Gérard Araud, ancien représentant de la France au Conseil de sécurité de l'Onu et ex-ambassadeur de France aux États-Unis, était l'invité de BFMTV ce dimanche soir.
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00:00Et je vous écoute attentivement, je vous lis sur les réseaux sociaux et la règle cardinale que vous fixez, c'est quoi, c'est ne jamais croire Donald Trump, ne jamais le prendre au mot, c'est ça ?
00:08Ne jamais le prendre, c'est toujours attendre le lendemain ou quelques jours après parce que je ne connais pas une déclaration de Trump qui n'ait pas été démentie, corrigée ou oubliée le lendemain.
00:17Et c'est une règle importante. Il s'avère que Donald Trump a donné une interview aujourd'hui à nos confrères américains de Fox News. Je vous soumets quelques-unes de ses déclarations.
00:25Il parle de Volodymyr Zelensky. Voilà ce qu'il dit. C'est un homme intelligent et c'est un homme dur. Il a soutiré de l'argent à ce pays sous Biden comme on prend des bonbons à un bébé.
00:34C'était tellement facile suite de ses amabilités. Je ne pense même pas que Zelensky soit reconnaissant envers nous alors qu'on lui a quand même donné 350 milliards de dollars.
00:42Encore ce chiffre qui avait été corrigé par Emmanuel Macron. Avec ou sans aide américaine, l'Ukraine ne survivra peut-être pas. Cette guerre n'aurait pas dû avoir lieu.
00:52Alors maintenant, nous sommes coincés dans ce pétrin. Est-il envisageable, une seconde, pour les dirigeants européens, ceux qui mettent en avant leur capacité à parler à Donald Trump,
01:02notamment Emmanuel Macron, d'obtenir quelque chose de lui quand on entend ce type de déclaration ?
01:07J'étais ambassadeur à Washington pendant le premier mandat. J'ai dû un peu gérer cette relation. Je pense qu'Emmanuel Macron a fait des miracles face à cet homme
01:18pour essayer de garder un canal de contact. Souvent, Paris me disait « tu devrais dire ça aux Américains ou demander ça aux Américains ».
01:25Et je répondais « mais vous savez, même le consignationnel de sécurité américain ne sait pas ce que Trump va déclarer le lendemain ou ce que signifie ce qu'il a dit la veille ».
01:33Et donc, je disais « il faut que le président appelle Donald Trump ». Et le président, vous savez, était au téléphone plus d'une fois par semaine avec Donald Trump au cours du premier mandat.
01:42C'est la seule manière d'essayer d'avoir une influence. Mais vous savez, sur cette affaire, c'est simple, Trump veut se débarrasser de cette guerre et Trump n'en a rien à faire de l'Ukraine.
01:52Voilà, il veut s'en sortir le plus possible et sa seule exigence, c'est de pouvoir aller dire devant Fox News « j'ai gagné, j'ai rétabli la pied et j'ai gagné ».
02:03Et donc, il est prêt à sacrifier l'Ukraine. Au fond, quand même, cela étant, il a des intuitions. Moi, je dis souvent « Trump a un côté, vous savez, dans le compte d'Anderson, l'empereur est nu ».
02:16Il a une tendance à dire « l'empereur est nu ». On voit bien, l'Ukraine ne peut pas gagner la guerre, soyons clairs. Donc, parler de paix, pourquoi pas ?
02:23Parler de paix fondée sur la ligne de front, pourquoi pas ? Parler de paix fondée sur des garanties de sécurité, pourquoi pas ?
02:29Mais le problème, ensuite, c'est qu'il s'engage dans cette négociation dans des conditions abominables. Il lâche tout et on voit bien que... Et Poutine le sent parfaitement.
02:39Parce que la négociation réelle, c'est sur les garanties de sécurité et moi, je suis à peu près sûr qu'il va tout lâcher. Il va rentrer chez lui en disant « j'ai rétabli la paix et il n'en a rien à faire de l'Ukraine ».