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Le ministre de l'Intérieur assure ce mercredi 19 mars ne "pas vouloir la guerre avec l'Algérie" après le camouflet infligé par le pays qui a refusé de reprendre une soixantaine de ses ressortissants en dépit d'une demande appuyée de la France. Bruno Retailleau appelle Alger à "ne pas baragouiner" sur le sujet.

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Transcription
00:00Christophe Barbier, votre choix ce soir dans le 20h BFM, le torchon brûle, on le sait, entre la France et l'Algérie.
00:05Côté français, ce que vous nous dites, c'est que c'est bien Bruno Retailleau qui tient le torchon.
00:09Et vous vous posez une question, est-ce qu'il met, le ministre de l'Intérieur, de l'huile sur le feu ?
00:13En tout cas, il ne lâche pas le torchon, mais il menace de rendre son tablier.
00:17Donc c'est une manière de mettre de l'huile sur le feu, au moins dans la vie politique française.
00:20Un ancien diplomate algérien vient de déclarer que l'Algérie n'a pas de problème avec le gouvernement français.
00:24L'Algérie a un problème avec la droite.
00:26Évidemment c'est Retailleau qui est visé puisqu'il vient de cette aile droite des Républicains.
00:30Ce matin, Bruno Retailleau a riposté à la radio sur Sud Radio.
00:34Nous ne sommes pas belliqueux, nous ne voulons pas la guerre avec l'Algérie.
00:38C'est l'Algérie qui nous agresse.
00:40Donc on a mis sur la table une réponse qui va monter en gamme en fonction de la riposte algérienne.
00:46Cette réponse, c'est la riposte graduée.
00:49Mais qu'est-ce qu'il y a dans la cartouchière de cette riposte graduée ?
00:53D'abord on le sait, des restrictions pour la nomenclatura, des restrictions en matière de visa.
00:57C'est déjà pratiqué, on n'en a pas tous les critères non plus, on ne sait pas qui et combien de personnes sont concernées.
01:03On parle de 800 personnes, ce n'est qu'un petit début.
01:06On voit venir peut-être des manoeuvres diplomatiques plus dures.
01:09Rappelez notre ambassadeur en poste en Algérie, c'est une démonstration de force.
01:13Expulsé des diplomates algériens en poste en France, on évoque le consul à Strasbourg.
01:17C'est lui qui avait refusé de le laisser passer consulaire pour le terroriste qui était sous le QTF et qui a tué quelqu'un à Mulhouse le 22 février.
01:25On parle aussi d'entraver l'activité des compagnies aériennes ou maritimes algériennes qui assurent le transfert avec la France.
01:32Mesure symbolique, on dit que Boalem Sansal, écrivain détenu arbitrairement à Alger, pourrait être nommé ambassadeur de France à l'UNESCO.
01:40Ça ne serait pas rétroactif, il n'aurait pas d'immunité diplomatique, mais ça serait un symbole fort.
01:44On évoque aussi la dette hospitalière parce qu'il y a des accords de sécurité sociale entre la France et l'Algérie.
01:49Elle est en défaveur de l'Algérie qui doit 45 millions d'euros.
01:52Vous voyez, il y a beaucoup de choses dans l'arsenal.
01:54Encore faut-il le déclencher.
01:56Ça peut aller jusqu'à la rupture des relations diplomatiques.
01:59Mais Bruno Retailleau, il y a deux semaines, jour pour jour, sur BFM, montrait aussi sa retenue dans sa riposte graduée.
02:07Il y a sur la table des moyens qui sont les moyens d'une riposte graduée.
02:12Moi, je ne souhaite pas en arriver jusque là.
02:14Ce que je souhaite, c'est que l'Algérie, encore une fois pour garantir la sécurité des Français,
02:20c'est que l'Algérie reprenne ses ressortissants conformément au droit international,
02:25conformément à l'accord que nous nous sommes donnés en 1994.
02:30Mais cette posture de fermeté du ministre de l'Intérieur, est-ce que ça marche ? Est-ce que c'est payant ?
02:34Ça lui a valu quelques ennuis, bras de fer avec le Premier ministre, tensions avec le président de la République.
02:39C'est lui qui gère les traités internationaux, dont ceux avec l'Algérie.
02:43Ça l'a mis aussi dans une tension qu'il a un peu obligé à mettre sa démission dans la balance,
02:47pour montrer qu'il avait des muscles.
02:49Ça a fait le jeu de Laurent Wauquiez, son rival pour la présidence des Républicains,
02:52qui lui dit « mais vas-y, claque la porte, quitte le gouvernement ».
02:55Ce n'est pas très confortable pour Bruno Retailleau.
02:57En revanche, l'opinion est avec lui.
03:00Aujourd'hui, le sondage réalisé pour BFM TV par Elabe le montre,
03:04deux Français sur trois soutiennent dans cette tension,
03:08y compris avec l'arme du chantage à la démission, Bruno Retailleau.
03:1165% il a raison, 34% il a tort.
03:14Est-ce que ça se traduit en termes de popularité ?
03:16C'est différent de popularité pour Bruno Retailleau.
03:18Oui, mais c'est plus compliqué qu'il n'y paraît.
03:20Le chiffre brut, il est plutôt bon.
03:2257% trouvent que c'est un bon ministre de l'Intérieur.
03:25Franchement, il y a beaucoup de ministres qui aimeraient avoir ce taux de satisfaction.
03:28Dans le détail, c'est plus contrasté.
03:30Les jeunes plébiscitent Bruno Retailleau,
03:33les jeunes le rejettent.
03:36Il dépasse Bruno Retailleau 80% dans les électeurs de la Macronie,
03:40dans les électeurs de droite,
03:42mais chez les électeurs de Marine Le Pen, il est 15 points en retard.
03:45L'argument de Marine Le Pen, c'est des mots, c'est pas des actes.
03:48C'est entendu par son électorat.
03:50Et puis, il y a l'électorat de gauche qui le rejette brutalement,
03:53sauf une petite moitié des socialistes.
03:55Alors, pourquoi est-il rejeté ainsi ?
03:57Est-ce parce qu'il est trop dur, trop à droite ?
03:59Ou est-ce que certains camps considèrent qu'il devient un candidat trop sérieux,
04:04trop dangereux pour la présidentielle ?
04:06Réponse en 2027.
04:07Elsa.
04:08Moi, dans ce dossier, ce qui me gêne, c'est que je trouve que personne n'est à sa place.
04:11Il y a un ministère des Affaires étrangères dont c'est le travail de parler avec ses homologues.
04:15Et il est court-circuité par d'autres ministères.
04:19Ça semble satisfaire les Français, tant mieux.
04:21Mais c'est quand même perturbant.
04:23Et surtout, je trouve que dans cette escalade,
04:25si les Algériens en face répondent de la même manière,
04:28jusqu'où doit-on aller ?
04:29On doit sacrifier combien de ministres ?
04:31C'est ça qui est un peu perturbant pour moi.
04:33Il semble que ce n'est pas un dossier si fondamental
04:35qu'on doit sacrifier autant de ressources politiques.
04:37C'est un dossier en tout cas extrêmement clivant au sein du gouvernement.
04:41Et on a un peu la sensation que la situation internationale et géopolitique,
04:45notamment russo-ukrainienne, américano-européenne,
04:48nous obligent et obligent ce gouvernement,
04:51mais qui quand même a la peine, y compris sur ce dossier-là.
04:55Dossier, oui.

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