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Dans son édito du 26/02/2025, Paul Sugy revient sur le salon de l'agriculture et les difficultés qui pèsent sur cette profession.

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00:00Il se passe beaucoup de choses, évidemment, au sein de l'agriculture et toute la semaine, on en parle, ne serait-ce que pour la qualité de ses visiteurs,
00:05parce qu'on sait bien que tous les politiques s'y pressent, mais généralement, ce sont d'abord eux qui viennent pour faire passer un message.
00:11Regardez, je suis là, je vous aime, je prendrai soin de vous, plutôt que pour écouter.
00:14Donc, il faut parfois s'éloigner un petit peu de la cohorte des hommes politiques venus, encore une fois, montrer leur soulessitude pour le monde rural,
00:22pour laisser traîner un petit peu ses oreilles. Éloignez-vous aussi un petit peu des syndicats, non pas qu'ils ne soient pas très engagés pour le monde agricole.
00:27Enfin, quand vous discutez avec eux, ils vous disent d'abord oui, vous invitez surtout nos rivaux à l'antenne, etc.
00:32Parlez aux exploitants, à ceux qui tiennent les stands. Et alors là, on commence à entendre des choses fort instructives.
00:37D'abord, on se rend compte que beaucoup vous regardent, peut-être qu'ils nous regardent encore ce matin.
00:41Je crois que c'est l'honneur de CNews aussi de se rendre compte, de revendiquer cette proximité, peut-être même cette familiarité avec le monde agricole,
00:47le monde rural, parce que ce sont des travailleurs acharnés, certes, mais aussi et surtout parce que ce sont des gens qui aiment passionnément la France.
00:53Mais c'est vrai que la France, en retour, quand on les entend, ne les aime pas toujours autant qu'elle le devrait.
00:57Prenez par exemple une famille d'exploitants dans la Sarthe. Ce sont des gens qui ont un verger, qui cultivent des fruits,
01:03et qui ont déjà eu toutes les difficultés du monde pour que les parents transmettent à leur fils, leur fils au pluriel, leur exploitation, qui est le fruit de toute une vie de travail.
01:11Et ensuite, c'est l'enfer. Ce ne sont que des exemples, mais c'est cette multitude d'exemples qui permet de comprendre la tracasserie administrative sans fin que subissent les agriculteurs.
01:19Ici, c'est un arbre qui menace de tomber. Il faut, en toute logique, le couper pour ne pas qu'il tombe sur un des employés de l'exploitation.
01:25Mais alors, si vous voulez couper un arbre dans un verger, oh là là, c'est des dizaines de pages de formulaires administratifs,
01:31à l'issue de quoi vous avez des agents de l'Office français de la biodiversité qui viennent dans la ferme, dans l'exploitation, avec, comme on le sait bien, le pistolat à la ceinture des foie que.
01:39On parle de couper un arbre dans un verger. Et qui vous expliquent que non, là, ça ne va pas être possible, parce qu'en fait, il y a un écureuil qui commence peut-être à nidifier dans l'arbre.
01:46Donc non, non, surtout, n'y touchez pas. Vous voyez à quel point on casse des outils de travail simplement avec ces tracasseries administratives sans fin.
01:52Voilà. Et l'exploitation agricole se retrouve seule face à la montagne administrative.
01:58L'administration, qui est parfois championne pour empêcher de produire de la valeur, championne pour empêcher de faire fonctionner une activité.
02:05L'administration, c'est vrai, Romain, et de fait, on n'en parlera jamais assez. Mais les politiques ne sont pas en reste, qui commandent à l'administration.
02:11Prenez, par exemple, les débats qu'on a eus lors de l'éphémère gouvernement Barnier sur un certain nombre de taxes ou d'impôts qu'on voulait lever en plus.
02:19Alors évidemment, essayer de rassainir les finances de l'État, c'est un noble objectif. Mais il faut voir comment on s'y prend.
02:26Par exemple, vous allez au pavillon 6. C'est un peu plus loin. C'est les chevaux. Bah oui, parce que l'équitation, les chevaux, c'est aussi le monde agricole.
02:33Vous discutez avec le patron des courses EPIC, qui, par les revenus notamment des parieurs, permet de financer toute une filière des éleveurs de chevaux
02:41qui, sans l'argent de ces paris, ne pourraient pas vivre et ne pourraient pas perpétrer un savoir-faire français d'excellence.
02:47Selon le cabinet de l'OIT, qui a estimé un petit peu combien ça rapporte, c'est quasiment un milliard de contributions nettes au PIB de la France, avec en plus beaucoup de parieurs étrangers.
02:54Donc c'est bon pour la balance commerciale. Sauf que Michel Barnier et tous ses ministres et les conseillers de cabinet de ses ministres sont arrivés en disant
03:02bah oui, là, il y a un bénéfice, donc on va le taxer plus. Bon, sauf que là, le problème, c'est qu'en six mois ou un an, vous mettiez complètement à plat la filière
03:10et vous n'avez plus de courses EPIC et donc plus d'élevage de chevaux de race en France. Heureusement, François Bayrou est arrivé. François Bayrou, il élève des chevaux,
03:17donc il sait ce que c'est. Mais enfin, vous voyez bien que si on dépend à chaque fois d'un Premier ministre qui, parce qu'il a telle ou telle passion, va pouvoir pour un moment
03:24sauver un secteur, on n'est pas sorti de l'auberge. On peut reprocher beaucoup de choses à François Bayrou. Pas de ne pas connaître l'agriculture.
03:30Il connaît intimement.
03:31C'est mon monde, je suis chez moi ici. Et il y retourne ce matin. Vous nous dressez, Péni, un tableau sombre du Salon de l'agriculture, Paul.
03:39Quand on en revient, Romain, il y a des inquiétudes qu'on ne peut pas effacer, qu'on ne peut pas estomper. Après, ça n'efface pas tout le reste, toute la formidable énergie
03:46collective qui s'en dégage. Et la fierté, évidemment, je crois que c'est la première chose que ressentent les gens qui passent une journée au Salon de l'agriculture.
03:52Allez-y, si ce n'est pas déjà fait. Une fierté collective, une fierté aussi des petits particularismes de chaque terroir. C'est marrant, la différence entre le matin
03:59et l'après-midi. Le matin, si vous allez sur un stand, on vous dit non, non, mais c'est nous qui faisons le meilleur saucisson, le meilleur fromage, le meilleur vin.
04:05Vous y retournez le soir. Ils sont en train de déguster ceux du voisin parce qu'en fait, il y a aussi cette convivialité qui se crée. Et finalement, celui du voisin n'est pas si mal non plus.
04:11Et puis, il y a aussi cette petite inquiétude qui monte de plus en plus de forme d'inculture des visiteurs. Les gens disent ils ne connaissent pas notre monde.
04:19Alors, je vous arrête tout de suite. Ce n'est pas seulement parce que ce sont des Parisiens, parce que la plupart des visiteurs du Salon de l'agriculture, c'est aussi des gens qui viennent de province.
04:25C'est une culture, elle est partagée partout. Et c'est vrai, qui peut citer le nom de 10 ou de 15, par exemple, races de vaches ou de chevaux ?
04:31Et donc, ce que demande le monde agricole, c'est aussi de recréer une culture commune, de restaurer cette culture commune pour que l'agriculture française ne soit plus seulement la passion de quelques-uns,
04:41mais véritablement un commun que l'on puisse partager tous ensemble.

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