Ménages et entreprises avancent en plein brouillard. Alors, ils s’adaptent. Pour les premiers : économiser dès qu’ils le peuvent. Résultat, un effort d’épargne hors normes : ils ont mis de côté 9,1% de leurs revenus au second semestre 2024. Du jamais vu depuis 1949, excepté la parenthèse Covid. Et les encours ? Explosifs, proches de 6 500 milliards d’euros, soit deux fois la dette publique française. Côté entreprises, les anticipations sont dégradées et l’ajustement s’effectue à tous les niveaux avec ce leitmotiv : réduire les coûts au maximum. Les dépenses courantes sont serrées, les projets de recrutements au mieux différés, au pire annulés, et l’investissement subit le même sort. [...]
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00:00Ménage et entreprise avancent en plein brouillard.
00:12Alors ils s'adaptent.
00:14Pour les premiers, économiser dès qu'ils le peuvent.
00:17Résultat, un effort d'épargne hors norme.
00:20Ils ont mis de côté 9,1% de leurs revenus au second semestre 2024.
00:25Du jamais vu depuis 1949, excepté la parenthèse Covid.
00:30Et les encours ? Explosifs.
00:33Proche de 6 500 milliards d'euros, deux fois la dette publique française.
00:37Côté entreprise, les anticipations sont dégradées
00:40et l'ajustement s'effectue à tous les niveaux avec ce même motif,
00:43réduire les coûts au maximum.
00:46Les dépenses courantes sont serrées,
00:48les projets de recrutement au mieux différés, au pire annulés.
00:52L'investissement subit le même sort.
00:55Si la certitude est si forte,
00:57c'est que le contexte géopolitique est plombé
01:00par les conséquences de la guerre en Ukraine
01:02et le retour de Donald Trump aux affaires.
01:04La combinaison des deux est hautement inflammable.
01:08Très concrètement, la guerre en Ukraine a eu pour effet de faire dévier la trajectoire des prix.
01:13Celle de l'énergie, puis via les effets de second tour, celle de l'inflation générale.
01:18Avec cette double certitude 1,
01:20que jamais les prix ne reviendront à leur niveau d'avant le début du conflit et 2,
01:24la volatilité s'est installée de façon durable.
01:28Face à ces évolutions,
01:30conserver voire renforcer son épargne restera une priorité pour les particuliers.
01:36Le contexte est identique pour les entreprises et inévitablement plus délicat
01:40pour les industriels gros consommateurs d'électricité,
01:43qui voient de surcroît s'élargir l'écart de leurs coûts avec la concurrence américaine.
01:48De quoi remettre en cause tout projet d'investissement,
01:50voire du maintien des lieux de production sur le territoire.
01:55L'agressivité de la Russie et le désengagement des États-Unis ont agi comme un électrochoc.
02:01Les gouvernements ont pris conscience de la fragilité militaire européenne.
02:05Un impératif absolu donc, renforcer les budgets défense.
02:10L'objectif pour la France est de passer rapidement d'un effort de 2% à 3% du PIB,
02:16soit 10 milliards d'euros à trouver en plus.
02:20La piste d'un nouveau tour de vise fiscale est à priori exclue.
02:24L'emprunt, non.
02:26La France est surendettée et sous étroite surveillance.
02:28Les agences de notation restent coupées dans les dépenses.
02:32Mais lesquelles ?
02:33Le flou règne en la matière.
02:35Une incertitude de plus.
02:37Autre interrogation, la solidité de l'économie européenne en général,
02:41de l'Allemagne en particulier, notre principal partenaire.
02:45Le nouveau chancelier a surpris tout le monde
02:47en brisant le dogme de la rigueur budgétaire
02:50en annonçant sa volonté de créer un méga fonds spécial d'investissement
02:54doté de 500 milliards d'euros pour relancer une économie en récession.
03:00Un virage à 180 degrés pour sortir de l'ernière, dont les effets ne seront pas immédiats.
03:07En revanche, la pagaille mise sur les marchés obligataires a été instantanée.
03:11En une journée, le taux à 10 ans s'est envolé de 30 points de base,
03:14la plus forte hausse journalière depuis la chute du mur.
03:17La contagion a été immédiate en Europe, les taux français notamment suivant la même tendance.
03:24Nervosité extrême, imprévisibilité totale des taux font du service de la dette
03:29un grand point d'interrogation alors qu'il est prêt de devenir le premier budget de l'État français.
03:34Restent les conséquences de la guerre commerciale avec l'administration Trump.
03:38France, États-Unis entretiennent des échanges commerciaux denses,
03:42longtemps équilibrés, qui ont tourné en faveur de l'oncle Sam
03:46depuis la substitution des importations d'hydrocarbures russes par des américaines.
03:51Les États-Unis ont donc plus à perdre, mais ils n'en demeurent pas moins
03:54que les filières automobiles, luxe, aéronautique, agroalimentaire sont dans le viseur.
04:01Impossible d'y voir clair.
04:03L'incertitude domine et avec elle la crainte d'un nouvel ajustement brutal en France comme dans le monde.
04:10Cela s'appelle une récession.