Donald Trump et Vladimir Poutine ont discuté pendant un peu plus de deux heures ce mardi. Le président russe a notamment fixé des conditions à la trêve, dont la fin du "réarmement" de Kiev. Voici ce qu'il faut retenir de cet entretien.
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00:00Bonsoir David, bonsoir à toutes et à tous, et bien nous entrons dans une soirée spéciale après cet appel décisif Trump-Poutine avec deux minutes en minute de nouvelles informations sur son contenu.
00:09Essentiellement, ce sont les demandes exorbitantes de la Russie. Vous allez l'entendre, notamment l'arrêt complet de l'aide militaire occidentale.
00:18On parlera de la menace sur l'Europe. Emmanuel Macron annonce du nouveau en matière de dissuasion nucléaire.
00:23Mais d'abord donc ces exigences de la Russie qui fait monter les enchères et met la barre si haut. On retrouve à Moscou Jérôme Garraud.
00:35Bonsoir Darius, oui on sent que ces négociations vont être très très longues. Vladimir Poutine n'a pas lâché grand-chose mais en revanche il a déjà gagné un entretien avec le président des Etats-Unis quasiment sur un pied d'égalité et ça ce n'est pas rien en Russie.
00:50Avant de venir pour ce direct, je regardais la télévision russe avec le journal du soir, donc là c'est un média d'Etat et sans surprise, cette actualité faisait la une et pendant 15 minutes vous aviez un long compte rendu fait par les correspondants d'ailleurs depuis Washington, par les correspondants russes,
01:04qui soulignaient tous les points de concordance, les points de convergence d'accord entre les deux présidents comme pour expliquer que désormais les affaires du monde seront mieux réglées si elles sont gérées entre ces deux superpuissances.
01:16Mais quand vous écoutez le détail de ce compte rendu, vous avez effectivement ces exigences faramineuses et surtout beaucoup de déclarations d'intention, on a l'impression surtout que Vladimir Poutine a encore gagné du temps.
01:28Merci beaucoup Jérôme Garraud et donc on détaillera ce soir d'autres informations qui nous arrivent par le menu de ce qui s'est dit au cours de cette conversation, les exigences si hautes de la Russie.
01:39Qu'a répondu exactement Donald Trump notamment sur l'arrêt complet de l'aide militaire concernant la mer Noire et donc potentiellement la Crimée.
01:47D'abord rendons-nous après Moscou à Washington, vous y êtes Léa Mernier, quel est l'état des informations côté Washington ?
01:55Alors déjà il faut le dire, cette journée elle a été placée sous le signe de l'incertitude.
02:01Il faut imaginer ici à la Maison Blanche des dizaines et des dizaines de journalistes, la presse, la télévision américaine et tous ces journalistes, on a l'impression qu'on a tous couru après les mêmes informations toute la journée.
02:12Déjà impossible de savoir quand est-ce que l'appel avait démarré.
02:16Il a fallu attendre 10h, donc 15h, heure française pour que la Maison Blanche communique enfin sur le début de cet appel.
02:22Et lorsqu'il s'est terminé, pareil, il y a eu 15-20 minutes de flottement, il était question que la porte-parole de la Maison Blanche communique, même Donald Trump en personne pour donner le contenu de cet appel.
02:33Finalement il n'en est rien, on a dû se contenter d'un simple communiqué de presse envoyé par la Maison Blanche.
02:38Alors Donald Trump a tout de même donné une interview cet après-midi enregistrée avec Fox News.
02:43Elle sera diffusée ce soir vers 19h, heure locale, en prime time.
02:47Merci beaucoup Léa et je précise qu'on pourra la suivre, suivre les extraits en tout cas ici même en direct sur LCI.
02:53Merci beaucoup et nous sommes toujours avec Jérôme Garou en duplex, avec vous aussi Marianne Aperre-Bénissiouk, avec le colonel Herbert Thiers.
03:00Lisons exactement ce que demande Poutine, puisqu'on commence à avoir, c'est en tout cas la version cette fois du Kremlin, le détail des demandes de la part des Russes.
03:09Normalisation pour la sécurité du monde, arrêt complet de l'aide militaire et du renseignement occidental à l'Ukraine.
03:15C'est évidemment le point le plus important et le plus inacceptable certainement du point de vue des Ukrainiens.
03:21Trêve de 30 jours sur les infrastructures énergétiques, négociations sur la circulation dans la mer Noire.
03:26Marianne Aperre-Bénissiouk, cette petite phrase, arrêt de l'aide militaire, arrêt intégral précise le Kremlin, de l'aide militaire et du renseignement occidental à l'Ukraine.
03:36Oui bien sûr, mais c'est même ça l'essentiel vous voyez.
03:40Ce qui se passe depuis 15 jours, ça ressemble beaucoup à une sorte de spectacle pour un seul téléspectateur VIP qui est Donald Trump.
03:48Mais ce qui compte réellement pour les Ukrainiens et pour la guerre par ailleurs, c'est que l'aide militaire continue et que le renseignement soit transmis.
03:58Alors bien sûr que c'est ce que souhaite Vladimir Poutine.
04:02Il continue à ce qu'on voit et qu'il continue d'insister sur la capitulation des faits de l'Ukraine.
04:08Mais ce qu'on voit également dans les faits, vu qu'il a été obligé d'accepter les semblantes concessions,
04:15c'est qu'il cherche toujours à amende de Donald Trump.
04:18Colonel Arbarretier, c'est un piège, ça ressemble à un piège.
04:21Evidemment, imaginons que Trump dise oui, banco, l'Ukraine est asphyxiée.
04:25Alors asphyxiée, si les Américains retirent leur aide, oui en partie, mais si les Européens continuent à fournir l'aide à l'Ukraine, non pas tout à fait.
04:34Et en fait le problème il est là, c'est que Poutine espère que Trump va avoir une action sur les alliés européens.
04:41Maintenant, s'il y a un cessez-le-feu qui est monitoré par des casques bleus, ou pas nécessairement des Européens d'ailleurs,
04:48comme ça a été le cas dans d'autres conflits, il n'est pas nécessaire que les Ukrainiens, ni les Russes d'ailleurs, puissent avoir des munitions et continuer à tirer.
04:56Donc quelque part c'est assez peu compréhensible, sinon de voir que Poutine essaie de faire une pression supplémentaire sur les Ukrainiens.
05:05On va rester sur ce point central, le Poutine qui va jusqu'à demander l'arrêt complet de toute aide militaire et de renseignements étrangers.
05:12On ne s'attendait pas à une demande aussi exorbitante de la Russie.
05:15Écoutez aussi la manière, quelques minutes avant l'entretien téléphonique, cette façon qu'a Vladimir Poutine de dire j'ai le temps en réalité.
05:23Il plaisante même sur le thème de, pour lui les minutes passent pas si rapidement en réalité.
05:29D'après les déclarations de Dmitry Peskov, votre conversation avec Donald Trump devrait avoir lieu avant 18h.
05:36Ne l'écoutez pas, il ne sait pas ce qu'il dit.
05:47On verra ce que Trump va dire de ça, il aime faire des interviews non ?
05:51Donald Trump n'a rien dit sur l'heure, mais vous savez que nous aurons une discussion.
05:58Vous êtes toujours avec nous Jérôme Garraud, le contenu des demandes de la Russie, mais aussi ce ton, cette manière qu'a Poutine,
06:04c'est comme s'il avait la main, comme si c'est lui en réalité qui forçait Trump à être demandeur.
06:13Oui et d'ailleurs Vladimir Poutine, il faut le noter, est arrivé en retard à cet entretien téléphonique.
06:19Ce n'est pas très étonnant, il est coutumier du fait, il n'arrive jamais à l'heure pour ce genre de réunion, même pour ses conférences de presse d'ailleurs.
06:26Certains disent que c'est une méthode du FSB ou bien simplement le privilège des puissants.
06:31Mais dans ce cas précis, on voit quand même depuis une semaine que Vladimir Poutine fait comme s'il avait le temps,
06:37il laisse traîner sa réponse sur le cessez-le-feu.
06:40Là pendant cette conférence de presse, pendant ce forum, il dit qu'il a le temps, qu'il va prendre Donald Trump un peu plus tard.
06:46C'est une tactique aussi de négociation que d'attendre et de laisser l'autre venir à vous, surtout quand l'autre c'est un Donald Trump qui est très pressé,
06:54qui veut aller vite. Ça, ça peut donner un avantage, une posture avantageuse pour négocier pour Vladimir Poutine, très clairement.
07:01Entrons très en détail dans ce que demande la Russie, la négociation sur la circulation dans la mer Noire.
07:07On parlera de la Crimée un peu plus tard, colonel Albert Rottier.
07:10Évidemment, si la Russie peut non seulement garder les territoires occupés, mais recouvrer la circulation dans la mer Noire, c'est énorme pour elle.
07:18Oui, c'est énorme par rapport à ses liens commerciaux au sud de l'Europe et en Afrique.
07:26Donc en réalité, la Russie cherche, qui est en désavantage d'ailleurs dans la mer Noire, puisque les Ukrainiens, s'ils ont bien réussi une chose pendant cette guerre,
07:34c'est pas avoir la suprématie navale, mais ils ont quand même une certaine supériorité grâce à leur drone sur toute la mer Noire occidentale.
07:42Et les Russes n'osent plus que de faire du cabotage le long de leur côte pour la partie orientale.
07:47Donc en réalité, ce que demande Poutine est tout à fait logique avec sa volonté de recouvrer l'ensemble des lignes logistiques et des lignes commerciales.
07:59Mariana Pérez-Bénéziouque, dans les minutes qui suivent, on devrait entendre ici même en direct le président Zelensky.
08:03Peut-il accepter ça ? C'est-à-dire l'Ukraine, même si on comprend que c'est un début de négociation, mais quelque chose d'aussi considérable que demande la Russie.
08:12Alors, tant que j'ai compris, en fait, il est question pour l'instant juste de cesser le feu qui consiste à ne pas frapper les infrastructures énergétiques des deux pays, respectivement,
08:24et de ne pas s'étirer sur la mer. Pour le reste, je ne pense pas, je ne vois pas comment on peut accepter ça.
08:32Par ailleurs, il ne s'agit pas que de l'Ukraine, il ne s'agit pas que des États-Unis. En ce qui concerne l'aide militaire, je vous rappelle que l'aide militaire est fournie à l'Ukraine par une quarantaine de pays,
08:44et pas que les Européens, par les pays qu'on appelle le groupe des Rammstein, par exemple, qui se sont réunis pour la première fois à la base militaire des Rammstein suite à l'invasion de 2022.
08:56Donc, déjà, là, je ne vois pas comment Donald Trump peut faire, lui seul, la pression sur une quarantaine de pays.
09:04Prenons la carte, parce qu'en regardant la carte, on comprend exactement quelle est l'ampleur des ambitions de Vladimir Poutine.
09:10D'abord, évidemment, la comparaison, on l'a vu déjà hier, avec ce que ça représenterait pour la France, c'est énorme. 20% du territoire, c'est comme si tout Grand Est et toute la Bourgogne-Franche-Comté passaient à l'occupant.
09:21Et c'est ce qui est occupé par la Russie. Le sort de la Crimée, on en parlera. Mais, évidemment, quand la Russie dit négociation sur la circulation dans la mer Noire, c'est cet immense enjeu pour la Russie de contrôler l'accès aux mers chaudes, comme ils disent.
09:34Ça, c'est un enjeu pour eux qui est obsessionnel.
09:36– Alors, là aussi, il faut que les Turcs soient aussi d'accord pour ouvrir les Détroits.
09:42Et donc, une des conditions qui est faite par les Turcs, c'est qu'il n'y ait plus de combat sur la mer Noire.
09:49Et donc, de fait, Erdogan pourrait laisser les navires russes passer par le Bosphore et les Dardanelles.
09:56Ce qui signifierait quelque part que la guerre est en quelque sorte terminée.
10:01– Écoutez la sûreté de soi de Vladimir Poutine.
10:04Il parle au président des États-Unis, l'homme le plus puissant du monde, et il rabaisse tous les autres.
10:09Le G7, les Américains ont le G7, mais tous les autres, ils considèrent que ce sont des nains.
10:13Écoutez de quelle façon il le dit.
10:16– 0,9%, les 7 grands, on ne sait pas très bien pourquoi il est si grand.
10:25On ne les voit pas sur la carte.
10:31– Voilà, le geste de la loupe avec les yeux pour dire le G7, au fond,
10:35et évidemment la question, il en était, il a été chassé, il a dit c'est rien,
10:38moi je parle directement avec Trump.
10:40– Encore une fois, il y a des mots et il y a des faits.
10:43Le fait que Vladimir Poutine a dû accepter des conditions, même partiellement,
10:50par ailleurs, qui étaient initialement proposées par Vladimir Zelensky,
10:53souvenons-le, la trêve dans les airs, c'était la proposition de Vladimir Zelensky d'Emmanuel Macron.
11:00Vous voyez, ça veut dire qu'il cherche à plaire à Trump.
11:03Pour le reste, il ne faut pas oublier que c'est un officier de service
11:07et que bluffer, c'est son travail, c'est littéralement son travail.
11:12Et par ailleurs, le fait qu'il cherche à montrer tellement et si fort,
11:16de manière aussi ostensible qu'il a la main, qu'il domine Donald Trump,
11:21qu'il peut se permettre de se moquer de lui, de leurs conversations,
11:25cela, en réalité, trahit le fait qu'il n'ait pas aussi bonne posture que ça.
11:30– Commentaire de Donald Trump sur son réseau social, je ne sais pas si on peut l'afficher,
11:35il salue le dialogue très fructueux sur les mots qu'il utilise,
11:38bon ça, c'est un lieu commun, on verra plus tard, dans les minutes qui suivent,
11:42exactement ce qu'il aurait accepté ou non, puisqu'évidemment,
11:45s'il a accepté, par exemple, l'arrêt de l'aide militaire à l'Ukraine,
11:48ce serait une bombe politique d'une ampleur planétaire.
11:52Et puis, on peut lire la suite, nous sommes convenus d'un cessez-le-feu immédiat
11:56sur l'ensemble du secteur énergétique et des infrastructures,
11:58étant entendu que nous oeuvrerons rapidement pour obtenir un cessez-le-feu complet.
12:02Si c'est le cas, ça c'est un acquis pour l'Ukraine, c'est le feu en tout cas
12:06sur tout ce qui est le bombardement des infrastructures énergétiques.
12:09– Bon, alors là, c'est une sorte de fausse concession de la part de Vladimir Poutine,
12:13qui est assez astucieuse, parce qu'il faut savoir que la Russie
12:17n'effrappe le secteur énergétique ukrainien qu'un hiver,
12:20pour terroriser la population, pour des raisons évidentes,
12:24et chaque printemps, quand on en a moins besoin, ils arrêtent de le faire,
12:27donc ils allaient arrêter de le faire quoi qu'il soit.