Avec Philippe Crevel, économiste, directeur du Cercle de l'Epargne
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00:00Le gouvernement veut-il vraiment puiser dans votre épargne pour financer le réarmement du pays ?
00:05C'est la question qu'on va se poser puisqu'elle circule beaucoup sur les réseaux sociaux.
00:09Le vrai du faux, on le fait avec notre invité Philippe Crevel, bonjour.
00:12Bonjour.
00:13Bienvenue sur Sud Radio et merci de nous rejoindre de si bon matin.
00:17Vous êtes économiste, directeur du cercle de l'épargne.
00:21Vrai ou faux, le gouvernement va-t-il vraiment puiser dans notre épargne pour augmenter le budget de nos forces armées ?
00:27Philippe Crevel, la question peut sembler incongrue, malgré tout elle se pose sur les réseaux sociaux.
00:32C'est faux, c'est complètement faux.
00:34Le gouvernement n'a pas prévu de puiser, de prélever, de prendre l'épargne des Français.
00:40Simplement, il souhaite qu'elle soit orientée en partie vers la défense, vers l'industrie de la défense.
00:49Mais ce serait évidemment un choix volontaire de la part des épargnants d'opter ou de ne pas
00:54pour affecter leur épargne vers des placements qui seraient en lien avec l'industrie de la défense.
01:00Mais en aucun cas, le gouvernement va puiser, va prendre, ce ne sera pas un nouvel impôt.
01:05Emmanuel Macron a indiqué clairement qu'il ne voulait pas faire d'impôt pour la défense
01:10et donc il n'y aura pas d'impôt sur l'épargne ou de prélèvement sur l'épargne.
01:14Mais alors malgré tout, on est face à une quadrature du cercle, puisque le ministre des Armées Sébastien Lecornu
01:20nous dit que le poids de forme de l'armée française, c'est un budget à 100 milliards d'euros,
01:25presque le double de ce qu'on a, presque, j'ai dit.
01:27Ça veut dire qu'il faudra bien trouver les ressources quelque part.
01:30Concrètement, ça veut dire quoi ? On se dirige vers un équivalent défense du Livret A
01:35ou c'est encore une autre piste qui est explorée ?
01:37Pour mobiliser l'épargne, pour orienter l'épargne, c'est vrai qu'il y a plusieurs pistes possibles
01:43et qui ont été évoquées ces derniers temps.
01:45Il y avait l'idée du fléchage du Livret A vers la défense.
01:49Ça a été proposé par des parlementaires.
01:51A priori, ce n'est pas ce que souhaite Bercy.
01:54Pour éviter de transformer le Livret A en mille feuilles, il ne faut pas oublier que le Livret A
01:58est destiné à financer en priorité le logement social.
02:02Autre piste qui a été évoquée, c'était un livret de défense, un livret bleu, blanc, rouge ou vert kaki.
02:08Là, pareil, c'est un peu compliqué à mettre en place.
02:11C'est un système un peu administré et donc ce n'est pas forcément ce qui,
02:17aujourd'hui, a le vent en poupe.
02:18On irait plutôt vers la création d'un fonds d'investissement en faveur de la défense.
02:24Fonds d'investissement auquel participeraient les institutionnels, les banques, les assureurs,
02:32la Caisse des dépôts et consignations par exemple
02:34et qui pourraient faire appel à l'épargne des ménages à travers des unités de comptes dans l'assurance-vie,
02:41à travers des parts de ces fonds qui pourraient être logées dans un compte-titres
02:46voire dans un plan d'épargne en action.
02:48On parle souvent de l'épargne des Français comme d'un bas de laine particulièrement imposant
02:54qui pourrait régler beaucoup de problèmes.
02:56Est-ce que c'est vrai ?
02:58L'épargne des Français, elle est abondante.
03:00Il y a 6 000 milliards d'euros d'épargne financière
03:04mais cette épargne est déjà utilisée.
03:06Ce n'est pas de l'argent dans un coffre-fort.
03:09L'épargne des Français, elle est aujourd'hui au cœur de l'économie.
03:13Elle finance en grande partie les déficits publics imposants de l'État
03:18mais ça finance également le logement social,
03:20ça finance également les entreprises bienheureusement
03:23et ça finance déjà la défense
03:25que ce soit donc à travers le financement du déficit de l'État
03:29ou à travers des actions des entreprises comme Gassos, comme Airbus
03:35et donc les Français financent déjà la défense
03:38et c'est vrai que l'épargne ne peut pas résoudre tout seule
03:42et en plus elle est déjà utilisée.
03:44En quoi elle est déjà utilisée précisément aujourd'hui ?
03:48Vous l'avez dit d'ailleurs, elle est utilisée notamment
03:51pour couvrir les déficits imposants de l'État français.
03:53En quoi notre épargne aujourd'hui, par quels mécanismes concrets,
03:56permet de financer le déficit de l'État ?
03:59L'épargne des Français est orientée vers le financement de déficit de l'État
04:04à travers plusieurs produits.
04:06Premièrement, l'assurance vie.
04:08Quand vous avez un contrat d'assurance vie
04:10et que vous avez souscrit à des fonds euros dans ces contrats,
04:14ce sont des fonds qui sont garantis en capital,
04:16l'assureur avec l'argent que vous avez versé
04:20pour garantir ce fonds euro va acheter, va prendre
04:24des obligations d'État et contribuer au financement du déficit.
04:28Sur le libraire par exemple, oui ça finance le logement social
04:32mais également une partie de votre argent
04:35pour assurer la sécurité du livret A,
04:37pour assurer la liquidité,
04:39est placé dans des obligations, dans des bons trésors
04:43et donc finance également le déficit de l'État.
04:46Et ça c'est important de le rappeler.
04:48On dit souvent que la dette française a un gros défaut
04:52quand on la compare à d'autres pays qui n'ont qu'une dette importante
04:54comme par exemple l'Italie ou alors le Japon,
04:57c'est que la dette française est détenue par des investisseurs étrangers
05:01et donc pas par des Français. Vrai ou faux ?
05:03La dette publique française est détenue à peu près à 50%
05:08par des non résidents, par des personnes qui ne sont pas sur le territoire français.
05:13C'est vrai que si on prend au Japon,
05:15on est sur plus de 80% détenus par les Japonais.
05:19Les Italiens c'est un peu plus, donc les Français en détention nationale,
05:23c'est aux alentours de 60%.
05:25Il faut voir qu'en France,
05:28le gros détenteur de la dette publique aujourd'hui française
05:32c'est la Banque Centrale Européenne qui a acquis énormément de titres ces dernières années.
05:36Après, c'est à peu près un quart,
05:39après c'est réparti pour 50%
05:42entre les Français et puis entre les banques, les assureurs,
05:45et puis il y a à peu près 25 à 30%
05:49qui est acquis par des non résidents essentiellement européens.
05:53C'est vrai qu'on a une dépendance vis-à-vis de ces investisseurs européens
05:57qui exigent de plus en plus des taux d'intérêt élevés,
06:00ça coûte de plus en plus cher à l'État,
06:02et donc ça nous oblige, c'est vrai à un moment ou à un autre,
06:05à être un peu plus rigoureux, mais c'est difficile en France.
06:09Alors ça nous oblige, du moins du côté de l'État,
06:11et c'est difficile en France, je vais y revenir dans un instant,
06:13mais ça m'amène à cette question.
06:15Si je veux épargner par exemple, si je veux placer mon argent,
06:18est-ce qu'il est prudent pour moi, Français,
06:21de placer mon argent dans de la dette française ?
06:23Vous me dites que les intérêts augmentent, ça devrait être plutôt bon pour l'investisseur que je suis.
06:28La bonne nouvelle, oui, c'est que quand les taux d'intérêt augmentent sur la dette publique française,
06:33l'épargnant est mieux rémunéré,
06:35et ça traduit également un déséquilibre croissant,
06:42donc on ne peut pas complètement se réjouir de la situation.
06:45Après, aujourd'hui, il n'y a pas de risque en termes de garantie sur les obligations d'État,
06:52il n'y a pas de risque de banqueroute de la France en l'état actuel des choses.
06:57La France peut faire face, on va dire, à ces traites et peut rembourser.
07:01Évidemment, si on continue de dériver de manière persistante sur les prochaines années,
07:07à un moment ou à un autre, ça pourrait se poser,
07:09mais en l'état actuel des choses, il n'y a pas de problème sur la dette publique française,
07:13et les épargnants peuvent être garantis de retrouver leur argent à l'heure actuelle.
07:18Je rappelle que vendredi soir, l'agence de notation Fitch a maintenu la note de la dette française à A-,
07:26c'est-à-dire perspective malgré tout négative.
07:29C'était presque une surprise, ça l'était aussi pour vous ?
07:32C'est vrai que les agences de notation, depuis quelques temps,
07:35on s'attend à ce qu'elles dégradent la France,
07:37compte tenu des problèmes politiques, de la difficulté à faire passer un budget,
07:42de le fait qu'on a un déficit public aujourd'hui qui se trouve entre 5 et 6% du PIB,
07:48et donc c'est vrai qu'on est plutôt dans l'idée que les notes vont se dégrader.
07:52Pourquoi les agences ne dégradent pas ?
07:54Premièrement parce qu'on a un taux d'épargne extrêmement élevé,
07:5718% du revenu disponible brut, près d'un cinquième des revenus des ménages sont épargnés,
08:03donc ça, ça contribue à maintenir la note française,
08:07et puis il y a l'idée que le système institutionnel français est solide par rapport aux autres pays,
08:17parce qu'il faut toujours comparer la France par rapport aux autres pays,
08:20et la dette publique française, les titres publics français sont appréciés à l'étranger,
08:25et il n'y a pas de problème de souscription,
08:27parce qu'on se dit que la France arrivera à rembourser,
08:31et que la France est quand même encore un grand pays économique à l'échelle internationale.
08:36Donc moi, ça fait plusieurs mois, voire plusieurs années,
08:39que je vois passer certains de vos confrères, des économistes, qui partagent leur inquiétude.
08:44Est-ce que ça veut dire qu'aujourd'hui vous restez optimiste, ou vous êtes simplement dans l'attente ?
08:49J'essaie d'être optimiste, et il faut.
08:53Premièrement, on a quand même des atouts, l'épargne est importante,
08:57on aura quand même une économie, même si on a des difficultés,
09:03comme ça a été indiqué ce matin dans le journal du dimanche,
09:07on reste quand même une plus puissante économie européenne.
09:10Puissante économie européenne, mais avec un bonnet d'âne, c'est ce que rappelle le journal du dimanche.
09:15Tout à fait, sur certains aspects, mais on a encore des secteurs dynamiques,
09:19que ce soit dans l'aviation, que ce soit même dans les start-up,
09:22au niveau de l'intelligence artificielle, on a encore des atouts,
09:25et donc on a un problème de finances publiques récurrent depuis de nombreuses années.
09:29C'est vrai que c'est notre point noir, malgré tout je pense qu'on peut aujourd'hui,
09:34si chacun fait un effort, et c'est vrai que c'est la question du volume de travail,
09:38ça a été pointé dans le journal du dimanche, c'est connu,
09:41c'est vrai qu'il faudrait accroître le volume de travail en France,
09:44et être dans la moyenne européenne pour résoudre en grande partie nos problèmes.
09:48Si nous avions le même taux d'emploi que les Allemands,
09:52c'est-à-dire 78%, nous sommes à 68%,
09:56on n'aurait pas de problème de déficit public en France,
09:59donc on voit que le simple fait de revenir dans la grande moyenne européenne,
10:03nous permettrait de résoudre une grande partie de nos problèmes.
10:05C'est ça, mais ce sont des questions politiques sensibles en France qu'il faut trancher.
10:10Merci beaucoup Philippe Crevel, c'est toujours un plaisir de vous entendre sur Sud Radio en tout cas.
10:15Je rappelle que vous êtes économiste et directeur du Cercle de l'Épargne.
10:18A bientôt !
10:19A bientôt !