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Éric de Riedmatten reçoit un invité dans #LHebdoDeLEco pour approfondir un sujet économique…

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Transcription
00:00On va parler transport avec Transdev qui passe sous giron allemand.
00:06Cette entreprise française qui fait de la gestion de transport ferroviaire, de ferries, de cars, de bus,
00:12et bien voilà, la société Rettmann qui est allemande va prendre 66%, elle va posséder 66%.
00:18Merci d'être avec nous Thierry Mallet, président de cette entreprise qui était jusque-là gérée par la caisse des dépôts.
00:24Comment se fait-il qu'elle devienne allemande ?
00:27L'élément important c'est que la caisse des dépôts va rester à bord.
00:30Aujourd'hui la caisse des dépôts détient 66% dans une entreprise qui fait 70% de son activité à l'international.
00:36La caisse veut aligner sa participation à la présence en France qui est aujourd'hui d'une trentaine de pourcents
00:42et donc elle a décidé effectivement de céder une partie du capital pour aligner sa participation,
00:48ce qui va lui permettre de rester dans le long terme.
00:50L'important c'est que la caisse qui va rester à bord dans le long terme avec 34%
00:54c'est la garantie de l'ancrage en France, c'est la garantie de la présence du siège en France
00:59et c'est une caisse qui va continuer de contribuer clairement à la stratégie du groupe
01:03qui va effectivement avoir un actionnaire majoritaire allemand demain
01:07mais qui va rester une entreprise française.
01:09Qui pourra modifier des règles éventuellement ?
01:11Alors aujourd'hui ça ne pourra pas se faire sans l'accord de la caisse des dépôts,
01:16notamment sur le siège, sur le mode de fonctionnement,
01:19ce qui veut dire que l'entreprise va rester très très solidement ancrée en France
01:22et on sera demain une entreprise française ancrée en France avec un actionnaire majoritaire allemand,
01:27donc on sera une vraie entreprise européenne.
01:29On peut parler de privatisation ?
01:31Alors c'est formellement une privatisation puisque aujourd'hui il y a une majorité de capital public
01:35et demain il y aura effectivement une minorité de capital public
01:39mais l'ancrage au sein du public reste très fort
01:42et c'était d'ailleurs important pour nos clients en France.
01:44C'est ça, privatisation mais avec l'accord d'un ministre de l'économie
01:48qui est un ancien de la caisse des dépôts, c'est quand même une belle histoire.
01:51Alors il faut que le ministère prenne position à la fin du processus,
01:57il y a un arrêté effectivement ministériel qui doit être pris,
02:00on verra après qui le prend formellement.
02:02Pour vous, très honnêtement, c'est plus confortable d'être avec les Allemands ?
02:06Ce qui est important pour nous c'est d'avoir demain une caisse des dépôts qui reste à bord,
02:12qui comme elle a aligné sa participation à la présence en France peut continuer de nous accompagner
02:18alors que demain elle aurait pu éventuellement nous bloquer dans notre développement international
02:22et le fait que Transdev soit une entreprise internationale
02:25puisqu'on a 70% de notre activité internationale est très importante.
02:28Si on est demain un acteur important dans le ferroviaire en France,
02:31c'est grâce à ce qu'on a fait en Allemagne.
02:33Si on est le leader mondial dans les bus électriques avec plus de 3300 bus électriques,
02:37c'est parce qu'on a débuté dans cette activité-là aux Pays-Bas
02:41et aujourd'hui on a plus de 1200 bus électriques aux Pays-Bas.
02:44Donc on voit bien que c'est savoir-faire et le savoir-faire qu'on a développé en France
02:47en matière de connaissance de la mobilité, de transport à la demande, on l'amène ailleurs.
02:51Et donc le fait d'être international c'est indispensable pour une entreprise de transport.
02:55C'est important ce que vous dites parce qu'on touche là finalement les limites du système français
02:59parfois un peu étriquées, enfin moi c'est comme ça que je le perçois.
03:02Ça veut dire en même temps que cette gestion à la française que vous avez su réussir,
03:06elle s'exporte bien parce que vous dites 72% de l'activité à l'étranger,
03:10c'est devenu donc une entreprise internationale.
03:12Donc vous venez d'annoncer aussi vos résultats, un chiffre d'affaires record, c'est ça ?
03:16Oui, nous avons dépassé cette année pour la première fois les 10 milliards d'euros de chiffre d'affaires.
03:20Et puis on a doublé notre résultat net à 43 millions.
03:24Donc l'entreprise va bien.
03:26C'est une année où il y a eu beaucoup de succès commerciaux sur tous les territoires.
03:29Il y a eu le tram de Melbourne qui est le premier tram du monde, un contrat de 470 millions par an.
03:34On a gagné des contrats de trains en Allemagne, beaucoup de contrats en France.
03:40Si j'avais envie de vous demander ce que ça rapporte à la France de faire des gros résultats,
03:43ça va dans la caisse des Français ou des Allemands ?
03:46Ça sera partagé comme ça l'était précédemment entre les Allemands et les Français.
03:49Donc 66% pour l'Allemagne ?
03:51Nous sommes par nature un opérateur alternatif.
03:54Nous sommes partout dans le monde l'alternative aux opérateurs historiques.
03:57En Allemagne, on est le numéro 1 ferroviaire privé face à la Deutsche Bahn.
04:01C'est ce qu'on veut devenir demain en France.
04:03Donc cette évolution est très naturelle pour à la fois la caisse, mais qui va rester à bord.
04:08Ce qui est très important, c'est que l'ancrage français dans ce modèle-là va pouvoir rester une réalité.
04:13Je comprends bien.
04:14Vous allez aussi exploiter des lignes françaises concurrentes de la SNCF, ce qui est quand même très important.
04:19Est-ce que ça ne va pas donner envie à des axes de la SNCF de venir travailler chez vous ?
04:23Peut-être seront-ils mieux payés d'ailleurs ?
04:25D'abord, les premiers nous ont déjà rejoints.
04:29Il y a une trentaine de personnes qui nous ont rejoints dans le cadre de la ligne Marseille-Nice.
04:32J'étais avec eux en début de semaine.
04:34Ils sont ravis d'avoir rejoint le groupe.
04:38On est plutôt dans un développement très positif.
04:42On va doubler le nombre de trains sur cette voie-là.
04:44On adopte un modèle qui est différent de celui de la SNCF,
04:47qui est le modèle que nous avons développé en Allemagne et qu'on est en train d'implanter en France.
04:51Pour l'instant, c'est vraiment des équipes très satisfaites.
04:54On se prépare tous au grand jour du 29 juin,
04:58qui va être le démarrage de notre premier train sur la ligne Marseille-Nice.
05:03Si je vous comprends bien, pour les salariés de Transdef, c'est mieux que la SNCF ?
05:07C'est différent. Je ne dirais pas que c'est mieux, c'est un modèle différent.
05:11Les salaires sont mieux ? Les salaires sont plus élevés ?
05:13Les salaires sont aussi attractifs.
05:15La grosse différence de notre organisation, c'est que Transdef est une organisation extrêmement décentralisée.
05:20C'est supérieur ou pas ? Est-ce que vous donnez une prime ?
05:22Aujourd'hui, on a fait en sorte d'être attractifs pour attirer les gens de la SNCF,
05:25puisqu'ils viennent sur la base d'un volontariat.
05:27L'attractivité, c'est à la fois le salaire et les conditions de travail.
05:32On veut être positifs sur les deux.
05:34Le deuxième élément qui est important, c'est qu'on est dans un métier,
05:37Transdef est par nature une société décentralisée.
05:39Transdef, c'est 100 000 collaborateurs dans 19 pays, mais ce n'est que 250 personnes au siège.
05:44C'est une organisation dans laquelle le pouvoir est donné au terrain.
05:48Ça veut dire que les équipes de terrain sur la ligne Marseille-Nice,
05:51la décision se prend à Marseille et rien qu'à Marseille.
05:54Les équipes de la France ou les équipes du groupe viennent en support.
05:57C'est un élément extrêmement important.
05:59C'est apprécié par les élus, c'est apprécié par les équipes,
06:01puisqu'elles ont une vraie autonomie de gestion au quotidien.
06:04Dernière question. Je vois que vous allez faire revivre des petites lignes régionales.
06:08Contre-Aix-Nancy, par exemple.
06:10Ce que la SNCF ne fait pas.
06:12Ça veut dire qu'il faut que ce soit privé pour que ça marche ?
06:15C'est-à-dire que le modèle qu'on a mis en place là est un modèle assez différent,
06:18puisqu'il intègre à la fois la régénération de la ligne,
06:20qu'on va faire avec notre partenaire NGE.
06:22Il intègre également l'opération.
06:24On a fait une offre qui était un peu décalée,
06:28parce qu'elle a l'habitude de faire la SNCF.
06:30C'est pour ça qu'on a été retenu.
06:31Mais l'expérience en Allemagne nous a montré que l'ouverture à la concurrence,
06:34elle bénéficie aux opérateurs extérieurs.
06:36Elle bénéficie aussi à l'opérateur historique,
06:38qui avec l'ouverture à la concurrence,
06:40change ses modes de fonctionnement et aussi progresse.
06:42Et disons-le, le privé c'est mieux.
06:44C'est ce que vous voulez dire en fait.
06:46Non, je pense que ce qui est bien c'est la concurrence avec du privé et du public.
06:49Très bien. Merci beaucoup Thierry Mallet d'être venu sur CNews,
06:52président et directeur général de Transdev.
06:54Donc qui va passer sous giron allemand tout en restant français.
06:58Merci.

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