• il y a 18 heures
Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste, était l’invité du Face à Face de ce mardi 18 mars sur BFMTV et RMC. Il a été interrogé notamment sur la réforme des retraites et le refus de François Bayrou de revenir à l'âge légal de départ à 62 ans, sur les relations tendues entre la France et l'Algérie, sur la loi narcotrafic ou encore sur l'affiche jugée antisémite dépeignant Cyril Hanouna publiée par La France insoumise.

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Transcription
00:00BFM TV face à face, Apolline de Malherbe.
00:08Il est 8h32 et vous êtes bien sur RMC et BFM TV. Bonjour Olivier Faure.
00:13Bonjour Apolline de Malherbe.
00:15Merci d'être dans ce studio pour répondre à mes questions.
00:17Vous êtes le premier secrétaire du Parti Socialiste.
00:19Vous êtes également député de Seine-et-Marne.
00:21François Bayrou a exclu tout retour à l'âge de départ à 62 ans.
00:26Vous vous êtes fait avoir quand même.
00:28Non, parce que le débat va continuer.
00:32Mais c'est vrai que ça pose une question.
00:34Que vaut la parole de François Bayrou ?
00:37C'est lui qui s'est engagé à ce processus, à ce qu'il a appelé un conclave,
00:41qui doit permettre aux partenaires sociaux de chercher une solution
00:45pour venir remplacer la loi Borne,
00:47qui a été contestée par une immense majorité de Françaises et de Français.
00:51Et les solutions, elles existent.
00:53Il est aujourd'hui, évidemment, difficile de venir, comme le fait le Premier ministre,
00:59opposer la guerre, prendre prétexte de la guerre,
01:03pour mener une guerre sociale dans notre pays.
01:05Et donc, il y a maintenant une nécessité,
01:07c'est de laisser le processus aller à son terme et à l'issue de ce processus.
01:11Il a encore un sens pour vous ?
01:12Bien sûr qu'il a un sens.
01:13Y compris parce que les propositions, elles vont abonder
01:16et qu'il y a d'autres possibilités, d'autres voies de passage
01:19que celle de faire, en réalité, payer les retraites
01:22par ceux qui ont commencé à travailler tôt
01:24et qui vont être obligés de travailler plus longtemps
01:26pour pouvoir financer nos retraites.
01:28Vous faites comme s'il n'avait rien dit, en fait, François Bayrou.
01:31Mais j'entends que dans ce gouvernement, la réalité,
01:33c'est qu'on dit des choses très différentes.
01:35Vous avez un côté François Bayrou qui, effectivement,
01:37donne le sentiment de donner un terme
01:41à ce conclave qu'il a lui-même convoqué.
01:43Et puis j'entends aussi Éric Lombard
01:45qui dit que les partenaires sociaux doivent continuer à travailler.
01:48J'entends Catherine Vautrin qui dit la même chose.
01:50Donc vous préférez entendre ou en tout cas croire
01:54Éric Lombard que François Bayrou ?
01:56Mais pour l'instant, ce que je vois, c'est qu'il y a
01:58des syndicats et le patronat qui sont à la tâche
02:00et qui continuent à se parler
02:02et qui continuent à vouloir avancer.
02:04Et ce que je prétends à votre micro ce matin,
02:06c'est que les solutions, elles existent.
02:08De quoi parle-t-on ?
02:10On parle à l'échelle,
02:13je prends les chiffres de la Cour des Comptes,
02:16en 2035, le surcoût que représenterait
02:21le retour à 62 ans, c'est exactement 10,4 milliards d'euros.
02:2610,4 milliards d'euros.
02:28Ça veut dire quoi ? Vous nous dites 10,4 milliards d'euros ?
02:30C'est rien ou c'est beaucoup ?
02:31C'est à la fois beaucoup et à la fois c'est très peu.
02:33Prenez l'exemple des niches fiscales
02:35qui sont aujourd'hui dans notre pays,
02:37qui permettent à des gens de s'exonérer
02:39d'une part de leurs impôts.
02:41C'est près de 200 milliards.
02:43Prenez les niches sociales, c'est près de 100 milliards.
02:45Et donc vous avez là des ressources, par exemple,
02:47qui pourraient être mobilisées,
02:49qui pourraient servir aujourd'hui à financer nos retraites,
02:51à faire en sorte que chacun puisse partir
02:53à la retraite en bonne santé.
02:55Mais ça veut dire, Olivier Faure, qu'au fond,
02:57vous considérez que ce qu'a dit François Bayrou,
03:01c'était quoi ? C'était une maladresse ?
03:03Vous pouvez tout de même, au moment où on se parle,
03:05vous croyez encore qu'il est possible
03:07de revenir à la retraite à 62 ans ?
03:09Oui, je le pense.
03:11La politique, c'est une affaire de choix.
03:13Et que, si je devais faire un parallèle
03:15avec ce qui se passe actuellement en Ukraine,
03:17je dirais simplement que
03:19nous ne défendons pas simplement des frontières,
03:21bien sûr des frontières, nous défendons aussi
03:23un mode de vie, un modèle social.
03:25Nous défendons un modèle démocratique
03:27et que ça suppose, en l'espèce,
03:29de défendre à la fois un modèle démocratique,
03:31parce que cette retraite
03:33à 64 ans, c'est une blessure,
03:35non seulement sociale, mais aussi démocratique.
03:37Et que c'est aussi, donc, nous défendons
03:39aussi cet art de vivre, cette façon
03:41aussi d'avoir un contrat social
03:43qui permet aux gens de partir, je le répète,
03:45à la retraite en bonne santé.
03:47Mais est-ce que tout ça n'est pas une forme d'hypocrisie ?
03:49C'est-à-dire qu'au fond, vous vous êtes donnés
03:51des gages les uns les autres.
03:53Lorsqu'il a été question de censurer
03:55ou non le gouvernement de
03:57François Bayrou, jusqu'à la dernière
03:59seconde, vous aviez besoin aussi d'emporter
04:01un morceau. Ce morceau, c'était ce qu'on clave,
04:03c'était cette négociation possible.
04:05Et je cite le Premier ministre à l'époque
04:07qui vous a quand même donné ce mot
04:09sans totem, ni tabou.
04:11Et aujourd'hui, il vous dit
04:13finalement, non, on ne reviendra pas
04:15à la retraite à 62 ans, et vous dites
04:17non, je n'ai pas entendu.
04:19Non, je ne dis pas que je n'ai pas entendu. J'ai très bien entendu
04:21ce que dit François Bayrou, et j'ai très bien entendu aussi
04:23ce que disait la même journée
04:25Édouard Philippe, qui
04:27propose lui-même d'aller plus loin
04:29encore. Il dit que ce qu'on clave est hors-sol.
04:31Oui, lui, ce qu'il propose, c'est la retraite à 67 ans,
04:33rappelez-vous. Et donc, je pense
04:35que ça mériterait, et si le Président de la République
04:37à un moment met
04:39ses vœux à exécution,
04:41ses promesses, ses engagements à exécution, en disant
04:43qu'il peut soumettre à référendum
04:45un certain nombre de sujets, celui-là en est un excellent.
04:47Je pense que les Françaises et les Français
04:49entre le choix de décaler
04:51l'âge de la retraite à 67 ans ou de
04:53revenir à 62 ans, je pense qu'il pourrait être
04:55effectivement questionné
04:57et il pourrait répondre directement parce que
04:59la retraite, c'est un contrat que nous avons
05:01passé les uns avec les autres. Le contrat social
05:03français, il est aussi basé
05:05sur des éléments qui font que nous sommes peut-être une nation
05:07singulière. Mais nous avons fait un choix,
05:09c'est qu'effectivement, nous considérons que
05:11la retraite est le moment qui permet
05:13à chacune et à chacun, après une vie de travail,
05:15après une vie d'avoir créé des richesses,
05:17de pouvoir avoir le droit au repos
05:19bien mérité. Vous ne censurerez donc
05:21pas le gouvernement de François Bayrou ?
05:23Pourquoi me dites-vous ça ? Non, bien sûr que non.
05:25En fait, nous pouvons très bien censurer le gouvernement
05:27de François Bayrou. S'il n'honorait pas
05:29son engagement d'aller jusqu'au bout,
05:31s'il donnait le sentiment que
05:33parce qu'il n'y a pas d'accord,
05:35on en reste à la réforme bonne, sans donner la parole
05:37au Parlement, ce à quoi il s'est engagé,
05:39et bien effectivement, nous pourrions très bien
05:41censurer ce gouvernement. Mais vous estimez qu'à ce stade...
05:43François Bayrou commet une erreur.
05:45Je vais jusqu'au bout. François Bayrou
05:47commet une erreur. Il pense que nous ne
05:49pouvons plus le censurer.
05:51Et il pense que du coup, il est indéboulonnable.
05:53La réalité, quelle est-elle ?
05:55C'est que nous avons sanctuarisé le budget,
05:57au moment du vote de la loi de finances,
05:59nous n'avons pas sanctuarisé
06:01la place de François Bayrou.
06:03Ça n'a rien à voir. Et donc, oui, effectivement,
06:05la censure, elle est toujours sur la table,
06:07et il n'est pas possible
06:09à un moment de faire en sorte que quand on cherche
06:11le compromis, on le cherche jusqu'au bout.
06:13On ne fait pas semblant, et donc nous serons
06:15les garants de cette recherche.
06:17Le pacte est sur la table. À ce stade, il n'est pas rompu.
06:19À ce stade, tant que
06:21le fameux
06:23conclave de la conférence sociale
06:25fonctionne, et bien effectivement, ça n'est pas encore rompu.
06:27– Quand vous dites qu'il fonctionne, est-ce qu'il fonctionne vraiment encore ?
06:29Force ouvrière a quitté les négociations,
06:31l'UDP, elle a annoncé
06:33ce matin, l'UDP, ce sont les artisans,
06:35ils ont annoncé également
06:37quitter les négociations, la CGT
06:39hésite. Est-ce que vraiment,
06:41vous estimez qu'au moment où on se parle, ce conclave
06:43ou cette conférence sociale est encore
06:45effective ? – Elle l'est encore,
06:47et je souhaite que chacun
06:49ait le sentiment de sa responsabilité.
06:51Je préférerais que même, y compris
06:53ceux qui quittent la table, ils reviennent.
06:55– Vous appelez l'UDP, vous appelez Force ouvrière
06:57à revenir à la table des négociations.
06:59– Parce que le rapport de force, il ne peut pas
07:01se faire avec des chaises vides.
07:03On a besoin de venir produire
07:05des solutions, j'en ai présenté
07:07quelques-unes tout à l'heure, il y en a d'autres, et donc
07:09il faut évidemment que nous puissions
07:11à un moment, venir dire
07:13qu'il y a d'autres voies de passage, et que
07:15on ne peut pas laisser le récit
07:17gouvernemental s'imposer, selon lequel
07:19puisqu'il y a des efforts à faire, maire de Défense,
07:21que je ne conteste pas, et même que j'approuve,
07:23et bien on ne pourrait rien faire sur les retraites.
07:25Ça n'est pas vrai.
07:27– Vos partenaires ou anciens partenaires de la France Insoumise
07:29appellent à une manifestation
07:31le 22 mars,
07:33et pour cet appel à la manifestation,
07:35ils ont d'ailleurs publié un certain nombre
07:37d'affiches, il y a celle
07:39qui a fait polémique, avec le visage
07:41de Cyril Hanouna,
07:43considéré comme
07:45reprenant les codes de l'antisémitisme
07:47des années 30.
07:49Jean-Luc Mélenchon refuse même qu'on lui pose la question,
07:51il l'a fait avec mon confrère de France 3.
07:53Quelle est votre réaction à vous, Olivier Faure ?
07:55On ne vous a pas entendu depuis que cette affiche a été publiée.
07:57– Le 22 mars,
07:59ce n'est pas la France Insoumise
08:01qui appelle à manifester, ce sont
08:03un collectif d'associations antiracistes.
08:05On ne peut pas défiler le 22 mars
08:07et avoir des affiches
08:09qui sont profondément
08:11à caractère antisémite,
08:13qui en reprennent tous les stéréotypes.
08:15On peut contester Cyril Hanouna
08:17pour ce qu'il dit, pas pour ce
08:19qu'il est juif.
08:21Et donc, c'est inacceptable, c'est intolérable.
08:23Et ce qui est encore plus intolérable,
08:25c'est qu'ils ont retiré cette affiche
08:27et ils n'ont pas accepté
08:29de donner des excuses.
08:31Moi, j'aimerais comprendre ce qui se passe
08:33dans la tête de celles et ceux qui dirigent
08:35aujourd'hui la France Insoumise.
08:37On ne peut pas, à gauche,
08:39nous qui avons été, depuis
08:41l'affaire Dreyfus jusqu'à aujourd'hui,
08:43de ceux qui ont toujours défendu la lutte
08:45contre l'antisémitisme, être de ceux
08:47qui jouent avec les codes de l'antisémitisme,
08:49qui laissent penser qu'il pourrait y avoir
08:51une gauche qui pourrait se satisfaire
08:53de la haine du juif. C'est impossible.
08:55Et donc, il y a un moment
08:57où, effectivement, ces gens doivent
08:59se reprendre et doivent accepter
09:01de présenter des excuses et expliquer
09:03que la France Insoumise
09:05ne peut pas, à un moment quelconque
09:07de son histoire, adhérer
09:09de près ou de loin à ce qui
09:11a fait le malheur de notre pays.
09:13Il y a pour vous une ambiguïté qui n'est pas levée
09:15et qu'il n'y a pas d'excuses. Mais il y a aujourd'hui
09:17une répétition. Quand on est en plus
09:19taxé d'antisémitisme régulièrement,
09:21ce qui est le cas de la France Insoumise,
09:23on ne diffuse pas une affiche qui reprend,
09:25je le dis, tous les codes antisémites
09:27des années 30. Et donc,
09:29il faut là, à un moment, effectivement,
09:31non pas simplement retirer et faire comme s'il n'y avait pas eu
09:33une faute. Il y a eu une faute.
09:35Et donc, ça suppose que maintenant, elle soit
09:37corrigée, y compris en présentant des excuses et en disant
09:39nous ne pouvons pas, effectivement, manger
09:41de ce pain-là. Vous avez entendu
09:43Jean-Luc Mélenchon face
09:45à mon confrère Francis Letelier
09:47sur France 3 s'insurgeant.
09:49Allons même jusqu'à
09:51injurier le journaliste
09:53qui l'interrogeait en lui disant
09:55mais vous, vous êtes radin.
09:57Est-ce que vous avez été surpris par cette manière de répondre ?
09:59J'ai trouvé ça surtout insupportable.
10:01Insupportable. Quand on commet une faute,
10:03ça peut nous arriver.
10:05Et il est possible que cette affiche n'ait pas été
10:07produite par Jean-Luc Mélenchon lui-même.
10:09Mais dans ces cas-là, qu'est-ce qu'on dit ? On dit, écoutez,
10:11c'était absolument
10:13ce que je viens de dire. C'était insupportable.
10:15C'était inacceptable.
10:17La personne qui a réalisé cette affiche,
10:19eh bien, elle sera sanctionnée.
10:21Et nous allons veiller à ce que dans notre propre
10:23mouvement, désormais,
10:25tout ce qui pourrait être
10:27sur une forme
10:29d'ambiguïté avec antisémitisme,
10:31soit exclu. Ça, ce serait une réponse
10:33qui me paraîtrait parfaitement
10:35normale, légitime. Mais on ne peut pas
10:37avoir des gens qui manifestent le samedi
10:39pour l'antiracisme
10:41et contre l'antisémitisme.
10:43Et puis, le lundi, avoir des gens qui font le contraire.
10:45Olivier Faure, la loi
10:47contre le narcotrafic est arrivée hier soir
10:49à l'Assemblée. Elle va continuer à être discutée
10:51aujourd'hui. Est-ce que vous la voterez ?
10:53Je souhaite que nous puissions
10:55la voter. Ça veut dire quoi ? Ça veut dire que, d'abord,
10:57rappelez-vous que cette loi,
10:59elle a une origine qui est une origine parlementaire.
11:01C'est un rapport qui a été coproduit
11:03par deux sénateurs, un socialiste et un LR,
11:05Jérôme Durin
11:07et Étienne Lejeune, qui ont
11:09donc cherché à voir
11:11quels étaient les moyens nouveaux qu'il fallait développer
11:13face à une criminalité organisée
11:15qui est de plus en plus offensive
11:17et qui dispose de moyens gigantesques.
11:19Et donc, ils ont proposé toute une série
11:21de mesures qui doivent être reprises
11:23et qui doivent permettre d'armer
11:25nos procureurs, d'armer la justice,
11:27d'armer la police et de faire en sorte que...
11:29Donc, elle est nécessaire pour vous, cette loi ? Elle est nécessaire, bien sûr.
11:31Aujourd'hui, le narcotrafic mine
11:33notre pays. Il nourrit
11:35250 000 personnes,
11:37permet à 100 familles d'être extrêmement riches
11:39et de vivre...
11:41d'organiser une mafia dans notre
11:43pays. Et donc, effectivement, nous devons
11:45être intraitables avec le narcotrafic.
11:47C'est une évidence pour moi.
11:49Et donc, il y a là, évidemment,
11:51une nécessité d'avancer. Maintenant, ce que je
11:53souhaite, c'est que dans le dialogue
11:55qui s'est engagé entre l'Assemblée
11:57et le gouvernement, le gouvernement ne cherche pas
11:59à charger la barque avec des mesures
12:01qui sont des mesures qui sont parfois
12:03à l'avertu de communication, mais
12:05qui sont contraires à des dispositions
12:07auxquelles nous croyons tous, à l'état de droit,
12:09etc. Donc... Donc, s'il y a des amendements
12:11sur la question du coffre, sur la question
12:13de rentrer
12:15dans les messageries cryptées,
12:17c'est à ces deux points que vous faites référence ?
12:19Je pensais aussi au retour
12:21des QHS, mais...
12:23Expliquez ce que c'est. Les quartiers haute sécurité
12:25qui ont été abolis par Badinter.
12:27Et donc, je suis
12:29favorable à l'idée qu'on regroupe
12:31celles et ceux qui sont les plus dangereux.
12:33Les fameuses deux prisons avec les 200 narcotrafiquants
12:35les plus dangereux. Il n'y a pas de sujet. En revanche,
12:37ce que je veux, c'est que l'on veille
12:39à ce que le traitement
12:41des gens qui sont enfermés
12:43soit un traitement qui soit humain.
12:45Je crois que c'est la défenseure des droits qui a parlé...
12:47Non, la défenseure...
12:49La défenseure des prisons.
12:51Contrôleur général des prisons.
12:53Contrôleur général des prisons, pardon, merci pour le terme.
12:55Et donc, qui a dit, en fait,
12:57que c'était l'organisation d'une maison des fous.
12:59Eh bien, moi, je ne souhaite pas
13:01qu'on organise la folie, y compris
13:03pour des dangereux criminels. Notre devoir,
13:05parce que ces gens-là, un jour,
13:07devront sortir, c'est de préparer
13:09la sortie en faisant en sorte que ces gens
13:11soient traités humainement. Ça ne veut pas dire
13:13qu'on leur dessine un 5 étoiles.
13:15Ça ne veut pas dire qu'on va leur donner
13:17toutes les facilités pour vivre correctement.
13:19Mais il faut que le sens de la peine
13:21soit maintenu.
13:23Et il faut aussi qu'il y ait une réhabilitation,
13:25un accompagnement. Et c'est ça que je demande.
13:27Et donc, éviter de revenir
13:29à une forme,
13:31à ces quartiers de haute sécurité.
13:33Sur le reste, sur le dossier coffre,
13:35je n'y suis pas totalement opposé. Je pense qu'il y a
13:37des raisons de vouloir
13:39protéger l'instruction,
13:41de faire en sorte que, y compris,
13:43les techniques ne soient pas révélées,
13:45pour qu'elles ne puissent pas servir à ceux qui sont
13:47dehors et qui, par le biais, en fait,
13:49des informations qui leur seraient révélées par ces
13:51dossiers, eh bien, puissent aménager
13:53leur façon de procéder.
13:55J'ai bien compris qu'en l'état, vous aimeriez
13:57pouvoir la voter.
13:59J'aimerais pouvoir la voter. J'aimerais être sûr
14:01qu'on ne va pas au-delà
14:03de ce qu'il est nécessaire de faire. Sur les
14:05messages récryptés, là, quand on demande aux opérateurs
14:07de descendre le niveau
14:09de cryptage, la réalité, c'est qu'il ne faut pas
14:11non plus donner aux hackers la possibilité
14:13désormais de hacker n'importe
14:15qui, n'importe quand. Donc, il y a là
14:17des sujets. C'est-à-dire qu'au nom
14:19de notre liberté
14:21collective pour combattre le crime organisé,
14:23on ne peut pas faire diminuer non plus
14:25la liberté collective de celle que
14:27nous disposons aujourd'hui
14:29comme utilisateur de téléphone.
14:31Olivier Faure, l'Algérie a
14:33rejeté la demande de la France
14:35d'accueillir les 60 Algériens
14:37constitués dans une liste considérée
14:39comme les plus dangereux et que Paris
14:41souhaitait expulser. Est-ce qu'il faut
14:43engager le bras de fer ?
14:45J'aimerais surtout qu'on arrive
14:47à rétablir une relation
14:49avec l'Algérie qui fasse que
14:51lorsque nous avons des OQTF,
14:53elles puissent effectivement être acceptées,
14:55que la liste passée consulaire soit acceptée
14:57par le régime algérien.
14:59Ça veut dire quoi ? C'est la poule à l'oeuf ?
15:01Non, ça veut dire que jusqu'ici, l'an passé,
15:03c'est 3000 OQTF qui ont été
15:05exécutés et qui ont permis le retour d'Algériens
15:07qui étaient indésirables sur notre territoire.
15:09Bon, mais maintenant,
15:11qu'est-ce qu'on fait si
15:13on part dans une espèce de
15:15fameuse riposte graduée ? Qui va où ?
15:17Pourquoi faire ? Moi, je crois que
15:19les révolutions, elles sont souvent diplomatiques.
15:21La diplomatie exige
15:23une forme de respect
15:25mutuel, qu'elle suppose qu'on
15:27n'entre pas dans un bras de fer qui est là aussi avec
15:29des vertus politiciennes.
15:31Ça marche dans les deux sens.
15:33Mais ça suppose qu'on ait
15:35la possibilité de discuter
15:37entre deux régimes et
15:39ne pas être dans une situation où
15:41ce sont les médias qui se font
15:43aujourd'hui le réceptacle d'un dialogue
15:45qui n'existe plus. Parce que qu'est-ce qui va se passer ?
15:47On va aboutir à quoi ? On va aboutir
15:49à y compris des sanctions économiques
15:51de la part de l'Algérie. Je rappelle
15:53que nous avons besoin aussi du gaz algérien.
15:55Je rappelle que nous avons aussi une histoire
15:57avec l'Algérie qui fait que
15:59on ne peut pas non plus faire comme si rien ne s'est passé.
16:01Nous sommes à la veille. Nous sommes aujourd'hui
16:03sur... Donc là, il y a ça des accords
16:05déviants. Demain, le cessez-le-feu.
16:07Et donc, il y a une histoire lourde
16:09avec l'Algérie qui suppose qu'à
16:11chaque fois qu'on traite de ces questions, on ne le fasse pas
16:13comme si on était dans un espèce de bras
16:15de fer permanent qui, effectivement,
16:17permet de valoriser un ministre de l'Intérieur
16:19en mal de notoriété dans un congrès
16:21dans lequel il a besoin
16:23de montrer qu'il est
16:25celui qui agit, etc.
16:27La réalité, c'est qu'il n'agit pas. Aujourd'hui,
16:29on est au point mort. Et donc,
16:31plutôt que de continuer à montrer
16:33de gros bras, il ferait mieux de dire qu'à
16:35un moment, il faudrait établir une discussion sereine
16:37entre les deux États. Pour vous, vous n'aurez d'ailleurs
16:39fait de la politique politicienne. Mais je le crains.
16:41C'est ce que je vois. Je vois bien que
16:43depuis le début, ce bras de fer n'a pas commencé.
16:45Ce n'est que parce qu'il est candidat à la présidence de son parti.
16:47Certainement pas exclusivement. Mais en tout cas,
16:49la réalité, c'est que depuis qu'il a engagé ce bras
16:51de fer, qu'a-t-il obtenu ?
16:53Qu'a-t-il obtenu ?
16:55Et où veut-il aller ? Et jusqu'où peut-on aller ?
16:57Il ne faut pas revoir, réviser les accords.
16:59Mais quelle est la riposte
17:01graduée ? Jusqu'où on va aller ? Pour quoi faire ?
17:03Pour obtenir quoi ?
17:05Et que perdrions-nous, nous-mêmes,
17:07dans cet échange qui peut se solder
17:09par une forme
17:11de gel des relations
17:13entre la France et l'Algérie ?
17:15Oui, je pense qu'il n'y a plus à perdre
17:17qu'à gagner. Et je pense aussi
17:19que dans ce qui est aujourd'hui
17:21la menace, c'est-à-dire revenir sur les accords de 68,
17:23il y a aussi toute une série de nos
17:25compatriotes français
17:27qui ont des racines en Algérie
17:29et qui aujourd'hui se sentent, en réalité,
17:31stigmatisés, qui ont le sentiment qu'on
17:33est en train d'ouvrir un conflit
17:35entre la France et l'Algérie. Je pense qu'on
17:37peut s'épargner cela aussi.
17:39La police a ordonné ce matin l'évacuation
17:41de la Gaieté Lyrique, ce
17:43lieu culturel à Paris où,
17:45depuis plusieurs mois, des centaines
17:47de jeunes migrants occupaient
17:49les lieux. Est-ce qu'il fallait, oui
17:51ou non, autoriser l'évacuation ?
17:53C'est un fait
17:55que la Gaieté Lyrique n'est pas un centre
17:57d'hébergement d'urgence et donc
17:59qu'il n'y a pas de raison de
18:01maintenir des personnes nombreuses,
18:03des mineurs nombreux dans cet établissement.
18:05Mais quel est le devoir de l'État ?
18:07C'est de faire en sorte que ces jeunes ne soient pas
18:09rejetés à la rue, qu'ils ne soient pas
18:11mis en danger pour eux-mêmes
18:13et pour autrui. Et donc, ça suppose
18:15qu'il y ait, en même temps, une offre
18:17d'hébergement qui soit alternative
18:19à cet hébergement qu'ils s'étaient trouvé
18:21par eux-mêmes. Donc, on ne peut pas les laisser là ?
18:23Si il y a une offre
18:25d'hébergement qui est
18:27offerte à ces
18:29jeunes mineurs,
18:31dans ces cas-là, cette opération
18:33aura été parfaitement légitime.
18:35Si c'est pour les rejeter à la rue,
18:37les livrer au
18:39narcotrafic dont on parlait à l'instant,
18:41les livrer à la criminalité et
18:43les laisser même en danger dans la rue
18:45parce que la rue n'est pas un endroit où on peut...
18:47Comme victime ou comme acteur ?
18:49Les deux, potentiellement. Comme victime et
18:51potentiellement comme acteur. Et donc, la raison
18:53c'est de chercher à chaque fois
18:55et c'est le devoir de l'État
18:57pour des jeunes qui sont, je rappelle,
18:59mineurs, en tout cas qui sont présumés mineurs.
19:01Eh bien, nous avons un devoir
19:03d'assistance. Ce sont toutes les consents
19:05que nous avons signées et c'est ce que nous devons
19:07aussi à des enfants. Il y a deux choses dans ce que vous venez de dire
19:09Olivier Faure. Vous dites
19:11présumés mineurs. On sait bien que c'est là-dessus aussi
19:13que tout se joue. Est-ce qu'il
19:15faut une présomption de minorité ?
19:17Oui, je pense qu'il faut une présomption de minorité
19:19et qu'après, à charge
19:21à l'État, de faire ensuite
19:23la démonstration inverse. Mais
19:25là, en l'occurrence, on ne peut pas
19:27jouer avec la vie de jeunes...
19:29Quand vous dites qu'on les livrerait potentiellement
19:31à la criminalité
19:33et au narcotrafic,
19:35est-ce que ça veut dire que vous estimez aujourd'hui
19:37que les jeunes migrants
19:39sont des acteurs du narcotrafic
19:41et de la criminalité ? Non, mais
19:43tous les jeunes qui sont dans la rue, qu'ils soient personnes
19:45migrantes ou qu'ils soient nés ici,
19:47peuvent être à un moment donné
19:49dans le désœuvrement. Quand vous êtes dans la rue,
19:51c'est un fait que vous êtes
19:53la proie de beaucoup de monde.
19:55Vous êtes la proie de ceux qui veulent vous débrouiller
19:57mais vous êtes aussi parfois l'agresseur
19:59parce que vous cherchez, évidemment,
20:01à survivre. Et donc,
20:03plutôt que de créer des conditions dans lesquelles
20:05nous créons nous-mêmes de l'insécurité,
20:07je souhaite que nous créions de la sécurité
20:09et que nous faisions en sorte de préserver aussi,
20:11je le rappelle, des enfants.
20:13Merci, Olivier Faure, d'avoir été mon invité
20:15ce matin, Premier secrétaire du Parti Socialiste.
20:17Merci à vous.

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