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Aujourd'hui conseiller à l'Agence régionale de santé, Patrick Goldstein était en 2020, quand débute le 1er confinement, à la tête du Samu du Nord. Il raconte ses souvenirs au micro d'ici Nord.

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00:00Bonjour Patrick Goldstein, vous vous souvenez d'Emmanuel Macron et de son allocution le 16 mars au soir quand vous entendez ce mot confinement ?
00:07Qu'est-ce que vous dites ? Il était temps ?
00:09Je pense qu'il fallait le faire, oui, j'ai vraiment aucun doute là-dessus.
00:12Je me rappelle très bien des mots du président de la République, nous sommes en guerre.
00:18Je pense que la guerre c'est autre chose, c'était des mots forts qui voulaient très clairement envoyer un signal fort et il fallait le faire.
00:26Le 17 mars 2020, vous au Samuel du Nord, vous avez déjà des personnes contaminées depuis plusieurs semaines.
00:31Rappelez-nous la situation sanitaire de l'époque. Quand est-ce que vous comprenez le coronavirus s'identifier en fin d'année 2019 ?
00:38Là le 17 mars 2020, on est déjà dans l'épidémie.
00:40On ne savait pas ce qui se passait.
00:42On ne savait pas ce qui se passait, c'est quelque chose auquel on ne s'attendait absolument pas.
00:46Et la rapidité, l'intensité et la brutalité de cette infection virale qui commençait à toucher nos malades.
00:53Donc ce qui nous a marqué avant le confinement, et il fallait le faire, c'est tous ces malades qui rentraient en situation aiguë dans nos services de médecine, d'urgence, de réanimation et qui très clairement nous inquiétaient.
01:04Ce qui nous inquiétait, c'est cette courbe ascendante de patients qui arrivaient.
01:07Vous dites qu'on ne savait pas ce qui se passait, mais vous l'avez vu arriver aussi cette épidémie quand on travaille au Samue au sein des services d'urgence.
01:13On voit arriver les premiers, vous étiez en première ligne finalement, vous l'avez vu monter.
01:16Absolument, ce qu'on a bien vu arriver c'est une infection virale hivernale.
01:20Mais ce qu'on n'avait pas prévu, c'est l'intensité, la gravité, la nouveauté de cette infection virale hivernale qui ne s'arrêtait pas.
01:28Et quand arrive le confinement, donc le 17 mars 2020, est-ce que vous êtes sous l'eau ?
01:32J'ai re-regardé les chiffres, la semaine du 23 mars, donc la semaine après, il y a partout en France 20 000 hospitalisations au Samue du Nord.
01:40Vous êtes particulièrement touché vous à ce moment-là ?
01:42Le Nord a été plus touché, enfin les Hauts-de-France ont été plus touchés que d'autres régions, c'était très curieux.
01:48Rappelez-vous, d'abord les Hauts-de-France, ensuite l'Est de la France, dans les Hauts-de-France ça a commencé par l'Oise,
01:53ensuite ça a été la région du Nord, un peu moins la Picardie, un peu moins le Pas-de-Calais, ensuite ça s'est étendu.
01:59Alors est-ce que nous étions sous l'eau ? Nous étions très clairement sous pression, réellement sous pression.
02:05Il a fallu faire preuve d'agilité, faire preuve d'intelligence collective, et c'est probablement ça qui a été le plus important pour nous,
02:14c'est de travailler ensemble, tous les services, qu'ils soient privés ou publics, pour trouver des réponses.
02:19Est-ce qu'il y a eu quand même de la panique dans les équipes ? Est-ce que tout a été fait dans les règles,
02:23avec suffisamment d'attention accordée aussi aux patients ? Vous dites on a fait preuve de solidarité, de solidité.
02:27Je vous le dis très très sincèrement, jamais de panique, jamais de panique.
02:31Et moi ce que je retiens de cette époque-là, et surtout de ces premiers instants,
02:36c'est l'extrême professionnalisme, solidarité et engagement de l'ensemble des professionnels hospitaliers, sans exception.
02:447h47, ici Nord, nous sommes en direct avec Patrick Goldstein, conseiller à l'ARS et ancien directeur du SAMU du Nord.
02:52Patrick Goldstein, est-ce que ce confinement, et les suivants aussi, ce n'a été que le premier, celui du 17 mars 2020,
02:58est-ce que ces confinements vous ont aidé ? Est-ce qu'à chaque fois ça a fait baisser la contamination ?
03:01Vous avez vu les admissions refluer, c'était une mesure efficace ?
03:04C'est une excellente question. Il y a eu plusieurs vagues.
03:06La vague la plus importante, ce n'est pas la première, ce n'est pas le premier confinement,
03:10c'est très clairement celui qui a amené au second.
03:14Donc c'est la fin de l'année 2020 et le début de l'année 2021.
03:16Le premier confinement, il était citoyen. Incroyable ! Tout le monde y a adhéré, sans exception.
03:21Rappelez-vous, on a vu arriver des oiseaux dans l'île à 8h le matin,
03:25ça fait un petit bout de temps que je n'avais pas entendu d'oiseaux à 8h le matin dans l'île.
03:28Le premier confinement a été citoyen, mais après, il y a eu l'été, et là, ça a été un peu compliqué.
03:34Et la rentrée, on s'y attendait. Certains professionnels avaient alerté sur le fait qu'il fallait garder un niveau de vigilance absolu.
03:42Et je dirais que si le premier confinement a été citoyen, tout à fait remarquable,
03:47les précautions collectives n'ont pas été excellentes, en particulier lors de la rentrée universitaire et scolaire de 2020.
03:55C'est ce qui explique, selon vous, les autres confinements qui ont été décidés,
03:58parce que tout ce qu'on avait dit pendant le premier n'a pas été forcément respecté ensuite ?
04:02Absolument, ça ne pouvait pas s'arranger en 4 mois.
04:07Qu'est-ce que cette crise a changé pour le SAMU, pour les hôpitaux, pour le monde médical de manière générale ?
04:12Ça a changé beaucoup de choses. D'abord, une manière de travailler.
04:15C'est-à-dire que si on considère le Hauts-de-France, on a mis en place, avec les responsables de l'époque,
04:20et ça a été repris par ceux d'aujourd'hui, une réflexion de travail territorial.
04:26C'est-à-dire que ce n'est pas quelque chose qui descend du haut et qui pyramidale.
04:29Les territoires s'organisent et sont solidaires.
04:32Aujourd'hui, on l'a remis en œuvre, par exemple lorsqu'il y a une épidémie de grippe un peu sévère,
04:36même cet hiver, une épidémie de bronchiolite un peu sévère l'année suivante.
04:40Donc cette organisation territoriale fait vraiment ses preuves.
04:45Qu'est-ce que ça veut dire, organisation territoriale, concrètement ?
04:46C'est-à-dire que si on prend les Hauts-de-France, ou le Nord-Pas-de-Calais par exemple,
04:50les Hauts-de-France, c'est un certain nombre de territoires de santé.
04:53C'est la métropole liloise, c'est le littoral, c'est le Hainaut, c'est l'Artois, c'est l'Oise, c'est la Picardie,
04:59et c'est l'Aisne, bien sûr, bien sûr, bien sûr.
05:02Et tous ces territoires vont d'abord travailler de manière solidaire,
05:05et ensuite s'entraider entre eux.
05:07Ce qu'on a bien compris à ce moment-là, c'est qu'il ne fallait pas qu'on compte sur les Parisiens,
05:10les Parisiens comptaient sur nous.
05:12Par contre, merci aux Belges.
05:14Est-ce qu'on a pu envoyer justement des malades dans les hôpitaux en Belgique ?
05:17Le CHU Lille lui-même a reçu des malades qui venaient de Picardie.
05:20Absolument.
05:20Cette organisation-là...
05:22C'est absolument...
05:22Il y a eu une véritable...
05:24Un élan solidaire qu'on ne pouvait pas faire autrement, mais il fallait le faire.
05:27Je pourrais vous rappeler le carnaval de Dunkerque de l'année 2021,
05:32où il y a quand même eu un impact sur l'hôpital de Dunkerque en 48 heures qui était totalement surréaliste.
05:37Heureusement que nos collègues de Furnes,
05:39heureusement que nos collègues belges, à ce moment-là, pendant deux jours, nous ont aidés.
05:43Mais après, je vous dirais que malheureusement, on a été amenés à leur rendre la politesse.
05:48Vous soulignez l'organisation qui a été mise en place à l'époque, la solidité,
05:52vous l'avez dit, des équipes.
05:53Il y a aussi des mesures qui ont été contestées, interdites aux familles,
05:56par exemple de se rendre à l'hôpital quand leurs proches étaient mourants,
05:59parfois quand leurs proches sont décédés.
06:01C'était quelque chose qui était justifié, ça ?
06:03Encore une fois, je vous l'ai dit, on ne savait pas.
06:06On ne savait pas.
06:07Il est facile de dire après qu'il ne fallait pas faire un certain nombre de choses.
06:12Je pense qu'effectivement, fermer complètement les EHPAD pendant plusieurs mois,
06:15interdire aux patients qui allaient très très mal d'être vus par leurs proches en réanimation,
06:20c'est quelque chose dont nous avons énormément discuté.
06:23Après, les soignants étaient mal par rapport à ces mesures,
06:26c'est un problème d'éthique et d'humanité.
06:28Mais avions-nous le choix à l'époque ?
06:30Je ne pense pas qu'aujourd'hui on ferait la même chose,
06:32parce que nous avons appris, et l'important de ces crises, c'est d'apprendre.
06:37Là aussi, c'est facile de parler a posteriori,
06:39mais on se souvient aussi, à l'époque, qu'on manque de masques, on manque de blouses.
06:42Si une crise comme celle-ci arrive de nouveau, on est davantage préparé, on est prêt ?
06:46Alors, je vous dirais oui, je ne peux pas vous dire autrement.
06:50Je regarde les déclarations qui sont faites aujourd'hui sur le nombre de masques qu'on a,
06:53on est en train de parler de milliards quand même, donc je pense que ça ne se reproduirait pas.
06:58Je pense que la seule solution, elle est européenne de toute manière.
07:01Et si on parle par exemple de médicaments,
07:03parce que vous me parlez des masques ou des couvre-chaussures,
07:05il y avait des problèmes de médicaments,
07:06il faut absolument aujourd'hui que nous retrouvions une indépendance européenne
07:11en termes de fourniture de médicaments.

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