Le maire de Nice, Christian Estrosi, était l’invité de #LaGrandeInterview de Sonia Mabrouk dans #LaMatinale sur CNEWS, en partenariat avec Europe 1.
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00:00Bonjour Christian Estrosi, et bienvenue à la grande interview sur CNews et Europe 1.
00:04Vous êtes le maire de la ville de Nice, également vice-président du groupe Horizon.
00:08Tout d'abord, Christian Estrosi, cette triste, cette bien triste nouvelle,
00:12triste confirmation, le président de la République a salué, il y a quelques instants,
00:16la mémoire de l'otage franco-israélien Oad Yaalomi.
00:21La France, qui a aussi perdu 50 de ses enfants dans l'infamie du 7 octobre,
00:26a écrit Emmanuel Macron sur X, c'est un lourd tribut que paie la France.
00:30Oui, ce que dit Emmanuel Macron ce matin, je le dis depuis le 7 octobre.
00:36Donc, je suis heureux de voir le président de la République utiliser le mot de barbarie.
00:43J'ai une pensée pour la famille d'Oad Yaalomi, qui est notre compatriote,
00:49mais j'ai une pensée pour tous les autres.
00:52Lorsqu'il y a eu cet accord pour libérer les otages israéliens,
00:59et je peux comprendre qu'il y ait eu cette exigence pour redonner de l'espoir aux familles,
01:08en échange de plusieurs centaines, voire milliers de terroristes palestiniens
01:14qui étaient retenus dans les géoles israéliennes,
01:23à un moment où l'opinion publique commençait à dire,
01:27tirer sur Gaza et surtout des hommes politiques qui, dans notre pays,
01:32sont indignes dans leurs comportements, les Mélenchons, les Rima Hassan et compagnie.
01:38J'ai dit, attendez, vous allez voir, on va d'abord rendre quelques otages
01:42qui auront sans doute subi des moments épouvantables,
01:45et on commence à savoir ce que ces femmes et ces enfants qui ont été rendus ont subi.
01:52Et puis après vont commencer à arriver quelques cercueils.
01:55Et là, je pense que ça va vraiment frapper l'opinion publique.
02:00Nous y sommes, et tout cela intervient.
02:02Christian Estruzzi, alors qu'Israël, vous en avez parlé, vous pensez à eux, j'imagine,
02:05pleure la famille Bibas, et bien au-delà d'Israël d'ailleurs.
02:07Hier soir, en Omay.
02:09Tant que le Hamas ne sera pas éradiqué totalement,
02:12totalement, il ne pourra pas y avoir de discussion de paix possible.
02:19On va en parler.
02:20Restons d'abord sur cet hommage, puis vous nous direz par quoi passe une éradication totale du Hamas.
02:24Mais en hommage à Ariel, Kfir et Chiri, la colonnade de l'Assemblée nationale s'est éclairée en orange,
02:30tout comme le fronton de la mairie de Nice.
02:33Alors, ce qui a fait réagir Rima Hassan, en tous les cas concernant l'Assemblée,
02:36elle a écrit ceci sur X.
02:37En un an de génocide, n'avez-vous pas trouvé une seule petite soirée d'hommage
02:42aux 18 000 enfants palestiniens assassinés par Israël ?
02:45Hypocrite que vous êtes.
02:47Que lui répondez-vous ?
02:49Des victimes civiles d'une guerre, c'est toujours affreux.
02:55Un homme, une femme, un enfant, c'est toujours une horreur.
02:59Mais comparer un génocide perpétré par un mouvement terroriste islamiste
03:08à l'égard de ces familles israéliennes, qui est un acte qui plus est antisémite,
03:16à un acte de guerre qui est naturel parce qu'il y a un moment où Israël est obligé de se protéger,
03:25de se défendre, eh bien, voilà, longtemps que je dis que cette personne n'est plus digne
03:34d'exercer un mandat public et devrait même être poursuivie pour apologie du terrorisme.
03:40C'était la justice décidée.
03:41Oui, enfin, c'est à la justice décidée.
03:45À un moment, je voudrais que l'État français prenne des dispositions
03:51à l'égard de ceux qui portent un mandat public et qui, aujourd'hui, se démontrent très clairement
03:58comme engagés dans l'apologie du terrorisme.
04:02Soyons clairs, vous demandez le retrait de son mandat ?
04:04Oui, et de tous ceux qui, aujourd'hui, font cette apologie du terrorisme,
04:09clairement, ouvertement, et le revendiquent.
04:11Ce sont des alliés directs, quand même, de mouvements terroristes qui sont le Hamas.
04:17Et derrière le Hamas, c'est l'État islamique, c'est Daesh,
04:20c'est tous ceux qui frappent, comme celui qui, hier soir, j'étais au verdict rendu aux Assises de Paris,
04:28où mes policiers municipaux qui ont neutralisé un barbare qui, dans la Basilique Notre-Dame, à Nice,
04:37en octobre 2020, a assassiné trois personnes dont les familles sont mes amies.
04:41Mais disons les mots, Christian Estrosi, dont une paroissienne qui a été décapitée, égorgée, et cette accusée...
04:48Trois paroissiennes, donc un sacristin.
04:51Ce sont trois familles qui sont mes amies.
04:54Mes policiers municipaux, en moins de quatre minutes, heureusement, ont réussi à le mettre hors d'état de nuire.
05:02J'étais présent au moment où ils sont intervenus dans la Basilique,
05:06donc j'ai cette scène avec cette mare de sang autour de Simone,
05:12où les réanimateurs ont essayé de la ramener à la vie jusqu'au bout.
05:19Simone Barreto Silva, 44 ans, mère de famille qui a reçu 25 coups de couteau.
05:23Extraordinaire, et une famille de Brésiliens niçois extraordinaire.
05:29Voilà, justice a été rendue, je veux rendre hommage.
05:33Réclusion criminelle à perpétuité assortie d'une période de sûreté incompréhensible, puisque vous y étiez.
05:39C'est la perpétuité réelle.
05:42C'est-à-dire que plus jamais ce barbare ne verra le jour.
05:47Plus jamais il ne verra le jour.
05:49Alors, ça ne rendra pas la vie à Simone, à Nadine, et naturellement à Vincent.
05:58Et le chagrin reste présent.
06:01Mais la justice est passée.
06:06Mais je le dis très clairement, ni pardon, ni oubli.
06:09Autre actualité, Christian Estrosi.
06:11Lors du conseil interministériel sur l'immigration hier, François Bayraud a haussé le ton vis-à-vis du régime algérien.
06:17Il a donné six semaines à l'Algérie pour reprendre ses ressortissants les plus problématiques.
06:22Sinon, dit-il, on pourrait aller vers le réexamen des accords dérogatoires de 68.
06:27Alors, reconnaissons-le, c'est la première fois qu'un Premier ministre en exercice pose ainsi les conditions.
06:33Est-ce que vous félicitez ce changement ?
06:34Ou est-ce que, comme certains, vous dites, attention, peut-être que le Premier ministre gagne du temps ?
06:38J'avais tellement l'impression d'avoir prêché si longtemps dans le désert.
06:42Et je sais que vous avez une réelle mémoire journalistique, chère Sonia Mabrouk.
06:48Il y a dix ans, quand je parlais de cinquième colonne qui s'infiltrait pour tisser des ramifications sur notre territoire, où maintenant les...
06:58Vous aviez été extrême droitisé, même à l'époque...
07:00On m'avait naturellement mis presque sur la liste noire des gens excessifs à l'époque.
07:07Aujourd'hui, on trouve ça totalement banalisé.
07:10Donc, je me réjouis de cette position de François Bayrou et qui me démontre qu'à un moment, il y a une espèce d'unité au sein du gouvernement et autour du Premier ministre pour dire ces choses.
07:23Mais attention, je dis les choses très clairement, dire six semaines, c'est bien.
07:29Mais passer à l'acte vraiment dans six semaines, s'il n'y a pas eu d'évolution, c'est une exigence.
07:35Vous avez des doutes, donc vous dites attention.
07:37L'ultimatum ne doit pas finir comme un coup d'épée dans l'eau.
07:40Avec le régime algérien, qui est pour moi un régime voyou et un régime antisémite, d'accord, je doute qu'au bout de six semaines, nous n'obtenions des résultats tangibles.
07:53Vous dites antisémite par rapport à ce qui a été dit sur le président français ou encore sur l'avocat de Borlème Sansalle.
07:59Et notamment sur l'avocat de Borlème Sansalle, qui est mon ami, qui présidait mon dernier salon du livre à Nice,
08:06qui est un homme extraordinaire, qui est atteint d'un cancer, qui n'est pas soigné, qui est mis à l'isolement.
08:14Et donc, on a rejeté l'avocat parce qu'il était juif.
08:17Alors, le Premier ministre en a parlé hier de Borlème Sansalle.
08:20Évidemment, dire que c'est inacceptable, mais très concrètement, monsieur le maire, c'est très dur à dire ce matin.
08:26Est-ce qu'on se rend compte maintenant qu'il risque désormais de mourir en prison ? C'est ça, la réalité ?
08:30C'est ça, la réalité, je viens de vous le dire.
08:32C'est le comportement de ce régime.
08:35Et je dis bien de ce régime que je ne veux pas mélanger avec le peuple algérien.
08:41Même si vous avez parlé de cinquième colonne, ce qui voudrait dire qu'il y aurait des éléments qu'on pourrait activer.
08:46La cinquième colonne, elle vient de la Libye, de l'Algérie, de la Tunisie, du Maroc, de tous ceux qui veulent...
08:55Et je ne parle pas des musulmans, mais qui se servent de l'islam comme d'une arme politique,
09:02et qui sont donc des islamistes, ce qui est très différent d'une religion que je respecte totalement.
09:09Donc voilà, c'est bien de cela dont il s'agit.
09:13Donc il y a des leviers, dans six semaines, à mettre en œuvre.
09:17Ils sont très clairs.
09:18En ce qui me concerne, j'en ai identifié quelques-uns.
09:21D'abord, viser les dignitaires du régime.
09:25Vous vous rendez compte ? Les accords de 2004...
09:27La France dit que certains sont déjà visés.
09:30Oui, en tout cas, il y a des accords de 2004, il serait bien d'y mettre un terme.
09:34Parce que quand on insulte la France le matin et qu'on prend l'avion pour Charles de Gaulle l'après-midi
09:40pour venir faire la fête ou venir faire son business en France,
09:45il faut geler leurs avoirs en France.
09:48De même qu'il faut remettre en cause les accords de 1968,
09:54ça a été évoqué hier et on est parfaitement d'accord là-dessus.
09:58Et puis quand je vois que nous accordons encore à peu près 130 millions d'euros par an d'aide au développement à l'Algérie,
10:05ça suffit.
10:06Mais alors, une question, pardonnez-moi.
10:08Il s'agit de sanctions ou alors vous voulez une rupture presque définitive diplomatique avec l'Algérie ?
10:13Est-ce qu'il faut assumer d'aller loin ?
10:16Regardez, j'apprécie peu l'attitude de Trump
10:22mais quand je vois l'extrême droite française, le Rassemblement national et ses alliés qui idolâtrent aujourd'hui...
10:32On se défend. J'ai reçu M. Jean-Philippe Tanguy qui n'était pas dans l'idolâtrie par rapport à M. Trump.
10:36J'en ai entendu d'autres qui idolâtrent M. Trump.
10:41Vous lui reconnaissez au cas mérite, Donald Trump, sur le plan migratoire ?
10:44Quand on voit comment nous sommes menacés d'être pris en étau entre les Etats-Unis et Dieu sait si j'aime le peuple américain
10:55et qui va vite en revenir, et Poutine de l'autre côté, il est temps qu'il y ait un sursaut européen.
11:04Mais en tout cas, la méthode Trump, quelque part ça fonctionne.
11:09Ne peut-on pas avoir la même attitude à l'égard de l'Algérie ?
11:14Tout simplement, ça montre que lorsque la menace est là, qu'elle est forte, qu'elle est puissante et qu'on met des actes en œuvre, ça marche.
11:23Dans ce contexte tendu entre Paris et Algiers, les propos de Jean-Michel Apathy comparant la colonisation française en Algérie au nazisme
11:31et affirmant qu'il y a eu plusieurs horreurs d'ours sur Glane ont provoqué, vous le savez Christian Astouzine,
11:35une avalanche de réactions, de condamnations, dont d'ailleurs la petite-fille du dernier rescapé d'Oradour-sur-Glane,
11:41Larcombe, va ouvrir une instruction après ces propos. Vous-même, qu'en avez-vous pensé ?
11:47Je trouve que c'est un niveau d'indécence qui mérite à peine d'être commenté.
11:53Au fond, M. Apathy ferait un très bon tandem avec Rima Hassan.
11:57Même combat.
11:58Mais vous vous rendez compte, Oradour-sur-Glane, le symbole que c'est de cette période de la Shoah ?
12:07Je me demande comment ce journaliste pour lequel j'ai eu beaucoup de respect il y a quelques années de cela,
12:17et assez talentueux, a pu plonger dans cette indécence et exprimer même un sentiment anti-national.
12:27La comparaison est condamnable. Par ailleurs, il y a eu des horreurs, il y a eu des tortures.
12:31Mais il est de côté.
12:32Vous le dites, c'est l'histoire, clairement.
12:35Mais enfin, quand vous voyez que De Gaulle et Adenauer, 20 ans après 1945,
12:43ont été capables d'une grande réconciliation entre l'Allemagne et la France,
12:47et que nous, 60 à 70 ans plus tard, on n'est pas capables de faire la paix à cause des Algériens ?
12:53Pardonnez-moi, quand un président de la République a dit et a dénoncé des crimes contre l'humanité,
12:58est-ce que vous pensez que ça facilite justement de tourner la page ?
13:03Je parle d'Emmanuel Macron.
13:05Je pense que c'était une erreur de sa part, et que maintenant il faut arrêter avec cette espèce de repentance mémorielle.
13:17Les Français ne le supportent plus.
13:20Je crois que les Algériens...
13:22Vous savez, j'ai beaucoup aidé les Pieds-Noirs dans ma ville,
13:26à la réhabilitation de la sépulture de leurs parents en Algérie, à Oran, à Alger et à Constantine notamment.
13:38Et alors que pendant 40 ou 50 ans ils n'y étaient pas retournés,
13:44eh bien ils y sont retournés pour se recueillir devant ces sépultures.
13:48Et ils sont tombés dans les bras les uns des autres, dans les immeubles où ils habitaient,
13:52avec ceux avec lesquels ils avaient grandi et qui habitent toujours dans les mêmes appartements.
13:58Ça montre bien qu'il y aurait une réconciliation possible, mais pas tant qu'il y aura ce régime algérien.
14:03Dernière question, Christian Estrosé, tout autre sujet.
14:06Nous sommes à quelques heures de la fermeture d'une chaîne de télévision en France, la fermeture de C8,
14:12après, je le précise, la décision de non-renouvellement de la fréquence TNT.
14:16Beaucoup de responsables politiques se sont exprimés, souvent du même bord,
14:20ont dénoncé cette décision parlant de censure d'État et de décision politique.
14:24On a peu entendu, sauf Maude Bréjon, me semble-t-il, le bloc central.
14:29Vous l'incarnez, vous le représentez, donc que pensez-vous de cette fermeture ?
14:33Moi je dis très clairement les choses, toute sanction doit être proportionnée.
14:41Et la question qu'on peut se poser, c'est est-ce que l'organisation de l'ARCOM telle qu'elle est,
14:47sa représentativité, est à la hauteur d'un enjeu comme celui-là ?
14:52C8, c'est une grande chaîne de télévision, avec de très bonnes émissions.
14:56Bon, après qu'on juge de la dérive de une, deux, trois personnes,
15:03c'est le rôle de l'ARCOM naturellement, mais enfin remettre sur la touche 400 salariés.
15:09Et je suis pour, naturellement, le pluralisme des médias, et j'y suis très attaché.
15:17Eh bien je pense qu'on a peut-être franchi une limite qui devrait,
15:22après qu'on ait fait le CSA avec ses dysfonctionnements, l'ARCOM aujourd'hui, etc.,
15:28penser à avoir une institution qui, de manière un peu plus objective,
15:36puisse prendre des décisions.
15:38Donc la décision était subjective ?
15:39Je pense qu'on est allé trop loin. On est allé trop loin.
15:42On ne doit pas priver un outil médiatique tel que celui-là,
15:47qui sur 90% de ses émissions, dans le domaine culturel, dans le domaine économique,
15:55dans le domaine politique aussi, a joué un rôle qui n'est pas négligeable,
16:02et qui soit privé aujourd'hui de pouvoir s'exprimer librement.
16:06Voilà, j'ai beaucoup de réserve à l'égard de cette décision.
16:09On les a entendues. Merci Christian Estraudis.
16:11C'était votre grande interview. Je vous dis à bientôt.
16:13Merci à vous.