L'ancien Premier ministre de Jacques Chirac, Dominique de Villepin, était l'invité de "C'est pas tous les jours dimanche" ce dimanche 23 février 2025 sur BFMTV.
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00:00Une dernière question sur l'Algérie, est-ce que c'est une dictature ?
00:04Vous savez, je vais vous raconter une petite histoire.
00:06Ah, ça c'est souvent une...
00:08Quand on commence la réponse comme ça, c'est qu'on n'a pas envie de répondre.
00:10Non, monsieur, parce que vous voyez bien,
00:12si je vous dis aujourd'hui que c'est une dictature,
00:14je rentre dans un scénario
00:16qui me conduit, sur le plan
00:18politique et diplomatique, à
00:20une impasse totale dans nos relations
00:22avec l'Algérie. Il y a...
00:24Non, mais donc vous ne dites pas que c'est une dictature ?
00:25Non, je ne le dis pas.
00:26D'accord, donc un pays qui enferme arbitrairement
00:28un écrivain de 80 ans qui est malade,
00:30avec un dirigeant
00:32qui est en prison son opposition,
00:34ce n'est pas une dictature ?
00:36Il y a quelques années, le président de la République
00:38m'a fait appeler
00:40sur ce qu'il devait dire concernant, ou ce qu'il pensait
00:42qu'il devait dire sur un pays
00:44qui a un comportement
00:46tout à fait scandaleux sur la scène internationale
00:48en Amérique latine. Et il voulait qualifier
00:50ce pays de dictature. Et j'ai répondu
00:52si vous utilisez ce terme, vous vous privez
00:54de toute possibilité de faire avancer
00:56le règlement diplomatique avec ce pays
00:58alors que nous sommes placés en Europe
01:00dans la situation
01:02de le faire.
01:04Le mot a été employé et nous avons été
01:06marginalisés complètement dans ce dossier.
01:08Et Dominique de Villon, vous n'êtes pas aux affaires ?
01:10Mais monsieur Duhamel, j'ai toujours...
01:12Donc c'est trop dur de qualifier l'Algérie de dictature ?
01:14Non, mais on peut ne pas être aux affaires
01:16et on peut être un homme responsable.
01:18J'ai toujours agi comme si j'étais aux affaires.
01:20Donc c'est une démocratie, l'Algérie ?
01:22Je ne vous dis pas ça, monsieur Duhamel.
01:24Je vous dis que ces jugements
01:26qui vous font plaisir à vous, sur votre plateau
01:28et qui, vous l'espérez,
01:30feront de la dépêche.
01:32Non, ce n'est pas de la dépêche, c'est d'essayer d'avoir
01:34un peu de clarté dans l'essentiel.
01:36Ça ne fait pas avancer la situation.
01:38Il faut des gens qui, des deux côtés de la Méditerranée,
01:40seront capables
01:42de reprendre langue avec l'Algérie.
01:44Et si vous vous privez de cette possibilité,
01:46eh bien nous resterons
01:48dans la situation actuelle et les choses se dégraderont.
01:50Il faut penser
01:52à tous ces millions de binationaux
01:54qui existent en France.
01:56C'est un problème qui est à la fois un problème intérieur
01:58et un problème de politique.
02:00C'est pour ça qu'on parle bien du pouvoir algérien
02:02et non pas des Algériennes, des Algériens franco-algériens
02:04qui vivent en France.
02:06La responsabilité qui est la nôtre,
02:08celle des dirigeants français ou de ceux qui ont exercé
02:10une responsabilité,
02:12ce n'est pas de clouer au pilori,
02:14ce n'est pas de condamner
02:16tel et tel régime,
02:18c'est d'essayer de faire avancer
02:20les relations avec ce pays.