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La CGT quitte le "conclave" sur les retraites, la CFDT veut en "ouvrir un autre". Regardez l'interview de .Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT.
Regardez L'invité de RTL avec Thomas Sotto du 21 mars 2025.

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Transcription
00:007h43, l'invité d'RTL Matin et Thomas, vous recevez aujourd'hui la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet.
00:09Bonjour et bienvenue sur RTL, Sophie Binet.
00:11Bonjour.
00:12Tiens, pour rebondir peut-être sur ce que vient de nous dire François Langlais, est-ce que vous, vous allez investir, prendre de ces bonds de 500 euros pour financer l'économie de guerre ?
00:19Bah pour ça encore faut-il avoir de l'épargne et le problème c'est qu'il y a la moitié des français qui n'ont pas d'épargne.
00:25Mais vous, ça vous intéresse ou pas ? Vous trouvez que c'est une bonne démarche ?
00:28Ou c'est une erreur de vouloir réinvestir en urgence dans l'armement de défense comme on le fait ?
00:33Écoutez, il faut bien sûr qu'on assure la sécurité de l'Europe.
00:38Ce qui est scandaleux c'est cette théorie de l'économie de guerre où on nous fait un chantage sur les droits sociaux, les libertés et le financement de nos services publics.
00:47La ficelle est un peu grosse avec une démarche clairement opportuniste du patronat et du gouvernement.
00:52Et moi ce que je constate c'est que tous ces discours bellicistes ont une conséquence, un résultat.
00:56C'est de faire exploser le courant bourse des majors de l'armement qui se porte très très bien.
01:01Par contre pour les salariés c'est pas pareil puisque à Thalès les salariés sont toujours mobilisés pour une augmentation des salaires
01:07et contre mille licenciements qui sont prévus à Thalès alors que leur courant bourse flambe.
01:12Donc la CGT porte la nécessité de mettre en place un pôle public de l'armement.
01:17Et ce que nous suggérons au gouvernement c'est de commencer par sécuriser notre souveraineté industrielle.
01:22A commencer par Vancorex.
01:24Et bien non pas du tout.
01:26Il était à Bergerac dans une usine de production de poudre Eurynco.
01:29Il dit ça permet de faire monter en puissance notre capacité industrielle.
01:33On va même avoir des relocalisations.
01:35Oui il faudrait commencer par éviter les délocalisations.
01:37C'est ce qui se passe à Vancorex.
01:39Ca fait 6 mois que la CGT alerte.
01:41C'est une plateforme chimique avec 5000 emplois qui sont en train de disparaître.
01:45C'est indispensable pour notre souveraineté industrielle.
01:48Et le gouvernement refuse de lever le petit doigt.
01:50Les salariés ont fait un projet de société coopérative.
01:53Nous prenons nos responsabilités.
01:55Maintenant il faut que le gouvernement accompagne
01:57et que la banque publique d'investissement investisse dans cette société coopérative.
02:01Il y en a assez d'avoir des grands discours
02:03et que les actes soient en décalage complet en matière d'industrie.
02:06Venons-en.
02:07Au conclave sur les retraites, Sophie Binet,
02:09mécontente des propos de François Bayrou sur l'impossibilité de revenir à un âge légal à 62 ans,
02:14la CGT a séché la réunion d'hier.
02:16Est-ce que cette absence est définitive ?
02:18Est-ce que pour vous le conclave c'est fini une fois pour toutes ?
02:20Je pense que le patronat et le gouvernement ont enterré le conclave.
02:25Donc vous ne les retournerez pas ?
02:27La CGT est toujours ouverte pour toutes les discussions.
02:30Mais pour que ces discussions soient efficaces,
02:32il faut deux conditions.
02:34La première c'est que le sujet doit être clairement défini.
02:36Pour nous le sujet c'est comment on finance la brogation de la réforme des retraites.
02:40Et puis la deuxième condition c'est la méthode.
02:42A la fin, quel que soit le résultat, accord ou pas accord,
02:45c'est la démocratie qui doit trancher.
02:47Et donc les députés doivent avoir la main.
02:49Pourtant il y a encore le ministre de l'économie, Eric Lombard,
02:51qui disait « je pense qu'un accord est possible ».
02:53Ça veut dire qu'il reste quand même une voie pour la discussion,
02:55il reste une voie pour la négociation ou pas ?
02:57Ou alors c'est quoi ?
02:59Chacun raconte ce qu'il veut raconter,
03:01ils sont en désaccord entre eux, le gouvernement vous mène en bateau,
03:03vous avez quoi comme impression ?
03:05Depuis le début le gouvernement fait tout pour nous mettre des bâtons dans les roues.
03:09Depuis le début la CGT dit que c'est mission impossible.
03:13D'abord le gouvernement a refusé de bloquer la réforme,
03:15ce qui aurait permis d'éviter que la catastrophe continue
03:19et de mettre les compteurs à zéro.
03:22Ensuite le gouvernement n'a pas bien cadré les choses
03:25et n'arrête pas de changer son cadrage en cours de route.
03:29Et puis là c'est le coup de grâce, la goutte d'eau qui fait déborder le vase,
03:32avec le premier ministre qui trahit sa parole.
03:34Il avait dit que c'était sans totem ni tabou.
03:36Et là il nous dit qu'en fait il y a un tabou les 62 ans,
03:39alors que c'est la question centrale.
03:41Moi je veux le dire ici solennellement,
03:43la question des retraites ce n'est pas un sujet de politique politicienne.
03:47Justement, alors pourquoi déserter ?
03:49Marie-Lise Léon pour La Scepticité, j'ai l'impression d'être la seule adulte dans la pièce.
03:52Elle dit quand on va parler d'usure professionnelle ou pénibilité,
03:55il faut être là, il faut discuter, il faut essayer de faire bouger les choses.
03:58Est-ce que ce n'est pas contre-productif pour les salariés,
04:01pour les travailleurs, de ne pas participer à cette discussion-là ?
04:05Écoutez, je crois qu'on n'est pas dans une cour d'école et qu'il ne faut pas se tromper d'adversaires.
04:08C'est le gouvernement et le patronat qui ont malheureusement torpillé le conclave.
04:13La CGT a été très patiente pendant trois mois,
04:16puisque depuis le début nous disons que le cadre est boiteux,
04:19mais nous avons une stratégie d'y aller, de mettre le pied dans la porte,
04:22pour mettre toutes les chances de notre côté d'obtenir la brogation.
04:25Maintenant on ne peut pas mentir aux salariés,
04:27non seulement ce n'est pas dans ce cadre tel qu'il est défini par le gouvernement et le patronat
04:30qu'on peut gagner la brogation,
04:32mais en plus, ce que veulent maintenant faire le gouvernement et le patronat,
04:35c'est qu'ils veulent mettre en place une nouvelle réforme des retraites.
04:38Et ils nous parlent de reporter encore l'âge de départ,
04:41de revenir sur le dispositif carrière longue,
04:43et donc de mettre en place des reculs pour les salariés.
04:46Patrick Martin, le président du Medef, donne une interview aux Echos ce matin,
04:49il ne dit pas ça, il dit qu'il veut relancer les discussions sur de nouvelles bases
04:52et travailler indépendamment du gouvernement.
04:54C'est ce que dit aussi la CFDT qui ne veut plus appeler ça le conclave,
04:56d'ailleurs elle veut appeler ça le village retraite,
04:59en s'affranchissant de la lettre de cadrage de François Bayrou.
05:01Est-ce que là-dessus, sur le village retraite de la CFDT,
05:03sur le fait de tout recommencer sans le gouvernement,
05:05vous dites « banco, on essaye ». Oui, on est prêt à ça.
05:08Sans le gouvernement, pourquoi pas ?
05:10La question, encore une fois, c'est le sujet.
05:12C'est-à-dire que l'interview, les propos du patron du Medef sont très inquiétants
05:17puisqu'on sent qu'il est prêt à parler de tout,
05:20sauf du sujet dont nous voulons parler,
05:22à savoir la brogation de la réforme des retraites et la fin des 64 ans.
05:26C'est ça le problème.
05:27C'est d'abord l'équilibre des retraites à l'horizon 2030,
05:30puis élargir le chantier du financement de toute la protection sociale,
05:33baisser les cotisations salariales, baisser les cotisations patronales
05:36et augmenter les recettes fiscales.
05:37Oui, en fait, ce qu'il nous dit, qui est scandaleux,
05:39c'est qu'il veut baisser les salaires et augmenter les impôts.
05:42C'est ça le résultat de son interview.
05:44Et c'est quand même grave.
05:46S'il baisse les cotisations sociales et salariales, il ne baisse pas les salaires.
05:50Si, en fait, ça s'appelle le salaire brut.
05:52Donc ça, c'est baisser les salaires, baisser les droits sociaux
05:54et nous faire payer en augmentant les impôts.
05:56C'est ce que propose le patronat,
05:58notamment augmenter la CSG.
06:00Et je trouve que c'est totalement indécent,
06:02encore plus dans le contexte actuel,
06:04puisqu'on a un patronat qui passe son temps
06:06à faire les poches des salariés et des retraités
06:09et qui ne veut jamais être mis à contribution.
06:12Les dividendes explosent en France.
06:14On ne pourra pas balayer d'un revers de la main
06:16l'idée de mettre à contribution les retraités, dit aussi Patrick Martin.
06:18Ça, c'est une ligne infranchissable pour vous ?
06:20Ah oui, c'est une ligne rouge.
06:21Il y en a assez, que ça soit toujours les mêmes
06:23qui doivent passer à la caisse.
06:25Nous aimerions entendre le patron du Medef
06:27nous parler des dividendes exorbitants
06:29qui sont versés aux actionnaires,
06:31des profits des grandes entreprises
06:32qui n'ont jamais été aussi élevés.
06:34C'est de ça dont il faut parler.
06:35Et ça, ça permettrait aisément de financer
06:37la brogation de la réforme des retraites.
06:39Si je résume ce que j'entends,
06:40dites-moi si je me trompe,
06:41mais le conclave, c'est mort, on est d'accord ?
06:43Oui, il a été enterré par le patronat et le gouvernement.
06:45Et le village retraite à nouvelle formule,
06:46sans le gouvernement, c'est mort aussi,
06:48puisque vous êtes en opposition frontale avec le Medef,
06:50on est d'accord ?
06:51Nous, si on rouvre des discussions
06:53qui ont pour objet de financer la brogation
06:55de la réforme des retraites,
06:56c'est évidemment que la CGT sera disponible.
06:58Mais pour nous, la solution, elle est simple,
07:00la solution, c'est la démocratie.
07:02Ce qui entache cette réforme des retraites,
07:04depuis le début,
07:05c'est qu'elle n'a pas été votée par le Parlement,
07:07qu'elle n'a pas été votée par les Françaises et les Français.
07:09Il faut remettre les choses
07:11dans les mains des parlementaires,
07:12ou dans les mains des Françaises et des Français,
07:14pour qu'enfin, on puisse savoir
07:16s'il y a une majorité de Françaises et de Français
07:18qui sont pour la brogation, et c'est le cas.
07:20Il faudra que vous fassiez parlement s'exprimer.
07:22Oui, le Parlement,
07:23que le Parlement puisse voter une loi d'abrogation,
07:25ou, à défaut, que les Françaises et les Français
07:27puissent voter pour la brogation de la réforme des retraites.
07:29Quelle sera la question à poser s'il y a un référendum ?
07:31Il faut une question précise,
07:33puisque les manœuvres d'enfumage...
07:35C'est l'abrogation des 64 ans,
07:37ou est-ce que vous acceptez la réforme telle qu'on vous la présente ?
07:39Eh bien, c'est l'abrogation
07:41de la réforme des retraites, c'est ça la question,
07:43c'est ça qui a mobilisé des millions
07:45de salariés sur une mobilisation historique
07:47pendant six mois, c'est ça qu'il faut poser.
07:49Et nous appelons les salariés
07:51à se mobiliser, puisque
07:53seul le rapport de force
07:55permettra d'obtenir la brogation.
07:57À propos de manifestations, est-ce que vous participeriez
07:59demain à celles organisées contre le racisme et l'extrême-droite
08:01un peu partout dans le pays ?
08:03Oui, ces manifestations ont été initiées
08:05par la société civile et un certain
08:07nombre d'organisations syndicales.
08:09Ça fait trois mois que nous les préparons, parce que
08:11nous sommes très inquiets de la montée
08:13du racisme dans la société,
08:15sur les lieux de travail, que nous sommes
08:17aussi très inquiets de
08:19la façon dont on traite les travailleurs
08:21et les travailleuses étrangers, évidemment
08:23celles et ceux qui n'ont pas de papier, mais aussi celles et ceux
08:25qui ont des titres de séjour et qui, aujourd'hui,
08:27sont en grande difficulté pour les renouveler.
08:29C'est plus de 3,5 millions de
08:31travailleurs et travailleuses étrangers qui,
08:33aujourd'hui, sont en grande précarité, en grande
08:35difficulté, c'est scandaleux.
08:37On a beaucoup parlé de ces manifestations du 22 mars,
08:39avec les affiches de LFI qui ont ciblé des personnalités.
08:41Il y a eu celles sur Cyril Hanouna, Pascal Praud.
08:43On peut penser beaucoup de choses d'Hanouna ou de Praud
08:45et on n'est pas obligé d'en penser du bien.
08:47On peut penser ce qu'on veut de Nathalie Saint-Cricq ou de
08:49Christophe Barbier qui ont été ciblés, eux aussi, par
08:51des affiches dans une campagne précédente.
08:53Mais compte tenu du niveau de tension de la société
08:55que vous connaissez, est-ce qu'il est bien responsable
08:57de cibler des gens comme ça, de cibler
08:59des individus ?
09:01Ces affiches sont inacceptables.
09:03La CGT l'a dit et le redit.
09:05Donc, voilà,
09:07je condamne évidemment ces affiches
09:09qui sont très choquantes
09:11avec, en plus, une dimension antisémite
09:13qui n'est pas acceptable.
09:15Vous défilerez avec LFI ou pas, vous,
09:17samedi ?
09:19La manifestation, elle est organisée par
09:21les associations, les organisations
09:23syndicales. C'est nous qui serons
09:25en tête de cortège et ensuite, il y aura
09:27les personnalités qui le souhaitent
09:29qui s'associeront à la manifestation et qui seront derrière nous.
09:31Vous avez dit que ces affiches sont antisémites.
09:33Pourquoi aujourd'hui, dans ce pays, la lutte
09:35contre le racisme et la lutte contre l'antisémitisme
09:37ne sont plus capables de faire cause commune ?
09:39Tout à fait, c'est un vrai problème.
09:41Et donc, tout à l'heure, nous allons
09:43faire une grande initiative et une conférence
09:45de presse avec l'ensemble des huit
09:47organisations syndicales pour lancer
09:49notre campagne contre le racisme,
09:51l'antisémitisme et la xénophobie
09:53que nous allons porter sur tous les lieux
09:55de travail parce que, effectivement,
09:57on ne peut pas mettre les combats en opposition.
09:59On ne peut pas lutter contre le racisme
10:01sans lutter contre l'antisémitisme et
10:03vice-versa. Il faut arrêter de mettre
10:05les sujets en opposition. C'est très malsain.
10:07Donc, c'est terrible de devoir poser cette question
10:09en 2025, mais les Juifs seront les bienvenus
10:11à la manifestation de demain ? Parce que les Juifs, eux,
10:13n'ont pas toujours été très bien accueillis à la manifestation
10:15sur les droits des femmes le 8 mars.
10:17Il y a de nombreuses associations qui luttent
10:19contre l'antisémitisme, qui appellent
10:21à cette manifestation de demain et qui seront
10:23dans le carré de tête avec la CGT.
10:25Merci Sophie Binet d'être venue ce matin sur RTL.

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