrogeais les gens dans la rue, là, par France Inter,
03:04t'as beaucoup de gens qui me disaient, oui, il y a un problème avec les Arabes, machin, ou l'Islam.
03:07Bon, ils disaient souvent les Arabes, directement.
03:10Sauf Youssef, qui est mon épicier.
03:13Sauf, tu vois, tu connais ce truc.
03:14Ah oui, c'est exactement ce qu'il vient de dire.
03:16Surtout, le journalisme, c'est énorme.
03:18Mais toi, t'as bien travaillé à l'école, tu vois ça.
03:20Et c'est marrant, parce que du coup, les gens, ils ont une perception.
03:23La réalité, quand elle leur dit, bah, il n'y a pas de problème particulier avec les Arabes.
03:27Mais comme le discours dominant qu'on leur fout dans la tête, c'est l'inverse,
03:30ils se disent, bon, bah, je vais croire la télévision.
03:32Mais par contre, je constate que je connais que des exceptions.
03:35Coup de bol, il y a trois Arabes, ça part, et je les connais.
03:38Oui, c'est pas mal.
03:39C'est particulier, quoi.
03:40Le cerveau humain, c'est un bon délire, quand même.
03:42Oui.
03:43Ça aussi, c'est une phrase de neuroscientifique, de vérité.
03:46Le cerveau humain, c'est un sacré délire.
03:48Oui, parfois, ça me rassure, ce que tu dis.
03:50Je me dis, bon, le réel reprendra le dessus, tu vois.
03:52Et en même temps, c'est inquiétant, parce que tu peux vraiment manipuler facilement.
03:56C'est vieux comme le monde et comme la foule, mais...
03:58Oui, mais on est une espèce sociale, c'est pareil, on revient un peu à la biologie.
04:01Donc, on s'influence les uns les autres, on s'auto-influence en permanence.
04:05Donc, oui, il y a le discours global de ce que tu entends dans les médias dominants.
04:08Donc, là, on voit très clairement qu'ils se fascisent, quoi, on va dire.
04:12Et puis, là, on est dans un bar, et il y a ce qui se passe au bar le matin,
04:15où tu as tout type de population qui vient boire un café et où, en vrai, il n'y a pas de problème.

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