Avec Frédéric Zeitoun, parolier et chroniqueur musical français.
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##LES_CLEFS_D_UNE_VIE-2025-02-26##
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PersonnesTranscription
00:00Sud Radio, les clés d'une vie, Jacques Pessis.
00:03Sud Radio, les clés d'une vie, celle de mon invité.
00:06À l'inverse d'autres visages de l'audiovisuel qui ne supportent pas l'idée d'être éloigné de l'antenne,
00:11vous jubilez à l'idée d'être désormais un retraité de la télévision publique.
00:16Votre jubilation est à l'origine de la concrétisation de votre rêve de toujours,
00:20vivre pleinement votre passion de la chanson sur le papier et dans les studios.
00:25Bonjour Frédéric Zekun.
00:26Bonjour Jacques, comment allez-vous ?
00:28Très bien, c'est la quatrième fois que vous venez dans les clés d'une vie et vous avez toujours des choses à dire.
00:32Et la quatrième fois, on va avoir du mal à se vouvoyer pendant une heure.
00:36Ah mais c'est obligatoire à la radio, sinon c'est un principe de radio.
00:40On exclut l'auditeur.
00:42Alors, double actualité, un album « Les souvenirs de demain » qu'on évoquera tout à l'heure
00:47et un livre « Le dictionnaire jubilatoire de la chanson d'amour » chez Harper Collins qu'on évoquera aussi.
00:52Mais le principe des clés d'une vie, vous le savez mieux que personne,
00:55c'est d'évoquer votre parcours à travers des dates clés.
00:57Et la première que j'ai trouvée, je ne sais pas si vous vous en souvenez,
01:00vous avez reçu une émouvante ovation le 8 décembre 2022 dans les locaux d'Écoute Mémoire et Histoire.
01:08Ce soir-là, vous y êtes pour évoquer avec les survivants de la Shoah et leurs familles votre parcours.
01:15Et il y a une ovation lorsque vous entrez dans la salle.
01:19Le 8 décembre 2022.
01:22Le 8 décembre 2022.
01:23Et c'est Mémoire et Histoire, c'est une association qui défend les survivants de la Shoah et leurs familles.
01:29Et vous étiez là ce soir-là.
01:31J'étais là pour chanter, je pense.
01:33Alors oui, effectivement, c'est un souvenir.
01:36Le 8 décembre, on avait fait le Casino de Paris le 5 décembre.
01:39Et trois jours après, effectivement, il y avait ce rendez-vous avec quelques survivants dans une toute petite salle.
01:46Et c'était excessivement émouvant.
01:49Il y avait des gens qui avaient plus de 80 printemps, plus de 90 printemps,
01:53qui étaient là à me poser plein de questions sur la chanson, sur mon parcours.
01:59Et effectivement, ça reste un souvenir extrêmement, extrêmement prégnant.
02:04Et effectivement, c'est une association qui aide les survivants de la Shoah à survivre, justement.
02:08Et vous avez évoqué ce soir-là votre pratique du judaïsme en disant que ce sont des angolans à la table en permanence.
02:13C'était à peu près ça.
02:15Entre deux boulettes.
02:17Effectivement, c'était ça.
02:19Car en Israël, vous avez de la famille et vous avez peut-être allé chanter à Tel Aviv,
02:23parce que c'était le seul moyen que votre famille vous voit.
02:26Effectivement, et puis c'était surtout...
02:28Cette année, nous avons fait un concert à Tel Aviv, au mois d'août dernier,
02:32au profit des gens qui étaient déplacés.
02:35Tous ces gens qui, dans le nord d'Israël, ne peuvent plus habiter chez eux,
02:39de peur de se prendre des bombes sur la figure.
02:41Et donc, c'était très, très émouvant de chanter devant ces gens-là.
02:44C'est-à-dire que, effectivement, vous allez chanter dans un pays en guerre.
02:47Effectivement, quand vous parlez de faire un concert, on vous regarde un petit peu bizarrement.
02:51Et puis, le soir du concert, la salle était pleine.
02:54Et il y avait une émotion ce soir-là que je ne suis pas prêt à oublier.
02:57C'est vrai que ça fait... Là, vous évoquez, en 2022, le 8 décembre 2022,
03:01une sacrée dose d'émotion, et en Israël aussi.
03:05Voilà. Et ce sont des choses très importantes pour vous.
03:07C'est Charles Aznavour, Kenji Girac, Fuguin ont chanté en Israël.
03:11Laurent Gérard a chanté là-bas aussi.
03:12Bien sûr. Et il y a même, à Jérusalem, un rabbin qui était Guy Mardel, chanteur à Paris.
03:18Bien sûr ! Mordechaï El Koubi !
03:21Exactement.
03:22Plus connu sous le nom de Guy Mardel. N'avoue jamais !
03:26N'avoue jamais. Ensuite, producteur de télévision.
03:28Effectivement, effectivement.
03:29La reconversion est très étonnante.
03:31Elle s'est faite dans une yeshiva qui est une école rabbinique.
03:35Alors, il se trouve aussi, j'en reviens à cette soirée,
03:37vous avez évoqué votre livre Fauteuil d'artistes,
03:40vous avez transmis ce jour-là votre force de vivre à celles et ceux qui en avaient besoin, Frédéric Zeytoun.
03:44Écoutez, merci de le dire. Je ne sais pas trop quoi dire à ça.
03:50On fait tous ce qu'on peut avec ce qu'on a.
03:54Moi, je suis né avec un fauteuil en plus, donc c'est bien.
03:58Parce qu'au moins, quand il y a des longues files d'attente, je ne me fatigue pas, je suis déjà assis.
04:02Mais pour le reste, je fais de mon mieux.
04:05J'essaie de faire de mon mieux.
04:06Si ça transmet quelque chose aux gens, tant mieux.
04:08Et vous avez dit ce soir-là que vous auriez pu ne pas être là si votre père avait écouté les médecins.
04:15Si mon père avait été un bon petit soldat.
04:18En plus, honnêtement, il avait toutes les bonnes raisons de les entendre.
04:22La France, il ne connaissait pas, il était venu en voyage de noces avec ma maman en 1950
04:27voir Maurice Chevalier à la Lambra, Alex à Lambra, Lambra l'originel.
04:34Et donc, il avait toutes les bonnes raisons de se laisser bercer par les paroles des médecins
04:40qui lui disaient, laissez, il ne survivra pas.
04:43Donc lui, il n'a pas du tout voulu se faire à cette idée-là.
04:46Effectivement, il fallait qu'on m'opère dans les plus brefs délais.
04:50Et à l'âge de 8 jours, j'ai pris l'avion avec lui, il m'a amené à Paris.
04:54Ce n'est pas Paris qui m'a pris dans les bras, c'est l'hôpital Boussico à Paris.
04:59C'est l'hôpital Bretonneau.
05:02C'est aujourd'hui l'hôpital Robert-Debré.
05:04Effectivement, et j'ai été opéré à l'âge de 10 jours.
05:08Et je suis devant vous aujourd'hui et j'en suis ravi.
05:11Je crois que vous avez hérité, Frédéric Zettoun, de l'optimisme et de l'énergie de votre père.
05:16De l'optimisme, de l'énergie et de la force de travail.
05:19De mon père et de ma mère.
05:21Ce sont des gens qui ne sont plus là aujourd'hui.
05:24Ça me fait très très plaisir que vous en parliez parce que les gens ne meurent que quand on n'en parle plus.
05:30C'était des gens qui voyaient toujours le verre à moitié plein.
05:34Ils nous interdisaient...
05:36Bon allez, demain est un autre jour.
05:38Vous savez ces phrases toutes faites, qu'on entend tout le temps, mais ils se les appliquaient.
05:41Je crois que leur vraie religion, c'était ça.
05:43C'était pratiquer un optimisme pratiquant.
05:47Et votre religion aussi, c'est de soutenir tout ce que vous pouvez faire face au handicap.
05:52Ça fait partie de vos combats, Frédéric Zettoun.
05:54Ça fait partie de mes vrais combats aujourd'hui.
05:57C'est vrai qu'on célèbre les 20 ans de la loi de 2005.
06:02La loi que Jacques Chirac avait fait voter.
06:05Pourquoi Jacques Chirac ? C'est le seul président de la République qui a ce jour fait bouger les choses.
06:08Parce qu'il était touché en son sein et en sa chair.
06:11Et sa fille Laurence était en fauteuil roulant.
06:13Cette loi dite de l'accessibilité universelle qui devrait s'appliquer.
06:18Ça fait 20 ans, on est en 2025.
06:20Rien n'a bougé.
06:22Je le dis haut et fort, rien n'a bougé.
06:24Là, on nous balance le remboursement des fauteuils roulants.
06:27Pour décembre, selon certaines conditions.
06:30On vous rembourse les roues, quoi.
06:32Les rayons, peut-être.
06:34Et ça, c'est d'ici le mois de décembre.
06:36Je le dis haut et fort, je sais très bien qu'il y a des tas de gens qui vont grincer les dents en entendant ça.
06:40On a eu les paralympiques, on a l'impression que le grand soir était arrivé,
06:43que Wiltshire was beautiful et on allait tous être frères et rayons en rayons.
06:50Excusez-moi, je suis vraiment très en colère.
06:53Paris est une ville qui est profondément inaccessible.
06:55On a 50 ans de retard en France.
06:57On a un demi-siècle de retard.
06:59J'étais, il n'y a pas très longtemps, à New York.
07:01On me dit, oui, mais New York, le métro de New York n'est pas complètement...
07:03À New York, vous pouvez prendre le métro.
07:05Ici, je n'ai jamais vu la couleur du métro.
07:07Ça fait... J'ai 63 ans.
07:09Quand j'étais en fac, en 1980, on m'avait dit, dans 20 ans, tu verras, il y aura le métro.
07:13J'en ai 63, j'aurais attendu ma vie entière, ce putain de métro.
07:16Donc là, maintenant, ça commence à suffire.
07:18Oui, puis vous êtes une locomotive, ça comprend sa peine.
07:21Alors, il se trouve aussi que Gilbert Montaigny a les mêmes problèmes que vous.
07:23Il s'est battu depuis des années.
07:25Tout ce qu'il a obtenu, c'est une reconnaissance vocale dans les distributeurs d'argent.
07:29Et au feu rouge, on signale que le feu est rouge-vert vocalement.
07:33Sur certains feux tricolores, oui, tout à fait.
07:37Non, mais toutes les avancées, il faut les prendre, là.
07:39Mais attends, je ne veux pas non plus bouder notre plaisir.
07:43Tout ce qui peut avancer, avance.
07:45Mais honnêtement, très très honnêtement, Jacques,
07:47quand vous voyez, tous les 5 ans, un président de la République arriver avec la main sur le cœur,
07:50vous dire, ce sera, là, ce sera mon combat.
07:53C'est vraiment ce que je vais mettre en avant.
07:55Et vous voyez que rien ne bouge.
07:57Pour que ça bouge, il faut que la cité,
07:59il faut que la ville soit accessible à tout le monde.
08:01Pour que ce ne soit plus un sujet,
08:03à New York, un mec en fauteuil roulant dans le métro, c'est pas un sujet.
08:06Quand vous rentrez dans un restaurant à New York,
08:08à New York ou au Québec,
08:10et que vous dites, est-ce que les toilettes sont accessibles ?
08:12On vous répond, what a shit question.
08:14Quelle question de merde.
08:16Si c'était pas accessible, on ne serait pas ouverts.
08:19Ici, c'est quand c'est accessible que vous chantez l'alléluia.
08:23Jean Bégueil de colère.
08:25Non mais vraiment, c'est un vrai combat.
08:28Et ça, je n'ai pas fini de le porter.
08:30Alors, des combats, vous en avez mené d'autres.
08:32Vous avez grandi à Aulnay-sous-Bois,
08:34où d'ailleurs François Zardy allait chez sa grand-mère.
08:36Je ne sais pas si vous le savez.
08:37Mais écoutez, je ne l'ai jamais croisé.
08:38Ni sa grand-mère, ni elle.
08:40Et puis ensuite, il y a eu le lycée de Villepeinte,
08:42où vous avez été pion.
08:43Et on voit des témoignages sur internet qui disent,
08:45mais on a eu comme pion.
08:46Effectivement, je les embêtais déjà avec mes chansons à l'époque.
08:49Il y avait la fête du lycée, vous chantiez.
08:52La fête du lycée, à partir de la classe de 3e,
08:55j'étais l'invité surprise permanent des fêtes de fin d'année.
09:02Ils ont eu la gentillesse de m'encourager.
09:05Je ne sais pas s'ils ont bien fait.
09:06Il faut croire que oui.
09:07Et j'ai retrouvé, il n'y a pas très longtemps, à Montauban,
09:10des élèves que j'avais eus comme surveillants.
09:14Et là, vous vous prenez un petit coup de vieux.
09:16Une espèce de petit lifting inversé.
09:19D'un coup, d'un seul.
09:20Vous voyez des gens qui vous disent,
09:22mais nous, on était...
09:23Là, maintenant, on a 50 ans, on a 3 enfants.
09:25Et vous avez comme pion.
09:27Bon ben voilà, c'est la vie qui passe.
09:28Oui, mais il parait que vous étiez un pion sympa.
09:30Ouais, surtout, je ne me prenais pas au sérieux.
09:33Je ne me prenais vraiment pas au sérieux.
09:34Je venais de quitter le lycée.
09:37Je revenais avec un statut différent,
09:40puisque j'étais maintenant surveillant.
09:41Franchement, je crois que j'étais plutôt cool.
09:43Et votre premier métier, on peut l'évoquer à travers une chanson.
09:46J'aime la pub, la publicité.
09:49J'aime ces tubes qui viennent Mexico.
09:52Ça entraînait, j'aime la pub.
09:53Oui.
09:54Car vous avez débuté dans la pub...
09:56Effectivement, Europe 1.
09:57Une radio concurrente, et néanmoins,
10:00comme on dit, une grande radio périphérique.
10:02J'étais rentré, en fait, j'avais une formation de juriste.
10:05J'étais rentré pour faire mon stage de fin d'année,
10:08de fin d'études au service publicitaire
10:12de cette grande radio, au service juridique.
10:15Au bout de deux jours, je suis allé voir mon responsable de stage
10:18en disant, ce n'est pas pour moi, vous pouvez me signer le papier.
10:21Il venait d'y avoir un accident.
10:24Un créatif de pub venait d'avoir un accident de mobilette
10:29et était immobilisé.
10:30Ils avaient une grosse campagne à faire
10:32pour une grande enseigne parisienne.
10:34Le monsieur m'a dit, vous écrivez des chansons,
10:37vous seriez éventuellement écriveur de jingle de pub.
10:40C'est comme ça que j'ai commencé et j'ai fait 15 ans là-bas.
10:43Le premier jingle, le premier pub, c'est en 1859.
10:46Un certain Thomas Bicham qui a fondé une société
10:49pour les pilules Bicham.
10:51Il disait, Bicham, un Guinée la boîte.
10:53Une Guinée la boîte.
10:54C'est devenu le premier slogan publicitaire de l'histoire.
10:57C'est créativement poussé.
10:59C'était le point de départ, mais après, il y a eu d'autres choses.
11:03On va évoquer une autre date récente, le 28 septembre 2024.
11:07A tout de suite sur Sud Radio avec Frédéric Zetoun.
11:09Sud Radio, les clés d'une vie, Jacques Pessis.
11:12Sud Radio, les clés d'une vie, mon invité Frédéric Zetoun.
11:15Une double actualité, les souvenirs de demain, un album
11:18et un dictionnaire jubilatoire de la chanson d'amour
11:21chez Harper & Collins.
11:22On en parle tout à l'heure.
11:23On en revient à votre parcours.
11:25Et le 28 septembre 2024, une date que vous n'avez pas oubliée.
11:33Votre dernière chronique en télématin.
11:3526 ans.
11:3626 ans, un moment d'émotion mais pas de tristesse.
11:39Un moment d'émotion, effectivement.
11:41C'est une page qui se tourne.
11:43Certainement pas de tristesse parce que je suis parti de mon plein gré
11:46dans des conditions absolument délicieuses
11:49avec les gens que je rencontrais tous les matins depuis 26 ans.
11:54Je pense que le moment était venu de ne faire que ce que j'avais envie de faire,
11:57c'est-à-dire écrire et chanter.
11:59Parce que la télévision, vous avez fait un peu le tour.
12:01J'avais fait le tour.
12:04Je me suis beaucoup amusé durant ces 26 ans.
12:07Je n'ai jamais eu l'impression de travailler.
12:09Et je n'avais pas du tout envie que cette impression vienne me chatouiller.
12:13J'ai préféré partir avant de faire de la nettro.
12:16Vous savez, cette espèce de combat trop qu'on peut faire
12:19si on n'est pas un petit peu vigilant.
12:21J'ai été très heureux de partager ces moments-là.
12:24J'ai rencontré des tas de gens sympas.
12:26Je les revois encore.
12:28Ce n'est pas du tout du passé.
12:30Ce qui est nouveau pour moi, c'est que maintenant, je ne suis pas chroniqueur et chanteur.
12:34Je suis chanteur.
12:36La télévision Frédéric Zetouns a commencé le 7 septembre 1998 avec cette chanson.
12:50La chronique s'intitule Souvenir.
12:52Souvenir, c'est avec Sophie Davant.
12:54C'est William Lémergie qui m'a repéré.
12:56J'ai fait deux mois d'été avant dans l'émission T'as les matins.
12:59William m'a repéré chez quelqu'un que vous connaissez et que nous aimons en commun,
13:04qui est Jacques Martin.
13:05Il m'avait vu durant quatre ans chez Jacques Martin dans l'émission Assis fonfonfon.
13:09Il y avait Vincent Fergnaud qui faisait partie des deux émissions,
13:12de T'as les matins et de l'émission Assis fonfonfon.
13:14Et qui est chez nous le dimanche matin sur la radio.
13:17Et qui m'attend chez vous ici sur cette antenne.
13:19Et c'est Vincent qui avait donné mes coordonnées à William Lémergie.
13:23Il m'a appelé en me disant bonjour, je suis William Lémergie,
13:27j'ai besoin d'un bouche-trou pour l'été.
13:29J'ai répondu bouche-trou, j'en rêvais.
13:31Et ça a duré 26 ans le bouche-trou.
13:34Et le bouche-trou c'était au départ parce qu'il avait lu un livre sur la chanson française.
13:37Effectivement, un livre qui s'appelait, qui s'appelle toujours
13:40Toutes les chansons ont une histoire.
13:41Et c'est vrai que le premier rendez-vous,
13:44William est quelqu'un qui a un humour absolument décapant.
13:48Et il m'a dit vous êtes sûr, ça va pas vous foutre vos vacances en l'air ?
13:51Non, non, mais moi tout va bien quoi.
13:53Jacques Martin s'arrêtant, on me proposait de venir me lever tout le matin.
13:56Je n'avais jamais vu Télématins de ma vie.
13:59Le jour où j'ai su que j'avais rendez-vous,
14:01je me suis réveillé 2-3 fois le matin très tôt pour prendre des notes,
14:05pour être un petit peu au courant de ce qui m'attendait.
14:08Et j'ai rencontré quelqu'un de très très drôle, de très très fin.
14:12J'ai fait ces deux mois de remplacement d'été à l'été 98.
14:17Et au mois de septembre il m'a dit tu sais je suis producteur d'une nouvelle émission
14:20présentée par Sophie Davant, ce serait bien que tu viennes.
14:23Et Télématins a commencé le 10 janvier 1985, après une grève.
14:28Et surtout il cherchait un présentateur et William a été convoqué 2-3 fois
14:32en disant ça sera peut-être toi, ça sera peut-être pas toi.
14:34Mais il avait tous les avantages parce qu'il s'occupait du Club Dorothée,
14:38le marabout de ficelle.
14:40Il y a une chose inédite dans les archives de l'INA,
14:42c'est la première émission de Télématins, une maquette,
14:44présentée par Muriel S, réalisée 4 jours avant pour voir si la télé...
14:48Muriel S ?
14:49Oui.
14:50Qui travaillait avant avec Jean-Claude Bluret.
14:52Et c'est insuffisant parce que c'est une maquette faite avec des techniciens
14:56qui remplacent l'animateur.
14:57Il y a une météo où il n'y a absolument rien.
14:59Et vous l'avez vue ça ?
15:00Bien sûr, ça existe dans les archives.
15:01Et ce qui est extraordinaire c'est que le journaliste qui fait la météo,
15:04qui est un technicien, a oublié de mettre son micro.
15:06C'est drôle, c'est drôle.
15:08Et ça a permis de régler les caméras mais je pense que ça restera un collecteur inédit.
15:12J'imagine.
15:13Alors cette chanson Mélissa, vous racontez ce jour-là l'origine de la chanson.
15:16Effectivement, une chanson écrite par David McNeill sur une musique de Julien Clerc
15:20qui au départ parlait de Matisse.
15:23En fait c'était une invitation à imiter Matisse.
15:25Et Julien Clerc dit à David McNeill, David McNeill qui est le fils de Marc Chagall,
15:29pour ceux qui ne le savent pas.
15:31Et donc pour lui, parler de Matisse ça fait partie de son univers quotidien.
15:35Et Julien Clerc lui dit mais Matisse, là c'est une chanson très très populaire.
15:38Imiter Matisse, ma métisse est nue.
15:40J'y crois pas beaucoup au refrain.
15:42Et donc ils prennent ce pari-là qui est de descendre dans la rue
15:45et de demander à quelques personnes.
15:47Et Julien dit à David McNeill, écoute, vraiment si les gens dans la rue répondent qu'ils connaissent,
15:53moi je m'incline et je chante le texte tel qu'il est là.
15:56Et donc ils descendent et la première personne qu'ils rencontrent
15:58est une dame qui revient avec ses couffins à provision.
16:01Ils lui disent bonjour madame.
16:02Elle voit arriver Julien Clerc et David McNeill devant elle.
16:05Bonjour madame, est-ce que vous connaissez Matisse ?
16:06Elle répond, vous savez ça fait pas longtemps que j'habite dans le quartier
16:08donc je connais pas tous les voisins.
16:10Et à partir de là, David McNeill a réécrit son texte.
16:14Et c'est un jour, c'était Gérard Fabio à RTL qui faisait un sondage d'opinion.
16:18Qui est Serge Régiani ?
16:20Et la personne a répondu, une nouvelle marque de pattes.
16:22C'est pas mal.
16:24Il se trouve que Sophie Davant avait également été repérée par la météo par William Lémerdie.
16:29Tout à fait, tout à fait.
16:30Et vous n'imaginiez pas que ça durerait aussi longtemps.
16:32J'ai jamais de la vie.
16:33Je me rappelle comme si c'était hier, ce lundi matin.
16:38C'était la première, il y avait un générique qui a été changé ensuite.
16:42Qui ressemblait étrangement à la musique de Friends.
16:46On était tous dans nos petits souliers.
16:48C'est très émouvant le début d'une nouvelle émission.
16:51Personne ne pensait que près de 30 ans après, on serait toujours là.
16:55Et alors ensuite, vous êtes devenu un cumulard.
16:57Car vous avez fait cette émission et Télématin.
16:59Effectivement.
17:00En fait au départ, j'étais toute l'année sur cet haut programme.
17:03Et les vacances scolaires et les grandes vacances sur Télématin.
17:06Et puis très très vite, quelques années après, j'ai eu une chronique aussi dans Télématin régulière.
17:12Une chronique dans cet haut programme.
17:14Parce qu'il sait que les semaines étaient bien chargées.
17:16Mais c'est très dur de se lever le matin comme ça très tôt.
17:18Oui, mais quand vous êtes mu par une passion.
17:21Très honnêtement, bien sûr.
17:22Mais bien sûr que c'est du travail.
17:24Bien évidemment qu'il y a beaucoup de travail.
17:27Qu'il y a beaucoup d'investissement de la vie dans un emploi du temps pareil.
17:33Mais quand vous êtes heureux de faire ce que vous faites.
17:35Quand c'est votre passion.
17:36Quand vous rencontrez des gens que vous aimez.
17:38Quand vous parlez de gens que vous aimez.
17:39Honnêtement, cette fatigue-là, on ne la sent plus.
17:41Vous vous souvenez de votre première chronique dans Télématin ?
17:43C'était le 18 février 2012.
17:45C'était sur cette chanson.
17:47Hélène, je m'appelle Hélène.
17:502012 ?
17:51Oui.
17:52À Télématin ?
17:53Oui, mais là, la chronique régulière à Télématin.
17:56La chronique régulière, d'accord.
17:57En 2012, je m'appelle Hélène.
18:00Je crois que j'avais été tourné Hélène qui devait passer au Zénith de Paris.
18:04Voilà.
18:05C'était un phénomène.
18:06On pouvait à peine l'approcher.
18:08Elle était couverte de fleurs.
18:10Je me souviens d'un concert où la dernière chanson durait à peu près trois quarts d'heure.
18:16La dernière chanson durait presque autant que tout le concert.
18:20Et cette dernière chanson, c'était celle que l'on vient d'entendre.
18:23Hélène, je m'appelle Hélène.
18:24Et un jour, moi je suis en Chine pour un spectacle et je dis que je connais Hélène.
18:27Ce qui est le cas.
18:28Mais je suis passé pour un dieu vivant.
18:29Car en Chine, c'est une star incroyable.
18:31Et c'est pour ça qu'il y a votre statut partout.
18:35Alors, dans cette chronique, vous faites une pique à William Léverger.
18:39Parce que vous évoquez Hélène et Dorothée.
18:42Il fait mine de ne pas comprendre.
18:44Alors qu'il comprend très bien.
18:45Car il a chanté William Léverger.
18:46Bien évidemment.
18:47Il a chanté Pacman.
18:48Pacman, son tube.
18:50C'est le tube de William.
18:51Je sais qu'il n'en peut plus quand on lui parle de ça.
18:54Mais vraiment, Pacman, il le chantait.
18:57Alors, Pacman, je crois que c'était une chanson de Michel Jourdan.
18:59Si je ne me trompe pas.
19:02Michel Jourdan, un éminent parolier.
19:04Et donc, il a écrit pour les plus grands.
19:06Notamment Maï Brandt, Frédéric François, entre autres.
19:08Et effectivement, Pacman, c'est le tube de William.
19:10Et Pacman a été un des premiers jeux vidéo que les moins de 20 ans et plus ne peuvent pas connaître.
19:16En fait, c'est né parce qu'un certain Iwatani mangeait une pizza.
19:19Et il a eu l'idée d'un personnage qui mangerait des boules.
19:22Qui seront nommés des Pacgum.
19:24Il a créé Pacman.
19:25Il a placé son personnage dans un labyrinthe.
19:27Il a ajouté des fantômes.
19:28Et ça a donné ce jeu.
19:29C'est génial.
19:31Vous avez fait toutes sortes d'interviews dans Télématin.
19:34Mais je pense que la plus extraordinaire, c'est James Brown.
19:39Vous voulez que je vous raconte vraiment ?
19:41Celle-là, elle est absolument...
19:43Allez, j'ai honte.
19:44Mais je la raconte parce que c'est vrai.
19:47À l'époque, j'allais souvent déjeuner dans un restaurant où les toilettes étaient accessibles.
19:52Et le restaurant d'un grand hôtel à la porte Maillot.
19:54Et un jour, je vois une dame arriver.
19:57Avec une espèce de gouaille comme ça.
19:59Et qui me dit...
20:00Éliane.
20:01Qui me dit...
20:02Vous savez, moi, je vous regarde le matin dans Télématin.
20:05James Brown, il va venir.
20:06Et si vous voulez, moi, je vous ai une interview avec lui.
20:09Et je la regarde.
20:10Oui, James Brown, bien sûr.
20:12J'en parle à William.
20:13Qui me dit, écoute, soit c'est n'importe quoi et on aura sorti une équipe pour rien.
20:17Soit c'est vrai.
20:18Il y a un vieil adage qui dit qu'il faut suivre le monteur jusqu'à sa porte.
20:22Je ne pensais pas du tout que cette dame était...
20:24Mais bon, franchement, je ne m'imaginais pas du tout que c'était sérieux.
20:27Effectivement, la dame qui était responsable des relations publiques de cet hôtel
20:32avait quelques liens privilégiés avec James Brown qui est arrivé.
20:37Donc, on a eu rendez-vous avec son manager avant.
20:41Je crois que son manager, il l'avait rencontré en prison.
20:43C'est-à-dire que quand le mec vous disait 3 minutes,
20:46vous aviez vraiment intérêt à respecter les 3 minutes.
20:49Parce que sinon, il vous broyait l'homoplate.
20:51C'est-à-dire qu'il mettait la main sur votre épaule.
20:53Vous disiez, je vais sortir de là avec un bras au moins.
20:57Et donc, James Brown est arrivé et il était fait comme une mule.
21:01C'est-à-dire qu'il était charmé comme une mule.
21:03Je n'ai jamais compris ce qu'il a raconté lors de cette interview.
21:07Il nous a parlé de Jésus.
21:08Et donc, moi, le vendredi matin, je tournais ça le mercredi.
21:12J'avais le jeudi pour monter.
21:13Le vendredi, tout le monde m'attendait avec le scoop.
21:15James Brown, Fred, c'est génial, tu nous ramènes une interview.
21:18Donc, je devais passer deux fois le vendredi matin.
21:21Je savais que vous aviez vraiment un sujet lourd.
21:23Et là, je ne sais pas quoi dire.
21:24Je ne comprends pas un traître mot à ce qu'il raconte.
21:27Jésus, Jésus.
21:28Et ça revenait en boucle.
21:30Le mec était dans une espèce de prêche complètement taré.
21:33Et donc, voilà, on rentre.
21:35On envoie ça à un ami qui est professeur de français aux Etats-Unis.
21:39Et il me rappelle, mort de rire, en me disant,
21:41mais ton mec, il est chargé comme une mule.
21:43Mon mec, c'est James Brown.
21:44C'est intraduible.
21:46Il t'a parlé de Jésus pendant 10 minutes.
21:48Et à la fin, il se retournait donc vers Eliane.
21:50Et il lui roulait une pelle.
21:52C'est-à-dire qu'à ma dernière question, je lui disais,
21:54« What is your relationship with French audience ? »
21:57Il l'apprend. Il l'a fait rentrer dans le cadre.
21:59Et il lui roule une pelle.
22:00Voilà.
22:01Et allez vous amuser à monter un sujet.
22:03Donc là, je dis, William, si tu m'écoutes,
22:06on a fait du voice-over.
22:07C'est-à-dire que j'ai baissé la voix de James Brown.
22:09Et j'ai littéralement inventé ce qu'il racontait.
22:13Je prenais un mot de temps en temps et je reconstruisais la phrase.
22:15Donc, c'est passé.
22:16C'est passé deux fois.
22:17Donc, ça, c'était au mois de mai ou au mois de juin.
22:20James Brown est mort, je crois, le 26 décembre.
22:22Cette interview a été reprise partout.
22:24Mais partout.
22:25Y compris l'appel à la fin.
22:27Et donc, on a raconté exactement.
22:30J'ai inventé trois minutes d'interview avec Eric Jamon.
22:33J'en suis pas fier, mais j'assume.
22:35Vous assumez.
22:36Comme vous assumez ce qu'on va évoquer dans quelques instants
22:38à travers la date du 5 février 2025.
22:40A tout de suite sur Sud Radio avec Frédéric Zetounet.
22:47Sur Sud Radio, les clés d'une vie, mon invité Frédéric Zetounet.
22:49Donc, une double actualité qu'on évoque aujourd'hui.
22:51On va commencer par la première.
22:535 février 2025.
22:55Un album qui s'appelle « Les souvenirs de demain ».
22:58Un album résolument personnel.
23:00La preuve.
23:01J'aurais bien fait Mimi Mathieu.
23:05Mais je suis trop grand, même assis.
23:09J'aurais bien tenté Serge Lama.
23:14Mais moi, au moins, je ne boîte pas.
23:18Le Tribute à moi-même.
23:20Qu'est-ce que c'est que cette chanson ?
23:22Tribute à moi-même.
23:23Un soir, je dîne avec quelqu'un que vous connaissez bien, Jacques, aussi.
23:27Gérard Davoust, qui est mon producteur, éditeur.
23:29Et on parle de cette mode, de cette déferlante de tributes.
23:33Et je lui dis qu'il y a une guerre des faux Jacques Brel.
23:36Il y a six troupes abamaniens en France.
23:39Il y a les Austriens de Pink Floyd.
23:41Aujourd'hui, si tu veux être sûr de remplir un zénith, tu produis un tribute.
23:44Et on est en train de rigoler en parlant de ça.
23:47Et je lui dis que peut-être que je ne serais plus rentable si je faisais quelqu'un.
23:52On commence à évoquer des noms, mais en rigolant.
23:55C'est une soirée bien arrosée, bien amusante.
24:00Et en rentrant, j'ai écrit ce texte.
24:02C'est Gérard Capaldi qui a fait la musique.
24:04Et comme on n'est jamais aussi bien servi que par soi-même,
24:06j'ai pensé à tous les gens que j'aurais bien aimé faire.
24:09Et j'ai toujours trouvé ce pourquoi je ne pouvais pas m'identifier à eux.
24:13Le premier qui a hurlé de rire à cette chanson, c'est Serge Lama.
24:17Parce qu'on lui a envoyé quand même.
24:19J'aurais bien fait Serge Lama, mais moi au moins je ne boîte pas.
24:23C'est sûr que si je chantais ça sur mes deux jambes, ce ne serait pas drôle du tout.
24:26Mais étant en fauteuil roulant et me déplaçant en fauteuil,
24:29la vraie personne que je brocarde le plus dans cette chanson, c'est moi.
24:33Et puis, au-delà de la blague, c'est une chanson pour dire la difficulté d'être qui on est.
24:38C'est-à-dire qu'aujourd'hui, être un artiste à part entière en étant soi-même,
24:44et puis même dans la vie, être soi-même, ce n'est pas toujours si évident que ça.
24:48Il se trouve qu'il y a un clip qui existe de cette chanson en plus.
24:52Un clip que nous avons tourné dans la rue, où les gens, on leur dit,
24:55depuis que j'ai quitté la télé, il faut bien que je gagne ma vie.
24:58On était avec Bruno Bongarçon, guitare-voix, avec l'étude guitare ouverte.
25:03Il y a des gens qui nous ont donné de l'argent, on leur a rendu je vous assure.
25:06Il y a des gens qui ont vraiment cru qu'on était en train de faire la manche.
25:08Donc, ça commence dans la rue et ça finit au Casino de Paris, puisqu'on y sera le 22 juin prochain.
25:12Les Souvenirs de Demain, c'est un album que vous avez voulu faire,
25:15qui est votre album le plus personnel, je crois.
25:18Écoutez, si c'est le cas, tant mieux.
25:20C'est un album qui s'est fait dans l'urgence.
25:23Tout a été écrit.
25:26Les méchantes langues diront que ça s'entend.
25:29On l'a fait dans l'urgence.
25:32Je me réveillais la nuit pour écrire.
25:34Vraiment, j'avais besoin de dire certaines choses.
25:37Il y a une chanson qui me tient terriblement à cœur, qui s'appelle Gilles Song,
25:40qui a été aidé à un ami qui a été foudroyé par la maladie.
25:43Un ami, Gilles Tailleb, qui incarnait la vie pour moi et qui a été foudroyé.
25:47Cette chanson est venue comme ça.
25:49Il y a une chanson sur la barbarie.
25:51Toutes les chansons ne sont pas drôles.
25:53Une chanson qui s'appelle Le Musée des Horreurs,
25:55qui est née suite à certains actes que l'on a pu voir
25:59et qu'on continue à voir malheureusement sur la barbarie.
26:03J'avais l'impression qu'il y avait certains propos,
26:06certaines images, certains adjectifs qu'on n'entendrait plus.
26:09On les entend encore, donc voilà.
26:11Et chanter, c'est votre rêve de toujours, je crois ?
26:13En fait, j'étais très heureux à écrire pour les autres
26:15et je suis toujours extrêmement heureux à écrire pour les autres.
26:18J'ai commencé, Gérard Davoust m'a produit quand j'avais 21 ans,
26:23un tout premier 45 tours.
26:25Et ce 45 tours, je crois qu'on l'a.
26:26Vous l'avez ?
26:27Je me réveille, goût amer, envie de rien, de rien ces matins.
26:31Ah oui.
26:32Ça, ça calme.
26:33Mon cœur est lourd à faire pleurer le chagrin, chagrin ces matins.
26:37Ces matins.
26:381983.
26:39Premier 45 tours.
26:40Qui a fait un succès d'estime.
26:42C'est-à-dire qu'on vous en vendait un à votre père et un à votre mère.
26:44On appelle ça un succès d'estime.
26:45Oui, et d'ailleurs je crois que les gens demandaient le nouveau disque de Laurent Woulzy dans les boutiques
26:48parce que vous ressembliez à Laurent Woulzy à l'époque.
26:50Il y avait un peu ça et il y avait aussi un garçon que j'aime beaucoup
26:54qui a fait aussi une carrière plus en tant qu'auteur qu'interprète qui est Romain Didier.
27:00Il se trouve qu'on avait exactement le même timbre de voix.
27:02Et Romain me disait quand on se croisait sur des podiums FM ou sur des plateaux de télé,
27:07on a l'impression en fait une radio avait accroché sur ce titre.
27:12Donc je passais beaucoup sur cette radio-là.
27:14Et il me disait j'en ai marre que tous mes copains m'appellent en me disant
27:17ça y est tu passes comme un fou sur une radio concurrente et néanmoins amie.
27:22C'est vrai que c'est le point de départ et ensuite ça a continué la chanson comme auteur mais aussi comme interprète.
27:27Vous êtes pris au jeu.
27:29Comme interprète, je l'ai toujours fait en pointillé.
27:32Je le fais vraiment avec cœur et avec sérieux depuis maintenant une petite dizaine d'années.
27:37J'ai longtemps écrit pour les autres.
27:39Ce n'était pas un pis-aller, ce n'était pas une solution, ce n'était pas une consolation pour moi.
27:43J'étais très heureux à tenter de mettre des mots qui leur allaient bien à des gens pour qui j'avais envie d'écrire.
27:50Quand vous écrivez pour des gens comme Enrico Macias, quand vous avez la chance d'écrire pour Laurent Gérard,
27:55quand vous avez la chance d'écrire pour Hugo Fré.
27:58Ça a vraiment 81 chansons à ce jour avec Frédéric François.
28:02C'est des histoires d'amitié qui s'écrivent comme ça dans le temps.
28:06Et puis c'est vrai qu'à un moment, il y avait des chansons que je ne voyais pas à qui je pouvais les envoyer.
28:14Je suis édité par les éditions Raoul Breton, Gérard Davoust et Charles Aznavour qui étaient encore là.
28:21Qui était le premier à croire en vous comme chanteur.
28:23Qui m'a dit « Mais cette chanson-là, pourquoi vous ne la chantez pas ? »
28:26Et une chanson qui s'appelle « Et bien au contraire »
28:28Il m'a dit « Pour vous encourager, je vais vous faire la musique, puis si vous l'enregistrez, je la chante avec vous. »
28:33Quand vous avez un parrainage comme ça, vous dites « Merci monsieur » et vous rentrez en studio et vous laissez faire.
28:37C'est de la chaleur humaine alors que vous chantez « Le fond de l'air est frais ».
28:44J'ai gardé un vieux pull anglais
28:48Tant en écoutant les infos
28:52Certaines me font froid dans le dos
28:56Le fond de l'air est frais
29:00Ça c'est vraiment l'attaque contre l'actualité d'aujourd'hui, contre les flashs d'aujourd'hui.
29:05C'est sûr que quand on allume la télévision, quand on écoute la radio, on s'aperçoit que le fond de l'air est vraiment frais.
29:12J'ai un petit clin d'œil aussi à la chanson de Jacques Dutronc.
29:16Mais ça aussi, c'est un immense travail. Il faut être entouré d'une bonne équipe et vous avez votre équipe maintenant.
29:22Une famille. Gérard Davoust en tête, Thierry Communal, Gérard Capaldi.
29:27C'est mes trois mousquetaires qui, à l'instar du roman d'Alexandre Dumas, ne sont vraiment eux que trois.
29:35Il y a le savoir-faire et le faire savoir.
29:40J'ai la chance depuis des années de travailler avec François Trollaire et René Auriot qui vient rejoindre cette famille-là.
29:48Franchement, tant que j'aurai la chance d'avoir ces gens-là qui me poussent et qui me disent de continuer, je continuerai.
29:54On rencontre un public qui est aujourd'hui encore modeste, qui est en train de grandir, de grandir, de grandir.
30:01Vous n'imaginez pas le plaisir que j'ai quand le week-end, je prends ma guitare, je prends mon ami Bruno Bongarçon, qu'on part tous les deux
30:07et qu'on part jouer dans des petites salles, qu'on rencontre des gens. J'ai l'impression de faire mon métier d'artisan chanteur.
30:12Et ce métier-là, je ne l'échangerai contre rien au monde.
30:15Le premier à avoir cru en vous, c'était un professeur au lycée qui vous a conseillé de chanter.
30:19Oui, c'était M. Roux. M. Roux qui était prof de français, qui était fan de Brel, qui nous avait donné un commentaire composé sur le plat pays.
30:27C'était la première fois que je voyais un prof. Un prof nous demandait de plancher sur une chanson.
30:32Je lui avais montré mes premiers brouillons très très maladroits.
30:35Et il avait organisé une petite fête chez lui de fin d'année où il m'avait demandé de venir avec ma guitare.
30:39Et chanter chez le prof de français que j'aimais tant, je crois que j'aurais fait l'Olympia.
30:43Ce n'était pas plus émouvant pour moi que ce monsieur-là, qui nous a quittés malheureusement.
30:49Alors, vous êtes quand même passé, après de longues années de préparation, de Tremblay-les-Gonaises au Casino de Paris.
30:57Tremblay-les-Gonaises, c'était la fête de fin d'année où je chantais.
31:01C'est la première scène. Je passais avant Renaud qui venait de sortir Les Bétons.
31:05Et la vedette à l'époque, c'était Alain Souchon, qui était mais charmantissime, qui dans les coulisses, c'était un plein air.
31:13Il triomphait avec l'album blanc, cet album blanc dont le tube n'était jamais content.
31:19C'était une star, mais vraiment une véritable star.
31:21Il était d'une gentillesse, avec un sens de la dérision qui le caractérise toujours.
31:26Et j'ai gardé un souvenir ému de ce soir-là. Effectivement, Tremblay-les-Gonaises, ça devait être en 1977.
31:32Exactement. Alors sur cet album, Les Souvenirs de Demain, il y a aussi un duo avec une autre star, Annie Dupéré.
31:52Tant que le mot demain sera comme un espoir, tant que j'aurai deux mains pour bâtir une histoire,
32:02tant que mon cœur aspire à mille autres projets, tant que mes souvenirs ne sont jamais regrets.
32:10C'est vrai qu'Annie Dupéré, c'est devenu votre complice. C'est la deuxième fois que vous chantez avec elle.
32:14C'est une vraie jolie histoire. Je vous la raconte très vite.
32:18Il y a quelques années, je suis parrain d'une association, les Funambules, pour ne pas la citer,
32:22qui fait son grand concert annuel à la Lambra. Et l'année d'avant, c'est Annie Dupéré qui était ma reine.
32:29Donc elle me passe le flambeau. Je connais bien sûr Annie Dupéré. Qui ne la connaît pas,
32:34elle nous a tous fait rêver au cinéma et au théâtre. Et puis là, je la vois sur scène dire un texte,
32:40dire un texte, le parler, chanter. Et je prends une vraie gifle. Je vais la voir à la fin en lui disant
32:46« Vous savez, dans mon dernier album, j'ai créé un truc. C'est un parler-chanter. Moi, je ne suis pas vraiment comédien.
32:51Est-ce que je peux vous l'envoyer ? » Très gentiment, elle me donne ses coordonnées. « Mais oui, envoie-moi ça. »
32:56Et donc, je lui envoie. Elle me répond « Mais vraiment, ça s'est fait en 48 heures ? »
33:01« Oui, oui, très bien. Je le fais. Ça me plaît. Je le fais. » Elle est venue en studio.
33:05Et donc, nous avons enregistré cette chanson ensemble sur le précédent album. Cette chanson s'appelait « J'aimerais ».
33:09On l'a chantée au Casino de Paris ensemble. On l'a chantée au Trianon.
33:12Enfin, quand on a eu l'occasion de faire ce petit duo, on l'a fait.
33:15Puis, elle m'a dit un jour « Tu sais, moi, j'aimerais bien chanter. Vraiment. Mais chanter. Pas parler-chanter. Chante. »
33:20Et Annie, c'est une amoureuse. Annie, à l'âge qu'elle a, ce ne sont plus des années. Ce sont des printemps qu'elle porte.
33:29C'est une vraie amoureuse. Et en pensant à elle, j'ai eu envie d'écrire cette chanson.
33:33Parole et musique. Elle n'est jamais finie d'aimer. Je l'ai envoyée. Et ça s'est fait le plus simplement possible.
33:40Et ça lui a plu. Elle est venue la chanter avec nous. Et je pense qu'on aura l'occasion de défendre cette chanson ensemble.
33:47L'amour est très présent dans cet album. Ainsi comme le pro c'est de chanson.
34:10Ça aussi, c'est une chanson très importante pour vous. Parce qu'en même temps, c'est un amour. Mais un amour aussi que le public a pour vous.
34:17Cette chanson, je suis parti du constat qu'il fallait parfois partir pour que l'on vous aime. C'est un petit clin d'œil.
34:24Donc, ça commence par la femme que l'on quitte et qui vous dit qu'elle vous aime. Ensuite, ce sont les collègues que vous quittez qui vous disent d'un coup qu'ils vous aiment.
34:32Et ça se termine au cimetière où vous voyez tous les gens dont vous n'étiez pas forcément les plus amis qui viennent vous dire qu'ils vous aiment et chanter vos louanges.
34:41Donc, c'est un petit clin d'œil. Oui, effectivement, on n'est jamais autant aimé que lorsqu'on s'en va.
34:47Là, pas question de partir. Et loin de là, puisqu'il y a le Casino de Paris et puis des scènes régulières. Parce que maintenant, c'est parti, Frédéric Zetton.
34:54En tout cas, ça a l'air. Je touche ma tête en vous parlant. C'est vrai qu'on fait plein de petites scènes. On va rencontrer les gens là où ils sont le 22 juin prochain.
35:07C'est vrai que c'est un gros pari, ce Casino de Paris. C'est vraiment un challenge. On va tenter de le relever.
35:14Et puis c'est un tel plaisir, effectivement, après toutes ces années, de ne faire que ce que j'aime, d'aller rencontrer les gens et d'aller chanter chez les gens.
35:25C'est franchement merveilleux.
35:27Et puis défendre la tradition de la chanson française.
35:29Oui, c'est sûr que je m'inscris dans une tradition. Je n'ai rien inventé. C'est des chansons avec des couplets et des refrains, des chansons intemporelles.
35:39Il n'y en a pas beaucoup en ce moment.
35:41On avait l'impression que cette chanson-là était morte et cette chanson-là ne mourra jamais.
35:46Une chanson, ça reste une mélodie. Vous connaissez la phrase de Georges Brassens. On rentre dans une chanson par la musique et on y reste par les paroles.
35:55Une chanson populaire, c'est une chanson qui sera toujours mémorisée par sa mélodie et à laquelle on s'attachera parce que les paroles nous touchent.
36:02Et aller sur scène tous les week-ends ou plusieurs fois par mois pour aller rencontrer les gens, moi c'est mon adrénaline.
36:10La chanson, on va continuer à en parler mais à travers un livre puisque c'est votre double actualité.
36:15Dans quelques instants sur Sud Radio avec Frédéric Zetoun.
36:18Sud Radio, les clés d'une vie. Jacques Pessis.
36:21Sud Radio, les clés d'une vie. Mon invité Frédéric Zetoun. Double actualité.
36:25On a parlé de l'album Les Souvenirs de Demain et puis le même jour, le 5 février 2025, puisque vous ne faites pas les choses à la moitié mais en double,
36:34est sorti le dictionnaire jubilatoire de la chanson d'amour chez Harper & Collins.
36:40Une déclaration au patrimoine amoureux de la chanson et un livre avec du rose sur la tranche, ce qui est assez original.
36:47Alors là, c'est une nouvelle collection que les éditions Harper & Collins ont lancée à l'automne dernier.
36:54Je me trouvais dans un salon du livre au printemps dernier, à Bondieu exactement, dans le Nord, ça je me souviens.
37:01Et puis je vois arriver une charmante dame qui me dit « Oh, ça tombe bien que vous soyez là, je suis éditrice chez Harper & Collins, on lance une nouvelle collection.
37:09Les dictionnaires jubilatoires et homo jubilatoire, vraiment là, mon oeil s'est allumé.
37:15Vous n'auriez pas quelque chose à nous proposer autour de la chanson ? »
37:19Le temps de ce salon, le temps de cette journée, c'était un dimanche.
37:23À la fin de l'après-midi, je crois que j'ai un truc qui pourrait être sympa.
37:26Qu'est-ce que vous penseriez d'un dictionnaire jubilatoire de la chanson d'amour ?
37:30La chanson d'amour, en fait, c'est la chanson puisque 95% des chansons sont des chansons d'amour.
37:35Mais je ne voulais pas refaire un livre où les entrées seraient des chansons, où on raconterait l'histoire des chansons.
37:40Ce livre-là, il y en a plein qui ont été faits sur ce thème-là.
37:44Je voulais vraiment essayer de trouver des entrées plus originales, parler des chansons dans ces entrées,
37:50mais vraiment trouver plutôt les mots-clés qui font la relation d'amour.
37:54La déclaration, le toucher, la main, le cheveu, le parfum.
37:57Des thèmes à chaque fois.
37:58Des thèmes, et dans ces thèmes-là, voir comment en chanson ce thème-là avait été décliné,
38:02et voir aussi comment au fil du temps, il avait été décliné différemment.
38:08Si vous prenez la déclaration de France Gall, écrite par Michel Berger en 1974,
38:14la déclaration d'amour de France Gall en 1974, et la déclaration d'amour de Aya Nakamura,
38:18ce n'est pas exactement le même vocabulaire.
38:20On est bien d'accord. Vous avez compris quelque chose, Aya Nakamura ?
38:24Écoutez, je me suis amusé vraiment à le lire. J'ai énormément de respect pour cette artiste.
38:32Elle a grandi dans une cité que je connais bien, j'ai grandi pas loin, à Olnay 3000,
38:38où vous sortez, Aya Nakamura, où vous ne sortez pas.
38:41Donc, comme elle s'en est sortie, j'ai beaucoup de respect humainement pour cette personne.
38:47Artistiquement, je ne peux pas vous dire que j'écoute ça en boucle, honnêtement.
38:50Je vous comprends. Le mot jubilatoire est important pour vous. Pourquoi ?
38:53Parce que c'est tout ce qui m'anime, la chanson, écouter les chansons des autres, écrire des chansons,
39:00chroniquer le talent des autres, essayer d'en avoir un petit peu.
39:03C'est ma vie, c'est mon oxygène, c'est jubilatoire comme la vie est jubilatoire.
39:09Alors, il y a des tas de choses dedans, des mots d'amour, il y a des bons moments, des mauvais moments.
39:14Et vous évoquez une chanson de Claude François qui est peu connue,
39:16qui est « Je te demande pardon », à laquelle vous ne croyez pas du tout.
39:20On comprend qu'il lui demande pardon. Et quand on connaît la vie amoureuse de Claude François,
39:25il y avait quelque part d'où à demander quand même.
39:27Oui, lui, il piquait des colères, il engueulait les gens. Le lendemain, il envoyait un bouquet de fleurs pour s'excuser.
39:31Ou pas, ou pas. Il y a des gens qui ont reçu autre chose que des bouquets de fleurs.
39:36Il y a aussi des mots qu'on entend plus souvent chez Brigitte Lahaye que dans « Les clés d'une vie ».
39:42Et ces mots-là, vous n'hésitez pas à les mettre en ouverture de certains articles.
39:47Vous parlez de fellation. Et sur fellation, je renvoie à Sussette, au Sussette de France Gall.
39:53Érection, je suis désolé, quand je pense à Fernande, je bande, ça fait partie du patrimoine français.
39:58Alors vous évoquez aussi le mot « accent », parce qu'il y a l'accent de la sincérité.
40:02Il y a l'accent de la sincérité et il y a l'accent qui fait vendre.
40:05C'est vrai que dans les années 70, puisque tout ça est toujours lié au thème de la chanson d'amour,
40:10il valait mieux quand même avoir un accent pour être un chanteur d'amour romantique.
40:15Maï Brant, Dev, Julio Iglesias, honnêtement, vous vous imaginez une chanson qui dirait
40:22« je n'ai pas changé » avec l'accent comme ça, titi parisien ?
40:25J'y crois pas. « Je n'ai pas changé », c'est quand même beaucoup mieux.
40:28Avec l'accent, l'amour passe beaucoup plus, le fluide passe beaucoup plus.
40:31Oui, mais à la fin des années 50, vous aviez Gloria Lasso.
40:34Bien sûr.
40:35D'ailleurs, je suis allée à son onzième mariage. Le mari partait avec un chèque une demi-heure après.
40:40Elle avait un sens de la communication.
40:42Et c'était vous le témoin ?
40:43Non, non. Il y avait Gloria Lasso et Dalida. Et l'accent a aussi beaucoup compté dans ces moments-là.
40:48Bien sûr. C'était une guerre d'accent. C'était vraiment une guerre d'accent.
40:51Mais c'est vrai que dans la grande tradition de la chanson d'amour, il y a eu les chanteurs à accent.
40:55Et Georges Guettari. Et Georges Guettari qui chante la Bohème, c'est pas exactement la même version que Charles Aznavour.
41:01J'en reviens à Dalida. Vous évoquez, il venait d'avoir 18 ans, le « Comparant au blé en herbe », le roman de Colette.
41:07Effectivement, c'était parti de là. Cette chanson avait été écrite pour Jacqueline Dano au départ.
41:11C'était une commande de Jacqueline Dano à Pascal Sevran.
41:15Et puis, ils vont voir Dalida avec Pascal Auria pour de toutes autres chansons.
41:21Ils ont quelques autres cartouches dans leur besace.
41:24Et puis, rien ne passe ce jour-là.
41:26Et un petit peu en désespoir de cause, Auria regarde Pascal Sevran en disant « on lui montre ».
41:31Et il montre cette chanson-là, qui ne lui était pas destinée.
41:34La preuve, Jacqueline Dano est passée à côté d'une bonne chanson.
41:37Et Dalida, ça a été une chanson qui a compté énormément pour elle.
41:41Et le « Blé en herbe », je ne sais pas si vous le savez, le roman original de Colette a fait scandale.
41:45Il est paru en feuilleton au départ.
41:47Il y a eu des plaintes de lecteurs pendant la publication.
41:50Ils ont dû arrêter le feuilleton.
41:52Vous imaginez ?
41:53La relation ambiguë entre les deux amis choquait davantage que l'éducation sentimentale du jeune homme par une femme trentenaire.
41:59Ça nous paraît dingue aujourd'hui de penser que ça a eu du mal à exister.
42:05Ce qui a aussi existé, et ça vous l'évoquez dans ce livre, c'est ce qui tourne autour de cette chanson.
42:21Là, vous évoquez à travers « Big Bisous » une époque où il n'y avait plus de chanson pour danser avec quelqu'un.
42:27Et pour se toucher.
42:28Exactement.
42:29En fait, c'est François Zardi qui revient d'un voyage aux Etats-Unis et qui dit à Carlos, là-bas, ils dansent le disco.
42:36Ils dansent tous chacun dans leur coin.
42:39Ils ne se touchent plus.
42:40Il n'y a plus de slow.
42:41Et donc, Carlos entend ça.
42:43Il le raconte à notre ami Claude Lemel qui, avec son talent qui n'est plus approuvé, traduit ça en chanson.
42:50La musique est de Joe Dassin.
42:52On ne le sait pas, mais Joe Dassin a écrit quelques gros succès.
42:56Le Bougalou du Loup-Garou, c'est lui aussi.
42:59« Seigneur Météo », la musique, c'est Joe Dassin aussi.
43:03C'est le tandem Claude Lemel-Joe Dassin.
43:06Et les arrangements sont pour beaucoup dans cette chanson.
43:08Il faut toujours citer les arrangeurs.
43:09C'est Bernard Estardi.
43:10Et je trouve que cette chanson, « Big Bisous », a déchaîné certaines ligues féministes contre ces paroles qui étaient soi-disant pas à mettre entre les oreilles.
43:19Très honnêtement, c'était très chaste.
43:21On commençait par la fin, on commençait par la main.
43:24C'était une espèce de jacquardie amoureux.
43:26On commençait par s'embrasser à la main pour finir où on voulait.
43:30Et puis, vous évoquez aussi le temps où dans les chansons, la cigarette faisait un tabac.
43:34Ah oui, effectivement.
43:35« Et ta cigarette après l'amour », du regretté Charles Dumont.
43:39Cette chanson, c'est la résurrection de Charles Dumont.
43:43Il avait été connu en tant que compositeur d'Edith Piaf, comme il le racontait avec beaucoup d'humour.
43:48Avant Edith, j'étais l'emmerdeur du cinquième étage rue de l'Odéon, au 22 rue de l'Odéon.
43:54Et après Edith Piaf, j'étais le compositeur de Madame Piaf.
43:57Et lorsqu'Edith disparaît, Charles Dumont se retrouve un petit peu délaissé.
44:02Tous les éditeurs qui le couvraient de cadeau à Noël ont oublié son adresse et son téléphone.
44:07Et puis, il rencontre Sophie Macneau qui lui donne ce texte.
44:10Qui lui dit, vous êtes en fait un véritable chanteur de charme qui vous ignorait dans ce registre-là.
44:14Il met cette chanson en musique et c'est un tube en 1968.
44:17Et cette chanson a eu une nouvelle naissance en 1998 quand Laurent Gérard en a fait une parodie.
44:24« Ta cigarette après l'amour, tu pourrais l'éteindre quand je te bourre ».
44:27Bon, c'était un peu moins romantique, mais qu'est-ce que c'était drôle !
44:30Et il y a aussi Serge Gainsbourg qui a fait scandale avec une chanson qui était « Dieu est un fumeur de Havane ».
44:36Surtout dans une séquence de télévision avec Catherine Deneuve.
44:38Qu'on a tous en mémoire.
44:40Dieu est un fumeur de Havane et lui était extrêmement tactile ce jour-là.
44:46Ce qui est très drôle, c'est de voir comment Catherine Deneuve essaye de ne pas se départir d'une espèce de camp-à-soi.
44:51Elle le repousse en douceur.
44:53On la voit, la malheureuse, mais gênée comme ce n'est pas permis.
44:55Et lui qui va, il avait les mains baladeuses.
44:59Mais on a oublié une autre chanson de Gainsbourg qui s'appelle « Cigarillos ».
45:03Où il évoquait son vice pour le tabac.
45:05Et cette chanson est oubliée depuis les campagnes anti-tabac.
45:08Vous m'apprenez quelque chose et cette chanson-là, je ne la connais pas.
45:11Écoutez, elle est très intéressante.
45:13Vous évoquez aussi dans ce livre, qui est violet ou rose,
45:17vous évoquez le bleu qui est la couleur la plus utilisée pour les parodies, Frédéric Zetoun.
45:22C'est vrai qu'en termes de chansons, le bleu, en termes de paroles,
45:29les mots bleus, la java bleue, plus bleu que le bleu de tes yeux.
45:34C'est vrai que le bleu, je n'ai pas vu beaucoup de chansons avec orange dedans.
45:38C'est vrai que le bleu, ça sonne bien.
45:41Et plus bleu que le bleu de tes yeux, c'est une chanson que Piaf a écrite avec Aznavour quand il est chez elle.
45:46Et il a réalisé au Palais des Congrès le premier duo virtuel de l'histoire.
45:50C'est extrêmement émouvant.
45:52Oui, c'est-à-dire qu'il est sur scène et Piaf chante en duo avec lui grâce à ces images.
45:56Et c'est merveilleux. On a vraiment l'impression qu'elle est là.
45:59C'est parfaitement en place au niveau du rythme.
46:02C'est parfaitement aligné. Quel travail !
46:04Oui, et c'est la première fois que ça se faisait et ça a été repris mille fois depuis à la télévision.
46:08Et puis il y a aussi la langue française que vous évoquez dans ce livre.
46:12J'ai des idées dans la tête et je fais ce que j'ai envie.
46:17Je t'emmène faire le tour de ma trottinette.
46:20Une chanson pour une drôle de vie.
46:22Véronique Chanson chante ce titre.
46:26Et c'est la colère de son père, Daniel Samson, qui était très rigoureux en français,
46:30qui dit qu'on ne dit pas « je fais ce que j'ai envie » mais « ce dont j'ai envie ».
46:35Alors dans les fautes aussi, ça n'enlève rien à la grandeur de ses chansons.
46:40Mais il faut savoir qu'en plus, Daniel Samson, son père, était un grand avocat et un résistant
46:44qui a présidé la fédération des résistants dans les années 80-90.
46:49Un grand monsieur.
46:51Et c'est vrai qu'il y avait une petite faute de français.
46:54Il y en a d'autres comme ça.
46:56Je crois qu'il y a dans le duo Sylvie Vartan et Johnny Hallyday.
47:01J'ai un problème.
47:03J'ai bien peur que je t'aime.
47:05J'ai bien peur de t'aimer.
47:07Bien sûr.
47:08Mais ça ne collait pas.
47:09Et ça collait moins.
47:10Et puis vous évoquez aussi Zannini qui a eu la chance de sa vie avec « Tu veux ou tu veux pas ».
47:14C'est carrément un coup de bol notoire.
47:17Il avait déjà passé les 50 ans.
47:22Et ce jazzman émérite avec son petit chapeau se retrouve du jour au lendemain
47:29avec un espèce de succès qui l'a complètement dépassé.
47:32Mais qui l'a porté et qui lui a permis de vivre agréablement jusqu'à la fin de sa vie.
47:37Dans les thèmes de l'amour, puisque c'est important, il y a la jalousie
47:40que vous évoquez à travers un chanteur totalement oublié aujourd'hui, Frédéric Zetoun.
47:43C'est Armand Mestral.
47:45Jalousie.
47:47Cette chanson, la première fois que je l'ai écoutée, c'est dans « Le grand pardon »
47:52de Alexandre Arcadi.
47:55Armand Mestral joue son propre rôle.
47:57Il vient dans cette bar mitzvah un petit peu mafieuse.
48:01Et il vient chanter pour le parrain Roger Hanin cette chanson.
48:04Et en écoutant cette chanson, je me souviens à l'époque,
48:07et mon père me disait « Mais cette chanson, elle existe ! »
48:10« C'est une vraie chanson qui date de 1946, je crois. »
48:13Et donc, effectivement, je suis allé exhumer cette chanson.
48:17On parle de la jalousie d'une certaine manière en 1946.
48:21On en parle totalement différemment.
48:23Et dans les années qui vont suivre, c'est ce que j'essaye de montrer dans ce livre.
48:27Et un autre auteur célèbre évoqué Armand Mestral dans un de ses livres,
48:30c'est Georges Pérec, qui a cité Armand Mestral par rapport à une opérette,
48:34« Les pieds nickelés », avec Armand Mestral qui était son opérette préférée.
48:37Ah bah écoutez, j'ignorais cette opérette.
48:42Et la rupture aussi. La rupture, bien sûr, on pense à « Ne me quitte pas ».
48:45Bien évidemment. Il y a cette rupture-là.
48:48Il y a « Salut les amoureux » aussi, de Joe Dassin, écrite.
48:53Et Joe Dassin disait « On pense que je chante mes chagrins d'amour.
48:57Mais en fait, je ne fais que chanter les chagrins d'amour de mon parolier Claude Lemel.
49:01Et c'est vrai que quand Claude vous raconte cette histoire,
49:04où il ramène celle qui a été son épouse, Vava, chanteuse dans le Big Bazaar,
49:10ils sont dans le 18e, il la ramène devant sa voiture,
49:14ils savent qu'ils vont se séparer, qu'ils ne vont plus se voir,
49:16ils sont tous les deux maladroits, et qu'il y a une dame qui passe.
49:18Ah salut les amoureux !
49:20Voilà comment on écrit une magnifique chanson.
49:23Et il y a une révélation aussi dans ce livre, une autre révélation,
49:26que la plupart ne me quittent pas, c'était une petite valse mexicaine.
49:29Une petite valse mexicaine, composée pour le refrain par Jacques Brel,
49:33qui fait tabadabadam, tabadabadam, tabadabadam.
49:36Et en fait, c'est Gérard Jouannest, qui était son jeune pianiste,
49:40qui sortait du conservatoire, qui remplaçait le pianiste titulaire de Brel,
49:45et qui, au moment des répétitions, entre la répétition et le concert du soir,
49:49on a un petit peu de temps, travaillait avec Brel sur de nouvelles chansons,
49:53et il nous a conseillé de décélérer le tempo,
49:55qu'il a mis au tempo que l'on connaît,
49:58et c'est Gérard Jouannest qui a composé tous les couplets de cette chanson.
50:02Mais comme il n'était pas à la SACEM, comme il sortait du conservatoire,
50:05qu'il se destinait à une carrière de concertiste,
50:07et que pour lui, écrire des chansons, ce n'était pas important,
50:10Brel a signé seule cette chanson,
50:12alors que cette chanson a été vraiment co-composée par Brel et Gérard Jouannest.
50:16On sent en filigrane dans ce livre l'amour des mots.
50:18Pour vous, il est essentiel, Frédéric ?
50:20Il est complètement porteur.
50:22On ne peut pas écrire de chansons si on n'a pas écouté,
50:25si on n'a pas écouté religieusement certaines chansons de nos pères.
50:30Ça porte, ça.
50:32Une double occasion de vous écouter et de vous lire,
50:34d'écouter l'album Les Souvenirs de Demain,
50:36avec ces chansons inédites, en attendant le 22 juin, le Casino de Paris,
50:39et ce dictionnaire jubilatoire de la chanson d'amour,
50:42qu'il l'est vraiment, chez Harper & Collins.
50:44Merci Frédéric.
50:45Merci à vous Jacques, merci mille fois.
50:47Merci à vous et à bientôt, parce que vous reviendrez dans les clés d'une vie, j'en suis sûr.
50:50Avec plaisir, avec plaisir.
50:52Les clés d'une vie, c'est terminé pour aujourd'hui.
50:54On se retrouve bientôt. Restez fidèles à l'écoute de Sud Radio.